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Rayons de Femmes
printemps 2013

Les femmes de La Marie Debout mobilisées lors de la
manifestation du 8 mars, Journée internationale des femmes.
L’équipe des journalistes réunies!

En haut de gauche à droite: Louise Miller, Julie Perron, Véronique Morel, Nathalie
Fortin et Diane Beaulieu.
En bas de gauche à droite: Aline Massé, Sarah-Maude Le Gresley et Louise Bélanger.
absente de la photo: Victoria Thibodeau
Éditorial
Table des matières
Éditorial………………………..............................p.3

Lectures

Billet de l’équipe des travailleuses…............p.4

Le féminisme québécois raconté à Camille................p.16-17

Femmes en action

Le féminisme: où en sommes-nous aujourd’hui?.....p.18

Un beau 8 mars…………….............................p.5

Aminata.....................................................................p.19

Retour à soi……...........................................p.6-7

Vie de quartier

L’autoroute des larmes...............................p.7-8

La cuisine collective, c’est toujours gagnant!............p.20

Rayons de femmes

Ressources du quartier..............................................p.21

Tchik, Tchik..................................................p.10

Nos écrits

Maudit mouchoir........................................p.11

Lettre à un itinérant unique......................................p.22

Femme en santé

Messager...................................................................p.22

Les aidantes naturelles...............................p.12-13

Soupir de révolte......................................................p.23

Le système de santé est malade.................p.14-15

Éditorial
C’est avec enthousiasme que nous nous sommes lancées dans le processus de création de ce journal. Prises
d’une volonté de s’exprimer, de raconter une histoire ou un moment plus difficile de sa vie, de faire rêver, d’aider,
de dénoncer, de conscientiser, d’éclairer et de divertir, nous avons pris nos plumes pour écrire les merveilleux
articles que vous y trouverez!
Cette année, nous avons laissé nos envies, nos passions et nos champs d’intérêt guider nos écritures. Nous avions
toutes un sujet qui nous tenait à cœur et qui rejoignait de près et de loin, la condition des femmes. Ainsi, nous
abordons la santé, nous parlons de mobilisations et des violences faites aux femmes. Nous vous suggérons des
lectures féministes et des ressources intéressantes. Vous y trouverez également de la poésie et des témoignages
touchants. Bref, vous n’allez pas vous ennuyer!
Nous souhaitons par ce journal, briser l’isolement vécu par plusieurs femmes, donner le goût de s’impliquer à
La Marie Debout et qui sait, peut-être même joindre l’équipe des journalistes!
C’est avec beaucoup de fierté que la nouvelle équipe vous convie à ce journal!
Bonne lecture!

L’équipe des journalistes
Rayons de Femmes - Printemps 2013 p.3
Femmes en action

Billet de l’équipe des travailleuses
Oyé, Oyé! Rayons de femmes, le journal de La Marie Debout,
est de retour!!
Après un an d’exil du 4001 Sainte-Catherine Est, nous sommes enfin de retour
« à la maison ». C’est bien installé dans nos locaux frais peinturés, avec de belles
fenêtres qui s’ouvrent, des planchers tout frais cirés que La Marie Debout a pu
enfin reprendre ses activités, et ce, pour le plus grand plaisir des femmes qui
la fréquentent. Mais ce qui est particulièrement notable, c’est le retour du journal Rayons de femmes! Grâce à l’implication de huit militantes accompagnées
par Sarah-Maude Le Gresley, notre chère stagiaire, la production de ce numéro
a été possible. Un beau travail de coopération s’est tissé, chacune des femmes
apportant son savoir-faire, ses connaissances, son soutien l’une à l’autre. Ce journal se veut un bel outil de sensibilisation et d’information sur les différentes
réalités des femmes, tout cela à saveur féministe. De tout cœur, nous espérons
que ce numéro vous plaise et nous vous souhaitons bonne lecture.
Longue vie à Rayons de femmes!

L’équipe de La Marie Debout

p.4 Rayons de Femmes - Printemps 2013
Femmes en Action

Un beau 8 mars!
C’est ensemble que les militantes de La Marie Debout accompagnées des femmes des
différents organismes d’Hochelaga-Maisonneuve, regroupées sous le nom de Collective
du 8 mars, ont osé prendre la rue, et ce, afin de dénoncer les différentes menaces qui
fragilisent les conditions de vie des femmes. Le slogan : Luttes d’hier, luttes d’aujourd’hui, les femmes toujours debout, nous ne reculerons pas! Un slogan bien désigné qui
servait d’inspiration afin de nourrir l’indignation des femmes. Quel bel événement
avons-nous vécu en ce vendredi 8 mars 2013! Le fait d’être unies tout ensemble pour
une même cause a renforci le sentiment d’appartenance au mouvement féministe et a concrétisé le désir de dénoncer les inégalités vécues par les femmes. Les thèmes retenus étaient : le droit à l’avortement, le revenu de citoyenneté, la violence faite aux femmes et enfin, le manque de logements sociaux. Ce qui fut le plus marquant a été
sans contredit la belle solidarité qui s’est particulièrement tissée entre les militantes de La Marie Debout, le courage
qu’elles ont déployé, l’énergie qu’elles ont investie et enfin, les défis qu’elles ont su relever afin de rendre ce 8
mars mémorable dans la vie de La Marie Debout. Nous en profitons ici pour partager leur témoignage et enthousiasme :

« Je ne me croyais pas capable de lire un texte devant autant de personnes. Mais je sentais toute l’énergie des

gens et cela m’a donné du courage… »
« Prendre la rue avec ces femmes, enfants et hommes fut pour moi une expérience bien particulière… »
« C’était bien de constater des gains suite aux luttes menées par les femmes, mais il faut continuer à lutter parce
que nos droits sont encore menacés. »
Bref, cette journée fut une expérience des plus enrichissantes et l’on se demande bien ce que les militantes de La
Marie Debout et les femmes de la Collective du 8 mars nous préparent pour l’an prochain!!

Fabienne Mathieu

Rayons de Femmes - Printemps 2013 p.5
Femmes en Action

RETOUR
À SOI
Je suis membre de La Marie Debout depuis quelques années. Comme je travaillais encore à l’hôpital, je ne venais
pas au centre, car pendant mes journées de congé, je faisais du bénévolat
ailleurs. Présentement, j’ai le bonheur
d’être à la retraite, depuis maintenant 2
ans, ce qui me laisse plus de temps
libre.
L’an dernier, pendant la session d’hiver, j’ai suivi des cours de gymnastique douce à La Marie
Debout et suis venue à la fête de Noël. Ces cours m’ont beaucoup aidée à me reconnecter, à
prendre du temps pour moi et j’ai connu par la même occasion d’autres femmes. Puis, peu à peu,
j’ai eu le goût de m’impliquer au Centre. Pendant l’assemblée générale du mois de juin dernier,
je me suis présentée pour faire partie du conseil d’administration, appelé la Collective. J’ai eu le
bonheur d’être élue. Pour moi, en faire partie était la meilleure manière de connaître le fonctionnement du Centre. Ensuite, je me suis impliquée dans l’organisation de la fête de Noël et aussi
au sein du comité du 8 mars (journée internationale des femmes). J’ai beaucoup aimé cela et ça
m’a permis de cheminer.
Il y a un projet qui me va droit au cœur. C’est « Nous, les femmes, que l’on ne sait pas voir » Ce
projet est né il y a 4 ans, des femmes de La Marie Debout. C’est une création par l’art sous toutes
ses formes, portée par les femmes depuis septembre 2009. Elles ont réfléchi sur la problématique
du vieillissement. Ce que je trouve fantastique, c’est la tournée provinciale qui va partout dans
les Centres de femmes et ça continue…
La première fois que j’ai participé à cet atelier, c’était au mois d’octobre 2010 au Centre d’Éducation et d’Action des femmes (CÉAF). C’est très difficile d’exprimer avec des mots ce que j’ai alors
ressenti. En tout premier lieu, l’exposition qui y était présentée, les photos de femmes vieillissantes
sur les murs, les visages, les mains, m’a éblouie. Il y avait aussi des troncs d’arbres et des boîtes
de différentes formes qui contenaient divers objets, des dessins, des livrets. Je voulais tout voir
en même temps, mais chaque fois que je regardais, je découvrais d’autres objets, d’autres détails
et j’avais des perceptions différentes. Il y avait un petit quelque chose de déstabilisant.

p.6 Rayons de Femmes - Printemps 2013
Femmes en Action

Puis, Suzanne Boisvert, animatrice (coMadre) a débuté l’animation : « Ici, ton âme est en sécurité. ». Pour moi, à ce moment, j’ai su que ce serait différent de toutes les réunions auxquelles
j’avais déjà assisté lors de divers comités de travail. Puis, il y a eu la danse du leader. Au début,
cela m’a déconcertée. Je me demandais, dans quoi je m’étais embarquée. Puis, je suis entrée
dans le jeu avec beaucoup de plaisir. Cette danse permet d’aller en confiance vers les autres et
après, on ne se voit plus les unes et les autres, de la même façon.
Ce que j’ai aimé, c’est le partage que nous avons fait. Pour moi, c’était important d’entendre tout
le cheminement et le vécu des femmes à travers leur propre vieillissement. Je me souviens qu’à
cette époque, je travaillais encore et j’étais en congé durant cette journée. Cela m’avait fait beaucoup de bien d’y participer et m’avait permis de vraiment m’arrêter, de réfléchir à tout ce que les
femmes partageaient entre elles. Je me rendais vraiment compte que j’étais prise dans un tourbillon de vie qui est tellement rapide, que j’en venais à me perdre de vue. Puis, souvent je me disais: « j’ai donc hâte d’être enfin à la retraite pour échapper à ce tourbillon!». J’ai tout aimé, durant
cette journée, nottament les dessins que nous avons faits. Nous avons exploré l’écriture, la photo
et l’art sous toutes ses formes. J’espérais qu’il y aurait un autre atelier dans l’avenir pour me permettre de revivre cette journée.
Puis, finalement, le 31 janvier dernier, j’ai participé pour la deuxième fois, à l’atelier, cette foisci, à La Marie Debout. Ce qui a été très différent
pour moi, c’était que j’étais enfin à la retraite. Au
mois d’avril, j’ai eu le bonheur de revivre l’atelier
avec d’autres femmes lors d’un tournage de
deux jours au CÉAF. C’était très plaisant et aussi
très intensif. Prochainement, il y aura un documentaire et un livre qui illustreront ce très beau
projet que les femmes portent depuis 4 ans:
« Nous, les femmes que l’on ne sait pas voir! ».
Dans le mot vieillesse, il y a le mot VIE. Ce qui
est important pour moi, c’est de demeurer le
plus longtemps possible en santé. Peu importe
son état de santé, les rides et tout cela, malgré les hauts et les bas de la vie, la vie demeure la
plus forte. C’est ça, qui pour moi, fera toute la différence sur la qualité de ma vieillesse, au cours
de mes années à venir. Je fais souvent des comparaisons avec les saisons dans l’année, c’est
une roue qui tourne. Ce qui me rassure, c’est qu’après l’hiver, la nature renait au printemps. C’est
pour cela que probablement, quelque part, on a l’âge de son cœur.

Louise Miller
Rayons de Femmes - Printemps 2013 p.7
Femmes en Action

L’autoroute des
larmes
Des femmes autochtones visées pour des raisons cachées?
Tout comme moi, vous ne serez pas surprises
d’entendre que des femmes se font kidnapper, abuser, torturer et tuer; cela se produit dans le monde entier depuis des décennies et encore en 2013!!! Non
seulement est-ce inadmissible, mais cela se produit chez nous, au Québec et au Canada!
Suite à de nombreux assauts vécus par des femmes autochtones d’âges divers, les familles indignées ont créé un Mouvement nommé: IDLE NO MORE (FINI L’INERTIE). Un appel à tous et toutes a été lancé à Montréal et une rencontre a
eu lieu avec ce regroupement qui désirait nous informer de la situation critique que vivent des femmes autochtones
de la Colombie-Britannique. C’est donc le 18 février 2013 à 18 h que s’est tenu un rassemblement sur le parvis du
métro Saint-Laurent coin Maisonneuve.
Nous étions une cinquantaine de personnes à entendre les partages sur la disparition de femmes qui n‘étaient pas
retrouvées, malgré les mois qui passaient. Un homme cherchant son épouse a dit que déjà plusieurs femmes sont
disparues, mais que les policiers ne font presque rien pour les retrouver; ceux-ci banaliseraient la situation et
cesseraient les recherches après 48 heures, même si entre temps des meurtres sont commis. Selon le rapport dans
l’enquête menée par Human Rights Watch (Protection et défense des Droits Humains), plus de 582 femmes et filles
autochtones sont disparues ou ont été assassinées au cours des cinq dernières décennies, dont 20 par année depuis
l’an 2000 (cf. p. 7 du document intitulé: «Ceux qui nous emmènent».) «Nous voulons retrouver nos grands-mères,
nos mères, nos enfants, nos sœurs, nos filles», crient ceux et celles qui sont dans l’absence et le deuil d’une femme
aimée.
Ces propos très émouvants et difficiles à entendre furent confirmés comme des faits, dans les données recueillies
lors de l’enquête menée par Human Rights Watch. On y retrouve la description de situations d’abus et de sévices
causés par des policiers sur des adolescentes et des femmes qui appelaient à l’aide! Elles ont reçu des coups et vécu
de la maltraitance parce qu’elles sont femmes et, qu’elles sont autochtones!
p.8 Rayons de Femmes - Printemps 2013
Femmes en Action
Des femmes autochtones visées pour des raisons cachées? Cette question m’est restée bloquée dans la gorge et
dans le cœur! Je suis indignée par ces attitudes horrifiantes qui ont cours dans notre pays! Et vous, qu’est-ce que ça
vous fait de savoir qu’encore aujourd’hui, des femmes n’ont pas le droit à la vie? Quelle qu’en soit la raison, sinon
d’être née «femme»!?
Peut-être avez-vous comme moi unE aïlleulE d’origine autochtone, ce qui fait que je me sens interpelée. Les
recherches démontrent que c’est plus probable qu’on ne le croit. Si vous êtes intéressées à en apprendre d’avantage
ou à connaître une façon de dire, de revendiquer ou de manifester votre indignation, sachez que le regroupement
des familles qui font activement des recherches se nomme IDLE NO MORE. De l’information est disponible à l’UQAM
au CIÉRA (Service de soutien aux activités étudiantes), au Cercle des Premières Nations de l’UQAM : http://territoire-alternatives.com; de la Crise d’Oka à IDLE NO MORE et au Pavillon des Sciences : CO-R700 (La Chaufferie),
UQAM, 175, avenue du Président Kennedy (métro Place des Arts, sortie UQAM) rue Ste-Catherine.
Dans une perspective plus large, la situation des autochtones soulève d’autres questions. Par exemple, depuis 1949,
des journalistes ont écrits que: «(…) des actions ont démontré que des pays désireux de s’approprier les richesses et
les terres de l’Arctique et de l’Antarctique qu’habitent encore aujourd’hui des communautés autochtones, alors que
de grandes parties habitées autrefois ont subi des dommages irrévocables…». Si depuis quelques années on parle
d’OR BLEU concernant l’EAU, il est depuis bien plus longtemps encore question d’OR NOIR… le PÉTROLE! Celui des
fonds marins de l’Arctique.

Victoria, une militante et citoyenne de ce pays
P.S.: Comme j’ai déjà fait quelques approches auprès des autochtones, je vous informe que les liens créés
avec ces femmes, nous aideront à mieux les inviter aux ateliers avec Suzanne Boisvert dans le cadre du projet:
«Nous, les femmes qu’on ne sait pas voir!».
SOURCES DOCUMENTAIRES: Cette autre réalité pour nous méconnue (textes en anglais; le contrôle qui a été exercé
sur les médias canadiens a réagi et empêché des publications):
·

Human Rights Watch: «Ceux qui nous emmènent», février 2013; «abus policiers et lacunes dans le service de protection
des femmes et filles autochtones dans le nord de la Colombie-Britannique», sur Google: hrw.org (Protection et Défense
des Droits Humains).

·

Duncan Clarke, Empires of Oil: Corporate Oil in Barbarian Worlds, Londres, Profile Books, 2007.

·

Martha Cone, Silent Snow: The Slow Poisoning of the Arctic, New York, Grove Press, 2005.
·
·

Leonardo Maugeri: The Age of Oil, Westport, Praeger, 2006.

·

Charles Emmerson: The Future History of the Arctic, New York, Public Affairs, 2010.

·
·

Pier Horensma: The Soviet Arctic, Londres, Routledge, 1991.

‘’Increase in the rate and uniformity of coastline erosion in Arctic Alaska ‘’, in Geophysical Research Letter, 2009.

… et de nombreux autres articles existent.

Rayons de Femmes - Printemps 2013 p.9
Rayons de Femmes

Tchik,Tchik
Un beau matin, j’me réveille, la tête pleine et les poches vides.
J’pensais pas que ça allait se rendre là. J’pensais pas aussi que la fin allait arriver. J’me demande à qui en parler. Mais à toi, ma feuille de papier, j’peux tout dire, tout dévoiler.
Ma carte de crédit est pleine, pleine, pleine. J’ai dépensé sans regarder; j’ai dépensé pour
compenser, j’ai dépensé pour me valoriser et me gâter. J’en ai profité, cré moé!
Le vide. J’avais une joie? Je « tchik, tchik! »
J’avais de la peine? « Tchik, tchik!»
J’dis « J’vais payer le minimum! », mais là j’peux pu, même pu l’minimum.

J’sais pas quoi faire. J’en parle à La Marie Debout qui me suggère diverses solutions. J’pile
sur mon orgueil, j’parle à ma mère qui m’juge pas et m’chicane pas, qui m’aide. Ma sœur aussi
m’aide.
J’casse cette maudite carte de crédit et pu jamais j’en voudrai. Même pour me dépanner.
Moi, la « tchik, tchik », c’est pas pour moi.
Regardons autour de nous, il y a beaucoup de monde qui «tchik tchik».

Une consommatrice avertie

p.10 Rayons de Femmes - Printemps 2013
Rayons de Femmes

MAUDIT MOUCHOIR
Ma famille a été très surprise de ça.
― Pourquoi ma Chouette, t’as rien dit?
― J’avais peur, très peur!
Son fantôme m’a suivie longtemps.
Je suis une petite fille qui pleure, pleure,
pleure.
J’me demande si c’est normal que grand-papa
m’aime beaucoup, autant que ça.
I’m dit que je suis sa préférée, que je suis la
plus belle et que je dois rien dire parce que
maman va être fâchée.
Ça commencé une fois pendant que grandmaman était partie faire des commissions, et
après, c’était même pendant que grandmaman était à la maison. Faut dire qu’elle avait
peur elle aussi.
Et moi, j’avais tellement confiance en toi grandpapa!
Il avait son odeur que j’ai eue dans l’nez des
années de temps. Il puait tellement. Son linge
aussi, son haleine de cigarette et son maudit
mouchoir. Heurk!
Il m’a forcée à faire des choses horribles que
petite fille je ne connaissais pas.
Je sais une chose : c’était dégueulasse!

Je me lavais avec ma débarbouillette et mon
savon, très fort, très très fort.
Mes sœurs et mon frère n’ont pas été abusés
à ce que je sache. Pourquoi moi?
Son fantôme m’a suivie trop longtemps.
I’m donnait des 2$ pour acheter des bonbons.
Rendue à 11 ans, par malheur, ses caresses
me manquaient, j’en voulais plus.
Je me sentais sale, très très sale.
Pendant longtemps, j’l’ai entendu dans ma
tête. Pour ne plus l’entendre, j’ai trouvé un truc
: c’était de porter une tuque ou une casquette.
J’avais la paix. Ça ne paraissait pas et moi, ça
me libérait.
Le fantôme aujourd’hui a disparu. Des ailes me
sont poussées depuis; je suis d’attaque à être
en attaque!

J’ai été marquée par ses abus.
Je sors la tête de l’eau, un peu plus maintenant.J’en ai voulu à mon père de ne pas
m’avoir protégée.

Oiseau du Paradis

Je lui faisais des crises, j’avais l’air bête avec
lui, et lui ne savait pas pourquoi.
Un jour, tout éclate, je dis mon secret.
Après la mort du salaud, je dévoile tout. Je me
sens libérée, je ne sais pas si j’ai bien fait
parce que son fantôme m’a suivie longtemps.

Rayons de Femmes - Printemps 2013 p.11
Femmes en Santé

Les aidantes naturelles
Quand la mémoire s’en va,
tous nos souvenirs s’en vont
également, on tombe dans
l’oubli.

J’avais remarqué depuis quelques mois, que ma mère alors âgée de 81 ans, soit en 2000, oubliait
de faire les choses de son quotidien : soit de changer de vêtements, de faire sa lessive, de faire
ses courses, de payer son loyer, le téléphone ou Vidéotron, etc. Ce qui s’installait peu à peu devenait alors plausible et plus les jours avançaient, plus les choses s’aggravaient. Elle répétait sans
cesse les mêmes choses, à plusieurs reprises et sans s’en rendre compte, jour après jour.
Lors d’une consultation chez son médecin traitant depuis des années, je me suis rendue à l’évidence qu’elle perdait la mémoire, car elle ne pouvait plus se rappeler du nom de ses petits-enfants
et elle me demandait de l’aider. Son médecin m’a alors conseillé de prendre rendez-vous avec un
neurologue pour y voir plus clair. Après une attente de plusieurs mois, elle passa des examens au
cours desquels elle fut complètement désorientée, ne pouvant même pas dire l’endroit où elle se
trouvait, le nom de la rue et l’heure du jour.
Le diagnostic tomba qu’elle souffrait probablement d’Alzheimer. Cette nouvelle m’a surprise bien
que je m’y attendais, oui et non. Je ne pouvais croire que cela m’arrivait, tout mon monde venait
de s’écrouler. Cette mère aimante et dévouée à ses enfants ne serait plus que l’ombre d’ellemême.
Au mois de mai 2001, elle a été admise à l’hôpital Maisonneuve-Rosemont et a subi encore
d’autres examens pour confirmer sa démence. Ma mère devait être prise en charge pour sa sécurité physique et émotionnelle. Un médecin m’a confirmé dans une lettre qu’elle n’était plus en
mesure de vivre seule et qu’elle devait vivre en résidence pour son bien-être.
La réalité de la maladie venait de me confronter et allait changer ma vie à jamais. Étant donné
que j’avais été nommée mandataire par ma mère, je devais la prendre en charge et veiller à
p.12 Rayons de Femmes - Printemps 2013
Femmes en Santé
plusieurs aspects de sa vie. Gérer son nouvel hébergement, sa situation financière, l’abandon de son
appartement, casser son bail, payer ses comptes, etc.
Durant les neuf années passées auprès de ma mère, j’ai dû m’acclimater à son état de santé qui déclinait de jour en jour. Ma mère s’est brisé une hanche après deux ans en résidence, car elle faisait
de l’errance et marchait tout le temps. Elle a été opérée la veille de Noël et après, elle a été confinée
en chaise roulante. Je devais la faire manger, brosser ses dentiers, couper ses ongles, acheter des
vêtements adaptés. Dans ces situations, on s’aperçoit que le rôle de parent-enfant s’inverse et que
l’enfant est responsable du parent. Plus la maladie avançait, plus sa vie a été réduite à manger au lit,
faire sa toilette au lit et demeurer couchée une partie de la journée. Des fois, on l’assoyait dans son
fauteuil roulant, mais elle était attachée pour ne pas tomber. Elle avait droit à un bain par semaine.
Elle ne parlait plus depuis deux ans après son entrée et semblait accepter son sort sans se plaindre.
J’aurais voulu lui converser de tout et de rien, comme dans le bon temps, mais elle ne parlait plus. Je
lui ai répété combien je l’aimais et lui faisais des confidences que je ne l’abandonnerais jamais.
Durant toutes ces années, j’ai été appuyée par ma sœur qui m’encourageait. Sans son aide, je ne
sais pas si j’aurais eu assez de force et de courage pour passer au travers.
Maman est décédée un vendredi matin ensoleillé des suites d’une pneumonie. Ma sœur et moi étions
à ses côtés; elle venait d’écouter sa chanson préférée. Après une semaine de hauts et de bas dus à
sa difficulté à respirer, elle venait enfin de se libérer de toutes ses souffrances. Ce que je retiens de
cet épisode de ma vie, c’est qu’il faut vivre le moment présent et profiter de la vie.
Maman, je t’aime et je ne t’oublie pas.

Louise Bélanger

Rayons de Femmes - Printemps 2013 p.13
Femmes en Santé

Le système de santé est malade
Dans les années 1995-1996, le gouvernement en place à ce moment-là, avait décidé de fermer
treize Centres hospitaliers dans la grande région de Montréal. Ce n’était pas de gros hôpitaux, moi je travaillais depuis 1976 dans l’un de ceux-ci, c’était l’hôpital Ste Jeanne d’Arc. Par la suite, nous les employés,
avons tous été replacés par la Régie régionale (aujourd’hui le MSSS) dans d’autres hôpitaux, des CLSC1
et des CHSLD2 . Il y a eu un impact certain sur tout le personnel et la transition n’a pas été nécessairement facile pour tous. À l’époque de ces fermetures, notre cher gouvernement avait offert 250,000.00 $
aux médecins qui étaient sur le point de prendre leur retraite et pour les y inciter en même temps.
Beaucoup d’infirmières sont elles aussi parties pour la retraite durant cette période.
Vous vous demandez sûrement aujourd’hui après toutes ces années, quels ont été ces impacts dans tout
le réseau de la santé et sur la population? Vous savez que les listes d’attente pour des opérations s’allongent, que l’attente est de plusieurs mois pour voir des spécialistes et pour passer certains examens. Il est
très difficile d’avoir un médecin de famille. Sans compter le temps d’attente de 24 heures et même plus
dans les salles d’urgence. Dans les urgences, il y a des patients sur les civières partout dans les corridors.
Il me semble, si je me rappelle bien, que l’on ne voyait pas tout cela avant les fermetures. Il n’y avait presque
pas de temps d’attente pour avoir accès rapidement aux soins. Autrement dit, les services qui étaient dispensés dans les petits hôpitaux avaient pour effet de débourrer les gros hôpitaux.
J’ai pour mon dire que tous ces établissements qui ont fermé étaient très fonctionnels. Dans chacun d’eux,
il y avait les salles d’opération, l’urgence, les cliniques externes, le laboratoire, la radiologie et bien d’autres
services. Suite aux fermetures de ces établissements, les patients ont été obligés de se rendre dans les
gros hôpitaux pour se faire soigner. C’est à partir de ce moment que le système de santé a vraiment commencé à se détériorer et aujourd’hui, bien, on en paie le prix très cher. Le gouvernement continue à couper
dans les soins de santé. Il y a aussi la fameuse taxe santé que tout le monde paie. Ce que vous voyez maintenant est l’impact direct de fermetures sauvages d’établissements dans les années 1995-1996. Pour moi,
cela n’aurait jamais dû se faire, mais ils l’ont fait quand même. Oui, le système de santé est malade.
Mais, ce n’est pas tout. Le gouvernement de l’époque avait dit que les CLSC seraient des services de première ligne, mais cela ne s’est jamais fait. Cela voulait dire que les CLSC auraient été ouverts sept jours par
semaine et même le soir. Il y a bien sûr, les cliniques privées un peu partout sur le territoire, mais il faut
constamment surveiller les jours et les heures d’ouverture. Aussitôt qu’il y a trop de monde, ils ferment

p.14 Rayons de Femmes - Printemps 2013
Femmes en Santé
leurs portes et ils ne prennent plus personne. Ce qui est aberrant, c’est qu’ils disent aux gens de ne pas
se rendre dans les salles d’urgence pour de petits malaises et même plus, mais comment faire autrement
quand les cliniques privées et les CLSC sont fermés?
Pour toutes ces situations actuelles, je vois un lien direct avec les fermetures d’établissements que notre
cher gouvernement a fait dans les années antérieures. Voilà les conséquences et moi, ça me met royalement en colère quand j’y repense. Je dois dire que nous, les employés, malgré nos déceptions, nos peines,
nos nombreux deuils à faire et de nombreux grincements de dents, malgré tout le stress occasionné par
ces fermetures, car nous ne savions même pas où nous serions déplacés, le gouvernement a été inflexible. Nous avons tout tenté, les pétitions que les employés et même les patients ont signées pour garder
leur hôpital de quartier, les marches dans les rues et les manifestations de toutes sortes, les ventes de
chandails comme « Sauvons Ste Jeanne d’Arc » et malheureusement, tout cela, n’a rien donné. Ce que
je déplore aujourd’hui, c’est que tout cela s’est fait dans l’indifférence générale et n’a jamais été médiatisé. Et pourtant cela a provoqué tant de souffrances par la suite pour la majorité du personnel.
Actuellement, pour empirer la situation, le gouvernement ne reconnaît pas les diplômes de tous les
médecins et des infirmières qui ont immigré ici. On nous prive de leur expertise, ce qui est loin d’arranger
la situation. Oui, le système de santé est malade. À cause de toutes ces situations, les gens se tournent
de plus en plus vers le privé pour avoir des soins. Cela profite bien aux nantis et les autres eux, bien, ils
attendent… Oui, le système de santé est très, très malade.
1Centre local de services communautaires
2Centre hospitalier de soins de longue durée

Louise Miller

Rayons de Femmes - Printemps 2013 p.15
Lectures

Le féminisme québécois
raconté à Camille
Micheline Dumont, 2008. Le féminisme quécois raconté à Camille, les éditions du remue-ménage,
247 pages.Disponible à la bibliothèque de La Marie Debout dans la section condition des femmes.

C’est à la fin du XIXe siècle que les premières féministes commencent à se faire entendre.
Elles se regroupent en plusieurs associations afin que l’on reconnaisse leurs droits dans une
société dominée par les hommes. Les participantes de ces associations pensent que les
qualités naturelles des femmes, telles la compassion et la générosité peuvent transformer la
société. Elles travaillent pour éliminer les plaies sociales telles la pauvreté, la mortalité infantile,
les épidémies, l’alcoolisme, la prostitution et les taudis causés par la révolution industrielle dans
les villes. Elles cherchent des moyens pour faire des pressions au gouvernement. Celui-ci met
donc sur pied un local au Québec afin que les associations des femmes puissent travailler
ensemble.
Une des pionnières importantes est Marie Lacoste-Gérin-Lajoie. Elle est profondément touchée
par l’injustice sociale. Elle n’accepte pas que la femme soit soumise à son mari (d’ailleurs, elle
publie un article sur la condition des femmes mariées) et souhaite améliorer le sort des femmes.
Parmi les réalisations du Montreal local Council of women il y a des enquêtes sur les conditions
des femmes ouvrières dans les manufactures et des conférences sur l’hygiène pour contrer
les maladies. Il a fallu beaucoup de courage de la part de ces femmes pour résister à l’hostilité
que le féminisme a provoquée dès son apparition. C’est autour de 1920 que le féminisme s’est
implanté à Montréal et pour certains, il représente une menace pour la famille et la société.
p.16 Rayons de Femmes - Printemps 2013
Lectures

Qu’elles soient catholiques ou protestantes, les femmes veulent avoir le droit de vote, ce serait
plus facile, disent-elles, pour avoir accès aux instances de pouvoir. Marie Lacoste-Gérin-Lajoie,
Thérèse Casgrain et Idola St-Jean ont obtenu pour nous le droit de vote en 1940.
En 1965, une nouvelle image de la femme québécoise est en train de prendre forme. Dans les
médias, on parle beaucoup de libération de la femme. Les journalistes, les pièces de théâtre,
le cinéma, les écrivaines (Simone de Beauvoir, Benoîte Groulx, Jeanette Bertrand ), les
animatrices de télévision ( Lise Payette « Place aux femmes », Aline Desjardins « Femmes
d’aujourd’hui ») ont beaucoup aidé à la cause féministe. On discute de divorce, de garderies,
d’équité salariale, d’accès à toutes les professions, de gratuité scolaire, d’instruction supérieure
aux filles, des conditions de travail des ouvrières, de contraception, et de régime matrimonial.
Dans les années soixante, plusieurs associations naissent comme la FFQ (Fédération des
femmes du Québec, 1966), l’AFEAS (Association féminine d’éducation et d’aide sociale,
1966).Certains disent que le féminisme est vraiment apparu en 1970 avec l’arrivée de la pilule
anticonceptionnelle et l’avortement libre. Les femmes sont enfin libres de décider si elles veulent
des enfants et à quel moment. En 1971, le 8 mars est célébré pour la première fois à Montréal.
Cette journée internationale des femmes est organisée par les militantes du Front de libération
des femmes.
Le mouvement des femmes se poursuit : en 1985, l’R des centres des femmes du Québec
apparaît dont est membre La Marie-Debout. En 1995, la marche du pain et des roses est une
mobilisation contre la pauvreté. En 2005, les déléguées de la Marche mondiale des femmes
adoptent la Charte mondiale des femmes pour l’humanité.
Pour écrire ce livre destiné à sa petite fille de quinze ans, l’auteure s’est inspirée de plusieurs
documents historiques. Elle cite que « la condition des femmes s’est améliorée au Québec ».
L’histoire nous montre que le féminisme n’est pas inutile bien au contraire, toujours nécessaire.
Elle incite les jeunes à venir rejoindre celles qui veulent améliorer les conditions de vie des
femmes et des hommes.
Je recommande fortement ce livre si vous voulez connaître l’histoire du féminisme québécois.
Diane Beaulieu

Rayons de Femmes - Printemps 2013 p.17
Lectures

Le féminisme: où en sommes-nous
aujourd’hui?
Après avoir lu le livre Le féminisme québécois raconté à Camille de Micheline Dumont, je me suis posé
la question : « Où en sommes-nous aujourd’hui? ». Rien n’a vraiment changé, sauf que plusieurs
hommes ont compris que les femmes avaient besoin d’aide pour concilier travail-famille. Dans un couple,
certains hommes peuvent penser que le travail de la femme est aussi important que le leur, par exemple,
un homme peut se libérer de son travail et aller chez le médecin avec son enfant. Par contre, pour d’autres,
leur travail semble plus important, donc c’est la femme qui gère les rendez-vous.
Le sexisme existe encore. Il y a aussi l’injustice quant aux salaires des femmes à cause de certains
employeurs qui pensent que les hommes devraient gagner plus que les femmes. La violence et la pauvreté
existent encore chez les femmes. Il a fallu la collaboration des hommes pour acquérir certains droits et
malgré tout, la lutte doit continuer. Il faut donner des outils aux femmes pour qu’elles puissent mieux
négocier, trouver des stratégies pour changer les mentalités des hommes et de la société en générale. Le
féminisme existe toujours, mais nous n’arriverons pas à l’égalité sans le vouloir des hommes. La
conciliation travail-famille est liée à l’égalité. Les hommes doivent s’assoir à la table et écouter les
problématiques. Il faut se poser la question : « Qu’est-ce que l’on peut faire pour que les choses aillent
mieux, pour que les femmes soient plus
heureuses? ».

Diane Beaulieu

p.18 Rayons de Femmes - Printemps 2013
Lectures

Aminata

Lawrence Hill, 2011. Aminata, Éditions de La Pleine Lune, 565 pages.
Disponible dans la section Roman de la bibliothèque de La Marie Debout.
En 1745, Aminata Diallo fut enlevée par des trafiquants d’esclaves en Afrique de l’Ouest. Elle vu et vécu
des atrocités tout au long du voyage qui l’amena jusqu’en Caroline du Sud. Heureusement, elle connaissait
le métier de sage-femme, car elle avait assisté sa mère lors d’accouchements. Elle s’en servit pour aider
les femmes enceintes africaines pendant le voyage et dans les pays où ils furent déportés pendant tant
d’années. Grâce à ce métier, elle retrouva un peu de sa dignité.
Malheureusement, Aminata ne pouvait changer son destin. Elle comprit ce que voulait dire être esclave,
elle disait que son « passé n’avait aucune importance, que le présent était invisible et quant à l’avenir,
elle n’avait aucune emprise ».
Son plus grand désir était de retourner dans son petit village, à Bayo. Ce fut impossible, car elle aurait
encore été kidnappée et vendue. Par ailleurs, elle a pu se rendre en Afrique, sur la côte de la Sierra Leone
avec 1200 esclaves en 1792 après quarante ans d’esclavage.
En 1805, elle rencontra John Clarkson, membre de la commission parlementaire en Angleterre. Celui-ci
voulait aider les Africains en présentant un projet de loi qui assurerait leur substance par l’agriculture et
le commerce. Les Africains serviraient donc les Britanniques, mais ne seront désormais plus vendus
comme esclaves. En Bretagne, la loi fut adoptée en 1805, aux États-Unis en 1808 et au Canada en 1834.
Aminata a écrit un récit sur ce qu’elle a vécu comme esclave et au travers des méandres de son histoire,
l’amour pour Chekura avec qui elle a eu deux enfants. L’auteur Lauwrence Hill s’est inspiré de plusieurs
ouvrages sur l’histoire de la traite des esclaves pour en faire un roman fabuleux. Il a voulu nous conscientiser sur l’abominable traite des noirs. L’héroïne Aminata est une femme courageuse qui a su traverser
contre vents et marées, les naufrages pour en arriver à se faire entendre.

Diane Beaulieu
Rayons de Femmes - Printemps 2013 p.19
Vie de Quartier

La cuisine collective,
c’est toujours gagnant!
Nées dans Hochelaga-Maisonneuve, les cuisines collectives se sont répandues comme une traînée de poudre. Vingt-huit ans plus tard, le regroupement
des cuisines collectives en compte plus de 1330 au Québec. En 1985, Sylvie
et Jacynthe Ouellette décident de cuisiner en commun. Les deux sœurs, qui
vivent modestement, partagent coûts, temps, compétences culinaires et plats cuisinés. Quelquefois,
une voisine se joint à elles pour mitonner des repas économiques.
Ça fait six ans que je fréquente les cuisines collectives d’Hochelaga-Maisonneuve où des femmes et
des hommes se rencontrent pour cuisiner de bons petits plats!
En participant à la cuisine collective d’Hochelaga-Maisonneuve tous les mois, cela me permet de
briser l’isolement, de marcher dix rues (aller-retour), de rencontrer des gens du quartier : étudiantes,
travailleuses, retraitées, personnes âgées, personnes seules. Nous avons un intérêt commun, soit
celui de partager les différentes étapes de la préparation des repas, tout en économisant et en élaborant divers menus santé à partir d’aliments frais. Nos achats se font en fonction des spéciaux des
circulaires et en accord avec le choix des participantes.
Lors de la journée où nous cuisinons, l’entraide est
au rendez-vous. Chacune va selon son expérience
culinaire, à son rythme pour rendre la tâche plus
agréable en aidant les autres. Il n’y a pas de temps
à perdre, car les portions sont nombreuses, la vaisselle doit être faite de temps à autre pour qu’elle ne
s’accumule pas, mais chacune y participe et ça fonctionne très bien. Les recettes sont faciles, une
cheffe cuisinière est toujours présente pour la préparation de celles-ci. Chacune y trouve son intérêt
et développe de nouveaux talents. Nous varions les recettes selon les saisons ou les produits donnés
par Moisson Montréal. En partageant le coût des achats, cela fait une grosse différence dans le prix
des portions. Lors de la répartition des portions, si l’on a un surplus, on le divise entre les participantes
et chacune est traitée de façon équitable. Selon les coûts qui augmentent, le prix pour une portion
p.20 Rayons de Femmes - Printemps 2013
Vie de Quartier
varie de 1 $ et plus. Faire partie de la cuisine collective, cela m’aide à varier mes repas, à être fière
de mes talents culinaires et à me valoriser pour aller plus loin. Il y a une ambiance de camaraderie qui
s’installe et peu importe notre âge ou notre situation sociale, il n’y a pas de discrimination. En cuisinant,
on apprend sur la vie des gens et tout le monde bénéficie du travail de chacune. Tout le monde y est
gagnant!
*Le texte est féminisé pour l’alléger. Veuillez noter que les cuisines collectives est un lieu mixte.

Les cuisines collectives d’Hochelaga-Maisonneuve, 3568, rue Adam, Montréal (514-259-0789) www.cuisinecollectivehm.com

RESSOURCES DU QUARTIER

Louise Bélanger

Nourriture
Cuisine collectives
Magasinage
Village des Valeurs : 2033 boul.Pie IX,
3568 Adam, 514-529-0789
Renaissance : 2030 boul. Pie IX
Chic resto pop
Coccinelle Jaune
repas à 3$ tous les jours
4236 St-Catherine Est, 514-259-9038
1500 av. d’Orléans, 514-521-4089
Cap St-Barnabé : 1475 rue Bennett,
514-251-2081
Résolidaire (services pour ainées) : po- Divertissons-Nous!
YMCA Hochelaga-Maisonneuve
pote roulante
(piscine et conditionnement physique)
3760 st-Catherine Est #302
4567 rue Hochelaga, 514-255-4651
514-598-9670
Maison de la Culture Maisonneuve
4200 Ontario Est, 514-872-2200
Condition féminine
Bibliothèque Hochelaga
SOS violence conjugale (24h sur 24-7
1870 Davidson, 514-872-3666
jour sur 7) :
PEC : cours d’anglais, d’informatique,
514-873-9010 /1800-363-9010
couture etc.
CALAC (centre d’aide et de lutte aux
1691 boul. Pie IX, 514-596-4488
agressions à caractère sexuelle) /Trève
L’Accorderie (échange de services)
pour elles : 514-251-0323
4903 rue Ontario Est #002
514-544-3560 #222
Santé (pas dans le quartier)
Information sur la ménopause /Ménosecours
Mobilisons nous!
www.rqasf.qc.ca/menopause
ADDS : Association pour la défense des
Aidantes naturelles
droits sociaux, 1691 boul. Pie IX
http://www.aidant.ca
514-523-0707
Ligne gratuite d’information du RéOPDS : Organisation populaire des droits
seau entre-aidants : 1-866-396-2433
sociaux, 3340 Ontario Est
(du lundi au vendredi de 9hà 17h)
514-527-0700
Rayons de Femmes - Printemps 2013 p.21
Nos Écrits

Lettre à un
itinérant
unique
Tu m'as appris que
rien,
même l'argent,
ne pouvait acheter
ce que tu désirais le plus,
la rue.
Ta liberté de choisir d'être dans la
rue
avec ton intelligence et d'y vivre.
Tu avais ta culture,
ta fidélité d'amitié qui m'emballait
Ensemble, on pouvait parler
de tous sujets, tu savais tout
Ton histoire de la petite école,
tu la connaissais
Ta foi, je n'en doute pas du tout
Je sais que ta place est prête et faite
Ce que tu as fait pour la semer
Je sais que d'autres te donneront
la chance de te faire revivre en
eux...
Je t'admire,
Je te souhaite maintenant bon
voyage!
Merci

Aline Massé

p.22 Rayons de Femmes - Printemps 2013

Messager

À cause des plus grands espoirs
Rassemblant tant de races
À cause d'un pêcheur que je connais
Tu m'envois ce message que tu m'aimes
N'ayant plus peur de vivre ce sentiment
d'amour j'ai foi en toi
À cause de demain porté par l'expérience
Mon coeur fragile des blessures du passé
Tu me prends par la main et je te suis
Sur ce chemin qui nous mène sur d'autres rivages
Que nous ferons naufrage pour laisser passer l'orage
Nos Écrits

SOUPIR DE RÉVOLTE
C’est subtil les ecchymoses dans la tête

Des figurines aux cœurs inquiets observent
la lune

Jamais refermées, mais enveloppées dans la
boîte crânienne
Fuir! Recoller les morceaux, avoir raison
Je devine le face-à-face

D’un brouillard qu’il faut transpercer

D’où viens-tu passagère?

La nouvelle vie est au-delà du torrent

Jamais refermées, mais enveloppées dans la Fuir! Recoller les morceaux, avoir raison
boîte crânienne
C’est subtil les ecchymoses dans la tête
Des figurines aux cœurs inquiets observent
La nouvelle vie est au-delà du torrent
la lune
D’où viens-tu passagère?
D’un brouillard qu’il faut transpercer

Je devine le face-à-face.
Lise Dugas , 10 mars 2013

Rayons de Femmes - Printemps 2013 p.23
Bon été ensoleillé!
Venez nous voir en septembre!
Les femmes de La Marie Debout!

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Rayons de femmes 2013

  • 1. Rayons de Femmes printemps 2013 Les femmes de La Marie Debout mobilisées lors de la manifestation du 8 mars, Journée internationale des femmes.
  • 2. L’équipe des journalistes réunies! En haut de gauche à droite: Louise Miller, Julie Perron, Véronique Morel, Nathalie Fortin et Diane Beaulieu. En bas de gauche à droite: Aline Massé, Sarah-Maude Le Gresley et Louise Bélanger. absente de la photo: Victoria Thibodeau
  • 3. Éditorial Table des matières Éditorial………………………..............................p.3 Lectures Billet de l’équipe des travailleuses…............p.4 Le féminisme québécois raconté à Camille................p.16-17 Femmes en action Le féminisme: où en sommes-nous aujourd’hui?.....p.18 Un beau 8 mars…………….............................p.5 Aminata.....................................................................p.19 Retour à soi……...........................................p.6-7 Vie de quartier L’autoroute des larmes...............................p.7-8 La cuisine collective, c’est toujours gagnant!............p.20 Rayons de femmes Ressources du quartier..............................................p.21 Tchik, Tchik..................................................p.10 Nos écrits Maudit mouchoir........................................p.11 Lettre à un itinérant unique......................................p.22 Femme en santé Messager...................................................................p.22 Les aidantes naturelles...............................p.12-13 Soupir de révolte......................................................p.23 Le système de santé est malade.................p.14-15 Éditorial C’est avec enthousiasme que nous nous sommes lancées dans le processus de création de ce journal. Prises d’une volonté de s’exprimer, de raconter une histoire ou un moment plus difficile de sa vie, de faire rêver, d’aider, de dénoncer, de conscientiser, d’éclairer et de divertir, nous avons pris nos plumes pour écrire les merveilleux articles que vous y trouverez! Cette année, nous avons laissé nos envies, nos passions et nos champs d’intérêt guider nos écritures. Nous avions toutes un sujet qui nous tenait à cœur et qui rejoignait de près et de loin, la condition des femmes. Ainsi, nous abordons la santé, nous parlons de mobilisations et des violences faites aux femmes. Nous vous suggérons des lectures féministes et des ressources intéressantes. Vous y trouverez également de la poésie et des témoignages touchants. Bref, vous n’allez pas vous ennuyer! Nous souhaitons par ce journal, briser l’isolement vécu par plusieurs femmes, donner le goût de s’impliquer à La Marie Debout et qui sait, peut-être même joindre l’équipe des journalistes! C’est avec beaucoup de fierté que la nouvelle équipe vous convie à ce journal! Bonne lecture! L’équipe des journalistes Rayons de Femmes - Printemps 2013 p.3
  • 4. Femmes en action Billet de l’équipe des travailleuses Oyé, Oyé! Rayons de femmes, le journal de La Marie Debout, est de retour!! Après un an d’exil du 4001 Sainte-Catherine Est, nous sommes enfin de retour « à la maison ». C’est bien installé dans nos locaux frais peinturés, avec de belles fenêtres qui s’ouvrent, des planchers tout frais cirés que La Marie Debout a pu enfin reprendre ses activités, et ce, pour le plus grand plaisir des femmes qui la fréquentent. Mais ce qui est particulièrement notable, c’est le retour du journal Rayons de femmes! Grâce à l’implication de huit militantes accompagnées par Sarah-Maude Le Gresley, notre chère stagiaire, la production de ce numéro a été possible. Un beau travail de coopération s’est tissé, chacune des femmes apportant son savoir-faire, ses connaissances, son soutien l’une à l’autre. Ce journal se veut un bel outil de sensibilisation et d’information sur les différentes réalités des femmes, tout cela à saveur féministe. De tout cœur, nous espérons que ce numéro vous plaise et nous vous souhaitons bonne lecture. Longue vie à Rayons de femmes! L’équipe de La Marie Debout p.4 Rayons de Femmes - Printemps 2013
  • 5. Femmes en Action Un beau 8 mars! C’est ensemble que les militantes de La Marie Debout accompagnées des femmes des différents organismes d’Hochelaga-Maisonneuve, regroupées sous le nom de Collective du 8 mars, ont osé prendre la rue, et ce, afin de dénoncer les différentes menaces qui fragilisent les conditions de vie des femmes. Le slogan : Luttes d’hier, luttes d’aujourd’hui, les femmes toujours debout, nous ne reculerons pas! Un slogan bien désigné qui servait d’inspiration afin de nourrir l’indignation des femmes. Quel bel événement avons-nous vécu en ce vendredi 8 mars 2013! Le fait d’être unies tout ensemble pour une même cause a renforci le sentiment d’appartenance au mouvement féministe et a concrétisé le désir de dénoncer les inégalités vécues par les femmes. Les thèmes retenus étaient : le droit à l’avortement, le revenu de citoyenneté, la violence faite aux femmes et enfin, le manque de logements sociaux. Ce qui fut le plus marquant a été sans contredit la belle solidarité qui s’est particulièrement tissée entre les militantes de La Marie Debout, le courage qu’elles ont déployé, l’énergie qu’elles ont investie et enfin, les défis qu’elles ont su relever afin de rendre ce 8 mars mémorable dans la vie de La Marie Debout. Nous en profitons ici pour partager leur témoignage et enthousiasme : « Je ne me croyais pas capable de lire un texte devant autant de personnes. Mais je sentais toute l’énergie des gens et cela m’a donné du courage… » « Prendre la rue avec ces femmes, enfants et hommes fut pour moi une expérience bien particulière… » « C’était bien de constater des gains suite aux luttes menées par les femmes, mais il faut continuer à lutter parce que nos droits sont encore menacés. » Bref, cette journée fut une expérience des plus enrichissantes et l’on se demande bien ce que les militantes de La Marie Debout et les femmes de la Collective du 8 mars nous préparent pour l’an prochain!! Fabienne Mathieu Rayons de Femmes - Printemps 2013 p.5
  • 6. Femmes en Action RETOUR À SOI Je suis membre de La Marie Debout depuis quelques années. Comme je travaillais encore à l’hôpital, je ne venais pas au centre, car pendant mes journées de congé, je faisais du bénévolat ailleurs. Présentement, j’ai le bonheur d’être à la retraite, depuis maintenant 2 ans, ce qui me laisse plus de temps libre. L’an dernier, pendant la session d’hiver, j’ai suivi des cours de gymnastique douce à La Marie Debout et suis venue à la fête de Noël. Ces cours m’ont beaucoup aidée à me reconnecter, à prendre du temps pour moi et j’ai connu par la même occasion d’autres femmes. Puis, peu à peu, j’ai eu le goût de m’impliquer au Centre. Pendant l’assemblée générale du mois de juin dernier, je me suis présentée pour faire partie du conseil d’administration, appelé la Collective. J’ai eu le bonheur d’être élue. Pour moi, en faire partie était la meilleure manière de connaître le fonctionnement du Centre. Ensuite, je me suis impliquée dans l’organisation de la fête de Noël et aussi au sein du comité du 8 mars (journée internationale des femmes). J’ai beaucoup aimé cela et ça m’a permis de cheminer. Il y a un projet qui me va droit au cœur. C’est « Nous, les femmes, que l’on ne sait pas voir » Ce projet est né il y a 4 ans, des femmes de La Marie Debout. C’est une création par l’art sous toutes ses formes, portée par les femmes depuis septembre 2009. Elles ont réfléchi sur la problématique du vieillissement. Ce que je trouve fantastique, c’est la tournée provinciale qui va partout dans les Centres de femmes et ça continue… La première fois que j’ai participé à cet atelier, c’était au mois d’octobre 2010 au Centre d’Éducation et d’Action des femmes (CÉAF). C’est très difficile d’exprimer avec des mots ce que j’ai alors ressenti. En tout premier lieu, l’exposition qui y était présentée, les photos de femmes vieillissantes sur les murs, les visages, les mains, m’a éblouie. Il y avait aussi des troncs d’arbres et des boîtes de différentes formes qui contenaient divers objets, des dessins, des livrets. Je voulais tout voir en même temps, mais chaque fois que je regardais, je découvrais d’autres objets, d’autres détails et j’avais des perceptions différentes. Il y avait un petit quelque chose de déstabilisant. p.6 Rayons de Femmes - Printemps 2013
  • 7. Femmes en Action Puis, Suzanne Boisvert, animatrice (coMadre) a débuté l’animation : « Ici, ton âme est en sécurité. ». Pour moi, à ce moment, j’ai su que ce serait différent de toutes les réunions auxquelles j’avais déjà assisté lors de divers comités de travail. Puis, il y a eu la danse du leader. Au début, cela m’a déconcertée. Je me demandais, dans quoi je m’étais embarquée. Puis, je suis entrée dans le jeu avec beaucoup de plaisir. Cette danse permet d’aller en confiance vers les autres et après, on ne se voit plus les unes et les autres, de la même façon. Ce que j’ai aimé, c’est le partage que nous avons fait. Pour moi, c’était important d’entendre tout le cheminement et le vécu des femmes à travers leur propre vieillissement. Je me souviens qu’à cette époque, je travaillais encore et j’étais en congé durant cette journée. Cela m’avait fait beaucoup de bien d’y participer et m’avait permis de vraiment m’arrêter, de réfléchir à tout ce que les femmes partageaient entre elles. Je me rendais vraiment compte que j’étais prise dans un tourbillon de vie qui est tellement rapide, que j’en venais à me perdre de vue. Puis, souvent je me disais: « j’ai donc hâte d’être enfin à la retraite pour échapper à ce tourbillon!». J’ai tout aimé, durant cette journée, nottament les dessins que nous avons faits. Nous avons exploré l’écriture, la photo et l’art sous toutes ses formes. J’espérais qu’il y aurait un autre atelier dans l’avenir pour me permettre de revivre cette journée. Puis, finalement, le 31 janvier dernier, j’ai participé pour la deuxième fois, à l’atelier, cette foisci, à La Marie Debout. Ce qui a été très différent pour moi, c’était que j’étais enfin à la retraite. Au mois d’avril, j’ai eu le bonheur de revivre l’atelier avec d’autres femmes lors d’un tournage de deux jours au CÉAF. C’était très plaisant et aussi très intensif. Prochainement, il y aura un documentaire et un livre qui illustreront ce très beau projet que les femmes portent depuis 4 ans: « Nous, les femmes que l’on ne sait pas voir! ». Dans le mot vieillesse, il y a le mot VIE. Ce qui est important pour moi, c’est de demeurer le plus longtemps possible en santé. Peu importe son état de santé, les rides et tout cela, malgré les hauts et les bas de la vie, la vie demeure la plus forte. C’est ça, qui pour moi, fera toute la différence sur la qualité de ma vieillesse, au cours de mes années à venir. Je fais souvent des comparaisons avec les saisons dans l’année, c’est une roue qui tourne. Ce qui me rassure, c’est qu’après l’hiver, la nature renait au printemps. C’est pour cela que probablement, quelque part, on a l’âge de son cœur. Louise Miller Rayons de Femmes - Printemps 2013 p.7
  • 8. Femmes en Action L’autoroute des larmes Des femmes autochtones visées pour des raisons cachées? Tout comme moi, vous ne serez pas surprises d’entendre que des femmes se font kidnapper, abuser, torturer et tuer; cela se produit dans le monde entier depuis des décennies et encore en 2013!!! Non seulement est-ce inadmissible, mais cela se produit chez nous, au Québec et au Canada! Suite à de nombreux assauts vécus par des femmes autochtones d’âges divers, les familles indignées ont créé un Mouvement nommé: IDLE NO MORE (FINI L’INERTIE). Un appel à tous et toutes a été lancé à Montréal et une rencontre a eu lieu avec ce regroupement qui désirait nous informer de la situation critique que vivent des femmes autochtones de la Colombie-Britannique. C’est donc le 18 février 2013 à 18 h que s’est tenu un rassemblement sur le parvis du métro Saint-Laurent coin Maisonneuve. Nous étions une cinquantaine de personnes à entendre les partages sur la disparition de femmes qui n‘étaient pas retrouvées, malgré les mois qui passaient. Un homme cherchant son épouse a dit que déjà plusieurs femmes sont disparues, mais que les policiers ne font presque rien pour les retrouver; ceux-ci banaliseraient la situation et cesseraient les recherches après 48 heures, même si entre temps des meurtres sont commis. Selon le rapport dans l’enquête menée par Human Rights Watch (Protection et défense des Droits Humains), plus de 582 femmes et filles autochtones sont disparues ou ont été assassinées au cours des cinq dernières décennies, dont 20 par année depuis l’an 2000 (cf. p. 7 du document intitulé: «Ceux qui nous emmènent».) «Nous voulons retrouver nos grands-mères, nos mères, nos enfants, nos sœurs, nos filles», crient ceux et celles qui sont dans l’absence et le deuil d’une femme aimée. Ces propos très émouvants et difficiles à entendre furent confirmés comme des faits, dans les données recueillies lors de l’enquête menée par Human Rights Watch. On y retrouve la description de situations d’abus et de sévices causés par des policiers sur des adolescentes et des femmes qui appelaient à l’aide! Elles ont reçu des coups et vécu de la maltraitance parce qu’elles sont femmes et, qu’elles sont autochtones! p.8 Rayons de Femmes - Printemps 2013
  • 9. Femmes en Action Des femmes autochtones visées pour des raisons cachées? Cette question m’est restée bloquée dans la gorge et dans le cœur! Je suis indignée par ces attitudes horrifiantes qui ont cours dans notre pays! Et vous, qu’est-ce que ça vous fait de savoir qu’encore aujourd’hui, des femmes n’ont pas le droit à la vie? Quelle qu’en soit la raison, sinon d’être née «femme»!? Peut-être avez-vous comme moi unE aïlleulE d’origine autochtone, ce qui fait que je me sens interpelée. Les recherches démontrent que c’est plus probable qu’on ne le croit. Si vous êtes intéressées à en apprendre d’avantage ou à connaître une façon de dire, de revendiquer ou de manifester votre indignation, sachez que le regroupement des familles qui font activement des recherches se nomme IDLE NO MORE. De l’information est disponible à l’UQAM au CIÉRA (Service de soutien aux activités étudiantes), au Cercle des Premières Nations de l’UQAM : http://territoire-alternatives.com; de la Crise d’Oka à IDLE NO MORE et au Pavillon des Sciences : CO-R700 (La Chaufferie), UQAM, 175, avenue du Président Kennedy (métro Place des Arts, sortie UQAM) rue Ste-Catherine. Dans une perspective plus large, la situation des autochtones soulève d’autres questions. Par exemple, depuis 1949, des journalistes ont écrits que: «(…) des actions ont démontré que des pays désireux de s’approprier les richesses et les terres de l’Arctique et de l’Antarctique qu’habitent encore aujourd’hui des communautés autochtones, alors que de grandes parties habitées autrefois ont subi des dommages irrévocables…». Si depuis quelques années on parle d’OR BLEU concernant l’EAU, il est depuis bien plus longtemps encore question d’OR NOIR… le PÉTROLE! Celui des fonds marins de l’Arctique. Victoria, une militante et citoyenne de ce pays P.S.: Comme j’ai déjà fait quelques approches auprès des autochtones, je vous informe que les liens créés avec ces femmes, nous aideront à mieux les inviter aux ateliers avec Suzanne Boisvert dans le cadre du projet: «Nous, les femmes qu’on ne sait pas voir!». SOURCES DOCUMENTAIRES: Cette autre réalité pour nous méconnue (textes en anglais; le contrôle qui a été exercé sur les médias canadiens a réagi et empêché des publications): · Human Rights Watch: «Ceux qui nous emmènent», février 2013; «abus policiers et lacunes dans le service de protection des femmes et filles autochtones dans le nord de la Colombie-Britannique», sur Google: hrw.org (Protection et Défense des Droits Humains). · Duncan Clarke, Empires of Oil: Corporate Oil in Barbarian Worlds, Londres, Profile Books, 2007. · Martha Cone, Silent Snow: The Slow Poisoning of the Arctic, New York, Grove Press, 2005. · · Leonardo Maugeri: The Age of Oil, Westport, Praeger, 2006. · Charles Emmerson: The Future History of the Arctic, New York, Public Affairs, 2010. · · Pier Horensma: The Soviet Arctic, Londres, Routledge, 1991. ‘’Increase in the rate and uniformity of coastline erosion in Arctic Alaska ‘’, in Geophysical Research Letter, 2009. … et de nombreux autres articles existent. Rayons de Femmes - Printemps 2013 p.9
  • 10. Rayons de Femmes Tchik,Tchik Un beau matin, j’me réveille, la tête pleine et les poches vides. J’pensais pas que ça allait se rendre là. J’pensais pas aussi que la fin allait arriver. J’me demande à qui en parler. Mais à toi, ma feuille de papier, j’peux tout dire, tout dévoiler. Ma carte de crédit est pleine, pleine, pleine. J’ai dépensé sans regarder; j’ai dépensé pour compenser, j’ai dépensé pour me valoriser et me gâter. J’en ai profité, cré moé! Le vide. J’avais une joie? Je « tchik, tchik! » J’avais de la peine? « Tchik, tchik!» J’dis « J’vais payer le minimum! », mais là j’peux pu, même pu l’minimum. J’sais pas quoi faire. J’en parle à La Marie Debout qui me suggère diverses solutions. J’pile sur mon orgueil, j’parle à ma mère qui m’juge pas et m’chicane pas, qui m’aide. Ma sœur aussi m’aide. J’casse cette maudite carte de crédit et pu jamais j’en voudrai. Même pour me dépanner. Moi, la « tchik, tchik », c’est pas pour moi. Regardons autour de nous, il y a beaucoup de monde qui «tchik tchik». Une consommatrice avertie p.10 Rayons de Femmes - Printemps 2013
  • 11. Rayons de Femmes MAUDIT MOUCHOIR Ma famille a été très surprise de ça. ― Pourquoi ma Chouette, t’as rien dit? ― J’avais peur, très peur! Son fantôme m’a suivie longtemps. Je suis une petite fille qui pleure, pleure, pleure. J’me demande si c’est normal que grand-papa m’aime beaucoup, autant que ça. I’m dit que je suis sa préférée, que je suis la plus belle et que je dois rien dire parce que maman va être fâchée. Ça commencé une fois pendant que grandmaman était partie faire des commissions, et après, c’était même pendant que grandmaman était à la maison. Faut dire qu’elle avait peur elle aussi. Et moi, j’avais tellement confiance en toi grandpapa! Il avait son odeur que j’ai eue dans l’nez des années de temps. Il puait tellement. Son linge aussi, son haleine de cigarette et son maudit mouchoir. Heurk! Il m’a forcée à faire des choses horribles que petite fille je ne connaissais pas. Je sais une chose : c’était dégueulasse! Je me lavais avec ma débarbouillette et mon savon, très fort, très très fort. Mes sœurs et mon frère n’ont pas été abusés à ce que je sache. Pourquoi moi? Son fantôme m’a suivie trop longtemps. I’m donnait des 2$ pour acheter des bonbons. Rendue à 11 ans, par malheur, ses caresses me manquaient, j’en voulais plus. Je me sentais sale, très très sale. Pendant longtemps, j’l’ai entendu dans ma tête. Pour ne plus l’entendre, j’ai trouvé un truc : c’était de porter une tuque ou une casquette. J’avais la paix. Ça ne paraissait pas et moi, ça me libérait. Le fantôme aujourd’hui a disparu. Des ailes me sont poussées depuis; je suis d’attaque à être en attaque! J’ai été marquée par ses abus. Je sors la tête de l’eau, un peu plus maintenant.J’en ai voulu à mon père de ne pas m’avoir protégée. Oiseau du Paradis Je lui faisais des crises, j’avais l’air bête avec lui, et lui ne savait pas pourquoi. Un jour, tout éclate, je dis mon secret. Après la mort du salaud, je dévoile tout. Je me sens libérée, je ne sais pas si j’ai bien fait parce que son fantôme m’a suivie longtemps. Rayons de Femmes - Printemps 2013 p.11
  • 12. Femmes en Santé Les aidantes naturelles Quand la mémoire s’en va, tous nos souvenirs s’en vont également, on tombe dans l’oubli. J’avais remarqué depuis quelques mois, que ma mère alors âgée de 81 ans, soit en 2000, oubliait de faire les choses de son quotidien : soit de changer de vêtements, de faire sa lessive, de faire ses courses, de payer son loyer, le téléphone ou Vidéotron, etc. Ce qui s’installait peu à peu devenait alors plausible et plus les jours avançaient, plus les choses s’aggravaient. Elle répétait sans cesse les mêmes choses, à plusieurs reprises et sans s’en rendre compte, jour après jour. Lors d’une consultation chez son médecin traitant depuis des années, je me suis rendue à l’évidence qu’elle perdait la mémoire, car elle ne pouvait plus se rappeler du nom de ses petits-enfants et elle me demandait de l’aider. Son médecin m’a alors conseillé de prendre rendez-vous avec un neurologue pour y voir plus clair. Après une attente de plusieurs mois, elle passa des examens au cours desquels elle fut complètement désorientée, ne pouvant même pas dire l’endroit où elle se trouvait, le nom de la rue et l’heure du jour. Le diagnostic tomba qu’elle souffrait probablement d’Alzheimer. Cette nouvelle m’a surprise bien que je m’y attendais, oui et non. Je ne pouvais croire que cela m’arrivait, tout mon monde venait de s’écrouler. Cette mère aimante et dévouée à ses enfants ne serait plus que l’ombre d’ellemême. Au mois de mai 2001, elle a été admise à l’hôpital Maisonneuve-Rosemont et a subi encore d’autres examens pour confirmer sa démence. Ma mère devait être prise en charge pour sa sécurité physique et émotionnelle. Un médecin m’a confirmé dans une lettre qu’elle n’était plus en mesure de vivre seule et qu’elle devait vivre en résidence pour son bien-être. La réalité de la maladie venait de me confronter et allait changer ma vie à jamais. Étant donné que j’avais été nommée mandataire par ma mère, je devais la prendre en charge et veiller à p.12 Rayons de Femmes - Printemps 2013
  • 13. Femmes en Santé plusieurs aspects de sa vie. Gérer son nouvel hébergement, sa situation financière, l’abandon de son appartement, casser son bail, payer ses comptes, etc. Durant les neuf années passées auprès de ma mère, j’ai dû m’acclimater à son état de santé qui déclinait de jour en jour. Ma mère s’est brisé une hanche après deux ans en résidence, car elle faisait de l’errance et marchait tout le temps. Elle a été opérée la veille de Noël et après, elle a été confinée en chaise roulante. Je devais la faire manger, brosser ses dentiers, couper ses ongles, acheter des vêtements adaptés. Dans ces situations, on s’aperçoit que le rôle de parent-enfant s’inverse et que l’enfant est responsable du parent. Plus la maladie avançait, plus sa vie a été réduite à manger au lit, faire sa toilette au lit et demeurer couchée une partie de la journée. Des fois, on l’assoyait dans son fauteuil roulant, mais elle était attachée pour ne pas tomber. Elle avait droit à un bain par semaine. Elle ne parlait plus depuis deux ans après son entrée et semblait accepter son sort sans se plaindre. J’aurais voulu lui converser de tout et de rien, comme dans le bon temps, mais elle ne parlait plus. Je lui ai répété combien je l’aimais et lui faisais des confidences que je ne l’abandonnerais jamais. Durant toutes ces années, j’ai été appuyée par ma sœur qui m’encourageait. Sans son aide, je ne sais pas si j’aurais eu assez de force et de courage pour passer au travers. Maman est décédée un vendredi matin ensoleillé des suites d’une pneumonie. Ma sœur et moi étions à ses côtés; elle venait d’écouter sa chanson préférée. Après une semaine de hauts et de bas dus à sa difficulté à respirer, elle venait enfin de se libérer de toutes ses souffrances. Ce que je retiens de cet épisode de ma vie, c’est qu’il faut vivre le moment présent et profiter de la vie. Maman, je t’aime et je ne t’oublie pas. Louise Bélanger Rayons de Femmes - Printemps 2013 p.13
  • 14. Femmes en Santé Le système de santé est malade Dans les années 1995-1996, le gouvernement en place à ce moment-là, avait décidé de fermer treize Centres hospitaliers dans la grande région de Montréal. Ce n’était pas de gros hôpitaux, moi je travaillais depuis 1976 dans l’un de ceux-ci, c’était l’hôpital Ste Jeanne d’Arc. Par la suite, nous les employés, avons tous été replacés par la Régie régionale (aujourd’hui le MSSS) dans d’autres hôpitaux, des CLSC1 et des CHSLD2 . Il y a eu un impact certain sur tout le personnel et la transition n’a pas été nécessairement facile pour tous. À l’époque de ces fermetures, notre cher gouvernement avait offert 250,000.00 $ aux médecins qui étaient sur le point de prendre leur retraite et pour les y inciter en même temps. Beaucoup d’infirmières sont elles aussi parties pour la retraite durant cette période. Vous vous demandez sûrement aujourd’hui après toutes ces années, quels ont été ces impacts dans tout le réseau de la santé et sur la population? Vous savez que les listes d’attente pour des opérations s’allongent, que l’attente est de plusieurs mois pour voir des spécialistes et pour passer certains examens. Il est très difficile d’avoir un médecin de famille. Sans compter le temps d’attente de 24 heures et même plus dans les salles d’urgence. Dans les urgences, il y a des patients sur les civières partout dans les corridors. Il me semble, si je me rappelle bien, que l’on ne voyait pas tout cela avant les fermetures. Il n’y avait presque pas de temps d’attente pour avoir accès rapidement aux soins. Autrement dit, les services qui étaient dispensés dans les petits hôpitaux avaient pour effet de débourrer les gros hôpitaux. J’ai pour mon dire que tous ces établissements qui ont fermé étaient très fonctionnels. Dans chacun d’eux, il y avait les salles d’opération, l’urgence, les cliniques externes, le laboratoire, la radiologie et bien d’autres services. Suite aux fermetures de ces établissements, les patients ont été obligés de se rendre dans les gros hôpitaux pour se faire soigner. C’est à partir de ce moment que le système de santé a vraiment commencé à se détériorer et aujourd’hui, bien, on en paie le prix très cher. Le gouvernement continue à couper dans les soins de santé. Il y a aussi la fameuse taxe santé que tout le monde paie. Ce que vous voyez maintenant est l’impact direct de fermetures sauvages d’établissements dans les années 1995-1996. Pour moi, cela n’aurait jamais dû se faire, mais ils l’ont fait quand même. Oui, le système de santé est malade. Mais, ce n’est pas tout. Le gouvernement de l’époque avait dit que les CLSC seraient des services de première ligne, mais cela ne s’est jamais fait. Cela voulait dire que les CLSC auraient été ouverts sept jours par semaine et même le soir. Il y a bien sûr, les cliniques privées un peu partout sur le territoire, mais il faut constamment surveiller les jours et les heures d’ouverture. Aussitôt qu’il y a trop de monde, ils ferment p.14 Rayons de Femmes - Printemps 2013
  • 15. Femmes en Santé leurs portes et ils ne prennent plus personne. Ce qui est aberrant, c’est qu’ils disent aux gens de ne pas se rendre dans les salles d’urgence pour de petits malaises et même plus, mais comment faire autrement quand les cliniques privées et les CLSC sont fermés? Pour toutes ces situations actuelles, je vois un lien direct avec les fermetures d’établissements que notre cher gouvernement a fait dans les années antérieures. Voilà les conséquences et moi, ça me met royalement en colère quand j’y repense. Je dois dire que nous, les employés, malgré nos déceptions, nos peines, nos nombreux deuils à faire et de nombreux grincements de dents, malgré tout le stress occasionné par ces fermetures, car nous ne savions même pas où nous serions déplacés, le gouvernement a été inflexible. Nous avons tout tenté, les pétitions que les employés et même les patients ont signées pour garder leur hôpital de quartier, les marches dans les rues et les manifestations de toutes sortes, les ventes de chandails comme « Sauvons Ste Jeanne d’Arc » et malheureusement, tout cela, n’a rien donné. Ce que je déplore aujourd’hui, c’est que tout cela s’est fait dans l’indifférence générale et n’a jamais été médiatisé. Et pourtant cela a provoqué tant de souffrances par la suite pour la majorité du personnel. Actuellement, pour empirer la situation, le gouvernement ne reconnaît pas les diplômes de tous les médecins et des infirmières qui ont immigré ici. On nous prive de leur expertise, ce qui est loin d’arranger la situation. Oui, le système de santé est malade. À cause de toutes ces situations, les gens se tournent de plus en plus vers le privé pour avoir des soins. Cela profite bien aux nantis et les autres eux, bien, ils attendent… Oui, le système de santé est très, très malade. 1Centre local de services communautaires 2Centre hospitalier de soins de longue durée Louise Miller Rayons de Femmes - Printemps 2013 p.15
  • 16. Lectures Le féminisme québécois raconté à Camille Micheline Dumont, 2008. Le féminisme quécois raconté à Camille, les éditions du remue-ménage, 247 pages.Disponible à la bibliothèque de La Marie Debout dans la section condition des femmes. C’est à la fin du XIXe siècle que les premières féministes commencent à se faire entendre. Elles se regroupent en plusieurs associations afin que l’on reconnaisse leurs droits dans une société dominée par les hommes. Les participantes de ces associations pensent que les qualités naturelles des femmes, telles la compassion et la générosité peuvent transformer la société. Elles travaillent pour éliminer les plaies sociales telles la pauvreté, la mortalité infantile, les épidémies, l’alcoolisme, la prostitution et les taudis causés par la révolution industrielle dans les villes. Elles cherchent des moyens pour faire des pressions au gouvernement. Celui-ci met donc sur pied un local au Québec afin que les associations des femmes puissent travailler ensemble. Une des pionnières importantes est Marie Lacoste-Gérin-Lajoie. Elle est profondément touchée par l’injustice sociale. Elle n’accepte pas que la femme soit soumise à son mari (d’ailleurs, elle publie un article sur la condition des femmes mariées) et souhaite améliorer le sort des femmes. Parmi les réalisations du Montreal local Council of women il y a des enquêtes sur les conditions des femmes ouvrières dans les manufactures et des conférences sur l’hygiène pour contrer les maladies. Il a fallu beaucoup de courage de la part de ces femmes pour résister à l’hostilité que le féminisme a provoquée dès son apparition. C’est autour de 1920 que le féminisme s’est implanté à Montréal et pour certains, il représente une menace pour la famille et la société. p.16 Rayons de Femmes - Printemps 2013
  • 17. Lectures Qu’elles soient catholiques ou protestantes, les femmes veulent avoir le droit de vote, ce serait plus facile, disent-elles, pour avoir accès aux instances de pouvoir. Marie Lacoste-Gérin-Lajoie, Thérèse Casgrain et Idola St-Jean ont obtenu pour nous le droit de vote en 1940. En 1965, une nouvelle image de la femme québécoise est en train de prendre forme. Dans les médias, on parle beaucoup de libération de la femme. Les journalistes, les pièces de théâtre, le cinéma, les écrivaines (Simone de Beauvoir, Benoîte Groulx, Jeanette Bertrand ), les animatrices de télévision ( Lise Payette « Place aux femmes », Aline Desjardins « Femmes d’aujourd’hui ») ont beaucoup aidé à la cause féministe. On discute de divorce, de garderies, d’équité salariale, d’accès à toutes les professions, de gratuité scolaire, d’instruction supérieure aux filles, des conditions de travail des ouvrières, de contraception, et de régime matrimonial. Dans les années soixante, plusieurs associations naissent comme la FFQ (Fédération des femmes du Québec, 1966), l’AFEAS (Association féminine d’éducation et d’aide sociale, 1966).Certains disent que le féminisme est vraiment apparu en 1970 avec l’arrivée de la pilule anticonceptionnelle et l’avortement libre. Les femmes sont enfin libres de décider si elles veulent des enfants et à quel moment. En 1971, le 8 mars est célébré pour la première fois à Montréal. Cette journée internationale des femmes est organisée par les militantes du Front de libération des femmes. Le mouvement des femmes se poursuit : en 1985, l’R des centres des femmes du Québec apparaît dont est membre La Marie-Debout. En 1995, la marche du pain et des roses est une mobilisation contre la pauvreté. En 2005, les déléguées de la Marche mondiale des femmes adoptent la Charte mondiale des femmes pour l’humanité. Pour écrire ce livre destiné à sa petite fille de quinze ans, l’auteure s’est inspirée de plusieurs documents historiques. Elle cite que « la condition des femmes s’est améliorée au Québec ». L’histoire nous montre que le féminisme n’est pas inutile bien au contraire, toujours nécessaire. Elle incite les jeunes à venir rejoindre celles qui veulent améliorer les conditions de vie des femmes et des hommes. Je recommande fortement ce livre si vous voulez connaître l’histoire du féminisme québécois. Diane Beaulieu Rayons de Femmes - Printemps 2013 p.17
  • 18. Lectures Le féminisme: où en sommes-nous aujourd’hui? Après avoir lu le livre Le féminisme québécois raconté à Camille de Micheline Dumont, je me suis posé la question : « Où en sommes-nous aujourd’hui? ». Rien n’a vraiment changé, sauf que plusieurs hommes ont compris que les femmes avaient besoin d’aide pour concilier travail-famille. Dans un couple, certains hommes peuvent penser que le travail de la femme est aussi important que le leur, par exemple, un homme peut se libérer de son travail et aller chez le médecin avec son enfant. Par contre, pour d’autres, leur travail semble plus important, donc c’est la femme qui gère les rendez-vous. Le sexisme existe encore. Il y a aussi l’injustice quant aux salaires des femmes à cause de certains employeurs qui pensent que les hommes devraient gagner plus que les femmes. La violence et la pauvreté existent encore chez les femmes. Il a fallu la collaboration des hommes pour acquérir certains droits et malgré tout, la lutte doit continuer. Il faut donner des outils aux femmes pour qu’elles puissent mieux négocier, trouver des stratégies pour changer les mentalités des hommes et de la société en générale. Le féminisme existe toujours, mais nous n’arriverons pas à l’égalité sans le vouloir des hommes. La conciliation travail-famille est liée à l’égalité. Les hommes doivent s’assoir à la table et écouter les problématiques. Il faut se poser la question : « Qu’est-ce que l’on peut faire pour que les choses aillent mieux, pour que les femmes soient plus heureuses? ». Diane Beaulieu p.18 Rayons de Femmes - Printemps 2013
  • 19. Lectures Aminata Lawrence Hill, 2011. Aminata, Éditions de La Pleine Lune, 565 pages. Disponible dans la section Roman de la bibliothèque de La Marie Debout. En 1745, Aminata Diallo fut enlevée par des trafiquants d’esclaves en Afrique de l’Ouest. Elle vu et vécu des atrocités tout au long du voyage qui l’amena jusqu’en Caroline du Sud. Heureusement, elle connaissait le métier de sage-femme, car elle avait assisté sa mère lors d’accouchements. Elle s’en servit pour aider les femmes enceintes africaines pendant le voyage et dans les pays où ils furent déportés pendant tant d’années. Grâce à ce métier, elle retrouva un peu de sa dignité. Malheureusement, Aminata ne pouvait changer son destin. Elle comprit ce que voulait dire être esclave, elle disait que son « passé n’avait aucune importance, que le présent était invisible et quant à l’avenir, elle n’avait aucune emprise ». Son plus grand désir était de retourner dans son petit village, à Bayo. Ce fut impossible, car elle aurait encore été kidnappée et vendue. Par ailleurs, elle a pu se rendre en Afrique, sur la côte de la Sierra Leone avec 1200 esclaves en 1792 après quarante ans d’esclavage. En 1805, elle rencontra John Clarkson, membre de la commission parlementaire en Angleterre. Celui-ci voulait aider les Africains en présentant un projet de loi qui assurerait leur substance par l’agriculture et le commerce. Les Africains serviraient donc les Britanniques, mais ne seront désormais plus vendus comme esclaves. En Bretagne, la loi fut adoptée en 1805, aux États-Unis en 1808 et au Canada en 1834. Aminata a écrit un récit sur ce qu’elle a vécu comme esclave et au travers des méandres de son histoire, l’amour pour Chekura avec qui elle a eu deux enfants. L’auteur Lauwrence Hill s’est inspiré de plusieurs ouvrages sur l’histoire de la traite des esclaves pour en faire un roman fabuleux. Il a voulu nous conscientiser sur l’abominable traite des noirs. L’héroïne Aminata est une femme courageuse qui a su traverser contre vents et marées, les naufrages pour en arriver à se faire entendre. Diane Beaulieu Rayons de Femmes - Printemps 2013 p.19
  • 20. Vie de Quartier La cuisine collective, c’est toujours gagnant! Nées dans Hochelaga-Maisonneuve, les cuisines collectives se sont répandues comme une traînée de poudre. Vingt-huit ans plus tard, le regroupement des cuisines collectives en compte plus de 1330 au Québec. En 1985, Sylvie et Jacynthe Ouellette décident de cuisiner en commun. Les deux sœurs, qui vivent modestement, partagent coûts, temps, compétences culinaires et plats cuisinés. Quelquefois, une voisine se joint à elles pour mitonner des repas économiques. Ça fait six ans que je fréquente les cuisines collectives d’Hochelaga-Maisonneuve où des femmes et des hommes se rencontrent pour cuisiner de bons petits plats! En participant à la cuisine collective d’Hochelaga-Maisonneuve tous les mois, cela me permet de briser l’isolement, de marcher dix rues (aller-retour), de rencontrer des gens du quartier : étudiantes, travailleuses, retraitées, personnes âgées, personnes seules. Nous avons un intérêt commun, soit celui de partager les différentes étapes de la préparation des repas, tout en économisant et en élaborant divers menus santé à partir d’aliments frais. Nos achats se font en fonction des spéciaux des circulaires et en accord avec le choix des participantes. Lors de la journée où nous cuisinons, l’entraide est au rendez-vous. Chacune va selon son expérience culinaire, à son rythme pour rendre la tâche plus agréable en aidant les autres. Il n’y a pas de temps à perdre, car les portions sont nombreuses, la vaisselle doit être faite de temps à autre pour qu’elle ne s’accumule pas, mais chacune y participe et ça fonctionne très bien. Les recettes sont faciles, une cheffe cuisinière est toujours présente pour la préparation de celles-ci. Chacune y trouve son intérêt et développe de nouveaux talents. Nous varions les recettes selon les saisons ou les produits donnés par Moisson Montréal. En partageant le coût des achats, cela fait une grosse différence dans le prix des portions. Lors de la répartition des portions, si l’on a un surplus, on le divise entre les participantes et chacune est traitée de façon équitable. Selon les coûts qui augmentent, le prix pour une portion p.20 Rayons de Femmes - Printemps 2013
  • 21. Vie de Quartier varie de 1 $ et plus. Faire partie de la cuisine collective, cela m’aide à varier mes repas, à être fière de mes talents culinaires et à me valoriser pour aller plus loin. Il y a une ambiance de camaraderie qui s’installe et peu importe notre âge ou notre situation sociale, il n’y a pas de discrimination. En cuisinant, on apprend sur la vie des gens et tout le monde bénéficie du travail de chacune. Tout le monde y est gagnant! *Le texte est féminisé pour l’alléger. Veuillez noter que les cuisines collectives est un lieu mixte. Les cuisines collectives d’Hochelaga-Maisonneuve, 3568, rue Adam, Montréal (514-259-0789) www.cuisinecollectivehm.com RESSOURCES DU QUARTIER Louise Bélanger Nourriture Cuisine collectives Magasinage Village des Valeurs : 2033 boul.Pie IX, 3568 Adam, 514-529-0789 Renaissance : 2030 boul. Pie IX Chic resto pop Coccinelle Jaune repas à 3$ tous les jours 4236 St-Catherine Est, 514-259-9038 1500 av. d’Orléans, 514-521-4089 Cap St-Barnabé : 1475 rue Bennett, 514-251-2081 Résolidaire (services pour ainées) : po- Divertissons-Nous! YMCA Hochelaga-Maisonneuve pote roulante (piscine et conditionnement physique) 3760 st-Catherine Est #302 4567 rue Hochelaga, 514-255-4651 514-598-9670 Maison de la Culture Maisonneuve 4200 Ontario Est, 514-872-2200 Condition féminine Bibliothèque Hochelaga SOS violence conjugale (24h sur 24-7 1870 Davidson, 514-872-3666 jour sur 7) : PEC : cours d’anglais, d’informatique, 514-873-9010 /1800-363-9010 couture etc. CALAC (centre d’aide et de lutte aux 1691 boul. Pie IX, 514-596-4488 agressions à caractère sexuelle) /Trève L’Accorderie (échange de services) pour elles : 514-251-0323 4903 rue Ontario Est #002 514-544-3560 #222 Santé (pas dans le quartier) Information sur la ménopause /Ménosecours Mobilisons nous! www.rqasf.qc.ca/menopause ADDS : Association pour la défense des Aidantes naturelles droits sociaux, 1691 boul. Pie IX http://www.aidant.ca 514-523-0707 Ligne gratuite d’information du RéOPDS : Organisation populaire des droits seau entre-aidants : 1-866-396-2433 sociaux, 3340 Ontario Est (du lundi au vendredi de 9hà 17h) 514-527-0700 Rayons de Femmes - Printemps 2013 p.21
  • 22. Nos Écrits Lettre à un itinérant unique Tu m'as appris que rien, même l'argent, ne pouvait acheter ce que tu désirais le plus, la rue. Ta liberté de choisir d'être dans la rue avec ton intelligence et d'y vivre. Tu avais ta culture, ta fidélité d'amitié qui m'emballait Ensemble, on pouvait parler de tous sujets, tu savais tout Ton histoire de la petite école, tu la connaissais Ta foi, je n'en doute pas du tout Je sais que ta place est prête et faite Ce que tu as fait pour la semer Je sais que d'autres te donneront la chance de te faire revivre en eux... Je t'admire, Je te souhaite maintenant bon voyage! Merci Aline Massé p.22 Rayons de Femmes - Printemps 2013 Messager À cause des plus grands espoirs Rassemblant tant de races À cause d'un pêcheur que je connais Tu m'envois ce message que tu m'aimes N'ayant plus peur de vivre ce sentiment d'amour j'ai foi en toi À cause de demain porté par l'expérience Mon coeur fragile des blessures du passé Tu me prends par la main et je te suis Sur ce chemin qui nous mène sur d'autres rivages Que nous ferons naufrage pour laisser passer l'orage
  • 23. Nos Écrits SOUPIR DE RÉVOLTE C’est subtil les ecchymoses dans la tête Des figurines aux cœurs inquiets observent la lune Jamais refermées, mais enveloppées dans la boîte crânienne Fuir! Recoller les morceaux, avoir raison Je devine le face-à-face D’un brouillard qu’il faut transpercer D’où viens-tu passagère? La nouvelle vie est au-delà du torrent Jamais refermées, mais enveloppées dans la Fuir! Recoller les morceaux, avoir raison boîte crânienne C’est subtil les ecchymoses dans la tête Des figurines aux cœurs inquiets observent La nouvelle vie est au-delà du torrent la lune D’où viens-tu passagère? D’un brouillard qu’il faut transpercer Je devine le face-à-face. Lise Dugas , 10 mars 2013 Rayons de Femmes - Printemps 2013 p.23
  • 24. Bon été ensoleillé! Venez nous voir en septembre! Les femmes de La Marie Debout!