Discours de Bruno Le Maire - Fête de la Violette (06/07/2013)
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Bruno LE MAIRE
Discours fête de la violette
Samedi 6 juillet 2013
Chers amis,
Je suis heureux de vous retrouver pour cette fête de la violette. Je
remercie Guillaume PELTIER, Geoffroy DIDIER et tous les
parlementaires de la droite forte pour leur invitation.
On me dit que votre invitation est une invitation d’ouverture. Je
vous remercie pour votre générosité, vous me permettrez de la
considérer comme une invitation amicale avant tout.
Car je ne connais pas la droite forte et la droite modérée, je ne
connais pas la droite radicale et la droite molle, je ne connais que
la droite unie, la seule qui pourra gagner les élections, la seule qui
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pourra reprendre le pouvoir à François HOLLANDE et aux
socialistes. Nous formons une seule et même famille. Tout ce qui
concerne ma famille politique me concerne. Tout ce qui touche ma
famille politique me touche. Face aux épreuves, nous devons tous
être solidaires.
Notre responsabilité actuelle est immense.
Depuis un an, François HOLLANDE trahit une à une ses promesses
et ment aux Français.
Il a promis aux Français des lendemains qui chantent, il leur offre
des lendemains qui souffrent, et il demande toujours aux mêmes
des efforts toujours plus durs. Auxsalariés modestes, il a retiré le
gain des heures supplémentaires défiscalisées. Aux
entrepreneurs, aux artisans, aux commerçants, il a pris 20
milliards de cotisations supplémentaires. Aux familles, il a retiré le
quotient familial. Aux retraités, il va réduire les pensions.
Toujours la même vieille politique: prendre aux uns pour
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redonner aux autres, redistribuer des richesses en oubliant de les
produire, mépriser ceux qui travaillent, voilà la politique
socialiste.
François Hollande avait promis une République irréprochable,
nous avons eu Ségolène ROYAL à la Banque publique
d’investissement,nous avons eu 11 énarques sur 13 membres
dans son CA,nous avons eu des dizaines de têtes coupées dans la
haute fonction publique, nous avons eu Jérôme CAHUZAC au
Budget.
François HOLLANDE avait promis l’unité de la Nation, il l’a divisée
comme jamais. La division, monsieur HOLLANDE, c’est vous. Le
mépris des centaines de milliers de personnes qui ont manifesté
contre le mariage pour tous, c’est vous. Le mépris de ceux qui
réussissent et qui créent leur entreprise, c’est vous. Le mépris de
ces milliers de jeunes qui ont soif de liberté et qui étouffent en
France, c’est vous. Le mépris de la volonté de justice des salariés
du privé qui demandaient que les fonctionnaires soient soumis
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aux mêmes règles pour les retraites, c’est vous. Le mépris de la
citoyenneté française et la menace du droit de vote des étrangers
aux élections locales, c’est vous. 1000 chômeurs de plus par jour,
c’est vous. Alors assez, monsieur HOLLANDE ! Votre présidence
normale est une présidence malheureuse pour des millions de
Français.
Monsieur HOLLANDE, vousavez appauvri nos compatriotes,
affaibli notre économie, vous avez divisé notre Nation, vous avez
reléguéela France sur la scène européenne et internationale :
triste bilan d’une triste première année de quinquennat.
Le premier devoir de la droite est donc de nous opposer sans
relâche à François HOLLANDE et au gouvernement socialiste.
Nous venons de tourner la page d’une année de division, tant
mieux. Il est temps maintenant de faire bloc pour nous opposer
avec fermeté.
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Mais pour emporter de nouvelles victoires, nous opposer ne
suffira pas. Nous pouvons gagner les élections municipales et
européennes de 2014. Nous devons les gagner. Pour cela, nous
devons apporter des réponses claires et crédibles aux problèmes
des Français.
Nous avons eu de récents succès électoraux ? Tant mieux. Mais ne
nous leurrons pas : ces succès traduisent plus un effondrement de
la gauche socialiste que le retour en force de la droite. A chaque
élection depuis 1 an, le Front National a gagné des milliers de voix.
Personne ici ne peut se résigner à cette progression. Elle n’est pas
inéluctable. Quand je suis allé soutenir notre nouveau député
Jean-Louis COSTES à Villeneuve-sur-Lot, la colère, le désarroi des
électeurs, je les ai entendus. Mais quand vous défendez vos idées,
quand vous affichez vos convictions, quand vous vous battez, vous
gagnez. Lorsque la droite est la droite, le Front National recule.
Nous avons un adversaire sur notre gauche : le Parti socialiste.
Mais nous avons aussi un adversaire sur notre droite : le Front
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National. Les deux doivent être combattus avec la même
détermination, car les deux aggraveront les problèmes de la
France.
Ce que je propose est simple : que la droite dise clairement qui elle
est, quelles sont ses valeurs, quelles sont ses idées. La droite doit
trouver en elle et nulle part ailleurs la force de son redressement.
Elle doit assumer son histoire, ses principes, sa conception de la
société. Elle doit tirer les leçons de son expérience : au cours des
dix années où nous avons exercé le pouvoir, sommes-nous allés au
bout de nos convictions ? Non. Avons-nous réussi à faire entrer
pleinement la France dans la mondialisation ? Non. Avons-nous
engagé ces changements radicaux que nos électeurs attendaient
de nous ? Pas toujours, et pas partout.
Arrêtonspar conséquent de lorgner du côté de la gauche et de
reprendre des idées qui ne sont pas les nôtres, comme trop
souvent nous avons eu la tentation de le faire: la multiplication
des droits, des allocations, des protections, ne fait pas un projet de
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société pour la France. Nous devons être du côté des devoirs, du
mérite, de la responsabilité et de la liberté.
Ne cédons pas pour autant aux sirènes du Front national : elles
nous emmèneront tout droit sur les écueils de la division, des
slogans faciles et du rétrécissement de la France. De Jacques
CHIRAC à Nicolas SARKOZY, la ligne a toujours été la même et elle
a toujours été claire : ni discussion, ni entente, ni accord avec le
Front National. La droite est diverse. Mais aucune des
composantes de cette diversité ne peut se retrouver dans aucune
des propositions du Front national. Ni les libéraux, qui ne
pourront jamais entrer dans la logique étatiste du Front national.
Ni les centristes, qui ne suivront jamais le refus européen du Front
national. Ni les Gaullistes, qui ne pourront jamais soutenir les
héritiers politiques de ceux qui, un jour, ont tiré sur le général de
Gaulle. Ni aucun de vous qui savent que Marine LE PEN a voulu et
obtenu en 2012 la défaite de Nicolas SARKOZY.
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Oui, la France est en crise économique et morale. Oui nous
entendons monter une exaspération légitime chez des millions de
Français. La voix de cette femme cambriolée pour la troisième fois
dans ma circonscription de l’Eure, je l’entends encore : « Déjà
qu’on a rien, et en plus on nous le vole ! ». Mais comme parti de
gouvernement, nous devons écouter, et non hurler au loup. Nous
devons comprendre, et non caricaturer. Nous devons apporter des
réponses concrètes à la colère, pas la nourrir.
Parlons avec plus de mesure, agissons avec plus de force, voilà ce
que je vous propose. Ne rajoutons pas des mots à la violence de la
société française, apportons-lui des remèdes.
Pour cela, rassemblons le plus largement possible, dépassons les
frontières naturelles de notre électorat,et engageons les
changements radicaux que nos compatriotes attendent. Tous les
ouvriers trahis par la gauche, tous les fonctionnaires appauvris
par les recrutements massifs, tous les enseignants dévalorisés,
tous les immigrés en situation légale stigmatisés injustement par
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le laxisme de la gauche attendent la droite. Ne les oublions pas. Ne
les décevons pas. Nous ne sommes plus au pouvoir, pour un temps
que nous souhaitons tous le plus bref possible : profitons de cette
disponibilité pour écouter et comprendre une société qui a
profondément changé et qui attend de la droite des réponses
neuves et radicales.
La droite ne doit pas être du côté de la restauration, elle doit être
du côté de la révolution.
Car oui, le temps de la révolution est venu.
Une révolution démocratique en premier lieu.Notre démocratie
est-elle efficace ? Non. Est-elle représentative de notre société ?
Non. Est-elle ouverte aux ambitions des jeunes ? Non. Alors
limitons à 3 le nombre de mandats nationaux successifs, pour
faire une place aux jeunes en politique. Obligeons les hauts
fonctionnaires à démissionner de la fonction publique quand ils
deviennent députés ou sénateurs, pour revenir à une vraie
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indépendance de la fonction publique et ouvrir les bancs de nos
assemblées à des professions différentes. Réduisons à 400 le
nombre de députés et à 200 le nombre de sénateurs. Toutes ces
propositions peuvent être critiquées, elles le sont déjà. Mais elles
mettent la droite en avant du changement. Elles sont globales,
elles dessinent une nouvelle démocratie, au lieu de se contenter
comme le fait le gouvernement de réformes partielles. Elles sont la
condition de la crédibilité des responsables politiques.
Une révolution économique en deuxième lieu. Pendant plus de 3
ans Nicolas SARKOZY m’a confié le ministère de l’Agriculture. Les
paysans m’ont appris une chose : seuls comptent les résultats. Le
prix du lait baisse ou il monte, et ce n’est pas la même chose. Alors
avant de nous lancer dans des propositions de réformes
économiques, quelle que soit leur pertinence, donnons toutes les
garanties sur leur mise en œuvre.La droite forte propose une
augmentation du temps de travail : vous avez raison. Maisles
artisans, les dirigeants de PME vous répondront : il fallait le faire
hier, comment croire que vous le ferez demain ? La droite
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doitécouter davantage les entrepreneurs. Elle doit mesurer la
pesanteur des règles administratives qui leur sont imposés, la
dureté de la compétition mondiale dans laquelle ils se trouvent, le
poids des charges, la complexité du droit du travail, cette
exaspérante instabilité de la fiscalité, dont les ministres changent
comme de chemise, le sentiment de profonde injustice quand un
inspecteur du travail exécute ses contrôles dans une indifférence
totale aux difficultés économiques : j’ai vu { Châteauroux une
entreprise de cosmétique en redressement judiciaire poursuivie
par une administration sans aucune compréhension pour ses
problèmes de trésorerie et pour ses 40 salariées, j’ai vu à Saint-
Malo des marins pêcheurs empêchés de faire visiter leur bateau
de pêche parce qu’ils n’avaient pas de diplôme de guide.Qui peut
accepter cela ? La droite doit garantir que la politique reprendra
bien la main sur une administration toute puissante. La droite doit
réconcilier le salarié et le patron, ceux qui travaillent et ceux qui
emploient, pour en finir avec cette lutte des classes qui est le fond
de sauce de la gauche socialiste au pouvoir. La droite doit assumer
la réalité de la mondialisation, la droite doit amener les Français à
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se tourner vers le monde plutôt que de défendre la politique de
l’autruche d’Arnaud MONTEBOURG et de son absurde
démondialisation. Une marinière fait une jolie couverture mais
pas une bonne politique. Comment les viticulteurs vivraient-ils
sans leurs exportations vers la Chine ? Comment les sous-traitants
aéronautiques vivraient-ils sans nos exportations d’Airbus ?
Halte au défaitisme économique ! Place à la volonté, aux talents et
à la lucidité !
Comptons sur les jeunes, comptons sur le renouveau, comptons
sur les initiatives individuelles qui se multiplient partout,
comptons sur les bonnes volontés associatives qui font un travail
exceptionnel sur tout notre territoire. La France se redressera par
la volonté et le talent de tous.
Voilà pourquoi une révolution des valeurs est également
nécessaire. A commencer par l’éducation. L’éducation ne doit plus
être la chasse gardée de la gauche, mais la priorité de droite. Vous
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connaissez le vieux slogan : 80% d’une classe d’âge au bac. Notre
slogan doit être : 100% d’une classe d’âge avec un emploi. Vous
connaissez ce discours éducatif qui ne valorise que la voie
générale : nous devons valoriser la voie professionnelle. Nous
devons affirmer haut et fort que l’intelligence de la main vaut
l’intelligence de l’esprit. Nous ne devons jamais oublier que
l’essentiel se joue dans l’éducation : la transmission de notre
langue, de nos savoirs, de notre culture, de cette histoire de
France dont nous pouvons être fiers.
La révolution des valeurs consiste à remettre les choses { l’endroit
en France : que nous construisions autant de places de prison que
de peines prononcées, au lieu de prononcer les peines en fonction
des places de prison disponibles, qu’on ne laisse pas des
demandeurs d’asile attendre 2 ans sur notre sol un statut auquel
ils n’ont pas droit, qu’on n’accorde pas la gratuité totale des soins
à des étrangers en situation irrégulière quand des millions de
Français n’ont pas de quoi se soigner correctement. Ne
confondons pas la solidarité avec la gratuité pour tous. Ne
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confondons pas générosité et laxisme. Retrouvons le sens de la
responsabilité.
En engageant ces révolutions, nous reconstruirons un destin
national collectif. La France doit se reconstruire comme Nation. La
France ne peut pas se résigner à devenir une somme de
communautés sans valeurs communes, sans histoire ni avenir. Elle
ne peut pas davantage se reconstruire sur les religions, quelles
que soient ces religions, alors que République et Nation se
confondent sur notre territoire et font de notre parole nationale
une parole universelle. Contre le relativisme de la gauche, contre
la montée des extrémismes, contre tous eux qui méprisent nos us
et coutumes, nous devons être les premiers avocats de la laïcité.
Notre Nation est faible quand la République est faible, elle est
forte quand la République est forte et tient ses promesses. Tous
ces jeunes qui partent de France pour trouver ailleurs un avenir
meilleur, cela nous crève le cœur.France doit rimer avec audace.
France doit rimer avec respect. France doit rimer avec espérance.
La France doit rester une grande aventure qui ne finit jamais.
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En engageant ces révolutions, nous reprendrons notre place en
Europe. Je me suis toujours battu pour une intégration
européenne plus forte. Je suis et je reste un Européen convaincu.
Les institutions européennes sont devenues un repoussoir ? Je ne
vous dirai pas le contraire. Négocier des dizaines d’heures pour
soutirer à la Commission européenne quelques euros pour des
producteurs de lait qui crèvent la faim, je n’oublierai jamais.
Quatre ans de fréquentation des Conseils des ministres européens
m’ont vacciné contre ces grand messes à 27. Il est temps de dire
les choses : seule une intégration à 17 pourra nous donner une
crédibilité économique mondiale. Les politiques européennes ne
répondent pas aux attentes des Européens ? Je ne vous dirai pas le
contraire non plus. Cela ne justifie pas que nous baissions les bras.
Baisser les bras, nous replier sur nous-mêmes, abandonner le
projet européen, cela voudrait dire trahir un idéal que tous nos
grands prédécesseurs ont porté contre vents et marée. Cela
voudrait dire renoncer aux batailles que Nicolas SARKOZY a
menées en 2008 et 2009 pour sauver la zone euro et notre
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monnaie commune. Il faut plus de courage pour inventer une
autre Europe que pour lui tourner le dos. La droite doit défendre
une nation forte dans une Europe différente.
Chers amis,
Nous voulons tous ici que la France retrouve ses couleurs, ses
couleurs tricolores que nous portons en nous. La France est
attendue. La France est respectée. La France reste la grande
nation pour nos partenaires européens et mondiaux. La grande
nation de nos partenaires ne peut pas devenir la petite nation
dans le cœur de ses propres enfants.
Je vous remercie.