Diaporama d'auto-formation réalisé par Agnès Prevelle dans le cadre du groupe d'impulsion et de mutualisation des ressources et des usages des professeurs documentalistes pour le numérique (Académie de Dijon).
TraAm documentation 2014-2015
2. De quoi parle t-on ?
La santé des jeunes est elle influencée par l’usage des réseaux sociaux ?
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Des avantages Ce qui ne change pas (trop) Des inconvénients
La sociabilité se développe
Ils sont plus responsables
Le rapport au savoir
La sexualité
Une pression sociale réelle
Le sommeil diminue
Les mésusages, facteur de danger
4. + de responsabilité…
qu’on ne pourrait le croire !
● Les adolescents sont attachés à leur vie privée
● Espace d’information “intime” (santé)
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5. = Un nouveau rapport au savoir
“Le cerveau des nouvelles générations (...) ne fonctionne plus comme par le passé. Le désir d'obtenir une réponse rapide, le fait de passer rapidement
d'un sujet à un autre, la difficulté de concentration, tout cela fait partie des nouvelles façons de fonctionner.
C'est vrai qu'elles sont inadaptées au système d'enseignement traditionnel. Mais le problème est que rien ne prouve à ce jour qu'elles soient
inadaptées au fonctionnement qui sera exigé de chacun d'entre nous dans dix ou vingt ans.”
Serge Tisseron, 2011
5
6. = pas d’influence sur la sexualité
L’âge d’entrée dans la vie sexuelle n’a pas été modifié par l’arrivée des réseaux
sociaux.
Etude HSBC 2012
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7. - Une pression sociale réelle
Le besoin d’adhésion, de popularité est à double tranchant
“Le nombre de “followers” vient en complément des nouvelles Nike, et a remplacé le blouson de cuir.”
danah boyle
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8. - Le sommeil trinque
D’après l’étude du ministère de la Santé, les adolescents “connectés”
● Sortent moins le soir...
● mais les écrans dans la chambre diminuent le temps de sommeil
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9. - Les mésusages source de danger
● Mauvaise connaissance des outils > Pas de méfiance par rapport à la
technologie
● Cyberintimidation / harcèlement en ligne (moindre que le harcèlement
scolaire)
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12. Dialoguer
L’interdiction sera toujours contournée, à un moment ou à un autre…
● Poser des questions, dialoguer sur vos craintes et sur ses usages
● Créer un réseau d’adultes autour de lui
● Rester attentif aux signaux d’alerte
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Notas do Editor
On entend souvent de très nombreux rapports alarmistes sur l’influence des réseaux sociaux sur la santé psychique et physique des adolescents. Cette présentation propose de faire le point sur cette question à travers la littérature scientifique et des enquêtes publiées entre 2009 et 2014. Elle s’adresse principalement aux parents.
L’ensemble des documents cités dans cette présentation sont consultables à l’adresse suivante : http://www.pearltrees.com/direlire/ados-reseaux-sociaux/id10696617
A l’école également, les réseaux sociaux inquiètent autant qu’ils mettent en évidence de nouveaux réseaux de sociabilisation. A ce titre, les infirmiers scolaires et conseillers principaux d’éducation sont aux prises avec des maux d’adolescents et avec les questions de parents parfois désemparés face à de nouveaux médias qu’ils découvrent en même temps que leurs enfants.
Aujourd’hui, d’après l’enquête menée par l’UNICEF France (Adolescents en France, le grand malaise), 63% des adolescents sont inscrits à un ou plusieurs réseaux sociaux. C’est au collège que cet usage se généralise, et l’enquête signale que ne pas avoir de liens numériques peut être considéré comme un signe de marginalité
Partager ses goûts, mesurer sa popularité, échanger sur des sujets propres à la culture adolescente font partie des éléments essentiels de sociabilisation à l’adolescence.
Les réseaux sociaux sont avant tout un espace de conversation, comme l’étaient il y a 20 ans
le café du quartier
l’abribus
le téléphone
A l’adolescence, ces espaces d’échange avec leurs pairs sont essentiels. Selon dana boyd (chercheuse américaine en sciences humaines et sociales), “les réseaux sociaux sont un endroit où les jeunes peuvent se retrouver avec leurs amis. Il faut prendre ça comme un espace public dans lequel ils traînent.”
Ils sont d’autant plus amenés à y traîner que les restrictions sont nombreuses dans leur environnement : habitats éloignés, sorties ou argent de poche restreints… Il s’agit d’un “désir fondamental des ados” : voir leurs amis et discuter avec eux, à l’abri des parents.
Un rapport paru dans la revue scientifique américaine Pediatrics en 2011 pointe les avantages des réseaux sociaux pour les adolescents :
amélioration de la communication et des liens sociaux
réaliser des activités de socialisation : rester en contact avec les amis et la famille, se faire de nouveaux amis, partager et échanger
développer son potentiel créatif (projets de blogs, de musique, de vidéos…)
s’ouvrir davantage sur le monde extérieur
Mais les TIC ne les coupent-ils pas de leurs “vrais” amis ? Au contraire, si l’on en croit l’étude HBSC (Health Behaviour in School-age Children) publiée en 2012 par le Ministère de la santé, plus de 93% des adolescents ont une vie amicale plus riche qu’en 2006, année de référence où les réseaux sociaux n’occupaient pas une place importante dans la vie des jeunes. Ils peuvent, dans une certaine mesure, s’affranchir du jugement existant dans les cours de collège et de lycée et fonder leurs rencontres sur des goûts communs.
Selon un sondage effectué par la TNS Sofres en 2011, les adolescents sont plus conscients des enjeux de protection de la vie privée que leurs parents. Ainsi, 81% des plus de 13 ans avaient modifié les règles de confidentialité de leur compte Facebook, contre 53% des adultes. En revanche, avant 13 ans, ils sont peu conscients de ces enjeux.
Le réseau social Snapchat s’appuie sur ce désir de protection en proposant un réseau d’échanges “éphémères” puisque censés diparaître après un temps donné. L’information et la connaissance du fonctionnement des réseaux informatiques est ici primordiale, afin de comprendre que sur un réseau informatique, rien ne disparaît complètement.
Même s’ils sont attachés à leur vie privée, ils ne maîtrisent ainsi pas forcément les aspects techniques des réseaux sociaux et sont donc parfois victimes de mésusges sur ces réseaux…
Concernant l’information sur la santé, les réseaux sociaux ont ici une influence positive : l’anonymat relatif permet aux adolescents d’aller chercher des informations en toute discrétion sur des sujets qu’ils peinent à aborder avec les adultes ou dans des lieux d’information physique. Le rôle des professionnels de l’information et des professionnels de santé scolaire peut être d’accoompagner ces démarches en proposant des “pages” dont les informations sont adaptées et fiables (Pages Facebook, comptes Twitter…).
Attention cependant, il est complexe sur un réseau de distinguer ce qui relève de la conversation de ce qui relève de l’information : aux adultes d’être disponible pour ces apprentissages !
Serge Tisseron est un pédopsychiatre qui s’intéresse depuis de nombreuses années à l’influence des nouvelles technologies sur le rapport aux autres et aux apprentissages. Dans un forum animé par le site d’information “Le Monde”, il expliquait précisément son sentiment vis-à-vis des réseaux sociaux.
Les personnes (adolescents ou adultes) férues de nouvelles technologies développent la capacité de mener plusieurs tâches de front, parfois sans logique apparente. En revanche, la capacité de concentration sur des tâches longues devient difficile. La “nouveauté” est que le savoir est disponible partout, et donne une sensation de connaissance à l’adolescent. Il doit en revanche apprendre à hiérarchiser les informations, à leur donner une valeur dans un espace virtuel où tout semble se valoir : une information scientifique côtoie une “conversation de comptoir”. La tâche des enseignants est donc moins de diffuser de façon verticale un savoir que d’amener l’élève à distinguer les espaces de savoir à sa disposition, et de les évaluer. C’est en tout cas l’avis de Serge Tisseron.
Attention ! On parle souvent de l’influence de la pornographie sur la sexualité des adolescents. Bien souvent, la pornographie ne passe pas par les réseaux sociaux, mais tout simplement par Internet, canal comme l’était auparavant le Minitel, ou la télévision… Mais il est plus facile, et moins coûteux, de regarder des vidéos en toute discrétion sur son smartphone, qu’à l’époque du minitel (dans le salon, et tout était visible sur la facture téléphonique !), ou de Canal + pour les plus chanceux (toujours dans le salon et à des heures difficilement accessibles aux plus jeunes). La technologie facilite donc l’accès à des contenus non adaptés, c’est vrai.
Aux adultes donc de réfléchir aux modes d’accès de leur adolescents à tous types de contenus et d’établir avec eux des règles… Le fait qu’il n’y ait pas d’accès aux écrans dans les espaces intimes limite forcément les choses. De même au moment de choisir le forfait d’un ado, il convient de se poser la question du bénéfice/risque sur certaines options :
MMS (Multimedia Mesaging Service) donnant accès à des images, sons etc… aussi simplement que les SMS
3G / 4G : Accès au réseau Internet sans wifi (donc hors su domicile)
Mais les adolescents font encore, la plupart du temps, la distinction entre le réel et le virtuel.
Les proportions d’adolescents entrant précocement (avant 15 ans) dans une vie sexuelle active n’ont pas été modifiées par l’arrivée des nouvelles technologies.
25,5 % des garçons
14 % des filles
A l’adolescence, le besoin de reconnaissance par le groupe d’amis, de connaissances, est essentiel. Certains partent donc à la course à la reconnaissance :
Qui a le plus d’amis sur Facebook ?
Vérification que les statuts publiés sont “likés”
Tentation de créer le “buzz”, l’évènement dont tout le monde parle…
Et si l’adolescent ne trouve pas dans ces réseaux la reconnaissance qu’il escompte ?
Et oui, car il ne faut pas oublier que les réseaux sociaux sont arrivés en même temps que des contraintes plus fortes pour les adolescents sur les sorties réelles : difficile de sortir le soir, difficultés à se déplacer pour aller voir ses amis… Donc ils sont plus à la maison !
Mais cela peut être au prix d’un adolescent enfermé dans sa chambre avec de multiples écrans à sa disposition : télévision, PC, smartphone, tablette… Le temps de sommeil s’en ressent.
Source : Serge Tisseron, 3-6-9-12
Tout apprentissage est progressif, et certaines limites doivent pouvoir être posées. Serge Tisseron propose celles-ci, qui permettent de ne pas se cantonner aux interdits, et de rester, surtout à l’adolescence dans une posture de dialogue et d’échange.
Même si privilégier le dialogue est essentiel, ne pas craindre de poser certaines règles, qui auront forcément leurs limites (toute règle peut être contournée, mais certaines valent tout de même la peine d’être posées) > Horaires, accès : c’est du ressort des parents !
danah boyle propose quelques conseils aux parents concernant l’accès aux réseaux sociaux.
L’interdiction sera toujours contournée, à un moment ou à un autre. Si certaines limites doivent tout de même être posées, il faut surtout maintenir une relation de confiance qui permettra à l’adolescent de trouver une oreille attentive en cas de difficulté, et à l’adulte de pouvoir être renseigné sur la façon dont sont utilisés les réseaux.
Poser des questions, dialoguer sur vos craintes et sur ses usages. Ne pas se murer dans la position de l’adulte présumé tout savoir !
Créer un réseau d’adultes autour de lui vers lequel se tourner en cas de besoin