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*Attrape-moi si tu peux
think tank
À quel je joue le consommateur ?
AACC - 2013 - 3
La dĂ©lĂ©gation Customer Marketing de l’AACC
(Association des Agences-Conseils en Communication)
rassemble 21 agences dont le mĂ©tier est d’accom-
pagner les marques dans leur stratégie marketing
centrée sur le client.
La connaissance client, l’interaction avec
celui-ci via l’ensemble des canaux web, mobile,
réseaux sociaux, magasins, et mailing constituent
les principaux leviers déployés et mesurés.
Les chantiers menés par la délégation ont pour objectif
d’apporter une rĂ©flexion sur les consommateurs et sur
nos mĂ©tiers, afin d’anticiper les
Ă©volutions et prĂ©parer l’avenir.
4 - 2013 - AACC
JĂ©rome TouchebƓuf
Directeur Général Mediapost
Communication / Président
de la délégation Customer
Marketing de l’AACC
Yan Claeyssen
PrĂ©sident d’ETO / Vice-
Président de la délégation
Customer Marketing de
l’AACC
Cyril Rimbaud
Bloggeur
Jean-Baptiste
de Froment
Philosophe
Benjamin Pardo
Vice-Président de la
délégation Customer
Marketing de l’AACC
LE THINK TANK :
La dĂ©lĂ©gation Customer Marketing de l’AACC a crĂ©Ă© en 2011 un think tank dont
l’objectif est de rĂ©flĂ©chir aux nouveaux enjeux de la relation marque / consommateur.
L’ambition est d’apporter des repĂšres permettant aux diffĂ©rents acteurs du marchĂ©
de mieux apprĂ©hender les nouvelles rĂšgles du marketing client d’aujourd’hui et les
possibles de la relation de demain.
AACC - 2013 - 5
Benoit HĂ©ry
Fondateur Le Cabinet
Guillaume Anselin
Chief Strategy & Innovation
Officer Wunderman Group
France
Catherine Michaud
Présidente /XL
Stéphane Dumont
SAGE - Responsable Marque
et Publicité - Direction
de la Communication
Stéphane Hugon
Sociologue
A cette occasion, elle organise une journée de débats en présence de personnalités
expertes autour d’un thĂšme donnĂ©. Le contenu de ces Ă©changes est synthĂ©tisĂ© Ă 
travers un livre blanc.
AprĂšs le 1er
livre blanc La transparence, une réponse à la défiance, le thÚme choisi
pour le second think tank est « Identité : Catch me if you can ! »
Ont Participé : Isabelle Musnik / Gaël Clouzard / Florence Berthier
Préambule
L’identitĂ© du consommateur : un Ă©cheveau complexe, et pourtant
			 8
Étude/ Web, internautes et marques !					 10
1/ L’identitĂ©, matiĂšre vivante
en mouvement perpétuel
L’identitĂ© Une et Indivisible						 13
Le mythe de l’authenticitĂ©						 13
Les nouvelles identités familiales						 14
Le mal ĂȘtre de la diffraction identitaire					 14
La numérisation, source de désincarnation					 15
L’anonymat digital : vertueux ou vicieux?					 15
L’avùnement du Social Super Ego					 16
MatiĂšre vivante							 16
2/ A quel «je» joue le consommateur
La fin de l’unicitĂ©							 18
Se créer plusieurs familles						 18
Le « je » jubilatoire et exhibitionniste 					 19
Volatilité et infidélité							 20
Plusieurs devices, plusieurs adresses					 20
Des consommateurs de plus en plus futés					 21
La data entre ciblage et traçage						 21
Trop de séries de données tuent les séries de données				 22
Effacer la mémoire du numérique ou brouiller les pistes				 23
Le droit Ă  l’oubli cautionnĂ©						 25
Se fondre dans la masse						25
3/ Les marques doivent ĂȘtre en empathie
Retrouver le sens du contact						 28
Un consommateur généreux à encadrer					 28
Pas de réponses toutes faites						29
SĂ©duire le Social Super Ego						 30
Acquérir, fidéliser, transformer						 31
Deux passages obligés						 33
Le marketing des bonnes maniĂšres					 34
Les agences : des alliées précieuses					 34
Quelques recommandations pour ce nouveau jeu (de rĂŽle)			 36
	
4/ ET DEmain
 le VRM ?
Un consommateur vraiment puissant					 38
De l’attention à l’intention						 38
Le projet MyData							 39
8
13
18
28
38
8 - 2013 - AACC
L’IDENTITÉ DU CONSOMMATEUR :
UN ÉCHEVEAU COMPLEXE,
ET POURTANT

L’identitĂ© est, comme l’ADN, un acquis essentiel, unique et constitutif de tout indi-
vidu. Elle se niche partout et permet Ă  tout ĂȘtre de se dĂ©finir, d’affirmer qui il est.
Sans elle, point de salut ni de sociĂ©té !
Pourtant, elle ne s’arrĂȘte pas en si bon chemin. En effet, concept aussi vieux que les
temps les plus reculés, elle est en perpétuelle évolution et mutation. Modelée, au fil
des siÚcles par les événements historiques, les bouleversements de société ou les
progrùs technologiques. Au point de donner à l’individu un formidable espace de
libertĂ© d’expression.
Plus que salutaire, ce processus évite tout cloisonnement et permet de passer du :
« ce que je suis » Ă  « ce que je fais » et « ce que je fais savoir », de se recomposer, de
se projeter vers un nouvel idĂ©al, bien plus que de se mettre en danger. L’identitĂ© est
bel et bien en perpĂ©tuel mouvement. Et c’est une bonne nouvelle !
Digital aidant, cette notion a peut-ĂȘtre encore plus Ă©voluĂ© dans les mĂ©tiers du mar-
keting et de la communication que partout ailleurs. Car l’identitĂ© du consommateur
hyper connectĂ© via des points de contact divers et variĂ©s, n’est plus une mais multiple.
DĂ©stabilisant ? SĂ»rement !
D’autant que grñce aux ordinateurs, smartphones, tablettes
 et au cross canal, le
consommateur segmente sa personnalité en fonction des communautés auxquelles
il s’expose, des endroits oĂč il se trouve, de l’activitĂ© qu’il pratique ou d’une pĂ©riode
de sa vie. DĂ©sormais, il dĂ©crypte tout et il donne les informations qu’il a envie de
donner Ă  la marque. Il joue. Il cabotine. Car il est dĂ©sormais un « je » multiple et il
dĂ©cide de celui sur lequel il va donner Ă  la marque le droit d’exercer une influence.
Mais ce nouveau consommateur est aussi Ă©duquĂ© et douĂ© d’un cerveau oĂč ration-
nel et affectif le conduisent à ne pas se réduire à un simple clavier en liaison avec le
cloud, le web ou Ă  une vulgaire donnĂ©e. Bien au contraire, en quĂȘte de crĂ©ativitĂ©, de
partage, de reconnaissance, de diffĂ©rence, de valeur ajoutĂ©e, d’expĂ©rience et
d’exigence, il tient Ă  son identitĂ© personnelle d’internaute.
AACC - 2013 - 9
Et c’est bien parce qu’un consommateur ne se rĂ©sume pas Ă  un contenu numĂ©-
rique sur un serveur, et parce que l’ùre des nouvelles technologies n’en est qu’à ses
dĂ©buts, que cette immatĂ©rialitĂ© de l’identitĂ© du consommateur ne doit pas ĂȘtre un
obstacle. Elle n’est ni insaisissable, ni un leurre, ni un signe de dĂ©samour.
Cette nouvelle définition de la cible devenue multicibles bouscule les standards. Ce
serait une grossiĂšre erreur de l’ignorer ou d’hĂ©siter faute de la comprendre.
Il est de l’intĂ©rĂȘt des annonceurs et des agences d’intĂ©grer cette nouvelle donne qui
incite à inventer des stratégies et à redéployer des moyens pour penser autrement
le positionnement de la marque et capter ou fidĂ©liser ce nouveau puzzle qu’est
devenu le consommateur.
Une réflexion qui passe par un grand coup de pied dans les approches. Car il est
hors de question de définir en creux les modÚles publicitaires ou de marketing
direct. Toutefois, entre ciblage et traçage, plutÎt que de jouer au plus fort, les
marques doivent mieux jouer, et entrer en conversation avec chacun de leurs clients.
En commençant par une meilleure gestion des bases de données (BDD) qui privilé-
gie la qualité sur la quantité, la confidentialité, le respect. Mais aussi par une
approche stratégique pro-active pour redevenir partenaires, en évitant des réponses
toutes faites, et en imaginant ou optimisant des leviers marketings ciblés et efficaces
comme le Vendor Relationship Management (VRM), l’adresse postale, le brand
content
 Bref en inventant un Ă©cosystĂšme !
La sociĂ©tĂ© de consommation est en rĂ©volution, et plus que jamais l’identitĂ© multi
facettes du consommateur y joue un rĂŽle essentiel. Alors, ĂȘtre capable d’exploiter
les diffĂ©rents masques d’une mĂȘme identitĂ©, et gĂ©rer tous ces profils sur l’autel
d’une cohĂ©rence inĂ©dite, c’est ne pas se perdre, c’est avancer vers demain, bien
sĂ»r ! C’est aussi se projeter dans les trente prochaines annĂ©es ! Bienvenue dans le
monde merveilleux de l’identitĂ©...
WEB, INTERNAUTES ET MARQUES !
L’étude rĂ©alisĂ©e par Toluna analyse le consommateur dans sa relation avec les
marques sur Internet. Découvrez les résultats
Combien de profils Facebook avez-vous ?
Vous arrive-t-il de donner une adresse-
mail spécifique ou dédiée lors de votre
inscription Ă  une newsletter
ou Ă  un site de marque ?
Le fait de donner des informations  sur
vous à une marque vous a-t-il  déjà été
utile ?
Trouveriez-vous utile de savoir ce que les
marques font des donnĂ©es qu’elles
possĂšdent sur vous ?
Vous arrive-t-il de modifier la réalité
de votre identité lors de votre
inscription Ă  une newsletter
ou Ă  un site de marque ?
Combien d’adresses mail avez-vous ?
2 et + 3 et + 10
1
OUI
OUI
OUI
OUI trĂšs utile
NON
NON
NON
NON
pas
trĂšs
utile
2
8%
31%
61%
31% 32%
37%
38%62% 85%15%
61%39% 75% 18% 7%
AACC - 2013 - 11
Les chiffres à retenir :
69 % des personnes interrogĂ©es ont une adresse Facebook 	
(dont 8% qui en ont 2 et plus)
Si l’ensemble des personnes interrogĂ©es ont une adresse mail, 37% en ont 2
(professionnelle et personnelle)
31 % ont en revanche minimum 3 adresses mail, soit presque 1/3 des personnes
interrogées.
62 % des personnes interrogĂ©es donnent une adresse mail spĂ©cifique ou dĂ©diĂ©e lors
de leur inscription Ă  une newsletter ou Ă  un site de marque
Seules 15 % des personnes interrogĂ©es modifient la rĂ©alitĂ© lors de leur inscription Ă 
une newsletter ou à un site de marque. Gérer les informations reçues par mail, oui,
mentir sur son identité, non

39 % des personnes interrogĂ©es ont dĂ©jĂ  trouvĂ© utile de donner des informations
privĂ©es Ă  une marque mais 75 % trouvent trĂšs utile de savoir ce que les marques
font des donnĂ©es qu’elles rĂ©cupĂšrent.
AACC - 2013 - 13
1/ L’IDENTITÉ, MATIÈRE VIVANTE 	
EN MOUVEMENT PERPÉTUEL
L’identitĂ© Une et Indivisible
L’identitĂ© est « un ensemble de donnĂ©es de fait et de droit qui permet d’individualiser
quelqu’un et d’établir son caractĂšre permanent et fondamental » (LAROUSSE : Grand
dictionnaire encyclopédique). Des éléments qui aident à définir le triptyque absolu de
toute démocratie : liberté, égalité, fraternité. Donnant ainsi tout son sens à la deu-
xiĂšme partie de la dĂ©finition selon laquelle c’est aussi « la conviction d’un individu
d’appartenir Ă  un groupe social, reposant sur le sentiment d’une communautĂ© gĂ©o-
graphique, linguistique, culturelle et entraĂźnant certains comportements spĂ©cifiques ».
Mais presque aussi vieille que le monde, l’identitĂ© n’a, longtemps, vĂ©cu qu’à travers
les principes d’intĂ©rioritĂ© et de mĂ©fiance vis-Ă -vis de l’influence extĂ©rieure, avec
comme principale posture : « On lutte contre l’autre, on existe contre l’autre ». Consi-
dĂ©rĂ©e comme un legs, elle s’inscrit dans la continuitĂ©. Pourtant, qu’elle soit natio-
nale, familiale, sociale, culturelle, territoriale, consumĂ©riste
 elle s’est modelĂ©e au fil
des Ă©vĂ©nements historiques (1789 et la RĂ©volution Française
), sociĂ©taux (1804 et
son Code Civil, le passage du rural à la ville, les habitudes alimentaires
) et des
réformes en tous genres (Réforme protestante et Contre Réforme Baroque
), mais
aussi des progrÚs scientifiques et des avancées technologiques.
Le mythe de l’authenticitĂ©
L’identitĂ© a aussi profitĂ© du mythe de l’authenticitĂ©. Un paramĂštre qui s’inscrit dans
un mouvement d’émancipation d’aprĂšs-guerre. Et dans lequel les choix sont assu-
més, avec un certain déterminisme presque obsessionnel. Face au fameux  :
« on nous cache tout, on ne nous dit rien », l’individu peut affirmer : « Aujourd’hui,
j’ose adhĂ©rer au participatif car je m’accomplis par et Ă  travers les autres ». DĂ©sormais
« Je » peux devenir un autre selon le contexte et le regard de l’autre. L’individu doit
composer avec l’hĂ©tĂ©ronomie oĂč ce n’est plus sa propre loi mais celle de l’autre qui
est sa loi : il est inachevé et les autres vont lui permettre de se construire.
En mĂȘme temps, l’identitĂ© a fait acte d’autonomie vis-Ă -vis de la nature ou du
groupe. Car ne plus se conformer, c’est fermer la porte à l’ennui. S’affranchir, c’est
mieux gérer sa soif parfois irraisonnée du communautaire ou du partage.
14 - 2013 - AACC
Les nouvelles identités familiales
La famille, quelle que soit sa forme (plurielle, recomposée, décomposée, monopa-
rentale, ouverte
), est aussi productrice d’identitĂ© revisitĂ©e avec de nouvelles no-
tions comme le nomadisme conjugal, la situation des femmes qui ne sont ni Ă©pouse
ni mÚres, le modÚle masculin inversé grùce à la parité et ses différences, le mariage
pour tous
 Autant d’évolutions qui estompent les diffĂ©rences gĂ©nĂ©rationnelles,
mais qui sont aussi synonymes de l’effacement des genres, de l’avùnement de nou-
veaux modÚles avec la perte de référents ou de repÚres. La famille est à la fois une
valeur refuge face Ă  la crise et un espace de conquĂȘte oĂč la transformation sociale
et identitaire est continue.
Le mal ĂȘtre de la diffraction identitaire
Comme tout ce qui Ă©volue, l’identitĂ© doit affronter son lot de doutes, de remises en
question et d’ajustements.
Dans la pratique, le dĂ©passement de l’opposition individu/social prĂ©sente un risque :
la perte de consistance du « moi » Ă  cause de l’angoisse de ne plus savoir comment
construire quelque chose seul, alors qu’il y a une obligation sociale de s’accomplir,
coûte que coûte.
Or, par dĂ©finition, l’exigence du lien social s’oppose Ă  l’individualisme. RĂ©sultat ?
L’identitĂ© ne peut plus se concevoir qu’à travers un paradoxe. En effet, l’individu doit
sans cesse trouver l’équilibre entre d’une part, « ĂȘtre soi-mĂȘme » et ce qu’il a
d’unique, et d’autre part, ĂȘtre absorbĂ© dans le groupe et catĂ©gorisĂ© dans des cases
ou selon des critĂšres. Alors, pour ne pas ĂȘtre noyĂ© dans le commun, il apprend Ă 
déjouer les ficelles, et joue à cache-cache avec ses pairs et les marques. A qui il
lance un dĂ©fi : « Catch me if you can ».
L’autre malaise vient des nouveaux instruments numĂ©riques. GrĂące Ă  eux, la carac-
tĂ©risation de l’identitĂ© individuelle de chacun est prĂ©cise, mais leurs critĂšres, quanti-
fiables et formalisables, sont impersonnels. Or, si rĂ©duire l’individu Ă  des caractĂ©ris-
tiques objectives (ñge, sexe, taille, poids, lieu d’habitation, habitudes de consomma-
tion, goĂ»ts et prĂ©fĂ©rence), permet de le cibler, cela n’autorise pas forcĂ©ment Ă  le
comprendre, ni Ă  saisir sa singularitĂ©. Avec le risque d’aller exactement Ă  l’encontre
de ce qu’il cherche, Ă  savoir ne surtout pas rĂ©duire son ĂȘtre propre Ă  la somme de
ses qualitĂ©s objectivables. Il ne veut pas ĂȘtre rĂ©sumĂ© Ă  ce modĂšle : individu = homo
economicus. Et en tant que sujet libre qui a une histoire, il rejette profondément
cette tentation des marques de le laisser tomber dans le caractĂšre impersonnel, et
de le dĂ©sincarner dans une identitĂ© restituĂ©e, mais qui n’est pas la sienne.
AACC - 2013 - 15
La numérisation, source de désincarnation
Si tous les hommes sont identifiables et peuvent ĂȘtre suivis par des machines Ă©ga-
lement identifiĂ©es (tatouage Ă©lectronique) et qui ont - aussi ! - cessĂ© d’ĂȘtre indivi-
duelles puisqu’elles sont en rĂ©seau, c’est la porte ouverte Ă  une conscience de soi
plus ou moins objective.
En ne se dĂ©finissant plus qu’à travers la projection de ce qu’il a envie d’ĂȘtre ou via
des objets visuels et inanimĂ©s, l’internaute fait le jeu de la conceptualisation Ă  l’ex-
trĂȘme. Au point pour certains, de donner la prioritĂ© Ă  la transgression et au men-
songe via des profils oĂč leurs donnĂ©es divergent.
Voilà pourquoi en 2012, en lançant Google + qui interdit l’utilisation de pseudos ou d’iden-
titĂ©s factices, Google dĂ©clarait « Google+ est avant tout un service d’identitĂ© numĂ©rique ».
L’anonymat digital : vertueux ou vicieux ?
Le numĂ©rique a une vertu : il permet Ă  l’individu de se libĂ©rer de la tension sociale,
d’assumer son ambivalence. Il apporte une solution avec des cadres collectifs en
rĂ©seau, et crĂ©Ă© un « anonymat digital » oĂč l’identitĂ© est cachĂ©e derriĂšre des avatars.
Une forme de liberté facilitée par le cross canal qui favorise la démultiplication des
identités : Facebook/amis, Twitter/semi-pro, Pinterest/loisirs, magasin/commerce,
email/amis/pro/commerce. Mais attention, plus rien n’est cloisonnĂ© comme avant.
Or, l’internaute n’a pas toujours conscience de la porositĂ© des frontiĂšres entre les
divers canaux utilisés et qui laissent filtrer ou se mélanger les informations de sa vie
personnelle, les infos pros
 Un alĂ©a que les individus ne sont pas toujours prĂȘts Ă 
accepter, car lorsque les membres de ses différents univers se croisent, le sentiment
d’intrusion est trùs fort.
Toutefois, tout est relatif : ceux qui sont nés avec le numérique savent parfaitement
nager dans cet univers sans limite. Les jeunes de moins de dix ans ne sont pas li-
vrĂ©s Ă  eux-mĂȘmes sur la Toile. En gĂ©nĂ©ral, ils sont accompagnĂ©s - responsabilitĂ©
oblige - par un adulte qui les Ă©duque sur les enjeux et les dangers d’Internet et no-
tamment des rĂ©seaux sociaux. Quant aux gĂ©nĂ©rations prĂ©cĂ©dentes, si elles n’ont
aucun repĂšre transitoire, elles s’éduquent trĂšs vite. Question de vie ou de mort !
Car comme le soulignent Jean-François Fogel et Bruno Patino dans leur récent
essai : La condition Numérique, (Chapitre La connexion permanente, Grasset) :
« Toute innovation finit d’ailleurs par ĂȘtre dĂ©passĂ©e; le seul Ă©lĂ©ment durable, c’est la
connexion. Un login ajouté au mot de passe pour avoir accÚs à un réseau : voilà le
lĂ©ger bagage que chacun est sĂ»r d’emmener avec soi »
16 - 2013 - AACC
L’avùnement du Social Super Ego
Avec la toile, les marques ont vu, officiellement, naĂźtre le Social Super Ego, reconnu
Ă  travers toutes ses identitĂ©s sociales crĂ©Ă©es sans contrainte et sans qu’il ouvre son
« moi » rĂ©el. Un nouvel animal social toujours plus confiant, avec une capacitĂ© d’ap-
prentissage rapide et Ă©lastique. De spectateur il est devenu metteur en scĂšne de
lui-mĂȘme. Il convient donc de vaillamment l’identifier sans retard, de trouver quelles
sont les identités derriÚre les masques ou à travers les avatars grùce auxquels plein
d’autres « moi » de l’individu sont livrĂ©s. Comme par exemple, un blogger, activiste
sur les réseaux sociaux mais masqué pour ne pas nuire à sa carriÚre, ou à la bonne
relation avec sa famille. Ou bien un musicien amateur qui a envie de partager cette
facette avec d’autres personnes que sa tribu habituelle.
MatiĂšre vivante
L’identitĂ© est donc une matiĂšre vivante et sa mĂ©tamorphose rĂ©guliĂšre jusqu’à notre
monde contemporain montre qu’un individu peut, dĂ©sormais, en changer tout le
temps, jusqu’à s’arroger des identitĂ©s successives. Ainsi, avec l’avĂšnement du digi-
tal, qui est plus un accĂ©lĂ©rateur ou un rĂ©vĂ©lateur qu’une cause, n’importe qui peut
dĂ©clarer : « Je choisis qui je suis, selon le lieu, le canal, le sujet, le moment, la nature
de la relation que je souhaite avoir. Je crée les conditions de la relation en décidant
du curseur affinitaire et du degrĂ© d’intrusion que je suis prĂȘt Ă  accepter de la part
des Ă©metteurs ou de l’interlocuteur ».
Alors l’identitĂ© rĂ©elle du consommateur - un hĂ©ritage personnel, pĂ©renne, exclusif -
va-t-elle devenir obsolÚte pour laisser la place aux identités virtuelles paramétrées,
gĂ©o-localisĂ©es ou contextualisĂ©es ? Non, car la connaissance du consommateur est
indispensable aux marques. Mais les valeurs d’usage apportĂ©es par les nouvelles
technologies (simplicité, pertinence, ciblage) vont rendre acceptable et nécessaire le
fait de devenir des ID.
AACC - 2013 - 17
Réalisée par Qnary (extrait)
18 - 2013 - AACC
2/ À QUEL « JE » JOUE LE CONSOMMATEUR
La fin de l’unicitĂ©
DĂ©jĂ , dans les annĂ©es 60-70, Bill Bernbach affirmait qu’il ne s’adressait plus Ă  la
mĂ©nagĂšre de moins de 50 ans, en tant que cible, mais Ă  un ĂȘtre humain, Ă  sa
sensibilitĂ©, son intelligence, son humour. Bref Ă  sa multiplicité !
Aujourd’hui plus que jamais, via les technologies, il y a comme un dĂ©doublement de
la personnalitĂ© entre l’internaute et ses avatars. Le binaire aussi a fait long feu. Car,
il n’y a plus seulement un homme/une femme, un jeune/un senior, un riche/un
pauvre, un individu/un groupe, une marque/un consommateur.
SymptĂŽme de schizophrĂ©nie aigĂŒe ? Pas vraiment ! Le numĂ©rique induit un nouveau
comportement identitaire du consommateur et une relation Ă  la marque en pleine
mutation. Car quand autrefois, il se plaignait qu’on le fasse entrer de force dans une
case, il peut dire, aujourd’hui : « c’est moi qui dĂ©cide dans laquelle j’entre ». C’est Ă  lui
que revient le choix de se définir et de gérer ainsi des situations singuliÚres, choisies
et modulables. Un constat également fait par Jean-François Fogel et Bruno Patino
dans La Condition NumĂ©rique , (Grasset) : « Dans cette affaire, le changement dĂ©pend
moins de l’apparition des technologies que de l’activitĂ© des internautes. Et cette
activitĂ© installe un usage social frĂ©nĂ©tique des nouvelles offres numĂ©riques. Il s’agit
d’un mouvement d’une ampleur historique semblable à la migration de masse d’une
population vers un nouveau continent, en l’occurrence le numĂ©rique ».
C’est donc la victoire totale du « je » de l’individu, qui dĂ©sormais peut ĂȘtre autre(s).
Avec ses divers profils ou multi-facettes, il exprime son cÎté obscur entre jeu, dérision
et défi. Et grùce à eux, il dit clairement ne plus prendre des vessies pour des lan-
ternes. D’une part, il dĂ©crypte tout et vite, d’autre part, il se sert d’un de ses
masques pour ĂȘtre au centre des attentions et interpeller les marques. Des marques
dont la chaĂźne de communication est dĂ©sormais commandĂ©e par ce fameux « je » 
avec comme objectif beaucoup plus complexe de dĂ©terminer de quel « je », il s’agit !
Se créer plusieurs familles
Cette tendance à la démultiplication touche aussi la famille dont les réseaux sociaux
rĂ©vĂšlent une nouvelle facette. On peut parler aujourd’hui de familles, de communau-
tés, de tribus, de cercles. Et en dépassant le cadre strict de la filiation ou des liens
du sang, la famille se dĂ©finit ainsi autour d’une communautĂ© de valeurs et d’usages
multiples oĂč chacun doit pouvoir s’exprimer en tant qu’individu et membre Ă  part
entiÚre. Dans ce contexte les réseaux sociaux ont tendance à accélérer le phéno-
AACC - 2013 - 19
mÚne en hyper fragmentant les espaces sociaux et en donnant la possibilité à un
seul individu de se crĂ©er plusieurs « familles » d’appartenance. L’individu devient un
caméléon et établit des connections éphémÚres en fonction de son parcours de vie,
changeant ainsi la structure de sa famille de sang
 de cƓur
 de passion.
Le « je » jubilatoire et exhibitionniste
Quel qu’il soit, le consommateur a l’art et la maniùre de soigner son profil. Car c’est
la premiĂšre Ă©tape de ce qui le reprĂ©sentera dans l’espace, sa premiĂšre vĂ©ritable
entrĂ©e dans le monde digital. Et mĂȘme lorsqu’il n’a qu’un seul profil, celui-ci corres-
pond davantage Ă  une image sociale de lui, voire Ă  une construction, qu’à une rĂ©a-
litĂ© individuelle concrĂšte et rĂ©elle. L’écran lui renvoie son reflet idĂ©al, Ă  travers une ou
des identitĂ©s ! Qu’il prĂ©fĂšre changer de photo tous les jours ou conserver la mĂȘme
pendant des annĂ©es, celle choisie n’est jamais due au hasard. Car mĂȘme montrer Ă 
quel point « on s’en fiche » demande un minimum de rĂ©flexion. Cette
obsession de l’image du profil passe par une forme d’art transformatif voire d’une
science de la manipulation.
A cela s’ajoute une aptitude et mĂȘme une aviditĂ© Ă  mettre Ă  jour son existence. Car,
l’image routiniĂšre des medias sociaux et leur transposition dans l’écosystĂšme du
cross canal ont habituĂ© l’utilisateur Ă  valoriser chaque aspect de sa vie. Une colĂšre,
une expérience professionnelle, un voyage, une révélation
 tout est bon à partager
et tout est fait pour encourager cette frénésie de mises à jour.
Toute forme de caution digitale est bonne Ă  prendre : montrer que l’on apprĂ©cie en
dit Ă©videmment beaucoup sur qui l’on est vraiment. Ces derniers mois, les rĂ©seaux
sociaux ont radicalement modifiĂ© la façon dont l’internaute peut exprimer ses pas-
sions. Jusqu’à il y a peu, il suffisait de remplir quelques dĂ©tails de son profil, avec
plus ou moins de précisions selon son humeur. On pouvait se donner un cÎté pointu
via une citation d’un grand auteur, mais peu de monde y prĂȘtait attention. Aujourd’hui,
diffuser ses goûts est essentiel à toute existence sociale en ligne. Ce qui pose la ques-
tion de l’aprĂšs « I like » : quel est le vĂ©ritable rĂŽle de la recommandation ?
D’oĂč le marathon du personnal branding. Pour de nombreuses personnes, les rĂ©-
seaux constituent des tremplins pour ĂȘtre plus qu’un simple individu dans la foule.
Le terrain de jeu digital peut rapidement se transformer en piste de course vers la
popularitĂ©. Et dĂ©jĂ  on voit le rĂŽle de l’influence qui se vend comme un vrai produit de
masse mais aussi la banalisation de l’expertise (n’importe qui exprime un avis
)
avec l’émergence de brand managers amateurs.
20 - 2013 - AACC
Volatilité et infidélité
La facilité avec laquelle le consommateur, selon son masque, peut changer de marque
le rend de plus en plus exigeant sur la qualité du produit et/ou service. Sa volatilité, voire
son infidélité, poussent la marque à entrer dans une nouvelle relation au consomma-
teur. Mais il ne faut pas oublier - point rassurant - que ce consommateur a toujours
besoin de la vision concrĂšte de la marque et de l’agrĂ©ger. Pour conserver les bons
repĂšres et/ou rĂ©flexes et bien gĂ©rer cette relation au virtuel qu’elle lui propose.
En effet, l’univers de la consommation est partie intĂ©grante de l’individu. Choisir une
marque, acheter un produit, partager un logo participent Ă  sa construction identi-
taire. Ainsi, il dĂ©veloppe un sentiment d’appartenance Ă  un groupe et la croyance en
sa propre existence.
Et quelque soit le point de contact, il ne laissera passer que ce qui peut alimenter ou
renforcer ce processus d’identitĂ©. S’il remet en cause son rapport Ă  la marque, no-
tamment en jouant Ă  cache-cache, c’est pour mieux tester la capacitĂ© de celle-ci Ă 
se rappeler à son bon souvenir ou à lui renvoyer son identité de marque à travers de
nouveaux repÚres stables, définis, surprenants.
Plusieurs devices, plusieurs adresses
Jusqu’à prĂ©sent, l’un des principaux atouts du marketing client tenait dans sa capa-
cité à cibler les consommateurs. Avec des messages adressés de maniÚre nomina-
tive à un individu qualifié et bien déterminé à travers ses coordonnées : postale,
email ou numĂ©ro de tĂ©lĂ©phone. Cet accĂšs direct Ă  l’individu permettait aux marques
de communiquer sans passer par les média de masse et uniquement auprÚs de
celui susceptible d’ĂȘtre intĂ©ressĂ© par leurs offres.
Mais ce marketing client et le CRM sont bousculĂ©s par l’émergence d’une sociĂ©tĂ©
hyper connectĂ©e oĂč les supports sont multiples, les Ă©changes de plus en plus
rapides et oĂč il est difficile d’anticiper ou de rĂ©pondre dans l’instant Ă  une cible archi
mobile et fréquemment non identifiée.
En effet, la frontiĂšre entre l’usage professionnel et personnel des outils numĂ©riques
s’estompe de plus en plus et un collaborateur considùre souvent normal d’utiliser
ses propres identités ou terminaux numériques sur son lieu de travail. Résultat, pour
un mĂȘme individu, la marque peut retrouver dans sa base : 2 adresses mail, des
coordonnées Facebook ou de mobile, sans liens entre elles.
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Selon son dispositif media, elle pourra le toucher 3 fois mais sans le savoir. Elle doit
accepter cette nouvelle donne, car bien souvent, elle le fera dans des contextes affi-
nitaires, justes et pertinents et remplira ses objectifs  : image, notoriété, ventes,
proximité... Non plus en raison des rapprochements des datas mais grùce aux
consignes que le consommateur lui aura envoyĂ©es. A noter d’ailleurs, qu’il existe
des liens d’accĂšs prĂ©configurĂ©s vers les rĂ©seaux sociaux, favorisant une intĂ©gration
plus pratique des identités des utilisateurs.
Des consommateurs de plus en plus futés
Les études montrent que les internautes possÚdent plusieurs adresses email : la
premiÚre pour les relations interpersonnelles privées, la seconde pour les relations
professionnelles et une troisiùme (voire plus !) pour le reste. Notamment pour partici-
per aux jeux, s’inscrire aux diverses newsletters ou participer aux forums. Cette der-
niĂšre est souvent une vĂ©ritable « adresse poubelle », (souvent gĂ©rĂ©e par un webmail
tel que Hotmail, Yahoo ou Gmail) utilisée occasionnellement et dont la boite est sou-
vent saturĂ©e. Cette multiplication des adresses email pour un mĂȘme individu et la
forte progression des « adresses poubelles », constituent un vĂ©ritable dĂ©fi pour l’email
marketing : c’est trùs certainement la principale cause de la chute des taux de clic.
Dans les annĂ©es qui viennent, l’adresse email personnelle ne sera connue que des
amis, parents ou de quelques institutions. Elle deviendra une denrée rare car intime
et Ă  la limite du sanctuaire. De mĂȘme sur les rĂ©seaux sociaux, les consommateurs
vont apprendre à se protéger, vont exploiter toutes les techniques à leur disposition
pour se crĂ©er une mĂ©taphore virtuelle de soi, qu’ils exposeront Ă  certaines marques
et pas à d’autres. Ils s’amuseront avec ces avatars pour mieux jouer avec les
marques. Ils ne seront pas dupes, au contraire, ils seront de plus en plus malins
pour lancer leurs propres consignes et s’identifier à travers le statut de leur choix,
selon qu’ils veulent une relation commerciale, ludique ou communautaire, de proxi-
mitĂ© ou superficialitĂ©. Et ainsi, obtenir ce qu’ils veulent (un bon de rĂ©duction, une
invitation à un évÚnement, une prime immédiate
).
La data entre ciblage et traçage
Avec le digital, la collecte et la gestion des donnĂ©es sont passĂ©es d’une exploitation
globale d’informations gĂ©nĂ©rales et disponibles, Ă  une espĂšce d’aspirateur d’indices
enrichis quasi automatique, pour aboutir à un systùme de big data qui s’auto ali-
mente, qui traque, re-cible et re-synthétise. De fait, davantage de points de
contacts, c’est plus de donnĂ©es ouvertes et accessibles. Mais tellement plus que
ce que les moyens technologiques peuvent stocker, traiter, interpréter. Et parfois, ce
« trop » dessert la qualitĂ© d’une stratĂ©gie.
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Alors cette nécessité frénétique de compiler et de croiser toutes les données utiles
et inutiles de chaque individu n’est pas sans consĂ©quence.
Elle confĂšre, tout d’abord aux opĂ©rateurs puissants, tels que Twitter, Facebook ou
Google 
 une puissance mondiale immense au cƓur des canaux. Tant leur capa-
cité et leur vélocité à posséder des informations par milliards sont infinies. Mais
jusqu’oĂč ira le respect de la confidentialité ? Quid du spectre d’une dictature ou du
fameux « big brother is watching you » ?
Ensuite, provenant de canaux en tous genres, les informations sont, en effet, de
plus en plus nombreuses mais leur qualité est rarement optimale car pas toujours
recueillies de façon systématique et complÚte. Le one to one data est incapable de
suivre et traiter une personne en continuité. Ce qui pose la question de leur perti-
nence pour une campagne en particulier à un moment précis. Pourtant, elles sont
implémentées et regroupées dans des bases de données non unifiées
 en silo.
Trop de séries de données tuent les séries de données
S’il n’est pas mieux coordonnĂ©, ce cumul des datas sur des comportements tou-
jours plus fragmentés et des identités spécifiques va déboucher sur des informa-
tions dĂ©sincarnĂ©es, une dĂ©structuration ou un dĂ©tournement de l’identitĂ© et une
automatisation des actions marketing avec le risque d’ĂȘtre perçues comme trop
mécaniques et impersonnelles. Trop de séries de données tuent les séries de don-
nĂ©es, et pratiquer le nano trading informatisĂ© Ă  l’extrĂȘme, c’est risquer la perte de
sens et d’efficacitĂ©, c’est la fin de l’émotionnel.
Alors pour Ă©viter de rĂ©duire la personne Ă  une fonction et qu’elle se retourne contre
le systÚme, il est urgent de poser les bonnes questions : doit-on changer le regard
sur la segmentation des BDD ? Doit-on trouver l’algorithme qui permettra de ras-
sembler les identitĂ©s pour les attribuer Ă  la mĂȘme personne ? Doit-on segmenter par
rapport au canal et non par rapport Ă  l’identitĂ©?
Aujourd’hui, la posture de marque diffĂšre selon les canaux. Avec d’un cĂŽtĂ©, les iden-
titĂ©s issues du magasin (relation purement marchande) et de l’autre, les identitĂ©s
issues du site de marque (relation purement univers de contenus). Or, désormais,
les clusters deviennent des clusters de canaux et créent un nouveau marketing, en
passant du marketing client gĂ©rĂ© par l’émetteur Ă  un marketing client gĂ©rĂ© par le
client.
La marque doit accepter de perdre le contrĂŽle, non pas de la data, mais de l’identitĂ©
unique de son client. Sa performance viendra de sa capacité à multiplier les
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contacts affinitaires vers une cible qui a autorisé et donné le cahier des charges de
la relation : plus ou moins commerciale, plus ou moins personnelle.
Le ciblage identitaire devient de moins en moins nĂ©cessaire. C’est le traçage d’un
comportement en temps rĂ©el sur la base de l’historique de ce profil qui va
dĂ©sormais ĂȘtre privilĂ©giĂ©.
Un rÎle joué à la perfection par des outils comme AD-EX trading, qui cible en temps
réel, ou Recorded Future qui offre la possibilité de prédire ce qui va se passer sur la
base des informations existantes sur le Web. Avec eux, la trace et l’information lais-
sĂ©es par le consommateur peuvent ĂȘtre analysĂ©es afin de fournir une anticipation.
Le croisement de ces techniques ne nécessite plus un ciblage mais un traçage afin
de cumuler l’information nĂ©cessaire.
DÚs lors, la big data redevient la bonne réponse au nomadisme identitaire mais avec
une nouvelle rÚgle  : une segmentation en fonction de la situation et non de la
personne.
Effacer la mémoire du numérique ou brouiller les pistes
Du statut concret de machine, Internet a vite basculé dans le monde du virtuel, du
cloud. Il est partout, envahit les espaces et occupe cerveaux et doigts de ses
utilisateurs Ă  coup d’écrans, de rĂ©seaux, de clics, de zapping et de multiples coor-
donnĂ©es
 Son omniprĂ©sence le rend naturel : qui se souvient de sa premiĂšre
adresse, de tous ses dialogues, ses photos ?
Son accĂšs permet d’ĂȘtre informĂ© et d’informer simultanĂ©ment sur plusieurs sujets et
aux quatre coins du monde. Avec un peu d’entraünement, chacun peut recevoir et
envoyer plĂ©thores de messages Ă  un rythme effrĂ©nĂ© ou non. L’entrepreneur peut
parler instantanément avec ses équipes ou son fournisseur à distance et décider.
Un individu peut travailler, discuter, jouer ou commander son livre préféré dans la
mĂȘme minute. Un citoyen peut communiquer avec un Ă©lu ou faire une pĂ©tition

Facile, pratique
 Mais toutes ces informations qui circulent, laissées en jachÚre aux
rĂ©seaux et autres sites, relĂšvent encore et toujours de la volontĂ©, des choix de l’in-
ternaute. A lui de rĂ©vĂ©ler ou non, d’officialiser son intimitĂ© et d’en cacher une partie.
Le tout est qu’il prenne conscience que toutes ces donnĂ©es, livrĂ©es spontanĂ©ment
ou non, vraies ou fausses, resteront indĂ©lĂ©biles sur la toile, et qu’il peut rĂ©solument
perdre la bonne gestion de son image ou mĂȘme la maĂźtrise de son identitĂ©.
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Les gĂ©nĂ©rations qui ont connu l’avant Internet sont conscientes des problĂšmes que
peuvent entraĂźner cette « mise Ă  nu » de soi-mĂȘme. Mais pas forcĂ©ment les digital
natives, car repĂšres et habitudes sont rĂ©cents. D’oĂč l’importance d’un rĂ©-ancrage
dans le rĂ©el, d’ĂȘtre Ă©duquĂ© ou d’intĂ©grer des rĂšgles claires : un rĂŽle qui revient aux
Ă©metteurs comme aux rĂ©cepteurs. Il faut de part et d’autre une forme de maturitĂ© et
arrĂȘter l’inconsĂ©quence. Le web n’est pas un concept flou ou un simple accessoire
mais une rĂ©alitĂ© qu’il faut sinon contrĂŽler du moins maĂźtriser. La tendance est encore
trop de sous-estimer l’importance qu’il joue dans la vraie vie.
Alors, beaucoup aspirent Ă  l’oubli notamment avec la stratĂ©gie dite du « razzle
dazzle » (camouflage) pour ne plus s’exposer en place publique et prĂ©server son
intĂ©gritĂ©. Ce rĂŽle du brouillage de pistes revient au « surmoi ». Celui que l’individu
donne Ă  voir, qu’il consent Ă  rĂ©vĂ©ler et Ă  travers lequel, il accepte d’ĂȘtre une cible !
En effet, un des risques du dĂ©passement de l’opposition social/individu, est la des-
truction de l’intimitĂ©. Et, face Ă  un nouveau systĂšme trĂšs intrusif, il faut dĂ©velopper
une forte capacitĂ© Ă  s’ajuster sinon Ă  rĂ©sister. C’est un peu comme un « ami qui
vous veut du bien » avec comme corollaires pas d’obligation mais la permanence de
sa présence.
Le droit à l’oubli serait donc bien l’aveu du consommateur d’une absence de
contrĂŽle, d’un manque de rĂ©alisme ou de discernement. Le fait est qu’il subit les
consĂ©quences de ses actes (diffuser, partager, afficher
) et s’interroge sur l’utilisa-
tion de ses contenus dans un autre contexte, à un autre moment
 Certains mots
lui font peur : big data, e-rĂ©putation, conditions d’utilisation de Facebook, d’Insta-
gram. Alors, comme il l’a fait, voici 10 ans, avec l’email, il cherche à contrîler aprùs
avoir testĂ© et publiĂ©. Et bizarrement, il veut davantage faire oublier ce qu’il a lui-
mĂȘme diffusĂ©, que ce que les autres ont publiĂ© sur lui.
Mais peut-il vraiment se cacher derriĂšre diffĂ©rentes identitĂ©s, quand a priori, il n’y a
pas d’anonymat possible entre IP tracking et IP spoofing (l’usurpation d’adresse)...
La CNIL (Commission nationale de l’informatique et des libertĂ©s) et la DGCCRF
(Direction Générale de la Concurrence, de la Consommation et de la Répression
des Fraudes) viennent tout rĂ©cemment de diligenter une enquĂȘte sur l’IP tracking,
une pratique courante des vendeurs de voyages en ligne, «l’IP tracking». (Ce sys-
tùme suit l’adresse IP du consommateur et lui propose des offres et des tarifs direc-
tement liés à son profil de navigation).
Le jeu de cache-cache est bel et bien utopique, car à tout moment, l’individu, en
dĂ©pit de tous ses masques, peut-ĂȘtre reconstituĂ©. Il convient donc de ne jamais
oublier que si l’on peut se cacher un jour, on peut ĂȘtre repĂ©rĂ© un autre jour ! Mais
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toujours dans le respect des rĂšgles sociales et juridiques au risque que la transpa-
rence soit rejetée.
De plus, c’est sans compter l’énergie mise en Ɠuvre par la marque pour dĂ©couvrir
son client pluriel, en recomposant cette dématérialisation via une segmentation de
canal, afin d’adopter une approche diffĂ©renciĂ©e. Pour Ă  son tour s’accomplir, trans-
former ses contacts et rĂ©aliser son business. La marque a, en effet, tout Ă  fait intĂ©rĂȘt
Ă  rĂ©flĂ©chir oĂč elle a captĂ© la donnĂ©e et Ă  capitaliser sur cette conversation.
Si le droit à l’oubli semble devoir passer par le contrîle d’accùs, la relation commer-
ciale, elle, passe par des responsabilités assumées et la relation transactionnelle par
une confiance en l’autre.
Le droit Ă  l’oubli cautionnĂ©
Conscients de la demande, certains opérateurs ou politiques militent pour ce droit à
l’oubli. Par des dĂ©clarations d’intention rassurantes comme celles d’Apple par
exemple, qui anticipe avec des promesses comme : « pas de porno chez nous ». Un
tout sĂ©curisĂ© qui incite le client Ă  faire confiance et mĂȘme Ă  acheter un iPhone Ă  son
enfant puisque, a priori, c’est plus sĂ»r qu’Internet !
Ce qui pose les questions du « tout lĂ©gifĂ©ré »? Et de la problĂ©matique des Ă©tats plus
forts que certains opĂ©rateurs
 ou non ?
Bien Ă©videmment, les gouvernements encouragent ceux qui s’inscrivent dans le
projet de l’identitĂ© digitale unique, de Google Ă  Linkedin et autres Facebook ou
Twitter

NĂ©anmoins, le sentiment perdure de ne pas pouvoir ĂȘtre protĂ©gĂ© sur les rĂ©seaux
sociaux « ouverts » du type Facebook, d’oĂč le besoin de trouver un refuge, de fonder
un entre soi, de se crĂ©er un micro world sĂ©curisĂ© et identitaire. C’est le credo de
nouveaux rĂ©seaux comme Famicity qui s’est posĂ© la question suivante : comment
permettre aux familles et aux amis de conserver un contact grĂące Ă  Internet sans
ĂȘtre obligĂ©s de partager sa vie privĂ©e avec le monde entier ?
Se fondre dans la masse
Revendiquer le droit Ă  l’oubli peut relever d’une autre intention : Ă©viter des drames.
En effet, le respect de la notion du mot identitĂ© est clivant et le fait d’ĂȘtre abordĂ© en
tant qu’identitĂ© est problĂ©matique pour son intimitĂ©. C’est un mot de plus en plus
utilisĂ© et parfois il se rĂ©fĂšre Ă  des dĂ©bats vouĂ©s Ă  l’échec comme celui sur l’identitĂ©
nationale qui transcenderait les autres identités. Or, elles se valent toutes, sinon on
ouvre la boĂźte de Pandore. Cette question de l’identitĂ© renvoie Ă  l’idĂ©e que l’individu
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est plus et au-delĂ  de ce qu’on connait de son « moi ». Et qu’il serait parfois judi-
cieux de ne pas rentrer dans un schĂ©ma qui voudrait, qu’au nom du respect absolu,
on impose une alternative au point de perdre en pertinence. Comme par exemple le
choix dans les cantines entre le menu hallal ou non, qui oblige des jeunes Ă  se posi-
tionner comme musulmans, alors qu’ils ne s’étaient mĂȘme pas posĂ© la question. Ils
vont devoir trancher et se « dĂ©marquer », alors, qu’ils voulaient peut-ĂȘtre juste bĂ©nĂ©-
ficier du droit Ă  se fondre dans la masse, Ă  ĂȘtre oubliĂ©s.
Avec son nouveau statut d’insaisissable immatĂ©rialitĂ© qu’il maĂźtrise de mieux en
mieux, le consommateur exerce un véritable contre-pouvoir. Une opportunité de
crĂ©ativitĂ© pour les marques, dont l’enjeu est de taille : continuer Ă  parler Ă  cette
nouvelle espĂšce humaine, experte dans le crosscanal.
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Réalisée par Demos (extraits)
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3/ LES MARQUES DOIVENT ÊTRE EN EMPATHIE
Retrouver le sens du contact
Avec le web, les cerveaux des consommateurs sont profondément modifiés. Ils réflé-
chissent et s’entraünent selon de nouveaux codes : l’hyperconnection, la vitesse, la
simultanéité de divers sujets, la pluralité de lieux, la volatilité due aux multi-écrans.
Tout est fait pour fragmenter la concentration, l’attention et la consommation mĂ©-
dias. C’est dĂ©jĂ  vrai aujourd’hui, ça le sera encore plus dans les annĂ©es Ă  venir :
le digital n’en est qu’à ses dĂ©buts et le comportement des gĂ©nĂ©rations de demain
va révéler, de plus en plus, un modelage fondamentalement différent.
Ces digital natives dĂ©veloppent un rapport Ă  l’autre comme Ă  la marque complĂšte-
ment renouvelé et, au travers de leurs multi-facettes, ils créent un nouveau mythe
fondateur de l’identitĂ©.
Alors difficile pour l’annonceur de capter l’individu et de dire s’il est en de bonnes
dispositions pour entrer en conversation ou apprécier une offre. Une prise de
contact, d’ailleurs, de plus en plus faite à l’initiative de celui-ci. Charge à la marque
d’accepter cette nouvelle donne, de retrouver le sens du contact, d’ĂȘtre crĂ©ative et
au bon moment.
Un consommateur généreux à encadrer
Les marques sont donc acculées à un saut anthropologique pour éviter la rupture
avec le consommateur et redonner du sens Ă  la relation client en pleine mutation.
Une des clés, pour rétablir cette rhétorique, est la co-construction avec cette nou-
velle cible plurielle.
En rĂ©affirmant notamment ce qui fait partie du domaine de l’acceptable et de l’inac-
ceptable, en faisant la diffĂ©rence entre ĂȘtre Ă  l’écoute et ĂȘtre Ă  disposition, en restant
cohérentes et en procédant à des actualisations performatives.
Elles ne doivent pas lñcher prise. En continuant à orienter l’innovation, elles pourront
exploiter comme elles l’entendent leur potentiel et pourront « reprofiler » les consom-
mateurs, créer de nouveaux comportements, aller dans des endroits inattendus,
parce que c’est aussi ce que leurs consommateurs attendent.
Le rĂŽle de la marque est radical dans le nouvel Ă©cosystĂšme, elle est responsable et
constitue ce fameux mythe fondateur qui emmĂšne trĂšs loin le consommateur en lui
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permettant de développer le plus fortement possible, son imaginaire, pour son plus
grand bonheur !
InterpelĂ©, amusĂ©, il n’en sera que plus reconnaissant et Ă  nouveau confiant. Car
bien souvent il cherche Ă  amĂ©liorer son ordinaire, sa vraie vie, plutĂŽt que d’aller voir
si l’herbe est plus verte ailleurs.
La marque retrouvera alors la main pour dĂ©clencher l’achat, face Ă  son consomma-
teur qui pourtant lui glissait entre les doigts.
Une tùche facilitée par le digital qui offre sur un plateau, un merveilleux atout, aux
marques. Car à travers tout ce qui est dit et montré par les internautes, elles
peuvent mieux appréhender les désirs des uns et des autres. Loin de pervertir le
systĂšme, cette multiplicitĂ© d’avatars et/ou de profils imaginaires en constitue au
contraire les nouvelles conditions d’expression, de crĂ©ation et de richesse !
Pas de réponses toutes faites
Cibler est utile et Ă©conomique mais l’équation : « Plus on sait, mieux on transforme
car on sait mieux cibler » est presque dĂ©passĂ©e. En partie Ă  cause de la notion
d’adresse Ă©clatĂ©e et de contact anonyme sur Internet qui n’ont plus la mĂȘme valeur
que dans l’économie du marketing « brick and mortar ». Il se passe donc une vĂ©ri-
table rĂ©volution pour le marketing direct. Car si dans le MD « classique », on cible
des individus rĂ©els auxquels un profil est attachĂ©, sur le net, c’est l’inverse ! On cible
un profil, Ă©laborĂ© Ă  partir de donnĂ©es provenant du « tracking », et l’on suppose qu’à
ce profil correspond un consommateur réel.
Un contexte qui induit une baisse problématique des résultats des campagnes et
qui pose la question de la viabilité des techniques du marketing direct et du CRM.
La disparition de l’individu doit inciter les marques à cibler un profil (email, DNS,
GPS, cookies
). Et en poussant telle ou telle banniÚre, le moteur de la régie online
ne vise pas tant une personne qu’un profil abstrait. D’oĂč la pertinence d’un cookie
sur un ordinateur familial, par exemple. Ces « clĂ©s », qui peuvent paraĂźtre bien
maigres, autorisent pourtant un profilage souvent plus efficace et plus pertinent que
les techniques du marketing direct classique.
Elles doivent aussi composer avec des comportements qui changent : les consom-
mateurs trouvent aujourd’hui sur les rĂ©seaux sociaux, cette fameuse preuve de la
promesse publicitaire par eux-mĂȘmes via les commentaires, les Ă©changes qui sup-
plantent presque les arguments des vendeurs.
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Il leur faut Ă©galement intĂ©grer des Ă©lĂ©ments comme le paradoxe entre l’accĂ©lĂ©ration
du temps et l’adhĂ©sion aux marques. En utilisant la technologie, la relation est im-
mĂ©diate et fusionnelle, mais l’individu - à travers l’outil numĂ©rique - s’oublie lui-mĂȘme
et perd de son authenticitĂ© au profit d’une gĂ©nĂ©ralisation de l’authenticitĂ©. C’est la
fin de l’ego, alors qu’on ne cesse d’affirmer ĂȘtre dans une sociĂ©tĂ© individualiste.
Enfin, en allant de plus en plus dans la virtualité, les internautes auront besoin de
plus d’incarnation, à travers le lieu, le lien, le temps
 Et la marque fait partie du
projet, car face au mythe de la grande connexion et de l’universalisme, il y a un fort
besoin de retrouver le particularisme et de remettre le contexte au premier plan.
SĂ©duire le Social Super Ego
Le Social Super Ego n’est pas un monstre, il a simplement besoin d’ĂȘtre sĂ©duit et
considĂ©rĂ© car survivre dans le monde digital, c’est comme survivre dans le monde
rĂ©el. Le challenge des marques est donc de regarder en elles-mĂȘmes, pour Ă©valuer
si leur rÎle choisi en ligne est suffisamment séduisant et synchrone avec le cyber
client.
En effet, si les médias sociaux offrent une infinité de possibilités de tisser des liens,
les rĂšgles de l’amitiĂ© ne changent pas pour autant. Celle-ci ne peut naĂźtre que d’une
profonde complicitĂ© et du dĂ©sir de sonder l’autre dans toutes ses dimensions. Et
pour construire une relation riche et durable, la marque doit se poser de bonnes
questions : comment l’aider Ă  se sentir apprĂ©ciĂ© et lui donner un sentiment d’appar-
tenance ? Comment entretenir l’estime de lui-mĂȘme ? Comment l’aider Ă  rĂ©aliser
son rĂȘve ?
Tout cela commence par un climat de confiance, en instaurant le bon Ă©quilibre au
sein des communautés, en créant un havre de paix plutÎt que de la compétitivité
entre fans. En identifiant les vĂ©ritables origines de l’influence et en abandonnant les
idĂ©es reçues, car elle est partout et Ă©mane de n’importe qui, n’importe quand. Il faut
chercher plus loin que Facebook et Twitter. D’autres plates-formes comme fours-
quare, ou des sites de social shopping regroupent des influenceurs avec une portée
impressionnante. Il ne faut pas se contenter des annuaires tout faits, mais utiliser
des outils fiables de veille pour identifier le bruit
 et mener des explorations de fond
sur les réseaux identifiés
 pour savoir qui mÚne la conversation.
Puis, il lui faut rĂ©flĂ©chir Ă  des leviers intelligents pour Ă©lever l’individu au niveau de sa
personnalité idéalisée sur le net. Ainsi, le monde digital procure à ce dernier le
charme de pouvoir ĂȘtre quelqu’un d’autre, de modeler son identitĂ© en courant aprĂšs
des gages de diffĂ©rence et de privilĂšges. La marque renvoie l’ascenseur en flattant
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l’ego de l’internaute qui peut faire et dĂ©faire sa rĂ©putation, son destin. En percevant
ce dĂ©sir de reconnaissance, elle a raison de le valoriser pour ce qu’il est vraiment.
Le coup de projecteur est un plus, mais la voie de l’authenticitĂ© est meilleure.
Comme le dĂ©montrent, les campagnes Benetton « it’s my :time » et celle des Ă©gĂ©ries
de Dove. L’un mondial, l’autre national, les castings recrutent parmi les amoureux
de la marque. Les consommateurs sont mis sous les feux de la rampe pour leurs
qualitĂ©s d’individus, et pas transformĂ©s en super modĂšles scintillants. Ce qui signifie
une attention pour chacun, et la multiplication des actes gratuits de générosité. Une
tendance trĂšs prĂ©gnante aujourd’hui.
La marque doit aussi se raconter. Avec le story telling ou le brand content, il est pos-
sible d’intĂ©grer l’identitĂ© du consommateur dans un dispositif qui construit autant la
marque que l’image projetĂ©e de l’individu. Ainsi, il est pertinent de façonner l’individu
pour façonner la marque et de développer curation et gestion de contenu.
Autre piste : le crowdsourcing qui reste le plus fort levier d’accomplissement per-
sonnel en permettant aux consommateurs de se sentir impliqués dans une commu-
nautĂ© oĂč les convictions et idĂ©es de chacun peuvent contribuer Ă  la construction du
futur de l’identitĂ© et de l’image de la marque. En faisant travailler le consommateur
avec elle, la marque lui donne une chance de changer le monde.
Enfin, il faut aussi s’amuser des travers que le consommateur provoque, notamment
lorsqu’il attise l’exhibitionnisme et le perfectionnisme de la marque. Ce voisinage para-
doxal entre Ă©gocentrisme accru et tendance Ă  l’autodĂ©rision a inspirĂ© quelques marques
pour matĂ©rialiser l’internaute de façon surprenante. Par exemple, en se moquant des
uns et des autres, en testant son influence, ou en immortalisant sa vie sociale

Acquérir, fidéliser, transformer
Jamais, le consommateur n’a Ă©tĂ© aussi accessible et pourtant il n’a jamais Ă©tĂ© aussi
complexe de le capter. Or, la marque a besoin de ses clients. Qu’ils gravitent ou non
autour d’elle, elle doit ramener en son sein, leurs discussions qui ont tendance à se
dĂ©velopper en dehors d’elle. Car, c’est sĂ»rement plus facile et logique que de se
transposer au cƓur des consommateurs.
LA rĂ©ponse pour ingĂ©rer le cloudbranding est d’aller vers un marketing post-moderne
et de se dĂ©faire des anciens rĂ©flexes. Le principe est d’une part, de viser un dispositif,
smartphone, profils Facebook
, plutît que l’individu, car ce qui compte c’est l’effica-
citĂ© du profilage. Et d’autre part, ne pas s’encombrer de l’anonymat qui n’est plus un
problĂšme. C’est peut-ĂȘtre mĂȘme une solution aux questions et contraintes juridiques.
32 - 2013 - AACC
Il n’en reste pas moins que si cet Ă©cosystĂšme gĂ©nĂšre des tensions, il est la source
de dynamiques. La marque, en veille ou en activité face à son consommateur/déci-
deur, ne doit donc pas se limiter et se focaliser sur les dangers mais s’ouvrir com-
plĂštement aux possibilitĂ©s. Elle doit positiver dans l’intention et n’avoir que deux
questions en tĂȘte : comment inventer et ĂȘtre projective ? Quels sont les chantiers
avec lesquels transformer le business ? Ce qui passe par la crĂ©ation permanente
d’une opensource, au grĂ© de l’individu.
Alors pour rĂ©pondre Ă  l’exigence, la maturitĂ© et l’infidĂ©litĂ© de l’internaute, comme Ă 
la concurrence accrue sur fond de crise, la marque dispose de plusieurs moyens :
âœčâœč DĂ©velopper une pertinence de contenu, une stratĂ©gie de la qualification des
contacts et du ciblage comportemental.
âœčâœč Se recentrer sur le destinataire final avec un marketing ciblĂ©, pertinent,
contextuel.
âœčâœč Intervenir dans le parcours d’achat et calibrer ses initiatives marketing par canal.
âœčâœč Contenter le public en lui offrant ce qu’il dĂ©sire, comme des offres instantanĂ©es et
plus flexibles ou la possibilitĂ© d’échanger des primes de plusieurs maniĂšres. RĂ©-
pondre au besoin d’un engagement personnalisĂ© en intĂ©grant l’importance des
récompenses dans tous les programmes de fidélisation.
âœčâœč CrĂ©er de la valeur ajoutĂ©e immĂ©diate pour ses clients pour qui bĂ©nĂ©ficier de
primes ne suffit plus.
âœčâœč Concentrer les budgets et l’énergie sur ce qui intĂ©resse leur client.
âœčâœč Accompagner l’usage des comparateurs de prix et les showrooming.
âœčâœč Faire converger les 2 Ă©cosystĂšmes du commerce et de l’e-commerce, en repen-
sant les outils de gestion de la relation client (tracking, CRM, data
) pour faire
communiquer les silos entre eux.
âœčâœč IntĂ©grer une cohĂ©rence dans les prix et les donnĂ©es comportementales entre
l’achat online et offline.
âœčâœč Imaginer des programmes de fidĂ©lisation qui intĂšgrent le web et le point de vente.
AACC - 2013 - 33
âœčâœč Ne plus pĂȘcher par orgueil, face Ă  la rĂ©bellion pacifique du consommateur.
âœčâœč S’accorder Ă  l’interne pour parler avec le mĂȘme vocabulaire selon qu’on est directeur
marketing ou dircom.
Deux passages obligés
Toutefois, la quĂȘte du Graal ne s’arrĂȘte pas lĂ . Et pour ĂȘtre sĂ»res d’offrir au consom-
mateur le frisson d’une expĂ©rience d’achat enrichie, les marques doivent emprunter
deux passages obligés.
D’abord, rĂ©inventer le cross canal en effaçant le distinguo entre publicitĂ© et autres
canaux de communication. Ce clivage est moins fort mais toujours d’actualitĂ©. Or,
l’utilisateur Internet doit ĂȘtre au centre et il faut arriver Ă  lui parler d’une seule voix en
innovant et en mixant les formats.
Ensuite, rester pro actives, en faisant Ă©voluer leur relation client Ă  travers des tech-
niques qui ont fait leur preuve comme l’adresse postale qui garde toute sa perti-
nence stratĂ©gique mais aussi via d’autres expĂ©riences plus rĂ©centes comme le trĂšs
prometteur VRM (Vendor Relationship Management).
L’idĂ©e centrale du VRM est de fournir aux consommateurs des outils pour gĂ©rer et
piloter leurs relations avec les marques. Ces dispositifs les aideront par exemple Ă 
mieux choisir leurs fournisseurs de services (télécom, banque, tourisme
), à mieux
acheter en pouvant lancer leurs propres appels d’offres ou encore à mieux contrîler
les informations qu’ils partagent. Le VRM est comme un CRM inversé : il permet au
consommateur de gĂ©rer sa relation avec l’ensemble des marques qui l’intĂ©ressent,
tout comme la marque utilise le CRM pour mieux gérer sa relation avec ses clients.
Avec le VRM, le « moi » du consommateur affirme haut et fort qui il est et ce qu’il
attend des marques. Il fait du farming (location de personnage), car il sait qu’il va
ĂȘtre traquĂ©, alors il dĂ©multiplie les pistes. La gestion des identitĂ©s d’un individu
construit les différents environnements digitaux qui lui correspondent. Ce qui lui
confÚre un sentiment de pouvoir et de maßtrise. Ses identités deviennent un bien
immatériel
 une arme. Le VRM peut ainsi devenir la plateforme de commercialisa-
tion de ses multiples identitĂ©s et dĂ©sirs. Les datas et l’intelligence marketing s’enri-
chissent alors de son comportement et alimentent son ciblage marketing. On pour-
rait mĂȘme voir Ă©merger des fabricants d’identitĂ© qui vendraient ou louraient des
profils avec par exemple : « 1 moi pour 1 mois, dĂ©couvrez offres et expĂ©riences va-
riĂ©es et exclusives pour 19 euros  » 
34 - 2013 - AACC
Avec cette discipline, la marque passe bien de l’économie de l’attention Ă  celle de
l’intention. Elle inverse totalement la relation commerciale. RĂ©sultat : en passant
d’un marketing de masse Ă  un marketing ciblĂ© puis Ă  un marketing micro ciblĂ© mas-
sif, elle peut massifier et industrialiser son micro ciblage sans pour autant connaitre
l’identitĂ© de la personne. C’est l’IdentitĂ© numĂ©rique (IDN) versus le CRM ou l’ultime
combat !
Un exemple intĂ©ressant de VRM liĂ© Ă  l’identitĂ© (collecte et maitrise de donnĂ©es
personnelles) : le site www.enliken.com/discover
Le marketing des bonnes maniĂšres
Les marques utilisent les informations personnelles, traquent l’activitĂ© des inter-
nautes, analysent leurs comportements
sans une véritable transparence. Et si elles
les rassuraient sur leurs pratiques, sans ambigĂŒité ? Et si l’internaute, qui n’est pas
dupe, Ă©tait enfin capable de maĂźtriser les donnĂ©es qu’il partage, en toute connais-
sance de cause, sans avoir l’impression d’ĂȘtre berné ?
Les marques ne pourront se réinscrire dans le schéma du Win/Win avec leur
consommateur qu’en rĂ©pondant Ă  des questions comme : quel comportement
adopter ? Comment ĂȘtre respectueuses, intelligentes ? Et puisqu’elles connaissent
dĂ©jĂ  Ă©normĂ©ment de choses sur le consommateur, comment ne pas ĂȘtre dĂ©pla-
cĂ©es, indĂ©licates quand elles s’adressent Ă  lui et Ă  ses avatars ? C’est seulement en
affichant Ă©ducation, discrĂ©tion et sobriĂ©tĂ© qu’elles seront bien perçues et qu’on leur
sera gré de leur intrusion.
Mais dĂ©jĂ , l’apaisement est en bonne voie avec un assainissement de la collecte
des donnĂ©es. En effet, il y a moins d’échanges de BDD, d’achats de fichiers non
qualifiĂ©s ou d’aspirations d’adresses sur le web, au profit de stratĂ©gies plus pĂ©rennes
et dĂ©ontologiques avec des collectes sur les sites, l’utilisation de fichiers clients et la
captation sur les points de vente. D’autre part, tenir compte des « Digital Detox » qui
dénoncent la dimension Big Brother du web, est aussi une option payante.
En ne cherchant plus à voler des informations, l’entreprise ne peut qu’encourager le
consommateur Ă  moins se cacher.
Les agences : des alliées précieuses
Internet n’est pas simplement un media, c’est un territoire oĂč il existe une vraie vie,
oĂč l’on peut gagner de l’argent, construire une rĂ©putation
 Il faut en connaĂźtre les
constituants.
AACC - 2013 - 35
Aux agences de faire comprendre à leurs clients que c’est à cette seule condition
qu’ils pourront regagner la confiance et gĂ©rer Ă  nouveau la possibilitĂ© d’appuyer sur
le bouton du « on » ou du « off » de leur relation avec le consommateur.
Aux agences aussi de jouer leur rîle de conseil pour amorcer le virage de l’innova-
tion, et accompagner les marques qui ne doivent pas ĂȘtre sur la dĂ©fensive mais
volontaires, en les aidant à cerner l’impact structurel du e-commerce auprùs des
clients.
Un objectif qui passe par la triple obligation de ne pas subir la technologie, de consi-
dĂ©rer la problĂ©matique d’outil comme secondaire et d’envisager tous les scenarii
possibles, ce qui implique de susciter la créativité.
Notamment en partant de nouveaux principes comme par exemple le profil qui devient
une identitĂ©, ĂȘtre conscientes que l’intrusion est concrĂšte, que les consommateurs ont
une courbe de comportement trĂšs rapide de mise en place de stratĂ©gies d’évitement,
et que c’est dĂ©sormais l’individu qui donne la consigne et non plus la marque.
Autant d’élĂ©ments qui feront que les annonceurs et les agences devront travailler
sur des paramĂštres comme la psychologie et le comportement, et plus seulement
sur les datas et les algorithmes 
 trop mĂ©caniques.
D’autre part, il est impĂ©ratif d’accompagner les annonceurs dans l’action en temps
rĂ©el, la crĂ©ation de contenu crĂ©dible afin de rendre l’information utile et d’obtenir une
reconnaissance sociale via les pages web, car Internet est un outil de valorisation
sociale.
DerniÚre mission et pas des moindres  : inciter les marques à préférer le VRM.
Notamment en réunissant les conditions pour que ces plateformes se créent et se
déploient en France. Et en définissant parfaitement les engagements mutuels de la
marque et du consommateur.
Bref les amener à développer le capital confiance, car le consommateur a besoin
d’ĂȘtre rassuré !
36 - 2013 - AACC
Quelques recommandations pour ce nouveau jeu (de rÎle) :
âœčâœč Ne pas chercher Ă  ĂȘtre intrusif, laisser le consommateur entrer en relation avec la
marque et se dévoiler progressivement.
âœčâœč Penser la relation dans la durĂ©e, via tous les points de contacts, de maniĂšre
homogÚne, dans un timing maitrisé (customer journey).
âœčâœč Enrichir les bases clients de donnĂ©es comportementales afin de travailler davan-
tage sur les comportements de segments consommateurs plutĂŽt que de
poursuivre la quĂȘte de l’identitĂ© exacte.
âœčâœč Construire une cohĂ©rence des points de contacts (web, magasin, mobile) pour
développer la connaissance client déjà existante mais non active.
âœčâœč Apprendre Ă  jouer avec les masques et les rĂŽles du consommateur (gamification
du marketing) et ne pas chercher forcément le vrai individu derriÚre le masque
(post modernisme du marketing).
âœčâœč Disposer d’outils et de process CRM permettant d’avoir une vision unique du
consommateur quelques soient les points de contact.
âœčâœč Mettre en place une vĂ©ritable politique de Privacy Policy, voire une charte de
respect des données personnelles.
âœčâœč Mettre en place un rĂ©fĂ©rentiel. Certains points de contact sont plus durables que
d’autres : l’adresse postale est un rĂ©fĂ©rentiel qui reprendra dans les annĂ©es qui
viennent ses lettres de noblesse dans la mesure oĂč elle permet d’identifier la
rĂ©alitĂ© concrĂšte d’un consommateur.
âœčâœč Enfin, prĂ©voir l’arrivĂ©e de nouveaux dispositifs qui permettront aux consomma-
teurs de se protĂ©ger et de gĂ©rer eux-mĂȘmes la relation aux marques (VRM). Etre
pro-actif dans la mise en place de ces outils (création de web services entre le
CRM de la marque et le VRM du consommateur).
AACC - 2013 - 37
38 - 2013 - AACC
4/ ET DEmain
 le VRM ?
Internet et les technologies de l’information n’ont pas fini de rĂ©volutionner nos sociĂ©tĂ©s.
Dans le commerce, la désintermédiation et la ré-intermédiation ont été les premiers volets
d’une rĂ©volution dans les modes de commercialisation des produits et des services...
Preuve Ă  l’appui, les soucis de Surcouf puis de Virgin MĂ©gastore montrent par
exemple les effets d’Internet dans l’industrie des produits culturels. La prochaine
Ă©tape pourrait ĂȘtre plus radicale. En effet, comme le rappelle fort justement les au-
teurs du rapport Collin et Colin, le numĂ©rique « dĂ©vore » dĂ©sormais tous les secteurs
d’activitĂ©s de l’économie. Mais surtout, en fournissant de nouveaux outils aux
consommateurs, Internet leur donne de nouveaux pouvoirs. Ainsi par exemple, la
démocratisation des smartphones fait peur à de nombreuses enseignes dont les
clients pratiquent de plus en plus le showrooming. Les comparateurs de prix et les
avis de consommateurs sont désormais dans nos poches. Informés et en réseau,
les clients peuvent désormais challenger les marques, les comparer et les mettre en
concurrence. Et ce n’est qu’un dĂ©but !
Un consommateur vraiment puissant
C’est la thĂšse partagĂ©e par ceux qui prĂ©voient l’arrivĂ©e massive de nouveaux ser-
vices online qui renforceront encore le pouvoir des consommateurs. C’est l’objectif
notamment des plateformes de VRM. (cf page 33)
De l’attention à l’intention
Dans son livre The Intention Economy, Doc Searls, connu pour ĂȘtre l’un des 4 auteurs
du Cluetrain Manifesto, nous expose sa vision « client centric » de l’avenir du com-
merce. Selon lui, nous allons passer d’une « économie de l’attention » Ă  une « éco-
nomie de l’intention ». Dans la premiĂšre, les marques cherchent Ă  capter l’attention
des consommateurs pour les séduire et vendre leurs produits. Dans la seconde, ce
sont les consommateurs qui vont expliciter leurs intentions d’achat et exploiter des
outils pour optimiser leurs relations aux marques. Dans la premiĂšre, les marques
collectent et cumulent des données sur leurs clients pour mieux les cibler et renfor-
cer la performance publicitaire. Dans la seconde, ce sont les clients qui gĂšrent les
donnĂ©es les concernant et les items (passions, hobbies, centres d’intĂ©rĂȘts, etc.) sur
lesquels ils veulent bien ĂȘtre interpellĂ©s par les marques. GrĂące Ă  de nouveaux inter-
médiaires, véritables tiers de confiance, les consommateurs posséderont leur propre
centre de donnĂ©es personnelles qu’ils partageront ou pas et de maniĂšre sĂ©lective
avec les entreprises. Ils pourront donc faire le tri entre les marques qu’ils aiment et
les autres dont ils pourront mieux se protéger.
AACC - 2013 - 39
Selon Doc Searls, pour parvenir Ă  cet objectif, les consommateurs doivent tout
d’abord se rĂ©approprier leurs donnĂ©es personnelles. La digitalisation de la relation
entre les marques et les consommateurs permet aux entreprises et aux intermédiaires
(Google, Facebook, les Ad Server
) de collecter de nombreuses informations sur les
profils et le comportement des consommateurs. Ces données sont ensuite plus ou
moins bien exploitées par les marketers pour cibler et personnaliser les messages que
les consommateurs reçoivent de la part des marques. L’un des objectifs que pour-
suivent les tenants du VRM est de fournir aux consommateurs des solutions pour se
rĂ©approprier ces donnĂ©es, ĂȘtre en mesure de les gĂ©rer et de les exploiter. Cela passe
par la mise en place d’applications digitales qui facilitent ces pratiques (ex. la version
beta de Privowny) mais aussi Ă©ventuellement par de nouvelles rĂšgles que peuvent im-
poser les gouvernements à l’instar du projet MyData au Royaume-Uni.
Le MyData Ă©quilibre les rapports de force entres les marques et les
consommateurs
LancĂ© officiellement durant l’étĂ© 2012, MyData vise la mise en place de plateformes
qui permettront de normaliser et d’échanger les donnĂ©es collectĂ©es par les grandes
marques, les enseignes et les différents opérateurs (banques, télécom
) britan-
niques. Le gouvernement de Cameron veut « inciter » les entreprises Ă  partager de
maniĂšre plus ouverte les donnĂ©es personnelles qu’elles possĂšdent sur leurs clients.
Cela permettra à ces clients de ré-exploiter ces données et de les valoriser auprÚs
d’autres marques. ConcrĂštement, imaginez que votre banque ou que votre opĂ©ra-
teur tĂ©lĂ©com vous permettent d’accĂ©der et de tĂ©lĂ©charger vos donnĂ©es de consom-
mation. Cela vous permettra d’aller voir d’autres banques ou d’autres opĂ©rateurs
pour qu’ils puissent vous faire une offre personnalisĂ©e au meilleur prix correspon-
dant Ă  votre profil de consommation.
Comme l’indique Norman Lamb du MinistĂšre en charge de MyData : « La technolo-
gie a permis aux professionnels de mieux comprendre leurs cibles Ă  un niveau
encore jamais atteint. Mais Ă  l’inverse le consommateur est dĂ©savantagĂ© car il n’a
pas les mĂȘmes moyens et connaissances pour prendre ses propres dĂ©cisions ». Ce
fameux MyData permet de rĂ©Ă©quilibrer les forces. L’idĂ©e est donc d’apporter des
pouvoirs équivalents entre les marques et les consommateurs. La décision du gou-
vernement britannique est à la pointe des tendances sociétales et technologiques.
Elle devance une demande encore peu explicite mais dont l’émergence ne saurait
tarder. Tout comme la logique de l’Open Data dans le domaine public, l’objectif est
d’obliger les acteurs privĂ©s Ă  partager les donnĂ©es qu’ils possĂšdent pour que des
tiers (éditeurs informatiques, développeurs indépendants, start-up 
) puissent ima-
giner et développer des applications au service des consommateurs.
40 - 2013 - AACC
On le voit, Internet a provoqué une vague de fond qui donne des moyens inédits
aux consommateurs. Nous n’en sommes qu’aux prĂ©mices. Cela ne veut pas dire
que les marques vont perdre toute possibilitĂ© de sĂ©duction et d’activation des
consommateurs. Au contraire, les donnĂ©es qu’elles, ou que les nouveaux intermĂ©-
diaires rĂ©coltent, vont permettre d’aller de plus en plus loin dans le ciblage et la
personnalisation en temps réel des campagnes et donc renforcer leur efficacité.
Néanmoins, pour réussir à résister à cette vague de fond, les marques devront
évoluer et mettre en place des organisations et des outils spécifiques. Voici
quelques pistes, réflexions et interrogations suscitées par ce véritable tsunami digi-
tal de nouveaux pouvoirs consuméristes :
âœčâœč La digitalisation de l’entreprise sera fondamentale. Pour autant, il ne faut pas rater
l’essentiel : au-delĂ  de la digitalisation, il s’agit surtout d’intĂ©grer en quoi Internet
transforme le comportement des consommateurs et du coup le rapport de force
entre les consommateurs et les marques. Au niveau du marketing, ce qui est
capital, c’est d’apprĂ©hender la nouvelle place et la nouvelle puissance du client.
Cela nĂ©cessitera d’organiser REELLEMENT l’entreprise autour de la connais-
sance, de la relation et du service client.
âœčâœč Les marques devront mettre en place les dispositifs CRM qui leur permettront
d’exploiter les donnĂ©es clients et du coup de « dialoguer » avec les plateformes
VRM. L’interfaçage entre les plateformes VRM et le CRM deviendra bientît l’un
des principaux enjeux IT du marketing.
âœčâœč On peut se poser la question de l’intĂ©rĂȘt rĂ©el des consommateurs pour les plate-
formes VRM. RĂ©ussiront-elles Ă  attirer les consommateurs ? Ne seront-elles pas
trop complexes ? Ces questions sont lĂ©gitimes. Pour autant, nous pouvons
compter sur l’ingĂ©niositĂ© de la communautĂ© des dĂ©veloppeurs et des start-up
pour concevoir et développer des plateformes conviviales, ludiques et générant
suffisamment de valeur ajoutĂ©e pour sĂ©duire les consommateurs. Le VRM n’est
qu’un exemple applicatif d’un mouvement de fond qu’il ne faut pas sous-estimer.
âœčâœč L’exploitation marketing des donnĂ©es personnelles est de plus en plus mal vĂ©cue
par un nombre croissant de citoyens. Les législations se multiplient pour protéger
les consommateurs et leur vie privée. Le VRM constitue de fait une réponse inno-
vante et adéquate aux craintes légitimes des consommateurs. En leur permettant
de se réapproprier leurs données personnelles, les projets VRM vont rétablir la
confiance dans la relation marque/consommateur.
âœčâœč La question de la valeur Ă©conomique des donnĂ©es personnelles est Ă©galement
posĂ©e. Une rĂ©cente Ă©tude du Boston Consulting Group montre l’importante pro-
gression de l’économie des donnĂ©es. La « vie personnelle » d’un europĂ©en vau-
drait aujourd’hui 600 euros. A qui appartiennent les donnĂ©es personnelles ? Com-
ment gĂ©rer et protĂ©ger ce capital immatĂ©riel ? LĂ  encore, la possibilitĂ© pour les
individus de gérer leur propre banque de données personnelles via des plate-
formes dĂ©diĂ©es semble ĂȘtre une rĂ©ponse appropriĂ©e Ă  cette problĂ©matique. Le
VRM clarifie et rend plus transparent des flux de données et donc de valeur qui
resteraient invisibles et opaques aux yeux des consommateurs, créant là encore
de la défiance

Le VRM n’est pas une solution miracle mais il rĂ©pond Ă  un nombre important de
problĂšmes soulevĂ©s par la digitalisation de l’économie. C’est peut-ĂȘtre une nouvelle
utopie technologique mais qui met en lumiùre un mouvement de fond qui n’a pas
fini de bouleverser la sociĂ©tĂ© marchande. TrĂšs concrĂštement, c’est le projet d’un
ensemble de solutions applicatives qui permettront de rééquilibrer la relation entre
les marques et leurs clients. Portée par une communauté de chercheurs, de déve-
loppeurs et de start-up, c’est une idĂ©e ambitieuse qui prend forme et se concrĂ©tise
chaque jour davantage. Nous voilĂ  prĂ©venus !
Association des Agences-Conseils en Communication
40, boulevard Malesherbes 75008 Paris
www.aacc.fr

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Thinktank identite

  • 1. *Attrape-moi si tu peux think tank À quel je joue le consommateur ?
  • 2.
  • 3. AACC - 2013 - 3 La dĂ©lĂ©gation Customer Marketing de l’AACC (Association des Agences-Conseils en Communication) rassemble 21 agences dont le mĂ©tier est d’accom- pagner les marques dans leur stratĂ©gie marketing centrĂ©e sur le client. La connaissance client, l’interaction avec celui-ci via l’ensemble des canaux web, mobile, rĂ©seaux sociaux, magasins, et mailing constituent les principaux leviers dĂ©ployĂ©s et mesurĂ©s. Les chantiers menĂ©s par la dĂ©lĂ©gation ont pour objectif d’apporter une rĂ©flexion sur les consommateurs et sur nos mĂ©tiers, afin d’anticiper les Ă©volutions et prĂ©parer l’avenir.
  • 4. 4 - 2013 - AACC JĂ©rome TouchebƓuf Directeur GĂ©nĂ©ral Mediapost Communication / PrĂ©sident de la dĂ©lĂ©gation Customer Marketing de l’AACC Yan Claeyssen PrĂ©sident d’ETO / Vice- PrĂ©sident de la dĂ©lĂ©gation Customer Marketing de l’AACC Cyril Rimbaud Bloggeur Jean-Baptiste de Froment Philosophe Benjamin Pardo Vice-PrĂ©sident de la dĂ©lĂ©gation Customer Marketing de l’AACC LE THINK TANK : La dĂ©lĂ©gation Customer Marketing de l’AACC a crĂ©Ă© en 2011 un think tank dont l’objectif est de rĂ©flĂ©chir aux nouveaux enjeux de la relation marque / consommateur. L’ambition est d’apporter des repĂšres permettant aux diffĂ©rents acteurs du marchĂ© de mieux apprĂ©hender les nouvelles rĂšgles du marketing client d’aujourd’hui et les possibles de la relation de demain.
  • 5. AACC - 2013 - 5 Benoit HĂ©ry Fondateur Le Cabinet Guillaume Anselin Chief Strategy & Innovation Officer Wunderman Group France Catherine Michaud PrĂ©sidente /XL StĂ©phane Dumont SAGE - Responsable Marque et PublicitĂ© - Direction de la Communication StĂ©phane Hugon Sociologue A cette occasion, elle organise une journĂ©e de dĂ©bats en prĂ©sence de personnalitĂ©s expertes autour d’un thĂšme donnĂ©. Le contenu de ces Ă©changes est synthĂ©tisĂ© Ă  travers un livre blanc. AprĂšs le 1er livre blanc La transparence, une rĂ©ponse Ă  la dĂ©fiance, le thĂšme choisi pour le second think tank est « IdentitĂ© : Catch me if you can ! » Ont ParticipĂ© : Isabelle Musnik / GaĂ«l Clouzard / Florence Berthier
  • 6.
  • 7. PrĂ©ambule L’identitĂ© du consommateur : un Ă©cheveau complexe, et pourtant
 8 Étude/ Web, internautes et marques ! 10 1/ L’identitĂ©, matiĂšre vivante en mouvement perpĂ©tuel L’identitĂ© Une et Indivisible 13 Le mythe de l’authenticitĂ© 13 Les nouvelles identitĂ©s familiales 14 Le mal ĂȘtre de la diffraction identitaire 14 La numĂ©risation, source de dĂ©sincarnation 15 L’anonymat digital : vertueux ou vicieux? 15 L’avĂšnement du Social Super Ego 16 MatiĂšre vivante 16 2/ A quel «je» joue le consommateur La fin de l’unicitĂ© 18 Se crĂ©er plusieurs familles 18 Le « je » jubilatoire et exhibitionniste 19 VolatilitĂ© et infidĂ©litĂ© 20 Plusieurs devices, plusieurs adresses 20 Des consommateurs de plus en plus futĂ©s 21 La data entre ciblage et traçage 21 Trop de sĂ©ries de donnĂ©es tuent les sĂ©ries de donnĂ©es 22 Effacer la mĂ©moire du numĂ©rique ou brouiller les pistes 23 Le droit Ă  l’oubli cautionnĂ© 25 Se fondre dans la masse 25 3/ Les marques doivent ĂȘtre en empathie Retrouver le sens du contact 28 Un consommateur gĂ©nĂ©reux Ă  encadrer 28 Pas de rĂ©ponses toutes faites 29 SĂ©duire le Social Super Ego 30 AcquĂ©rir, fidĂ©liser, transformer 31 Deux passages obligĂ©s 33 Le marketing des bonnes maniĂšres 34 Les agences : des alliĂ©es prĂ©cieuses 34 Quelques recommandations pour ce nouveau jeu (de rĂŽle) 36 4/ ET DEmain
 le VRM ? Un consommateur vraiment puissant 38 De l’attention Ă  l’intention 38 Le projet MyData 39 8 13 18 28 38
  • 8. 8 - 2013 - AACC L’IDENTITÉ DU CONSOMMATEUR : UN ÉCHEVEAU COMPLEXE, ET POURTANT
 L’identitĂ© est, comme l’ADN, un acquis essentiel, unique et constitutif de tout indi- vidu. Elle se niche partout et permet Ă  tout ĂȘtre de se dĂ©finir, d’affirmer qui il est. Sans elle, point de salut ni de sociĂ©té ! Pourtant, elle ne s’arrĂȘte pas en si bon chemin. En effet, concept aussi vieux que les temps les plus reculĂ©s, elle est en perpĂ©tuelle Ă©volution et mutation. ModelĂ©e, au fil des siĂšcles par les Ă©vĂ©nements historiques, les bouleversements de sociĂ©tĂ© ou les progrĂšs technologiques. Au point de donner Ă  l’individu un formidable espace de libertĂ© d’expression. Plus que salutaire, ce processus Ă©vite tout cloisonnement et permet de passer du : « ce que je suis » Ă  « ce que je fais » et « ce que je fais savoir », de se recomposer, de se projeter vers un nouvel idĂ©al, bien plus que de se mettre en danger. L’identitĂ© est bel et bien en perpĂ©tuel mouvement. Et c’est une bonne nouvelle ! Digital aidant, cette notion a peut-ĂȘtre encore plus Ă©voluĂ© dans les mĂ©tiers du mar- keting et de la communication que partout ailleurs. Car l’identitĂ© du consommateur hyper connectĂ© via des points de contact divers et variĂ©s, n’est plus une mais multiple. DĂ©stabilisant ? SĂ»rement ! D’autant que grĂące aux ordinateurs, smartphones, tablettes
 et au cross canal, le consommateur segmente sa personnalitĂ© en fonction des communautĂ©s auxquelles il s’expose, des endroits oĂč il se trouve, de l’activitĂ© qu’il pratique ou d’une pĂ©riode de sa vie. DĂ©sormais, il dĂ©crypte tout et il donne les informations qu’il a envie de donner Ă  la marque. Il joue. Il cabotine. Car il est dĂ©sormais un « je » multiple et il dĂ©cide de celui sur lequel il va donner Ă  la marque le droit d’exercer une influence. Mais ce nouveau consommateur est aussi Ă©duquĂ© et douĂ© d’un cerveau oĂč ration- nel et affectif le conduisent Ă  ne pas se rĂ©duire Ă  un simple clavier en liaison avec le cloud, le web ou Ă  une vulgaire donnĂ©e. Bien au contraire, en quĂȘte de crĂ©ativitĂ©, de partage, de reconnaissance, de diffĂ©rence, de valeur ajoutĂ©e, d’expĂ©rience et d’exigence, il tient Ă  son identitĂ© personnelle d’internaute.
  • 9. AACC - 2013 - 9 Et c’est bien parce qu’un consommateur ne se rĂ©sume pas Ă  un contenu numĂ©- rique sur un serveur, et parce que l’ùre des nouvelles technologies n’en est qu’à ses dĂ©buts, que cette immatĂ©rialitĂ© de l’identitĂ© du consommateur ne doit pas ĂȘtre un obstacle. Elle n’est ni insaisissable, ni un leurre, ni un signe de dĂ©samour. Cette nouvelle dĂ©finition de la cible devenue multicibles bouscule les standards. Ce serait une grossiĂšre erreur de l’ignorer ou d’hĂ©siter faute de la comprendre. Il est de l’intĂ©rĂȘt des annonceurs et des agences d’intĂ©grer cette nouvelle donne qui incite Ă  inventer des stratĂ©gies et Ă  redĂ©ployer des moyens pour penser autrement le positionnement de la marque et capter ou fidĂ©liser ce nouveau puzzle qu’est devenu le consommateur. Une rĂ©flexion qui passe par un grand coup de pied dans les approches. Car il est hors de question de dĂ©finir en creux les modĂšles publicitaires ou de marketing direct. Toutefois, entre ciblage et traçage, plutĂŽt que de jouer au plus fort, les marques doivent mieux jouer, et entrer en conversation avec chacun de leurs clients. En commençant par une meilleure gestion des bases de donnĂ©es (BDD) qui privilĂ©- gie la qualitĂ© sur la quantitĂ©, la confidentialitĂ©, le respect. Mais aussi par une approche stratĂ©gique pro-active pour redevenir partenaires, en Ă©vitant des rĂ©ponses toutes faites, et en imaginant ou optimisant des leviers marketings ciblĂ©s et efficaces comme le Vendor Relationship Management (VRM), l’adresse postale, le brand content
 Bref en inventant un Ă©cosystĂšme ! La sociĂ©tĂ© de consommation est en rĂ©volution, et plus que jamais l’identitĂ© multi facettes du consommateur y joue un rĂŽle essentiel. Alors, ĂȘtre capable d’exploiter les diffĂ©rents masques d’une mĂȘme identitĂ©, et gĂ©rer tous ces profils sur l’autel d’une cohĂ©rence inĂ©dite, c’est ne pas se perdre, c’est avancer vers demain, bien sĂ»r ! C’est aussi se projeter dans les trente prochaines annĂ©es ! Bienvenue dans le monde merveilleux de l’identitĂ©...
  • 10. WEB, INTERNAUTES ET MARQUES ! L’étude rĂ©alisĂ©e par Toluna analyse le consommateur dans sa relation avec les marques sur Internet. DĂ©couvrez les rĂ©sultats Combien de profils Facebook avez-vous ? Vous arrive-t-il de donner une adresse- mail spĂ©cifique ou dĂ©diĂ©e lors de votre inscription Ă  une newsletter ou Ă  un site de marque ? Le fait de donner des informations sur vous Ă  une marque vous a-t-il dĂ©jĂ  Ă©tĂ© utile ? Trouveriez-vous utile de savoir ce que les marques font des donnĂ©es qu’elles possĂšdent sur vous ? Vous arrive-t-il de modifier la rĂ©alitĂ© de votre identitĂ© lors de votre inscription Ă  une newsletter ou Ă  un site de marque ? Combien d’adresses mail avez-vous ? 2 et + 3 et + 10 1 OUI OUI OUI OUI trĂšs utile NON NON NON NON pas trĂšs utile 2 8% 31% 61% 31% 32% 37% 38%62% 85%15% 61%39% 75% 18% 7%
  • 11. AACC - 2013 - 11 Les chiffres Ă  retenir : 69 % des personnes interrogĂ©es ont une adresse Facebook (dont 8% qui en ont 2 et plus) Si l’ensemble des personnes interrogĂ©es ont une adresse mail, 37% en ont 2 (professionnelle et personnelle) 31 % ont en revanche minimum 3 adresses mail, soit presque 1/3 des personnes interrogĂ©es. 62 % des personnes interrogĂ©es donnent une adresse mail spĂ©cifique ou dĂ©diĂ©e lors de leur inscription Ă  une newsletter ou Ă  un site de marque Seules 15 % des personnes interrogĂ©es modifient la rĂ©alitĂ© lors de leur inscription Ă  une newsletter ou Ă  un site de marque. GĂ©rer les informations reçues par mail, oui, mentir sur son identitĂ©, non
 39 % des personnes interrogĂ©es ont dĂ©jĂ  trouvĂ© utile de donner des informations privĂ©es Ă  une marque mais 75 % trouvent trĂšs utile de savoir ce que les marques font des donnĂ©es qu’elles rĂ©cupĂšrent.
  • 12.
  • 13. AACC - 2013 - 13 1/ L’IDENTITÉ, MATIÈRE VIVANTE EN MOUVEMENT PERPÉTUEL L’identitĂ© Une et Indivisible L’identitĂ© est « un ensemble de donnĂ©es de fait et de droit qui permet d’individualiser quelqu’un et d’établir son caractĂšre permanent et fondamental » (LAROUSSE : Grand dictionnaire encyclopĂ©dique). Des Ă©lĂ©ments qui aident Ă  dĂ©finir le triptyque absolu de toute dĂ©mocratie : libertĂ©, Ă©galitĂ©, fraternitĂ©. Donnant ainsi tout son sens Ă  la deu- xiĂšme partie de la dĂ©finition selon laquelle c’est aussi « la conviction d’un individu d’appartenir Ă  un groupe social, reposant sur le sentiment d’une communautĂ© gĂ©o- graphique, linguistique, culturelle et entraĂźnant certains comportements spĂ©cifiques ». Mais presque aussi vieille que le monde, l’identitĂ© n’a, longtemps, vĂ©cu qu’à travers les principes d’intĂ©rioritĂ© et de mĂ©fiance vis-Ă -vis de l’influence extĂ©rieure, avec comme principale posture : « On lutte contre l’autre, on existe contre l’autre ». Consi- dĂ©rĂ©e comme un legs, elle s’inscrit dans la continuitĂ©. Pourtant, qu’elle soit natio- nale, familiale, sociale, culturelle, territoriale, consumĂ©riste
 elle s’est modelĂ©e au fil des Ă©vĂ©nements historiques (1789 et la RĂ©volution Française
), sociĂ©taux (1804 et son Code Civil, le passage du rural Ă  la ville, les habitudes alimentaires
) et des rĂ©formes en tous genres (RĂ©forme protestante et Contre RĂ©forme Baroque
), mais aussi des progrĂšs scientifiques et des avancĂ©es technologiques. Le mythe de l’authenticitĂ© L’identitĂ© a aussi profitĂ© du mythe de l’authenticitĂ©. Un paramĂštre qui s’inscrit dans un mouvement d’émancipation d’aprĂšs-guerre. Et dans lequel les choix sont assu- mĂ©s, avec un certain dĂ©terminisme presque obsessionnel. Face au fameux  : « on nous cache tout, on ne nous dit rien », l’individu peut affirmer : « Aujourd’hui, j’ose adhĂ©rer au participatif car je m’accomplis par et Ă  travers les autres ». DĂ©sormais « Je » peux devenir un autre selon le contexte et le regard de l’autre. L’individu doit composer avec l’hĂ©tĂ©ronomie oĂč ce n’est plus sa propre loi mais celle de l’autre qui est sa loi : il est inachevĂ© et les autres vont lui permettre de se construire. En mĂȘme temps, l’identitĂ© a fait acte d’autonomie vis-Ă -vis de la nature ou du groupe. Car ne plus se conformer, c’est fermer la porte Ă  l’ennui. S’affranchir, c’est mieux gĂ©rer sa soif parfois irraisonnĂ©e du communautaire ou du partage.
  • 14. 14 - 2013 - AACC Les nouvelles identitĂ©s familiales La famille, quelle que soit sa forme (plurielle, recomposĂ©e, dĂ©composĂ©e, monopa- rentale, ouverte
), est aussi productrice d’identitĂ© revisitĂ©e avec de nouvelles no- tions comme le nomadisme conjugal, la situation des femmes qui ne sont ni Ă©pouse ni mĂšres, le modĂšle masculin inversĂ© grĂące Ă  la paritĂ© et ses diffĂ©rences, le mariage pour tous
 Autant d’évolutions qui estompent les diffĂ©rences gĂ©nĂ©rationnelles, mais qui sont aussi synonymes de l’effacement des genres, de l’avĂšnement de nou- veaux modĂšles avec la perte de rĂ©fĂ©rents ou de repĂšres. La famille est Ă  la fois une valeur refuge face Ă  la crise et un espace de conquĂȘte oĂč la transformation sociale et identitaire est continue. Le mal ĂȘtre de la diffraction identitaire Comme tout ce qui Ă©volue, l’identitĂ© doit affronter son lot de doutes, de remises en question et d’ajustements. Dans la pratique, le dĂ©passement de l’opposition individu/social prĂ©sente un risque : la perte de consistance du « moi » Ă  cause de l’angoisse de ne plus savoir comment construire quelque chose seul, alors qu’il y a une obligation sociale de s’accomplir, coĂ»te que coĂ»te. Or, par dĂ©finition, l’exigence du lien social s’oppose Ă  l’individualisme. RĂ©sultat ? L’identitĂ© ne peut plus se concevoir qu’à travers un paradoxe. En effet, l’individu doit sans cesse trouver l’équilibre entre d’une part, « ĂȘtre soi-mĂȘme » et ce qu’il a d’unique, et d’autre part, ĂȘtre absorbĂ© dans le groupe et catĂ©gorisĂ© dans des cases ou selon des critĂšres. Alors, pour ne pas ĂȘtre noyĂ© dans le commun, il apprend Ă  dĂ©jouer les ficelles, et joue Ă  cache-cache avec ses pairs et les marques. A qui il lance un dĂ©fi : « Catch me if you can ». L’autre malaise vient des nouveaux instruments numĂ©riques. GrĂące Ă  eux, la carac- tĂ©risation de l’identitĂ© individuelle de chacun est prĂ©cise, mais leurs critĂšres, quanti- fiables et formalisables, sont impersonnels. Or, si rĂ©duire l’individu Ă  des caractĂ©ris- tiques objectives (Ăąge, sexe, taille, poids, lieu d’habitation, habitudes de consomma- tion, goĂ»ts et prĂ©fĂ©rence), permet de le cibler, cela n’autorise pas forcĂ©ment Ă  le comprendre, ni Ă  saisir sa singularitĂ©. Avec le risque d’aller exactement Ă  l’encontre de ce qu’il cherche, Ă  savoir ne surtout pas rĂ©duire son ĂȘtre propre Ă  la somme de ses qualitĂ©s objectivables. Il ne veut pas ĂȘtre rĂ©sumĂ© Ă  ce modĂšle : individu = homo economicus. Et en tant que sujet libre qui a une histoire, il rejette profondĂ©ment cette tentation des marques de le laisser tomber dans le caractĂšre impersonnel, et de le dĂ©sincarner dans une identitĂ© restituĂ©e, mais qui n’est pas la sienne.
  • 15. AACC - 2013 - 15 La numĂ©risation, source de dĂ©sincarnation Si tous les hommes sont identifiables et peuvent ĂȘtre suivis par des machines Ă©ga- lement identifiĂ©es (tatouage Ă©lectronique) et qui ont - aussi ! - cessĂ© d’ĂȘtre indivi- duelles puisqu’elles sont en rĂ©seau, c’est la porte ouverte Ă  une conscience de soi plus ou moins objective. En ne se dĂ©finissant plus qu’à travers la projection de ce qu’il a envie d’ĂȘtre ou via des objets visuels et inanimĂ©s, l’internaute fait le jeu de la conceptualisation Ă  l’ex- trĂȘme. Au point pour certains, de donner la prioritĂ© Ă  la transgression et au men- songe via des profils oĂč leurs donnĂ©es divergent. VoilĂ  pourquoi en 2012, en lançant Google + qui interdit l’utilisation de pseudos ou d’iden- titĂ©s factices, Google dĂ©clarait « Google+ est avant tout un service d’identitĂ© numĂ©rique ». L’anonymat digital : vertueux ou vicieux ? Le numĂ©rique a une vertu : il permet Ă  l’individu de se libĂ©rer de la tension sociale, d’assumer son ambivalence. Il apporte une solution avec des cadres collectifs en rĂ©seau, et crĂ©Ă© un « anonymat digital » oĂč l’identitĂ© est cachĂ©e derriĂšre des avatars. Une forme de libertĂ© facilitĂ©e par le cross canal qui favorise la dĂ©multiplication des identitĂ©s : Facebook/amis, Twitter/semi-pro, Pinterest/loisirs, magasin/commerce, email/amis/pro/commerce. Mais attention, plus rien n’est cloisonnĂ© comme avant. Or, l’internaute n’a pas toujours conscience de la porositĂ© des frontiĂšres entre les divers canaux utilisĂ©s et qui laissent filtrer ou se mĂ©langer les informations de sa vie personnelle, les infos pros
 Un alĂ©a que les individus ne sont pas toujours prĂȘts Ă  accepter, car lorsque les membres de ses diffĂ©rents univers se croisent, le sentiment d’intrusion est trĂšs fort. Toutefois, tout est relatif : ceux qui sont nĂ©s avec le numĂ©rique savent parfaitement nager dans cet univers sans limite. Les jeunes de moins de dix ans ne sont pas li- vrĂ©s Ă  eux-mĂȘmes sur la Toile. En gĂ©nĂ©ral, ils sont accompagnĂ©s - responsabilitĂ© oblige - par un adulte qui les Ă©duque sur les enjeux et les dangers d’Internet et no- tamment des rĂ©seaux sociaux. Quant aux gĂ©nĂ©rations prĂ©cĂ©dentes, si elles n’ont aucun repĂšre transitoire, elles s’éduquent trĂšs vite. Question de vie ou de mort ! Car comme le soulignent Jean-François Fogel et Bruno Patino dans leur rĂ©cent essai : La condition NumĂ©rique, (Chapitre La connexion permanente, Grasset) : « Toute innovation finit d’ailleurs par ĂȘtre dĂ©passĂ©e; le seul Ă©lĂ©ment durable, c’est la connexion. Un login ajoutĂ© au mot de passe pour avoir accĂšs Ă  un rĂ©seau : voilĂ  le lĂ©ger bagage que chacun est sĂ»r d’emmener avec soi »
  • 16. 16 - 2013 - AACC L’avĂšnement du Social Super Ego Avec la toile, les marques ont vu, officiellement, naĂźtre le Social Super Ego, reconnu Ă  travers toutes ses identitĂ©s sociales crĂ©Ă©es sans contrainte et sans qu’il ouvre son « moi » rĂ©el. Un nouvel animal social toujours plus confiant, avec une capacitĂ© d’ap- prentissage rapide et Ă©lastique. De spectateur il est devenu metteur en scĂšne de lui-mĂȘme. Il convient donc de vaillamment l’identifier sans retard, de trouver quelles sont les identitĂ©s derriĂšre les masques ou Ă  travers les avatars grĂące auxquels plein d’autres « moi » de l’individu sont livrĂ©s. Comme par exemple, un blogger, activiste sur les rĂ©seaux sociaux mais masquĂ© pour ne pas nuire Ă  sa carriĂšre, ou Ă  la bonne relation avec sa famille. Ou bien un musicien amateur qui a envie de partager cette facette avec d’autres personnes que sa tribu habituelle. MatiĂšre vivante L’identitĂ© est donc une matiĂšre vivante et sa mĂ©tamorphose rĂ©guliĂšre jusqu’à notre monde contemporain montre qu’un individu peut, dĂ©sormais, en changer tout le temps, jusqu’à s’arroger des identitĂ©s successives. Ainsi, avec l’avĂšnement du digi- tal, qui est plus un accĂ©lĂ©rateur ou un rĂ©vĂ©lateur qu’une cause, n’importe qui peut dĂ©clarer : « Je choisis qui je suis, selon le lieu, le canal, le sujet, le moment, la nature de la relation que je souhaite avoir. Je crĂ©e les conditions de la relation en dĂ©cidant du curseur affinitaire et du degrĂ© d’intrusion que je suis prĂȘt Ă  accepter de la part des Ă©metteurs ou de l’interlocuteur ». Alors l’identitĂ© rĂ©elle du consommateur - un hĂ©ritage personnel, pĂ©renne, exclusif - va-t-elle devenir obsolĂšte pour laisser la place aux identitĂ©s virtuelles paramĂ©trĂ©es, gĂ©o-localisĂ©es ou contextualisĂ©es ? Non, car la connaissance du consommateur est indispensable aux marques. Mais les valeurs d’usage apportĂ©es par les nouvelles technologies (simplicitĂ©, pertinence, ciblage) vont rendre acceptable et nĂ©cessaire le fait de devenir des ID.
  • 17. AACC - 2013 - 17 RĂ©alisĂ©e par Qnary (extrait)
  • 18. 18 - 2013 - AACC 2/ À QUEL « JE » JOUE LE CONSOMMATEUR La fin de l’unicitĂ© DĂ©jĂ , dans les annĂ©es 60-70, Bill Bernbach affirmait qu’il ne s’adressait plus Ă  la mĂ©nagĂšre de moins de 50 ans, en tant que cible, mais Ă  un ĂȘtre humain, Ă  sa sensibilitĂ©, son intelligence, son humour. Bref Ă  sa multiplicité ! Aujourd’hui plus que jamais, via les technologies, il y a comme un dĂ©doublement de la personnalitĂ© entre l’internaute et ses avatars. Le binaire aussi a fait long feu. Car, il n’y a plus seulement un homme/une femme, un jeune/un senior, un riche/un pauvre, un individu/un groupe, une marque/un consommateur. SymptĂŽme de schizophrĂ©nie aigĂŒe ? Pas vraiment ! Le numĂ©rique induit un nouveau comportement identitaire du consommateur et une relation Ă  la marque en pleine mutation. Car quand autrefois, il se plaignait qu’on le fasse entrer de force dans une case, il peut dire, aujourd’hui : « c’est moi qui dĂ©cide dans laquelle j’entre ». C’est Ă  lui que revient le choix de se dĂ©finir et de gĂ©rer ainsi des situations singuliĂšres, choisies et modulables. Un constat Ă©galement fait par Jean-François Fogel et Bruno Patino dans La Condition NumĂ©rique , (Grasset) : « Dans cette affaire, le changement dĂ©pend moins de l’apparition des technologies que de l’activitĂ© des internautes. Et cette activitĂ© installe un usage social frĂ©nĂ©tique des nouvelles offres numĂ©riques. Il s’agit d’un mouvement d’une ampleur historique semblable Ă  la migration de masse d’une population vers un nouveau continent, en l’occurrence le numĂ©rique ». C’est donc la victoire totale du « je » de l’individu, qui dĂ©sormais peut ĂȘtre autre(s). Avec ses divers profils ou multi-facettes, il exprime son cĂŽtĂ© obscur entre jeu, dĂ©rision et dĂ©fi. Et grĂące Ă  eux, il dit clairement ne plus prendre des vessies pour des lan- ternes. D’une part, il dĂ©crypte tout et vite, d’autre part, il se sert d’un de ses masques pour ĂȘtre au centre des attentions et interpeller les marques. Des marques dont la chaĂźne de communication est dĂ©sormais commandĂ©e par ce fameux « je »  avec comme objectif beaucoup plus complexe de dĂ©terminer de quel « je », il s’agit ! Se crĂ©er plusieurs familles Cette tendance Ă  la dĂ©multiplication touche aussi la famille dont les rĂ©seaux sociaux rĂ©vĂšlent une nouvelle facette. On peut parler aujourd’hui de familles, de communau- tĂ©s, de tribus, de cercles. Et en dĂ©passant le cadre strict de la filiation ou des liens du sang, la famille se dĂ©finit ainsi autour d’une communautĂ© de valeurs et d’usages multiples oĂč chacun doit pouvoir s’exprimer en tant qu’individu et membre Ă  part entiĂšre. Dans ce contexte les rĂ©seaux sociaux ont tendance Ă  accĂ©lĂ©rer le phĂ©no-
  • 19. AACC - 2013 - 19 mĂšne en hyper fragmentant les espaces sociaux et en donnant la possibilitĂ© Ă  un seul individu de se crĂ©er plusieurs « familles » d’appartenance. L’individu devient un camĂ©lĂ©on et Ă©tablit des connections Ă©phĂ©mĂšres en fonction de son parcours de vie, changeant ainsi la structure de sa famille de sang
 de cƓur
 de passion. Le « je » jubilatoire et exhibitionniste Quel qu’il soit, le consommateur a l’art et la maniĂšre de soigner son profil. Car c’est la premiĂšre Ă©tape de ce qui le reprĂ©sentera dans l’espace, sa premiĂšre vĂ©ritable entrĂ©e dans le monde digital. Et mĂȘme lorsqu’il n’a qu’un seul profil, celui-ci corres- pond davantage Ă  une image sociale de lui, voire Ă  une construction, qu’à une rĂ©a- litĂ© individuelle concrĂšte et rĂ©elle. L’écran lui renvoie son reflet idĂ©al, Ă  travers une ou des identitĂ©s ! Qu’il prĂ©fĂšre changer de photo tous les jours ou conserver la mĂȘme pendant des annĂ©es, celle choisie n’est jamais due au hasard. Car mĂȘme montrer Ă  quel point « on s’en fiche » demande un minimum de rĂ©flexion. Cette obsession de l’image du profil passe par une forme d’art transformatif voire d’une science de la manipulation. A cela s’ajoute une aptitude et mĂȘme une aviditĂ© Ă  mettre Ă  jour son existence. Car, l’image routiniĂšre des medias sociaux et leur transposition dans l’écosystĂšme du cross canal ont habituĂ© l’utilisateur Ă  valoriser chaque aspect de sa vie. Une colĂšre, une expĂ©rience professionnelle, un voyage, une rĂ©vĂ©lation
 tout est bon Ă  partager et tout est fait pour encourager cette frĂ©nĂ©sie de mises Ă  jour. Toute forme de caution digitale est bonne Ă  prendre : montrer que l’on apprĂ©cie en dit Ă©videmment beaucoup sur qui l’on est vraiment. Ces derniers mois, les rĂ©seaux sociaux ont radicalement modifiĂ© la façon dont l’internaute peut exprimer ses pas- sions. Jusqu’à il y a peu, il suffisait de remplir quelques dĂ©tails de son profil, avec plus ou moins de prĂ©cisions selon son humeur. On pouvait se donner un cĂŽtĂ© pointu via une citation d’un grand auteur, mais peu de monde y prĂȘtait attention. Aujourd’hui, diffuser ses goĂ»ts est essentiel Ă  toute existence sociale en ligne. Ce qui pose la ques- tion de l’aprĂšs « I like » : quel est le vĂ©ritable rĂŽle de la recommandation ? D’oĂč le marathon du personnal branding. Pour de nombreuses personnes, les rĂ©- seaux constituent des tremplins pour ĂȘtre plus qu’un simple individu dans la foule. Le terrain de jeu digital peut rapidement se transformer en piste de course vers la popularitĂ©. Et dĂ©jĂ  on voit le rĂŽle de l’influence qui se vend comme un vrai produit de masse mais aussi la banalisation de l’expertise (n’importe qui exprime un avis
) avec l’émergence de brand managers amateurs.
  • 20. 20 - 2013 - AACC VolatilitĂ© et infidĂ©litĂ© La facilitĂ© avec laquelle le consommateur, selon son masque, peut changer de marque le rend de plus en plus exigeant sur la qualitĂ© du produit et/ou service. Sa volatilitĂ©, voire son infidĂ©litĂ©, poussent la marque Ă  entrer dans une nouvelle relation au consomma- teur. Mais il ne faut pas oublier - point rassurant - que ce consommateur a toujours besoin de la vision concrĂšte de la marque et de l’agrĂ©ger. Pour conserver les bons repĂšres et/ou rĂ©flexes et bien gĂ©rer cette relation au virtuel qu’elle lui propose. En effet, l’univers de la consommation est partie intĂ©grante de l’individu. Choisir une marque, acheter un produit, partager un logo participent Ă  sa construction identi- taire. Ainsi, il dĂ©veloppe un sentiment d’appartenance Ă  un groupe et la croyance en sa propre existence. Et quelque soit le point de contact, il ne laissera passer que ce qui peut alimenter ou renforcer ce processus d’identitĂ©. S’il remet en cause son rapport Ă  la marque, no- tamment en jouant Ă  cache-cache, c’est pour mieux tester la capacitĂ© de celle-ci Ă  se rappeler Ă  son bon souvenir ou Ă  lui renvoyer son identitĂ© de marque Ă  travers de nouveaux repĂšres stables, dĂ©finis, surprenants. Plusieurs devices, plusieurs adresses Jusqu’à prĂ©sent, l’un des principaux atouts du marketing client tenait dans sa capa- citĂ© Ă  cibler les consommateurs. Avec des messages adressĂ©s de maniĂšre nomina- tive Ă  un individu qualifiĂ© et bien dĂ©terminĂ© Ă  travers ses coordonnĂ©es : postale, email ou numĂ©ro de tĂ©lĂ©phone. Cet accĂšs direct Ă  l’individu permettait aux marques de communiquer sans passer par les mĂ©dia de masse et uniquement auprĂšs de celui susceptible d’ĂȘtre intĂ©ressĂ© par leurs offres. Mais ce marketing client et le CRM sont bousculĂ©s par l’émergence d’une sociĂ©tĂ© hyper connectĂ©e oĂč les supports sont multiples, les Ă©changes de plus en plus rapides et oĂč il est difficile d’anticiper ou de rĂ©pondre dans l’instant Ă  une cible archi mobile et frĂ©quemment non identifiĂ©e. En effet, la frontiĂšre entre l’usage professionnel et personnel des outils numĂ©riques s’estompe de plus en plus et un collaborateur considĂšre souvent normal d’utiliser ses propres identitĂ©s ou terminaux numĂ©riques sur son lieu de travail. RĂ©sultat, pour un mĂȘme individu, la marque peut retrouver dans sa base : 2 adresses mail, des coordonnĂ©es Facebook ou de mobile, sans liens entre elles.
  • 21. AACC - 2013 - 21 Selon son dispositif media, elle pourra le toucher 3 fois mais sans le savoir. Elle doit accepter cette nouvelle donne, car bien souvent, elle le fera dans des contextes affi- nitaires, justes et pertinents et remplira ses objectifs  : image, notoriĂ©tĂ©, ventes, proximitĂ©... Non plus en raison des rapprochements des datas mais grĂące aux consignes que le consommateur lui aura envoyĂ©es. A noter d’ailleurs, qu’il existe des liens d’accĂšs prĂ©configurĂ©s vers les rĂ©seaux sociaux, favorisant une intĂ©gration plus pratique des identitĂ©s des utilisateurs. Des consommateurs de plus en plus futĂ©s Les Ă©tudes montrent que les internautes possĂšdent plusieurs adresses email : la premiĂšre pour les relations interpersonnelles privĂ©es, la seconde pour les relations professionnelles et une troisiĂšme (voire plus !) pour le reste. Notamment pour partici- per aux jeux, s’inscrire aux diverses newsletters ou participer aux forums. Cette der- niĂšre est souvent une vĂ©ritable « adresse poubelle », (souvent gĂ©rĂ©e par un webmail tel que Hotmail, Yahoo ou Gmail) utilisĂ©e occasionnellement et dont la boite est sou- vent saturĂ©e. Cette multiplication des adresses email pour un mĂȘme individu et la forte progression des « adresses poubelles », constituent un vĂ©ritable dĂ©fi pour l’email marketing : c’est trĂšs certainement la principale cause de la chute des taux de clic. Dans les annĂ©es qui viennent, l’adresse email personnelle ne sera connue que des amis, parents ou de quelques institutions. Elle deviendra une denrĂ©e rare car intime et Ă  la limite du sanctuaire. De mĂȘme sur les rĂ©seaux sociaux, les consommateurs vont apprendre Ă  se protĂ©ger, vont exploiter toutes les techniques Ă  leur disposition pour se crĂ©er une mĂ©taphore virtuelle de soi, qu’ils exposeront Ă  certaines marques et pas Ă  d’autres. Ils s’amuseront avec ces avatars pour mieux jouer avec les marques. Ils ne seront pas dupes, au contraire, ils seront de plus en plus malins pour lancer leurs propres consignes et s’identifier Ă  travers le statut de leur choix, selon qu’ils veulent une relation commerciale, ludique ou communautaire, de proxi- mitĂ© ou superficialitĂ©. Et ainsi, obtenir ce qu’ils veulent (un bon de rĂ©duction, une invitation Ă  un Ă©vĂšnement, une prime immĂ©diate
). La data entre ciblage et traçage Avec le digital, la collecte et la gestion des donnĂ©es sont passĂ©es d’une exploitation globale d’informations gĂ©nĂ©rales et disponibles, Ă  une espĂšce d’aspirateur d’indices enrichis quasi automatique, pour aboutir Ă  un systĂšme de big data qui s’auto ali- mente, qui traque, re-cible et re-synthĂ©tise. De fait, davantage de points de contacts, c’est plus de donnĂ©es ouvertes et accessibles. Mais tellement plus que ce que les moyens technologiques peuvent stocker, traiter, interprĂ©ter. Et parfois, ce « trop » dessert la qualitĂ© d’une stratĂ©gie.
  • 22. 22 - 2013 - AACC Alors cette nĂ©cessitĂ© frĂ©nĂ©tique de compiler et de croiser toutes les donnĂ©es utiles et inutiles de chaque individu n’est pas sans consĂ©quence. Elle confĂšre, tout d’abord aux opĂ©rateurs puissants, tels que Twitter, Facebook ou Google 
 une puissance mondiale immense au cƓur des canaux. Tant leur capa- citĂ© et leur vĂ©locitĂ© Ă  possĂ©der des informations par milliards sont infinies. Mais jusqu’oĂč ira le respect de la confidentialité ? Quid du spectre d’une dictature ou du fameux « big brother is watching you » ? Ensuite, provenant de canaux en tous genres, les informations sont, en effet, de plus en plus nombreuses mais leur qualitĂ© est rarement optimale car pas toujours recueillies de façon systĂ©matique et complĂšte. Le one to one data est incapable de suivre et traiter une personne en continuitĂ©. Ce qui pose la question de leur perti- nence pour une campagne en particulier Ă  un moment prĂ©cis. Pourtant, elles sont implĂ©mentĂ©es et regroupĂ©es dans des bases de donnĂ©es non unifiĂ©es
 en silo. Trop de sĂ©ries de donnĂ©es tuent les sĂ©ries de donnĂ©es S’il n’est pas mieux coordonnĂ©, ce cumul des datas sur des comportements tou- jours plus fragmentĂ©s et des identitĂ©s spĂ©cifiques va dĂ©boucher sur des informa- tions dĂ©sincarnĂ©es, une dĂ©structuration ou un dĂ©tournement de l’identitĂ© et une automatisation des actions marketing avec le risque d’ĂȘtre perçues comme trop mĂ©caniques et impersonnelles. Trop de sĂ©ries de donnĂ©es tuent les sĂ©ries de don- nĂ©es, et pratiquer le nano trading informatisĂ© Ă  l’extrĂȘme, c’est risquer la perte de sens et d’efficacitĂ©, c’est la fin de l’émotionnel. Alors pour Ă©viter de rĂ©duire la personne Ă  une fonction et qu’elle se retourne contre le systĂšme, il est urgent de poser les bonnes questions : doit-on changer le regard sur la segmentation des BDD ? Doit-on trouver l’algorithme qui permettra de ras- sembler les identitĂ©s pour les attribuer Ă  la mĂȘme personne ? Doit-on segmenter par rapport au canal et non par rapport Ă  l’identitĂ©? Aujourd’hui, la posture de marque diffĂšre selon les canaux. Avec d’un cĂŽtĂ©, les iden- titĂ©s issues du magasin (relation purement marchande) et de l’autre, les identitĂ©s issues du site de marque (relation purement univers de contenus). Or, dĂ©sormais, les clusters deviennent des clusters de canaux et crĂ©ent un nouveau marketing, en passant du marketing client gĂ©rĂ© par l’émetteur Ă  un marketing client gĂ©rĂ© par le client. La marque doit accepter de perdre le contrĂŽle, non pas de la data, mais de l’identitĂ© unique de son client. Sa performance viendra de sa capacitĂ© Ă  multiplier les
  • 23. AACC - 2013 - 23 contacts affinitaires vers une cible qui a autorisĂ© et donnĂ© le cahier des charges de la relation : plus ou moins commerciale, plus ou moins personnelle. Le ciblage identitaire devient de moins en moins nĂ©cessaire. C’est le traçage d’un comportement en temps rĂ©el sur la base de l’historique de ce profil qui va dĂ©sormais ĂȘtre privilĂ©giĂ©. Un rĂŽle jouĂ© Ă  la perfection par des outils comme AD-EX trading, qui cible en temps rĂ©el, ou Recorded Future qui offre la possibilitĂ© de prĂ©dire ce qui va se passer sur la base des informations existantes sur le Web. Avec eux, la trace et l’information lais- sĂ©es par le consommateur peuvent ĂȘtre analysĂ©es afin de fournir une anticipation. Le croisement de ces techniques ne nĂ©cessite plus un ciblage mais un traçage afin de cumuler l’information nĂ©cessaire. DĂšs lors, la big data redevient la bonne rĂ©ponse au nomadisme identitaire mais avec une nouvelle rĂšgle  : une segmentation en fonction de la situation et non de la personne. Effacer la mĂ©moire du numĂ©rique ou brouiller les pistes Du statut concret de machine, Internet a vite basculĂ© dans le monde du virtuel, du cloud. Il est partout, envahit les espaces et occupe cerveaux et doigts de ses utilisateurs Ă  coup d’écrans, de rĂ©seaux, de clics, de zapping et de multiples coor- donnĂ©es
 Son omniprĂ©sence le rend naturel : qui se souvient de sa premiĂšre adresse, de tous ses dialogues, ses photos ? Son accĂšs permet d’ĂȘtre informĂ© et d’informer simultanĂ©ment sur plusieurs sujets et aux quatre coins du monde. Avec un peu d’entraĂźnement, chacun peut recevoir et envoyer plĂ©thores de messages Ă  un rythme effrĂ©nĂ© ou non. L’entrepreneur peut parler instantanĂ©ment avec ses Ă©quipes ou son fournisseur Ă  distance et dĂ©cider. Un individu peut travailler, discuter, jouer ou commander son livre prĂ©fĂ©rĂ© dans la mĂȘme minute. Un citoyen peut communiquer avec un Ă©lu ou faire une pĂ©tition
 Facile, pratique
 Mais toutes ces informations qui circulent, laissĂ©es en jachĂšre aux rĂ©seaux et autres sites, relĂšvent encore et toujours de la volontĂ©, des choix de l’in- ternaute. A lui de rĂ©vĂ©ler ou non, d’officialiser son intimitĂ© et d’en cacher une partie. Le tout est qu’il prenne conscience que toutes ces donnĂ©es, livrĂ©es spontanĂ©ment ou non, vraies ou fausses, resteront indĂ©lĂ©biles sur la toile, et qu’il peut rĂ©solument perdre la bonne gestion de son image ou mĂȘme la maĂźtrise de son identitĂ©.
  • 24. 24 - 2013 - AACC Les gĂ©nĂ©rations qui ont connu l’avant Internet sont conscientes des problĂšmes que peuvent entraĂźner cette « mise Ă  nu » de soi-mĂȘme. Mais pas forcĂ©ment les digital natives, car repĂšres et habitudes sont rĂ©cents. D’oĂč l’importance d’un rĂ©-ancrage dans le rĂ©el, d’ĂȘtre Ă©duquĂ© ou d’intĂ©grer des rĂšgles claires : un rĂŽle qui revient aux Ă©metteurs comme aux rĂ©cepteurs. Il faut de part et d’autre une forme de maturitĂ© et arrĂȘter l’inconsĂ©quence. Le web n’est pas un concept flou ou un simple accessoire mais une rĂ©alitĂ© qu’il faut sinon contrĂŽler du moins maĂźtriser. La tendance est encore trop de sous-estimer l’importance qu’il joue dans la vraie vie. Alors, beaucoup aspirent Ă  l’oubli notamment avec la stratĂ©gie dite du « razzle dazzle » (camouflage) pour ne plus s’exposer en place publique et prĂ©server son intĂ©gritĂ©. Ce rĂŽle du brouillage de pistes revient au « surmoi ». Celui que l’individu donne Ă  voir, qu’il consent Ă  rĂ©vĂ©ler et Ă  travers lequel, il accepte d’ĂȘtre une cible ! En effet, un des risques du dĂ©passement de l’opposition social/individu, est la des- truction de l’intimitĂ©. Et, face Ă  un nouveau systĂšme trĂšs intrusif, il faut dĂ©velopper une forte capacitĂ© Ă  s’ajuster sinon Ă  rĂ©sister. C’est un peu comme un « ami qui vous veut du bien » avec comme corollaires pas d’obligation mais la permanence de sa prĂ©sence. Le droit Ă  l’oubli serait donc bien l’aveu du consommateur d’une absence de contrĂŽle, d’un manque de rĂ©alisme ou de discernement. Le fait est qu’il subit les consĂ©quences de ses actes (diffuser, partager, afficher
) et s’interroge sur l’utilisa- tion de ses contenus dans un autre contexte, Ă  un autre moment
 Certains mots lui font peur : big data, e-rĂ©putation, conditions d’utilisation de Facebook, d’Insta- gram. Alors, comme il l’a fait, voici 10 ans, avec l’email, il cherche Ă  contrĂŽler aprĂšs avoir testĂ© et publiĂ©. Et bizarrement, il veut davantage faire oublier ce qu’il a lui- mĂȘme diffusĂ©, que ce que les autres ont publiĂ© sur lui. Mais peut-il vraiment se cacher derriĂšre diffĂ©rentes identitĂ©s, quand a priori, il n’y a pas d’anonymat possible entre IP tracking et IP spoofing (l’usurpation d’adresse)... La CNIL (Commission nationale de l’informatique et des libertĂ©s) et la DGCCRF (Direction GĂ©nĂ©rale de la Concurrence, de la Consommation et de la RĂ©pression des Fraudes) viennent tout rĂ©cemment de diligenter une enquĂȘte sur l’IP tracking, une pratique courante des vendeurs de voyages en ligne, «l’IP tracking». (Ce sys- tĂšme suit l’adresse IP du consommateur et lui propose des offres et des tarifs direc- tement liĂ©s Ă  son profil de navigation). Le jeu de cache-cache est bel et bien utopique, car Ă  tout moment, l’individu, en dĂ©pit de tous ses masques, peut-ĂȘtre reconstituĂ©. Il convient donc de ne jamais oublier que si l’on peut se cacher un jour, on peut ĂȘtre repĂ©rĂ© un autre jour ! Mais
  • 25. AACC - 2013 - 25 toujours dans le respect des rĂšgles sociales et juridiques au risque que la transpa- rence soit rejetĂ©e. De plus, c’est sans compter l’énergie mise en Ɠuvre par la marque pour dĂ©couvrir son client pluriel, en recomposant cette dĂ©matĂ©rialisation via une segmentation de canal, afin d’adopter une approche diffĂ©renciĂ©e. Pour Ă  son tour s’accomplir, trans- former ses contacts et rĂ©aliser son business. La marque a, en effet, tout Ă  fait intĂ©rĂȘt Ă  rĂ©flĂ©chir oĂč elle a captĂ© la donnĂ©e et Ă  capitaliser sur cette conversation. Si le droit Ă  l’oubli semble devoir passer par le contrĂŽle d’accĂšs, la relation commer- ciale, elle, passe par des responsabilitĂ©s assumĂ©es et la relation transactionnelle par une confiance en l’autre. Le droit Ă  l’oubli cautionnĂ© Conscients de la demande, certains opĂ©rateurs ou politiques militent pour ce droit Ă  l’oubli. Par des dĂ©clarations d’intention rassurantes comme celles d’Apple par exemple, qui anticipe avec des promesses comme : « pas de porno chez nous ». Un tout sĂ©curisĂ© qui incite le client Ă  faire confiance et mĂȘme Ă  acheter un iPhone Ă  son enfant puisque, a priori, c’est plus sĂ»r qu’Internet ! Ce qui pose les questions du « tout lĂ©gifĂ©ré »? Et de la problĂ©matique des Ă©tats plus forts que certains opĂ©rateurs
 ou non ? Bien Ă©videmment, les gouvernements encouragent ceux qui s’inscrivent dans le projet de l’identitĂ© digitale unique, de Google Ă  Linkedin et autres Facebook ou Twitter
 NĂ©anmoins, le sentiment perdure de ne pas pouvoir ĂȘtre protĂ©gĂ© sur les rĂ©seaux sociaux « ouverts » du type Facebook, d’oĂč le besoin de trouver un refuge, de fonder un entre soi, de se crĂ©er un micro world sĂ©curisĂ© et identitaire. C’est le credo de nouveaux rĂ©seaux comme Famicity qui s’est posĂ© la question suivante : comment permettre aux familles et aux amis de conserver un contact grĂące Ă  Internet sans ĂȘtre obligĂ©s de partager sa vie privĂ©e avec le monde entier ? Se fondre dans la masse Revendiquer le droit Ă  l’oubli peut relever d’une autre intention : Ă©viter des drames. En effet, le respect de la notion du mot identitĂ© est clivant et le fait d’ĂȘtre abordĂ© en tant qu’identitĂ© est problĂ©matique pour son intimitĂ©. C’est un mot de plus en plus utilisĂ© et parfois il se rĂ©fĂšre Ă  des dĂ©bats vouĂ©s Ă  l’échec comme celui sur l’identitĂ© nationale qui transcenderait les autres identitĂ©s. Or, elles se valent toutes, sinon on ouvre la boĂźte de Pandore. Cette question de l’identitĂ© renvoie Ă  l’idĂ©e que l’individu
  • 26. 26 - 2013 - AACC est plus et au-delĂ  de ce qu’on connait de son « moi ». Et qu’il serait parfois judi- cieux de ne pas rentrer dans un schĂ©ma qui voudrait, qu’au nom du respect absolu, on impose une alternative au point de perdre en pertinence. Comme par exemple le choix dans les cantines entre le menu hallal ou non, qui oblige des jeunes Ă  se posi- tionner comme musulmans, alors qu’ils ne s’étaient mĂȘme pas posĂ© la question. Ils vont devoir trancher et se « dĂ©marquer », alors, qu’ils voulaient peut-ĂȘtre juste bĂ©nĂ©- ficier du droit Ă  se fondre dans la masse, Ă  ĂȘtre oubliĂ©s. Avec son nouveau statut d’insaisissable immatĂ©rialitĂ© qu’il maĂźtrise de mieux en mieux, le consommateur exerce un vĂ©ritable contre-pouvoir. Une opportunitĂ© de crĂ©ativitĂ© pour les marques, dont l’enjeu est de taille : continuer Ă  parler Ă  cette nouvelle espĂšce humaine, experte dans le crosscanal.
  • 27. AACC - 2013 - 27 RĂ©alisĂ©e par Demos (extraits)
  • 28. 28 - 2013 - AACC 3/ LES MARQUES DOIVENT ÊTRE EN EMPATHIE Retrouver le sens du contact Avec le web, les cerveaux des consommateurs sont profondĂ©ment modifiĂ©s. Ils rĂ©flĂ©- chissent et s’entraĂźnent selon de nouveaux codes : l’hyperconnection, la vitesse, la simultanĂ©itĂ© de divers sujets, la pluralitĂ© de lieux, la volatilitĂ© due aux multi-Ă©crans. Tout est fait pour fragmenter la concentration, l’attention et la consommation mĂ©- dias. C’est dĂ©jĂ  vrai aujourd’hui, ça le sera encore plus dans les annĂ©es Ă  venir : le digital n’en est qu’à ses dĂ©buts et le comportement des gĂ©nĂ©rations de demain va rĂ©vĂ©ler, de plus en plus, un modelage fondamentalement diffĂ©rent. Ces digital natives dĂ©veloppent un rapport Ă  l’autre comme Ă  la marque complĂšte- ment renouvelĂ© et, au travers de leurs multi-facettes, ils crĂ©ent un nouveau mythe fondateur de l’identitĂ©. Alors difficile pour l’annonceur de capter l’individu et de dire s’il est en de bonnes dispositions pour entrer en conversation ou apprĂ©cier une offre. Une prise de contact, d’ailleurs, de plus en plus faite Ă  l’initiative de celui-ci. Charge Ă  la marque d’accepter cette nouvelle donne, de retrouver le sens du contact, d’ĂȘtre crĂ©ative et au bon moment. Un consommateur gĂ©nĂ©reux Ă  encadrer Les marques sont donc acculĂ©es Ă  un saut anthropologique pour Ă©viter la rupture avec le consommateur et redonner du sens Ă  la relation client en pleine mutation. Une des clĂ©s, pour rĂ©tablir cette rhĂ©torique, est la co-construction avec cette nou- velle cible plurielle. En rĂ©affirmant notamment ce qui fait partie du domaine de l’acceptable et de l’inac- ceptable, en faisant la diffĂ©rence entre ĂȘtre Ă  l’écoute et ĂȘtre Ă  disposition, en restant cohĂ©rentes et en procĂ©dant Ă  des actualisations performatives. Elles ne doivent pas lĂącher prise. En continuant Ă  orienter l’innovation, elles pourront exploiter comme elles l’entendent leur potentiel et pourront « reprofiler » les consom- mateurs, crĂ©er de nouveaux comportements, aller dans des endroits inattendus, parce que c’est aussi ce que leurs consommateurs attendent. Le rĂŽle de la marque est radical dans le nouvel Ă©cosystĂšme, elle est responsable et constitue ce fameux mythe fondateur qui emmĂšne trĂšs loin le consommateur en lui
  • 29. AACC - 2013 - 29 permettant de dĂ©velopper le plus fortement possible, son imaginaire, pour son plus grand bonheur ! InterpelĂ©, amusĂ©, il n’en sera que plus reconnaissant et Ă  nouveau confiant. Car bien souvent il cherche Ă  amĂ©liorer son ordinaire, sa vraie vie, plutĂŽt que d’aller voir si l’herbe est plus verte ailleurs. La marque retrouvera alors la main pour dĂ©clencher l’achat, face Ă  son consomma- teur qui pourtant lui glissait entre les doigts. Une tĂąche facilitĂ©e par le digital qui offre sur un plateau, un merveilleux atout, aux marques. Car Ă  travers tout ce qui est dit et montrĂ© par les internautes, elles peuvent mieux apprĂ©hender les dĂ©sirs des uns et des autres. Loin de pervertir le systĂšme, cette multiplicitĂ© d’avatars et/ou de profils imaginaires en constitue au contraire les nouvelles conditions d’expression, de crĂ©ation et de richesse ! Pas de rĂ©ponses toutes faites Cibler est utile et Ă©conomique mais l’équation : « Plus on sait, mieux on transforme car on sait mieux cibler » est presque dĂ©passĂ©e. En partie Ă  cause de la notion d’adresse Ă©clatĂ©e et de contact anonyme sur Internet qui n’ont plus la mĂȘme valeur que dans l’économie du marketing « brick and mortar ». Il se passe donc une vĂ©ri- table rĂ©volution pour le marketing direct. Car si dans le MD « classique », on cible des individus rĂ©els auxquels un profil est attachĂ©, sur le net, c’est l’inverse ! On cible un profil, Ă©laborĂ© Ă  partir de donnĂ©es provenant du « tracking », et l’on suppose qu’à ce profil correspond un consommateur rĂ©el. Un contexte qui induit une baisse problĂ©matique des rĂ©sultats des campagnes et qui pose la question de la viabilitĂ© des techniques du marketing direct et du CRM. La disparition de l’individu doit inciter les marques Ă  cibler un profil (email, DNS, GPS, cookies
). Et en poussant telle ou telle banniĂšre, le moteur de la rĂ©gie online ne vise pas tant une personne qu’un profil abstrait. D’oĂč la pertinence d’un cookie sur un ordinateur familial, par exemple. Ces « clĂ©s », qui peuvent paraĂźtre bien maigres, autorisent pourtant un profilage souvent plus efficace et plus pertinent que les techniques du marketing direct classique. Elles doivent aussi composer avec des comportements qui changent : les consom- mateurs trouvent aujourd’hui sur les rĂ©seaux sociaux, cette fameuse preuve de la promesse publicitaire par eux-mĂȘmes via les commentaires, les Ă©changes qui sup- plantent presque les arguments des vendeurs.
  • 30. 30 - 2013 - AACC Il leur faut Ă©galement intĂ©grer des Ă©lĂ©ments comme le paradoxe entre l’accĂ©lĂ©ration du temps et l’adhĂ©sion aux marques. En utilisant la technologie, la relation est im- mĂ©diate et fusionnelle, mais l’individu - à travers l’outil numĂ©rique - s’oublie lui-mĂȘme et perd de son authenticitĂ© au profit d’une gĂ©nĂ©ralisation de l’authenticitĂ©. C’est la fin de l’ego, alors qu’on ne cesse d’affirmer ĂȘtre dans une sociĂ©tĂ© individualiste. Enfin, en allant de plus en plus dans la virtualitĂ©, les internautes auront besoin de plus d’incarnation, Ă  travers le lieu, le lien, le temps
 Et la marque fait partie du projet, car face au mythe de la grande connexion et de l’universalisme, il y a un fort besoin de retrouver le particularisme et de remettre le contexte au premier plan. SĂ©duire le Social Super Ego Le Social Super Ego n’est pas un monstre, il a simplement besoin d’ĂȘtre sĂ©duit et considĂ©rĂ© car survivre dans le monde digital, c’est comme survivre dans le monde rĂ©el. Le challenge des marques est donc de regarder en elles-mĂȘmes, pour Ă©valuer si leur rĂŽle choisi en ligne est suffisamment sĂ©duisant et synchrone avec le cyber client. En effet, si les mĂ©dias sociaux offrent une infinitĂ© de possibilitĂ©s de tisser des liens, les rĂšgles de l’amitiĂ© ne changent pas pour autant. Celle-ci ne peut naĂźtre que d’une profonde complicitĂ© et du dĂ©sir de sonder l’autre dans toutes ses dimensions. Et pour construire une relation riche et durable, la marque doit se poser de bonnes questions : comment l’aider Ă  se sentir apprĂ©ciĂ© et lui donner un sentiment d’appar- tenance ? Comment entretenir l’estime de lui-mĂȘme ? Comment l’aider Ă  rĂ©aliser son rĂȘve ? Tout cela commence par un climat de confiance, en instaurant le bon Ă©quilibre au sein des communautĂ©s, en crĂ©ant un havre de paix plutĂŽt que de la compĂ©titivitĂ© entre fans. En identifiant les vĂ©ritables origines de l’influence et en abandonnant les idĂ©es reçues, car elle est partout et Ă©mane de n’importe qui, n’importe quand. Il faut chercher plus loin que Facebook et Twitter. D’autres plates-formes comme fours- quare, ou des sites de social shopping regroupent des influenceurs avec une portĂ©e impressionnante. Il ne faut pas se contenter des annuaires tout faits, mais utiliser des outils fiables de veille pour identifier le bruit
 et mener des explorations de fond sur les rĂ©seaux identifiĂ©s
 pour savoir qui mĂšne la conversation. Puis, il lui faut rĂ©flĂ©chir Ă  des leviers intelligents pour Ă©lever l’individu au niveau de sa personnalitĂ© idĂ©alisĂ©e sur le net. Ainsi, le monde digital procure Ă  ce dernier le charme de pouvoir ĂȘtre quelqu’un d’autre, de modeler son identitĂ© en courant aprĂšs des gages de diffĂ©rence et de privilĂšges. La marque renvoie l’ascenseur en flattant
  • 31. AACC - 2013 - 31 l’ego de l’internaute qui peut faire et dĂ©faire sa rĂ©putation, son destin. En percevant ce dĂ©sir de reconnaissance, elle a raison de le valoriser pour ce qu’il est vraiment. Le coup de projecteur est un plus, mais la voie de l’authenticitĂ© est meilleure. Comme le dĂ©montrent, les campagnes Benetton « it’s my :time » et celle des Ă©gĂ©ries de Dove. L’un mondial, l’autre national, les castings recrutent parmi les amoureux de la marque. Les consommateurs sont mis sous les feux de la rampe pour leurs qualitĂ©s d’individus, et pas transformĂ©s en super modĂšles scintillants. Ce qui signifie une attention pour chacun, et la multiplication des actes gratuits de gĂ©nĂ©rositĂ©. Une tendance trĂšs prĂ©gnante aujourd’hui. La marque doit aussi se raconter. Avec le story telling ou le brand content, il est pos- sible d’intĂ©grer l’identitĂ© du consommateur dans un dispositif qui construit autant la marque que l’image projetĂ©e de l’individu. Ainsi, il est pertinent de façonner l’individu pour façonner la marque et de dĂ©velopper curation et gestion de contenu. Autre piste : le crowdsourcing qui reste le plus fort levier d’accomplissement per- sonnel en permettant aux consommateurs de se sentir impliquĂ©s dans une commu- nautĂ© oĂč les convictions et idĂ©es de chacun peuvent contribuer Ă  la construction du futur de l’identitĂ© et de l’image de la marque. En faisant travailler le consommateur avec elle, la marque lui donne une chance de changer le monde. Enfin, il faut aussi s’amuser des travers que le consommateur provoque, notamment lorsqu’il attise l’exhibitionnisme et le perfectionnisme de la marque. Ce voisinage para- doxal entre Ă©gocentrisme accru et tendance Ă  l’autodĂ©rision a inspirĂ© quelques marques pour matĂ©rialiser l’internaute de façon surprenante. Par exemple, en se moquant des uns et des autres, en testant son influence, ou en immortalisant sa vie sociale
 AcquĂ©rir, fidĂ©liser, transformer Jamais, le consommateur n’a Ă©tĂ© aussi accessible et pourtant il n’a jamais Ă©tĂ© aussi complexe de le capter. Or, la marque a besoin de ses clients. Qu’ils gravitent ou non autour d’elle, elle doit ramener en son sein, leurs discussions qui ont tendance Ă  se dĂ©velopper en dehors d’elle. Car, c’est sĂ»rement plus facile et logique que de se transposer au cƓur des consommateurs. LA rĂ©ponse pour ingĂ©rer le cloudbranding est d’aller vers un marketing post-moderne et de se dĂ©faire des anciens rĂ©flexes. Le principe est d’une part, de viser un dispositif, smartphone, profils Facebook
, plutĂŽt que l’individu, car ce qui compte c’est l’effica- citĂ© du profilage. Et d’autre part, ne pas s’encombrer de l’anonymat qui n’est plus un problĂšme. C’est peut-ĂȘtre mĂȘme une solution aux questions et contraintes juridiques.
  • 32. 32 - 2013 - AACC Il n’en reste pas moins que si cet Ă©cosystĂšme gĂ©nĂšre des tensions, il est la source de dynamiques. La marque, en veille ou en activitĂ© face Ă  son consommateur/dĂ©ci- deur, ne doit donc pas se limiter et se focaliser sur les dangers mais s’ouvrir com- plĂštement aux possibilitĂ©s. Elle doit positiver dans l’intention et n’avoir que deux questions en tĂȘte : comment inventer et ĂȘtre projective ? Quels sont les chantiers avec lesquels transformer le business ? Ce qui passe par la crĂ©ation permanente d’une opensource, au grĂ© de l’individu. Alors pour rĂ©pondre Ă  l’exigence, la maturitĂ© et l’infidĂ©litĂ© de l’internaute, comme Ă  la concurrence accrue sur fond de crise, la marque dispose de plusieurs moyens : âœčâœč DĂ©velopper une pertinence de contenu, une stratĂ©gie de la qualification des contacts et du ciblage comportemental. âœčâœč Se recentrer sur le destinataire final avec un marketing ciblĂ©, pertinent, contextuel. âœčâœč Intervenir dans le parcours d’achat et calibrer ses initiatives marketing par canal. âœčâœč Contenter le public en lui offrant ce qu’il dĂ©sire, comme des offres instantanĂ©es et plus flexibles ou la possibilitĂ© d’échanger des primes de plusieurs maniĂšres. RĂ©- pondre au besoin d’un engagement personnalisĂ© en intĂ©grant l’importance des rĂ©compenses dans tous les programmes de fidĂ©lisation. âœčâœč CrĂ©er de la valeur ajoutĂ©e immĂ©diate pour ses clients pour qui bĂ©nĂ©ficier de primes ne suffit plus. âœčâœč Concentrer les budgets et l’énergie sur ce qui intĂ©resse leur client. âœčâœč Accompagner l’usage des comparateurs de prix et les showrooming. âœčâœč Faire converger les 2 Ă©cosystĂšmes du commerce et de l’e-commerce, en repen- sant les outils de gestion de la relation client (tracking, CRM, data
) pour faire communiquer les silos entre eux. âœčâœč IntĂ©grer une cohĂ©rence dans les prix et les donnĂ©es comportementales entre l’achat online et offline. âœčâœč Imaginer des programmes de fidĂ©lisation qui intĂšgrent le web et le point de vente.
  • 33. AACC - 2013 - 33 âœčâœč Ne plus pĂȘcher par orgueil, face Ă  la rĂ©bellion pacifique du consommateur. âœčâœč S’accorder Ă  l’interne pour parler avec le mĂȘme vocabulaire selon qu’on est directeur marketing ou dircom. Deux passages obligĂ©s Toutefois, la quĂȘte du Graal ne s’arrĂȘte pas lĂ . Et pour ĂȘtre sĂ»res d’offrir au consom- mateur le frisson d’une expĂ©rience d’achat enrichie, les marques doivent emprunter deux passages obligĂ©s. D’abord, rĂ©inventer le cross canal en effaçant le distinguo entre publicitĂ© et autres canaux de communication. Ce clivage est moins fort mais toujours d’actualitĂ©. Or, l’utilisateur Internet doit ĂȘtre au centre et il faut arriver Ă  lui parler d’une seule voix en innovant et en mixant les formats. Ensuite, rester pro actives, en faisant Ă©voluer leur relation client Ă  travers des tech- niques qui ont fait leur preuve comme l’adresse postale qui garde toute sa perti- nence stratĂ©gique mais aussi via d’autres expĂ©riences plus rĂ©centes comme le trĂšs prometteur VRM (Vendor Relationship Management). L’idĂ©e centrale du VRM est de fournir aux consommateurs des outils pour gĂ©rer et piloter leurs relations avec les marques. Ces dispositifs les aideront par exemple Ă  mieux choisir leurs fournisseurs de services (tĂ©lĂ©com, banque, tourisme
), Ă  mieux acheter en pouvant lancer leurs propres appels d’offres ou encore Ă  mieux contrĂŽler les informations qu’ils partagent. Le VRM est comme un CRM inversé : il permet au consommateur de gĂ©rer sa relation avec l’ensemble des marques qui l’intĂ©ressent, tout comme la marque utilise le CRM pour mieux gĂ©rer sa relation avec ses clients. Avec le VRM, le « moi » du consommateur affirme haut et fort qui il est et ce qu’il attend des marques. Il fait du farming (location de personnage), car il sait qu’il va ĂȘtre traquĂ©, alors il dĂ©multiplie les pistes. La gestion des identitĂ©s d’un individu construit les diffĂ©rents environnements digitaux qui lui correspondent. Ce qui lui confĂšre un sentiment de pouvoir et de maĂźtrise. Ses identitĂ©s deviennent un bien immatĂ©riel
 une arme. Le VRM peut ainsi devenir la plateforme de commercialisa- tion de ses multiples identitĂ©s et dĂ©sirs. Les datas et l’intelligence marketing s’enri- chissent alors de son comportement et alimentent son ciblage marketing. On pour- rait mĂȘme voir Ă©merger des fabricants d’identitĂ© qui vendraient ou louraient des profils avec par exemple : « 1 moi pour 1 mois, dĂ©couvrez offres et expĂ©riences va- riĂ©es et exclusives pour 19 euros  » 
  • 34. 34 - 2013 - AACC Avec cette discipline, la marque passe bien de l’économie de l’attention Ă  celle de l’intention. Elle inverse totalement la relation commerciale. RĂ©sultat : en passant d’un marketing de masse Ă  un marketing ciblĂ© puis Ă  un marketing micro ciblĂ© mas- sif, elle peut massifier et industrialiser son micro ciblage sans pour autant connaitre l’identitĂ© de la personne. C’est l’IdentitĂ© numĂ©rique (IDN) versus le CRM ou l’ultime combat ! Un exemple intĂ©ressant de VRM liĂ© Ă  l’identitĂ© (collecte et maitrise de donnĂ©es personnelles) : le site www.enliken.com/discover Le marketing des bonnes maniĂšres Les marques utilisent les informations personnelles, traquent l’activitĂ© des inter- nautes, analysent leurs comportements
sans une vĂ©ritable transparence. Et si elles les rassuraient sur leurs pratiques, sans ambigĂŒité ? Et si l’internaute, qui n’est pas dupe, Ă©tait enfin capable de maĂźtriser les donnĂ©es qu’il partage, en toute connais- sance de cause, sans avoir l’impression d’ĂȘtre berné ? Les marques ne pourront se rĂ©inscrire dans le schĂ©ma du Win/Win avec leur consommateur qu’en rĂ©pondant Ă  des questions comme : quel comportement adopter ? Comment ĂȘtre respectueuses, intelligentes ? Et puisqu’elles connaissent dĂ©jĂ  Ă©normĂ©ment de choses sur le consommateur, comment ne pas ĂȘtre dĂ©pla- cĂ©es, indĂ©licates quand elles s’adressent Ă  lui et Ă  ses avatars ? C’est seulement en affichant Ă©ducation, discrĂ©tion et sobriĂ©tĂ© qu’elles seront bien perçues et qu’on leur sera grĂ© de leur intrusion. Mais dĂ©jĂ , l’apaisement est en bonne voie avec un assainissement de la collecte des donnĂ©es. En effet, il y a moins d’échanges de BDD, d’achats de fichiers non qualifiĂ©s ou d’aspirations d’adresses sur le web, au profit de stratĂ©gies plus pĂ©rennes et dĂ©ontologiques avec des collectes sur les sites, l’utilisation de fichiers clients et la captation sur les points de vente. D’autre part, tenir compte des « Digital Detox » qui dĂ©noncent la dimension Big Brother du web, est aussi une option payante. En ne cherchant plus Ă  voler des informations, l’entreprise ne peut qu’encourager le consommateur Ă  moins se cacher. Les agences : des alliĂ©es prĂ©cieuses Internet n’est pas simplement un media, c’est un territoire oĂč il existe une vraie vie, oĂč l’on peut gagner de l’argent, construire une rĂ©putation
 Il faut en connaĂźtre les constituants.
  • 35. AACC - 2013 - 35 Aux agences de faire comprendre Ă  leurs clients que c’est Ă  cette seule condition qu’ils pourront regagner la confiance et gĂ©rer Ă  nouveau la possibilitĂ© d’appuyer sur le bouton du « on » ou du « off » de leur relation avec le consommateur. Aux agences aussi de jouer leur rĂŽle de conseil pour amorcer le virage de l’innova- tion, et accompagner les marques qui ne doivent pas ĂȘtre sur la dĂ©fensive mais volontaires, en les aidant Ă  cerner l’impact structurel du e-commerce auprĂšs des clients. Un objectif qui passe par la triple obligation de ne pas subir la technologie, de consi- dĂ©rer la problĂ©matique d’outil comme secondaire et d’envisager tous les scenarii possibles, ce qui implique de susciter la crĂ©ativitĂ©. Notamment en partant de nouveaux principes comme par exemple le profil qui devient une identitĂ©, ĂȘtre conscientes que l’intrusion est concrĂšte, que les consommateurs ont une courbe de comportement trĂšs rapide de mise en place de stratĂ©gies d’évitement, et que c’est dĂ©sormais l’individu qui donne la consigne et non plus la marque. Autant d’élĂ©ments qui feront que les annonceurs et les agences devront travailler sur des paramĂštres comme la psychologie et le comportement, et plus seulement sur les datas et les algorithmes 
 trop mĂ©caniques. D’autre part, il est impĂ©ratif d’accompagner les annonceurs dans l’action en temps rĂ©el, la crĂ©ation de contenu crĂ©dible afin de rendre l’information utile et d’obtenir une reconnaissance sociale via les pages web, car Internet est un outil de valorisation sociale. DerniĂšre mission et pas des moindres  : inciter les marques Ă  prĂ©fĂ©rer le VRM. Notamment en rĂ©unissant les conditions pour que ces plateformes se crĂ©ent et se dĂ©ploient en France. Et en dĂ©finissant parfaitement les engagements mutuels de la marque et du consommateur. Bref les amener Ă  dĂ©velopper le capital confiance, car le consommateur a besoin d’ĂȘtre rassuré !
  • 36. 36 - 2013 - AACC Quelques recommandations pour ce nouveau jeu (de rĂŽle) : âœčâœč Ne pas chercher Ă  ĂȘtre intrusif, laisser le consommateur entrer en relation avec la marque et se dĂ©voiler progressivement. âœčâœč Penser la relation dans la durĂ©e, via tous les points de contacts, de maniĂšre homogĂšne, dans un timing maitrisĂ© (customer journey). âœčâœč Enrichir les bases clients de donnĂ©es comportementales afin de travailler davan- tage sur les comportements de segments consommateurs plutĂŽt que de poursuivre la quĂȘte de l’identitĂ© exacte. âœčâœč Construire une cohĂ©rence des points de contacts (web, magasin, mobile) pour dĂ©velopper la connaissance client dĂ©jĂ  existante mais non active. âœčâœč Apprendre Ă  jouer avec les masques et les rĂŽles du consommateur (gamification du marketing) et ne pas chercher forcĂ©ment le vrai individu derriĂšre le masque (post modernisme du marketing). âœčâœč Disposer d’outils et de process CRM permettant d’avoir une vision unique du consommateur quelques soient les points de contact. âœčâœč Mettre en place une vĂ©ritable politique de Privacy Policy, voire une charte de respect des donnĂ©es personnelles. âœčâœč Mettre en place un rĂ©fĂ©rentiel. Certains points de contact sont plus durables que d’autres : l’adresse postale est un rĂ©fĂ©rentiel qui reprendra dans les annĂ©es qui viennent ses lettres de noblesse dans la mesure oĂč elle permet d’identifier la rĂ©alitĂ© concrĂšte d’un consommateur. âœčâœč Enfin, prĂ©voir l’arrivĂ©e de nouveaux dispositifs qui permettront aux consomma- teurs de se protĂ©ger et de gĂ©rer eux-mĂȘmes la relation aux marques (VRM). Etre pro-actif dans la mise en place de ces outils (crĂ©ation de web services entre le CRM de la marque et le VRM du consommateur).
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  • 38. 38 - 2013 - AACC 4/ ET DEmain
 le VRM ? Internet et les technologies de l’information n’ont pas fini de rĂ©volutionner nos sociĂ©tĂ©s. Dans le commerce, la dĂ©sintermĂ©diation et la rĂ©-intermĂ©diation ont Ă©tĂ© les premiers volets d’une rĂ©volution dans les modes de commercialisation des produits et des services... Preuve Ă  l’appui, les soucis de Surcouf puis de Virgin MĂ©gastore montrent par exemple les effets d’Internet dans l’industrie des produits culturels. La prochaine Ă©tape pourrait ĂȘtre plus radicale. En effet, comme le rappelle fort justement les au- teurs du rapport Collin et Colin, le numĂ©rique « dĂ©vore » dĂ©sormais tous les secteurs d’activitĂ©s de l’économie. Mais surtout, en fournissant de nouveaux outils aux consommateurs, Internet leur donne de nouveaux pouvoirs. Ainsi par exemple, la dĂ©mocratisation des smartphones fait peur Ă  de nombreuses enseignes dont les clients pratiquent de plus en plus le showrooming. Les comparateurs de prix et les avis de consommateurs sont dĂ©sormais dans nos poches. InformĂ©s et en rĂ©seau, les clients peuvent dĂ©sormais challenger les marques, les comparer et les mettre en concurrence. Et ce n’est qu’un dĂ©but ! Un consommateur vraiment puissant C’est la thĂšse partagĂ©e par ceux qui prĂ©voient l’arrivĂ©e massive de nouveaux ser- vices online qui renforceront encore le pouvoir des consommateurs. C’est l’objectif notamment des plateformes de VRM. (cf page 33) De l’attention Ă  l’intention Dans son livre The Intention Economy, Doc Searls, connu pour ĂȘtre l’un des 4 auteurs du Cluetrain Manifesto, nous expose sa vision « client centric » de l’avenir du com- merce. Selon lui, nous allons passer d’une « économie de l’attention » Ă  une « éco- nomie de l’intention ». Dans la premiĂšre, les marques cherchent Ă  capter l’attention des consommateurs pour les sĂ©duire et vendre leurs produits. Dans la seconde, ce sont les consommateurs qui vont expliciter leurs intentions d’achat et exploiter des outils pour optimiser leurs relations aux marques. Dans la premiĂšre, les marques collectent et cumulent des donnĂ©es sur leurs clients pour mieux les cibler et renfor- cer la performance publicitaire. Dans la seconde, ce sont les clients qui gĂšrent les donnĂ©es les concernant et les items (passions, hobbies, centres d’intĂ©rĂȘts, etc.) sur lesquels ils veulent bien ĂȘtre interpellĂ©s par les marques. GrĂące Ă  de nouveaux inter- mĂ©diaires, vĂ©ritables tiers de confiance, les consommateurs possĂ©deront leur propre centre de donnĂ©es personnelles qu’ils partageront ou pas et de maniĂšre sĂ©lective avec les entreprises. Ils pourront donc faire le tri entre les marques qu’ils aiment et les autres dont ils pourront mieux se protĂ©ger.
  • 39. AACC - 2013 - 39 Selon Doc Searls, pour parvenir Ă  cet objectif, les consommateurs doivent tout d’abord se rĂ©approprier leurs donnĂ©es personnelles. La digitalisation de la relation entre les marques et les consommateurs permet aux entreprises et aux intermĂ©diaires (Google, Facebook, les Ad Server
) de collecter de nombreuses informations sur les profils et le comportement des consommateurs. Ces donnĂ©es sont ensuite plus ou moins bien exploitĂ©es par les marketers pour cibler et personnaliser les messages que les consommateurs reçoivent de la part des marques. L’un des objectifs que pour- suivent les tenants du VRM est de fournir aux consommateurs des solutions pour se rĂ©approprier ces donnĂ©es, ĂȘtre en mesure de les gĂ©rer et de les exploiter. Cela passe par la mise en place d’applications digitales qui facilitent ces pratiques (ex. la version beta de Privowny) mais aussi Ă©ventuellement par de nouvelles rĂšgles que peuvent im- poser les gouvernements Ă  l’instar du projet MyData au Royaume-Uni. Le MyData Ă©quilibre les rapports de force entres les marques et les consommateurs LancĂ© officiellement durant l’étĂ© 2012, MyData vise la mise en place de plateformes qui permettront de normaliser et d’échanger les donnĂ©es collectĂ©es par les grandes marques, les enseignes et les diffĂ©rents opĂ©rateurs (banques, tĂ©lĂ©com
) britan- niques. Le gouvernement de Cameron veut « inciter » les entreprises Ă  partager de maniĂšre plus ouverte les donnĂ©es personnelles qu’elles possĂšdent sur leurs clients. Cela permettra Ă  ces clients de rĂ©-exploiter ces donnĂ©es et de les valoriser auprĂšs d’autres marques. ConcrĂštement, imaginez que votre banque ou que votre opĂ©ra- teur tĂ©lĂ©com vous permettent d’accĂ©der et de tĂ©lĂ©charger vos donnĂ©es de consom- mation. Cela vous permettra d’aller voir d’autres banques ou d’autres opĂ©rateurs pour qu’ils puissent vous faire une offre personnalisĂ©e au meilleur prix correspon- dant Ă  votre profil de consommation. Comme l’indique Norman Lamb du MinistĂšre en charge de MyData : « La technolo- gie a permis aux professionnels de mieux comprendre leurs cibles Ă  un niveau encore jamais atteint. Mais Ă  l’inverse le consommateur est dĂ©savantagĂ© car il n’a pas les mĂȘmes moyens et connaissances pour prendre ses propres dĂ©cisions ». Ce fameux MyData permet de rĂ©Ă©quilibrer les forces. L’idĂ©e est donc d’apporter des pouvoirs Ă©quivalents entre les marques et les consommateurs. La dĂ©cision du gou- vernement britannique est Ă  la pointe des tendances sociĂ©tales et technologiques. Elle devance une demande encore peu explicite mais dont l’émergence ne saurait tarder. Tout comme la logique de l’Open Data dans le domaine public, l’objectif est d’obliger les acteurs privĂ©s Ă  partager les donnĂ©es qu’ils possĂšdent pour que des tiers (Ă©diteurs informatiques, dĂ©veloppeurs indĂ©pendants, start-up 
) puissent ima- giner et dĂ©velopper des applications au service des consommateurs.
  • 40. 40 - 2013 - AACC On le voit, Internet a provoquĂ© une vague de fond qui donne des moyens inĂ©dits aux consommateurs. Nous n’en sommes qu’aux prĂ©mices. Cela ne veut pas dire que les marques vont perdre toute possibilitĂ© de sĂ©duction et d’activation des consommateurs. Au contraire, les donnĂ©es qu’elles, ou que les nouveaux intermĂ©- diaires rĂ©coltent, vont permettre d’aller de plus en plus loin dans le ciblage et la personnalisation en temps rĂ©el des campagnes et donc renforcer leur efficacitĂ©. NĂ©anmoins, pour rĂ©ussir Ă  rĂ©sister Ă  cette vague de fond, les marques devront Ă©voluer et mettre en place des organisations et des outils spĂ©cifiques. Voici quelques pistes, rĂ©flexions et interrogations suscitĂ©es par ce vĂ©ritable tsunami digi- tal de nouveaux pouvoirs consumĂ©ristes : âœčâœč La digitalisation de l’entreprise sera fondamentale. Pour autant, il ne faut pas rater l’essentiel : au-delĂ  de la digitalisation, il s’agit surtout d’intĂ©grer en quoi Internet transforme le comportement des consommateurs et du coup le rapport de force entre les consommateurs et les marques. Au niveau du marketing, ce qui est capital, c’est d’apprĂ©hender la nouvelle place et la nouvelle puissance du client. Cela nĂ©cessitera d’organiser REELLEMENT l’entreprise autour de la connais- sance, de la relation et du service client. âœčâœč Les marques devront mettre en place les dispositifs CRM qui leur permettront d’exploiter les donnĂ©es clients et du coup de « dialoguer » avec les plateformes VRM. L’interfaçage entre les plateformes VRM et le CRM deviendra bientĂŽt l’un des principaux enjeux IT du marketing. âœčâœč On peut se poser la question de l’intĂ©rĂȘt rĂ©el des consommateurs pour les plate- formes VRM. RĂ©ussiront-elles Ă  attirer les consommateurs ? Ne seront-elles pas trop complexes ? Ces questions sont lĂ©gitimes. Pour autant, nous pouvons compter sur l’ingĂ©niositĂ© de la communautĂ© des dĂ©veloppeurs et des start-up pour concevoir et dĂ©velopper des plateformes conviviales, ludiques et gĂ©nĂ©rant suffisamment de valeur ajoutĂ©e pour sĂ©duire les consommateurs. Le VRM n’est qu’un exemple applicatif d’un mouvement de fond qu’il ne faut pas sous-estimer. âœčâœč L’exploitation marketing des donnĂ©es personnelles est de plus en plus mal vĂ©cue par un nombre croissant de citoyens. Les lĂ©gislations se multiplient pour protĂ©ger les consommateurs et leur vie privĂ©e. Le VRM constitue de fait une rĂ©ponse inno- vante et adĂ©quate aux craintes lĂ©gitimes des consommateurs. En leur permettant de se rĂ©approprier leurs donnĂ©es personnelles, les projets VRM vont rĂ©tablir la confiance dans la relation marque/consommateur.
  • 41. âœčâœč La question de la valeur Ă©conomique des donnĂ©es personnelles est Ă©galement posĂ©e. Une rĂ©cente Ă©tude du Boston Consulting Group montre l’importante pro- gression de l’économie des donnĂ©es. La « vie personnelle » d’un europĂ©en vau- drait aujourd’hui 600 euros. A qui appartiennent les donnĂ©es personnelles ? Com- ment gĂ©rer et protĂ©ger ce capital immatĂ©riel ? LĂ  encore, la possibilitĂ© pour les individus de gĂ©rer leur propre banque de donnĂ©es personnelles via des plate- formes dĂ©diĂ©es semble ĂȘtre une rĂ©ponse appropriĂ©e Ă  cette problĂ©matique. Le VRM clarifie et rend plus transparent des flux de donnĂ©es et donc de valeur qui resteraient invisibles et opaques aux yeux des consommateurs, crĂ©ant lĂ  encore de la dĂ©fiance
 Le VRM n’est pas une solution miracle mais il rĂ©pond Ă  un nombre important de problĂšmes soulevĂ©s par la digitalisation de l’économie. C’est peut-ĂȘtre une nouvelle utopie technologique mais qui met en lumiĂšre un mouvement de fond qui n’a pas fini de bouleverser la sociĂ©tĂ© marchande. TrĂšs concrĂštement, c’est le projet d’un ensemble de solutions applicatives qui permettront de rĂ©Ă©quilibrer la relation entre les marques et leurs clients. PortĂ©e par une communautĂ© de chercheurs, de dĂ©ve- loppeurs et de start-up, c’est une idĂ©e ambitieuse qui prend forme et se concrĂ©tise chaque jour davantage. Nous voilĂ  prĂ©venus !
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  • 44. Association des Agences-Conseils en Communication 40, boulevard Malesherbes 75008 Paris www.aacc.fr