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DÉLAISSÉ URBAIN DANS LE VIEUX LYON
4-6-8-10 MONTÉE DU GOURGUILLON
Vincent Beal
Quentin Chapuis
Jean-Christophe Couët
Justine Crolla
Maria Gusarova
Vincent Niochet
L3 IUL 2015/2016
3
REMERCIEMENTS
Nous remercions l’équipe des professeurs de l’Institut d’Urbanisme de Lyon, notamment M. Mael MERALLI-BALLOU, Mme
Rachel LINOSSIER et Mme Lydia COUDROY DE LILLE d’avoir enrichi nos connaissances et de nous avoir guidés durant
toute cette année.
On tient également à remercier chaleureusement les personnes et les structures suivantes:
M. Nicolas HUISSON, M. Didier MONTMASSON, M. Bruno JOYEUX, les habitants du bâtiment situé au 2 montée du Gourguil-
lon, qui nous ont fourni des images et des informations précieuses qui ont été très utiles dans notre travail;
Mme Céline FAURIE GAUTHIER, adjoint d’Urbanisme, Environnement et Liaisons vertes de la mairie du 5ème arrondisse-
ment de Lyon et les personnels de la mairie du 5ème arrondissement
M. Emmanuel BERNOT, archéologue spécialiste du bâti et du sous-sol et ses collègues du Service archéologique de la Ville
de Lyon
Lionel Avallet, qui a travaillé sur le délaissé analysé lors de son stage chez Service Archéologique de la Ville de Lyon en
2010-2011
Mme Perrine BEAU, permanente au nom de l’association Renaissance du Vieux-Lyon,
les membres des associations Les Dragons de Saint-Georges, Association de Recherche Historique Ouest Lyon (ARHOLY 5
), Association Vieux-lyon.org
les personnels de l’Archive Municipal et des bibliothèques de Lyon,
ainsi que tous les habitants du quartier qui ont participé dans notre questionnaire et nous ont soutenu pendant la réalisation
de notre diagnostic.
4
SOMMAIRE
INTRODUCTION	P.7
PARTIE 1 : HISTOIRE	 P.9
I. Le Vieux Lyon : un quartier marqué par l’Histoire.	 P.10			
	
I.1.Une urbanisation qui s'étale dans l'espace depuis l'Antiquité.	 P.10
I.2. Du Moyen-âge au XVIème siècle : Lyon comme capitale religieuse.	 P.10
	
I.3. Une forte influence italienne à la Renaissance.	 P.11
I.4. Au XVIIIème siècle, la polarisation de la Presqu'île.	 P.11	
I.5. Le "Vieux Lyon" délaissé.	 P.11
	
I.6. Le Secteur Sauvegardé : à la rencontre de l’Histoire et du Patrimoine.	 P.11	
II. Histoire de la population.	 P.13	
PARTIE 2 - APPROCHE MORPHOLOGIQUE	 P.14
Introduction :	 P.15	
I. LA MORPHOLOGIE URBAINE DU VIEUX LYON ET DE SAINT-GEORGES.	 P.15	
I.1.Morphologie urbaine du Vieux Lyon.	 P.16
Système parcellaire	 P.16	
Système viaire	 P.16	
Système bâti	 P.16 	
Système des espaces vides	 P.16	
I.2. La place de la Trinité : un carrefour structurant Saint-Georges.	 P.17	
II. ARCHITECTURE : L'HOMOGENEITE DU VIEUX LYON.	 P.17	
II.1 Typologie des formes architecturales à Lyon.	 P.18	
II.2. La façade du délaissé dans son cadre architectural.	 P.18	
II.3. Organisation spatiale du terrain.	 P.20	
II.3.a. Documents anciens.	 P.20	
II.3.b. Proposition de plan d'organisation spatiale.	 P.21	
III. GEOMORPHOLOGIE ET RISQUES.	 P.22	
III.1. Description de la géomorphologie et de l'hydrographie.	 P.22	
III.1.a. Nature géologique du site.		 P.22	
III.1.b. Topographie du Vieux Lyon.		 P.23			
III.1.c. Hydrographie.		 P.23	
III.2. Le délaissé et l'environnement.	 P.24	
III.3. Les risques naturels comme contraintes techniques majeures.		 P.25
5
III.3.a. Les risques d’inondation		 P.25	
III.3.b. Les risques de mouvement de terrain		 P.25	
III.3.c. Les phénomènes de "fontis"		 P.26
PARTIE 3 - CADRE POLITIQUE ET REGLEMENTAIRE.	 P.27	
I. POLITIQUES URBAINES ET D'AMENAGEMENT.	 P.28	
I.1. Des différences de problématique qui entraînent des dynamiques urbaines différentes.		 P.28	
I.2. Politique de logement : une politique incitatrice.		 P.29	
I.3. Un travail réalisé avec les habitants du Vieux Lyon.		 P.29	
I.4.Une véritable dynamique de réhabilitation du cadre bâti.	 P.30	
II. Cadre Réglementaire et Urbanistique.		 P.30	
II.1. Le Patrimoine : histoire et définition.		 P.30	
II.2. Les dispositifs de conservation et de protection patrimoniale.		 P.31	
II.3. Une harmonisation des dispositifs de règlementation.		 P.33	
PARTIE 4 - CADRE DE VIE.		 P.35
	
I. LES EQUIPEMENTS PUBLICS.		 p.36	
II. LA MOBILITE SUR LE TERRITOIRE.		 p.37
	
III. FONCTIONS COMMERCIALE ET RESIDENTIELLE.		 P.39	
III.1. Portrait global.		 P.39	
III.2. La fonction commerciale.		 P.39	
Le quartier St-Jean.		 P.40	
III.3. La fonction résidentielle.		 P.41	
IV. LA POPULATION ET LE DYNAMISME DU QUARTIER ST-GEORGES.	 P.42	
IV.1. Les données statistiques. Situation générale.	 P.42
	
IV.2. Dynamisme local/commercial.	 P.42	
V. LE TOURISME AU VIEUX LYON.		 P.43
CONCLUSION 		 P.45
	
BIBLIOGRAPHIE		 P.48
TABLE DES FIGURES	 P.49
ANNEXES		 P.50
INTRODUCTION
7
NTRODUCTION
1. Approche sensible.
	 Notre délaissé donne l’impression d’un territoire mystérieux dès son entrée. Il faut dire que celle-ci n’est pas aisée.
Il est à peine visible depuis la rue, ce qui attise dès lors notre curiosité. Cette dernière est décuplée puisque nous sommes
dans un quartier historique et que les murs, les portes du délaissé nous renvoient à des petits bouts d’histoire. C’est un es-
pace confiné. Le fait de devoir avoir l’autorisation de la mairie, d’ouvrir la porte avec une clef, c’est comme si nous étions les
petits chanceux qui allaient avoir le droit de percer les mystères du délaissé de la montée du Gourguillon. Malgré un amas de
déchets dès le premier regard, cet espace attire. Des traces de bâti, d’histoire, se dissimulent sous une végétation qui tente
de reprendre ses droits. L’odeur et les déchets ne vont pas nuire à l’enthousiasme que crée la découverte de ce lieu, même
s’il est dommage qu’on ne puisse pas comprendre ni respecter son caractère exceptionnel. Cette exploration est synonyme
d’une vraie escalade, on s’accroche aux branches, on grimpe les rochers, on s’aide d’une corde. C’est une petite aventure.
Devant monter ou enjamber des espaces pour découvrir tous les éléments du délaissé, la découverte se fait petit à petit,
allant de surprise en surprise. On découvre une cheminée, des murs avec une architecture particulière, on tente de deviner
la hauteur, l’agencement de l’ancienne bâtisse… Les voisins nous guettent, comme si nous étions des hors-la-loi. Arrivés en
haut, la vue sur les toits semble être le coup de grâce de notre ascension. Il semble nécessaire de capturer l’instant. La
position incongrue et la peur de la redescente ne font qu’accroître le caractère aventurier de ce délaissé. On redescend,
tous heureux et enthousiastes d’être sur ce site. On oublie les mauvaises odeurs et les bouteilles, d’ailleurs c’est comme
si elles donnaient un caractère encore plus incongru au lieu : un espace intime, secret, où on se cache. Un espace qu’on
veut s’approprier, dissimulé. Un lieu abandonné qu’on tente d’habiter. A regarder de plus près, l’action récente de l’Homme
sur le délaissé se fait ressentir. Il y a eu des travaux récemment, pour combler le danger du site créant un mélange entre le
nouveau et l’ancien. On pourrait presque parler de « faux délaissé ». On ressort de la première parcelle pour rentrer dans
la deuxième en passant par la rue. Nous n’avons pas pu apercevoir grand-chose malgré notre ascension, son approche
étant trop dangereuse. Une anecdote sur la porte, révélatrice d’une méthode de construction d’une époque, fait encore une
fois gagner au lieu de l’authenticité. Le meilleur arrive. Une fois la deuxième porte ouverte, nous sommes vraiment dans les
ruines d’une bâtisse, les agencements apparaissent plus nets : un balcon, une cour intérieure, une descente vers une cave,
des bouts d’escaliers, un mur dont l’imbrication nous démontre une volonté esthétique d’une période. On a envie de se proje-
ter, de découvrir encore davantage ce qu’il y avait là. On a envie de préserver tout ça, c’est comme si l’on venait de découvrir
un petit trésor qui était pourtant sous le nez de bien des gens, depuis longtemps. Un espace de respiration et d’histoire au
cœur de l’effervescence de la ville, de cette densité et modernité prédominante. Nous ne sommes plus à Lyon.
2. Description.
	 Situé dans le Vieux Lyon et le quartier Saint-Georges, le délaissé étudié est un ensemble de 4 parcelles (4-6-8-10
montée du Gourguillon) qui ne sont pas exemptes de bâti : des élévations de mur, des escaliers, des blocs, des briques, des
tuiles le parsèment. Le site n’est pas plat : plusieurs terrasses formées par d’anciennes constructions en ruine compliquent
l’accès du site. Il est parfois même nécessaire d’utiliser une corde afin de monter dans la pente d’une inclinaison d’environ
40%. La surface trapézoïdale du délaissé représente près de 550m².
	 Ce terrain comporte des risques d’instabilité et nécessite la réalisation de travaux de confortement au titre desquels
la Ville de Lyon a engagé un référé préventif en février 2012 et a réalisé des travaux en 2013-2014. A cause des dangers
dus à l’état du délaissé, il n’est pas ouvert aux visiteurs et est clos par une façade présentant des éléments architecturaux
anciens, donnant sur la montée du Gourguillon. Également, des bâtiments sur les trois autres côtés du délaissé le ferment.
En outre, ce terrain est jonché de déchets : bouteilles, restes de nourriture ou même une luge oubliée là par quelqu’un. La
végétation sauvage complète le portrait de ce terrain qui présente toutes les caractéristiques d’un lieu abandonné.
8
3. Un délaissé urbain à diagnostiquer.
	 Nous estimons le terrain des 4-6-8-10 montée du Gourguillon «délaissé», car il ne remplit aucune fonction appa-
rente au sein de l’espace urbain. Au premier abord, il pose un certain nombre de questions évidentes : pourquoi et depuis
quand est-il dans cet état d’abandon (Partie 1) ? D’un point de vue visuel, fait-il partie intégrante du Vieux Lyon ? Repré-
sente-t-il une menace structurelle pour la rue ou pour le bâti mitoyen (Partie 2) ? De plus, comment est-il possible qu’un
terrain d’une telle ampleur s’insère dans un quartier du «Secteur Sauvegardé» de Lyon, et dont la politique menée devrait
logiquement protéger l’aspect de la ville (Partie 3) ? Enfin, un tel délaissé ne peut s’isoler de son environnement social; ainsi
comment est-il perçu par les habitants et quels sont les besoins locaux auxquels pourrait répondre l’aménagement d’un tel
vide au milieu de la ville (Partie 4) ?
	 Le contexte de ce délaissé urbain ne laisse pas indifférent : s’inscrivant dans le quartier ancien le plus touristique
de Lyon, tout projet d’aménagement le concernant doit prendre en compte d’une part l’ambiance propre au quartier Saint-
Georges, et d’autre part la fonction économique liée essentiellement au tourisme du Vieux Lyon.
	 Nous nous demanderons ainsi dans quelle mesure, au sein d’un Vieux Lyon a priori très homogène, le quartier
Saint-Georges contraste avec les quartiers touristiques de Saint-Jean et Saint-Paul. Nous tenterons également de mettre
en évidence les conséquences du contexte du délaissé en terme d’aménagement, tout en exposant les potentialités d’un tel
terrain.
FIGURE A. Plan antique de Lyon. Source :Archives municipales de Lyon
CONTEXTE
HISTORIQUE
10
I. LE VIEUX LYON : UN QUARTIER MARQUÉ PAR L’HISTOIRE.
I.1.Une urbanisation qui s’étale dans l’espace depuis l’Antiquité.
« Toute ville ne peut avoir une âme et s’offrir un avenir que si elle porte en son sein le souvenir d’une ville disparue ou tout
simplement de la ville ancienne qu’elle fût », Alain Cambier.
Cette citation du philosophe Alain Cambier nous a poussé dans un premier temps à se pencher attentivement sur l’histoire
de la ville de Lyon qui se confond pendant de nombreux siècles avec l’histoire du quartier actuel du Vieux Lyon pour tenter
de comprendre dans quel quartier s’insère notre délaissé et comprendre quel peut être son avenir.
	 Depuis sa fondation en 43 avant J.C. jusqu’à nos jours, Lyon a gardé des traces permanentes et continues des pé-
riodes qui ont marqué son histoire. Le développement de l’urbanisme de la ville est unique en Europe, il est visible d’Ouest en
Est en partant de Fourvière jusqu’à la Guillotière et chaque quartier traversé reflète l’urbanisme d’une période de l’Histoire de
la ville. A l’époque gallo-romaine son centre se situe essentiellement sur la colline de Fourvière. Il s’est naturellement déplacé
glissant lentement vers la Saône pour s’étendre ensuite toujours plus à l’Est. La cité médiévale s’installe aux bas des pentes,
coincée entre la colline et la Saône. Les quartiers du Vieux Lyon qui la composent, construits sur une étroite bande de terre,
s’accrochent aux pentes. Les rues, les escaliers et les passages dévalent jusqu’à la Saône. L’évolution du quartier se prolonge
aux XVIIe et XVIIIe siècles, le rayonnement de Lyon se transforme et la ville prend un nouvel essor. La cité se développe alors
de l’autre côté de la Saône.
	 Le délaissé étudié dans ce diagnostic se situe dans le Vieux Lyon, plus précisément dans le quartier Saint-Georges.
Ainsi l’histoire du Vieux Lyon où s’intègre notre délaissé se confond avec l’histoire de la ville de Lyon durant l’Antiquité et la
première moitié du Moyen-Âge. Le début de son urbanisation remonte à l’Antiquité, à l’époque de l’Empire Romain. Lugdu-
num est alors la capitale de la Gaule romaine. Sa position-clé, au confluent de la Saône et du Rhône, en fait un important
port fluvial. C’est aussi un nœud routier de premier ordre, relié d’une part à Rome par le Sud de la Gaule (la Narbonnaise),
la vallée du Rhône et Marseille, et d’autre part à l’Aquitaine et l’Armorique, la vallée de la Seine et le port de Boulogne. Cette
double position met en contact à Lugdunum l’ensemble de la Gaule du Nord et de l’Ouest avec le reste de l’Empire. Son sta-
tut de colonie romaine accordé par le Sénat et le rôle de capitale des Gaules favorisent l’essor de la ville. Sa population est
estimée entre 50 000 et 80 000 habitants durant le premier siècle, ce qui en fait l’une des plus grandes villes de Gaule. La
ville s’étale principalement sur trois zones particulièrement délimitées : la ville haute aujourd’hui Fourvière, le bourg celte de
Condate sur la rive gauche de la Saône et la rive droite de la Saône, en contrebas de la ville haute. De par son importance,
Lugdunum se dote d’un théâtre antique, d’un odéon et de thermes ainsi que de nombreuses voies dont l’actuelle montée du
Gourguillon, une voie qui n’a que très peu évolué depuis plus de 2000 ans.
I.2. Du Moyen-Âge au XVIème siècle : Lyon comme capitale religieuse.
	 Durant toute la première moitié du Moyen Âge, Lyon est repliée sur les deux rives de la Saône. Du Ve au Xe siècle,
les sources et les études archéologiques manquent pour décrire précisément la ville, mais il semble qu’il y ait peu d’évolu-
tions, pas de constructions civiles d’ampleur et peu de nouveaux établissements religieux. En ce qui concerne notre délais-
sé, en haut de la montée du Gourguillon se trouvait la porte de l’enceinte de la ville face à Saint-Just qui était un hameau
indépendant possédant une basilique ou séjourna plusieurs papes et encore plus loin le bourg Saint-Irénée. De la montée se
dégageait deux chemins, l’un qui s’élève jusqu’à la porte des Farges et qui se dirigeait vers l’Auvergne et l’Aquitaine, emprun-
tée par les pèlerins de Saint-Jacques-de-Compostelle, l’autre en direction du Languedoc. La montée du Gourguillon est donc
un important axe de passage de la ville. Une circulation si importante qu’en 1562 fut décidée de créer le Chemin Neuf pour
décharger un peu la montée qui devenait trop étroite. D’après le Plan Scénographique de Lyon réalisé entre 1545 et 1560,
on observe que la montée du Gourguillon n’est couverte qu’irrégulièrement par des couvents et des maisons de campagne
ou des jardins. Après la montée du Gourguillon, le quartier devient rural, sur un côté de la rue St-Georges, s’alignent d’étroites
maisons au pied des vignes établis sur les balmes.
11
I.3. Une forte influence italienne à la Renaissance.
	 Lyon connaît un véritable âge d’or à la Renaissance, en effet la ville bénéficie des influences particulièrement de
l’Italie. Par sa situation de carrefour entre l’Italie du Nord et la Flandre, Lyon devient très rapidement un important centre de
l’imprimerie en Europe mais également un centre marchand et financier. Les trois quartiers qui la composent prennent leurs
caractéristiques, Saint-Paul au Nord est le quartier de la grande bourgeoisie, centre financier et commercial, le Temple du
Change est une des traces visibles. Saint-Jean au milieu est le quartier du haut clergé et de l’aristocratie avec notamment
la cathédrale Saint-Jean-Baptiste. Enfin le quartier du délaissé étudié, Saint-Georges au Sud est le quartier des artisans. Les
formes urbaines de la Renaissance ont été en majorité conservées et caractérisent le Vieux Lyon actuel (voir Partie 2, II). On
peut y voir notamment l’influence de l’architecture Italienne amenée par les grandes familles de banquiers et de marchands
florentines qui s’installent à Lyon, attirées par son dynamisme, notamment la famille Pierrevive qui rachète un îlot entier
d’habitations dont une maison de prestige ayant appartenu à une riche famille lyonnaise. Une fois les habitations détruites,
la famille fait construire un hôtel à caractère architectural et décoratif exceptionnel, avec au centre une cour rectangulaire
et une galerie avec colonnes et arcades qui relie les deux corps de bâtiment, de l’autre côté des bâtiments plus modestes,
fonctionnels en rapport avec les activités bancaires de la famille. On retrouve des caractéristiques similaires pour les anciens
bâtiments qui jadis étaient situés sur l’emplacement de notre délaissé (voir Partie 2, II).
I.4. Au XVIIIème siècle, la polarisation de la Presqu’île.
	 Aux XVIIe et XVIII siècles, Lyon est à l’étroit dans ses frontières historiques. En effet, la ville se limite à l’actuelle
Presqu’île et au Vieux Lyon. Les pentes de Fourvière et de la Croix-Rousse sont inconstructibles, car il s’agit de terrains
appartenant à l’Église, tout comme la rive gauche du Rhône. C’est ce qui explique la propension des immeubles lyonnais de
l’époque à gagner en hauteur et surtout une densification accrue du Vieux Lyon ainsi que de fréquentes réhabilitations des
bâtiments. C’est à cette époque que de nouveaux bâtiments se construisent sur les pentes du quartier Saint-Georges. C’est
également à cette époque que le centre de Lyon va se déplacer sur la Presqu’île, avec notamment la construction de l’Hôtel
de Ville à côté de la Place des Terreaux, et que des projets gigantesques sont imaginés pour agrandir la ville. P. Morrand
projette d’assécher une partie des marais de la rive gauche du Rhône et de lotir les terrains suivant un plan en damier. Il
débutera son projet, mais n’eut pas le temps de le lotir et le quartier projeté ne fut pas construit à cause de la Révolution. Le
deuxième projet est celui de A.-M. Perrache, qui souhaite doubler la surface de la presqu’île en l’étendant vers le Sud.
I.5. Le «Vieux Lyon» délaissé.
	 Au XIXe, grâce aux compétences héritées de la soie, la ville entre dans la révolution industrielle avec l’industrie
textile. Elle devient alors une importante ville industrielle, en grande partie grâce aux canuts, ces ouvriers qui travaillent la
soie chez eux et qui sont d’abord localisés dans le quartier Saint-Georges avant de se délocaliser dans les pentes de la Croix-
Rousse. Le quartier Saint-Georges perd alors sa fonction principale d’artisanat à cause du développement de l’industrie. Le
Vieux Lyon connaît alors un déclin économique sans précédent et le déplacement des couches aisées de la population sur
la Presqu’île notamment le quartier d’Ainay. L’ensemble du quartier du vieux Lyon connaît un état de délabrement important
à l’aube du XXe siècle, délaissé par les habitants et par les grands projets de construction des Brotteaux puis des Etats-Unis
par exemple.
I.6. Le Secteur Sauvegardé : à la rencontre de l’Histoire et du Patrimoine.
	 Après des années d’abandon et de désintérêt, après avoir échappé à des démolitions inconsidérées et des projets
de voie express, grâce à la loi Malraux, le Vieux Lyon devint le 12 mai 1964 le premier Secteur Sauvegardé de France. Les
vieilles pierres et les maisons anciennes restaurées ont repris vie. Plus de 2000 ans de vie ont ensuite été inscrits au Patri-
moine mondial de l’Unesco en 1998, sous la forme d’un Périmètre Unesco (voir Partie 3, II). Les trois quartiers qui com-
posent le Vieux Lyon, Saint-Paul, Saint-Jean et Saint-Georges ont connu une profonde mutation qui en fait un fragment de
ville où il fait bon vivre et qui chaque année attire près de 1,5 millions de touristes. Ainsi les habitants vivent dans un quartier
12
où le patrimoine historique est extrêmement prégnant, ce patrimoine des quartiers anciens sont devenus des atouts, des
éléments différenciateurs et attractifs qui se retrouvent aujourd’hui au cœur de considérables enjeux économiques en lien
avec le tourisme. Un des objectifs des pouvoirs publics, et notamment des services du patrimoine, est de sauvegarder l’esprit
«Renaissance» du Vieux Lyon, c’est-à-dire des rues étroites avec de hautes bâtisses mais aussi des fenêtres à croisées.
La fonction principale du Vieux Lyon ne serait-elle pas de plus en plus une simple fonction de ville-musée ? Cela aurait des
conséquences sur la nature des futurs projets concernant notre délaissé au détriment d’autres enjeux sociaux ou environne-
mentaux.
FIGURE 1. Plan antique de Lyon. Source :Archives municipales de Lyon
FIGURE 2. Plan de Lyon à l’époque de la Renaissance. Source:Archives municipales de Lyon
13
II. HISTOIRE DE LA POPULATION.
	 Le quartier Saint-Georges a vu plusieurs transformations de sa population au cours des années. La première men-
tion de la composition sociale de la région apparaît durant la première moitié du XVIème siècle. Il s’agit de « Nommées » ou
« dénombrement des biens meubles et immeubles possédés par les habitants de Lyon » publié en 1545. Ce document a été
établi par pennonages1, ce qui permet d’avoir la première approche de la géographie sociale lyonnaise selon les voisinages.
On peut observer des contrastes assez saisissants juste en analysant la hiérarchie fondée sur la fiscalité immobilière. Jean
Pelletier, historien et géographe, écrit dans son ouvrage « Lyon pas à pas. Son histoire à travers ses rues » : « Un impôt sur
les maisons qui fut levé en 1551 frappa les maisons du Change (place du change) d’une taxe moyenne de 226 livres, le
bloc de cinq autres quartiers situés entre St Jean et St Paul devant acquitter une centaine de livres. Les côtés s’effondraient
dans les pennages périphériques, autour de Bourgneuf ou du Gourguillon, et, une nouvelle fois, l’écart était extrêmement
marqué: pour une maison de St Georges, il ne fallait payer que neuf livres, et moins de vingt livres aux alentours. »2
	 Ainsi, dans le courant des XVe et XVIe siècles, l’habitat se densifie et s’organise. Saint-Georges devient alors un
quartier populaire, avec de nombreux artisans. On observe une certaine fragmentation de l’espace : des nautes et pêcheurs
s’installent le long de la Saône, artisans, potiers, tulliers et ouvriers agricoles le long de la colline. Il est probable que le quar-
tier s’articule autour de l’église Saint-Georges et de son cimetière.
	 Au XVIe siècle, le quartier devient le haut lieu de la soierie ; cependant, la population demeure modeste et sans gros
moyens financiers. De plus, face au nombre croissant d’artisans du tissage, les canuts de Saint-Georges finissent par aban-
donner ce quartier et s’installent sur les pentes de la Croix-Rousse.
	 Les XVIIe et XVIIIe siècles sont marqués par la création du nouveau centre entre le Rhône et la Saône et donc
l’exode de la population vers la Presqu’île. Ainsi, c’est à partir de cette époque-là qu’il est possible d’observer l’histoire de
notre délaissé à travers ses propriétaires. Par exemple, à partir des registres cadastraux, on peut apprendre quelques noms
des propriétaires : Matthieu Pinet a été propriétaire du bâtiment situé au 10 montée du Gourguillon en 1732, François
Boissé celui du 6 montée du Gourguillon, et plus tard du 8 et du 10 montée du Gourguillon. Les noms changent tout au long
du XIXème et du XXème siècle. Dans la situation de la maison n°10, sont inscrit les noms, prénoms, professions et adresses
de trois propriétaires (veuve Billiard/Pierre Crot et Joseph Mairaud/Benoît Michallet, et ensuite Thalmann/Champalle) de
1831 à 1955. En mars 1995, selon l’acte de vente à la ville, trouvé au Service Foncier de la Ville de Lyon, le terrain du 10
montée du Gourguillon a été cédé à la ville de Lyon par madame Thalmann. Ainsi, juste après la vente, le bâtiment est démoli
et va rester dans cette condition jusqu’à aujourd’hui.
	 On revient à l’échelle du quartier : dans le XXe siècle, après la Seconde Guerre Mondiale, le quartier est touché par la
paupérisation. L’état du bâti est vétuste, beaucoup de logements sont insalubres et sans confort. L’association « Renaissance
du Vieux Lyon » témoigne : jusque dans les années 1970, le quartier était surtout attractif pour les immigrés et les étran-
gers, et donc avait une mauvaise image, à la fois dangereuse et pauvre. Cependant, avec la mise en place de la politique de
protection et de valorisation du patrimoine, le quartier s’est vite gentrifié, surtout grâce à l’animation de vie par les com-
merces et bien d’autres fonctions.
	 On observe donc un changement saisissant dans la structure de la population tout au long de l’histoire du quartier,
et son impact sur le terrain étudié.
APPROCHE
MORPHOLOGIQUE
15
INTRODUCTION
	 Le quartier Est de Lyon 5, qui longe la Saône de la gare Saint-Paul à l’église Saint-Georges, est surnommé le «Vieux
Lyon» en raison de la persistance d’une morphologie urbaine et architecturale ancienne. Le Secteur Sauvegardé dans lequel
se situe la montée du Gourguillon protège l’épais palimpseste patrimonial qui le caractérise (voir Partie 3, II), et conserve
l’aspect esthétique qui joue un rôle primordial dans l’attrait touristique de Lyon (voir Partie 2, II).
	 Le délaissé urbain étudié dans ce diagnostic est physiquement clos au regard. La réglementation en vigueur interdit
de porter atteinte à la façade qui le sépare de la montée du Gourguillon. A l’intérieur, les murs en ruine, les déchets jonchant
le sol, la végétation sauvage contrastent fortement avec l’extérieur minéral, attrayant et culturel. Arrivé en haut du terrain
toutefois, les perspectives visuelles prennent une autre envergure : la vue sur les toits anciens du Vieux Lyon éloigne le re-
gard jusqu’à la tour InCity et le Crayon, dans le 3ème arrondissement.
	 Cette partie vise d’une part la caractérisation de la morphologie urbaine. La trame viaire résulte aujourd’hui de la
persistance de voiries anciennes, qui remontent comme on l’a vu précédemment jusqu’à la période antique. Ensuite, nous
nous intéresserons aux formes architecturales qui donnent son caractère au Vieux Lyon. Nous mettrons en évidence les par-
ticularités du bâti de ce délaissé en prise avec des problématiques patrimoniales fortes. Enfin nous estimerons les risques et
les contraintes dus à la géomorphologie particulière du site du Vieux Lyon et des pentes de Fourvière. Leur attrait touristique
peut-il se révéler être un avantage pour le délaissé, ou représente-t-il un ensemble de contraintes à son aménagement ?
I. LA MORPHOLOGIE URBAINE DU VIEUX LYON ET DE SAINT-GEORGES.
	 Le délaissé urbain s’inscrit dans un ensemble cohérent et uniforme : le Vieux Lyon. La morphologie de l’Est de
l’arrondissement est largement influencée par sa géographie naturelle. En effet, le Vieux Lyon se trouve entre la colline de
Fourvière, qui s’élève à l’Ouest, et la Saône à l’Est. La colline se caractérise par une grande trame verte. Celle-ci n’est pas
toujours accessible, ce sont des balmes la plupart du temps. Elles ne sont donc pas mises en valeur mais rendent l’Est du
5ème arrondissement très boisé. L’Est du Vieux Lyon quant à lui est bordé par la Saône. On remarque très clairement que la
forme du Vieux Lyon suit cette enclave naturelle. Le délaissé urbain s’inscrit au début de la montée du Gourguillon, et donc
au pied de la colline de Fourvière.
	
  FIGURE 3. Carte de la morphologie urbaine de l’est du 5ème arrondissement : une morphologie influencée par sa géographie naturelle. Réalisation : Groupe A
16
I.1.MORPHOLOGIE URBAINE DU VIEUX LYON.
Système parcellaire
	 Selon sa position, le parcellaire ancien présente différentes
formes généralement très redécoupées en bord de voie, il présente
des parcelles «en lanière», étroites et allongées. Elles forment un
tissu très dense qui se structure en fonction de la rue sur laquelle
elles se greffent, puisqu’elles donnent toutes directement sur la rue.
Le parcellaire est dit imbriqué, ou en lanière, c’est-à-dire que l’axe
d’allongement est perpendiculaire à l’axe de référence, c’est-à-dire la
rue. On constate bien grâce à la figure ci-contre, à l’image de la rue
Saint-Jean, la manière dont s’organisent les parcelles : elles s’im-
briquent aux rues adjacentes.
	
  
Système viaire
	 Les rues du Vieux Lyon sont très étroites et sinueuses, à l’inverse d’une trame viaire romaine ou haussmannienne,
respectant strictement des formes géométriques comme le rectangle, la formation des rues du Vieux Lyon respecte elle des
formes hasardeuses. Les rues sont larges de trois à quatre mètres, de sorte qu’une seule voiture ne peut circuler.
	 De ce fait le Vieux Lyon est devenu piétonnier dans les années 1970. Ces rues sont souvent des rues pavées,
comme la montée du Gourguillon. On constate sur la photographie ci-contre l’organisation de certains pavés des rues du
Vieux Lyon : ici la rue de la Juiverie. On constate que la rue forme un «calice» : elle est surélevée de part et d’autre et pos-
sède une rigole au milieu afin d’évacuer les eaux de pluie, et antérieurement afin d’évacuer les déchets urbains.
Système bâti
	 Les immeubles du Vieux Lyon sont mitoyens et forment un
tissu très dense. En effet, il n’y a presque pas de discontinuité de
bâti sur l’ensemble du Vieux Lyon. Les bâtiments donnent directe-
ment sur les rues, ce qui renforce l’impression d’étroitesse de celles-
ci. La taille des bâtiments est assez uniforme, puisqu’ils s’élèvent
entre 9 et 12 mètres, et font de quatre à cinq étages.
	
  
Système des espaces vides
	 Le quartier du Vieux Lyon est un quartier qui offre peu de respiration. En effet la plus grande aération est la zone
autour de la cathédrale Saint-Jean : elle fait face à une grande place et sur son côté Ouest elle est bordée d’une voie de
circulation assez large. La place Saint-Paul au Nord offre également un espace d’aération, mais surtout pour les automobiles
puisqu’elle est un carrefour.
FIGURE 4. Un parcellaire imbriqué ou en lanière. Source :
Cadastre.gouv
FIGURE 5. Rue typique. Source: Dvalot.free
17
I.2. LA PLACE DE LA TRINITÉ : UN CARREFOUR STRUCTURANT SAINT-GEORGES.
	 La morphologie du quartier Saint-Georges est tout à fait similaire à Saint-Jean et Saint-Paul. Il s’organise cependant
autour d’un lieu historique du quartier : la place de la Trinité. Elle se trouve au pied de la montée du Gourguillon, et est de plus
le carrefour entre les rues Saint-Georges, Bellièvre, Tramassac et Ferrachat. Selon le site web du Vieux Lyon, la place doit son
nom aux ‘’Chanoines de la trinité qui occupaient un édifice au XVIIème’’. C’est donc un lieu chargé d’histoire. La place est le
lieu de croisement qui structure et oriente les rues du quartier.
	 Elle permettait d’accéder à la montée du Gourguillon qui était une rue principale car elle reliait le Vieux Lyon aux
hauteurs de la colline de Fourvière.
	 Le délaissé urbain s’inscrit de la même manière que les autres habitations, et on devine les fondations des anciens
bâtiments qui le structuraient (voir Partie 2, II). La structure de la
rue est la même que les autres rues du Vieux Lyon : le parcellaire
est «en lanière», la rue est assez étroite (à peine trois mètres de
largeur), les bâtiments donnent sur la rue sans discontinuité, même
pour notre délaissé puisque le mur d’origine à été conservé pour
permettre une homogénéité architecturale à la rue.
	 Finalement, le Vieux Lyon est caractérisé par sa cohérence
morphologique, chaque quartier (Saint-Georges, Saint-Paul et Saint-
Jean) a son identité propre mais leur structure d’ensemble forme
un tout cohérent.
	
  
II. ARCHITECTURE : L’HOMOGENEITE DU VIEUX LYON.
	 Notre entretien avec Emmanuel Bernot, responsable d’opération au Service Archéologique de la Ville de Lyon
(SAVL), puis notre visite des lieux avec lui ont abouti à cette partie. Le délaissé présente des caractéristiques architecturales
comparables aux éléments bâtis anciens du Vieux Lyon, connus grâce aux études d’archéologie du bâti.
	 Celle-ci vise «l’étude de l’histoire d’un bâtiment à partir de l’analyse de ses murs en élévation» (Demoule et al, 2009,
p.78). C’est donc une archéologie verticale par laquelle on veut comprendre comment l’immeuble a été construit, et quelles
évolutions il a subies, à travers l’étude typologique et systémique des éléments architecturaux. Elle s’appuie également sur
une étude historique (textes, archives), une approche comparative et déductive.
	 Étant donné d’une part que l’archéologie a pour but la compréhension des sociétés humaines du passé, et d’autre
part que l’architecture minérale perdure dans le temps, il paraît évident que l’archéologie du bâti joue un rôle éminent pour la
connaissance des cités historiques et participe au rayonnement touristique de celles-ci. Ainsi nous nous demanderons si le
délaissé participe de l’homogénéité annoncée du Vieux Lyon en terme d’architecture et d’organisation spatiale.
FIGURE 6. Place de la Trinité. Source: Google Maps
18
II.1 TYPOLOGIE DES FORMES ARCHITECTURALES À LYON.
	 Le Vieux Lyon concentre des bâtiments dont les fondations peuvent dater de l’Antiquité. La Manécanterie jouxtant la
cathédrale Saint-Jean est un exemple particulièrement emblématique. Construit directement sur des vestiges du IIème siècle
ap. J.-C., l’ensemble canonial du début du VIIIème voit sa façade modifiée au XIIème (unique exemple de façade romane en-
core visible dans le Vieux Lyon), puis au XVIIème siècle des échoppes investissent le rez-de-chaussée, avant que le bâtiment
prenne la fonction de manécanterie au XVIIIème siècle. Ce palimpseste architectural représente l’évolution de la société, ni
linéaire ni hiérarchisée, et fait de Lyon une ville riche d’histoire, un musée à ciel ouvert.
	 A partir de l’analyse typologique des façades, nous avons dressé une chronologie architecturale générale qui nous
a servi à caractériser celle des façades des 4-6-8-10 montée du Gourguillon. Nous nous intéressons essentiellement dans
ce Diagnostic Territorial aux éléments architecturaux visibles et comparables en façade, c’est-à-dire les baies, la modénature
(ensemble des moulures et effet obtenu par le choix des profils et des proportions de celles-ci), les matières premières. La
typologie établie, en Annexe, présente cinq périodes représentatives de l’architecture à Lyon, et à partir de laquelle nous
avons situé les éléments architecturaux visibles sur la façade du délaissé.
	
  
	
   	
  
II.2. LA FAÇADE DU DÉLAISSÉ DANS SON CADRE ARCHITECTURAL.
	 Les trois parcelles étudiées comportent des éléments architecturaux anciens sur leurs élévations de façade. Celle du
8 s’élève jusqu’à R+1, la façade du 4 jusqu’à R+2 et la façade du 10 jusqu’à R+4. (Fig. 7 à 9).
	 Le rez-de-chaussée de chacune est délimité par une corniche horizontale qui facilite la distinction des trois en-
sembles. La porte d’accès au 4, qu’on emprunte actuellement pour accéder au terrain, se compose de deux piédroits formés
de pilastres à arêtes vives séparés du linteau par des impostes carrés très simples. Le linteau comporte un entablement
de style classique, très épuré également (frise non sculptée et corniche). La seconde porte du 4, condamnée, présente les
mêmes caractéristiques mise à part l’absence d’impostes. Deux baies percées de part et d’autre sont également bouchées
par du béton aggloméré. L’encadrement de la porte du 6, dont il reste un vantail en bois clouté, possède des piédroits de
style classique à ébrasements orientés vers le bas de la rue. Des arcs de décharge surmontent chacune de ces baies. Un
grand arc en anse-de-panier caractérise l’arc de boutique du 8. Ses impostes et la clé de l’arc saillants et non sculptés sont
caractéristiques du XVIIème siècle. La présence de deux petites fenêtres de part et d’autre de l’arc participe en outre à une
organisation de façade du XVIIème siècle. La seconde porte du 8 est très similaire à la porte du 6, le linteau repose toute-
fois sur un tore massif qui est dans l’alignement de la corniche horizontale qui court sur toute la largeur de cette parcelle.
Les ébrasements de la porte sont également en biais, dans le sens de la pente. Enfin au 10, une première porte (qui donne
aujourd’hui accès à l’intérieur) sous arc en plein-cintre présente des impostes et une clé d’arc saillants et non sculptés, tout
comme les deux arcs en anse-de-panier qui se succèdent après, et qui sont séparés par une petite fenêtre sous arc de dé-
charge.
FIGURE 7. Facade du 10. Source: E. Bernot FIGURE 8. Facade du 8. Source: E. Bernot FIGURE 9. Facades du 4-6. Source: E. Bernot
19
	 Dans les étages, pour chacun des 3 ensembles de parcelles, des piédroits de fenêtres apparaissent. Au niveau
R+1 du 4-6, un piédroit orné de doubles cavets sur base buticulaire, dont on voit le négatif de la traverse (bouché par des
briques), rappelle clairement les larges baies à meneau et traverse du XVème siècle en calcaire jaune (Fig. 10). Au niveau
R+2, le même piédroit apparaît, bien que la base semble avoir été buchée. Sur la façade du 8, on peut également aperce-
voir un vestige de piédroit du XVème siècle, ainsi qu’un appui de fenêtre adouci. Sur la façade du 10, une petite baie sous
arc de décharge présente des éléments d’encadrement à doubles cavets en calcaire jaune. De grandes baies à arêtes vives
surmontent les deux arcs en anse-de-panier du rez-de-chaussée, et pourraient laisser penser que des fenêtres XVIIème
venaient compléter l’aspect de la façade (Fig. 11). La présence de deux fragments de mortier de tuileau antique est remar-
quable, et pourrait laisser imaginer un phénomène généralisé de remploi dans la maçonnerie de blocs préexistants (Fig. 12).
	 A partir des éléments architecturaux décrits, on peut avancer qu’au moins pour les 4-6 et 8 les étages présentaient
des baies du XVème siècle, comme au 2 en aval (Fig. 15) ou sur la place de la Trinité. Une harmonisation du rez-de-chaus-
sée aurait eu lieu au XVIIème siècle étant donné que chaque parcelle en présente les caractéristiques. Il est à considérer
toutefois que l’architecture peut être harmonisée durant les périodes postérieures, afin de donner une cohérence esthétique.
En outre, le 10 se singularise par une élévation probablement XVIIème, à l’instar des façades des 1, 3 et 12 montée du
Gourguillon par exemple (Fig. 14).
	 Finalement, les façades présentent un palimpseste inversé des formes architecturales. Le XVème siècle est repré-
senté dans les élévations tandis que les portes d’allée et les arcs de boutique sont clairement postérieurs. Le XVIIème siècle
est largement présent dans les rez-de-chaussée alentours, comme le montre la succession d’arcs au début de la rue du
Boeuf (Fig. 13).
	
   	
  
	
  
	
  
	
  
	
  
FIGURE 10. Pied droit XVe. Source: E. Bernot FIGURE 11. N.10 Baies XVIIème. Source: E. Bernot
FIGURE 12. Bloc de tuileau
antique. Source: E. Bernot
FIGURE 13. Rue du Boeuf, portion sud. Source:V. Niochet
FIGURE 14. N.12, facade 17e FIGURE 15. N.2 Encadrements de baie XVème. Source:V.
Niochet
20
II.3. ORGANISATION SPATIALE DU TERRAIN.
	 II.3.a. Documents anciens.
	 Pour commencer, l’étude des archives menée par L. Avallet, du Service Foncier de la Mairie du 5ème (Mémoire de
stage, 2011) apporte des informations sur l’organisation des trois maisons. Aux 4-6, un document de 1516 décrit «une
maison aulte et basse et ung jardin derrier» (p.66). Puis en 1734, c’est «une maison haute, moyenne et basse, avec une
petite cour, et jardin soit treille au derrier, le tout joint». Après de multiples travaux au milieu du XVIIIème siècle, en 1840 elle
est «composée de deux corps de batimens, ayant sur le devant trois étages et sept étages sur le derrière et cour desservie
par deux allées» (p.71). Ainsi, la parcelle allongée se divise en deux ensembles d’habitation, séparés par une cour intérieure
et comportant un jardin à l’arrière de la parcelle, c’est-à-dire en terrasse dans les balmes. On apprend également que le
premier corps donnant sur la montée du Gourguillon s’élève moins haut que celui en arrière et que deux «allées» desservent
la cour.
	 En outre, en 1946, le 6 «se prolonge dans la colline par une partie voutée sur laquelle existait autrefois une
construction précédemment démolie» (p.72). La partie voûtée évoquée est encore visible actuellement, dans les hauteurs
de la parcelle, et les travaux de démolition avaient déjà débuté. Ainsi l’organisation de la parcelle 4-6 montée du Gourguillon
n’a guère évolué depuis la description du début du XVIème siècle. Elle est similaire à l’organisation générale des maisons
gothiques et Renaissance du Vieux Lyon.
	 Concernant la maison du 8, elle est décrite en 1551 comme «une maison haulte, moyenne et basse, court et jardin
qui se touchent», et en 1754 «composée de deux corps de logis une cour entre deux plus une seconde cour derrière le
second corps de logis et ensuite deux terrasses communicantes l’une et l’autr», (p.62). En 1842, on apprend en outre qu’elle
comporte «terrasses, rez de chaussée, trois étages et greniers». Le 8 est donc de même hauteur que le 4, mais moins haut
que le 6, d’autant que l’arrière est composé de terrasses et de jardins. Dès 1936, la Ville de Lyon acquiert la parcelle pour
cause de «vétusté menaçant la sécurité publique».
	 Enfin, le 10 se compose également ainsi en 1551 : «une maison haulte, moyenne et basse avec le jardin derrier
ladite maison». En 1699, cette «maison consiste en deux corps de logis composés de deux membres sur une cour au mi-
lieu». Une description précise en 1909 que «le bâtiment sur rue
comprend rez-de-chaussée et quatre étages desservis par une
allée et une moitié [=montée] d’escalier. Le bâtiment sur cour
se compose de rez-de-chaussée formant caves, deux étages
communiquant l’un et l’autre, au moyen d’une galerie avec
chaque étage correspondant du bâtiment sur rue, par lequel ils
sont ainsi desservis ; et greniers au-dessus». La Ville de Lyon
l’acquiert finalement en 1955.
	 D’après les archives, ces trois parcelles présentent une
organisation spatiale similaire : on observe 3 corps de maison
mitoyens de trois ou quatre étages, séparés par une cour d’un
second corps de maison dans le cas des 4-6 et 10, ou directe-
ment de jardins en terrasse pour le 8. Chaque parcelle possède
également des jardins dans les hauteurs. Un plans du XVIIIème
nous donne une illustration complémentaire (Fig. 16).
	
  
FIGURE 16. Atlas de la Rente Noble de l’Abbaye d’Aimay. Source: L. Avallet
21
II.3.b. Proposition de plan d’organisation spatiale.
	 Les données des textes et des plans anciens permettent de compléter le relevé effectué sur le terrain des élévations
existantes. A partir de la comparaison des informations de chacune des approches, nous proposons une reconstitution de
l’organisation spatiale de chacune des parcelles (Fig. 17).
	 Bien qu’elles semblent se dessiner nettement en façade, la lecture des parcelles dans le terrain est plus difficile.
Le N°4 donne sur la rue. Il est possible qu’une allée desservisse la cour étant donné que deux allées semblaient exister au
XVIème siècle. Le N°6 est séparé du N°4 par la cour. Son allée (encore en élévation mais inaccessible) aboutit directement
sur les escaliers rampe-sur-rampe du XVIIème qui s’élèvent en galeries (Fig. 18). Le bâti s’étend vers le haut de la pente,
néanmoins il est possible que des terrasses et des jardins y prenaient également place.
	 Ensuite, le N°8 possédait vraisemblablement une petite allée desservant la cour centrale, depuis la porte à tore
massif décrite plus haut. Les élévations des espaces à l’ouest de la cour ne comportent pas d’éléments de baies, ils devaient
ainsi être ouverts et bâtis en terrasses. De plus les murs perpendiculaires à la pente dans cette zone semblent avoir été re-
pris et solidifiés lors des travaux de confortement de 2014. Cette parcelle reste relativement obscures étant donnée l’épais-
seur des remblais qui l’obstruent, et l’inaccessibilité de sa partie inférieure.
	 En revanche, le N°10 est accessible. Une allée étroite desserte le premier ensemble d’habitat grâce à deux portes
à piédroits adoucis (XVème-XVIème siècles), et terminent dans la cour. Les marches portant noyau d’un ancien escalier en
colimaçon ont été remployées par les bâtisseurs du XVIIème siècle pour construire un escalier rampe-sur-rampe, similaire à
celui des 4-6 (Fig. 19). La galerie du premier étage mène à un chemin dans le prolongement de l’allée, et qui monte jusqu’en
haut du terrain. Ce passage était ouvert puisque des éléments de baies du XVème, du XVIème et plus récents (cf. photos)
scandent l’élévation du mur du N°10.
	
  FIGURE 17. Reconstitution de l’organisation spatiale. Réalisation: Groupe A
22
	 La traboule et les cours du N°2 montée du Gourguillon
peuvent être de bons éléments de comparaison de l’aspect des
espaces de desserte du 10. Une allée étroite voûtée d’ogives
mène à une cour et à des escaliers en vis, puis un passage
ouvert permet de monter jusqu’au Chemin Neuf. Également, la
ruelle Punaise, égout à ciel ouvert perpendiculaire à la rue de
la Juiverie dans le quartier Saint-Jean peut donner une idée de
l’aspect du passage montant dans la colline.
Finalement, le délaissé présente de nombreuses caractéristiques
qui l’inscrivent dans l’homogénéité architecturale du Vieux
Lyon. Les parcelles «en lanière» singularisent sa morphologie
médiévale, et les 4-6-8-10 montée du Gourguillon en sont des
exemples représentatifs.
	 Néanmoins, la topographie de la montée du Gourguillon
et notamment son important dénivelé jouent un rôle prédomi-
nant dans l’organisation spatiale antérieure des parcelles, et
ajoutent des contraintes majeures aux projets d’aménagement
futurs.
	
  
	
  
III. GEOMORPHOLOGIE ET RISQUES.
	 Les quartiers du Vieux Lyon sont situés entre la
Saône à l’Est et le plateau de Fourvière à l’Ouest. Nous
évaluons dans cette partie quels risques et contraintes en-
gendrent la nature du sol, la topographie, l’hydrographie et le
long passé urbain sur les projets d’aménagement.
III.1. Description de la géomorphologie et de l’hydrographie.
	 Nous décrirons dans un premier temps la géomorphologie et l’hydrographie de l’agglomération lyonnaise, afin de
remettre le cas du délaissé dans son contexte géotechnique.
	 La géomorphologie est une discipline scientifique qui étudie l’histoire et l’évolution des paysages, à travers no-
tamment la géologie. Nous étudierons celle-ci en premier lieu, puis la topographie du Vieux Lyon et du délaissé, pour nous
attacher enfin à comprendre les liens directs des caractéristiques géomorphologiques du site avec l’hydrographie.
III.1.a. Nature géologique du site.
	 Lyon est tout d’abord un point de convergence entre trois régions naturelles particulières : la Dombes et la Bresse
au N-E, le Dauphiné au S-E, et le Massif Central à l’Ouest. Le sous-sol lyonnais présente un patchwork géologique au sein
desquels on retrouve les caractéristiques de chacune (Fig. 20). Les plateaux et les collines de Fourvière et de la Croix-
Rousse sont des résurgences cristallines liées au Massif Central, qui reposent donc sur un substrat granitique. Le territoire
S-E, de la Guillotière jusqu’à Bron, se compose d’alluvions quaternaires qui forment des terrasses moyennement élevées (de
10 à 20 mètres au-dessus de la surface du Rhône). Enfin le sous-sol du territoire de la Presqu’île et de la rive gauche du
Rhône jusqu’à Villeurbanne se caractérisent par des alluvions modernes.
FIGURE 18. N. 4-6 escaliers XVIIème. Source : E. Bernot
FIGURE 19. N.10, escaliers XVIIème. Source:V. Niochet
23
	
  
	 Ensuite, les épisodes glaciaires n’ont pas épargné
le territoire lyonnais. On retrouve des indices du passage
des glaciers jusqu’au «gros caillou» de la place éponyme
située sur le plateau de la Croix-Rousse, qui est un bloc
erratique laissé sur place à la fonte des glaces alpines.
En outre, les alluvions morainiques, déposés de la même
façon dans les pentes de Fourvière et de la Croix-Rousse,
sont de larges bancs argilo-sableux (constitués de sables
molassiques dont la consistance varie selon la teneur en
eau) qui peuvent provoquer des glissements ou des tasse-
ments de terrain aux conséquences dramatiques.
III.1.b. Topographie du Vieux Lyon.
	 Une partie du Vieux Lyon s’étale sur les pentes
de Fourvière (Fig. 21). L’érosion fluviatile a formé ses
versants naturels appelés les «balmes», dont la solidité
dépend du sous-sol géologique. Elles se caractérisent
par une inclinaison relativement forte (parfois même des
falaises de 20 à 40m de hauteur), et de ce fait d’espaces
souvent inconstructibles. La végétation qui y pousse tou-
tefois permet de les stabiliser et facilite l’écoulement des
eaux en surface.
	 Parallèlement, l’implantation humaine peut être
d’une part source de déséquilibres des balmes : carrières
et dégagements d’espaces de circulation ou de construc-
tion ont façonné des falaises ou des abrupts potentielle-
ment instables. D’autre part, des aménagements peuvent
viser la stabilisation des pentes ou l’ancrage dans des
couches inférieures plus stables. Toutefois, l’évolution
naturelle de l’érosion des versants et le vieillissement des
installations humaines restent générateurs de risques à
long terme.
III.1.c. Hydrographie.
	 L’hydrographie permet dans ce cadre de com-
prendre la nature des risques associés à la géomorpho-
logie du site. La pluviométrie en particulier est à mettre
en lien avec la nature géologique des balmes. D’après
la comparaison des conditions précédant chacun des
mouvements de terrain dramatiques survenus au cours
	
  
du XXème siècle et jusqu’à l’année 2002, il étaient systématiquement précédés de longs épisodes pluvieux exceptionnels, de
2 à 3 fois supérieurs aux moyennes mensuelles. Les ouvrages drainants ne peuvent écouler de telles quantités d’eau, et les
sables molassiques s’en gorgent et se ramollissent entre une couche solide granitique et les alluvions récentes, dont le poids
et la poussée provoquent finalement le mouvement de terrain.
FIGURE 20.
FIGURE 21. Source : Google Earth et data Grand Lyon. Réalisation: Groupe A
24
	 Finalement, la nature géologique du sol illustrée
dans la coupe suivante (Fig. 22) montre que le terrain
des 4-6-8-10 montée du Gourguillon se situe sur une
très fine couche de colluvions récentes (N°10), repo-
sant directement sur la couche de sables molassiques
(N°3). Ainsi, la pente couplée avec la nature instable du
sol rendent le site particulièrement risqué, des mouve-
ments de terrain pouvant advenir lors de fortes pluies.
	 La forte inclinaison du délaissé étudié repré-
sente sans aucun doute une des principales caractéris-
tiques à prendre en compte dans un projet d’aménage-
ment.
	
  
	 Les 1er, 4ème, 5ème et 9ème arrondissements de Lyon peuvent être concernés par des mouvements de terrain dus
à cette topographie particulière. Le Service des Balmes de la Ville de Lyon (voir Partie 3, II) surveille l’évolution de celles-ci et
prévient les risques associés.
III.2. Le délaissé et l’environnement.
	 Par ses caractéristiques historiques et morphologiques, c’est-à-dire une densité très élevée de bâti, des rues étroites
et la persistance du bâti de la Renaissance, le Vieux Lyon n’est pas du tout adapté à la circulation automobile. Les rues du
quartier sont donc principalement piétonnes et le fait que le Vieux Lyon est assez loin des grands axes autoroutiers fait de lui
un des quartiers les plus respirables de la ville. Les rues étroites et la hauteur des bâtiments bloquent ainsi la pollution et l’air
notamment dans la montée du Gourguillon est aussi respirable qu’à la campagne. Les nuisances sonores liées à l’utilisation
de l’automobile sont donc également absentes dans le Vieux Lyon, le bruit vient plutôt du passage de touristes notamment
dans la rue Saint-Jean, rue étroite ou le bruit résonne énormément. Mais le quartier Saint-Georges et la montée du Gourguil-
lon échappent pour l’instant à l’afflux massif des touristes. Le quartier est donc très calme.
	 Du fait de son ancienne urbanisation où les espaces verts étaient très peu présents, on pourrait croire qu’il n’y a pas
ou peu d’espaces végétalisés dans le Vieux Lyon. Hors le relief de la colline de Fourvière a empêché l’urbanisation de cer-
taines balmes qui sont aujourd’hui des parcs d’assez grande taille pour un centre-ville ancien, mais sont tout de même assez
éloignés des parcelles du délaissé. Majoritairement le quartier du Vieux Lyon se compose d’espaces très minéraux comme
la plupart des centres-villes, et la densité importante et l’absence de grandes places publiques renforcent d’autant plus cet
Localisation des espaces verts à proximité du délaissé étudié
Espace végétal :
Parc public
Jardin public
Eau
Bâti
Légende
Fleuves
Quartier analysé
Arrondissement analysé
Arrondissements de Lyon
0 1 300 2 600650 Mètres
0 1 20,5 Kilomètres
Réalisation : Groupe A
Situation du délaissé
100 200
Légende :
Source : Données IGN et fond de carte Openstreetmap
N
Délaissé
Zone hors d’étude
Autre
Route
Rue piétonne
Liste des parcs et jardins :
Cercle avec rayon de 50, 100 et 200 Mètres

Parc du rosaire

Parc des hauteurs

Jardin de la visitation

Jardin archéologique St Jean



Jardin Jean Choux
Jardin des curiosités

Jardin de Loyasse

Jardin de Trion




Square Valencio
Square du chemin neuf
FIGURE 22. Coupe stratigraphique de la colline de Fourvière. Source: Mongereau & Vinet 2004
FIGURE 23.
25
aspect. L’environnement visuel du quartier est aussi très marqué par l’homogénéité du bâti et des styles architecturaux ren-
forçant cette impression de village ancien et urbain.
	 Compte tenu de l’intensité de la vie de quartier, les déplacements de piétons demeurent également prépondérants,
notamment dans la rue Saint-Jean, l’axe Nord-Sud majeur du quartier monopolisant toutes les activités commerciales et
attirant tous les touristes. L’environnement est donc celui d’un centre-ville historique avec un poids historique prégnant, sans
nuisance sonore en ce qui concerne Saint-Georges seulement, ni de pollution. Ainsi la montée du Gourguillon est tous les
jours foulée par de nombreux joggers et cyclistes.
III.3. Les risques naturels comme contraintes techniques majeures.
	 Le délaissé urbain des 4-6-8-10 montée du Gourguillon présente des risques naturels qui sont à prendre en consi-
dération, à cause de sa topographie et de la nature géologique de son sous-sol (voir Partie 2, I). Les trois principaux risques
du terrain sont : les inondations avec une éventuelle crue de la Saône, les mouvements de terrain car il est situé dans les
balmes, et enfin les phénomènes de «fontis» ou d’effondrement dus aux galeries anthropiques souterraines.
III.3.a. Les risques d’inondation
	 Le Rhône est connu pour ses fortes crues, mais la Saône présente aussi des risques d’inondation pour la ville de
Lyon. La Saône se caractérise par des crues moins violentes, mais qui peuvent s’installer durablement. En 1840, la crue de
la Saône s’est installée un mois durant. Lyon est inscrit dans le Plan de Prévention des Risques Naturels pour les inondations
du Rhône et de la Saône sur le territoire du Grand Lyon (PPRN) depuis 2009. Ce plan inclut entre autre toute l’agglomé-
ration lyonnaise. Le PPRN prévoit une étude des risques liés aux crues des deux fleuves. Elle prescrit un plan de prévention
sur l’ensemble de l’agglomération. Les crues de la Saône sont largement canalisées par les quais qui bloquent l’eau. Cepen-
dant des risques d’inondation centennale sont à prévoir. Le PPRN définit alors plusieurs zones suivant leur niveau de risque.
Le délaissé n’est pas dans une zone inondable à proprement parler, même si la Saône débordait, le risque pour que l’eau
atteigne la montée du Gourguillon est relativement faible puisque l’eau n’a jamais
atteint la rue. La plus forte crue eut lieu en 1840 et s’éleva jusqu’au niveau de la
place de la Trinité. Le délaissé urbain ne serait alors pas concerné directement,
mais indirectement car c’est l’ensemble du quartier qui serait touché. Même si les
risques sont présents, un certain nombre de mesures ont été prises pour diminuer
le risque d’inondation, mais en cas de crue centennale il est fort probable que les
rives de la Saône, donc la zone autour du délaissé urbain, ainsi que la Presqu’île,
soient touchés.
III.3.b. Les risques de mouvement de terrain
	 La colline de Fourvière est composée de balmes. Le danger principal lié
aux balmes est celui d’un glissement ou d’un tassement de terrain. Les balmes
sont maintenues, dans leurs parties non urbanisées, par de la végétation. Les
constructions peuvent maintenir les sols, mais il arrive parfois que cela ne suffise
pas. De plus certaines constructions ne laissent pas l’eau s’écouler à travers les
sols et elles peuvent la retenir, ce qui peut donc créer des glissements de terrain.
La ville est marquée par la ‘’catastrophe de Fourvière’’, qui eut lieu le 13 novembre
1930. La colline de Fourvière a vu s’écouler tout un pan de la colline, détruisant
plusieurs immeubles de la montée du Chemin Neuf et de la rue Tramassac et
faisant au total 40 morts. Le 31 juillet 1977, un immeuble s’effondre pour les
mêmes raisons et fait trois morts. Ces catastrophes sont fortement liées à l’hydro-
logie, de fortes pluies selon la commission des Balmes de Lyon. Il est observé une
forte corrélation entre les accidents des balmes lyonnaises et de fortes intempé-
ries.
FIGURE 24. Catastrophe de Fourvière Source:Archives
départementale
26
III.3.c. Les phénomènes de «fontis»
	 Depuis l’Antiquité, l’approvisionnement en eau des installations situées sur les collines de Fourvière et de la Croix-
Rousse représente un enjeu majeur de l’aménagement. De nombreux puits et plus de 55km de galeries ont ainsi été creusés
dans le sous-sol afin de puiser les eaux des nappes phréatiques, particulièrement profondes, et de les acheminer là où le
besoin s’en ressentait. Mal entretenues depuis qu’elles sont inutilisées, ces galeries menacent la stabilité des sols en plus des
risques évoqués précédemment : elles peuvent être à l’origine d’affaissements voire de «fontis», qui sont des effondrements
en surface dus à un vide souterrain.
	 Le Service des Galeries de la Ville de Lyon recense ces galeries et ces égouts, mais le réseau étant ancien et par-
ticulièrement dense, de nombreuses cavités restent inconnues à ce jour. Le risque de fontis est important à noter pour le
délaissé étudié, car il s’inscrit dans une trame ancienne qui remonte jusqu’aux premières installations.
	 Le délaissé urbain présente, comme précisé précédemment, des ruines des anciennes habitations qui le jonchaient
(voir Partie 2, II). Ces ruines ont un rôle structurant pour le terrain selon Emmanuel Bernot,
archéologue spécialiste du bâti au SAVL, c’est-à-dire qu’elles maintiennent le terrain, elles le stabilisent. Mais l’ancienneté
des ruines a forcé la mairie à prendre plus de mesures de sécurité et à effectuer des travaux de confortement sur le terrain.
Une éventuelle construction induit obligatoirement des prérogatives de sécurisation. Les travaux de confortement ont déjà
effectué une partie de ce travail, notamment en souterrain puisque les caves ont été cimentées.
	 Néanmoins, les risques dus à la nature du sous-sol, à la topographie du site, et aux installations antérieures de-
meurent particulièrement importants et contraignants pour toute opération d’aménagement.
CADRE POLITIQUE
ET RÈGLEMENTAIRE
28
I. POLITIQUES URBAINES ET D’AMENAGEMENT.
	
  
I.1. Des différences de problématique qui entraînent des dynamiques urbaines différentes.
	 Les politiques urbaines sont dirigées à l’échelle de la mairie centrale, la Métropole de Lyon, mais aussi à l’échelle du
5ème arrondissement. Celui-ci s’étend du quartier Vieux Lyon à l’Est, au quartier Ménival-Battière-La Plaine, bordé par les
communes de Francheville, Tassin-la-Demi-Lune et Sainte-Foy-lès-Lyon. Il s’étend très largement à l’Ouest et rassemble des
quartiers assez hétérogènes en terme de morphologie. On retrouve à l’Ouest des quartiers avec une trame pavillonnaire,
composés soit d’immeubles récents, soit des quartiers composés de maisons individuelles. L’Est du 5ème arrondissement
contraste avec cette trame urbaine, puisqu’il regroupe les quartiers de Fourvière et du Vieux Lyon. La trame urbaine est
médiévale et donc atypique (voir Partie 2, I). Cette hétérogénéité de trame urbaine induit des différences fondamentales de
dynamiques urbaines, car les enjeux sont différents.
	 L’Ouest et le centre de l’arrondissement feront l’objet de projets plutôt classiques de rénovation et d’extension ur-
baines. L’idée est d’augmenter l’offre de logement et de l’intégrer dans la trame urbaine déjà en place. La trame médiévale et
les enjeux touristiques liés aux quartiers anciens font que les enjeux seront différents. La mairie va chercher à améliorer le
cadre urbain dans l’optique d’une meilleure offre touristique, mais aussi un meilleur cadre urbain en général, afin d’améliorer
le cadre de vie des habitants du Vieux Lyon.
	 La carte ci-jointe (ill. 1) révèle les dynamiques et les vocations pour chaque secteur du 5ème arrondissement. La
carte nous montre bien que l’Ouest de l’arrondissement souhaite conserver sa vocation pavillonnaire. Le quartier vieux Lyon
est qualifié ‘’d’hypercentre’’, l’objectif est donc de renforcer cet hypercentre.
FIGURE 25. Projet d’aménagement et de développement durable décliné sur le 5ème arrondissement. Source: PLU Grand Lyon
29
I.2. Politique de logement : une politique incitatrice.
	 Le 5ème arrondissement est un des seuls qui ait perdu de la population comparé aux autres arrondissements de
Lyon. Cette perte ou stagnation peut s’expliquer par une marge de construction assez réduite. Mme Faurie-Gauthier, adjointe
au maire à l’urbanisme à la mairie du 5ème arrondissement estime qu’il faudrait construire entre 150 et 200 logements par
an pour contrer la stagnation démographique du 5ème arrondissement. De plus, la part en logements sociaux du 5ème est
en dessous de la moyenne lyonnaise. Avec 15.6% de logements sociaux sur l’ensemble de son parc de logement, le 5ème
arrondissement est donc en retard comparé à la moyenne lyonnaise, et en dessous des 25% exigés par la rénovation de la
loi SRU de 2013.
	 On suppose donc que si la mairie accepte de vendre le terrain du délaissé, elle le cédera en vue d’un projet rési-
dentiel, voire même d’un projet de logement social. La rudesse du PLU en place dans le 5ème arrondissement entraîne une
optimisation de l’espace libre par la mairie. En effet certains projets concernent le délaissé urbain, élaborés par le voisinage
direct de la parcelle : la construction de jardins en terrasse était envisagée mais fut refusé par la mairie et l’Architecte des
Bâtiments de France (ABF). Les pouvoirs publics afficheraient donc leur volonté de voir des logements s’y implanter.
I.3. Un travail réalisé avec les habitants du Vieux Lyon.
	 Le Vieux Lyon est un quartier stratégique très important de Lyon, puisqu’il attire environ 1,5 millions de touristes par
an. La mairie et les acteurs locaux prennent donc soin d’entretenir ces lieux. L’association Renaissance du Vieux Lyon soumet
avant chaque nouveau mandat municipal un document dans lequel elle propose un état des lieux du Vieux Lyon, mais aussi
et surtout des propositions et des perspectives pour de futurs aménagements. Cette association est déterminante dans
l’histoire récente du quartier : c’est elle qui s’est mobilisée pour mettre en valeur et défendre le quartier, en particulier quand
celui-ci fut menacé dans les années 1950, quand la mairie voulait construire une autoroute, entre autres projets. Aujourd’hui
l’association et la mairie travaillent ensemble, car celle-ci a compris l’importance du quartier depuis les années 1960. Elle a
encore un rôle très important car elle donne son point de vue sur les projets et sert d’intermédiaire entre les habitants et les
élus. L’enjeu principal est de trouver l’équilibre entre le tourisme et les habitants, ce que l’association rappelle sans cesse. Elle
pose même la question, au début de son Rapport Vieux Lyon 2020 : Le Vieux-Lyon : quartiers habités, quartiers touristiques,
quels équilibres dans la ville ?
	 Un vrai travail est donc réalisé avec les habitants du Vieux Lyon. La mairie cherche la meilleure cohabitation possible
entre les habitants et les touristes (la RVL pointe le fait que certains habitants ont quitté le vieux Lyon à cause des tou-
ristes). La totalité du quartier a une valeur touristique puisque la trame médiévale a été totalement conservée. Le tourisme
concerne en conséquence directement les habitants, puisque ce sont leurs habitations qui peuvent être l’objet d’attraction
touristique, et en particulier leurs cours, traboules et miraboules. Les traboules lyonnaises ont une renommée mondiale
et les touristes qui viennent à Lyon souhaitent en visiter. Le problème est que les traboules sont des espaces qui rentrent
dans les copropriétés, et sont donc privés. La mairie a donc mis en place avec les habitants une convention, la Convention
de restauration et de droit de passage cours/traboules, adopté en 1990 par la mairie. C’est un contrat mis en place entre
les propriétaires et copropriétaires, avec la maire de Lyon. Cette convention oblige les habitants à ouvrir leur traboule au
public la journée, en contrepartie de leur entretien par la mairie. Selon Gérald Gambier, spécialiste du patrimoine lyonnais, 43
conventions ont été signées, entre 1991 et 2012 dont 22 dans le Vieux Lyon (Gérald Gambier, 2012). La mairie a aussi mis
en place une Charte pour valoriser l’occupation de l’espace public dans un document intitulé Vivre ensemble dans le Vieux
Lyon. La ville y énumère ses objectifs explicitement :
« La Ville s’engage et travaille à la mise en place d’un plan de développement urbain.
OBJECTIF : Favoriser la qualité de vie de chacun et l’adapter aux contraintes actuelles dans le respect de la sauvegarde du
patrimoine.
30
Quatre axes de travail :Aider à l’entretien et la mise en valeur de l’habitat dans le respect du patrimoine. Requalifier les
espaces publics partagés : rues, places, jardins. Améliorer la sécurité et la propreté du quartier pour en accroître l’attractivité.
Faciliter les cheminements pour tous notamment pour les personnes à mobilité réduite. »
	 Les objectifs affichés de la mairie témoignent l’intérêt qu’elle porte au quartier. Elle cherche à améliorer le cadre bâti
et touristique. Pour cela, la charte stipule un certain nombre de règles qu’habitants comme commerçants doivent respec-
ter. Par exemple les habitants se doivent de rénover leurs façades quand la mairie leur demande, même si c’est à leur frais.
D’après Mme Faurie-Gauthier, cette règle est relativement bien respectée, car la mairie ne précise pas de date fixe, elle laisse
le temps aux propriétaires et copropriétaires d’entreprendre les travaux nécessaires. Cette préconisation est d’ailleurs plutôt
bien acceptée par les habitants qui cherchent eux aussi à mettre en valeur leur quartier, cela passant d’abord par leur pro-
priété.
I.4.Une véritable dynamique de réhabilitation du cadre bâti.
	 La mairie et les habitants sont donc engagés dans une véritable dynamique de réhabilitation urbaine. En témoigne
l’évocation des aménagements urbains, dans le Rapport Vieux Lyon 2020 :
« À l’aube de 2014, la RVL se félicite de la réalisation de grands chantiers venus embellir le Vieux-Lyon :
- la restauration du Palais de Justice historique,
- la restauration des façades de l’Archevêché,
- la restauration du chœur de la cathédrale Saint-Jean,
- la restauration de la gare Saint-Paul, le projet de restauration du palais de Bondy,
- le réaménagement des rives de la Saône… »
	 On peut noter la reconstruction récente du pont Ainay, qui lie de nouveau le quartier Saint-Georges à la Presqu’île, la
restauration du musée Gadagne, ou encore la construction du parking souterrain à Saint-Georges. La RVL, dans l’ensemble
de ses rapports :Vieux Lyon 2000, Vieux Lyon 2010, Vieux Lyon 2013 et Vieux Lyon 2020 énonce systématiquement les
mêmes objectifs pour le Vieux Lyon, et qui sont la plupart du temps entendus : mettre en valeur le cadre bâti, mais aussi la
trame verte, notamment dans les balmes ; revitaliser le quartier Saint-Georges, (et Saint-Paul depuis Vieux Lyon 2020) et
connecter le Vieux Lyon au reste de l’agglomération.
II. CADRE REGLEMENTAIRE ET URBANISTIQUE.
	 Du fait de leur caractère ancien et patrimonial, les trois quartiers du Vieux Lyon s’inscrivent dans un cadre régle-
mentaire et urbanistique singulier au sein de l’agglomération de Lyon : le Secteur Sauvegardé, qui remplace le Plan Local
d’Urbanisme (PLU). De plus, ils s’inscrivent dans le Périmètre Unesco défini en 1998. Au niveau national, ces inscriptions
au Patrimoine Mondial font actuellement l’objet de renforcements réglementaires (qui prendront effet dans les prochaines
années). Enfin, les balmes caractérisant les pentes de Fourvière imposent un cadre sécuritaire préventif propre aux zones
concernées par ce Diagnostic.
II.1. Le Patrimoine : histoire et définition.
	 La notion de «patrimoine matériel» englobe les biens culturels (traces localisées créées par les activités humaines)
et naturels (éléments résultant de l’évolution de la Terre et du vivant). Rien n’est patrimonial en soi, l’objet le devient au terme
d’un processus de reconnaissance de son intérêt et de sa fragilité, ou d’identification territoriale d’un groupe humain qui se
caractérise par celui-ci. Ainsi, pour être patrimonial, un bien doit avant tout être reconnu et partagé, selon la définition de
l’Unesco. Le patrimoine a connu une longue histoire qu’il convient de résumer afin de contextualiser les politiques de conser-
vation lyonnaises du délaissé étudié.
31
	 Pour commencer, bien que les notions de conservation et de transmission des biens culturels apparaissent dès la
Révolution Française, la notion de patrimoine, elle, apparaît au cours du XIXème siècle au sein de Sociétés Savantes réunis-
sant des érudits collectionneurs et souvent voyageurs, les «antiquaires». Ils s’appliquent à référencer les biens naturels et
culturels remarquables et à les étudier.
	 En 1837, une Commission des Monuments Historiques est créée par Prosper Mérimée. Elle vise le recensement
des ensembles architecturaux remarquables sur le territoire français. Cette Commission est complétée en 1841 par la
notion de classement au titre des Monuments Historiques (MH) des ensembles bâtis qui méritent une conservation priori-
taire subventionnée directement par l’État. Des listes départementales sont ainsi élaborées et hiérarchisées par les Préfets.
En 1887 le classement au titre des MH devient un instrument de protection juridique à part entière. Finalement, le Code du
Patrimoine qui apparaît en 1913 concrétise la réglementation patrimoniale des MH et devient le second jalon réglementaire
majeur de la protection patrimoniale en France.
	 Un espace protégé de 500m autour du MH est instauré en 1943. Mais il vise la protection esthétique de l’environ-
nement de celui-ci, et la modernisation des villes après la Seconde Guerre Mondiale passe par la démolition des centres
anciens, jugés vétustes et non conformes aux nouveaux besoins sociaux et de logement.
	 La question patrimoniale devient finalement une question urbaine en 1962, dans ce cadre de destructions urbaines
souvent jugées dramatiques. La loi dite «Malraux» définit le cadre de protection principal des politiques patrimoniales : les
Secteurs Sauvegardés.
	 Parallèlement, la fin de la guerre voit apparaître des organisations internationales visant la prévention des conflits
armés. Dans ce contexte apparaît United Nations Educational, Scientific and Cultural Organization, ou l’Unesco en 1945,
dont l’objectif est d’assurer le développement de la culture et de l’éducation, garanties d’une paix internationale. La Charte de
Venise donne le rôle de protection du patrimoine à l’Unesco en 1964, et elle se concrétise par la création de la Convention
pour la protection du patrimoine culturel et naturel, le «Patrimoine Mondial de l’Humanité», en 1972.
	 Enfin, en France, l’urbanisme réglemente la ville selon le patrimoine bâti qu’elle accueille.
II.2. Les dispositifs de conservation et de protection patrimoniale.
	 Tandis que les MH sont régis par le Code du Patrimoine, le Secteur Sauvegardé dépend du Code de l’Urbanisme.
Le Plan de Sauvegarde et de Mise en Valeur (PSMV) constitue le document d’urbanisme référent dans les limites du Sec-
teur, il remplace donc la juridiction du PLU, c’est pourquoi nous n’en parlerons pas dans cette partie. Le PSMV encadre les
interventions sur l’intérieur et l’extérieur des immeubles, tant privés que publics. En effet, il référence parcelle par parcelle les
orientations d’aménagement : seul le PSMV peut établir la possibilité de démolition et de reconstruction des immeubles non
préservés. Également, l’emprise de 500m des MH n’a plus de valeur légale dans le PSMV, qui englobe leur réglementation.
	 Le Secteur Sauvegardé de Lyon (ill. 2) est adopté en 1964 et représente le premier de France. Il comprend les trois
quartiers du Vieux Lyon : Saint-Georges, Saint-Jean et Saint-Paul. La réglementation concerne tout d’abord les interventions
de modification ou de démolition du bâti, à l’intérieur ou à l’extérieur des immeubles privés ou publics. Elles doivent faire
l’objet d’une demande écrite et d’une autorisation. La restauration des murs, des façades, des toitures est soumise à des
normes qui veillent à la cohérence architecturale du Vieux Lyon. Les percements de baies, la mise en œuvre de ferronnerie,
de vitrage, de menuiserie et la couverture des immeubles sont également réglementés. De plus, l’occupation du domaine
public, partagé par tous et notamment par les commerces (les terrasses de restaurants sont particulièrement nombreuses),
est réglementée : à titre d’exemple, les enseignes, limitées à une par commerce, doivent être placées perpendiculairement
aux façades et écrites en lettres simples; les devantures anciennes doivent être conservées; les systèmes de fermeture des
arcs de boutique doivent être dissimulés; la publicité est interdite dans le Secteur Sauvegardé.
	 Dirigeant l’Unité Départementale de l’Architecture et du Patrimoine (UDAP), l’Architecte des Bâtiments de France
(ABF) surveille la bonne application des règles du PSMV dans son emprise. Il est compétent sur les demandes d’autorisation
et peut assortir son avis de prescriptions particulières.
32
	
  
	 Dans le cadre du présent diagnostic territorial, l’ABF joue un rôle majeur pour le délaissé urbain étant donné qu’il
donne son avis quant aux projets d’aménagement. Ainsi les projets de jardins en terrasses, et de construction de logements
sociaux ont été désapprouvés par celui-ci. Toutefois, nous ne pouvons que regretter que l’UDAP ne nous ait pas accordé
d’entretien, nous aurions pu ainsi approfondir le rôle de l’ABF dans le cas des 4-6-8-10 montée du Gourguillon.
	 Parallèlement, le Périmètre Unesco de Lyon (ill. 3) est approuvé en 1998. Il comprend le plateau de Fourvière, le
Vieux Lyon et la Presqu’île depuis le boulevard de la Croix-Rousse jusqu’à la rue des Remparts d’Ainay. Cela représente envi-
ron 10% de la surface de l’agglomération (427 ha). Une zone-tampon vient élargir ce périmètre de 323 ha (Lyon, Ville-His-
torique, Ville Projet, 2016).
	 Ce périmètre ne renvoie à aucune disposition réglementaire urbanistique, contrairement au PSMV. Néanmoins, un
Plan de gestion du site historique de Lyon 2014-2019 (Lyon, Ville-Historique..., 2016) décline six orientations stratégiques
définissant les priorités à mettre en œuvre dans le cadre de la gestion du Périmètre Unesco. Seize actions sont planifiées
pour une période de six ans. Parmi celles-ci, on peut citer l’action n°3, le développement des «Ateliers du Patrimoine» : dans
le Périmètre Unesco, des réunions mensuelles sont organisées afin de «construire des modes de faire cohérents et valori-
sants pour la qualité patrimoniale des quartiers» (p.6). C’est donc un outil d’aide à la décision et de coordination des acteurs
de l’aménagement urbain dans le Périmètre Unesco. Également, l’action n°9 consiste en la signature d’une Convention-Pa-
trimoine 2012-2016 entre la Ville et l’État, qui fixe le montant des subventions pour la restauration d’un certain nombre
d’édifices remarquables lyonnais, et qui met en place annuellement une programmation de chantiers de restauration.
	 Enfin, la zone de présomption de prescription archéologique (ZPPA) (ill.4) se surajoute aux réglementations patri-
moniales : elle définit un périmètre à l’intérieur duquel tout aménagement doit faire l’objet d’un diagnostic archéologique au
préalable, étant donnée la richesse du sous-sol. Le Vieux Lyon fait évidemment partie de cette zone, et la montée du Gour-
FIGURE 26. Plan du quartier St-Georges. Source: PSMV
33
guillon est particulièrement surveillée par le Service Archéologique de la Ville de Lyon puisqu’elle existe depuis l’Antiquité et
que des indices dans les façades démontrent l’existence de vestiges (voir Partie 2, II).
	
   	
  
II. 3 Une harmonisation des dispositifs de réglementation ?
	 Finalement, les biens inscrits au patrimoine mondial de l’Unesco sont protégés généralement par d’autres dispositifs
: MH, sites classés ou inscrits, secteurs sauvegardés, Aire de mise en Valeur de l’Architecture et du Patrimoine (AVAP), etc.
La loi actuellement discutée au Parlement relative à «la liberté de création, à l’architecture et au patrimoine» vise l’harmo-
nisation de ces dispositifs, la simplification des démarches, et veut rendre les Secteurs Sauvegardés plus intelligibles sous la
forme des «Cités historiques».
	 Dans ce cadre, le délaissé des 4-6-8-10 montée du Gourguillon souffre de nombreuses contraintes liées d’une part
à la réglementation patrimoniale en vigueur, qui s’applique au Secteur Sauvegardé, et d’autre part aux modifications immi-
nentes de celle-ci, qui ne permet pas d’anticipation sur le long terme des enjeux que soulève l’aménagement du délaissé.
II.3. La prévention des risques géotechniques.
	 En plus de la réglementation patrimoniale, les risques de mouvement de terrain inhérents au Vieux Lyon et aux
balmes se traduisent également sous la forme d’une réglementation préventive. Au sein de la Direction de la Sécurité et de
la Prévention, le Service Constructions et Balmes de la Ville de Lyon vise le référencement des balmes, la surveillance de
leur stabilité, et ainsi la prévention des risques pour la sécurité publique. Il a été créé suite aux éboulements de Fourvière en
1930.
	 Tout d’abord, l’arrêté municipal (24 mars 1994) issu de la Commission des Balmes de 1994 stipule un certain
nombre de dispositifs préventifs et réglementaires qui visent l’entretien des murs de soutènement et ainsi la prévention des
risques encourus. Ainsi, les murs de soutènement doivent être maintenus en bon état, les barbacanes permettant l’écoule-
ment des eaux nettoyées régulièrement, toute déformation doit faire l’objet d’un examen par un homme de l’art. De même,
FIGURE 27. Périmètre UNESCO (Orange), zone tampon (vert), MH (rouge). Source: Lyon.fr
FIGURE 28. Source:Atlas du patrimoine
34
toute opération modifiant les charges en amont ou en aval des ouvrages de soutènement doit être préalablement étudiée.
Ensuite, les anomalies détectées doivent être immédiatement rapportées au Service des Balmes. Enfin, la végétation joue
un rôle important de stabilisation des terrains en pente, c’est pourquoi la plantation et l’entretien d’arbustes ou de plantes
propres à fixer le sol sont prévus, parallèlement à l’élagage régulier (tous les trois ans) des arbres de grande taille et le dé-
broussaillage des murs de soutènement afin de faciliter leur inspection.
	 Finalement, les infractions à cette réglementation sont soumises aux lois en vigueur, et tout contrevenant peut être
poursuivi en justice.
	 Ensuite, l’arrêté municipal du 5 octobre 2009 concerne la mise en application d’un nouveau zonage complétant la
prévention des risques : les Zones à Risques Géotechniques (ZRG). Deux catégories sont définies. Des risques potentiels liés
aux propriétés géomorphologiques et hydrologiques caractérisent les ZRG1. Quant aux ZRG2 (dites «atténuées»), ce sont
des zones de transition ou de bordure où existent en partie les risques identifiés dans les ZRG1. De nombreuses règles sont
définies afin d’encadrer toute opération dans ces zones.
	 Le délaissé étudié fait partie d’une ZRG1 comme le montre l’extrait du PLU suivant (ill. 5). De nombreuses
contraintes réglementaires viendront donc compliquer les opérations d’aménagement du site.
	 En conclusion, le délaissé urbain des 4-6-8-10 montée du Gourguillon s’inscrit dans un quartier particulièrement
réglementé, du point de vue du Patrimoine et des risques géotechniques. Ce contexte exceptionnel, qui encadre l’ambiance
unique du Vieux Lyon, représente toutefois un ensemble de contraintes pour les aménagements.
	
  
FIGURE 29. Zone de risques géotechniques. Source: PLU Lyon. Réalisation: Groupe A
CADRE DE VIE
36
I. LES EQUIPEMENTS PUBLICS.
Dans le territoire on trouve une vingtaine d’espaces culturels dont sept musées ou des vestiges comme l’amphithéâtre
gallo-romain. La montée du Gourguillon se place ainsi au cœur d’un parcours culturel. Les établissements scolaires sont eux
aussi, nombreux sur le territoire, privés ou publics, on compte en tout dix établissements primaires, dix établissements se-
condaires et deux établissements supérieurs. C’est spécialement le lycée Saint-Just qui engendre un flux d’élèves quotidien-
nement dans la montée du Gourguillon. Si elle est souvent empruntée pour ces deux faits, c’est aussi parce qu’elle bénéficie
de la proximité de la station de métro du Vieux Lyon, tout en étant une liaison directe et agréable vers le quartier St-Just.
Le patrimoine naturel du territoire est aussi un atout de taille. Il est principalement concentré au Nord et crée un environne-
ment calme, propice à la flânerie aussi bien pour les habitants que pour les touristes. Les premiers préféreront les espaces
plus intimistes et moins populaires comme le Jardin des Curiosités quand les seconds emprunteront le Parc des hauteurs
en quittant la basilique de Fourvière. Ces espaces aménagés constituent des liaisons entre les différents espaces. D’autres
espaces sont a contrario fermés au public et semblent abandonnés, la nature reprenant totalement ses droits. C’est ce cadre
calme, reposant et agréable ainsi que son passé religieux qui fait que l’on retrouve tout de même trois établissements hospi-
taliers dans le périmètre. Enfin, si le quartier est délaissé en espace sportif, cela n’est pas déploré par les habitants.
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0 0.5 Km
L’offre en équipements et en espace de loisirs à proximité du délaissé
Source: IUL 2016
M
M
Espaces culturels (musées, vestiges..)
Enseignements primaires, secondaires, supérieurs
Etablissements hospitaliers
Métro Vieux Lyon: Ligne D
Espaces végétalisés
Terrain de sport
Délaissé
FIGURE 30.
FIGURE 31. Hopital de Fourvière. Source:J. Crolla FIGURE 32. Lycée St-Just. Source:J.Crolla FIGURE 33. Vue sur Fourvière.
Source:J. Crolla
37
II. LA MOBILITE SUR LE TERRITOIRE.
	 Pour les habitants de la montée du Gourguillon, la mobilité n’est pas une question problématique. La carte ci-contre
illustre bien cela. Nous avons choisi afin de rendre compte de la réalité quotidienne du quartier, de représenter l’offre en
transports en commun avec des DIVATS, comptant qu’un habitant est en moyenne prêt à parcourir 750 mètres pour re-
joindre les transports. Certains points hors DIVAT apparaissent puisqu’ils constituent une offre différente bénéfique pour les
habitants qui n’hésiteront pas à les rejoindre.
	 Le territoire est composé de deux gares qui permettent des déplacements rapides et lointains, allant même hors
du territoire métropolitain. Elles sont également des points de convergences d’autres transports en commun. Ces derniers
sont nombreux sur le territoire qui est traversé par plusieurs lignes de bus et compte près de onze arrêts dans le DIVAT. Cela
permet aux usagers de rentrer et sortir du territoire facilement de part et d’autre du de la Métropole (cf. flèches direction-
nelles sur la carte). Les métros et le funiculaire sont les moyens de transport privilégiés par les habitants du quartier. Le
funiculaire puisqu’il permet de circuler dans le quartier rapidement, une circulation qui n’est pas toujours facile en tant que
piéton compte tenu de la topographie du quartier. Le métro est aussi très apprécié puisqu’il permet de rejoindre rapidement
le territoire lyonnais et sa première couronne, lieux où se concentrent les activités ce qui induit des flux importants.
	 Les stations Vélov’ sont elles aussi nombreuses sur le DIVAT que ce soit pour des trajets directs ou indirects, c’est-à-
dire pour se déplacer jusqu’à sa destination ou pour atteindre un autre moyen de transport. Les Vélov’ représentent ainsi un
atout dans le quartier. Quartier de plus en plus enclin aux modes doux, phénomène auquel l’offre en station Vélov’ contribue.
Le délaissé et le quartier St-Georges, bien que disposant d’une ambiance village, mêle aussi les atouts d’une grande ville.
L’offre en transport en commun rend l’usage des modes doux dans le quartier de plus en plus fréquent et permet une réelle
mobilité aux habitants, usagers et touristes. Cette offre est variée aussi bien dans ses modes que dans ses destinations
créant une satisfaction générale. En effet, cela permet d’être mobile et d’avoir ainsi accès à d’autres activités, équipements
ou commerces que les habitants ou usagers ne trouvent pas dans le quartier.
M-F
M-F
F1
F1
F2
0
1 2
1
3
4
Gare St
Paul
Gare St
Just 5
6
0 0.5 Km
La mobilité à partir du délaissé
Source: IUL 2016
Délaissé
F1
F2
M-F Métro D : Gare de Venissieux - Vaise et Funiculaires
Funiculaire : Vieux Lyon -> St Just
Funiculaire : Vieux Lyon -> Basilique de Fourvière
DIVAT : accessibilité sur un périmètre de 750 m
Arrêt de bus: 11 lignes au total à proximité
du délaissé
Zone directionnelle desservie par les bus
Station vélov’
FIGURE 34. Plan de l’offre en Transport. Réalisation : Groupe A.
38
	 La configuration même du quartier St-Georges semble favorable aux modes doux. En effet plus l’on monte dans la
montée du Gourguillon, plus le stationnement est ponctuel et éparse et le piéton semble totalement investir la route. Si celle-
ci n’est pas définie comme zone piétonne, elle fonctionnent presque comme tel. Cela est sans doute du à la configuration
du quartier qui par ses escaliers, ses traboules ou encore ses chemins piétonniers le rend plus facile d’usage aux piétons.
Le manque d’offre en stationnement incite les usagers et habitants à délaisser la voiture au profit donc des transports en
commun ou des modes doux. C’est aussi la morphologie et la topographie même du quartier qui rend selon les habitants la
circulation vite « pénible » , « une vraie galère ».
La circulation se densifie mais reste très calme et ponctuelle au niveau de St-Georges lorsque l’on s’approche du Quai Flu-
chiron. Ainsi les rôles s’inversent à nouveau : la voiture occupe plus de place que le piéton. Cet axe reste relativement éloi-
gné du cœur du quartier, ainsi les nuisances liées à la circulation n’impactent pas les habitants. L’offre en stationnement se
fait pour les habitants comme pour les travailleurs du quartier dans le Parc St-Georges ou dans d’autres quartiers, incitant
ensuite les usagers à utiliser les transports en commun. On trouve tout de même à proximité dans la rue St-Georges des
stationnements unilatéraux ou même bilatéraux, insuffisants en nombre et très vite occupés. Les arceaux eux sont remplis
de vélos. On peut affirmer que St-George est un quartier où la voiture est vite refoulée au profit des modes doux !
FIGURE 35. Métro Vieux-Lyon.
Source: J. Crolla
FIGURE 36. Gare St-Paul. Source: Mairie Lyon 5ème
FIGURE 37. Escaliers de la montée
du Gourguillon. Source:J. Crolla
FIGURE 38. Montée du Gourguillon. Source:J. Crolla FIGURE 39. Parc St-Georges. Source:J-C. Couet
39
FONCTION COMMERCIALE ET RÉSIDENTIELLE
III.1. Portrait global des fonctions de St-Georges.
	 En ce qui a trait aux fonctions du quartier St-Georges,
celui-ci se distingue principalement par sa forte concentration
d’espaces commerciaux (+/- 90 locaux). Ces espaces se
situent pratiquement tous au sein d’immeubles mixtes, c’est-
à-dire que le rez-de-chaussée de l’immeuble est dédié à des
activités commerciales tandis que les étages supérieurs sont
à vocation résidentielle. Bien qu’ils soient relativement disper-
sés dans le quartier, ceux-ci s’y localisent davantage à l’Est,
dans la partie la plus plane de Saint-Georges. À l’inverse, les
bâtiments occupant strictement des fonctions résidentielles
se situent plutôt dans l’Ouest du quartier, en contrebas de la
colline de Fourvière. On peut également noter que le quartier
St-Just, à l’Ouest du secteur, est un quartier à prédominance
résidentielle et que le quartier St-Jean, au Nord, présente un
cadre bâti similaire à celui de St-Georges, mais se distingue
FONCTION DES BÂTIMENTS | SECTEUR ST-GEORGES
Q
uai
Fulchiron
A v e n u e A d o l p h M a x
La
Saône
Résidentiel Mixte ou commercial Institutionnel Délaissé
Source:IUL2016
0 100m
S q u a r e
Va l e n c i o
par une offre commerciale plus abondante et dynamique.
III.2. La fonction commerciale.
	 Par l’entremise d’un relevé de terrain effectué le vendredi 1er avril 2016, nous avons été en mesure d’identifier la
nature des commerces et services en réinterprétant la typologie commerciale de la fondation québécoise Rues Principales
(Fondation Rues Principales, 2004). Celle-ci se décline sous quatre types de commerces et services ; Courant (1) , Réfléchi
(2) , Restauration et Divertissement (3) ainsi que Service Professionnel (4) (voir annexes 3) . Cette typologie nous a permis
de mieux cerner la dynamique commerciale du quartier St-Georges.
	 Les activités commerciales du quartier sont majoritairement concentrées dans l’Est, entre les rues St-Georges et la
Saône. On recense environ 90 locaux commerciaux dans le quartier dont 11% étaient vacants lors du relevé de terrain. Ce
taux est légèrement élevé sachant que la vacance commerciale était de 6,8% à Lyon en 2014 (Procos, 2014). D’une ma-
nière générale, le quartier se démarque par le fait que ses espaces commerciaux attirent une clientèle supralocale. En effet,
on peut constater que près des 3/4 des activités commerciales du quartier St-Georges ne sont pas exclusivement desti-
nées aux résidents de celui-ci (Fig. 41). Effectivement, l’offre commerciale de St-Georges se caractérise par une présence
importante de commerces de restauration et de divertissement. La majorité de ces commerces sont des restaurants et des
bars qui semblent attirer de nombreux touristes. On note par ailleurs la présence d’une auberge de jeunesse dans la montée
du Chemin neuf, légèrement à l’extérieur de notre cadre d’analyse. De plus, la présence de commerces à achats réfléchis
tels que des galeries d’artisan ou certaines boutiques spécialisées (mode, antiquité, décoration, etc.) accentue l’intérêt que
peuvent avoir les visiteurs du quartier. Parallèlement, 17 des espaces commerciaux sont destinés à des services profes-
sionnels tels qu’un cabinet d’architectes ou une agence immobilière. Ce type d’activité attire assurément une clientèle qui
dépasse les limites du quartier. Malgré que l’offre commerciale ne soit pas orientée vers les résidents du quartier, St-Georges
est tout de même très bien desservi en services de proximité. Avec ses supérettes, une laverie, une boulangerie et quelques
autres établissements à achats courants, le quartier a tout ce qu’il faut pour que ses résidents n’aient pas à sortir du secteur
pour réaliser ce type d’achats. En revanche, les résidents jouissent d’une localisation très privilégiée en étant situés à proxi-
FIGURE 40. Carte des fonctions dans St-Georges. Réalisation: Groupe A
40
OFFRE COMMERCIALE | SECTEUR ST-GEOGRES
La
Saône
Q
uai
Fulchiron
A v e n u e A l d o p h M a x
S q u a r e
Va l e n c i o
Services professionnels Commerce courant Commerce réfléchi
Restauration et divertissement Local vacant Résidentiel
Délaissé
Source:IUL2016
0 50m
14
17
33
17
10
TYPE DE COMMERCES
Courant(
Réfléchi(
Restaura1on(et(
diver1ssement(
Services(professionnels(
Vacant(
mité des magasins de grande surface du reste du 5e arrondissement, des adresses plus spécialisées du secteur Bellecour
sur la Presqu’île ainsi que de l’offre commerciale abondante du quartier St-Jean tout juste au Nord. Ils privilégieront ces
secteurs en raisons des prix pratiqués dans les supérettes du quartier.
Le quartier St-Jean.
	 Situé plus au Nord, le quartier St-Jean est aussi reconnu pour ses divers commerces et boutiques. Selon nos ana-
lyses de terrain, le quartier semble être a priori plus dynamique et davantage orienté vers le tourisme que le quartier St-
Georges. De fait, le quartier compte trois établissements d’hébergement ainsi que deux musées. On recense également
un nombre important de restaurants et bars, mais peu de services professionnels. Bien que le relevé détaillé des fonctions
n’ait pas été effectué, la vacance commerciale semblait être moins élevée dans St-Jean. De plus, les commerces du quartier
étaient beaucoup plus achalandés que ceux de St-Georges lors de notre passage.
FIGURE 41. Carte de l’offre commerciale de St-Georges. Réalisation: Groupe A
FIGURE 42. Répartition des types de commerces dans St-Georges. Réalisa-
tion: Groupe A
FIGURE 43. Commerce réfléchi. Source:J-C. Couet FIGURE 44. Restaurant. Source:J-C. Couet FIGURE 45. Commerce courant. Source:J-C. Couet FIGURE 46. Service
professionnel. Source:
J-C. Couet
41
26%
28%
24%
12%
10%
NOMBRE DE PIÈCES DES LOGEMENTS -
SAINT-GEORGES
T1
T2
T3
T4
T5 et +
29%
57%
14%
SUPERFICIE DES LOGEMENTS -
SAINT-GEORGES
Moins de 40 m2
40 à 99 m2
100 m2 et +
III.3. La fonction résidentielle.
	 En ce qui concerne la fonction résidentielle, le quartier St-Georges comptait 1393 logements en 2010. Le quar-
tier affiche une densité de 64 logements par hectare, ce qui est largement plus élevé que la densité du 5e arrondissement
établie à 39 logements par hectare. Le stock de logements est essentiellement composé d’appartements (97%) et ceux-ci
sont essentiellement des résidences principales (97%). Avec un taux de 70% de locataires, la vaste majorité de ces appar-
tements sont locatifs. St-Georges se distingue du reste de la ville de Lyon qui affiche un taux de 51 % de locataires. De
plus, il est aussi à noter que le quartier compte près de 180 logements HLM, soit 13 % du parc de logements du quartier.
Comme l’illustre la figure 47, la grande majorité des logements (78%) sont soit des T2, T3 ou T4, donc des logements com-
portant d’une à trois chambres. Les appartements de St-Georges se distinguent par le fait qu’ils sont globalement plus petits
que ceux de la ville de Lyon. En effet, près du tiers des logements du quartier ont une taille inférieure à 40 m2 (Fig. 48).
(INSEE, 2010)
	 Pour ce qui est du marché immobilier du quartier, le prix moyen au mètre carré dans le quartier St-Georges est
estimé à 3670 €, soit 22 % plus élevé que le prix moyen de la ville de Lyon et 38% que celui du département du Rhône. De
plus, près de 70% des biens sur le marché du Vieux Lyon seraient évalués à plus de 4800 €, faisant ainsi de St-Georges
l’un des quartiers les plus chers de l’agglomération lyonnaise (Fig. 49). Selon le consultant immobilier Frédéric Jaussan, le
marché immobilier du 5e arrondissement serait relativement solide et très attractif. Selon lui, les deux premiers critères que
cherchent les acheteurs du Vieux-Lyon sont le cachet des lieux et l’animation de par ses nombreux commerces et l’achalan-
dage touristique.
(Effcity, 2015)
FIGURE 47. Réalisation: Groupe A
FIGURE 48. Réalisation: Groupe A FIGURE 49.
Diagnostic Groupe A 2
Diagnostic Groupe A 2
Diagnostic Groupe A 2
Diagnostic Groupe A 2
Diagnostic Groupe A 2
Diagnostic Groupe A 2
Diagnostic Groupe A 2
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Diagnostic Groupe A 2

  • 1. DÉLAISSÉ URBAIN DANS LE VIEUX LYON 4-6-8-10 MONTÉE DU GOURGUILLON Vincent Beal Quentin Chapuis Jean-Christophe Couët Justine Crolla Maria Gusarova Vincent Niochet L3 IUL 2015/2016
  • 2.
  • 3. 3 REMERCIEMENTS Nous remercions l’équipe des professeurs de l’Institut d’Urbanisme de Lyon, notamment M. Mael MERALLI-BALLOU, Mme Rachel LINOSSIER et Mme Lydia COUDROY DE LILLE d’avoir enrichi nos connaissances et de nous avoir guidés durant toute cette année. On tient également à remercier chaleureusement les personnes et les structures suivantes: M. Nicolas HUISSON, M. Didier MONTMASSON, M. Bruno JOYEUX, les habitants du bâtiment situé au 2 montée du Gourguil- lon, qui nous ont fourni des images et des informations précieuses qui ont été très utiles dans notre travail; Mme Céline FAURIE GAUTHIER, adjoint d’Urbanisme, Environnement et Liaisons vertes de la mairie du 5ème arrondisse- ment de Lyon et les personnels de la mairie du 5ème arrondissement M. Emmanuel BERNOT, archéologue spécialiste du bâti et du sous-sol et ses collègues du Service archéologique de la Ville de Lyon Lionel Avallet, qui a travaillé sur le délaissé analysé lors de son stage chez Service Archéologique de la Ville de Lyon en 2010-2011 Mme Perrine BEAU, permanente au nom de l’association Renaissance du Vieux-Lyon, les membres des associations Les Dragons de Saint-Georges, Association de Recherche Historique Ouest Lyon (ARHOLY 5 ), Association Vieux-lyon.org les personnels de l’Archive Municipal et des bibliothèques de Lyon, ainsi que tous les habitants du quartier qui ont participé dans notre questionnaire et nous ont soutenu pendant la réalisation de notre diagnostic.
  • 4. 4 SOMMAIRE INTRODUCTION P.7 PARTIE 1 : HISTOIRE P.9 I. Le Vieux Lyon : un quartier marqué par l’Histoire. P.10 I.1.Une urbanisation qui s'étale dans l'espace depuis l'Antiquité. P.10 I.2. Du Moyen-âge au XVIème siècle : Lyon comme capitale religieuse. P.10 I.3. Une forte influence italienne à la Renaissance. P.11 I.4. Au XVIIIème siècle, la polarisation de la Presqu'île. P.11 I.5. Le "Vieux Lyon" délaissé. P.11 I.6. Le Secteur Sauvegardé : à la rencontre de l’Histoire et du Patrimoine. P.11 II. Histoire de la population. P.13 PARTIE 2 - APPROCHE MORPHOLOGIQUE P.14 Introduction : P.15 I. LA MORPHOLOGIE URBAINE DU VIEUX LYON ET DE SAINT-GEORGES. P.15 I.1.Morphologie urbaine du Vieux Lyon. P.16 Système parcellaire P.16 Système viaire P.16 Système bâti P.16 Système des espaces vides P.16 I.2. La place de la Trinité : un carrefour structurant Saint-Georges. P.17 II. ARCHITECTURE : L'HOMOGENEITE DU VIEUX LYON. P.17 II.1 Typologie des formes architecturales à Lyon. P.18 II.2. La façade du délaissé dans son cadre architectural. P.18 II.3. Organisation spatiale du terrain. P.20 II.3.a. Documents anciens. P.20 II.3.b. Proposition de plan d'organisation spatiale. P.21 III. GEOMORPHOLOGIE ET RISQUES. P.22 III.1. Description de la géomorphologie et de l'hydrographie. P.22 III.1.a. Nature géologique du site. P.22 III.1.b. Topographie du Vieux Lyon. P.23 III.1.c. Hydrographie. P.23 III.2. Le délaissé et l'environnement. P.24 III.3. Les risques naturels comme contraintes techniques majeures. P.25
  • 5. 5 III.3.a. Les risques d’inondation P.25 III.3.b. Les risques de mouvement de terrain P.25 III.3.c. Les phénomènes de "fontis" P.26 PARTIE 3 - CADRE POLITIQUE ET REGLEMENTAIRE. P.27 I. POLITIQUES URBAINES ET D'AMENAGEMENT. P.28 I.1. Des différences de problématique qui entraînent des dynamiques urbaines différentes. P.28 I.2. Politique de logement : une politique incitatrice. P.29 I.3. Un travail réalisé avec les habitants du Vieux Lyon. P.29 I.4.Une véritable dynamique de réhabilitation du cadre bâti. P.30 II. Cadre Réglementaire et Urbanistique. P.30 II.1. Le Patrimoine : histoire et définition. P.30 II.2. Les dispositifs de conservation et de protection patrimoniale. P.31 II.3. Une harmonisation des dispositifs de règlementation. P.33 PARTIE 4 - CADRE DE VIE. P.35 I. LES EQUIPEMENTS PUBLICS. p.36 II. LA MOBILITE SUR LE TERRITOIRE. p.37 III. FONCTIONS COMMERCIALE ET RESIDENTIELLE. P.39 III.1. Portrait global. P.39 III.2. La fonction commerciale. P.39 Le quartier St-Jean. P.40 III.3. La fonction résidentielle. P.41 IV. LA POPULATION ET LE DYNAMISME DU QUARTIER ST-GEORGES. P.42 IV.1. Les données statistiques. Situation générale. P.42 IV.2. Dynamisme local/commercial. P.42 V. LE TOURISME AU VIEUX LYON. P.43 CONCLUSION P.45 BIBLIOGRAPHIE P.48 TABLE DES FIGURES P.49 ANNEXES P.50
  • 7. 7 NTRODUCTION 1. Approche sensible. Notre délaissé donne l’impression d’un territoire mystérieux dès son entrée. Il faut dire que celle-ci n’est pas aisée. Il est à peine visible depuis la rue, ce qui attise dès lors notre curiosité. Cette dernière est décuplée puisque nous sommes dans un quartier historique et que les murs, les portes du délaissé nous renvoient à des petits bouts d’histoire. C’est un es- pace confiné. Le fait de devoir avoir l’autorisation de la mairie, d’ouvrir la porte avec une clef, c’est comme si nous étions les petits chanceux qui allaient avoir le droit de percer les mystères du délaissé de la montée du Gourguillon. Malgré un amas de déchets dès le premier regard, cet espace attire. Des traces de bâti, d’histoire, se dissimulent sous une végétation qui tente de reprendre ses droits. L’odeur et les déchets ne vont pas nuire à l’enthousiasme que crée la découverte de ce lieu, même s’il est dommage qu’on ne puisse pas comprendre ni respecter son caractère exceptionnel. Cette exploration est synonyme d’une vraie escalade, on s’accroche aux branches, on grimpe les rochers, on s’aide d’une corde. C’est une petite aventure. Devant monter ou enjamber des espaces pour découvrir tous les éléments du délaissé, la découverte se fait petit à petit, allant de surprise en surprise. On découvre une cheminée, des murs avec une architecture particulière, on tente de deviner la hauteur, l’agencement de l’ancienne bâtisse… Les voisins nous guettent, comme si nous étions des hors-la-loi. Arrivés en haut, la vue sur les toits semble être le coup de grâce de notre ascension. Il semble nécessaire de capturer l’instant. La position incongrue et la peur de la redescente ne font qu’accroître le caractère aventurier de ce délaissé. On redescend, tous heureux et enthousiastes d’être sur ce site. On oublie les mauvaises odeurs et les bouteilles, d’ailleurs c’est comme si elles donnaient un caractère encore plus incongru au lieu : un espace intime, secret, où on se cache. Un espace qu’on veut s’approprier, dissimulé. Un lieu abandonné qu’on tente d’habiter. A regarder de plus près, l’action récente de l’Homme sur le délaissé se fait ressentir. Il y a eu des travaux récemment, pour combler le danger du site créant un mélange entre le nouveau et l’ancien. On pourrait presque parler de « faux délaissé ». On ressort de la première parcelle pour rentrer dans la deuxième en passant par la rue. Nous n’avons pas pu apercevoir grand-chose malgré notre ascension, son approche étant trop dangereuse. Une anecdote sur la porte, révélatrice d’une méthode de construction d’une époque, fait encore une fois gagner au lieu de l’authenticité. Le meilleur arrive. Une fois la deuxième porte ouverte, nous sommes vraiment dans les ruines d’une bâtisse, les agencements apparaissent plus nets : un balcon, une cour intérieure, une descente vers une cave, des bouts d’escaliers, un mur dont l’imbrication nous démontre une volonté esthétique d’une période. On a envie de se proje- ter, de découvrir encore davantage ce qu’il y avait là. On a envie de préserver tout ça, c’est comme si l’on venait de découvrir un petit trésor qui était pourtant sous le nez de bien des gens, depuis longtemps. Un espace de respiration et d’histoire au cœur de l’effervescence de la ville, de cette densité et modernité prédominante. Nous ne sommes plus à Lyon. 2. Description. Situé dans le Vieux Lyon et le quartier Saint-Georges, le délaissé étudié est un ensemble de 4 parcelles (4-6-8-10 montée du Gourguillon) qui ne sont pas exemptes de bâti : des élévations de mur, des escaliers, des blocs, des briques, des tuiles le parsèment. Le site n’est pas plat : plusieurs terrasses formées par d’anciennes constructions en ruine compliquent l’accès du site. Il est parfois même nécessaire d’utiliser une corde afin de monter dans la pente d’une inclinaison d’environ 40%. La surface trapézoïdale du délaissé représente près de 550m². Ce terrain comporte des risques d’instabilité et nécessite la réalisation de travaux de confortement au titre desquels la Ville de Lyon a engagé un référé préventif en février 2012 et a réalisé des travaux en 2013-2014. A cause des dangers dus à l’état du délaissé, il n’est pas ouvert aux visiteurs et est clos par une façade présentant des éléments architecturaux anciens, donnant sur la montée du Gourguillon. Également, des bâtiments sur les trois autres côtés du délaissé le ferment. En outre, ce terrain est jonché de déchets : bouteilles, restes de nourriture ou même une luge oubliée là par quelqu’un. La végétation sauvage complète le portrait de ce terrain qui présente toutes les caractéristiques d’un lieu abandonné.
  • 8. 8 3. Un délaissé urbain à diagnostiquer. Nous estimons le terrain des 4-6-8-10 montée du Gourguillon «délaissé», car il ne remplit aucune fonction appa- rente au sein de l’espace urbain. Au premier abord, il pose un certain nombre de questions évidentes : pourquoi et depuis quand est-il dans cet état d’abandon (Partie 1) ? D’un point de vue visuel, fait-il partie intégrante du Vieux Lyon ? Repré- sente-t-il une menace structurelle pour la rue ou pour le bâti mitoyen (Partie 2) ? De plus, comment est-il possible qu’un terrain d’une telle ampleur s’insère dans un quartier du «Secteur Sauvegardé» de Lyon, et dont la politique menée devrait logiquement protéger l’aspect de la ville (Partie 3) ? Enfin, un tel délaissé ne peut s’isoler de son environnement social; ainsi comment est-il perçu par les habitants et quels sont les besoins locaux auxquels pourrait répondre l’aménagement d’un tel vide au milieu de la ville (Partie 4) ? Le contexte de ce délaissé urbain ne laisse pas indifférent : s’inscrivant dans le quartier ancien le plus touristique de Lyon, tout projet d’aménagement le concernant doit prendre en compte d’une part l’ambiance propre au quartier Saint- Georges, et d’autre part la fonction économique liée essentiellement au tourisme du Vieux Lyon. Nous nous demanderons ainsi dans quelle mesure, au sein d’un Vieux Lyon a priori très homogène, le quartier Saint-Georges contraste avec les quartiers touristiques de Saint-Jean et Saint-Paul. Nous tenterons également de mettre en évidence les conséquences du contexte du délaissé en terme d’aménagement, tout en exposant les potentialités d’un tel terrain. FIGURE A. Plan antique de Lyon. Source :Archives municipales de Lyon
  • 10. 10 I. LE VIEUX LYON : UN QUARTIER MARQUÉ PAR L’HISTOIRE. I.1.Une urbanisation qui s’étale dans l’espace depuis l’Antiquité. « Toute ville ne peut avoir une âme et s’offrir un avenir que si elle porte en son sein le souvenir d’une ville disparue ou tout simplement de la ville ancienne qu’elle fût », Alain Cambier. Cette citation du philosophe Alain Cambier nous a poussé dans un premier temps à se pencher attentivement sur l’histoire de la ville de Lyon qui se confond pendant de nombreux siècles avec l’histoire du quartier actuel du Vieux Lyon pour tenter de comprendre dans quel quartier s’insère notre délaissé et comprendre quel peut être son avenir. Depuis sa fondation en 43 avant J.C. jusqu’à nos jours, Lyon a gardé des traces permanentes et continues des pé- riodes qui ont marqué son histoire. Le développement de l’urbanisme de la ville est unique en Europe, il est visible d’Ouest en Est en partant de Fourvière jusqu’à la Guillotière et chaque quartier traversé reflète l’urbanisme d’une période de l’Histoire de la ville. A l’époque gallo-romaine son centre se situe essentiellement sur la colline de Fourvière. Il s’est naturellement déplacé glissant lentement vers la Saône pour s’étendre ensuite toujours plus à l’Est. La cité médiévale s’installe aux bas des pentes, coincée entre la colline et la Saône. Les quartiers du Vieux Lyon qui la composent, construits sur une étroite bande de terre, s’accrochent aux pentes. Les rues, les escaliers et les passages dévalent jusqu’à la Saône. L’évolution du quartier se prolonge aux XVIIe et XVIIIe siècles, le rayonnement de Lyon se transforme et la ville prend un nouvel essor. La cité se développe alors de l’autre côté de la Saône. Le délaissé étudié dans ce diagnostic se situe dans le Vieux Lyon, plus précisément dans le quartier Saint-Georges. Ainsi l’histoire du Vieux Lyon où s’intègre notre délaissé se confond avec l’histoire de la ville de Lyon durant l’Antiquité et la première moitié du Moyen-Âge. Le début de son urbanisation remonte à l’Antiquité, à l’époque de l’Empire Romain. Lugdu- num est alors la capitale de la Gaule romaine. Sa position-clé, au confluent de la Saône et du Rhône, en fait un important port fluvial. C’est aussi un nœud routier de premier ordre, relié d’une part à Rome par le Sud de la Gaule (la Narbonnaise), la vallée du Rhône et Marseille, et d’autre part à l’Aquitaine et l’Armorique, la vallée de la Seine et le port de Boulogne. Cette double position met en contact à Lugdunum l’ensemble de la Gaule du Nord et de l’Ouest avec le reste de l’Empire. Son sta- tut de colonie romaine accordé par le Sénat et le rôle de capitale des Gaules favorisent l’essor de la ville. Sa population est estimée entre 50 000 et 80 000 habitants durant le premier siècle, ce qui en fait l’une des plus grandes villes de Gaule. La ville s’étale principalement sur trois zones particulièrement délimitées : la ville haute aujourd’hui Fourvière, le bourg celte de Condate sur la rive gauche de la Saône et la rive droite de la Saône, en contrebas de la ville haute. De par son importance, Lugdunum se dote d’un théâtre antique, d’un odéon et de thermes ainsi que de nombreuses voies dont l’actuelle montée du Gourguillon, une voie qui n’a que très peu évolué depuis plus de 2000 ans. I.2. Du Moyen-Âge au XVIème siècle : Lyon comme capitale religieuse. Durant toute la première moitié du Moyen Âge, Lyon est repliée sur les deux rives de la Saône. Du Ve au Xe siècle, les sources et les études archéologiques manquent pour décrire précisément la ville, mais il semble qu’il y ait peu d’évolu- tions, pas de constructions civiles d’ampleur et peu de nouveaux établissements religieux. En ce qui concerne notre délais- sé, en haut de la montée du Gourguillon se trouvait la porte de l’enceinte de la ville face à Saint-Just qui était un hameau indépendant possédant une basilique ou séjourna plusieurs papes et encore plus loin le bourg Saint-Irénée. De la montée se dégageait deux chemins, l’un qui s’élève jusqu’à la porte des Farges et qui se dirigeait vers l’Auvergne et l’Aquitaine, emprun- tée par les pèlerins de Saint-Jacques-de-Compostelle, l’autre en direction du Languedoc. La montée du Gourguillon est donc un important axe de passage de la ville. Une circulation si importante qu’en 1562 fut décidée de créer le Chemin Neuf pour décharger un peu la montée qui devenait trop étroite. D’après le Plan Scénographique de Lyon réalisé entre 1545 et 1560, on observe que la montée du Gourguillon n’est couverte qu’irrégulièrement par des couvents et des maisons de campagne ou des jardins. Après la montée du Gourguillon, le quartier devient rural, sur un côté de la rue St-Georges, s’alignent d’étroites maisons au pied des vignes établis sur les balmes.
  • 11. 11 I.3. Une forte influence italienne à la Renaissance. Lyon connaît un véritable âge d’or à la Renaissance, en effet la ville bénéficie des influences particulièrement de l’Italie. Par sa situation de carrefour entre l’Italie du Nord et la Flandre, Lyon devient très rapidement un important centre de l’imprimerie en Europe mais également un centre marchand et financier. Les trois quartiers qui la composent prennent leurs caractéristiques, Saint-Paul au Nord est le quartier de la grande bourgeoisie, centre financier et commercial, le Temple du Change est une des traces visibles. Saint-Jean au milieu est le quartier du haut clergé et de l’aristocratie avec notamment la cathédrale Saint-Jean-Baptiste. Enfin le quartier du délaissé étudié, Saint-Georges au Sud est le quartier des artisans. Les formes urbaines de la Renaissance ont été en majorité conservées et caractérisent le Vieux Lyon actuel (voir Partie 2, II). On peut y voir notamment l’influence de l’architecture Italienne amenée par les grandes familles de banquiers et de marchands florentines qui s’installent à Lyon, attirées par son dynamisme, notamment la famille Pierrevive qui rachète un îlot entier d’habitations dont une maison de prestige ayant appartenu à une riche famille lyonnaise. Une fois les habitations détruites, la famille fait construire un hôtel à caractère architectural et décoratif exceptionnel, avec au centre une cour rectangulaire et une galerie avec colonnes et arcades qui relie les deux corps de bâtiment, de l’autre côté des bâtiments plus modestes, fonctionnels en rapport avec les activités bancaires de la famille. On retrouve des caractéristiques similaires pour les anciens bâtiments qui jadis étaient situés sur l’emplacement de notre délaissé (voir Partie 2, II). I.4. Au XVIIIème siècle, la polarisation de la Presqu’île. Aux XVIIe et XVIII siècles, Lyon est à l’étroit dans ses frontières historiques. En effet, la ville se limite à l’actuelle Presqu’île et au Vieux Lyon. Les pentes de Fourvière et de la Croix-Rousse sont inconstructibles, car il s’agit de terrains appartenant à l’Église, tout comme la rive gauche du Rhône. C’est ce qui explique la propension des immeubles lyonnais de l’époque à gagner en hauteur et surtout une densification accrue du Vieux Lyon ainsi que de fréquentes réhabilitations des bâtiments. C’est à cette époque que de nouveaux bâtiments se construisent sur les pentes du quartier Saint-Georges. C’est également à cette époque que le centre de Lyon va se déplacer sur la Presqu’île, avec notamment la construction de l’Hôtel de Ville à côté de la Place des Terreaux, et que des projets gigantesques sont imaginés pour agrandir la ville. P. Morrand projette d’assécher une partie des marais de la rive gauche du Rhône et de lotir les terrains suivant un plan en damier. Il débutera son projet, mais n’eut pas le temps de le lotir et le quartier projeté ne fut pas construit à cause de la Révolution. Le deuxième projet est celui de A.-M. Perrache, qui souhaite doubler la surface de la presqu’île en l’étendant vers le Sud. I.5. Le «Vieux Lyon» délaissé. Au XIXe, grâce aux compétences héritées de la soie, la ville entre dans la révolution industrielle avec l’industrie textile. Elle devient alors une importante ville industrielle, en grande partie grâce aux canuts, ces ouvriers qui travaillent la soie chez eux et qui sont d’abord localisés dans le quartier Saint-Georges avant de se délocaliser dans les pentes de la Croix- Rousse. Le quartier Saint-Georges perd alors sa fonction principale d’artisanat à cause du développement de l’industrie. Le Vieux Lyon connaît alors un déclin économique sans précédent et le déplacement des couches aisées de la population sur la Presqu’île notamment le quartier d’Ainay. L’ensemble du quartier du vieux Lyon connaît un état de délabrement important à l’aube du XXe siècle, délaissé par les habitants et par les grands projets de construction des Brotteaux puis des Etats-Unis par exemple. I.6. Le Secteur Sauvegardé : à la rencontre de l’Histoire et du Patrimoine. Après des années d’abandon et de désintérêt, après avoir échappé à des démolitions inconsidérées et des projets de voie express, grâce à la loi Malraux, le Vieux Lyon devint le 12 mai 1964 le premier Secteur Sauvegardé de France. Les vieilles pierres et les maisons anciennes restaurées ont repris vie. Plus de 2000 ans de vie ont ensuite été inscrits au Patri- moine mondial de l’Unesco en 1998, sous la forme d’un Périmètre Unesco (voir Partie 3, II). Les trois quartiers qui com- posent le Vieux Lyon, Saint-Paul, Saint-Jean et Saint-Georges ont connu une profonde mutation qui en fait un fragment de ville où il fait bon vivre et qui chaque année attire près de 1,5 millions de touristes. Ainsi les habitants vivent dans un quartier
  • 12. 12 où le patrimoine historique est extrêmement prégnant, ce patrimoine des quartiers anciens sont devenus des atouts, des éléments différenciateurs et attractifs qui se retrouvent aujourd’hui au cœur de considérables enjeux économiques en lien avec le tourisme. Un des objectifs des pouvoirs publics, et notamment des services du patrimoine, est de sauvegarder l’esprit «Renaissance» du Vieux Lyon, c’est-à-dire des rues étroites avec de hautes bâtisses mais aussi des fenêtres à croisées. La fonction principale du Vieux Lyon ne serait-elle pas de plus en plus une simple fonction de ville-musée ? Cela aurait des conséquences sur la nature des futurs projets concernant notre délaissé au détriment d’autres enjeux sociaux ou environne- mentaux. FIGURE 1. Plan antique de Lyon. Source :Archives municipales de Lyon FIGURE 2. Plan de Lyon à l’époque de la Renaissance. Source:Archives municipales de Lyon
  • 13. 13 II. HISTOIRE DE LA POPULATION. Le quartier Saint-Georges a vu plusieurs transformations de sa population au cours des années. La première men- tion de la composition sociale de la région apparaît durant la première moitié du XVIème siècle. Il s’agit de « Nommées » ou « dénombrement des biens meubles et immeubles possédés par les habitants de Lyon » publié en 1545. Ce document a été établi par pennonages1, ce qui permet d’avoir la première approche de la géographie sociale lyonnaise selon les voisinages. On peut observer des contrastes assez saisissants juste en analysant la hiérarchie fondée sur la fiscalité immobilière. Jean Pelletier, historien et géographe, écrit dans son ouvrage « Lyon pas à pas. Son histoire à travers ses rues » : « Un impôt sur les maisons qui fut levé en 1551 frappa les maisons du Change (place du change) d’une taxe moyenne de 226 livres, le bloc de cinq autres quartiers situés entre St Jean et St Paul devant acquitter une centaine de livres. Les côtés s’effondraient dans les pennages périphériques, autour de Bourgneuf ou du Gourguillon, et, une nouvelle fois, l’écart était extrêmement marqué: pour une maison de St Georges, il ne fallait payer que neuf livres, et moins de vingt livres aux alentours. »2 Ainsi, dans le courant des XVe et XVIe siècles, l’habitat se densifie et s’organise. Saint-Georges devient alors un quartier populaire, avec de nombreux artisans. On observe une certaine fragmentation de l’espace : des nautes et pêcheurs s’installent le long de la Saône, artisans, potiers, tulliers et ouvriers agricoles le long de la colline. Il est probable que le quar- tier s’articule autour de l’église Saint-Georges et de son cimetière. Au XVIe siècle, le quartier devient le haut lieu de la soierie ; cependant, la population demeure modeste et sans gros moyens financiers. De plus, face au nombre croissant d’artisans du tissage, les canuts de Saint-Georges finissent par aban- donner ce quartier et s’installent sur les pentes de la Croix-Rousse. Les XVIIe et XVIIIe siècles sont marqués par la création du nouveau centre entre le Rhône et la Saône et donc l’exode de la population vers la Presqu’île. Ainsi, c’est à partir de cette époque-là qu’il est possible d’observer l’histoire de notre délaissé à travers ses propriétaires. Par exemple, à partir des registres cadastraux, on peut apprendre quelques noms des propriétaires : Matthieu Pinet a été propriétaire du bâtiment situé au 10 montée du Gourguillon en 1732, François Boissé celui du 6 montée du Gourguillon, et plus tard du 8 et du 10 montée du Gourguillon. Les noms changent tout au long du XIXème et du XXème siècle. Dans la situation de la maison n°10, sont inscrit les noms, prénoms, professions et adresses de trois propriétaires (veuve Billiard/Pierre Crot et Joseph Mairaud/Benoît Michallet, et ensuite Thalmann/Champalle) de 1831 à 1955. En mars 1995, selon l’acte de vente à la ville, trouvé au Service Foncier de la Ville de Lyon, le terrain du 10 montée du Gourguillon a été cédé à la ville de Lyon par madame Thalmann. Ainsi, juste après la vente, le bâtiment est démoli et va rester dans cette condition jusqu’à aujourd’hui. On revient à l’échelle du quartier : dans le XXe siècle, après la Seconde Guerre Mondiale, le quartier est touché par la paupérisation. L’état du bâti est vétuste, beaucoup de logements sont insalubres et sans confort. L’association « Renaissance du Vieux Lyon » témoigne : jusque dans les années 1970, le quartier était surtout attractif pour les immigrés et les étran- gers, et donc avait une mauvaise image, à la fois dangereuse et pauvre. Cependant, avec la mise en place de la politique de protection et de valorisation du patrimoine, le quartier s’est vite gentrifié, surtout grâce à l’animation de vie par les com- merces et bien d’autres fonctions. On observe donc un changement saisissant dans la structure de la population tout au long de l’histoire du quartier, et son impact sur le terrain étudié.
  • 15. 15 INTRODUCTION Le quartier Est de Lyon 5, qui longe la Saône de la gare Saint-Paul à l’église Saint-Georges, est surnommé le «Vieux Lyon» en raison de la persistance d’une morphologie urbaine et architecturale ancienne. Le Secteur Sauvegardé dans lequel se situe la montée du Gourguillon protège l’épais palimpseste patrimonial qui le caractérise (voir Partie 3, II), et conserve l’aspect esthétique qui joue un rôle primordial dans l’attrait touristique de Lyon (voir Partie 2, II). Le délaissé urbain étudié dans ce diagnostic est physiquement clos au regard. La réglementation en vigueur interdit de porter atteinte à la façade qui le sépare de la montée du Gourguillon. A l’intérieur, les murs en ruine, les déchets jonchant le sol, la végétation sauvage contrastent fortement avec l’extérieur minéral, attrayant et culturel. Arrivé en haut du terrain toutefois, les perspectives visuelles prennent une autre envergure : la vue sur les toits anciens du Vieux Lyon éloigne le re- gard jusqu’à la tour InCity et le Crayon, dans le 3ème arrondissement. Cette partie vise d’une part la caractérisation de la morphologie urbaine. La trame viaire résulte aujourd’hui de la persistance de voiries anciennes, qui remontent comme on l’a vu précédemment jusqu’à la période antique. Ensuite, nous nous intéresserons aux formes architecturales qui donnent son caractère au Vieux Lyon. Nous mettrons en évidence les par- ticularités du bâti de ce délaissé en prise avec des problématiques patrimoniales fortes. Enfin nous estimerons les risques et les contraintes dus à la géomorphologie particulière du site du Vieux Lyon et des pentes de Fourvière. Leur attrait touristique peut-il se révéler être un avantage pour le délaissé, ou représente-t-il un ensemble de contraintes à son aménagement ? I. LA MORPHOLOGIE URBAINE DU VIEUX LYON ET DE SAINT-GEORGES. Le délaissé urbain s’inscrit dans un ensemble cohérent et uniforme : le Vieux Lyon. La morphologie de l’Est de l’arrondissement est largement influencée par sa géographie naturelle. En effet, le Vieux Lyon se trouve entre la colline de Fourvière, qui s’élève à l’Ouest, et la Saône à l’Est. La colline se caractérise par une grande trame verte. Celle-ci n’est pas toujours accessible, ce sont des balmes la plupart du temps. Elles ne sont donc pas mises en valeur mais rendent l’Est du 5ème arrondissement très boisé. L’Est du Vieux Lyon quant à lui est bordé par la Saône. On remarque très clairement que la forme du Vieux Lyon suit cette enclave naturelle. Le délaissé urbain s’inscrit au début de la montée du Gourguillon, et donc au pied de la colline de Fourvière.  FIGURE 3. Carte de la morphologie urbaine de l’est du 5ème arrondissement : une morphologie influencée par sa géographie naturelle. Réalisation : Groupe A
  • 16. 16 I.1.MORPHOLOGIE URBAINE DU VIEUX LYON. Système parcellaire Selon sa position, le parcellaire ancien présente différentes formes généralement très redécoupées en bord de voie, il présente des parcelles «en lanière», étroites et allongées. Elles forment un tissu très dense qui se structure en fonction de la rue sur laquelle elles se greffent, puisqu’elles donnent toutes directement sur la rue. Le parcellaire est dit imbriqué, ou en lanière, c’est-à-dire que l’axe d’allongement est perpendiculaire à l’axe de référence, c’est-à-dire la rue. On constate bien grâce à la figure ci-contre, à l’image de la rue Saint-Jean, la manière dont s’organisent les parcelles : elles s’im- briquent aux rues adjacentes.   Système viaire Les rues du Vieux Lyon sont très étroites et sinueuses, à l’inverse d’une trame viaire romaine ou haussmannienne, respectant strictement des formes géométriques comme le rectangle, la formation des rues du Vieux Lyon respecte elle des formes hasardeuses. Les rues sont larges de trois à quatre mètres, de sorte qu’une seule voiture ne peut circuler. De ce fait le Vieux Lyon est devenu piétonnier dans les années 1970. Ces rues sont souvent des rues pavées, comme la montée du Gourguillon. On constate sur la photographie ci-contre l’organisation de certains pavés des rues du Vieux Lyon : ici la rue de la Juiverie. On constate que la rue forme un «calice» : elle est surélevée de part et d’autre et pos- sède une rigole au milieu afin d’évacuer les eaux de pluie, et antérieurement afin d’évacuer les déchets urbains. Système bâti Les immeubles du Vieux Lyon sont mitoyens et forment un tissu très dense. En effet, il n’y a presque pas de discontinuité de bâti sur l’ensemble du Vieux Lyon. Les bâtiments donnent directe- ment sur les rues, ce qui renforce l’impression d’étroitesse de celles- ci. La taille des bâtiments est assez uniforme, puisqu’ils s’élèvent entre 9 et 12 mètres, et font de quatre à cinq étages.   Système des espaces vides Le quartier du Vieux Lyon est un quartier qui offre peu de respiration. En effet la plus grande aération est la zone autour de la cathédrale Saint-Jean : elle fait face à une grande place et sur son côté Ouest elle est bordée d’une voie de circulation assez large. La place Saint-Paul au Nord offre également un espace d’aération, mais surtout pour les automobiles puisqu’elle est un carrefour. FIGURE 4. Un parcellaire imbriqué ou en lanière. Source : Cadastre.gouv FIGURE 5. Rue typique. Source: Dvalot.free
  • 17. 17 I.2. LA PLACE DE LA TRINITÉ : UN CARREFOUR STRUCTURANT SAINT-GEORGES. La morphologie du quartier Saint-Georges est tout à fait similaire à Saint-Jean et Saint-Paul. Il s’organise cependant autour d’un lieu historique du quartier : la place de la Trinité. Elle se trouve au pied de la montée du Gourguillon, et est de plus le carrefour entre les rues Saint-Georges, Bellièvre, Tramassac et Ferrachat. Selon le site web du Vieux Lyon, la place doit son nom aux ‘’Chanoines de la trinité qui occupaient un édifice au XVIIème’’. C’est donc un lieu chargé d’histoire. La place est le lieu de croisement qui structure et oriente les rues du quartier. Elle permettait d’accéder à la montée du Gourguillon qui était une rue principale car elle reliait le Vieux Lyon aux hauteurs de la colline de Fourvière. Le délaissé urbain s’inscrit de la même manière que les autres habitations, et on devine les fondations des anciens bâtiments qui le structuraient (voir Partie 2, II). La structure de la rue est la même que les autres rues du Vieux Lyon : le parcellaire est «en lanière», la rue est assez étroite (à peine trois mètres de largeur), les bâtiments donnent sur la rue sans discontinuité, même pour notre délaissé puisque le mur d’origine à été conservé pour permettre une homogénéité architecturale à la rue. Finalement, le Vieux Lyon est caractérisé par sa cohérence morphologique, chaque quartier (Saint-Georges, Saint-Paul et Saint- Jean) a son identité propre mais leur structure d’ensemble forme un tout cohérent.   II. ARCHITECTURE : L’HOMOGENEITE DU VIEUX LYON. Notre entretien avec Emmanuel Bernot, responsable d’opération au Service Archéologique de la Ville de Lyon (SAVL), puis notre visite des lieux avec lui ont abouti à cette partie. Le délaissé présente des caractéristiques architecturales comparables aux éléments bâtis anciens du Vieux Lyon, connus grâce aux études d’archéologie du bâti. Celle-ci vise «l’étude de l’histoire d’un bâtiment à partir de l’analyse de ses murs en élévation» (Demoule et al, 2009, p.78). C’est donc une archéologie verticale par laquelle on veut comprendre comment l’immeuble a été construit, et quelles évolutions il a subies, à travers l’étude typologique et systémique des éléments architecturaux. Elle s’appuie également sur une étude historique (textes, archives), une approche comparative et déductive. Étant donné d’une part que l’archéologie a pour but la compréhension des sociétés humaines du passé, et d’autre part que l’architecture minérale perdure dans le temps, il paraît évident que l’archéologie du bâti joue un rôle éminent pour la connaissance des cités historiques et participe au rayonnement touristique de celles-ci. Ainsi nous nous demanderons si le délaissé participe de l’homogénéité annoncée du Vieux Lyon en terme d’architecture et d’organisation spatiale. FIGURE 6. Place de la Trinité. Source: Google Maps
  • 18. 18 II.1 TYPOLOGIE DES FORMES ARCHITECTURALES À LYON. Le Vieux Lyon concentre des bâtiments dont les fondations peuvent dater de l’Antiquité. La Manécanterie jouxtant la cathédrale Saint-Jean est un exemple particulièrement emblématique. Construit directement sur des vestiges du IIème siècle ap. J.-C., l’ensemble canonial du début du VIIIème voit sa façade modifiée au XIIème (unique exemple de façade romane en- core visible dans le Vieux Lyon), puis au XVIIème siècle des échoppes investissent le rez-de-chaussée, avant que le bâtiment prenne la fonction de manécanterie au XVIIIème siècle. Ce palimpseste architectural représente l’évolution de la société, ni linéaire ni hiérarchisée, et fait de Lyon une ville riche d’histoire, un musée à ciel ouvert. A partir de l’analyse typologique des façades, nous avons dressé une chronologie architecturale générale qui nous a servi à caractériser celle des façades des 4-6-8-10 montée du Gourguillon. Nous nous intéressons essentiellement dans ce Diagnostic Territorial aux éléments architecturaux visibles et comparables en façade, c’est-à-dire les baies, la modénature (ensemble des moulures et effet obtenu par le choix des profils et des proportions de celles-ci), les matières premières. La typologie établie, en Annexe, présente cinq périodes représentatives de l’architecture à Lyon, et à partir de laquelle nous avons situé les éléments architecturaux visibles sur la façade du délaissé.       II.2. LA FAÇADE DU DÉLAISSÉ DANS SON CADRE ARCHITECTURAL. Les trois parcelles étudiées comportent des éléments architecturaux anciens sur leurs élévations de façade. Celle du 8 s’élève jusqu’à R+1, la façade du 4 jusqu’à R+2 et la façade du 10 jusqu’à R+4. (Fig. 7 à 9). Le rez-de-chaussée de chacune est délimité par une corniche horizontale qui facilite la distinction des trois en- sembles. La porte d’accès au 4, qu’on emprunte actuellement pour accéder au terrain, se compose de deux piédroits formés de pilastres à arêtes vives séparés du linteau par des impostes carrés très simples. Le linteau comporte un entablement de style classique, très épuré également (frise non sculptée et corniche). La seconde porte du 4, condamnée, présente les mêmes caractéristiques mise à part l’absence d’impostes. Deux baies percées de part et d’autre sont également bouchées par du béton aggloméré. L’encadrement de la porte du 6, dont il reste un vantail en bois clouté, possède des piédroits de style classique à ébrasements orientés vers le bas de la rue. Des arcs de décharge surmontent chacune de ces baies. Un grand arc en anse-de-panier caractérise l’arc de boutique du 8. Ses impostes et la clé de l’arc saillants et non sculptés sont caractéristiques du XVIIème siècle. La présence de deux petites fenêtres de part et d’autre de l’arc participe en outre à une organisation de façade du XVIIème siècle. La seconde porte du 8 est très similaire à la porte du 6, le linteau repose toute- fois sur un tore massif qui est dans l’alignement de la corniche horizontale qui court sur toute la largeur de cette parcelle. Les ébrasements de la porte sont également en biais, dans le sens de la pente. Enfin au 10, une première porte (qui donne aujourd’hui accès à l’intérieur) sous arc en plein-cintre présente des impostes et une clé d’arc saillants et non sculptés, tout comme les deux arcs en anse-de-panier qui se succèdent après, et qui sont séparés par une petite fenêtre sous arc de dé- charge. FIGURE 7. Facade du 10. Source: E. Bernot FIGURE 8. Facade du 8. Source: E. Bernot FIGURE 9. Facades du 4-6. Source: E. Bernot
  • 19. 19 Dans les étages, pour chacun des 3 ensembles de parcelles, des piédroits de fenêtres apparaissent. Au niveau R+1 du 4-6, un piédroit orné de doubles cavets sur base buticulaire, dont on voit le négatif de la traverse (bouché par des briques), rappelle clairement les larges baies à meneau et traverse du XVème siècle en calcaire jaune (Fig. 10). Au niveau R+2, le même piédroit apparaît, bien que la base semble avoir été buchée. Sur la façade du 8, on peut également aperce- voir un vestige de piédroit du XVème siècle, ainsi qu’un appui de fenêtre adouci. Sur la façade du 10, une petite baie sous arc de décharge présente des éléments d’encadrement à doubles cavets en calcaire jaune. De grandes baies à arêtes vives surmontent les deux arcs en anse-de-panier du rez-de-chaussée, et pourraient laisser penser que des fenêtres XVIIème venaient compléter l’aspect de la façade (Fig. 11). La présence de deux fragments de mortier de tuileau antique est remar- quable, et pourrait laisser imaginer un phénomène généralisé de remploi dans la maçonnerie de blocs préexistants (Fig. 12). A partir des éléments architecturaux décrits, on peut avancer qu’au moins pour les 4-6 et 8 les étages présentaient des baies du XVème siècle, comme au 2 en aval (Fig. 15) ou sur la place de la Trinité. Une harmonisation du rez-de-chaus- sée aurait eu lieu au XVIIème siècle étant donné que chaque parcelle en présente les caractéristiques. Il est à considérer toutefois que l’architecture peut être harmonisée durant les périodes postérieures, afin de donner une cohérence esthétique. En outre, le 10 se singularise par une élévation probablement XVIIème, à l’instar des façades des 1, 3 et 12 montée du Gourguillon par exemple (Fig. 14). Finalement, les façades présentent un palimpseste inversé des formes architecturales. Le XVème siècle est repré- senté dans les élévations tandis que les portes d’allée et les arcs de boutique sont clairement postérieurs. Le XVIIème siècle est largement présent dans les rez-de-chaussée alentours, comme le montre la succession d’arcs au début de la rue du Boeuf (Fig. 13).             FIGURE 10. Pied droit XVe. Source: E. Bernot FIGURE 11. N.10 Baies XVIIème. Source: E. Bernot FIGURE 12. Bloc de tuileau antique. Source: E. Bernot FIGURE 13. Rue du Boeuf, portion sud. Source:V. Niochet FIGURE 14. N.12, facade 17e FIGURE 15. N.2 Encadrements de baie XVème. Source:V. Niochet
  • 20. 20 II.3. ORGANISATION SPATIALE DU TERRAIN. II.3.a. Documents anciens. Pour commencer, l’étude des archives menée par L. Avallet, du Service Foncier de la Mairie du 5ème (Mémoire de stage, 2011) apporte des informations sur l’organisation des trois maisons. Aux 4-6, un document de 1516 décrit «une maison aulte et basse et ung jardin derrier» (p.66). Puis en 1734, c’est «une maison haute, moyenne et basse, avec une petite cour, et jardin soit treille au derrier, le tout joint». Après de multiples travaux au milieu du XVIIIème siècle, en 1840 elle est «composée de deux corps de batimens, ayant sur le devant trois étages et sept étages sur le derrière et cour desservie par deux allées» (p.71). Ainsi, la parcelle allongée se divise en deux ensembles d’habitation, séparés par une cour intérieure et comportant un jardin à l’arrière de la parcelle, c’est-à-dire en terrasse dans les balmes. On apprend également que le premier corps donnant sur la montée du Gourguillon s’élève moins haut que celui en arrière et que deux «allées» desservent la cour. En outre, en 1946, le 6 «se prolonge dans la colline par une partie voutée sur laquelle existait autrefois une construction précédemment démolie» (p.72). La partie voûtée évoquée est encore visible actuellement, dans les hauteurs de la parcelle, et les travaux de démolition avaient déjà débuté. Ainsi l’organisation de la parcelle 4-6 montée du Gourguillon n’a guère évolué depuis la description du début du XVIème siècle. Elle est similaire à l’organisation générale des maisons gothiques et Renaissance du Vieux Lyon. Concernant la maison du 8, elle est décrite en 1551 comme «une maison haulte, moyenne et basse, court et jardin qui se touchent», et en 1754 «composée de deux corps de logis une cour entre deux plus une seconde cour derrière le second corps de logis et ensuite deux terrasses communicantes l’une et l’autr», (p.62). En 1842, on apprend en outre qu’elle comporte «terrasses, rez de chaussée, trois étages et greniers». Le 8 est donc de même hauteur que le 4, mais moins haut que le 6, d’autant que l’arrière est composé de terrasses et de jardins. Dès 1936, la Ville de Lyon acquiert la parcelle pour cause de «vétusté menaçant la sécurité publique». Enfin, le 10 se compose également ainsi en 1551 : «une maison haulte, moyenne et basse avec le jardin derrier ladite maison». En 1699, cette «maison consiste en deux corps de logis composés de deux membres sur une cour au mi- lieu». Une description précise en 1909 que «le bâtiment sur rue comprend rez-de-chaussée et quatre étages desservis par une allée et une moitié [=montée] d’escalier. Le bâtiment sur cour se compose de rez-de-chaussée formant caves, deux étages communiquant l’un et l’autre, au moyen d’une galerie avec chaque étage correspondant du bâtiment sur rue, par lequel ils sont ainsi desservis ; et greniers au-dessus». La Ville de Lyon l’acquiert finalement en 1955. D’après les archives, ces trois parcelles présentent une organisation spatiale similaire : on observe 3 corps de maison mitoyens de trois ou quatre étages, séparés par une cour d’un second corps de maison dans le cas des 4-6 et 10, ou directe- ment de jardins en terrasse pour le 8. Chaque parcelle possède également des jardins dans les hauteurs. Un plans du XVIIIème nous donne une illustration complémentaire (Fig. 16).   FIGURE 16. Atlas de la Rente Noble de l’Abbaye d’Aimay. Source: L. Avallet
  • 21. 21 II.3.b. Proposition de plan d’organisation spatiale. Les données des textes et des plans anciens permettent de compléter le relevé effectué sur le terrain des élévations existantes. A partir de la comparaison des informations de chacune des approches, nous proposons une reconstitution de l’organisation spatiale de chacune des parcelles (Fig. 17). Bien qu’elles semblent se dessiner nettement en façade, la lecture des parcelles dans le terrain est plus difficile. Le N°4 donne sur la rue. Il est possible qu’une allée desservisse la cour étant donné que deux allées semblaient exister au XVIème siècle. Le N°6 est séparé du N°4 par la cour. Son allée (encore en élévation mais inaccessible) aboutit directement sur les escaliers rampe-sur-rampe du XVIIème qui s’élèvent en galeries (Fig. 18). Le bâti s’étend vers le haut de la pente, néanmoins il est possible que des terrasses et des jardins y prenaient également place. Ensuite, le N°8 possédait vraisemblablement une petite allée desservant la cour centrale, depuis la porte à tore massif décrite plus haut. Les élévations des espaces à l’ouest de la cour ne comportent pas d’éléments de baies, ils devaient ainsi être ouverts et bâtis en terrasses. De plus les murs perpendiculaires à la pente dans cette zone semblent avoir été re- pris et solidifiés lors des travaux de confortement de 2014. Cette parcelle reste relativement obscures étant donnée l’épais- seur des remblais qui l’obstruent, et l’inaccessibilité de sa partie inférieure. En revanche, le N°10 est accessible. Une allée étroite desserte le premier ensemble d’habitat grâce à deux portes à piédroits adoucis (XVème-XVIème siècles), et terminent dans la cour. Les marches portant noyau d’un ancien escalier en colimaçon ont été remployées par les bâtisseurs du XVIIème siècle pour construire un escalier rampe-sur-rampe, similaire à celui des 4-6 (Fig. 19). La galerie du premier étage mène à un chemin dans le prolongement de l’allée, et qui monte jusqu’en haut du terrain. Ce passage était ouvert puisque des éléments de baies du XVème, du XVIème et plus récents (cf. photos) scandent l’élévation du mur du N°10.  FIGURE 17. Reconstitution de l’organisation spatiale. Réalisation: Groupe A
  • 22. 22 La traboule et les cours du N°2 montée du Gourguillon peuvent être de bons éléments de comparaison de l’aspect des espaces de desserte du 10. Une allée étroite voûtée d’ogives mène à une cour et à des escaliers en vis, puis un passage ouvert permet de monter jusqu’au Chemin Neuf. Également, la ruelle Punaise, égout à ciel ouvert perpendiculaire à la rue de la Juiverie dans le quartier Saint-Jean peut donner une idée de l’aspect du passage montant dans la colline. Finalement, le délaissé présente de nombreuses caractéristiques qui l’inscrivent dans l’homogénéité architecturale du Vieux Lyon. Les parcelles «en lanière» singularisent sa morphologie médiévale, et les 4-6-8-10 montée du Gourguillon en sont des exemples représentatifs. Néanmoins, la topographie de la montée du Gourguillon et notamment son important dénivelé jouent un rôle prédomi- nant dans l’organisation spatiale antérieure des parcelles, et ajoutent des contraintes majeures aux projets d’aménagement futurs.     III. GEOMORPHOLOGIE ET RISQUES. Les quartiers du Vieux Lyon sont situés entre la Saône à l’Est et le plateau de Fourvière à l’Ouest. Nous évaluons dans cette partie quels risques et contraintes en- gendrent la nature du sol, la topographie, l’hydrographie et le long passé urbain sur les projets d’aménagement. III.1. Description de la géomorphologie et de l’hydrographie. Nous décrirons dans un premier temps la géomorphologie et l’hydrographie de l’agglomération lyonnaise, afin de remettre le cas du délaissé dans son contexte géotechnique. La géomorphologie est une discipline scientifique qui étudie l’histoire et l’évolution des paysages, à travers no- tamment la géologie. Nous étudierons celle-ci en premier lieu, puis la topographie du Vieux Lyon et du délaissé, pour nous attacher enfin à comprendre les liens directs des caractéristiques géomorphologiques du site avec l’hydrographie. III.1.a. Nature géologique du site. Lyon est tout d’abord un point de convergence entre trois régions naturelles particulières : la Dombes et la Bresse au N-E, le Dauphiné au S-E, et le Massif Central à l’Ouest. Le sous-sol lyonnais présente un patchwork géologique au sein desquels on retrouve les caractéristiques de chacune (Fig. 20). Les plateaux et les collines de Fourvière et de la Croix- Rousse sont des résurgences cristallines liées au Massif Central, qui reposent donc sur un substrat granitique. Le territoire S-E, de la Guillotière jusqu’à Bron, se compose d’alluvions quaternaires qui forment des terrasses moyennement élevées (de 10 à 20 mètres au-dessus de la surface du Rhône). Enfin le sous-sol du territoire de la Presqu’île et de la rive gauche du Rhône jusqu’à Villeurbanne se caractérisent par des alluvions modernes. FIGURE 18. N. 4-6 escaliers XVIIème. Source : E. Bernot FIGURE 19. N.10, escaliers XVIIème. Source:V. Niochet
  • 23. 23   Ensuite, les épisodes glaciaires n’ont pas épargné le territoire lyonnais. On retrouve des indices du passage des glaciers jusqu’au «gros caillou» de la place éponyme située sur le plateau de la Croix-Rousse, qui est un bloc erratique laissé sur place à la fonte des glaces alpines. En outre, les alluvions morainiques, déposés de la même façon dans les pentes de Fourvière et de la Croix-Rousse, sont de larges bancs argilo-sableux (constitués de sables molassiques dont la consistance varie selon la teneur en eau) qui peuvent provoquer des glissements ou des tasse- ments de terrain aux conséquences dramatiques. III.1.b. Topographie du Vieux Lyon. Une partie du Vieux Lyon s’étale sur les pentes de Fourvière (Fig. 21). L’érosion fluviatile a formé ses versants naturels appelés les «balmes», dont la solidité dépend du sous-sol géologique. Elles se caractérisent par une inclinaison relativement forte (parfois même des falaises de 20 à 40m de hauteur), et de ce fait d’espaces souvent inconstructibles. La végétation qui y pousse tou- tefois permet de les stabiliser et facilite l’écoulement des eaux en surface. Parallèlement, l’implantation humaine peut être d’une part source de déséquilibres des balmes : carrières et dégagements d’espaces de circulation ou de construc- tion ont façonné des falaises ou des abrupts potentielle- ment instables. D’autre part, des aménagements peuvent viser la stabilisation des pentes ou l’ancrage dans des couches inférieures plus stables. Toutefois, l’évolution naturelle de l’érosion des versants et le vieillissement des installations humaines restent générateurs de risques à long terme. III.1.c. Hydrographie. L’hydrographie permet dans ce cadre de com- prendre la nature des risques associés à la géomorpho- logie du site. La pluviométrie en particulier est à mettre en lien avec la nature géologique des balmes. D’après la comparaison des conditions précédant chacun des mouvements de terrain dramatiques survenus au cours   du XXème siècle et jusqu’à l’année 2002, il étaient systématiquement précédés de longs épisodes pluvieux exceptionnels, de 2 à 3 fois supérieurs aux moyennes mensuelles. Les ouvrages drainants ne peuvent écouler de telles quantités d’eau, et les sables molassiques s’en gorgent et se ramollissent entre une couche solide granitique et les alluvions récentes, dont le poids et la poussée provoquent finalement le mouvement de terrain. FIGURE 20. FIGURE 21. Source : Google Earth et data Grand Lyon. Réalisation: Groupe A
  • 24. 24 Finalement, la nature géologique du sol illustrée dans la coupe suivante (Fig. 22) montre que le terrain des 4-6-8-10 montée du Gourguillon se situe sur une très fine couche de colluvions récentes (N°10), repo- sant directement sur la couche de sables molassiques (N°3). Ainsi, la pente couplée avec la nature instable du sol rendent le site particulièrement risqué, des mouve- ments de terrain pouvant advenir lors de fortes pluies. La forte inclinaison du délaissé étudié repré- sente sans aucun doute une des principales caractéris- tiques à prendre en compte dans un projet d’aménage- ment.   Les 1er, 4ème, 5ème et 9ème arrondissements de Lyon peuvent être concernés par des mouvements de terrain dus à cette topographie particulière. Le Service des Balmes de la Ville de Lyon (voir Partie 3, II) surveille l’évolution de celles-ci et prévient les risques associés. III.2. Le délaissé et l’environnement. Par ses caractéristiques historiques et morphologiques, c’est-à-dire une densité très élevée de bâti, des rues étroites et la persistance du bâti de la Renaissance, le Vieux Lyon n’est pas du tout adapté à la circulation automobile. Les rues du quartier sont donc principalement piétonnes et le fait que le Vieux Lyon est assez loin des grands axes autoroutiers fait de lui un des quartiers les plus respirables de la ville. Les rues étroites et la hauteur des bâtiments bloquent ainsi la pollution et l’air notamment dans la montée du Gourguillon est aussi respirable qu’à la campagne. Les nuisances sonores liées à l’utilisation de l’automobile sont donc également absentes dans le Vieux Lyon, le bruit vient plutôt du passage de touristes notamment dans la rue Saint-Jean, rue étroite ou le bruit résonne énormément. Mais le quartier Saint-Georges et la montée du Gourguil- lon échappent pour l’instant à l’afflux massif des touristes. Le quartier est donc très calme. Du fait de son ancienne urbanisation où les espaces verts étaient très peu présents, on pourrait croire qu’il n’y a pas ou peu d’espaces végétalisés dans le Vieux Lyon. Hors le relief de la colline de Fourvière a empêché l’urbanisation de cer- taines balmes qui sont aujourd’hui des parcs d’assez grande taille pour un centre-ville ancien, mais sont tout de même assez éloignés des parcelles du délaissé. Majoritairement le quartier du Vieux Lyon se compose d’espaces très minéraux comme la plupart des centres-villes, et la densité importante et l’absence de grandes places publiques renforcent d’autant plus cet Localisation des espaces verts à proximité du délaissé étudié Espace végétal : Parc public Jardin public Eau Bâti Légende Fleuves Quartier analysé Arrondissement analysé Arrondissements de Lyon 0 1 300 2 600650 Mètres 0 1 20,5 Kilomètres Réalisation : Groupe A Situation du délaissé 100 200 Légende : Source : Données IGN et fond de carte Openstreetmap N Délaissé Zone hors d’étude Autre Route Rue piétonne Liste des parcs et jardins : Cercle avec rayon de 50, 100 et 200 Mètres  Parc du rosaire  Parc des hauteurs  Jardin de la visitation  Jardin archéologique St Jean    Jardin Jean Choux Jardin des curiosités  Jardin de Loyasse  Jardin de Trion     Square Valencio Square du chemin neuf FIGURE 22. Coupe stratigraphique de la colline de Fourvière. Source: Mongereau & Vinet 2004 FIGURE 23.
  • 25. 25 aspect. L’environnement visuel du quartier est aussi très marqué par l’homogénéité du bâti et des styles architecturaux ren- forçant cette impression de village ancien et urbain. Compte tenu de l’intensité de la vie de quartier, les déplacements de piétons demeurent également prépondérants, notamment dans la rue Saint-Jean, l’axe Nord-Sud majeur du quartier monopolisant toutes les activités commerciales et attirant tous les touristes. L’environnement est donc celui d’un centre-ville historique avec un poids historique prégnant, sans nuisance sonore en ce qui concerne Saint-Georges seulement, ni de pollution. Ainsi la montée du Gourguillon est tous les jours foulée par de nombreux joggers et cyclistes. III.3. Les risques naturels comme contraintes techniques majeures. Le délaissé urbain des 4-6-8-10 montée du Gourguillon présente des risques naturels qui sont à prendre en consi- dération, à cause de sa topographie et de la nature géologique de son sous-sol (voir Partie 2, I). Les trois principaux risques du terrain sont : les inondations avec une éventuelle crue de la Saône, les mouvements de terrain car il est situé dans les balmes, et enfin les phénomènes de «fontis» ou d’effondrement dus aux galeries anthropiques souterraines. III.3.a. Les risques d’inondation Le Rhône est connu pour ses fortes crues, mais la Saône présente aussi des risques d’inondation pour la ville de Lyon. La Saône se caractérise par des crues moins violentes, mais qui peuvent s’installer durablement. En 1840, la crue de la Saône s’est installée un mois durant. Lyon est inscrit dans le Plan de Prévention des Risques Naturels pour les inondations du Rhône et de la Saône sur le territoire du Grand Lyon (PPRN) depuis 2009. Ce plan inclut entre autre toute l’agglomé- ration lyonnaise. Le PPRN prévoit une étude des risques liés aux crues des deux fleuves. Elle prescrit un plan de prévention sur l’ensemble de l’agglomération. Les crues de la Saône sont largement canalisées par les quais qui bloquent l’eau. Cepen- dant des risques d’inondation centennale sont à prévoir. Le PPRN définit alors plusieurs zones suivant leur niveau de risque. Le délaissé n’est pas dans une zone inondable à proprement parler, même si la Saône débordait, le risque pour que l’eau atteigne la montée du Gourguillon est relativement faible puisque l’eau n’a jamais atteint la rue. La plus forte crue eut lieu en 1840 et s’éleva jusqu’au niveau de la place de la Trinité. Le délaissé urbain ne serait alors pas concerné directement, mais indirectement car c’est l’ensemble du quartier qui serait touché. Même si les risques sont présents, un certain nombre de mesures ont été prises pour diminuer le risque d’inondation, mais en cas de crue centennale il est fort probable que les rives de la Saône, donc la zone autour du délaissé urbain, ainsi que la Presqu’île, soient touchés. III.3.b. Les risques de mouvement de terrain La colline de Fourvière est composée de balmes. Le danger principal lié aux balmes est celui d’un glissement ou d’un tassement de terrain. Les balmes sont maintenues, dans leurs parties non urbanisées, par de la végétation. Les constructions peuvent maintenir les sols, mais il arrive parfois que cela ne suffise pas. De plus certaines constructions ne laissent pas l’eau s’écouler à travers les sols et elles peuvent la retenir, ce qui peut donc créer des glissements de terrain. La ville est marquée par la ‘’catastrophe de Fourvière’’, qui eut lieu le 13 novembre 1930. La colline de Fourvière a vu s’écouler tout un pan de la colline, détruisant plusieurs immeubles de la montée du Chemin Neuf et de la rue Tramassac et faisant au total 40 morts. Le 31 juillet 1977, un immeuble s’effondre pour les mêmes raisons et fait trois morts. Ces catastrophes sont fortement liées à l’hydro- logie, de fortes pluies selon la commission des Balmes de Lyon. Il est observé une forte corrélation entre les accidents des balmes lyonnaises et de fortes intempé- ries. FIGURE 24. Catastrophe de Fourvière Source:Archives départementale
  • 26. 26 III.3.c. Les phénomènes de «fontis» Depuis l’Antiquité, l’approvisionnement en eau des installations situées sur les collines de Fourvière et de la Croix- Rousse représente un enjeu majeur de l’aménagement. De nombreux puits et plus de 55km de galeries ont ainsi été creusés dans le sous-sol afin de puiser les eaux des nappes phréatiques, particulièrement profondes, et de les acheminer là où le besoin s’en ressentait. Mal entretenues depuis qu’elles sont inutilisées, ces galeries menacent la stabilité des sols en plus des risques évoqués précédemment : elles peuvent être à l’origine d’affaissements voire de «fontis», qui sont des effondrements en surface dus à un vide souterrain. Le Service des Galeries de la Ville de Lyon recense ces galeries et ces égouts, mais le réseau étant ancien et par- ticulièrement dense, de nombreuses cavités restent inconnues à ce jour. Le risque de fontis est important à noter pour le délaissé étudié, car il s’inscrit dans une trame ancienne qui remonte jusqu’aux premières installations. Le délaissé urbain présente, comme précisé précédemment, des ruines des anciennes habitations qui le jonchaient (voir Partie 2, II). Ces ruines ont un rôle structurant pour le terrain selon Emmanuel Bernot, archéologue spécialiste du bâti au SAVL, c’est-à-dire qu’elles maintiennent le terrain, elles le stabilisent. Mais l’ancienneté des ruines a forcé la mairie à prendre plus de mesures de sécurité et à effectuer des travaux de confortement sur le terrain. Une éventuelle construction induit obligatoirement des prérogatives de sécurisation. Les travaux de confortement ont déjà effectué une partie de ce travail, notamment en souterrain puisque les caves ont été cimentées. Néanmoins, les risques dus à la nature du sous-sol, à la topographie du site, et aux installations antérieures de- meurent particulièrement importants et contraignants pour toute opération d’aménagement.
  • 28. 28 I. POLITIQUES URBAINES ET D’AMENAGEMENT.   I.1. Des différences de problématique qui entraînent des dynamiques urbaines différentes. Les politiques urbaines sont dirigées à l’échelle de la mairie centrale, la Métropole de Lyon, mais aussi à l’échelle du 5ème arrondissement. Celui-ci s’étend du quartier Vieux Lyon à l’Est, au quartier Ménival-Battière-La Plaine, bordé par les communes de Francheville, Tassin-la-Demi-Lune et Sainte-Foy-lès-Lyon. Il s’étend très largement à l’Ouest et rassemble des quartiers assez hétérogènes en terme de morphologie. On retrouve à l’Ouest des quartiers avec une trame pavillonnaire, composés soit d’immeubles récents, soit des quartiers composés de maisons individuelles. L’Est du 5ème arrondissement contraste avec cette trame urbaine, puisqu’il regroupe les quartiers de Fourvière et du Vieux Lyon. La trame urbaine est médiévale et donc atypique (voir Partie 2, I). Cette hétérogénéité de trame urbaine induit des différences fondamentales de dynamiques urbaines, car les enjeux sont différents. L’Ouest et le centre de l’arrondissement feront l’objet de projets plutôt classiques de rénovation et d’extension ur- baines. L’idée est d’augmenter l’offre de logement et de l’intégrer dans la trame urbaine déjà en place. La trame médiévale et les enjeux touristiques liés aux quartiers anciens font que les enjeux seront différents. La mairie va chercher à améliorer le cadre urbain dans l’optique d’une meilleure offre touristique, mais aussi un meilleur cadre urbain en général, afin d’améliorer le cadre de vie des habitants du Vieux Lyon. La carte ci-jointe (ill. 1) révèle les dynamiques et les vocations pour chaque secteur du 5ème arrondissement. La carte nous montre bien que l’Ouest de l’arrondissement souhaite conserver sa vocation pavillonnaire. Le quartier vieux Lyon est qualifié ‘’d’hypercentre’’, l’objectif est donc de renforcer cet hypercentre. FIGURE 25. Projet d’aménagement et de développement durable décliné sur le 5ème arrondissement. Source: PLU Grand Lyon
  • 29. 29 I.2. Politique de logement : une politique incitatrice. Le 5ème arrondissement est un des seuls qui ait perdu de la population comparé aux autres arrondissements de Lyon. Cette perte ou stagnation peut s’expliquer par une marge de construction assez réduite. Mme Faurie-Gauthier, adjointe au maire à l’urbanisme à la mairie du 5ème arrondissement estime qu’il faudrait construire entre 150 et 200 logements par an pour contrer la stagnation démographique du 5ème arrondissement. De plus, la part en logements sociaux du 5ème est en dessous de la moyenne lyonnaise. Avec 15.6% de logements sociaux sur l’ensemble de son parc de logement, le 5ème arrondissement est donc en retard comparé à la moyenne lyonnaise, et en dessous des 25% exigés par la rénovation de la loi SRU de 2013. On suppose donc que si la mairie accepte de vendre le terrain du délaissé, elle le cédera en vue d’un projet rési- dentiel, voire même d’un projet de logement social. La rudesse du PLU en place dans le 5ème arrondissement entraîne une optimisation de l’espace libre par la mairie. En effet certains projets concernent le délaissé urbain, élaborés par le voisinage direct de la parcelle : la construction de jardins en terrasse était envisagée mais fut refusé par la mairie et l’Architecte des Bâtiments de France (ABF). Les pouvoirs publics afficheraient donc leur volonté de voir des logements s’y implanter. I.3. Un travail réalisé avec les habitants du Vieux Lyon. Le Vieux Lyon est un quartier stratégique très important de Lyon, puisqu’il attire environ 1,5 millions de touristes par an. La mairie et les acteurs locaux prennent donc soin d’entretenir ces lieux. L’association Renaissance du Vieux Lyon soumet avant chaque nouveau mandat municipal un document dans lequel elle propose un état des lieux du Vieux Lyon, mais aussi et surtout des propositions et des perspectives pour de futurs aménagements. Cette association est déterminante dans l’histoire récente du quartier : c’est elle qui s’est mobilisée pour mettre en valeur et défendre le quartier, en particulier quand celui-ci fut menacé dans les années 1950, quand la mairie voulait construire une autoroute, entre autres projets. Aujourd’hui l’association et la mairie travaillent ensemble, car celle-ci a compris l’importance du quartier depuis les années 1960. Elle a encore un rôle très important car elle donne son point de vue sur les projets et sert d’intermédiaire entre les habitants et les élus. L’enjeu principal est de trouver l’équilibre entre le tourisme et les habitants, ce que l’association rappelle sans cesse. Elle pose même la question, au début de son Rapport Vieux Lyon 2020 : Le Vieux-Lyon : quartiers habités, quartiers touristiques, quels équilibres dans la ville ? Un vrai travail est donc réalisé avec les habitants du Vieux Lyon. La mairie cherche la meilleure cohabitation possible entre les habitants et les touristes (la RVL pointe le fait que certains habitants ont quitté le vieux Lyon à cause des tou- ristes). La totalité du quartier a une valeur touristique puisque la trame médiévale a été totalement conservée. Le tourisme concerne en conséquence directement les habitants, puisque ce sont leurs habitations qui peuvent être l’objet d’attraction touristique, et en particulier leurs cours, traboules et miraboules. Les traboules lyonnaises ont une renommée mondiale et les touristes qui viennent à Lyon souhaitent en visiter. Le problème est que les traboules sont des espaces qui rentrent dans les copropriétés, et sont donc privés. La mairie a donc mis en place avec les habitants une convention, la Convention de restauration et de droit de passage cours/traboules, adopté en 1990 par la mairie. C’est un contrat mis en place entre les propriétaires et copropriétaires, avec la maire de Lyon. Cette convention oblige les habitants à ouvrir leur traboule au public la journée, en contrepartie de leur entretien par la mairie. Selon Gérald Gambier, spécialiste du patrimoine lyonnais, 43 conventions ont été signées, entre 1991 et 2012 dont 22 dans le Vieux Lyon (Gérald Gambier, 2012). La mairie a aussi mis en place une Charte pour valoriser l’occupation de l’espace public dans un document intitulé Vivre ensemble dans le Vieux Lyon. La ville y énumère ses objectifs explicitement : « La Ville s’engage et travaille à la mise en place d’un plan de développement urbain. OBJECTIF : Favoriser la qualité de vie de chacun et l’adapter aux contraintes actuelles dans le respect de la sauvegarde du patrimoine.
  • 30. 30 Quatre axes de travail :Aider à l’entretien et la mise en valeur de l’habitat dans le respect du patrimoine. Requalifier les espaces publics partagés : rues, places, jardins. Améliorer la sécurité et la propreté du quartier pour en accroître l’attractivité. Faciliter les cheminements pour tous notamment pour les personnes à mobilité réduite. » Les objectifs affichés de la mairie témoignent l’intérêt qu’elle porte au quartier. Elle cherche à améliorer le cadre bâti et touristique. Pour cela, la charte stipule un certain nombre de règles qu’habitants comme commerçants doivent respec- ter. Par exemple les habitants se doivent de rénover leurs façades quand la mairie leur demande, même si c’est à leur frais. D’après Mme Faurie-Gauthier, cette règle est relativement bien respectée, car la mairie ne précise pas de date fixe, elle laisse le temps aux propriétaires et copropriétaires d’entreprendre les travaux nécessaires. Cette préconisation est d’ailleurs plutôt bien acceptée par les habitants qui cherchent eux aussi à mettre en valeur leur quartier, cela passant d’abord par leur pro- priété. I.4.Une véritable dynamique de réhabilitation du cadre bâti. La mairie et les habitants sont donc engagés dans une véritable dynamique de réhabilitation urbaine. En témoigne l’évocation des aménagements urbains, dans le Rapport Vieux Lyon 2020 : « À l’aube de 2014, la RVL se félicite de la réalisation de grands chantiers venus embellir le Vieux-Lyon : - la restauration du Palais de Justice historique, - la restauration des façades de l’Archevêché, - la restauration du chœur de la cathédrale Saint-Jean, - la restauration de la gare Saint-Paul, le projet de restauration du palais de Bondy, - le réaménagement des rives de la Saône… » On peut noter la reconstruction récente du pont Ainay, qui lie de nouveau le quartier Saint-Georges à la Presqu’île, la restauration du musée Gadagne, ou encore la construction du parking souterrain à Saint-Georges. La RVL, dans l’ensemble de ses rapports :Vieux Lyon 2000, Vieux Lyon 2010, Vieux Lyon 2013 et Vieux Lyon 2020 énonce systématiquement les mêmes objectifs pour le Vieux Lyon, et qui sont la plupart du temps entendus : mettre en valeur le cadre bâti, mais aussi la trame verte, notamment dans les balmes ; revitaliser le quartier Saint-Georges, (et Saint-Paul depuis Vieux Lyon 2020) et connecter le Vieux Lyon au reste de l’agglomération. II. CADRE REGLEMENTAIRE ET URBANISTIQUE. Du fait de leur caractère ancien et patrimonial, les trois quartiers du Vieux Lyon s’inscrivent dans un cadre régle- mentaire et urbanistique singulier au sein de l’agglomération de Lyon : le Secteur Sauvegardé, qui remplace le Plan Local d’Urbanisme (PLU). De plus, ils s’inscrivent dans le Périmètre Unesco défini en 1998. Au niveau national, ces inscriptions au Patrimoine Mondial font actuellement l’objet de renforcements réglementaires (qui prendront effet dans les prochaines années). Enfin, les balmes caractérisant les pentes de Fourvière imposent un cadre sécuritaire préventif propre aux zones concernées par ce Diagnostic. II.1. Le Patrimoine : histoire et définition. La notion de «patrimoine matériel» englobe les biens culturels (traces localisées créées par les activités humaines) et naturels (éléments résultant de l’évolution de la Terre et du vivant). Rien n’est patrimonial en soi, l’objet le devient au terme d’un processus de reconnaissance de son intérêt et de sa fragilité, ou d’identification territoriale d’un groupe humain qui se caractérise par celui-ci. Ainsi, pour être patrimonial, un bien doit avant tout être reconnu et partagé, selon la définition de l’Unesco. Le patrimoine a connu une longue histoire qu’il convient de résumer afin de contextualiser les politiques de conser- vation lyonnaises du délaissé étudié.
  • 31. 31 Pour commencer, bien que les notions de conservation et de transmission des biens culturels apparaissent dès la Révolution Française, la notion de patrimoine, elle, apparaît au cours du XIXème siècle au sein de Sociétés Savantes réunis- sant des érudits collectionneurs et souvent voyageurs, les «antiquaires». Ils s’appliquent à référencer les biens naturels et culturels remarquables et à les étudier. En 1837, une Commission des Monuments Historiques est créée par Prosper Mérimée. Elle vise le recensement des ensembles architecturaux remarquables sur le territoire français. Cette Commission est complétée en 1841 par la notion de classement au titre des Monuments Historiques (MH) des ensembles bâtis qui méritent une conservation priori- taire subventionnée directement par l’État. Des listes départementales sont ainsi élaborées et hiérarchisées par les Préfets. En 1887 le classement au titre des MH devient un instrument de protection juridique à part entière. Finalement, le Code du Patrimoine qui apparaît en 1913 concrétise la réglementation patrimoniale des MH et devient le second jalon réglementaire majeur de la protection patrimoniale en France. Un espace protégé de 500m autour du MH est instauré en 1943. Mais il vise la protection esthétique de l’environ- nement de celui-ci, et la modernisation des villes après la Seconde Guerre Mondiale passe par la démolition des centres anciens, jugés vétustes et non conformes aux nouveaux besoins sociaux et de logement. La question patrimoniale devient finalement une question urbaine en 1962, dans ce cadre de destructions urbaines souvent jugées dramatiques. La loi dite «Malraux» définit le cadre de protection principal des politiques patrimoniales : les Secteurs Sauvegardés. Parallèlement, la fin de la guerre voit apparaître des organisations internationales visant la prévention des conflits armés. Dans ce contexte apparaît United Nations Educational, Scientific and Cultural Organization, ou l’Unesco en 1945, dont l’objectif est d’assurer le développement de la culture et de l’éducation, garanties d’une paix internationale. La Charte de Venise donne le rôle de protection du patrimoine à l’Unesco en 1964, et elle se concrétise par la création de la Convention pour la protection du patrimoine culturel et naturel, le «Patrimoine Mondial de l’Humanité», en 1972. Enfin, en France, l’urbanisme réglemente la ville selon le patrimoine bâti qu’elle accueille. II.2. Les dispositifs de conservation et de protection patrimoniale. Tandis que les MH sont régis par le Code du Patrimoine, le Secteur Sauvegardé dépend du Code de l’Urbanisme. Le Plan de Sauvegarde et de Mise en Valeur (PSMV) constitue le document d’urbanisme référent dans les limites du Sec- teur, il remplace donc la juridiction du PLU, c’est pourquoi nous n’en parlerons pas dans cette partie. Le PSMV encadre les interventions sur l’intérieur et l’extérieur des immeubles, tant privés que publics. En effet, il référence parcelle par parcelle les orientations d’aménagement : seul le PSMV peut établir la possibilité de démolition et de reconstruction des immeubles non préservés. Également, l’emprise de 500m des MH n’a plus de valeur légale dans le PSMV, qui englobe leur réglementation. Le Secteur Sauvegardé de Lyon (ill. 2) est adopté en 1964 et représente le premier de France. Il comprend les trois quartiers du Vieux Lyon : Saint-Georges, Saint-Jean et Saint-Paul. La réglementation concerne tout d’abord les interventions de modification ou de démolition du bâti, à l’intérieur ou à l’extérieur des immeubles privés ou publics. Elles doivent faire l’objet d’une demande écrite et d’une autorisation. La restauration des murs, des façades, des toitures est soumise à des normes qui veillent à la cohérence architecturale du Vieux Lyon. Les percements de baies, la mise en œuvre de ferronnerie, de vitrage, de menuiserie et la couverture des immeubles sont également réglementés. De plus, l’occupation du domaine public, partagé par tous et notamment par les commerces (les terrasses de restaurants sont particulièrement nombreuses), est réglementée : à titre d’exemple, les enseignes, limitées à une par commerce, doivent être placées perpendiculairement aux façades et écrites en lettres simples; les devantures anciennes doivent être conservées; les systèmes de fermeture des arcs de boutique doivent être dissimulés; la publicité est interdite dans le Secteur Sauvegardé. Dirigeant l’Unité Départementale de l’Architecture et du Patrimoine (UDAP), l’Architecte des Bâtiments de France (ABF) surveille la bonne application des règles du PSMV dans son emprise. Il est compétent sur les demandes d’autorisation et peut assortir son avis de prescriptions particulières.
  • 32. 32   Dans le cadre du présent diagnostic territorial, l’ABF joue un rôle majeur pour le délaissé urbain étant donné qu’il donne son avis quant aux projets d’aménagement. Ainsi les projets de jardins en terrasses, et de construction de logements sociaux ont été désapprouvés par celui-ci. Toutefois, nous ne pouvons que regretter que l’UDAP ne nous ait pas accordé d’entretien, nous aurions pu ainsi approfondir le rôle de l’ABF dans le cas des 4-6-8-10 montée du Gourguillon. Parallèlement, le Périmètre Unesco de Lyon (ill. 3) est approuvé en 1998. Il comprend le plateau de Fourvière, le Vieux Lyon et la Presqu’île depuis le boulevard de la Croix-Rousse jusqu’à la rue des Remparts d’Ainay. Cela représente envi- ron 10% de la surface de l’agglomération (427 ha). Une zone-tampon vient élargir ce périmètre de 323 ha (Lyon, Ville-His- torique, Ville Projet, 2016). Ce périmètre ne renvoie à aucune disposition réglementaire urbanistique, contrairement au PSMV. Néanmoins, un Plan de gestion du site historique de Lyon 2014-2019 (Lyon, Ville-Historique..., 2016) décline six orientations stratégiques définissant les priorités à mettre en œuvre dans le cadre de la gestion du Périmètre Unesco. Seize actions sont planifiées pour une période de six ans. Parmi celles-ci, on peut citer l’action n°3, le développement des «Ateliers du Patrimoine» : dans le Périmètre Unesco, des réunions mensuelles sont organisées afin de «construire des modes de faire cohérents et valori- sants pour la qualité patrimoniale des quartiers» (p.6). C’est donc un outil d’aide à la décision et de coordination des acteurs de l’aménagement urbain dans le Périmètre Unesco. Également, l’action n°9 consiste en la signature d’une Convention-Pa- trimoine 2012-2016 entre la Ville et l’État, qui fixe le montant des subventions pour la restauration d’un certain nombre d’édifices remarquables lyonnais, et qui met en place annuellement une programmation de chantiers de restauration. Enfin, la zone de présomption de prescription archéologique (ZPPA) (ill.4) se surajoute aux réglementations patri- moniales : elle définit un périmètre à l’intérieur duquel tout aménagement doit faire l’objet d’un diagnostic archéologique au préalable, étant donnée la richesse du sous-sol. Le Vieux Lyon fait évidemment partie de cette zone, et la montée du Gour- FIGURE 26. Plan du quartier St-Georges. Source: PSMV
  • 33. 33 guillon est particulièrement surveillée par le Service Archéologique de la Ville de Lyon puisqu’elle existe depuis l’Antiquité et que des indices dans les façades démontrent l’existence de vestiges (voir Partie 2, II).     II. 3 Une harmonisation des dispositifs de réglementation ? Finalement, les biens inscrits au patrimoine mondial de l’Unesco sont protégés généralement par d’autres dispositifs : MH, sites classés ou inscrits, secteurs sauvegardés, Aire de mise en Valeur de l’Architecture et du Patrimoine (AVAP), etc. La loi actuellement discutée au Parlement relative à «la liberté de création, à l’architecture et au patrimoine» vise l’harmo- nisation de ces dispositifs, la simplification des démarches, et veut rendre les Secteurs Sauvegardés plus intelligibles sous la forme des «Cités historiques». Dans ce cadre, le délaissé des 4-6-8-10 montée du Gourguillon souffre de nombreuses contraintes liées d’une part à la réglementation patrimoniale en vigueur, qui s’applique au Secteur Sauvegardé, et d’autre part aux modifications immi- nentes de celle-ci, qui ne permet pas d’anticipation sur le long terme des enjeux que soulève l’aménagement du délaissé. II.3. La prévention des risques géotechniques. En plus de la réglementation patrimoniale, les risques de mouvement de terrain inhérents au Vieux Lyon et aux balmes se traduisent également sous la forme d’une réglementation préventive. Au sein de la Direction de la Sécurité et de la Prévention, le Service Constructions et Balmes de la Ville de Lyon vise le référencement des balmes, la surveillance de leur stabilité, et ainsi la prévention des risques pour la sécurité publique. Il a été créé suite aux éboulements de Fourvière en 1930. Tout d’abord, l’arrêté municipal (24 mars 1994) issu de la Commission des Balmes de 1994 stipule un certain nombre de dispositifs préventifs et réglementaires qui visent l’entretien des murs de soutènement et ainsi la prévention des risques encourus. Ainsi, les murs de soutènement doivent être maintenus en bon état, les barbacanes permettant l’écoule- ment des eaux nettoyées régulièrement, toute déformation doit faire l’objet d’un examen par un homme de l’art. De même, FIGURE 27. Périmètre UNESCO (Orange), zone tampon (vert), MH (rouge). Source: Lyon.fr FIGURE 28. Source:Atlas du patrimoine
  • 34. 34 toute opération modifiant les charges en amont ou en aval des ouvrages de soutènement doit être préalablement étudiée. Ensuite, les anomalies détectées doivent être immédiatement rapportées au Service des Balmes. Enfin, la végétation joue un rôle important de stabilisation des terrains en pente, c’est pourquoi la plantation et l’entretien d’arbustes ou de plantes propres à fixer le sol sont prévus, parallèlement à l’élagage régulier (tous les trois ans) des arbres de grande taille et le dé- broussaillage des murs de soutènement afin de faciliter leur inspection. Finalement, les infractions à cette réglementation sont soumises aux lois en vigueur, et tout contrevenant peut être poursuivi en justice. Ensuite, l’arrêté municipal du 5 octobre 2009 concerne la mise en application d’un nouveau zonage complétant la prévention des risques : les Zones à Risques Géotechniques (ZRG). Deux catégories sont définies. Des risques potentiels liés aux propriétés géomorphologiques et hydrologiques caractérisent les ZRG1. Quant aux ZRG2 (dites «atténuées»), ce sont des zones de transition ou de bordure où existent en partie les risques identifiés dans les ZRG1. De nombreuses règles sont définies afin d’encadrer toute opération dans ces zones. Le délaissé étudié fait partie d’une ZRG1 comme le montre l’extrait du PLU suivant (ill. 5). De nombreuses contraintes réglementaires viendront donc compliquer les opérations d’aménagement du site. En conclusion, le délaissé urbain des 4-6-8-10 montée du Gourguillon s’inscrit dans un quartier particulièrement réglementé, du point de vue du Patrimoine et des risques géotechniques. Ce contexte exceptionnel, qui encadre l’ambiance unique du Vieux Lyon, représente toutefois un ensemble de contraintes pour les aménagements.   FIGURE 29. Zone de risques géotechniques. Source: PLU Lyon. Réalisation: Groupe A
  • 36. 36 I. LES EQUIPEMENTS PUBLICS. Dans le territoire on trouve une vingtaine d’espaces culturels dont sept musées ou des vestiges comme l’amphithéâtre gallo-romain. La montée du Gourguillon se place ainsi au cœur d’un parcours culturel. Les établissements scolaires sont eux aussi, nombreux sur le territoire, privés ou publics, on compte en tout dix établissements primaires, dix établissements se- condaires et deux établissements supérieurs. C’est spécialement le lycée Saint-Just qui engendre un flux d’élèves quotidien- nement dans la montée du Gourguillon. Si elle est souvent empruntée pour ces deux faits, c’est aussi parce qu’elle bénéficie de la proximité de la station de métro du Vieux Lyon, tout en étant une liaison directe et agréable vers le quartier St-Just. Le patrimoine naturel du territoire est aussi un atout de taille. Il est principalement concentré au Nord et crée un environne- ment calme, propice à la flânerie aussi bien pour les habitants que pour les touristes. Les premiers préféreront les espaces plus intimistes et moins populaires comme le Jardin des Curiosités quand les seconds emprunteront le Parc des hauteurs en quittant la basilique de Fourvière. Ces espaces aménagés constituent des liaisons entre les différents espaces. D’autres espaces sont a contrario fermés au public et semblent abandonnés, la nature reprenant totalement ses droits. C’est ce cadre calme, reposant et agréable ainsi que son passé religieux qui fait que l’on retrouve tout de même trois établissements hospi- taliers dans le périmètre. Enfin, si le quartier est délaissé en espace sportif, cela n’est pas déploré par les habitants. ! ! ! ! ! ! ! ! ! ! ! ! ! ! ! ! ! ! ! ! ! ! ! ! ! ! ! ! ! ! ! ! ! ! ! ! ! ! ! ! ! ! ! ! ! ! ! ! ! ! ! ! 0 0.5 Km L’offre en équipements et en espace de loisirs à proximité du délaissé Source: IUL 2016 M M Espaces culturels (musées, vestiges..) Enseignements primaires, secondaires, supérieurs Etablissements hospitaliers Métro Vieux Lyon: Ligne D Espaces végétalisés Terrain de sport Délaissé FIGURE 30. FIGURE 31. Hopital de Fourvière. Source:J. Crolla FIGURE 32. Lycée St-Just. Source:J.Crolla FIGURE 33. Vue sur Fourvière. Source:J. Crolla
  • 37. 37 II. LA MOBILITE SUR LE TERRITOIRE. Pour les habitants de la montée du Gourguillon, la mobilité n’est pas une question problématique. La carte ci-contre illustre bien cela. Nous avons choisi afin de rendre compte de la réalité quotidienne du quartier, de représenter l’offre en transports en commun avec des DIVATS, comptant qu’un habitant est en moyenne prêt à parcourir 750 mètres pour re- joindre les transports. Certains points hors DIVAT apparaissent puisqu’ils constituent une offre différente bénéfique pour les habitants qui n’hésiteront pas à les rejoindre. Le territoire est composé de deux gares qui permettent des déplacements rapides et lointains, allant même hors du territoire métropolitain. Elles sont également des points de convergences d’autres transports en commun. Ces derniers sont nombreux sur le territoire qui est traversé par plusieurs lignes de bus et compte près de onze arrêts dans le DIVAT. Cela permet aux usagers de rentrer et sortir du territoire facilement de part et d’autre du de la Métropole (cf. flèches direction- nelles sur la carte). Les métros et le funiculaire sont les moyens de transport privilégiés par les habitants du quartier. Le funiculaire puisqu’il permet de circuler dans le quartier rapidement, une circulation qui n’est pas toujours facile en tant que piéton compte tenu de la topographie du quartier. Le métro est aussi très apprécié puisqu’il permet de rejoindre rapidement le territoire lyonnais et sa première couronne, lieux où se concentrent les activités ce qui induit des flux importants. Les stations Vélov’ sont elles aussi nombreuses sur le DIVAT que ce soit pour des trajets directs ou indirects, c’est-à- dire pour se déplacer jusqu’à sa destination ou pour atteindre un autre moyen de transport. Les Vélov’ représentent ainsi un atout dans le quartier. Quartier de plus en plus enclin aux modes doux, phénomène auquel l’offre en station Vélov’ contribue. Le délaissé et le quartier St-Georges, bien que disposant d’une ambiance village, mêle aussi les atouts d’une grande ville. L’offre en transport en commun rend l’usage des modes doux dans le quartier de plus en plus fréquent et permet une réelle mobilité aux habitants, usagers et touristes. Cette offre est variée aussi bien dans ses modes que dans ses destinations créant une satisfaction générale. En effet, cela permet d’être mobile et d’avoir ainsi accès à d’autres activités, équipements ou commerces que les habitants ou usagers ne trouvent pas dans le quartier. M-F M-F F1 F1 F2 0 1 2 1 3 4 Gare St Paul Gare St Just 5 6 0 0.5 Km La mobilité à partir du délaissé Source: IUL 2016 Délaissé F1 F2 M-F Métro D : Gare de Venissieux - Vaise et Funiculaires Funiculaire : Vieux Lyon -> St Just Funiculaire : Vieux Lyon -> Basilique de Fourvière DIVAT : accessibilité sur un périmètre de 750 m Arrêt de bus: 11 lignes au total à proximité du délaissé Zone directionnelle desservie par les bus Station vélov’ FIGURE 34. Plan de l’offre en Transport. Réalisation : Groupe A.
  • 38. 38 La configuration même du quartier St-Georges semble favorable aux modes doux. En effet plus l’on monte dans la montée du Gourguillon, plus le stationnement est ponctuel et éparse et le piéton semble totalement investir la route. Si celle- ci n’est pas définie comme zone piétonne, elle fonctionnent presque comme tel. Cela est sans doute du à la configuration du quartier qui par ses escaliers, ses traboules ou encore ses chemins piétonniers le rend plus facile d’usage aux piétons. Le manque d’offre en stationnement incite les usagers et habitants à délaisser la voiture au profit donc des transports en commun ou des modes doux. C’est aussi la morphologie et la topographie même du quartier qui rend selon les habitants la circulation vite « pénible » , « une vraie galère ». La circulation se densifie mais reste très calme et ponctuelle au niveau de St-Georges lorsque l’on s’approche du Quai Flu- chiron. Ainsi les rôles s’inversent à nouveau : la voiture occupe plus de place que le piéton. Cet axe reste relativement éloi- gné du cœur du quartier, ainsi les nuisances liées à la circulation n’impactent pas les habitants. L’offre en stationnement se fait pour les habitants comme pour les travailleurs du quartier dans le Parc St-Georges ou dans d’autres quartiers, incitant ensuite les usagers à utiliser les transports en commun. On trouve tout de même à proximité dans la rue St-Georges des stationnements unilatéraux ou même bilatéraux, insuffisants en nombre et très vite occupés. Les arceaux eux sont remplis de vélos. On peut affirmer que St-George est un quartier où la voiture est vite refoulée au profit des modes doux ! FIGURE 35. Métro Vieux-Lyon. Source: J. Crolla FIGURE 36. Gare St-Paul. Source: Mairie Lyon 5ème FIGURE 37. Escaliers de la montée du Gourguillon. Source:J. Crolla FIGURE 38. Montée du Gourguillon. Source:J. Crolla FIGURE 39. Parc St-Georges. Source:J-C. Couet
  • 39. 39 FONCTION COMMERCIALE ET RÉSIDENTIELLE III.1. Portrait global des fonctions de St-Georges. En ce qui a trait aux fonctions du quartier St-Georges, celui-ci se distingue principalement par sa forte concentration d’espaces commerciaux (+/- 90 locaux). Ces espaces se situent pratiquement tous au sein d’immeubles mixtes, c’est- à-dire que le rez-de-chaussée de l’immeuble est dédié à des activités commerciales tandis que les étages supérieurs sont à vocation résidentielle. Bien qu’ils soient relativement disper- sés dans le quartier, ceux-ci s’y localisent davantage à l’Est, dans la partie la plus plane de Saint-Georges. À l’inverse, les bâtiments occupant strictement des fonctions résidentielles se situent plutôt dans l’Ouest du quartier, en contrebas de la colline de Fourvière. On peut également noter que le quartier St-Just, à l’Ouest du secteur, est un quartier à prédominance résidentielle et que le quartier St-Jean, au Nord, présente un cadre bâti similaire à celui de St-Georges, mais se distingue FONCTION DES BÂTIMENTS | SECTEUR ST-GEORGES Q uai Fulchiron A v e n u e A d o l p h M a x La Saône Résidentiel Mixte ou commercial Institutionnel Délaissé Source:IUL2016 0 100m S q u a r e Va l e n c i o par une offre commerciale plus abondante et dynamique. III.2. La fonction commerciale. Par l’entremise d’un relevé de terrain effectué le vendredi 1er avril 2016, nous avons été en mesure d’identifier la nature des commerces et services en réinterprétant la typologie commerciale de la fondation québécoise Rues Principales (Fondation Rues Principales, 2004). Celle-ci se décline sous quatre types de commerces et services ; Courant (1) , Réfléchi (2) , Restauration et Divertissement (3) ainsi que Service Professionnel (4) (voir annexes 3) . Cette typologie nous a permis de mieux cerner la dynamique commerciale du quartier St-Georges. Les activités commerciales du quartier sont majoritairement concentrées dans l’Est, entre les rues St-Georges et la Saône. On recense environ 90 locaux commerciaux dans le quartier dont 11% étaient vacants lors du relevé de terrain. Ce taux est légèrement élevé sachant que la vacance commerciale était de 6,8% à Lyon en 2014 (Procos, 2014). D’une ma- nière générale, le quartier se démarque par le fait que ses espaces commerciaux attirent une clientèle supralocale. En effet, on peut constater que près des 3/4 des activités commerciales du quartier St-Georges ne sont pas exclusivement desti- nées aux résidents de celui-ci (Fig. 41). Effectivement, l’offre commerciale de St-Georges se caractérise par une présence importante de commerces de restauration et de divertissement. La majorité de ces commerces sont des restaurants et des bars qui semblent attirer de nombreux touristes. On note par ailleurs la présence d’une auberge de jeunesse dans la montée du Chemin neuf, légèrement à l’extérieur de notre cadre d’analyse. De plus, la présence de commerces à achats réfléchis tels que des galeries d’artisan ou certaines boutiques spécialisées (mode, antiquité, décoration, etc.) accentue l’intérêt que peuvent avoir les visiteurs du quartier. Parallèlement, 17 des espaces commerciaux sont destinés à des services profes- sionnels tels qu’un cabinet d’architectes ou une agence immobilière. Ce type d’activité attire assurément une clientèle qui dépasse les limites du quartier. Malgré que l’offre commerciale ne soit pas orientée vers les résidents du quartier, St-Georges est tout de même très bien desservi en services de proximité. Avec ses supérettes, une laverie, une boulangerie et quelques autres établissements à achats courants, le quartier a tout ce qu’il faut pour que ses résidents n’aient pas à sortir du secteur pour réaliser ce type d’achats. En revanche, les résidents jouissent d’une localisation très privilégiée en étant situés à proxi- FIGURE 40. Carte des fonctions dans St-Georges. Réalisation: Groupe A
  • 40. 40 OFFRE COMMERCIALE | SECTEUR ST-GEOGRES La Saône Q uai Fulchiron A v e n u e A l d o p h M a x S q u a r e Va l e n c i o Services professionnels Commerce courant Commerce réfléchi Restauration et divertissement Local vacant Résidentiel Délaissé Source:IUL2016 0 50m 14 17 33 17 10 TYPE DE COMMERCES Courant( Réfléchi( Restaura1on(et( diver1ssement( Services(professionnels( Vacant( mité des magasins de grande surface du reste du 5e arrondissement, des adresses plus spécialisées du secteur Bellecour sur la Presqu’île ainsi que de l’offre commerciale abondante du quartier St-Jean tout juste au Nord. Ils privilégieront ces secteurs en raisons des prix pratiqués dans les supérettes du quartier. Le quartier St-Jean. Situé plus au Nord, le quartier St-Jean est aussi reconnu pour ses divers commerces et boutiques. Selon nos ana- lyses de terrain, le quartier semble être a priori plus dynamique et davantage orienté vers le tourisme que le quartier St- Georges. De fait, le quartier compte trois établissements d’hébergement ainsi que deux musées. On recense également un nombre important de restaurants et bars, mais peu de services professionnels. Bien que le relevé détaillé des fonctions n’ait pas été effectué, la vacance commerciale semblait être moins élevée dans St-Jean. De plus, les commerces du quartier étaient beaucoup plus achalandés que ceux de St-Georges lors de notre passage. FIGURE 41. Carte de l’offre commerciale de St-Georges. Réalisation: Groupe A FIGURE 42. Répartition des types de commerces dans St-Georges. Réalisa- tion: Groupe A FIGURE 43. Commerce réfléchi. Source:J-C. Couet FIGURE 44. Restaurant. Source:J-C. Couet FIGURE 45. Commerce courant. Source:J-C. Couet FIGURE 46. Service professionnel. Source: J-C. Couet
  • 41. 41 26% 28% 24% 12% 10% NOMBRE DE PIÈCES DES LOGEMENTS - SAINT-GEORGES T1 T2 T3 T4 T5 et + 29% 57% 14% SUPERFICIE DES LOGEMENTS - SAINT-GEORGES Moins de 40 m2 40 à 99 m2 100 m2 et + III.3. La fonction résidentielle. En ce qui concerne la fonction résidentielle, le quartier St-Georges comptait 1393 logements en 2010. Le quar- tier affiche une densité de 64 logements par hectare, ce qui est largement plus élevé que la densité du 5e arrondissement établie à 39 logements par hectare. Le stock de logements est essentiellement composé d’appartements (97%) et ceux-ci sont essentiellement des résidences principales (97%). Avec un taux de 70% de locataires, la vaste majorité de ces appar- tements sont locatifs. St-Georges se distingue du reste de la ville de Lyon qui affiche un taux de 51 % de locataires. De plus, il est aussi à noter que le quartier compte près de 180 logements HLM, soit 13 % du parc de logements du quartier. Comme l’illustre la figure 47, la grande majorité des logements (78%) sont soit des T2, T3 ou T4, donc des logements com- portant d’une à trois chambres. Les appartements de St-Georges se distinguent par le fait qu’ils sont globalement plus petits que ceux de la ville de Lyon. En effet, près du tiers des logements du quartier ont une taille inférieure à 40 m2 (Fig. 48). (INSEE, 2010) Pour ce qui est du marché immobilier du quartier, le prix moyen au mètre carré dans le quartier St-Georges est estimé à 3670 €, soit 22 % plus élevé que le prix moyen de la ville de Lyon et 38% que celui du département du Rhône. De plus, près de 70% des biens sur le marché du Vieux Lyon seraient évalués à plus de 4800 €, faisant ainsi de St-Georges l’un des quartiers les plus chers de l’agglomération lyonnaise (Fig. 49). Selon le consultant immobilier Frédéric Jaussan, le marché immobilier du 5e arrondissement serait relativement solide et très attractif. Selon lui, les deux premiers critères que cherchent les acheteurs du Vieux-Lyon sont le cachet des lieux et l’animation de par ses nombreux commerces et l’achalan- dage touristique. (Effcity, 2015) FIGURE 47. Réalisation: Groupe A FIGURE 48. Réalisation: Groupe A FIGURE 49.