Inria lance plug’in avec des ambitions simples : donner à voir et à comprendre la révolution numérique que nous vivons en Aquitaine. Notre magazine fait entendre la voix de ceux qui, d’une manière ou d’une autre, participent à cette révolution. en vous présentant ces projets aux acteurs variés, nous souhaitons vous aider à mieux décrypter le quotidien du centre de recherche Inria Bordeaux - Sud-Ouest et, qui sait, vous donner l’envie de collaborer !
1. plug’in
un an de recherche
magazine
au centre inria Bordeaux _ sud-ouest
20 12
13
Appli > santé
> passerelles TIMELINE
LES ESPOIRS NÉS Partenariats : RENDEZ-VOUS
DE L’IN SILICO : nouveaux modes SCIENTIFIQUES :
vaincre les maux du siècle de collaboration les incontournables
4. hyperlien
L’Aquitaine vit
une révolution numérique :
quels impacts pour l’avenir ?
L
’enseignement supérieur accueille aujourd’hui des étudiants qui
sont « natifs du digital » : pour la plupart d’entre eux, l’utilisation
des technologies de l’information et de la communication est
naturelle depuis toujours. Afin notamment de répondre pleinement à
leurs attentes, l’intégration de ces technologies dans l’enseignement
est incontournable.
On prête souvent à ces technologies de nombreuses vertus. Supposées
faciliter la personnalisation de l’enseignement ou multiplier les occasions
d’apprendre, il n’est cependant pas toujours aisé d’en mesurer l’impact
sur l’apprentissage, même si cette évaluation demeure nécessaire.
Une des conditions d’une intégration réussie de ces technologies dans
l’enseignement est la définition d’une stratégie numérique basée sur les
besoins des étudiants et des enseignants. En outre, ces derniers doivent
pouvoir bénéficier d’un accompagnement aux usages, en particulier sur
les questions d’ingénierie pédagogique.
Mais il est également essentiel de garder à l’esprit que c’est à la techno-
logie de s’adapter à la pédagogie et non l’inverse. Les outils numériques
doivent être au service des démarches et des stratégies pédagogiques.
Ces outils permettent par exemple d’offrir aux étudiants des dispositifs
d’accompagnement personnalisé, notamment dans le cadre de la mise
en place d’un espace numérique de travail.
Enfin, ces technologies contribuent à une meilleure diffusion de la
culture scientifique ainsi que des travaux de recherche et participent
ainsi à la construction de l’Espace Européen de la Recherche.
Apporter des réponses efficaces à ces défis nécessite une synergie
de l’ensemble des acteurs de l’enseignement et de la recherche en
Aquitaine. En ce sens, le travail mené par l’Université Numérique
d’Aquitaine, fruit de la coopération des universités et d’établisse-
ments de l’enseignement supérieur d’Aquitaine, contribue de manière
exemplaire à cet objectif.
Jean-Louis Nembrini
Recteur de l’académie de Bordeaux
magazine
4
5. hyperlien
J
e ne suis ni déclinologue ni défaitiste, convaincu que face aux
géants du numérique – Google, Facebook, Twitter, Amazon… –
il y a une carte à jouer. J’ai toujours pensé que des espaces, des
créneaux s’ouvrent toujours, qui ne demandent qu’à être investis par
d’autres acteurs, des instituts, des entreprises jeunes ou matures, tous
innovants, comme nous en avons tant en Aquitaine. Un exemple parmi
d’autres : l’implantation dans notre région d’Inria, un organisme public de
haute volée dédié aux sciences et aux technologies du numérique.
Disant cela, je ne nie pas la réalité et l’influence des mastodontes
nord-américains. Ils sont là, solidement installés au cœur du monde
de l’internet. Mais ils n’ont pas le monopole de l’innovation. Des pans
entiers de la recherche leur sont étrangers, qui renvoient aux besoins
profonds de l’humanité, et que nos entreprises peuvent et doivent
investir. Que dis-je ? Qu’elles investissent déjà. Je pense à l’e-santé, à la
télé-médecine, aux visites virtuelles ou augmentées du patrimoine, aux
« serious games »...
Les exemples, qui témoignent de cette vitalité aquitaine, ne manquent
pas. La meilleure illustration en est peut-être Lascaux IV qui, demain,
par la numérisation de notre patrimoine préhistorique inégalable
permettra aux publics de se promener dans des grottes plus vraies
que nature. Déjà, les touristes qui visitent, tablette en main, le centre
historique de Bordeaux touchent du doigt et caressent de l’œil la réalité
augmentée. L’Aquitaine est en train de devenir une championne dans
ce domaine. Qui n’est pas le seul. Qu’il s’agisse de l’interaction homme-
système, des systèmes télé-opérés, de la géolocalisation – et, au-delà,
de l’âge adulte des drones comme de l’adolescence des robots… –
l’Aquitaine est en pointe. C’est pour partie sur notre territoire que
s’invente le futur.
A priori à visée moins « grand public », mais autrement essentiel, est
le développement du calcul intensif, un axe tout autant privilégié
par la Région. Ses applications sont capitales : de la santé – avec la
modélisation cardiaque par exemple – au développement durable, en
passant par les neurosciences et la sécurité.
Ne boudons pas le progrès. Les tablettes numériques qui font florès
aujourd’hui, offrent elles aussi des champs d’innovation et d’usage qu’il
serait absurde de délaisser : l’éducation de nos enfants, la formation
professionnelle des adultes ont tant à y gagner.
Il nous revient de réunir les compétences, de susciter les dynamismes et
de partager le risque pour inventer le monde de demain. En faisant le pari
de l’intelligence de nos pairs et de l’inventivité de notre jeunesse.
Alain Rousset
Président de la Région Aquitaine
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6. appli > santé
Les e spoirs nés
de l ’ in silico
Une équipe-projet Inria sur cinq participe à l’effort
international visant, un jour prochain, à repousser sinon
vaincre les grands maux de notre siècle que sont les
maladies cardio-vasculaires, cérébrales, les cancers.
Leurs armes ? Matière grise, chiffres, images 3D, créativité,
doutes, esprit de collaboration et foi en l’humain.
Tout un programme...
À
l'aube de ce troisième millé- Chaque forme de cancer étudiée est maladies neuro-dégénératives telles
naire, l'homme s'est donné pour traduite en équations, modélisée, que Parkinson », assure Frédéric
défi de vivre mieux, alors qu'il puis confiée à des supercalcula- Alexandre, responsable de l'équipe
vit déjà plus longtemps. Dans cette teurs en vue de simuler - et dès lors, Mnemosyne (Mnemonic Synergy).
quête, les sciences du vivant et les p ré d i re - l e g ro s s i s s e m e nt d e Selon lui, l'introduction des tech-
sciences du numérique ont compris nodules à évolution lente. niques numériques dans le domaine
les formidables synergies qu'elles Planifier au plus juste dans le temps des neurosciences constitue, elle
avaient à créer en s'associant. les examens cliniques et limiter aussi, une révolution. Pourquoi ?
Au sein d'Inria, 20% des équipes- autant que possible le recours Parce qu'en utilisant robots, pro-
projets consacrent leurs recherches aux scanners irradiants pour les grammes et modèles se délimite un
au domaine de la santé, patients, identifier nouvel espace d'expérimentation :
en tandem avec des le secteur les tumeurs dange- l'in silico, à l'instar de l'in vivo et de
médecins, des bio- santé occupe reuses à terme ou bien l'in vitro. Implantés à l'Institut des
logistes, des physi-
ciens, des ingénieurs, des 20% encore détecter leur
mutation pour adapter
Maladies Neurodégénératives (IMN)
et du très attendu Neurocampus
soignants... des ÉQUIPES les traitements s'annonce de Bordeaux, les chercheurs de
C'est le cas de l'équipe- possible. Les modèles Mnemosyne s'apprêtent à donner
projet MC2 (Modélisation, Contrôle mathématiques de l'équipe-projet naissance à un système numérique
et Calcul pour la mécanique des de Thierry Colin pourraient, en outre, doté de prise de décisions autonome
fluides et la biologie), composée impacter les équipements d'imagerie et mu par une architecture neuronale
d'une dizaine de permanents et médicale eux-mêmes, en offrant une bio-inspirée. Ce dispositif expéri-
autant d' « intermittents ». Elle meilleure vision de la maladie grâce mental permettra l'observation et la
planche depuis 2005 sur le déve- à une lecture davantage uniformi- modélisation des circuits cérébraux
loppement de modèles génériques sée et standardisée qu'elle ne l'est impliqués dans la prise de décision
pour la croissance tumorale, en aujourd'hui. (zone mise à mal dans la maladie de
étroite collaboration avec l'Institut « Dès maintenant, les sciences du Parkinson) et sa comparaison avec
Bergonié (Centre régional de lutte numérique se mettent au service le « vivant normal » et le « vivant
contre le cancer de Bordeaux et du de la médecine, pour que des pré- pathologique ». À la clé, cette
Sud-Ouest), le CHU de Bordeaux ou dictions de modèles numériques volonté d'aider jusqu'à 4 millions d'in-
bien encore l'Université d'Alabama des circuits cérébraux puissent aider dividus dans le monde, dont environ
à Birmingham, aux États-Unis. au diagnostic et au traitement des 200 000, en France, souffrant de
magazine
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7. appli > santé
Simulation en
électrophysiologie cardiaque
Parkinson (données ONU). régulations entre les gènes humains recherche médicale fondamentale,
Adeptes eux aussi de l'approche n'a pas livré tous ses secrets, loin à l'aide d'images 3D qui simulent le
comparative, dont ils ont été les s'en faut. Grâce à la contribution de fonctionnement électrique du cœur,
précurseurs dans leur domaine, l'équipe de David Sherman qui, avec de l'échelle cellulaire à l'échelle de
les membres de l'équipe-projet d'autres dans le monde, œuvrent l'individu tout entier.
Magnome (Méthodes et Algo- à les percer, un jour prochain, tout Geostat (Géométrie et statis-
rithmes pour le Génome) voient médecin sera capable, à la lecture tiques dans les données d'acquisi-
défiler sur leurs ordinateurs des d'un génome, de prédire certaines tion), emmenée par Hussein Yahia,
génomes par paquets. Ils en pathologies, des années voire des leur prête main-forte en apportant
extraient les fondamentaux, décennies avant qu'elles ne se son expertise en traitement du
communs ou différents, facili- déclarent. Il sera alors aisé de les signal. La traque des irrégularités se
tant leur mise en correspondance. prévenir, simplement, efficacement. manifestant dans les signaux car-
Focalisés sur les levures, ils éti- diaques (l'équipe-projet s'intéresse
quettent les composantes de leurs Traque & signal aussi à d'autres types de signaux,
génomes (gènes, ARNt...), un peu Ce jour prochain, les arythmies par exemple optiques, sonores) les
comme on le ferait pour les différents auriculaires n'auront-elles peut-être anime au quotidien parce qu'elle
fichiers MP3, MP4, PDF... contenus plus aucun secret pour la médecine ? fournit des informations supplé-
dans un Cd-Rom. Ensuite, vient la Les travaux menés actuellement mentaires dans l'identification et la
phase de modélisation, décrivant le par Yves Coudière et sa toute jeune validation des paramètres impliqués
comportement dynamique de ces équipe Carmen (Modélisation et dans ces arythmies. L'ambition
microorganismes dans le temps. À calculs pour l'électrophysiologie affichée est, là encore, de pouvoir gé-
chaque étape : des mathématiques, cardiaque) concourent à lever le néraliser l'approche sur le terrain du
de l'informatique, de la génétique, de voile sur ces irrégularités rythmiques numérique afin d'en faire bénéficier
la biologie ; des disciplines enrichies dans les oreillettes du cœur, causes les cliniciens dans leurs capacités
d’une fertilisation croisée, mais pour fréquentes d'accidents vasculaires à contrôler ces dysfonctions avant
quelle finalité ? La médecine person- cérébraux (AVC) chez ceux qui en qu'elles ne s'amplifient chez les
nalisée et prédictive. souffrent. Aux côtés du Profes- patients.
Si, aujourd'hui, le séquençage de seur Haïssaguerre (CHU du Haut- C'est aussi l'espoir d'influencer
son génome individuel s'acquiert Lévêque Pessac), l'un des spé-
- l'émergence de traitements moins
pour quelques centaines de dollars, cialistes mondiaux du sujet, ils invasifs que ceux, usités actuelle-
la compréhension des relations de contribuent à faire avancer la ment, pour soigner l'être humain.
7
8. . Z IP
ClimAT
En quête de signaux
Elles font la pluie et le beau temps des bulletins météo
télévisés, chaque jour. Et surtout, elles mesurent quantité
de variables physiques (salinité, concentration en phyto-
plancton, vent...), notamment utiles aux chercheurs. Mais,
en dépit d’une résolution constamment accrue, nos images
satellites sont limitées dans la description fine de la
dynamique océanique et dans les échanges d’énergies
atmosphère/océans impliqués dans le réchauffement de la
planète. Trouver les clés de la circulation océanique, trouver
les paramètres dont la physique non-linéaire dit qu’ils sont
importants pour comprendre sa complexité, à l’aide de
signaux, c’est le quotidien de l’équipe-projet Geostat,
rejointe par le CNRS, le Legos et l’Institut des Sciences de
la mer de Barcelone (ICM-CSIC). Vous imaginez les enjeux ?
http://geostat.bordeaux.inria.fr/
Résultat du calcul de la circulation océanique à partir de données de simulation
Répartition des équipes-projets du Centre
8
dans les thématiques Inria
Mathématiques appliquées, calcul et simulation : 8
4
Perception, cognition, interaction : 4
1 Réseaux, systèmes et services, calcul distribué : 4
4 Sciences numériques pour les sciences de la vie et de l’environnement : 4
4
Algorithmique, programmation, logiciels et architectures : 1
par couleurs scientifiques 11
Calcul scientifique robuste : 11 5
Modélisation et simulation pour la santé : 5
Approche centrée utilisateur : 5
5
magazine
8
9. . Z IP
EN MER Assistance
Algorithmes pisteurs à la personne
J-5 : touché, D-9 : coulé ! Plus précis qu’une grille de Robot à-tout-faire
bataille navale, le projet Propagation, lancé en 2009
Ranger les jouets du petit dernier, le sac de sport de
par l’équipe-projet Alea (Algorithmes d’Apprentis-
l’aîné, faire le ménage dans les moindres recoins : qui
sage Évolutionnaires Avancés) de Pierre Del Moral,
n’a rêvé d’un robot domestique, presque corvéable à
permet de localiser et de poursuivre des embarcations
merci ?
flottantes, en mer. Grâce à des capteurs passifs (aucune
L’idée a également germé dans l’esprit des membres
onde émise, le système utilise le réseau TNT) doublés
de l’équipe-projet Flowers (Flowing Epigenetic
de caméras fixes, un logiciel et des algorithmes mathé-
Robots and Systems) qui projettent une application
matiques conçus chez Inria, il est désormais possible de
d’assistance utile aux personnes seules, âgées ou
suivre, et même de prévoir la trajectoire d’un bateau.
souffrant de handicap moteur ou cognitif.
Déjà exploité pour la surveillance du trafic aérien, le
Celle-ci pourrait être matérialisée par un robot auquel
dispositif est inédit dans l’eau, où les enjeux de sécurité
les ordres seraient adressés verbalement.
et de sûreté maritimes sont aussi majeurs. Pas étonnant
Le projet est actuellement à l’étude. Patience !
donc que DCNS s’y soit intéressé, suivi par Thales et la
PME Exavision.
http://alea.bordeaux.inria.fr/ https://flowers.inria.fr/
9
10. INTÉ G RALE
À la découverte
des ingénieurs
du monde numérique
À la fois mémoire vive, disque dur, moteur de recherche
et réseau social, le Service Expérimentation et
Développement (SED) est une exception culturelle Inria
dans le monde de la recherche publique française.
Véritable tête chercheuse au service des équipes qui le
sollicitent, il soutient l’expérimentation du Centre tout
en hissant sa qualité à son meilleur niveau.
magazine
10
11. INTÉ G RALE
H
umer l’atmosphère assuré- en œuvre et le suivi opérationnels
ment saturée en particules de de l’équipement, l’installation de
matière grise, celle de 7 super nouveaux modules, de nouveaux
ou cyber ingénieurs, aussi multi outils et la formation ».
fonctionnels que des couteaux Toujours à l’affût des dernières
suisses, permettrait-il de faire innovations technologiques et
gagner quelques points de QI ? matérielles, le service tout entier
N’est pas ingénieur SED qui veut ! consent une part non négligeable
« À la différence d’un ingénieur de son temps à la veille information-
en développement, intégré à une nelle. Séminaires, presse spéciali-
équipe de recherche pour 2 ou 3 sée, littérature des constructeurs,
ans, l’ingénieur SED est un per- formations... distillent en continu
manent Inria ; il reste », explique les connaissances à engranger,
Hervé Mathieu, leur responsable. trier, digérer avant que celles-ci
Sa mémoire est l’une des richesses ne soient redistribuées auprès des
patrimoniales collectives du Centre. équipes, dans le but d’ « irriguer des
Son savoir-faire, propre à aider au savoir-faire ».
développement logiciel et tech- Toutes ne sollicitent pas l’aide des
nologique en général mais aussi ingénieurs SED. « Ni saturée, ni en
dans le langage spécifique d’un manque de publicité, notre activité
domaine de recherche, tout en se développe au gré de l’offre et
restant garant du génie logiciel de la demande, » précise Hervé
« maison », l’est aussi. Là réside sa Mathieu. Avec pour ambition,
double compétence, qui lui permet cependant, d’optimiser la qualité
d’infiltrer un dispositif expérimen- globale des développements logi-
Hervé Mathieu, tal ou une équipe-projet, en immer- ciels au sein d’Inria.
Responsable du Service
sion prolongée de 6 mois à 3 ans. « Celle-ci s’obtient sous certaines
Expérimentation
Parmi les différentes familles ou conditions parmi lesquelles prendre
et Développement
types d’expérimentation dévelop- son temps, échanger, réfléchir, se
pés par Inria Bordeaux – Sud-Ouest, tromper, y revenir... . » Une culture
citons la modélisation et le déve- de l’intelligence collective déployée
loppement logiciel (réaliser des par capillarité, à un rythme doux.
programmes) notamment dévolu Respect !
au calcul scientifique, comme c’est
le cas sur PlaFRIM (la Plateforme Curiosité
Fédérative de calcul haute-perfor-
mance pour la Recherche en Infor-
artificielle
matique et Mathématiques), l’un Autre champ d’expérimenta-
des équipements phares du centre tion déployé par Inria : la réalité
bordelais (voir encadré page 13). virtuelle, dans laquelle s’inscrit
Olivier Coulaud, chercheur de pleinement Toucheo, un outil inédit
l’équipe-projet Hiepacs (Algo- de manipulation tactile et instinc-
rithmes très haute performance tive d’objets 3D (voir interview de
pour des simulations scientifiques Martin Hachet page 14).
frontières), utilisateur comme Plus Wall-E que Le Cinquième Elé-
d’autres de la plateforme, sou- ment, citons également la robo-
ligne « le fort soutien des ingé- tique, qu’utilise l’équipe-projet
nieurs SED (sans oublier ceux du de Pierre-Yves Oudeyer, baptisée
service informatique) pour la mise Flowers, pour étudier le vivant.
11
12. INTÉ G RALE
comparer cette partie de turbine),
Banc Maveric la chambre abrite la combustion
à Pau de kérosène dont l’énergie permet
d’entraîner les rotors de l’hélicop-
tère. On retiendra, en l’occurrence,
cette dernière application : l’un des
co-financeurs de l’expérimentation
n’est autre que Turbomeca, filiale
du groupe Safran, leader mondial
de turbines pour hélicoptères. Pou-
vant atteindre des températures
extrêmes _ de l’ordre de 1 000°C _
les parois de la turbine présentent
la problématique suivante : difficiles
à refroidir, elles doivent résister de
manière continue et durable aux
Présentée récemment à la Fonda- dans le but de leur faire vivre des contraintes thermiques. Les sys-
tion Cartier pour l’art contemporain, « scenarii appareillés ». tèmes actuels de refroidissement
lors de l’exposition « Mathéma- Certaines des technologies qui par injection contrôlée ou effusion
tiques, un dépaysement soudain », seront expérimentées pourraient doivent être encore améliorés.
la première version de ses Ergo- profiter au secteur de l’assistance Mais « étudier ce qui se passe à
robots a recueilli l’enthousiasme à la personne, sujet de prédilec- l’intérieur d’une turbine, c’est
des foules. Imaginez cinq créa- tion de l’équipe-projet Phoenix compliqué », explique Vincent
tures humanoïdes dont les têtes (Technologie des langages de pro- Perrier, « il y fait très chaud, il y a
et l’environnement ont été conçus grammation pour les services de des flammes, il y a peu d’accès pour
par David Lynch en personne, communication). prendre des mesures. D’où l’idée de
partant à la découverte de leur développer un banc test qui repro-
cadre de vie (un œuf géant), 1 000°C duit ces parois et permet l’étude
poussant ou tirant ici des objets, À la croisée du développement d’écoulements de fluides dans
interagissant et discutant là avec logiciel et de l’expérimentation des configurations similaires ».
les visiteurs. Ludiques en appa- aérodynamique le banc Maveric, Ont donc été reproduits les petits
rence, ces modèles de curiosité à Pau. Derrière cet acronyme de films d’air froid isolant, collés à la
artificielle inspirés des premiers Maquette pour la Validation et paroi, via deux veines d’écoulement
âges du développement moteur l’Expérimentation sur le Refroidis- superposées, à une échelle plus de
et cognitif de l’enfant consti- sement par Injection Contrôlée, dix fois supérieure à la réalité.
tuent en fait des « cobayes » de œuvre l’équipe Cagire (Aérody- Désormais capables de simuler nu-
résine et d’aluminium dont l’étude namique d’écoulements internes : mériquement la même expérience,
renseigne Flowers sur les méca- confrontation entre simulation l’équipe commune Cagire multiplie
nismes d’apprentissage de l’être et expérimentation), commune les allers-retours entre banc d’essai
humain. Une autre version pourrait à Inria, au CNRS et à l’Université et ordinateurs pour comparer, vali-
être relancée dans le futur. de Pau et des Pays de l’Adour (la der, progresser vers des mesures
Plus immédiatement, l’équipe- région abrite quelques-uns des de plus en plus fines. À la clé, des
projet attend la finalisation de plus beaux fleurons internatio- solutions innovantes en termes de
nouvelles salles expérimentales, naux de l’industrie aéronautique). géométrie et de disposition des
conçues avec le concours du SED, Celle-ci a pour dessein, depuis un trous, soit un enjeu majeur pour les
dans les locaux talençais. Imitant peu plus d’une année, d’améliorer constructeurs.
la maison de M. Toulemonde, cet le fonctionnement des chambres
Retrouvez les sites
espace domestique d’une super- de combustion des moteurs d’héli-
des équipes :
ficie de 70 m2, bardé de capteurs, coptères. Plus petite qu’un tambour
cagire.bordeaux.inria.fr
détecteurs, caméras et autres de machine à laver (auquel Vincent
flowers.inria.fr
enregistreurs, accueillera robots et Perrier, l’un des deux chercheurs
team.inria.fr/hiepacs
individus du monde extérieur de l’équipe, consent vaguement à
phoenix.inria.fr
magazine
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13. INTÉ G RALE
Ergo-robots présentés par l’équipe Flowers
à l’exposition « Mathématiques un dépaysement soudain »
à la Fondation Cartier pour l’art contemporain
PlaFRIM, as-tu du cœur ?
Implantée sur le campus formance, pour la conception, le projets en Aquitaine réalisent
bordelais, la Plateforme Fédé- développement et la validation des simulations via des calcu-
rative de calcul haute-perfor- d’algorithmes et de codes scien- lateurs), l’Institut de Mathé-
mance pour la Recherche en tifiques. Ces derniers pourront matiques de Bordeaux (IMB)
Informatique et Mathématiques ensuite être déployés sur de plus et le Laboratoire Bordelais de
(PlaFRIM) regroupe des équipes grands centres nationaux. Recherche en Informatique
en mathématiques appliquées, (Labri). En outre, sa proximité
en informatique, qui travaillent géographique s’avère propice
sur des projets de modélisa aux échanges entre équipes
tion (cerveau, cœur, tumeur, de recherche et au montage de
séisme, acoustique...), de nouveaux projets.
simulation haute performance, Opérationnelle depuis mai 2010,
d’algorithme parallèle. D’une PlaFRIM est le fruit d’un partena-
capacité totale supérieure à riat Inria, IMB et Labri, soutenu
1 000 cœurs (le cœur est l’unité financièrement par la Région
de calcul des processeurs), elle PlaFRIM est très accessible à ses Aquitaine et le Fonds européen
autorise, en simultané, plusieurs utilisateurs dont les principaux de développement régional
opérations de calculs haute-per- sont Inria (25% des équipes- (Feder).
https://plafrim.bordeaux.inria.fr
13
14. INT é G RALE
Retrouvez la démonstration
de Toucheo : http://tinyurl.com/toucheo
questions à...
Martin Hachet, À quels utilisateurs est destiné Toucheo et pour
quels usages ?
responsable de l’équipe Potioc,
Inria Bordeaux _ Sud-Ouest M.H. : Historiquement, la réalité virtuelle fait
l’objet de recherches dédiées au secteur indus-
Toucheo est un système interactif expérimental, triel (automobile...) ou médical, qui obéissent à des
mixant un affichage en relief (3D) et une critères de rentabilité. Pour Toucheo, nous ne
surface tactile 2D. Comment vous est venue sommes pas contre un déploiement industriel mais
cette idée de mariage ? la coloration de l’équipe nous amène à d’autres
objectifs qui sont : susciter l’envie, la motivation, le
Martin Hachet : L’arrivée des surfaces tac- plaisir d’utiliser cette interface pour mieux créer,
tiles a bousculé notre façon d’interagir avec des mieux comprendre, mieux communiquer... sans
systèmes informatiques. Cela nous intéressait de distinction d’âge. Pour répondre à la question, les
savoir quel serait l’impact si on associait un affichage usages auxquels est destiné Toucheo restent à
3D stéréoscopique. C’est le rapprochement de ces imaginer en fonction de la sensibilité de chacun. C’est
deux grandes tendances qui nous a plu et qui est un support de travail nouveau.
à l’origine de Toucheo. Nous avons donc décidé Actuellement, il est en situation à Cap Sciences
d’explorer la question avec Iparla, l’équipe-projet dans le cadre de l’exposition Lascaux. Nous pouvons
dont est issue Potioc (Popular Interaction with 3D observer son adéquation au domaine de la médiation
content), Mint (Méthodes et outils pour l’interaction scientifique. Un second prototype a été présenté au
à gestes, une équipe de recherche du centre Inria Siggraph (Special Interest Group in Graphics), l’année
Lille - Nord-Europe), en collaboration avec la PME dernière à Vancouver, où l’accueil a été très positif :
bordelaise Immersion (spécialiste dans les solutions en quelques secondes seulement, le public était
de réalité virtuelle) et Cap Sciences (Centre de Culture capable de se l’approprier pour réaliser facilement des
Scientifique Technique et Industrielle, chargé de la tâches d’interaction 3D complexes.
médiation avec le grand public).
magazine
14
15. fi g ures l i bres
Chez Inria
travaillent
des « inventeurs du
monde numérique »,
qu’évoque pour eux
cette nouvelle signature ?
Le piège, lorsqu’on parle
de numérique, c’est que
l’on pense tout de suite
aux ordinateurs,
aux smartphones, etc.
Or, le numérique était déjà dans nos têtes bien avant la
création du premier ordinateur, ne l’oublions pas !
Le rôle d’Inria est justement d’aller encore plus loin,
de déployer le monde numérique d’aujourd’hui et celui
de demain, en menant une recherche d’excellence au
profit de nouvelles solutions facilitant nos vies. Avoir
une meilleure compréhension du fonctionnement de
notre corps pour mettre au point de nouvelles techno-
C a r l o s C a r va j a l logies bio-inspirées, telle qu’une rétine artificielle, ou
doctorant bien concevoir des robots pour suppléer l’homme dans
au sein de Mnemosyne la réalisation de tâches dangereuses, sont autant
depuis janvier 2012 chez Inria.
d’exemples des possibilités d’expansion du monde
numérique qu’Inria contribue à inventer.
Chacun d’entre nous, chercheurs, ingénieurs, assistants,
équipe de direction, service de communication et de
diffusion, au sein d’Inria mais aussi hors Inria, grand
public, partenaires institutionnels, industriels, univer-
sitaires, laboratoires... soutient la recherche et la crois-
sance du monde numérique.
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16. fi g ures libr es
Pa u l F u d a l
ingénieur au sein de Flowers
depuis 2010.
« Être inventeurs », c’est endosser un rôle
d’acteur, au sens d’avoir et de mettre en œuvre
de nouvelles idées, et un rôle de réflecteur, au
sens de projeter dans le monde réel, de porter à
la connaissance et donner envie au grand public
d’utiliser ces inventions et pourquoi pas, devenir
acteurs à leur tour. Les deux sont intimement liés.
Je nourris cependant quelques questionnements
vis-à-vis des technologies numériques. Elles ouvrent
sur des possibilités infinies et s’expriment dans des
domaines très variés : l’art, la santé... mais peuvent
aussi nourrir des projets plus contestables. Il convient
de veiller à toutes les notions d’éthique.
S’interroger, appréhender,
comprendre, critiquer fait
partie de nos métiers.
M icha ë l
Genty,
acheteur
(service administratif
et financier), chez Inria
depuis novembre 2011.
« Inventeurs », « monde » et « numérique »
m’évoquent respectivement : des chercheurs en
charge de trouver des solutions pour demain, une R é mi Pati è s ,
ingénieur SED
ouverture sur un monde multiple, hétérogène, (Service Expérimentation et Développement),
une Terre qui tourne, qui avance. Le dénominateur depuis février 2012 chez Inria.
commun de toutes ces idées est : DEMAIN.
Mon travail d’acheteur consiste à transformer les
Le monde numérique prend une
demandes, besoins et questions des chercheurs en place de plus en plus importante,
solutions, sur un plan matériel. En cela, je contribue à aujourd’hui, dans nos vies ;
améliorer les conditions de la recherche. chacun est concerné.
En aidant les chercheurs à trouver les Le but des recherches menées au sein d’Inria est
meilleures solutions en terme d’achat, d’anticiper les technologies du futur, étudier, créer.
je contribue à ma façon à inventer le C’est aussi essayer d’améliorer le quotidien d’une
monde numérique de demain. foule croissante d’individus.
magazine
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17. fi g ures l i bres
PA UL I NE Davig n o n OL I V I ER b e a u m o n t
ingénieure jeune diplômée délégué scientifique (Direction du Centre)
au sein de Potioc et chercheur au sein de Cépage
en poste depuis octobre 2011. (Chercher et essaimer dans les plateformes
à grande échelle), chez Inria depuis 2007.
« Monde numérique », cette notion est une
tendance actuelle forte partout dans le monde, Ces mots m’évoquent une dichotomie entre la
je trouve normal qu’un institut de recherche compréhension du monde numérique, d’une part, et
explique ce qu’il fait en ce sens. Elle résonne tout la compréhension du monde, à l’aide du numérique,
particulièrement pour Potioc - l’équipe à laquelle d’autre part.
j’appartiens - parce que nous déployons des Dans le premier cas, se posent des questions di-
solutions visant à faire manipuler et interagir avec verses telles que comprendre ce que l’on peut calculer,
des données 3D, le grand public, des plus jeunes au à quel coût, et de quelle manière programmer ?
troisième âge. Le monde numérique intéresse aussi Dans le second cas, la nécessité est tournée vers
ces publics, parfois oubliés. l’appréhension d’un déluge de données, hétérogènes
Si nous sommes « inventeurs », nous ne sommes pas et difficiles à manipuler.
les seuls... Tout ce travail se fait en partenariat avec
différents acteurs, sans doute n’étions-nous pas les Nous avons alors besoin
premiers ! de modèles, de simulation
Quoi qu’il en soit, j’ajouterais, pour pour comprendre.
finir, qu’il est important que les Le numérique permet également de certifier, de
femmes soient présentes au sein des valider ce qui est conduit par simulation, pour le
transformer en outil de prise de décision. C’est
équipes de recherche, que les équipes
notamment vrai dans les domaines du médical
soient mixtes, pour réfléchir à un (cardiologie, cancérologie, maladies neuro-dégénéra-
monde numérique, mixte, lui aussi. tives), de l’optique, etc.
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18. s t r at é g i e s
HORIZON 2020
Le (s ) sens du num ériqu e
Inauguration du Centre Bordeaux _ Sud-Ouest
La science est aussi affaire d’anticipation. Ainsi, tous les quatre ans, Inria se projette vers le
futur en précisant ses axes stratégiques de recherche et en faisant des choix dans ses priorités.
Avec en tête une idée maîtresse : générer une action qui fasse sens pour la société dans son
ensemble. En cela, Inria agit en vigie et en éclaireur des mondes du numérique.
T
outes nos recherches visent à l’innovation. Si sa reconnaissance scien-
produire un impact positif non tifique se mesure par exemple à l’aune
seulement sur la vie des personnes, d’articles publiés, de logiciels développés
en termes de santé publique et de bien-être, ou de prix reçus, son impact sur la socié-
mais aussi sur les écosystèmes (virtuels et té se concrétise sous plusieurs formes.
réels, au travers des réseaux sociaux, de Parmi celles-ci, on trouve des transferts
l’écologie, de la climatologie) et enfin sur le industriels qui engendrent une plus-
développement des connaissances, dont la value pour l’entreprise partenaire,
formation, la médiation et le transfert des sciences du l’accueil d’ingénieurs et de doctorants, qui étoffent leur
numérique vers le plus grand nombre, précise Claude ambition technologique et la diffusent ensuite dans
Kirchner, délégué général à la recherche et au trans- l’industrie et la préservation de l’autonomie scien-
fert pour l’innovation d’Inria. La mission d’Inria repose tifique et du temps de recherche nécessaire à
à la fois sur l’excellence scientifique, le transfert et l’obtention de résultats de qualité.
magazine
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19. s t r at é g i e s
« Ceci explique le choix d’Inria d’évaluer ses équipes U n ca d r e a d apt é à
au travers de plusieurs critères, qui incluent non
seulement les résultats de recherche, les déve- cha q u e c o l l a b o r ati o n
loppements technologiques et les collaborations Inria dispose d’accords de recherche conclus avec des
académiques, mais aussi les transferts vers la société, instituts nationaux – tels que le CNRS, de grandes
l’économie, les entreprises et la médiation scientifique entreprises et des conseils régionaux. 80 % de ses
auprès du grand public et des étudiants », souligne 180 équipes-projets travaillent en partenariat avec
Claude Kirchner. des universités, des grandes écoles ou d’autres orga-
Trois axes nismes de recherche. Cette fertilisation des savoirs est
renforcée par la structure des Inria Labs.
prioritaires On compte actuellement :
L’institut est aussi un éclaireur, créant des rup- • une dizaine de Project Labs (vingt à terme) réunis-
tures qui font progresser la recherche dans les trois sant des équipes-projets sur des enjeux complexes
domaines inscrits à son plan stratégique 2013 - 2017 (la simulation pour la fusion nucléaire par exemple).
« Objectif Inria 2020 ». • douze Innovation Labs (au moins cinquante à terme)
Le premier de ces axes, « calculer le futur » concerne
associant une équipe-projet et une PME régionale.
les modèles, les logiciels et les systèmes numé-
• deux Joint Labs (avec Alcatel Lucent et Microsoft
riques innovants. Le deuxième, « maîtriser la com-
Research, une dizaine à terme) et dix partenariats
plexité » concerne données, réseaux et flux, en pro-
duisant des bibliothèques de connaissances fiables, industriels (avec Philips et EDF notamment), structu-
en protégeant les communications. Le troisième, rant la collaboration avec les grands groupes.
« interagir avec les mondes réels et numériques », • quatre International Labs (une dizaine à terme) im-
développe les recherches sur les usages et les appren- plantés en Asie, Amérique et Afrique.
tissages. En Aquitaine, le centre a signé des conventions de
Ce plan stratégique national s’articule avec les spéci- recherche avec le CEA-Cesta, EADS / Astrium, Total et
ficités du grand Sud-Ouest, en tenant compte des fers EDF, ainsi qu’avec des PME spécialisées dans la réalité
de lance locaux. Au premier rang desquels, Aerospace virtuelle ou l’énergie éolienne.
Valley, le pôle de compétitivité mondial représentant
l’aérospatiale.
19
20. s t r at é g i e s
« Intégrées aux départements R&D de Enfin, le centre Bordeaux — Sud-Ouest
grands comptes et de PME de ce secteur, travaille à faciliter l’interaction entre les
huit de nos équipes-projets développent mondes réel et numérique, en conjuguant
les architectures d’ordinateurs et les algo- les approches en sociologie, cognition et
rithmes adaptés aux besoins de calculs informatique.
intensifs de la simulation aéronautique « L’ensemble de ces domaines béné-
et spatiale », explique Isabelle Terrasse, ficie du dynamisme de la recherche
directrice du centre Inria Bordeaux — Sud- régionale. Notre centre est ainsi en
Ouest. La santé représente le deuxième lien avec les structures récemment
axe de la recherche régionale d’Inria, à implantées que sont le Laboratoire Pho-
travers la modélisation et la simulation tonique, Numérique et Nanosciences
de cellules cancéreuses, d’arythmies car- (LP2N), l’Institut des Maladies Neuro-
diaques, de maladies neurodégénératives, dégénératives (IMN), le LyRE (centre de
de génomes en partenariat avec le Cluster TIC Santé R&D de la Lyonnaise des eaux) ou encore l’Institut
Aquitain, l’Institut Hospitalo-Universitaire, l’Institut national de Recherche en Sciences et Technologies
Bergonié… Dans ce domaine également, les partenaires pour l’Environnement et l’Agriculture (IRSTEA) »,
ne manquent pas. conclut Isabelle Terrasse.
temps fort
U n n o u v e a u b âtim e n t d é d i é à l a r e ch e r ch e
Inaugurée officiellement le 15 mars dernier, la première parcourue par des terrasses ensoleillées aménagées,
tranche du nouveau bâtiment Inria Bordeaux _ Sud-Ouest « grande rue » suspendue entre les étages, desservant
a été investie par un peu plus de la moitié des effectifs des zones de travail vitrées pour un meilleur contact
du centre, début juillet. L’architecte Philippe Thouveny visuel...) ont été travaillées avec soin.
signe la réalisation de cet édifice aux lignes résolument Enfin, l’isolation phonique et l’éclairement ont fait
contemporaines. Outre son geste architectural, c’est sa l’objet d’une attention particulière, pour le confort de
compréhension des besoins et des attentes des futurs travail des personnels. Presque entièrement passif, le
utilisateurs qui l’a emporté. Modularité des espaces de nouveau vaisseau Inria répond aussi aux critères HQE
travail, configurés pour des équipes de recherche dont (Haute Qualité Environnementale). Des atouts solides
la taille évolue dans le temps (de 5 à 30 personnes pour s’ancrer durablement dans le paysage régional de
en moyenne), mixité spatiale des fonctions support la recherche.
et des chercheurs, propice aux rencontres, échanges Retrouvez les détails
et synergies, favorisées de surcroît par la création de du projet immobilier sur :
zones de croisement « cosy » (cafétéria conviviale, http://construire.bordeaux.inria.fr
magazine
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21. va l e u r s d i s c r è t e s
MAI NGUYEN ADRIAN KOSOWSKI
et la fine fleur des robots des réseaux sociaux
Flowers Ce doux acronyme désigne une équipe
à l’informatique quantique
mixte spécialisée dans les Flowing Epigenetic Robots Bordeaux étant un pays de vignes, je me suis naturel-
and Systems. La délicatesse semble envolée ? En fait, lement greffé au projet Cepage à l’automne 2010.
le végétal vit en harmonie avec le monde animal. Au Au sein de cette équipe commune à Inria, au CNRS et
milieu de cette symbiose poussent des robots... L’image à l’Université de Bordeaux, je conçois des algorithmes
vous semble fantastique ? Diversifiée à tout le moins, d’informatique distribuée. Il s’agit d’organiser, à travers
à l’instar du parcours de Mai Nguyen, doctorante au des réseaux, les tâches d’agents mobiles – par exemple,
sein de la vingtaine de chercheurs de Flowers. Depuis des robots d’indexation. Ces agents sont très présents
l’enfance, cette ingénieure de l’École Polytechnique dans le Web et les réseaux sociaux. En analysant nos
était curieuse des robots, mais aussi de l’apprentissage interactions, nos boutons « J’aime » et les groupes
chez les humains et les animaux. Après une formation auxquels nous adhérons, ils nous proposent de nouvelles
en robotique à l’Université de Stanford, la jeune femme personnes en contact, affichent des publicités en phase
s’envole vers l’Université d’Osaka et poursuit ses avec nos centres d’intérêt. Si mon travail repose sur de
travaux en sciences cognitives et intelligence artifi- l’analyse théorique et mathématique, sa finalité touche
cielle. En 2010, elle rejoint Bordeaux pour ajouter son à la vie quotidienne de millions d’internautes. C’est
pétale à Flowers. passionnant, et cela explique que des entreprises
Celui-ci prend la forme d’une thèse sur le couplage de comme Alcatel ou Yahoo ! sont partenaires de Cepage.
l’apprentissage par curiosité artificielle et interactions Ma formation académique est pluridisciplinaire, avec des
sociales. Mai Nguyen développe des algorithmes et masters en informatique, mathématiques et physique
des programmes qui transcrivent, dans le comporte- obtenus à l’université de Gdansk, en Pologne. En 2005,
ment d’un robot, la capacité des enfants et des jeunes j’y suis devenu assistant de recherche, puis professeur
animaux à apprendre : en jouant, en observant leurs assistant après avoir soutenu ma thèse sur l’optimisa-
pairs, en suivant l’enseignement de leurs parents. tion du routage dans les réseaux optiques. En 2008, j’ai
« L’apprentissage allie une exploration autonome, dans rejoint le Laboratoire Bordelais de Recherche en Infor-
laquelle le robot choisit ses expérimentations, et une matique (LaBRI), en tant que post-doctorant. J’ai intégré
interaction sociale, où il se laisse guider par des le Centre Inria Bordeaux — Sud-Ouest deux ans plus
adultes ». La chercheuse au vécu multiculturel réunit tard. Le projet Cepage arrivant à son terme, je me verrais
ainsi son goût de l’algorithmique, des sciences bien explorer une nouvelle voie de recherche fondée sur
cognitives et de la robotique, avec sa volonté de l’informatique distribuée et quantique. Cela rassemble-
comprendre notre perception du monde et notre rait mes compétences en algorithmique, mathématiques
adaptation à l’environnement. et physique.
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22. va l e u r s d i s c r è t e s
Transferts de valeur avec les n vies d’
JULIEN BRUNEAU HÉLÈNE BARUCQ
Diplômé de l’Enseirb à Bordeaux, ce jeune ingénieur directrice de recherche
en télécommunications et génie logiciel se situe à La recherche en mathématiques appliquées constitue
l’interface du monde de la recherche et des entreprises. le fondement de ma vocation. J’y consacre actuel-
Ce don d’ubiquité, Julien Bruneau le cultivait déjà dans lement la moitié de mon temps, notamment par la
sa thèse consacrée à une « méthodologie outillée codirection de six doctorats. Le reste est dévolu à
pour le développement et le test d’applications d’infor- mes fonctions de responsable scientifique d’équipe,
matique ubiquitaire ». Débuté en 2008, ce travail a de coordinatrice de l’action Total-Inria et de vice-pré-
été mené au sein de l’équipe-projet Phœnix d’Inria sidente de la commission d’évaluation d’Inria. Celle-ci
Bordeaux — Sud-Ouest, qu’il a intégrée début 2012. organise les recrutements de nos chercheurs, suit les
« Phœnix développe DiaSuiteBOX, plateforme d’appli- équipes, mène des réflexions sur le transfert industriel,
cations qui interconnecte les objets de notre quotidien, la parité ou le développement de logiciels. L’ensemble
tels qu’une télévision, un téléphone ou des appareils de ces rôles crée une diversité d’interlocuteurs : scien-
domotiques. À terme, les applications pourraient être tifiques, industriels, institutionnels. Après avoir intégré
proposées en téléchargement, en utilisant les objets l’Université de Pau en 1995, j’y ai créé six ans plus tard,
de notre quotidien, à la façon d’une application pour une équipe de recherche sur la propagation d’ondes et
smartphone ». l’imagerie sismique. En 2005, j’ai rejoint le centre Inria
Ingénieur transfert et innovation, Julien Bruneau œuvre Bordeaux — Sud-Ouest à Pau toujours, pour consti-
sur deux plans en simultané. D’une part, il échafaude tuer Magique-3D, une équipe-projet de modélisa-
les modèles économiques adaptés aux fonctions tion avancée en géophysique 3D. Avec une quinzaine
développées par Phœnix. « Depuis six mois, je participe de chercheurs, nous élaborons et analysons des
à un programme, Camping Toulouse, organisé par la modèles, nous construisons des schémas numériques
TIC Valley. Des entrepreneurs m’aident à définir les mis en œuvre dans des codes optimisés par du calcul
plans d’affaires et notre positionnement ». D’autre parallèle. Avec Total, nous comparons leurs données
part, l’ingénieur présente le potentiel du logiciel à des topologiques, recueillies à terre ou en mer, avec nos
entreprises (Orange, Bouygues Telecom, Kingfisher, données fabriquées par résolution numérique et rétro-
des PME). Ainsi, un partenariat s’est noué avec propagation d’ondes. Les géologues obtiennent ainsi
Ubiquiet, dont le boîtier aide les personnes âgées à une vision plus sûre des sous-sols explorés, ce qui
communiquer et interagir avec leurs proches et leur fiabilise les campagnes d’exploration pétrolière. Enfin,
environnement. Des projets sont aussi en discussion nous partageons nos « bonnes ondes » avec nos ho-
avec Zodianet et Connected Object. De quoi concréti- mologues en mathématiques, géophysique et calculs
ser la promesse du numérique au service de tous. à haute performance des Universités de Northridge
(États-Unis), Novossibirsk (Russie) et São Paulo (Brésil).
magazine
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23. va l e u r s d i s c r è t e s
guillaume sylvand
Diplômé de l’École Polytechnique (X 92)
profil
Interface active puis de l’École nationale des ponts et
entre recherche chaussées, la voie de Guillaume Sylvand
semblait toute tracée.
publique et
ingénierie Mais à l’issue d’un stage dans une direction départe-
industrielle mentale de l’équipement, le jeune ingénieur choisit une
autre piste d’envol pour sa césure. Ce sera Aérospatiale,
où il s’adonne aux mathématiques appliquées et au
calcul scientifique. En collaboration avec l’entreprise et
Ingénieur expert au sein d’EADS Innovation l’École des ponts et chaussées, il débute en 1999 une
Face
Works, Guillaume Sylvand est un spécialiste thèse sur « la méthode multipôle rapide en électro-
magnétisme ».
des méthodes de propagation d’ondes.
Pour cela, il rejoint l’équipe CAIMAN du Centre de
Recherche Inria Sophia Antipolis — Méditerranée.
Sa double culture de thésard Inria puis de spécialiste « Par l’algorithmique et la programmation, il s’agissait
du transfert industriel lui permet d’agir en « courroie de de simuler la propagation d’ondes acoustiques ou
transmission » entre des chercheurs en mathématiques électromagnétiques. Les applications de ces modèles
et informatique et des ingénieurs confrontés à des sont multiples : rendre furtifs les appareils militaires,
problèmes physiques. mais aussi déterminer l’emplacement optimal des
« Mon rôle consiste à assurer la veille scientifique antennes incorporées dans les avions afin d’éviter les
dans le domaine de la propagation d’ondes et du interférences ».
calcul à haute performance, mais aussi à répondre aux En 2004, la route du Sud conduit Guillaume Sylvand à
sollicitations des ingénieurs d’EADS concernant les Toulouse. Détaché du corps des Ponts et Chaussées,
logiciels de simulation que nous développons pour eux. il applique chez EADS les fruits de sa thèse. En 2009,
J’anime également le partenariat de recherche avec il est embauché dans l’équipe de mathématiques
l’équipe HiePACS ». appliquées d’Innovation Works, direction technologique
Depuis 2011, la collaboration avec HiePACS qui mène des recherches pour les filiales du groupe
donne accès à Innovation Works et au savoir-faire (Airbus, Astrium, Cassidian, Eurocopter).
mondialement reconnu de ce laboratoire spécialisé dans
le calcul à haute performance. « Nous avions déjà des
contacts avec l’équipe dirigée par Luc Giraud, qui fut
un des rapporteurs de ma thèse. Nos axes de recherche
convergeaient. De plus, Inria a cette volonté de produire
une recherche appliquée qui coïncide avec nos besoins
d’industriel ».
En 2012, une chaire a donc été créée par la Région
Aquitaine, Inria Bordeaux — Sud-Ouest et EADS (IW et
Astrium) pour l’organisation de deux thèses et de deux
post-doctorats portant sur la gestion des incertitudes, la
réalité virtuelle et le calcul à haute performance.
« Cette mise en commun des savoir-faire et des
techniques fera progresser les méthodes d’EADS ».
23
24. pa s s e r e l l e s
Avec les PME,
les grands groupes,
comme avec les
structures de
recherche, les équipes
de recherche
réussissent leur greffe.
magazine
24
25. pa s s e r e l l e s
L
’apport des sciences du des ingénieurs, des PME parte- Enfin, les liens existants avec les
numérique ne saurait se naires et des chercheurs issus pôles universitaires de Bordeaux
cantonner à quelques struc- d’Inria Bordeaux — Sud-Ouest, et de Pau devraient prochainement
tures privilégiées - grandes entre- d’universités et d’écoles d’ingénieurs être renforcés par la signature de
prises et institutions académiques aquitaines. Cette structure souple nouvelles conventions de collabo-
nationales. facilitera le transfert industriel et ration.
Conformément à la stratégie le codéveloppement des projets, L’amélioration continue des modes
de l’Institut, Inria Bordeaux — en coordination avec les agences de collaboration passe par une
Sud-Ouest joue en Aquitaine un économiques régionales. évaluation régulière des équipes-
rôle de catalyseur et de diffuseur projets en fonction de leurs
de l’innovation numérique y compris Recherche résultats de recherche, de leurs
auprès de petites et moyennes
entreprises, d’entreprises intermé-
de haut niveau collaborations académiques, de
leurs développements techno-
diaires. Tel est le cas avec la société Avec les grandes entreprises (EADS, logiques et de leurs transferts
Immersion, dans le domaine de la EDF, Total, CEA), les accords-cadres réussis vers des applications
réalité virtuelle, ou avec Valéol dans nationaux sont naturellement pour les secteurs industriels
l’énergie éolienne, par le biais de déclinés selon les spécificités ou publics. Ainsi, de la PME au
thèses menées en cotutelle entre régionales de nos pôles d’excellence grand compte, de l’université au
ces entreprises et les équipes- en aéronautique, défense, énergie centre de recherche national, tout
projets d’Inria. En 2013, cette ou exploration pétrolière. Cette l’éventail des collaborations est
formule gagnante devrait être logique prévaut également pour couvert, en conciliant une recherche
renforcée par la création de deux les partenariats avec les centres de haut niveau avec des applications
« Innovation Lab » qui rassem- de recherche nationaux tels que le performantes et pertinentes pour la
bleront dans un même laboratoire CNRS et l’INRA. société dans son ensemble.
25
26. pa s s e r e l l e s
JEAN-PIERRE
GIANNINI
Directeur du Centre d’études
scientifiques et techniques
d’Aquitaine (CEA-Cesta)
D epuis 1995, la France a remplacé les essais nucléaires
par la simulation numérique. Ce programme repose sur
une maîtrise de l’ensemble des phénomènes physiques et
le développement d’ordinateurs disposant d’une puissance
de calcul supérieure à quelques millions de milliards
d’opérations par seconde afin de modéliser parfaitement
les phénomènes de très hautes pressions et températures.
Inria Bordeaux — Sud-Ouest aide le Cesta à affiner ses
modèles et outils de simulation.
Nous relions naturellement les mondes de la recherche
académique et de l’industrie. Nous partageons les mêmes
méthodes de conduite de projets et la même volonté
d’appliquer nos recherches à des finalités bien définies.
Depuis 2012, cette collaboration a pris la forme d’une
convention. Quatre thèmes de recherche ont été définis :
les méthodes numériques, la haute puissance de calcul, la
simulation sous incertitudes et le génie logiciel. Il est
envisagé de prolonger ce partenariat par une plateforme
d’excellence numérique qui regrouperait le CEA-Cesta,
Inria Bordeaux — Sud-Ouest, l’Université de Bordeaux et
des industriels, afin de poursuivre le développement de la
simulation du futur. Car, si les applications diffèrent entre
domaines (militaires, civils, industriels), nos outils sont
communs.
www.cea.fr
magazine
26
27. pa s s e r e l l e s
Christophe Giraud
Délégué régional Aquitaine – Limousin du CNRS
D epuis avril 2011, la collaboration entre le CNRS et Inria s’inscrit dans un
accord cadre national. Celui-ci se décline régionalement par la création
d’équipes-projets. Aujourd’hui, quinze d’entre elles réunissent pour quelques
années des chercheurs du CNRS et d’Inria Bordeaux — Sud-Ouest, avec des re-
cherches menées dans les domaines du calcul intensif, de la modélisation et de
la simulation pour la santé, des interactions entre monde réel et numérique. La
structure d’une équipe-projet offre plus de souplesse. Elle favorise la mobilité
des chercheurs, engendre des rencontres diversifiées et enrichissantes. C’est
une nouvelle culture pour le CNRS, habitué à travailler via des structures
pérennes, les unités mixtes de recherche (UMR).
Pour que cette nouvelle approche réussisse, il est essentiel d’impliquer les
directeurs d’UMR afin de garantir la cohérence de leur politique scientifique
et de faire accepter le détachement temporaire de chercheurs. Début 2013,
ce modèle sera opérationnel en Aquitaine. Il faudra le stabiliser, approfondir
les modalités d’évaluation scientifique en cotutelle du CNRS et d’Inria, déve-
lopper le transfert et la valorisation des résultats de recherche. Toutes choses
qui habituellement passent par Aquitaine Science Transfert, filiale créée par le
CNRS, l’Inserm, les Universités de Bordeaux et Pau. Nous sommes confiants sur
l’évolution des équipes-projets CNRS / Inria, car nous disposons des moyens
humains et techniques pour faire de ce partenariat une réussite.
www.cnrs.fr/aquitaine-limousin
PIERRE DOS SANTOS
Vice-président du conseil scientifique, Université Bordeaux Segalen
N otre collaboration avec le Centre Inria Bordeaux — Sud-Ouest couvre un
large domaine d’applications qui va de la modélisation pour l’imagerie en
biologie et santé à l’infectiologie, en passant par l’analyse des mécanismes
de la genèse et de la propagation des arythmies cardiaques, les neuros-
ciences, la bioinformatique et les technologies pour la santé. Le centre Inria
nous apporte un savoir-faire et des compétences essentiels, en cohérence
avec les enjeux socio-économiques dans lesquels nous nous inscrivons. Ce
partenariat implique 70 chercheurs de notre université engagés dans des
projets durant sept ans en moyenne. Il enrichit nos actions en matière d’in-
novation, de transfert et de valorisation de la recherche, en lui donnant les
moyens de s’ouvrir à de nouvelles perspectives applicatives. Au-delà de notre
collaboration, nous assistons à une réelle interpénétration de problématiques
communes, combinant le positionnement classique de la recherche fondamen-
tale menée dans les universités, tendue vers la résolution de questions scien-
tifiques et la production de nouveaux savoirs, avec une approche concentrée
sur la résolution de problèmes majeurs de santé publique, comme les troubles
cognitifs, le handicap, la mort subite et l’insuffisance cardiaque, les dispositifs
médicaux, la progression et la propagation des maladies... La convention signée
avec Inria favorisera l’instauration de ces recherches communes, menées en
cotutelle. Ensemble, nous ferons en sorte d’identifier au mieux ces enjeux, de
les circonscrire en commun et de développer des solutions adaptées.
www.univ-bordeauxsegalen.fr
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28. pa s s e r e l l e s
HUBERT dE ROCHAMBEAU
Président du Centre de Recherche Inra Bordeaux-Aquitaine
E n Aquitaine, l’Inra mène des recherches en biologie
végétale intégrative et en écologie fonctionnelle et
évolutive, avec des applications pour les écosystèmes
forestiers ou les agrosystèmes cultivés. Nos travaux
passent par de la modélisation et la réalisation de calculs
à grande échelle pour nos plateformes génomiques et
métabolomiques et aussi pour les simulations que
nous faisons en écologie fonctionnelle. Pour cela, nous
disposons d’un département de recherche en informa-
tique et mathématiques appliquées. Nous fonctionnons
déjà en Unités Mixtes de Recherche avec les Universités
de Bordeaux I et Bordeaux Segalen, l’école Bordeaux
Sciences Agro et l’Université de Pau et des Pays de l’Adour.
En 2013, nous débutons une réflexion menée en commun
avec Inria Bordeaux — Sud-Ouest. Nous apprécions et
partageons la culture projet d’Inria. Ce nouveau
partenariat nous aidera dans des secteurs émergents,
là où les méthodologies sont en cours d’élaboration. La
collaboration prendra sans doute la forme d’équipes-
projets communes à nos deux instituts.
www.bordeaux-aquitaine.inra.fr
henri calandra
Expert algorithmique pour les grands
calculateurs de géosciences,
branche Exploration
& Production du groupe Total
D ans le domaine de la recherche pétrolière, les enjeux
et les progrès réalisés en exploration sont tels que
les domaines d’étude ainsi que les volumes de données
deviennent gigantesques. Le traitement de ces données
est impensable avec les moyens informatiques classiques.
La volonté et la nécessité d’améliorer l’image sismique 3D
impliquent un effort constant de la part des compagnies
pétrolières, tant dans la recherche de nouvelles méthodes
de traitement que dans leur mise en œuvre algorithmique
avec des ressources informatiques appropriées.
DIP (Depth Imaging Partnership), le partenariat avec Inria
et Magique-3D en particulier, s’inscrit tout à fait dans
cette ambition : cartographier avec précision le sous-sol
pour optimiser l’exploitation des sources d’énergies
fossiles (pétrole ou gaz).
http://dip.inria.fr/
magazine
28
29. pa s s e r e l l e s
mo h am e d amara
Président de l’Université de Pau
et des Pays de l’Adour
D epuis l’accord-cadre conclu en 2009 avec Inria
Bordeaux — Sud-Ouest, deux équipes-projets et une
équipe commune ont été constituées. Celles-ci sont
intégrées au Laboratoire de Mathématiques et de leurs
Applications de notre université, qui bénéficie du label
Unité Mixte de Recherche du CNRS. Cette quinzaine de
chercheurs utilise les mathématiques et la simulation
pour répondre aux besoins industriels de l’exploration
pétrolière (Total), de l’aéronautique (Turbomeca / Safran),
de l’espace (EADS et l’Office National d’Études et
Recherches Aérospatiales). Une telle approche quadri-
partite entre université, CNRS, Inria et grandes entre-
prises ouvre le champ des possibles, décloisonne les
savoirs et renforce les moyens de recherche des équipes.
D’où la constitution en cours d’une troisième équipe-
projet, qui devrait être opérationnelle dès 2013.
www.univ-pau.fr
29
30. . Z IP
Outils 3d Des calculs
Isis et Ptolémée, répartis
plus « V » que nature entre trois continents…
Membre du consortium V-Must (Virtual Museum et des milliers de processeurs
Transnational Network) dont l’objet est d’explo-
La simulation de phénomènes complexes (physique
rer en quoi les technologies du numérique peuvent
des matériaux, modèles climatiques, propagation
contribuer à l’évolution des outils pour les musées,
d’ondes) nécessite des outils de calculs toujours plus
Manao (Abolir les frontières entre lumière, forme
performants.
et matière) s’intéresse tout naturellement aux outils
Tel est le défi relevé par l’équipe HiePACS : améliorer
3D avec l’idée de préserver et conserver le patri-
les algorithmes et les modèles utilisés par des
moine culturel, fournir aux scientifiques des outils
supercalculateurs qui battent au rythme de milliers de
permettant de l’étudier avec plus de précision ou bien
processeurs.
encore, enrichir l’expérience ludique et éducative des
Échanges et séjours d’étude favorisent ces-
www.inria.fr/tactictoc
musées.
recherches menées en collaboration avec les
Pour preuve, de parfaites reproductions des statues
Universités d’Arabie Saoudite, du Tennessee, du
www.inria.fr/tactictoc
d’Isis et Ptolémée à l’échelle 1/5e ont pu être
Colorado, de Stanford et de Berkeley.
présentées aux visiteurs de l’exposition « Phares »
qui s’est tenue à Paris, en mars dernier, à partir des https://team.inria.fr/hiepacs
représentations 3D réalisées par l’équipe Manao des
pièces archéologiques réassemblées.
En savoir plus sur le projet Manao à l’exposition « Phares » :
www.inria.fr/centre/bordeaux/actualites/projet-anr-search
magazine
30
31. . Z IP
révolution
numérique
L’informatique, enfin au lycée
2012, en chiffres
Pascal Guitton,
351 personnes :
Directeur de la
recherche Inria 138 chercheurs
et enseignants-chercheurs
019 post-doctorants
105 doctorants
058 personnels soutien
et support à la recherche
031 ingénieurs
Le numérique a envahi nos vies. Pourtant, cette réalité 32 nationalités
échappe encore à la grande majorité des individus, étrangères représentées
seuls les spécialistes en ont conscience.
37 Ans
Pour combler ce déficit de connaissances et de maîtrise
c’est l’âge moyen du personnel
des systèmes numériques, une voie s’impose : l’édu-
cation. Bonne nouvelle, sous l’impulsion de plusieurs 24 % de femmes
« téméraires », dont Inria, l’Informatique et les Sciences
du Numérique (ISN) sont enseignées, depuis la rentrée 47 recrutements
dernière, en option, auprès des lycéens de terminale S.
53 stagiaires accueillis
Pascal Guitton, directeur de la recherche Inria, a présidé
le groupe d’experts qui a planché sur le référentiel de
connaissances, validé par le ministère de l’Éducation
nationale. Il a aussi contribué à former les enseignants en Transfert, innovation
mathématiques et physique, en Aquitaine, qui animent
la nouvelle option. L’idée ferait des émules auprès des
et international
classes préparatoires : le ministère de l’Enseignement
supérieur et de la Recherche vient de donner le coup
18 dépôts de logiciels APP
d’envoi pour que l’informatique y soit enseignée, 2 projets de start-up
au même titre que les mathématiques, l’histoire, les
langues... 3 ERC (European Research Council)
22 projets européens actifs
Retrouvez interstices,
la revue de culture scientifique 5 équipes associées
sur la recherche en informatique : (collaborations entre des équipes-projets Inria et des
http://interstices.info équipes de recherche de haut niveau à travers le monde)
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32. . Z IP
Fluides et matériaux
Collaboration transatlantique
bacchus.inria.fr
Passerelle entre France et
États-Unis, l’équipe-projet Bacchus (Outils
parallèles pour les algorithmes numériques et les méthodes de
résolutions des problèmes essentiellement hyperboliques) réunit 25
chercheurs spécialistes du calcul d’écoulement de fluides ou de matériaux
compressibles. Les modèles de simulation (approximation physique, incerti-
tudes, raffinement des solutions, partitionnement des maillages, calculs parallèles,
algorithmes) sont développés entre autres avec le département mécanique et ingénierie de
l’Université de Stanford. L’Institut von Karman en Belgique et l’Agence Spatiale Européenne
notamment s’en servent pour adapter les conditions de vol des sondes spatiales.
Logistique CRYPTOLOGiE Objets
Des moyens Chiffres-clés communicants
idéalement alloués De la DiaSuiteBox
Depuis 2007, RealOpt (Reformu- dans les idées
lations et algorithmes pour l’Optimi- Une alerte sonore ou visuelle si une
sation combinatoire) mobilise une
porte est restée ouverte ou bien si
dizaine de chercheurs répartis entre
les clés demeurent dans la serrure,
Bordeaux et le Brésil (Universités
à l’extérieur et à la vue d’autrui ?
Catholique de Rio de Janeiro et de
Pour qui conserve ses fonctions
Fluminense). Le besoin de protection des
Fondés sur des algorithmes d’opti- motrices et cognitives, le disposi-
données contre les attaques
misation en variables entières, leurs tif peut paraître disproportionné. Il
malicieuses est l’un des grands
programmes déterminent comment offrirait au contraire aux personnes
enjeux de nos sociétés modernes.
affecter au mieux, dans la durée, âgées ou souffrant de maladies
Le chiffrement constitue une
des ressources limitées (équipes, réponse solide, mais à consoli- neurodégénératives (Alzheimer, Par-
machines, budgets). der perpétuellement. À la tête de kinson...) de formidables solutions de
l’équipe-projet Lfant (Théorie compensation à l’isolement social
des nombres algorithmiques) - et et à l’autonomie domiciliaire. Déve-
heureux lauréat d’une bourse ERC lopper des solutions simples et peu
(European Research Council)-, onéreuses de ce type n’a rien d’une
Andreas Enge œuvre à inventer utopie. L’équipe-projet Phoenix, en
les systèmes de chiffrement de collaboration avec des chercheurs en
demain, plus sûrs, plus rapides. Il neurosciences, s’y consacre même
Avec ces techniques, Exeo Solutions recourt, pour y parvenir, aux courbes pleinement, au travers de l’approche
organise les tournées de ramassage algébriques, issues de la théorie DiaSuite et d’une technologie asso-
des déchets recyclés. des nombres, dont on avait jusqu’à ciée DiaSuiteBox, couplées pourquoi
Et EDF planifie cinq ans à l’avance présent sous-estimé le potentiel en pas à un téléviseur ou à un smart-
les arrêts de maintenance et de matière de cryptologie asymétrique.
phone. Des solutions simples et peu
rechargement en uranium de ses Les chiffres aussi ont leurs mys-
onéreuses bientôt disponibles !
centrales nucléaires. tères...
www.inria.fr/equipes/realopt lfant.math.u-bordeaux1.fr https://diasuitebox.inria.fr/
magazine
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