Le role et les enjeux de la microassurance sur les econmies Africaines
1. LE ROLE ET LES ENJEUX DE LA MICROASSURANCE SUR
LES ECONMIES AFRICAINES
Présenté par Mamadou FAYE
30 Septembre 2014
LE ROLE ET LES ENJEUX DE LA MICROASSURANCE SUR LES EECCOONNMMIIEESS AAFFRRIICCAAIINNEESS
2. Biographie de Mamadou FAYE
Ingénieur Statisticien (ISPEA)
Diplômé d’études Supérieures en Assurances de l’IIA de Yaoundé
Diplôme d’Actuariat et Finances de l’ENSAE de Paris
Ancien Commissaire contrôleur des Assurances à la CIMA
Ancien Directeur Général de LMAI IARD à Abidjan (RCI)
Ancien Directeur Général de SALAMA Assurances Sénégal
Administrateur Directeur Général de la Sénégalaise de l’Assurance
VIe
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3. SOMMAIRE
I. INTRODUCTION
II. ETAT DES LIEUX
a) Le cadre institutionnel
b) L'environnement économique
c) L’environnement social
d) Les Acteurs de l’offre
e) Les Produits
f) Le Potentiel
III. LA MICRO ASSURANCE, ÉLÉMENT D'UNE
POLITIQUE PLUS GLOBALE DE
DÉVELOPPEMENT
IV. ACCOMPAGNEMENT DES ORGANISMES
MULTILATÉRAUX ET DES ÉTATS.
V. POTENTIEL D’EXPANSION ET DE
CROISSANCE DE LA MICRO ASSURANCE
VI. STRUCTURE D’ACCOMPAGNEMENT
VII. ACCESSIBILITE
VIII. SUCCES
IX. LA MICRO ASSURANCE, UN MODÈLE
ÉCONOMIQUE À CONSTRUIRE
X. LA MICRO ASSURANCE, UN
NOUVEAU MODE D'INTER
COOPÉRATION À PROMOUVOIR
XI. LA NÉCESSAIRE COOPÉRATION
ENTRE ASSUREURS ET IMF OU ONG
XII. LA CONCEPTION ET LA DIFFUSION
DES PRODUITS
XIII. LA COLLECTE DES COTISATIONS,
PARFOIS L'INDEMNISATION DU
SINISTRE
XIV. CONCLUSION
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4. « L'Afrique ne demande pas l'aumône...l'Afrique veut pouvoir, comme cela se fait
ailleurs, capitaliser les fruits de ses propres efforts. Elle n'en a pas la capacité parce
que ses habitants sont totalement exposés à des risques divers qu'ils ne peuvent
ni prévenir, ni transférer, ni réparer. L'Afrique a besoin d'assurance ». Michel Vaté
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Introduction (1/3)
La micro-assurance peut avoir un rôle déterminant sur le
développement du continent africain.
Les personnes à faible revenu vivent généralement dans un environnement plus
risqué que celui des autres couches de la population. En conséquence, elles sont
plus exposées à divers dangers tels la maladie, le décès, l'invalidité accidentelle, le
vol, l'incendie ou toute autre forme de perte de biens.
A l'instar de la microfinance qui a révolutionné le secteur bancaire, il est de plus en
plus admis aujourd'hui que la micro-assurance peut contribuer largement à
améliorer le niveau de vie des populations à faible revenu, notamment en Afrique,
où la grande majorité des populations est exclue des systèmes de protection
sociale existants et, ainsi, constituer un facteur de développement.
5. Introduction (2/3)
Depuis son avènement au début des années 80 avec les travaux de Yunus, le
concept de micro-assurance a progressivement pris de l'ampleur pour occuper
aujourd'hui le devant de la scène dans les stratégies de développement socio-économique
du continent africain.
L’intérêt porté de plus en plus par les assureurs à ce secteur a amené les autorités
de régulation de la zone CIMA (regroupant les 14 pays de la zone franc) à légiférer
dans le domaine en consacrant un livre au code des assurances donnant ainsi aux
assureurs professionnels la possibilité de relever le défi d'assurer l'autre partie du
continent, celle qui est exclue de l'assurance classique aux prix « inabordables »,
celle pour qui les couvertures assurantielles actuellement proposées sont
« inadaptées ».
Le premier défi de la micro-assurance a été de se doter d'une définition
communément partagée. Si une unanimité semble se faire autour de ce qu'il faut
entendre par micro-assurance, notamment ses objectifs, il demeure une certaine
incompréhension lorsqu'il s'agit de délimiter les frontières de la micro-assurance
vis-à-vis de l'assurance classique tant au niveau des prestations servies que de la
taille des prestataires.
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6. « La micro assurance est définie comme une assurance accessible aux personnes à
faible revenu, potentiellement proposée par différents fournisseurs et gérée
conformément aux pratiques d’assurance généralement acceptées. ».
Cela signifie qu’elle devra être financée par des primes et gérée sur la base des principes
de gestion du risque généralement acceptés. Cela exclut donc la protection sociale et
l’aide en urgence fournies.
La définition de la micro assurance est similaire à celle de l’assurance traditionnelle à la
différence qu’elle s’applique à une population bien spécifique : celle des faibles revenus.
La micro assurance est mise en place pour des personnes ignorées des
assurances commerciales et sociales traditionnelles ; elle s’adresse à des personnes qui
n’ont pas accès à des produits adaptés.
Toute définition basée sur les niveaux de revenus des clients serait difficile et chère à
appliquer. Par conséquent, il est préférable de définir la micro assurance en fixant des
limites de bénéfice ou de prime garantissant qu’ils s’adressent majoritairement aux
pauvres. Cela permet aussi de limiter le risque de souscription, ce qui est
particulièrement important, pour autoriser l’accès au marché à des micro assureurs
disposant de capitaux bien souvent inférieurs à ceux des assureurs ajustés à leurs
besoins.
Aussi, pour mieux appréhender le rôle et les enjeux de la micro assurance dans les
économies africaines, conviendrait-il de faire un bref aperçu du cadre institutionnel, de
la situation économique et sociale dans ces pays, avant de jeter les bases d’une réflexion
sur le rôle et les enjeux de la microassurance dans les économies africaines.
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Introduction (3/3)
7. Cadre institutionnel de la micro assurance
Principaux acteurs
opérants en Afrique
Assureurs traditionnels
Mutuelles de santé
IMF et Tontines
Ils sont tous soumis à des cadres juridiques différents dont le Code CIMA, le Code
de la Mutualité, la loi portant réglementation des systèmes financiers
décentralisés (SFD) adoptée en 2007 à Lomé, le règlement CEMAC 2002/01 et
finalement le secteur informel (tontines) qui, pour sa part, n’est encadré par
aucune réglementation
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8. De façon générale, plus de 62 % de la population active est tributaire du secteur
primaire ou agricole. Dans la plupart des pays situés au SUD du Sahara, cependant,
le secteur contribue pour moins de 35 % du PIB. Outre ce secteur stratégique, les
secteurs secondaires et tertiaires n'utilisent qu'une faible proportion de la
population active mais peuvent cependant représenter un fort pourcentage du PIB.
La conjoncture économique récente a été particulièrement difficile pour tous ces
pays, en particulier pour ceux situés au Sud du Sahara, en dépit d'une bonne
croissance pour certains d'entre eux. En effet, ces pays ont subi les contrecoups
successifs de la flambée du prix du pétrole, des denrées alimentaires, puis de la
crise financière internationale.
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8
L’environnement économique
9. La population de ces pays, représentant une bonne partie des ceux situés au Sud du
SAHARA, pour ce qui est de a zone CIMA, se situe à environ 135 millions d'habitants
et varie de 0,7 million d'habitants (Guinée Équatoriale) à plus de 21 millions
d'habitants (Côte-d'Ivoire). L'examen de la pyramide des âges démontre que près
de la moitié de la population (de 40 % au Togo à 48,2 % au Mali) a moins de 15 ans,
ce qui amène un taux de dépendance élevé de cette partie de la population envers
la population active. Le taux d'urbanisation pour chacun des pays se situe entre 17
% (Niger) et 86 %(Gabon).
Bien qu'il soit difficile d'évaluer avec précision l'apport du secteur informel à
l'économie, il semblerait que ce secteur puisse représenter jusqu'à 98 % de la
population active d'un pays (Mali).
Au Bénin, selon une étude réalisée par l’Institut National de la Statistique et de
l’Analyse économique (INSAE), le secteur informel a joué un rôle de premier plan
dans l’Economie béninoise durant ces 20 dernières années. « Le secteur informel
béninois procure à peu près 67,3 % du Produit intérieur brut (PIB) - contre 32,7 %
pour le secteur formel - et fait vivre la majorité de la population, surtout les
diplômés sans emploi », indique la même source.
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9
L’environnement social (1/3)
10. L’environnement social (2/3)
Au Sénégal, le secteur informel génère 97 % des créations d’emploi, alors que dans
ce secteur, le chômage et le sous-emploi touchent plus d’un quart de la population
ayant l’âge de travailler. Selon l’Enquête de suivi de la pauvreté au Sénégal de
2005, plus de la moitié (50,8 %) des actifs occupés sont pauvres et la majorité de
ces individus proviennent du secteur informel
Pour l'ensemble de ces pays, la pauvreté demeure une préoccupation dominante
puisqu'ils figurent parmi les pays les plus pauvres au monde, principalement en ce
qui concerne les ménages ruraux. En 2010, ces pays se situaient entre le 93e rang
(Gabon) et le 167e rang (Niger) sur les 169 pays classés de l'indice de
développement humain du PNUD. Leurs RNB par habitant se situaient entre 300
dollars (Mali) et 12 420 dollars (Guinée Équatoriale) en 2009.
La plupart des pays n’atteindront probablement pas leurs objectifs du millénaire
sans une croissance plus forte et plus largement partagée sur le moyen
terme, conjuguée à l’amélioration de l’accès des pauvres au système de protection
sociale.
Malgré un déclin de la pauvreté, elle reste élevée particulièrement dans les zones
rurales.
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11. L’environnement social (3/3)
Au vu de ce tableau, certainement pas reluisant, avec un fort pourcentage de la
population affectée par la pauvreté, donc vivant dans la précarité, dépourvue de
ressources pour souscrire aux assurances classiques (Globalement, l’Afrique ne
représente que 1,2 % du marché mondial de l’assurance) le développement de la
micro assurance qui, par définition, s’intéresse essentiellement à ce segment de la
population, pourrait jouer un rôle important dans le développement de l’Afrique,
au vu des enjeux économiques non négligeables, par le volume des primes pouvant
être investies dans d’autres secteurs potentiellement rentables et créateurs de
valeur.
Depuis les dix dernières années, la micro assurance est reconnue comme un
instrument financier capable d’aider les populations à faible revenu à mieux gérer
leurs risques financiers tout en assurant un potentiel d’affaires significatif aux
assureurs.
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12. Les acteurs de l’offre (1/2)
ONG
MS
SC
MI
IMF Micro
ACR
assurance
SC : Structure de coopération
MS : Mutuelles de santé
ONG : Organisation non
Gouvernementale
IMF : Institution de
Microfinance
ACR : Assureurs commerciaux
réglementés
MI : Mécanisme informel
(Tontine, sociétés funéraires et
autres groupes d’entreaide)
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13. Toutefois, le taux de pénétration de la micro assurance est encore faible sur le
continent africain. Selon une étude récente portant sur 32 pays, on dénombrait en
2008 environ 14,7 millions de personnes couvertes, soit environ 2,6 % de la
population cible.
L’Afrique australe et l’Afrique orientale dominent le paysage de la micro
assurance avec respectivement 8,8 millions et 4 millions de personnes couvertes.
Cela ne laisse que 1,9 millions de personnes couvertes en Afrique centrale, du Nord
et de l’Ouest. Dans les pays francophones, on trouve la plus large gamme de
produits et le plus grand nombre de bénéficiaires au Sénégal, au Bénin, au Burkina
Faso et au Cameroun.
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Les acteurs de l’offre (2/2)
14. Le marché est dominé par les produits d’assurance vie. Selon l’étude précitée,
l’assurance décès de l’emprunteur couvre près de 9,5 % de son marché potentiel et les
autres produits d’assurance vie, environ 3,2 %.
Les produits de santé, qui sont souvent cités comme les plus demandés, ne couvrent
qu’environ 0,3 % de la population à faible revenu;
L’assurance agricole couvrent une population encore moins nombreuse,
représentant respectivement 0,2 % et 0,1 % de leur marché potentiel.
Bien qu’il y ait un énorme potentiel d’expansion et de croissance de la micro assurance
sur le continent africain (le nombre de personnes couvertes a pratiquement doublé
entre 2005 et 2008), plusieurs facteurs contraignants doivent être corrigés pour
faciliter l’accès à des services d’assurance aux populations à faible revenu :
Les prestataires doivent être en mesure de développer des produits de micro assurance
de qualité. Cela suppose la mise en place d’une réglementation adaptée au
contexte et l’introduction d’incitations fiscales.
Les consommateurs doivent faire confiance aux prestataires; cela nécessite une
sensibilisation sur les mécanismes d'assurance et sur la protection des consommateurs,
notamment au niveau du secteur informel.
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Les produits
15. Le marché potentiel de la micro-assurance représente une opportunité non négligeable
pour les assureurs. La micro-assurance cible les travailleurs pauvres ; ce segment
constitue un marché en Afrique d’environ 700 millions de personnes. En supposant un
potentiel pour les dépenses consacrées à l’assurance compris entre un maximum de 5%
du PIB (Sigma 3, 2009 chiffre pour l’Afrique du Sud) et un minimum de 1% du PIB
(niveau actuel de pénétration dans les pays de la FANAF), le marché de la micro-assurance
en Afrique représenterait entre 5 et 25 milliards de dollars !
Le rayonnement actuel en Afrique de la micro-assurance est très loin de ces chiffres.
Seulement 14,7 millions de vies sont couvertes, ce qui représente environ 257 millions
de dollars en primes reçues, soit 1% de la valeur potentielle du marché à l’échelle
continental. La majorité des prestataires de micro-assurance en Afrique reconnaissent
ce potentiel : plus de 70%, conviennent que le nombre de polices de micro-assurance,
au sein de leur marché national, augmentera de plus de 10% l’année prochaine, et
environ 40% pensent que le marché va doubler au cours des cinq prochaines années.
Pour les assureurs commerciaux, la micro-assurance représente un énorme marché
inexploité et un bon moyen de diversifier leurs activités ; selon Colette Patience de Old
Mutual en Afrique du Sud : « Le marché des personnes à faible revenu est le nouveau
pôle de croissance [pour les assureurs] non pas dans une perspective de responsabilité
sociale des entreprises, mais bien d’un point de vue commercial
LE ROLE ET LES ENJEUX DE LA MICROASSURANCE SUR LES EECCOONNMMIIEESS AAFFRRIICCAAIINNEESS
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Le potentiel
16. La micro assurance, élément d'une politique plus globale
de développement
Les IMF/ONG intègrent, la plupart du temps, le crédit et l'assurance dans une
approche globale du développement comportant des programmes :
d'éducation, de prévention aux risques sanitaires,
de formation professionnelle en particulier au travers de dispositifs d'appui à la
création d'une petite activité économique.
C'est ainsi que l'ONG Asa (Activists for Social Alternative) fournit, dans le sud de
l'Inde, tout un ensemble de services à des groupes de femmes - appelés sanghas -
dont 40 % sont analphabètes ; cela inclut de la gestion d'écoles, de la formation au
développement d'entreprises, des kiosques Internet, du développement de
l'irrigation. Asa accorde des microcrédits, mais aussi distribue des produits de micro
assurance en partenariat avec Baja Allianz. Cette approche qui combine services,
microcrédit (achat de bétail, machines à coudre, matériaux pour l'artisanat...) et
micro assurance a, selon ses promoteurs, un impact sur la qualité du risque de crédit
et d'assurance.
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17. Le succès de la micro assurance passe également par un
accompagnement des organismes multilatéraux et des
États.
En 2003, ICICI Lombard est devenu l'assureur en santé, et Aviva, en 2005, le
partenaire vie.
Le marketing se fait au travers du syndicat, de la banque Sewa, de Sewa Santé et
Childcare, des groupes d'épargne et de crédit via les associations de district qui
s'appuient sur cent dix Vimo Aagewans, responsables du recrutement de
nouveaux membres, de la collecte des cotisations et de l'aide à la déclaration des
sinistres. L'autorité de tutelle indienne - l'Irda - a autorisé Vimo Sewa à accorder
directement aux assurés les indemnisations pour le compte de l'assureur.
À ce jour, Vimo Sewa qui compte 175 salariés en charge de la micro assurance a
un portefeuille de 115 000 assurés qui sont à 66 % des ruraux et à 34 % des
urbains.
Vimo Sewa a commencé en 2003 à nouer des partenariats avec d'autres ONG
pour élargir son réseau de distribution.
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18. un « gros potentiel d’expansion et de croissance de la
micro assurance »
Selon une étude de l’OIT, bien que la progression de la micro-assurance en Afrique
au cours des trois dernières années soit impressionnante, la majorité du continent
africain demeure un marché inexploité. Les produits pour la santé, l’agriculture et la
propriété représentent une fraction minime des polices d’assurance vie et couvrent
peu les besoins des populations à faible revenu. Les régimes d’assurance santé ont
des difficultés à atteindre des volumes importants.
Quant aux systèmes de sécurité sociale, ils restent parcellaires dans la plupart des
pays africains. Il est possible d’atteindre des centaines de millions de personnes à
faible revenu en Afrique, mais la croissance de l’industrie repose sur de solides
fondations. Les éléments essentiels à la réussite du secteur sont en priorité : (i) une
grande diversité de fournisseurs ; (ii) des clients bien informés qui comprennent la
valeur de la micro-assurance ; (iii) des canaux de distribution innovants ; (iv) une
efficacité renouvelée pour atteindre le marché et réduire les coûts administratifs ;
(v) le renforcement des capacités pour développer, vendre et gérer des produits de
meilleure qualité.
Le secteur de la micro-assurance en Afrique pourra alors fonctionner comme le
marché de l’assurance standard et deviendra tout simplement une autre branche
d’opération des assureurs commerciaux.
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19. Structure d’accompagnement : le « Fonds pour l’innovation
en micro-assurance »,
Créé en 2008 au sein du BIT, le but premier du Fonds est d’étudier la façon dont
les ménages à faibles revenus peuvent tirer le meilleur avantage de l’assurance
et la mesure dans laquelle elle peut être développée avec succès par un
ensemble de porteurs de risques, y compris les compagnies d’assurance et les
organisations de la société civile. L’objectif visé est de favoriser l’innovation sur
le terrain, puis en jouant un rôle actif dans la collecte, l’analyse et la diffusion des
résultats des expériences qui ont été menées.
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20. L’ACCESSIBILITE
Pour populariser à large échelle la micro-assurance doit être accessible aux
populations concernées Les produits doivent être conçus pour répondre aux
besoins spécifiques des clients pauvres, ils doivent être disponibles (même dans
les régions reculées) et abordables, le paiement des primes doit être structuré de
façon à convenir au budget des familles pauvres. Enfin, l’accès est aussi
intellectuel.
Les assureurs en Afrique constatent, sur le plan de la demande, que l’expansion de
la micro-assurance est entravée par le manque de compréhension des concepts de
l’assurance et les confusions qui existent par exemple avec les mécanismes
d’épargne (les clients s’attendent à récupérer leurs primes si aucun sinistre n’a eu
lieu) et mettent en avant la nécessité de l’éducation des consommateurs afin de
faciliter les ventes.
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21. LES SUCCES
En dépit de toutes contraintes, le succès est en effet notable avec les produits
traditionnels tels que l’assurance funérailles. L’industrie de la micro-assurance en
Afrique du Sud est structurée autour de quelques porteurs de risques qui sont très
innovants. Old Mutual par exemple teste l’approche du "guichet unique", offrant
une gamme complète de services financiers aux clients à faible revenu. Dans les
zones rurales, le système d’affiliation tire parti d’une forte culture de la gestion des
risques de manière informelle et prend appui sur les groupes pré-existants en
collaboration avec 1 000 sociétés funéraires, stokvels et salons funéraires.
L’assurance vie crédit est la plus simple et la moins onéreuse à mettre en place et
c’est déjà une ligne d’activité qui est rentable. De nombreux assureurs ne
s’aventurent pas hors des sentiers battus malgré le fait que ce type de couverture
ne corresponde pas aux besoins du plus grand nombre. Cependant, les efforts
pour fournir d’autres produits – tels que l’assurance santé, l’assurance agricole ou
l’assurance des biens – sont une réponse importante aux besoins des populations
à faibles revenus et permettent d’expérimenter sur le terrain des solutions à partir
desquelles d’autres assureurs peuvent s’inspirer et apprendre ce qui fonctionne et
ce qui constitue un défi. Ces innovations à terme devraient se traduire par
l’augmentation des ventes des autres produits.
Ces succès pour être durables et constituer un facteur important de
développement pour les économies africaines doivent avoir une orientation
stratégique.
LE ROLE ET LES ENJEUX DE LA MICROASSURANCE SUR LES EECCOONNMMIIEESS AAFFRRIICCAAIINNEESS
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22. La micro assurance, un modèle économique à construire
La micro assurance ne relève pas du mécénat. Les opérations développées doivent
atteindre un équilibre financier même si ce dernier se situe sur une durée plus
longue. Un certain nombre d'expériences démontrent la pertinence du modèle
économique. Ainsi dans le sud de l'Inde, Baja Allianz comptabilisait à fin 2004, dans
le cadre de son partenariat avec l'ONG Asa, 50 000 contrats vie. Heinz Dollberg,
responsable d'Allianz pour la zone Asie-Pacifique, affirmait récemment dans la
presse que les opérations étaient rentables, le profit représentant 19 % de la
cotisation enregistrée dans les comptes de l'assureur.
Il insistait sur le rôle décisif des travailleurs sociaux d'Asa qui organisent des
réunions dans les villes et villages ou font du porte à porte pour sensibiliser les
populations à l'assurance. « Coopérer avec des ONG facilite nos opérations et
permet aux activités de générer un profit, même en zones rurales » affirme M.
Dollberg qui ajoute : « Par des process efficaces et des contrats de groupe, la micro
assurance peut être rentable. À moyen terme, cela nous ouvre un marché potentiel
gigantesque » .
Autre exemple, en Afrique cette fois : AIG a mis au point avec l'ONG américaine
Finca un contrat de groupe obligatoire de type assurance emprunteur distribuée par
vingt-six institutions de microfinance (IMF) en Ouganda, en Tanzanie et au Malawi,
couvrant ainsi une population de 1,6 millions de personnes. Le Groupe faisait état
en 2004 d'un volume de cotisations collectées de 800 000 $ et une profitabilité de
200 000 $. Sur les dernières années, le bénéfice représente entre 17 et 25 % des
cotisations brutes collectées.
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23. La micro assurance, un nouveau mode d'inter coopération
à promouvoir
La micro assurance doit constituer un champ d'actions pour les acteurs
traditionnels du monde du développement - ONG et organisations
intergouvernementales ; les États des pays du Sud et les groupes d'assurances. Elle
suppose au plan opérationnel, compte tenu des publics à atteindre, de s'inscrire
dans une approche partenariale innovante.
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24. La nécessaire coopération entre assureurs et IMF ou ONG
La micro assurance, pour être en adéquation avec les besoins et la capacité
contributive des populations et viable au plan économique, suppose de mêler, à la
fois, l'expertise et la proximité d'une ONG ou d'une IMF dans le cadre de projets de
développement local, et le professionnalisme d'un assureur.
L'apport d'une ONG ou d'une IMF se situe sur plusieurs plans :
dans la conception et la distribution des produits ;
dans la collecte des cotisations, parfois l'indemnisation du sinistre ;
dans le positionnement de l'assurance en tant qu'élément d'une politique de
développement caractérisée par l'accompagnement des bénéficiaires au travers de
travailleurs sociaux, la combinaison de services, de formations et de programmes
de prévention.
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25. La conception et la diffusion des produits
Une ONG ou une IMF a l'avantage d'être imprégnée des structures sociales,
culturelles, économiques d'un territoire et ainsi de connaître le mieux les marchés
et les besoins des populations. Son concours est donc essentiel dans la définition
de l'offre qui se caractérise par des produits simples, avec des dispositifs
d'indemnisation forfaitaire sur des risques essentiels, décès (assurance
emprunteur ou temporaire décès toutes causes) et santé en particulier. L'assureur
partenaire, pour sa part, conçoit le produit, analyse le risque, le tarifie, forme le
personnel de l'IMF/ONG aux rudiments de l'assurance.
Les coûts d'acquisition des contrats sont minimisés puisqu'ils sont proposés à des
groupements déjà établis que constituent les populations bénéficiaires des
programmes d'ONG ou la clientèle de l'IMF : groupes solidaires, banques
villageoises ou coopératives, organisations sociales (associations de femmes, de
petits agriculteurs, etc.) ; ce qui permet de limiter les phénomènes d'anti sélection.
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26. La collecte des cotisations, parfois l'indemnisation du
sinistre
L'IMF/ONG est appelée à intervenir également dans la collecte des cotisations, ce
qui diminue les coûts de transaction. Elle se fait pour ce qui concerne l'assurance
liée à un microcrédit dans le cadre de contrats groupe. Plus généralement, la
perception des cotisations est effectuée non pas au niveau de l'individu, mais du
groupement, et peut tenir compte de la saisonnalité des revenus. Ainsi, à titre
d'exemple, l'Union Technique Malienne a recours aux éboueurs qui sont des relais
pour informer la population et collecter l'argent par petite tranche, une fois que
celui-ci est disponible. On peut voir aussi des opérations de collecte au travers de
l'association des travailleurs ambulants. La cotisation peut être également payée au
travers d'une partie des intérêts de l'épargne déposée sur un compte enregistré
dans l'IMF. L'implication peut aussi aller jusqu'à assurer le « service après-vente ».
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27. CONCLUSION
Nous pouvons dire en conclusion que l’enjeu est de taille ; à travers son rôle
éminemment social et économique, la micro assurance, compte tenu de l’énorme
potentiel, mais aussi des succès enregistrés ces dernières années, lorsqu’elle est
bien encadrée, peut constituer une réponse à la réduction de la pauvreté (avec
une cible d’environ plus de 90% de la population qui est concernée) et ainsi
participer au développement des économies africaines.
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