1. Mémoire HMONP – Projet Professionnel
Année 2011/2012
Sujet : LE
RÔLE
DE
L’ARCHITECTE
DANS
LE
LOGEMENT
SOCIAL
Postulant : Mlle
Paola
Navari
Directeur d’Etudes : Mr
Jean-‐Baptiste
Hemery
Tuteur : Mr
Paul
Navari
-‐
Architecte
d.p.l.g
Agence :
A.RE.A
–
Atelier
de
Recherches
Architecturales
2. Tout
d’abord
je
souhaite
remercier
mon
tuteur,
Monsieur
Paul
Navari
qui
est
également
mon
père,
pour
l’aide
qu’il
m’a
apporté
durant
cette
année
de
mise
en
situation
professionnelle,
face
aux
contradictions
que
nous
avons
à
résoudre
dans
un
perpétuel
compromis
dans
la
conception,
dans
la
gestion
et
les
rapports
avec
les
maîtres
d’ouvrage.
J’ai
appris
à
utiliser
les
fondamentaux
assimilés
à
l’école
pendant
5
ans
pour
analyser
et
établir
des
synthèses,
pour
convaincre
par
mes
écrits,
mes
dires
et
mes
images,
aux
solutions
que
je
propose.
Je
remercie
également
mon
directeur
d’études,
Monsieur
Jean-‐
Baptiste
Hemery
pour
cette
année
de
formation
mais
aussi
pour
avoir
fait
de
moi
une
Architecte
grâce
à
son
soutien
et
aux
«
fondamentaux»
de
son
enseignement
lors
de
ma
2nde
année.
Je
tiens
enfin
à
remercier
toutes
les
personnes
que
j’ai
pu
rencontrer
durant
cette
année
et
qui
ont
indirectement
contribués
à
«
m’apprendre
le
métier
»
:
Monsieur
Jean
Baggioni
Maire
de
la
commune
de
Ville
di
Pietrabugno
et
ex
Président
de
l’Exécutif
de
l’Assemblée
de
Corse,
les
Entrepreneurs,
les
artisans,
les
maîtres
d’ouvrages
…
qui
ont
fait
l’effort
de
m’accepter
avec
ma
volonté
de
bien
faire
malgré
mon
«
ignorance
»,
et
qui
m’ont
fait
toucher
du
doigt
la
réalité.
1
3. C’est
au
travers
de
mon
expérience
sur
le
terrain
durant
cette
formation
HMONP
que
j’ai
vu
mûrir
mon
projet
professionnel.
Bien
sur
j’ai
toujours
su
que
je
voulais
devenir
Architecte
et
faire
un
bout
de
chemin
professionnel
avec
mon
père
mais
j’ai
enfin
compris
dans
quel
sens
je
voulais
m’engager.
Je
suis
entrée
à
l’école
d’Architecture
de
Marseille-‐Luminy
en
2005.
L’enseignement
général
m’a
permis
d’appréhender
l’architecture
dans
sa
globalité
et
les
choix
de
pôles
d’enseignement
que
j’ai
fait
dès
le
Master
m’ont
permis
de
me
centrer
sur
une
thématique
particulière
à
laquelle
j’ai
toujours
porté
beaucoup
d’attention
:
La
problématique
du
logement.
Mon
projet
professionnel
n’est
autre
que
la
résultante
de
mes
choix
initiaux.
Bien
sur
il
ne
faut
pas
voir
cela
comme
une
conclusion
à
ma
formation
mais
plutôt
comme
un
point
de
départ
…
Ce
projet
professionnel,
je
l’ai
toujours
imaginé
en
Corse,
dans
une
agence
à
ma
mesure
et
il
en
sera
ainsi.
Pourquoi
?
Parce
que
sur
l’île,
la
composition
urbaine
des
paysages
est
plurielle,
nous
avons
des
paysages
de
montagne,
de
bord
de
mer,
de
plaine,
ainsi
que
des
villages,
des
villes
et
tout
cela
concentré
sur
un
petit
territoire.
La
Corse
est
un
laboratoire
potentiel
pour
les
questions
environnementales.
Il
est
très
important
pour
moi
de
participer
à
la
nécessaire
prise
en
compte
de
ces
paysages
particuliers
de
l’île
dans
la
conception,
d’agir
à
travers
mes
réalisations
au
bénéfice
d’un
bien
être
qui
est
dû
à
toutes
les
couches
sociales
et
plus
particulièrement
aux
plus
défavorisées,
de
donner
la
priorité
aux
dialogues
constructifs
avec
tous
mes
partenaires
(mes
futurs
collaborateurs,
les
maîtres
d’ouvrages,
les
ingénieurs,
les
Entrepreneurs
…),
et
de
m’efforcer
à
parfaire
mes
connaissances
techniques,
tout
en
m’améliorant
humainement
pour
être
appréciée
…
Ma
région
a
conservé
de
grandes
valeurs
culturelles
qui
lui
sont
propres
mais
qui
doivent
être
partagées.
A
moi
de
convaincre
…
2
4. Sommaire
1°_ Introduction :
Définition du logement social
Constat
Le laboratoire de l’habitat social
2°_ Positionnement des organismes sociaux :
Rationalisation Espace/coûts
Construire « durable »
3°_ Posture d’une architecte :
Aller au-delà des attentes
Projet professionnel
4°_ Conclusion :
Naissance d’une architecte
- Annexes
3
5. 1°_ Introduction :
Définition du logement social
C’est un logement destiné, suite à une initiative publique ou privée, à des
personnes à revenus modestes qui auraient des difficultés à se loger sur le marché
libre … (source internet).
C’est
pour
cette
raison
qu’ont
été
créé
:
-
Les
OPHLM,
(les
organismes
d'habitations
à
loyer
modéré).
Ils
ont
remplacé,
aux
termes
de
la
Loi
de
1949,
les
anciens
organismes
d'Habitation
à
Bon
Marché
(HBM).
Les
S.A
d’HLM
…
Ces
organismes
ont
pour
objectif
de
construire,
avec
des
coûts
de
réalisation
faibles,
et
de
gérer
des
logements
locatifs
destinés
à
des
personnes
de
condition
modeste.
Constat
Dans
les
années
50/70,
il
a
fallu
construire
un
nombre
très
important
de
logements
dans
l’urgence
afin
de
lutter
contre
la
pénurie
d’habitations.
Les
Maîtres
d’ouvrages
se
sont
alors
appuyés
sur
des
architectes
reconnus
pour
trouver
des
réponses
architecturales
aux
contraintes
que
conférait
cette
situation
d’urgence
d’après
guerre.
Elles
ont
été
trouvés
dans
l’organisation
spatiale,
la
répétitivité,
la
simplicité
et
la
rapidité
de
mise
en
œuvre.
La
construction
des
"grands
ensembles"
au
sortir
de
la
Seconde
Guerre
mondiale,
répondait
à
une
nécessité
démographique
et
devait
accompagner
l'essor
économique
des
Trente
Glorieuses.
On
y
trouvait
clarté,
espace
et
confort
;
ces
nouveaux
immeubles
faisaient
même
l'objet
d'un
consensus
entre
architectes
et
urbanistes,
élus
et
politiques
;
on
y
voyait
l'application
de
théories
"du
mouvement
moderne"
inscrites
dans
la
Charte
d'Athènes,
dont
l'un
des
exemples
emblématiques
reste
:
La
"Cité
radieuse"
de
Le
Corbusier,
à
Marseille.*
Jean Dubuisson, Ensemble d’habitation La Caravelle, 1959/1967
Plan partiel d’étage courant
*Référence aux interviews retrouvées à l’INA consacrées aux premiers habitants des grands ensembles.
4
6. L’habitat
social
a
nécessité
des
efforts
de
recherche
permanents
dans
les
modes
d’habiter
(grand
collectif,
petit
collectif,
individuel
groupé…),
les
procédés
constructifs,
les
solutions
nouvelles
pour
redéfinir
des
espaces
surtout
dans
les
années
1970
à
1980,
des
montages
financiers
innovants
permettant
aux
sociétés
HLM
de
construire
et
de
financer
des
logements
sociaux
avec
des
recettes
de
plus
en
plus
réduites…
Le
constat
de
la
confrontation
au
réel
conduit
à
une
remise
en
cause
permanente
car
les
modes
de
vie
en
société
évoluent.
L’habitat
en
général
doit
évoluer
dans
une
recherche
permanente
d’une
vérité
sans
cesse
renouvelée.
Toute
la
réflexion
autour
du
logement
social
est
organisée,
pouvons
nous
dire,
dans
le
«
laboratoire
de
l’habitat
social
».
Le laboratoire de l’habitat social
Nous
avons
tous
en
tête
les
grands
ensembles
des
années
50
comme
représentation
du
HLM,
une
répétition
de
«
casiers
de
logements
»
en
très
grande
quantité.
Ces
grands
ensembles
sont
aujourd’hui
voués
à
la
destruction.
On
retourne
alors
au
petit
immeuble,
on
essaie
de
recréer
des
ensembles
à
échelle
humaine.
Le
logement
locatif
social
se
confond
désormais
avec
la
production
banale
:
il
n’est
plus
stigmatisant.
Puis
vient
Némausus
(Nîmes
1989)
de
Jean
Nouvel
dont
le
slogan
«
Un
bon
logement
est
un
grand
logement
»
et
qui
va
aboutir
à
de
nombreuses
expériences
:
création
de
duplex,
cuisines
ouvertes,
pièce
en
plus
…
Il
faut
donner
les
qualités
de
l’individuel
à
l’habitat
collectif
social.
On
porte
ensuite
une
attention
particulière
aux
nouvelles
formes
domestiques
(célibataires,
familles,
familles
recomposées,
familles
monoparentales…),
au
changement
de
rythme
des
pratiques
quotidiennes,
à
l’autonomie
de
chacun
…
Les
maîtres
d’œuvre
contemporains
ont
essayé
de
faire
évoluer
le
logement
social
depuis
les
années
1970
et
il
existe
heureusement
quelques
exemples
représentatifs
de
leur
volonté.*
Cependant,
on
retombe
par
facilité
dans
une
sorte
de
répétitivité
des
modèles
basiques
des
logements
sociaux,
qui
ne
sont
que
le
produit
de
l’obéissance
aux
nouvelles
normes
françaises.
Car
oui,
le
logement
social
est
bien
pris
en
tenaille
:
d’un
côté
les
possibilités
financières
des
locataires
ou
des
propriétaires
sociaux
ne
permettent
pas
de
couvrir
son
coût
de
construction
;
de
l’autre,
toutes
les
innombrables
règlementations,
normes,
dimensionnements
de
surfaces,
…
Tout
cela
étouffe
la
conception.
L’essentiel
des
projets
de
logements
sociaux
n’est
non
pas
dessiné
librement
par
les
architectes
mais
sont
le
résultat
de
leur
mise
en
forme.
De
plus,
les
bailleurs
et
promoteurs
sociaux
sont
eux
tenus
par
des
impératifs
financiers.
L’ensemble
de
ces
paramètres,
à
moins
d’une
connaissance
très
fine
du
système,
des
normes,
et
des
possibilités
politiques
de
subventions
ne
fait
pas
bon
ménage
avec
l’innovation.
Dans
les
écoles
d’architecture,
nous
apprenons
à
concevoir
mais
tout
ça
ne
nous
est
que
peu
ou
pas
du
tout
enseigné
ce
qui
nous
laisse
relativement
démunis
avec
notre
grande
motivation
comme
seul
outil.
5
7. Le
logement
social
est
un
des
plus
grands
enjeux
de
notre
société.
S’il
sort
du
commun,
il
coûte
cher
au
contribuable
qui
participe
à
son
financement.
S’il
est
médiocre,
il
entraîne
en
revanche
un
coût
social
dont
on
connaît
l’ampleur.
Comme
toujours
en
architecture,
il
ne
peut
y
avoir
de
bon
résultat
sans
ambition
et
volonté
partagées
des
parties
prenantes
(maîtrise
d’œuvre,
maîtrise
d’ouvrage,
entreprises).
Une
telle
situation
appelle
une
révolution
profonde
des
mentalités.
Tous
les
acteurs
du
bâtiment
doivent
apprendre
à
travailler
ensemble
plutôt
que
dans
la
confrontation
ou
dans
l’opposition.
Le
logement
social
est
un
enjeu
important
en
Corse
car
à
ce
jour,
sur
une
région
de
300
000
habitants,
il
y
a
3000
demandes
en
instances
et
peu
d’opportunité
foncière
ainsi
qu’un
savoir
faire
limité.
Il
faudra
s’atteler
à
cette
tâche
et
être
capable
de
répondre
avec
efficacité
à
de
petits
projets
(environ
10
logements)
et
de
grands
projets
(Plus
de
100
logements)
en
zone
rurale
ou
urbaine.
L’agence
dans
laquelle
j’effectue
mon
année
de
formation
HMONP
est
sans
aucun
doute
une
des
agences
qui
a
construit
et
qui
continue
à
construire
une
grande
partie
des
logements
sociaux
depuis
les
années
80
en
Haute-‐Corse.
Bien
évidemment,
l’agence
conçoit
tout
types
de
projets,
du
plus
convenu,
aux
logements
considérés
comme
«
un
défi
»
par
la
maîtrise
d’ouvrage.
Je
peux
ainsi
bénéficier
d’une
expérience
forte
dans
ce
domaine
et
apprendre
toutes
les
subtilités
de
la
conception
de
ces
projets
particuliers.
Dans
ce
mémoire,
bien
que
j’ai
travaillé
en
phase
étude
et
mise
au
point
sur
32
logements
en
individuel
groupé
locatif
et
que
je
suive
assidument
un
chantier
de
62
logements
collectif
en
accession
sociale,
mes
propos
seront
illustrés
par
un
projet
de
10
logements
en
accession
sociale,
la
résidence
ALBA.
A
partir
de
ce
projet,
j’ai
pu
appréhender
le
logement
social
de
l’esquisse
au
lancement
de
l’appel
d’offre.
Ce
mémoire
est
l’occasion
pour
moi
d’essayer
de
penser
au
rôle
de
l’architecte
dans
le
logement
social
et
ainsi
concrétiser
mes
rêves
et
ma
créativité
d’étudiante
dans
mon
futur
exercice
professionnel.
6
8. 2°_ Positionnement des organismes sociaux :
Rationalisation Espace/coûts - Construire « durable »
Humaine,
politique,
économique,
sociale,
architecturale
…
La
question
du
logement
social
est
majeure
et
complexe.
Par
leur
nombre,
les
Logements
sociaux
participent
largement
à
la
constitution
et
au
devenir
des
paysages
de
nos
cités
au
sens
général.
S’il
est
vrai
que
l’enjeu
urbain
précède
l’enjeu
architectural
lors
de
la
conception
de
ces
ouvrages,
la
question
de
l’habitabilité
à
l’échelle
du
logement
n’en
est
pas
moins
importante.
Les
organismes
sociaux
proposent
aujourd’hui
deux
types
de
«
produits
»
:
le
locatif
social
pour
les
plus
«
démunis
»
et
l’accession
sociale
ce
qui
permet
aux
personnes
sans
beaucoup
de
moyens
de
pouvoir
devenir
propriétaire
de
leur
logement.
Dans
les
deux
cas,
le
pari
«
social
»
est
d’offrir
un
logement
qui
réponde
aux
mêmes
exigences
et
qualités
qu’un
logement
en
accession
libre.
En
théorie,
cela
à
l’air
plutôt
simple.
En
pratique,
et
cela
pour
toutes
les
raisons
évoquées
dans
l’introduction,
cela
devient
beaucoup
plus
complexe
…
Lors
de
cette
1ere
année
d’exercice
de
ma
profession,
j’ai
pu
travailler
sur
des
projets
de
locatif
social,
d’accession
sociale
et
ainsi
côtoyer
certains
maîtres
d’ouvrages
sociaux
comme
«
l’Office
Public
de
l’Habitat
de
la
Haute-‐Corse
»
pour
le
locatif
social
ou
encore
«
Le
Logis
Corse
–
Groupe
Arcade
»
pour
l’accession
maîtrisée.
Les
propos
qui
vont
suivre
sont
entièrement
basés
sur
un
seul
et
unique
projet
:
La
résidence
Alba
(Accession
Sociale).
Dans
cette
partie
du
mémoire,
je
me
positionnerai
du
côté
de
la
maîtrise
d’ouvrage,
sans
parler
de
mes
impressions
et
de
mon
ressenti
d’architecte.
Dans
cet
«
état
des
lieux
»,
je
m’appuie
sur
mon
apprentissage
réel
du
logement
social,
sur
les
questions
que
j’ai
pu
poser*
aux
organismes
sociaux
que
j’ai
pu
rencontrer.
Il
s’agit
d’avantage
d’un
regard
critique
sur
le
positionnement
des
maîtres
d’ouvrages
sociaux
lors
de
la
conception
de
projets
plutôt
que
d’un
simple
récit
de
mon
expérience…
*Cf questionnaires en annexe.
7
9. Le
projet
de
la
résidence
«
Alba
»
est
un
projet
en
accession
sociale
dont
il
me
semble
important
et
intéressant
d’exposer
les
particularités.
Il
s’agit
de
10
logements
collectifs
avec
parking
décomposés
comme
suit
:
deux
T4,
six
T3
et
deux
T2.
C’est
un
projet
important
à
mon
sens
car
il
s’agit
d’une
opération
particulière,
une
opération
test.
Le
défi
ici
est
de
réaliser
dans
un
contexte
villageois
10
logements
en
accession
sécurisée
à
la
propriété
avec
le
Logis
Corse,
«
BBC
».
Ce
projet
a
duré
la
majeure
partie
de
mon
année
de
mise
en
situation
professionnelle.
J’ai
pu
commencer
le
projet
au
stade
de
l’esquisse
au
mois
de
novembre
et
finir
le
DCE
fin
juillet.
C’est
réellement
ce
projet
qui
m’a
sensibilisé
à
la
cause
du
logement
social
car
j’ai
travaillé
à
toutes
les
étapes,
assisté
à
toutes
les
réunions
et
j’ai
pu
voir
combien
il
était
difficile
de
concevoir
ce
type
d’habitat.
Ce
projet
est
à
la
base
un
concours
lancé
par
la
Mairie
de
Ville-‐di-‐Pietrabugno
sur
un
terrain
à
proximité
de
la
mairie,
dans
un
contexte
purement
villageois.
Il
s’agissait
alors
de
seulement
6
petits
logements
collectifs
à
bas
prix
pour
que
les
jeunes
de
la
commune
de
Ville-‐di-‐Pietrabugno,
vue
les
prix
pratiqués
aujourd’hui
au
m2,
puissent
continuer
à
habiter
là
où
ils
sont
nés.
Dans
une
ambiance
villageoise
à
quelques
minutes
du
centre
ville
de
Bastia,
le
projet
en
R+1
se
veut
à
l’échelle
des
nombreuses
maisons
villageoises
qui
l’entourent.
Il
s’agit
d’optimiser
l’insertion
urbaine
par
une
composition
travaillée
et
recherchée.
Les
volumes
et
l’architecture
du
projet
ainsi
que
la
grande
place
publique
créés
rappellent
eux
aussi
le
thème
du
village.
L’idée
est
de
réinterpréter
le
contexte
dans
un
projet
de
logements
contemporains.
Le
projet
se
décompose
en
2
volumes
principaux
traversés
par
une
grande
percée.
Un
jeu
de
toiture
est
mis
en
place
par
l’alternance
entre
les
toits
en
pentes
traditionnels
et
les
toits
terrasses
contemporains.
Les
décalages
des
volumes
et
les
jeux
de
toits
permettent
une
composition
en
masse
qui
rappelle
le
tissu
existant.
Nous
avons
réalisé
une
greffe
urbaine.
Le
Maire
décide
de
céder
à
titre
gratuit
le
terrain
au
Logis
Corse,
maître
d’ouvrage
social.
Le
programme
passe
alors
de
6
à
10
logements
pour
des
raisons
évidentes
de
rentabilité
économiques.
Nous
avons
tout
de
même
conservé
la
volonté
majeure
de
la
Mairie,
qui
est
d’avoir
une
intégration
urbaine
parfaite
dans
un
tissu
villageois
ainsi
qu’une
réinterprétation
contemporaine
de
l’architecture
traditionnelle
Corse,
tout
en
rajoutant
4
logements.
S’en
suit
alors
un
dialogue
très
étroit
entre
la
maîtrise
d’ouvrage,
qui
n’est
pas
toujours
prête
à
entendre
notre
discours,
et
la
maîtrise
d’œuvre
afin
de
réussir
au
mieux
la
conception
de
ce
projet.
En
effet,
la
maîtrise
d’ouvrage
a
accepté
de
réaliser
cette
opération
dans
le
but
de
réaliser
un
petit
projet
de
qualité
BBC
en
accession
sociale.
Sauf
que,
comme
souvent,
elle
aurait
préféré
un
projet
plus
standard,
plus
commun,
certaine
que
tout
«
passerai
plus
facilement
».
En
accession
sociale,
les
prix
de
ventes
sont
règlementés
et
l’objectif
du
Logis
Corse
sur
cette
opération
est
d’être
20%
en
dessous
du
prix
du
marché.
Nous
pouvons
imaginer
le
meilleur
projet
qui
soit,
le
travail
de
fond
de
l’architecte
ne
peut
se
faire
qu’avec
la
maîtrise
d’ouvrage
qui
accepte
«
le
jeu
»
avec
ses
enjeux.
Mais
avant
tout
concept
architectural,
le
vrai
problème
des
organismes
sociaux
est
de
pouvoir
loger
les
personnes
qui
ont
besoin
d’un
toit
sain,
parfois
en
urgence
et
pour
cela,
le
coût
de
construction
du
projet
doit
être
le
plus
bas
possible.
8
10. Le
coût
de
construction
résulte
du
bon
équilibre
entre
le
linéaire
de
façade
et
les
surfaces
des
appartements
(obligatoires),
des
circulations
communes…
C’est
là
que
le
travail
de
l’architecte
intervient,
mais
nous
reviendrons
sur
cette
notion
plus
tard.
Le
choix
des
matériaux
est
lui
aussi
primordial,
le
bâtiment
doit
être
durable
dans
le
sens
ou
les
frais
d’entretien
doivent
être
minimisés
…
A
cela
s’ajoute
les
réglementations
qui
tendent
à
imposer
une
qualité
normative
de
logement
toujours
plus
grande.
Ces
contraintes
se
superposent
les
unes
aux
autres
:
accessibilité,
sécurité
incendie,
réglementation
thermique,
normes
environnementales…
et
augmentent
d'autant
le
coût
de
la
construction.
Certes,
de
l'ensemble
de
ces
contraintes
résulte
une
plus
grande
qualité
architecturale
et
constructive,
mais
aussi
une
augmentation
des
charges
et
des
coûts
de
construction,
qui
amène
les
bailleurs
sociaux
à
favoriser
les
candidats
locataires
«solvables»...
Le
cercle
est
vicieux.
Cela
nous
oblige
à
nous
poser
les
questions
fondamentales
de
la
justification
de
chaque
espace
;
nous
sommes
conduit
à
la
suppression
de
l’ornementation
gratuite.
Nous
touchons
de
près
à
l’essence
de
notre
métier.
Les
organismes
sociaux
ont
de
plus
en
plus
de
mal
à
réaliser
des
logements
sociaux
à
cause
du
manque
de
terrain,
du
prix
du
foncier
de
plus
en
plus
élevé,
et
cela
malgré
une
demande
de
logement
de
plus
en
plus
importante.
Les
projets
se
font
parfois
«
dans
l’urgence
»,
en
ne
prenant
en
compte
bien
souvent
que
les
impératifs
financiers
et
normatifs
sans
réellement
faire
évoluer
les
plans
types
par
une
conception
d’Architecte
qui
travaillerait
avec
des
concepts
plus
larges
:
Mixité
des
opérations,
travail
sur
les
espaces
communs
ainsi
que
sur
le
prolongement
des
espaces
extérieurs
des
appartements
…
Ceci
nous
amène
à
nous
poser
quelques
questions
:
-‐
En
demandant
aux
logements
sociaux
de
répondre
aux
exigences
normatives
et
fonctionnelles
de
la
«
classe
moyenne
»
en
terme
de
qualité
de
vie,
ne
participons
nous
pas
à
en
exclure
les
classes
les
plus
défavorisées
dont
l’urgence
est
avant
tout
de
disposer
d’un
toit
?
-‐
La
vraie
demande
des
locataires
ou
acquéreurs
n’est-‐elle
pas
un
confort
de
vie
et
d’usage
avant
tout
«
objet
»
architectural
?
Mais
surtout,
quel
est
le
rôle
de
l’Architecte
dans
le
logement
social
?
Ci-contre : le panneau du concours lancé par la Mairie.
Ci-dessous : le plan de masse élargit de la résidence Alba qui montre son
insertion urbaine après un rajout de 4 logements.
N
AEP
+108.50
+107.00
Parcelle N° 393 (Communale)
Non concernée par le PC
15%
Parking Communal
+105.50
voirie à
reprofiler
Olivier
15%
+103.40
±102.89
Tuf
stabilisé
±103.35
+101.80
!5%
+100.50
±103.90
Bâtiment communal
Mairie
Olivier Olivier
Olivier
Olivier
Olivier
Olivier
5%
e
alent
Polyv
s Salle
P.S
Accè
Panneaux solaires
Parcelle
communale
Olivier
Tuf
Tuf
Olivier
Olivier
Olivier
+101.10
P.S
Panneaux solaires
±101.36
Olivier
Olivier
±101.10
571
+101.20
13
12
Olivier
11
10
9
8
7
Olivier
6
3
2
1
4
5
Olivier
Bar Restaurant
: Pietrabugno
Bar
Parcelle N° 2230
Olivier Olivier
Olivier
Olivier
Parcelle N° 385
9
Maître d'ouvrage :
Permis de Construire
Plan masse élargit
Opération :
SCI Ville di Pietrabugno - 10 logements en accession sociale
Résidence Alba
DATE :
Décembre 2011
ÉCHELLE :
1/1000 °
N° du plan :
-
11. 3°_ Posture d’une Architecte
Aller au-delà des attentes
Lorsque
l’on
pose
la
question
«
Pour
vous,
quel
est
le
rôle
de
l’Architecte
dans
le
logement
social
?
»
à
des
maîtres
d’ouvrage
sociaux,
la
réponse
est
:
Il doit répondre aux exigences du maître d’ouvrage en mettant en œuvre ses savoirs
faires (faire le lien entre : exigences programmatiques, urbaines, juridiques,
économiques, sociales, normatives …).
Il
serait
donc
si
simple
de
concevoir
l’habitat
social
?
Je
ne
pense
pas
que
le
rôle
de
l’Architecte
se
résume
simplement
à
cela.
Concevoir
un
bâtiment,
c’est
projeter
une
partie
de
soi.
Mais
l’acte
de
bâtir
n’est
pas
un
acte
égoïste
pour
autant,
surtout
dans
l’habitat
(social
ou
pas
d’ailleurs).
L’Architecture
n’est
ni
une
évidence
ni
une
science
exacte.
Pourtant,
notre
profession
nous
impose
une
rigueur
absolue
dans
tous
les
domaines
qu’englobe
«
cet
art
».
Aujourd’hui,
notre
société
est
entrée
dans
une
demande
d’efficacité
et
de
rentabilité
permanente.
A
nous,
Architectes,
d’aller
au
delà
de
cela,
d’apporter
un
plus.
Echelle XL-L : Problème urbain.
« L’architecture, c’est l’art difficile d’écouter et de comprendre. Pas d’obéir ! Il faut écouter et laisser
venir. C’est pour cela que je considère l’architecture comme un métier corsaire, l’architecte prend pour
restituer. Et pour prendre, il faut écouter. Ecouter non seulement les gens, mais aussi les lieux. Quand
je dois faire un projet, je m’interdis de dessiner avant d’aller sur place, car je sais que le lieux va
parler, il va dire des choses que je vais écouter. »
Renzo Piano, Prix Pritzker 1998
Le
1er
rôle
de
l’Architecte
est
de
construire
dans
la
ville
et
donc
de
participer
à
la
construction
de
la
ville.
L’enjeu
urbain
précède
donc
l’enjeu
architectural,
c’est
un
fait.
Alors
pourquoi
continuons
nous
à
concevoir
des
projet
en
ne
regardant
que
notre
«
parcelle
concernée
»
sans
ouvrir
les
yeux
sur
l’environnement
proche
?
L’implantation
d’un
projet
se
fait
donc
simplement
par
rapport
aux
prospects
imposés
par
les
limites
cadastrales
et
au
règlement
d’urbanisme
?
J’ai
cru
apprendre
durant
mes
études
que
l’architecte
devait
rechercher
le
plaisir
du
lieu,
à
savoir
son
ambiance,
sa
singularité
afin
de
mieux
le
mettre
en
valeur.
Lors
de
la
conception
de
logements,
nous
devons
travailler
sur
la
mise
en
scène
du
quotidien
des
futurs
habitants.
Malgré
une
demande
importante
de
logements
sains,
il
ne
faut
pas
non
plus
sacrifier
la
qualité
et
le
confort
pour
la
quantité
de
logements
construits.
Non
pas
que
qualité
et
quantité
ne
fonctionnent
pas
ensembles,
au
contraire,
c’est
à
l’Architecte
de
répondre
aujourd’hui
à
cette
problématique
en
fonction
de
nos
modes
de
vie.
Autre
«
défi
»
urbain
:
le
respect
de
la
norme
handicapé
en
Corse.
En
effet,
toute
personne
handicapée
doit
pouvoir
aller
partout
ou
va
la
personne
valide
pour
éviter
toute
discrimination.
Le
problème
est
que
en
Corse,
nous
avons
très
rarement
des
terrains
plats.
La
plupart
des
projets
se
font
sur
des
terrains
dont
les
pentes
avoisinent
au
minimum
les
15%
de
pente
et
vont
même
jusqu’à
36%.
Comment
rendre
le
terrain
entièrement
accessible
(pente
à
5%
max)
sans
le
défigurer
ni
augmenter
les
coûts
de
construction
et
de
VRD
?
C’est
justement
là
un
des
défis
de
l’architecte,
avoir
une
réflexion
architecturale
qui
permette
de
faire
sur
le
projet
des
choix
qui
se
traduisent
obligatoirement
par
des
espaces
différents
que
ceux
répétés,
par
facilité,
de
projet
en
projet.
L’Architecte
doit
être
capable
10
12. de
dépasser
les
contraintes
d’urbanisme
et
normatives
dès
l’implantation
d’un
projet
dans
un
site.
Il
doit
convaincre
et
rassurer
le
maître
d’ouvrage.
Cette
démarche
est
difficile
mais
inévitable
pour
l’Architecte
afin
de
pouvoir
continuer
à
répondre
«
en
Architecte
»
à
des
contraintes
urbaines,
financières,
normatives
et
des
programmes
de
plus
en
plus
complexes.
Echelle M-S : La qualité du logement.
La
demande
1ere
des
bénéficiaires
de
l’habitat
social
est
:
de
l’espace
habitable.
En
théorie,
la
surface
est
bien
présente
dans
les
programme
des
maîtres
d’ouvrage
(ex
:
T3
allant
de
65
à
75m2
selon
si
locatif
ou
accession).
Aujourd’hui,
le
bénéficiaire
d’un
logement
social
vit
dans
un
appartement
non
pas
adapté
à
son
mode
de
vie
mais
dans
un
appartement
adapté
aux
handicapés.
Cette
norme
est
une
grande
avancée
pour
l’intégration
dans
la
société
des
handicapés.
Mais
peut-‐on
réellement
accepter
que
beaucoup
d’espace
habitable
soit
«
mangé
»
par
le
«
cercle
»
du
fauteuil
roulant
?
Comment
accepter
un
WC
indépendant
immense
que
l’on
ne
peut
pas
optimiser
grâce
à
un
rangement
pour
le
cas
ou
l’usager
serait
handicapé
quand
le
séjour/cuisine
ne
permettent
même
plus
de
mettre
une
table
à
manger
?
Comment
accepter
que
les
dégagements
fassent
au
minimum
120cm
de
large
de
plinthe
à
plinthe
(donc
123cm
au
moins
!)
quand
certains
séjours
ne
font
que
3m
de
large
?
Le
logement
social
est
la
1ere
victime
de
ces
normes.
Il
est
victime
d’une
énorme
perte
d’âme,
d’habitabilité.
Les
logements
sont
tous
identiques,
comme
figés.
Encore
une
fois,
c’est
un
discours
très
étroit
entre
la
maîtrise
d’ouvrage
et
la
maîtrise
d’œuvre
qui
peut
faire
évoluer
les
choses.
Car
ce
qui
est
bloquant
avec
l’adaptation
de
ces
normes
à
nos
modes
de
vie,
c’est
de
vouloir
continuer
à
faire
des
intérieurs
très
«
conventionnels
»
alors
que
ces
contraintes
devraient
nous
conduire
à
réfléchir
sur
le
fond,
en
ne
prenant
pas
seulement
la
«
forme
»
en
compte.
L’espace
habitable
et
la
qualité
de
vie
est
primordiale
pour
tout
être
humain.
Les
personnes
les
plus
démunies
ont
elles
aussi
le
droit
à
l’habitabilité
de
leur
logement,
en
plus
d’avoir
droit
à
un
toit
sain.
Je
pense
que
c’est
dans
la
conception
de
logements
sociaux
que
notre
rôle
prend
tout
son
sens.
En
effet,
l’Architecte
doit
répondre
aux
exigences
du
maître
d’ouvrage
en
mettant
en
œuvre
ses
savoirs
faires.
Il
doit
faire
le
lien
entre
les
exigences
programmatiques,
juridiques,
économiques,
sociales,
normatives,
tout
en
réfléchissant
à
l’évolution
permanente
des
modes
de
vie
et
donc
d’habiter…
Le
rôle
de
l’architecte
est
de
se
remettre
en
cause
en
permanence
pour
pouvoir
répondre
aux
évolutions
sociales.
Enfin,
il
doit
rationnaliser
l’espace
habitable
des
appartements
par
rapport
au
coût
de
construction,
aucun
m2
ne
doit
être
perdu.
La
seconde
demande
des
bénéficiaires
est
une
réduction
de
leur
facture
en
énergie.
Il
est
en
effet
assez
facile
de
comprendre
que
des
personnes
à
faibles
revenus
aient
du
mal
à
payer
une
facture
de
gaz
très
élevé
parce
que
leur
immeuble
d’habitation
est
mal
isolé.
A
partir
du
1er
janvier
2013,
une
nouvelle
réglementation
thermique
prendra
effet.
La
RT2012
tend
à
aller
vers
des
bâtiments
passifs
et
permettra
de
grandes
économies
d’énergie
à
leurs
occupants.
Aujourd’hui,
le
coût
de
la
RT2012
reste
assez
important
car
cela
est
nouveau
(environ
15%).
Nous
sommes
dans
une
période
charnière
pour
le
logement
social
où,
pendant
quelques
temps,
nous
aurons
quelques
difficultés
de
conception
et
de
budget
mais
c’est
une
grande
avancée
qui
permettra
aux
Architectes
de
réfléchir
sur
le
fond
de
cette
norme
et
de
faire
évoluer
le
logement.
Notre
rôle
n’est
pas
de
prendre
un
plan
type
et
de
le
11
13. redessiner
avec
les
normes
d’aujourd’hui,
mais
de
réellement
aller
au-‐delà
des
attentes
du
maître
d’ouvrage
et
des
futurs
occupants
des
logements.
L’opération
de
10
logements
énoncé
plus
haut,
la
résidence
Alba,
a
été
pensée
dès
le
départ
avec
pour
objectif
de
passer
en
BBC
-‐20%.
Une
bonne
implantation
par
rapport
au
soleil,
aux
vents
dominants
nous
a
déjà
permis,
sans
coût
supplémentaire
pour
le
projet,
de
s’approcher
de
l’objectif,
puis
nous
avons
su
garder
un
bâtiment
«
éclaté
»
et
distribué
par
des
coursives
en
repensant
les
systèmes
de
chauffage
et
d’isolation.
La
conception
architecturale
doit
maîtriser
l’art
du
compromis
:
Compromis
entre
les
besoins
et
les
moyens,
entre
le
rêve
et
la
réalité,
entre
l’environnement
naturel
et
l’environnement
humain,
entre
aujourd’hui
et
demain.
La
résidence
Alba
est
un
projet
que
j’ai
suivi
de
la
phase
de
conception
jusqu’à
l’appel
d’offre.
J’ai
vécu
cette
opération
comme
un
combat
dans
le
dialogue
avec
le
maître
d’ouvrage.
En
effet,
il
attendait
de
la
maîtrise
d’œuvre
que
nous
rendions
le
projet
plus
conventionnel.
Mais
ce
dialogue
étroit
a
été
essentiel
car
il
a
permis
à
la
fois
de
répondre
aux
exigences
de
départ
de
la
maîtrise
d’ouvrage
en
terme
de
programme,
d’enveloppe
financière,
d’exigences
thermiques,
et
à
la
fois
d’aller
au-‐delà
de
ces
attentes
dans
les
volumes
et
la
forme
urbaine
du
projet.
Aller
au-‐delà
des
attentes,
c’est
un
peu
surprendre,
mais
surtout
crédibiliser
notre
profession
en
affirmant
nos
compétences.
N
±103.35
+101.80
"5%
±103.90
5,00 %
+101.10
SL LL
LL SL
Bât A
EDF
LL
Eau
SG
FT
Bât B
150
T3 64.5m!
150
T3 66m!
T4 87m!
T3 77.50m!
T2 50 m!
GAZ
SL
±101.50
Maître d'ouvrage :
Permis de Construire
Annexe 1
RDC
Ci-dessus : Plan du rez-de-chaussée au stade Permis de Construire de la résidence Alba.
12
Opération :
SCI Ville di Pietrabugno - 10 logements en accession sociale
Résidence Alba
DATE :
Décembre 2011
ÉCHELLE :
1/200 °
N° du plan :
-
14. Projet professionnel
On
m’a
toujours
poser
la
question
:
«
Pourquoi
tu
as
voulu
être
architecte
?
Pour
faire
comme
ton
père
?
».
Je
ne
saurai
réellement
expliquer
ce
choix
d’études
et
de
vie
mais
une
chose
est
certaine,
on
ne
fait
pas
ce
métier
pour
«
faire
comme
quelqu’un
d’autre
».
Il
est
vrai
que
j’ai
toujours
été,
depuis
mon
enfance,
dans
une
ambiance
particulière,
entre
les
tables
à
dessin
et
les
rouleaux
de
calques
d’étude…
Alors
inconsciemment
peut-‐être,
lorsque
je
dessinais
ce
qui
serait
«
mon
1er
immeuble
»,
c’était
par
mimétisme.
Mais
je
n’ai
pas
vraiment
eu
la
vocation
de
ce
métier.
J’ai
toujours
été
attirée
par
l’univers
de
la
recherche,
du
dessin,
de
l’esthétique
des
choses,
du
bâtiment,
mais
cet
univers
«
d’homme
»
me
faisait
peur.
J’ai
longtemps
refoulé
cette
envie
profonde
de
devenir
architecte.
Je
ne
sais
pas
ce
qui
m’a
réellement
conduit
à
cette
profession,
mais
lorsque
j’ai
du
faire
un
choix
d’orientation,
je
me
suis
dit
«
essayons
!
»
et
je
ne
regrette
rien
;
c’est
en
moi.
Je
suis
une
personne
timide,
assez
introvertie,
mais
curieuse
et
ouverte
sur
le
monde
et
sur
les
autres.
Ce
métier
est
pour
moi
une
manière
de
projeter
une
partie
de
ma
personne,
mes
envies,
mes
peurs
parfois
…
Ce
qui
fait
que
j’aime
ce
métier,
c’est
cette
remise
en
question
permanente,
cette
recherche
de
vérité
sans
cesse
renouvelée,
ainsi
que
les
aspects
bien
plus
stricts
comme
le
cadre
juridique
et
administratif
dans
lequel
évolue
la
réalité
constructive
de
nos
pensées.
Mes
choix
d’avenir
m’ont
porté
naturellement
vers
un
retour
que
beaucoup
pensent
«
prématuré
»
en
Corse.
Ce
choix,
je
l’assume
et
en
fait
une
force.
Il
n’y
a
rien
de
péjoratif
à
vouloir
travailler
sur
l’île
de
beauté
au
contraire
:
l’île
à
tout
à
craindre
dans
son
rapport
à
la
globalisation,
à
la
mondialisation
;
elle
a
tout
à
gagner
dans
la
valorisation
de
l’humain.
L’agence
dans
laquelle
je
pratique
mon
année
de
mise
en
situation
professionnelle
est
l’agence
A-‐RE-‐A
(Atelier
de
Recherches
Architecturale)
créée
par
Paul
Navari
Architecte
dplg
en
1977.
Il
s’agit
d’une
agence
à
taille
humaine,
constituée
de
deux
architectes
dplg,
mon
tuteur
et
Myriam
Monneraye,
d’un
dessinateur
projeteur
Christian
Rodriguez
et
d’une
secrétaire
de
direction
Simonetta
Valdrighi.
Sur
le
même
palier
se
trouve
un
économiste
du
bâtiment,
Bruno
Tomi,
avec
qui
nous
sommes
en
lien
permanent.
Nous
travaillons
sur
plusieurs
catégories
de
projets
:
projets
d’urbanisme,
ERP,
écoles,
cliniques
vétérinaires,
parkings,
logements
de
standing,
logements
sociaux
…
Ce
qui
fait
la
particularité
de
mon
tuteur,
c’est
sa
perception
politique
et
philosophique
du
rôle
de
l’architecte.
Il
a
été
membre
du
Conseil
de
l’Ordre
des
Architectes,
un
des
fondateurs
et
Président
du
Syndicat
Départemental
des
Architectes
de
Corse
;
il
a
été
aussi
un
des
«
moteurs
»
du
Riacquistu
:
Il
s’agit
de
la
réappropriation
de
leur
environnement
et
de
leur
bâti
par
les
architectes
locaux.
Cela
peut-‐être
perçu
comme
une
facilité
mais
quels
seraient
les
bénéfices
d’une
année
de
mise
en
situation
professionnelle,
et
donc
de
préparation
à
l’Habilitation
en
son
Nom
Propre,
dans
une
agence
autre
que
celle
qui
deviendra
la
mienne
?
De
plus,
où
est
la
facilité
de
reprendre
seule
une
agence
qui
existe
depuis
longtemps,
avec
une
réputation
et
une
image,
et
de
me
l’approprier
en
conservant
le
sérieux
et
la
rigueur
qui
la
caractérise,
tout
en
13
15. y
apportant
«
mon
»
image
et
«
mes
»
valeurs
?
A
moi
aujourd’hui
d’emmener
cette
agence
dans
une
autre
direction,
la
mienne,
non
pas
brutalement
mais
en
douceur…
Lors
de
mon
parcours
scolaire,
j’ai
toujours
effectué
mes
stages
dans
d’autres
agences
afin
de
pouvoir
comparer
ce
que
je
connaissais
et
me
forger
ma
propre
opinion
de
la
conception
du
projet
et
de
la
gestion
d’une
agence.
Entre
Marseille,
Bastia
et
Paris,
j’ai
eu
la
possibilité
de
m’ouvrir
sur
de
nouvelles
perspectives
et
ainsi
prendre
en
compte
toutes
les
dimensions
de
ce
métier.
De
plus,
lors
de
cette
année
de
mise
en
situation
professionnelle,
je
n’aurai
pu
avoir
meilleur
tuteur.
En
effet,
cette
proximité
familiale
a
fait
que
mon
tuteur
m’a
réellement
montré
et
expliqué
les
enjeux
du
métier,
tout
ce
qu’un
autre
tuteur
n’aurait
peut-‐
être
pas
pris
le
temps
de
faire.
Cette
année
de
mise
en
situation
professionnelle
m’a
permis
de
me
confronter
entre
autres
à
la
commande
publique
(concours
de
7000
m2
de
bureaux
à
Bastia
avec
Reichen
et
Robert
et
associé),
au
logement
de
standing
(21
logements
à
Bastia
en
bord
de
mer),
au
logement
social
ainsi
qu’à
la
gestion
d’un
chantier.
Le
métier
d’architecte
est
un
métier
à
part.
L’école
nous
apprend
les
fondements
de
ce
métier
qui
sont
la
culture
et
apprendre
à
raisonner
avec
un
site,
un
programme.
Elle
nous
apprend
aussi
à
développer
une
posture
personnelle.
C’est
un
métier
qui
à
une
temporalité
particulière,
qui
permet
de
varier
les
phases
de
conception
et
de
réalisation,
mais
où
le
raisonnement
que
l’on
met
en
place
permet
toujours
d’atteindre
nos
objectifs.
L’architecte
ne
fini
jamais
d’évoluer
et
de
se
former,
c’est
là
toute
la
beauté
de
ce
métier
en
contact
permanent
avec
de
nombreux
interlocuteurs.
Voilà
plus
d’un
an
maintenant
que
j’évolue
en
tant
qu’Architecte
DE
dans
cette
agence
où
je
me
prépare
à
devenir
associée.
L’Habilitation
à
la
Maîtrise
d’œuvre
en
mon
Nom
Propre
me
permettra
d’être
à
niveau
égal
avec
mes
confrères
de
l’agence
en
terme
de
responsabilités
et
de
pouvoir
travailler
sur
mes
propres
projets.
J’ai
fait
le
choix
d'un
parcours
professionnel
qui
semble
peut
être
évident
mais
que
je
vois
comme
un
défi
à
relever.
Maintenant,
je
sais
que
je
veux
assumer
le
projet
en
tant
qu'auteur,
répondre
de
mes
choix
sur
les
plans
économique
juridique
et
esthétique,
faire
face
à
une
responsabilité
multiple
et
évolutive.
Cette
prise
de
responsabilité
implique
une
mutation
à
laquelle
la
formation
m’a
préparée.
Aujourd’hui,
mon
père
est
âgé
de
63ans.
Sans
être
HMONP,
je
laisse
l’agence
dans
une
sorte
de
fragilité.
En
effet,
je
dois
être
capable
de
prendre
au
pied
levé
toutes
les
responsabilités
et
me
substituer
à
lui
en
cas
d’urgence.
L’agence
travaille
actuellement
sur
beaucoup
de
gros
projets
avec
des
Maîtres
d’Ouvrages
publics.
Grâce
à
l’Habilitation
à
la
Maîtrise
d’œuvre,
je
serai
juridiquement
prête
à
assurer
le
bon
déroulement
des
projets
et
éviterais
une
fermeture
inévitable
de
l’agence,
laissant
3
personnes
au
chômage.
La
transmission
se
ferai
si
nécessaire
le
plus
tranquillement
possible…
Il
ne
faut
pas
voir
la
reprise
de
l’agence
comme
un
héritage
qui
n’évoluera
jamais.
Paul
Navari
et
moi-‐même
sommes
deux
personnalités
différentes.
Je
ne
veux
pas
être
la
«
fille
de
»,
je
suis
prête
à
être
Paola
Navari
Architecte
DE
HMONP.
Reprendre
l’agence
est
une
chose,
pratiquer
mon
métier
en
est
une
autre.
Je
le
pratiquerai
avec
ma
propre
personnalité.
Aujourd’hui,
je
peux
affirmer
mon
désir
de
pratiquer
mon
métier
malgré
l’incertitude
du
contexte
dans
lequel
toute
une
génération
de
jeunes
architectes
exercera.
Nous
sommes
dans
un
monde
en
perpétuelle
évolution,
à
moi
d’en
être
un
acteur
à
part
entière.
Je
pense
que
les
bases
que
j’ai
acquis
durant
cette
année
de
formation
ainsi
que
celles,
peut-‐être
14
16. encore
plus
importantes,
que
j’ai
appris
à
l’école
sont
solides.
Je
ne
peux
prétendre
qu’à
cela
pour
le
moment,
l’architecture
est
un
métier
qui
s’apprend
en
continu.
Cette
mise
en
situation
professionnelle
m’a
permis
de
prendre
du
recul
avec
la
pratique
architecturale
«
étudiante
»
pour
me
guider
vers
le
chemin
de
la
gestion
d’une
agence
et
sa
réalité.
J’ai
pu
faire
face,
grâce
à
l’aide
de
mon
tuteur
et
de
ses
collaborateurs,
aux
difficultés
rencontrées
et
cela
m’a
permis
d’approfondir
mes
connaissances
et
d’élargir
ma
réflexion,
tout
en
m’endurcissant.
Je
crois
pouvoir
aujourd’hui
affronter
la
complexité
et
les
multiples
facettes
de
mon
métier,
car
je
connais
les
outils.
A
moi
de
dégrossir
la
pierre
brute.
Humblement,
je
pense
que
même
si
je
ne
connais
pas
le
but,
je
sais
comment
et
sur
quel
chemin
je
dois
cheminer…
15
17. 3°_ Conclusion
Naissance d’une Architecte
Lors
de
cette
année
de
mise
en
situation
professionnelle,
j’ai
eu
la
chance
de
pratiquer
toutes
les
phases
de
conception
et
de
réalisation.
Mon
travail
a
porté
sur
des
projets
de
différentes
natures
:
-
-
Concours
Conception/Réalisation,
1000
m2
de
bureaux
pour
le
CHU
de
Bastia
avec
l’entreprise
CARI
Etude
et
PC
pour
la
réalisation
d’une
mielerie
de
700
m2
à
Angiolasca
Suivi
d’un
chantier
de
13
logements
de
standing
en
bord
de
mer
à
Bastia
Conception
et
suivi
de
chantier
de
la
réhabilitation
de
la
salle
polyvalente
de
Ville-‐di-‐
Pietrabugno
Suivi
d’un
chantier
de
62
logements
en
accession
sociale
à
Bastia
et
gestion
des
TMA
Etude
et
PC
pour
la
réalisation
de
32
logements
en
locatif
social
BBC
à
Lucciana
Etude
et
PC
pour
la
réalisation
de
21
logements
de
standing
en
bord
de
mer
à
Bastia
Concours
en
association
avec
Reichen
et
Robert
et
associé
(Paris)
pour
la
réalisation
de
7000m2
de
bureaux
pour
le
département
de
la
Haute-‐Corse
à
Bastia.
Je
suis
restée
3
semaines
à
Paris
dans
leur
agence
afin
de
travailler
sur
la
conception
du
projet
Etude
et
PC
pour
la
réalisation
d’une
clinique
vétérinaire
de
450
m2
à
Bastia
Etude
et
PC
pour
la
réalisation
d’une
école
maternelle
et
primaire
à
Centuri
250
m2
Etude,
PC
et
DCE
pour
la
réalisation
de
10
logements
en
accession
sociale
à
Ville-‐di-‐
Pietrabugno
Ce
mémoire
a
pour
but,
en
plus
de
réfléchir
au
rôle
de
l’architecte
dans
le
logement
social,
d’expliquer
et
de
démontrer
la
validité
de
mon
choix
professionnel
à
travers
un
projet
de
logement
social
sur
lequel
je
me
suis
engagée
et
dont
j’ai
pu
assumer
la
conception,
le
PC
et
le
PRO/DCE.
Sur
le
projet
Alba,
dont
j’ai
déjà
exposé
les
particularités
dans
les
parties
précédentes,
je
me
suis
battue
avec
l’aide
du
Maire
pour
conserver
le
parti
urbain
du
concours
ainsi
que
les
volumes
et
travailler
sur
les
espaces
extérieurs.
Afin
de
convaincre
la
maîtrise
d’ouvrage,
j’ai
travaillé
avec
un
économiste,
Bruno
Tomi,
à
toutes
les
phases
du
projet,
mais
surtout
lors
du
PRO/DCE
afin
de
faire
baisser
les
coûts
de
construction
au
maximum,
et
corrélativement
les
prix
de
vente,
tout
en
conservant
l’architecture
et
les
espaces
du
projet.
Pour
cela,
nous
avons
travaillé
l’optimisation
des
matériaux
employé
et
la
mise
en
œuvre
des
détails
constructif
afin
de
garder
l’esprit
du
projet,
ainsi
que
les
proportions
de
certains
éléments
comme
les
dalles
des
terrasses,
les
chéneaux
…
En
parallèle,
j’ai
également
travaillé
avec
un
ingénieur
béton
pour
me
rassurer
sur
certains
choix
constructifs
afin,
encore
une
fois,
de
rester
au
plus
près
du
projet
de
base
et
optimiser
la
structure.
Le
fait
que
ce
projet
doive
répondre
à
la
RT2012
(exigence
du
maître
d’ouvrage),
cela
m’a
permis
de
m’enrichir
auprès
d’un
ingénieur
thermicien.
Avec
lui,
j’ai
pu
parfaire
mes
connaissances
en
comparant
plusieurs
types
de
chauffage
(solaire,
thermodynamique)
ainsi
que
sur
la
meilleure
manière
d’isoler
mon
bâtiment.
16
18. C’est
au
travers
du
projet
Alba
que
je
me
suis
intéressée
à
la
spécificité
du
logement
social.
Lorsque
je
me
réfère
aux
efforts
fournis
par
les
architectes
des
années
70,80
ou
encore
90
sur
le
fond
du
logement
social,
je
me
dis
qu’il
ne
faut
pas
baisser
les
bras
maintenant.
Nous
sommes
une
génération
de
jeunes
architectes
avec
comme
1er
outil,
une
détermination
et
une
volonté
de
faire
évoluer
la
société
dans
le
bon
sens
pendant
cette
période
charnière
ou
l’avenir
est
incertain.
Avoir
réfléchi
sur
le
rôle
de
l’architecte
dans
le
logement
social
ne
signifie
pas
pour
moi
vouloir
pratiquer
uniquement
ce
type
de
projet.
Bien
sur,
c’est
un
thème
qui
me
touche
particulièrement
mais
la
curiosité
qui
m’a
mené
à
cette
réflexion
me
donne
envie
de
réfléchir
à
d’autres
thèmes.
Pour
cela,
j’espère
pouvoir
mener
mon
activité
de
manière
pluridisciplinaire
et
ainsi
nourrir
mes
projets
de
mes
réflexions
qui,
elles
même,
assouvissent
ma
curiosité
permanente.
La
vie
est
faite
d’opportunité
qu’il
faut
savoir
saisir.
Si
l’opportunité
de
travailler
sur
la
commande
publique
continue
de
s’offrir
à
moi,
cela
ne
m’empêchera
pas
de
me
tourner,
à
également
vers
l’habitat
individuel
et
sa
relation
au
paysage,
à
la
territorialité
et
à
la
satisfaction
des
familles…
« La plupart des architectes n’atteignent pas leur vitesse de croisière professionnelle avant l’âge de
cinquante ans ! Un architecte doit être compétant en histoire, en art, en sociologie, en physique, en
psychologie, en science des matériaux, en symbolisme, en processus politique, et dans quantité
d’autres domaines. Il doit également réaliser des bâtiments qui respectent les réglementations,
résistent aux intempéries et aux tremblements de terre, soient pourvus d’ascenseurs et de systèmes
techniques en état de marche, et répondent aux besoins fonctionnels et affectifs complexes de leurs
usagers. Il n’y a peut-être aucune autre profession qui exige d’intégrer un si vaste champ de
connaissances. Apprendre à intégrer cette multiplicité d’aspects en un tout cohérent demande du
temps, et suppose beaucoup d’essais et d’erreurs. »
Zaha Hadid, extrait de « 101 petits secrets d’architecture qui font les grands projets » de Matthew
Frederick
17