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Filozofski fakultet
Odsjek za romanistiku
Valeurs du gérondif
Dodiplomski rad
(Mémoire de licence)
Studentica: Emina Džaferović Mentor: doc.dr. Lejla Tekešinović
Sarajevo, juli 2015.
Valeurs du gérondif
Emina Džaferović
2
Valeurs du gérondif
Emina Džaferović
3
Contenu
Abstrait 4
Introduction 5
Verbe 6
Mode, temps et aspect 8
Les modes du verbe 8
Les temps du verbe 10
L’aspect 10
Participe présent et gérondif 11
Gérondif 13
Construction du gérondif 13
Tout 14
En 15
Valeurs du gérondif 17
Valeur sémantique du gérondif 20
Conclusion 24
Bibliographie 26
Valeurs du gérondif
Emina Džaferović
4
Abstrait
Notre travail représente d’abord le verbe ou plutôt le
domaine du verbe où l’on positionne le gérondif comme
une des formes du verbe. Après, nous parlons des valeurs
du gérondif, les valeurs temporelles et les valeurs
aspectuelles où l’on présente des différents aspects
donnés par différentes grammaires. En conclusion, nous
renforçons la liaison entre la particule en et les valeurs du
gérondif.
Valeurs du gérondif
Emina Džaferović
5
Introduction
Le sujet de notre mémoire représente valeurs du gérondif, une forme impersonnelle
des verbes français. Par exemple :
« En revenant se ranger à la queue des autres hussards restés à quelques
pas en arrière, il vit le plus gros de ces généraux qui parlait à son voisin,
général aussi, d’un air d’autorité et presque de réprimande ; il jurait. »1
Nous commençons de ce qui est un verbe, les modes, les temps et les aspects d’un
verbe. Ici on positionne le gérondif et on continue avec la forme impersonnelle. Avant qu’on
continue avec le gérondif, on reconnait le participe présent qui est souvent confondu avec le
gérondif. Donc, nous consacrons tout un chapitre au participe présent et gérondif.
Après, nous ouvrons le sujet du gérondif où nous présentons la construction du
gérondif aussi bien que l’adverbe tout et la particule en.
L’objectif de notre travail est de relever et de décrire les valeurs du gérondif ce qui est
le chapitre suivant.
Nous croyons que notre mémoire mettra en évidence le rôle sémantique important que
joue le gérondif dans la langue française tout en précisant également sa valeur sémantique
en général.
1
Stendhal, (1839 :49) « La Chartreuse de Parme »
Valeurs du gérondif
Emina Džaferović
6
Verbe
Le verbe est l’une des catégories grammaticales les plus importantes. Il apporte une
information sur le thème et sert alors de prédicat dans la phrase.
Ex. Les hirondelles chantent.
2
Le verbe est un mot de forme variable, qui exprime une action faite ou subie par le sujet, ou
qui indique un état du sujet :
Ex.3
La princesse mourut en quelques heures ; le fils du prince
ne recouvra sa liberté que dix-sept ans plus tard en
montant sur le trône à la mort de son père.
(…) dirent les geôliers en s’en allant (…)
Rougira-t-elle en m’apercevant ?
Le verbe a un rôle central dans la proposition. Le sujet, le complément d’objet, le complément
circonstanciel intégré, le complément d’agent et les attributs s’organisent autour de lui.
En outre, sous ses différentes formes, le verbe peut assumer les fonctions du nom, de
l’adjectif, ou du complément circonstanciel.
Il varie en mode, en temps/aspects, en voix, en personne, en nombre et, parfois, en genre.
L’ensemble de ces formes est appelé « conjugaison ».
Lorsqu’on parle des conjugaisons, il est nécessaire de mentionner qu’une forme verbale se
décompose en deux constituants: le radical (ou la base) et la désinence (ou terminaison) :
dans chantait, on distingue le radical chant- et la désinence -ait.
4
Le radical est l'élément fondamental du verbe: il porte le sens lexical stable du verbe.
Il peut être partiellement ou totalement identique au radical d'un nom ou d'un adjectif:
il reste / le reste; il marche / la marche; il rougit / rouge; il adoucit / doux. Sa forme
est unique pour beaucoup de verbes, notamment ceux du type chanter; elle varie selon
le temps, la personne et le nombre pour certains verbes, notamment les plus fréquents:
il va, allait, ira, qu'il aille. Les variations dues à l'histoire du français ne se sont pas
2
Baccus N. (2004 :63), Grammaire française
3
Les exemples ont été repris de Stendhal (1839 :336, 340), « La Chartreuse de Parme »
4
Riegel M., Pellat J.-C., Rioul R. (1994 :438), Grammaire méthodique du française
thème
prédicat
Valeurs du gérondif
Emina Džaferović
7
toutes maintenues (ancien français: je desjeune / nous disnons; j'espoir / nous
espérons) ; il est remarquable qu'elles subsistent pour les verbes les plus fréquents.
Cela tient à un besoin de différenciation des formes verbales, qui explique la forte
corrélation entre irrégularité et fréquence élevée.
La désinence se soude à la fin de la forme verbale comme un suffixe. Elle apporte des
informations « grammaticales » sur le mode et, éventuellement, sur la personne, le
nombre et le temps. On peut la segmenter à son tour en plusieurs éléments selon les
informations identifiées par comparaison entre les formes verbales : dans chanteras,
on isole un segment -er- (futur ou conditionnel), suivi de -a- (futur), suivi de -s (2e
personne du singulier).
Quand la désinence comporte deux ou trois éléments, la marque de temps précède la marque
de personne et de nombre: dans chant-ai-t, la désinence s'analyse en un élément -ai- marquant
l'imparfait et un élément -t marquant la troisième personne du singulier.
Nous devons mentionner qu’analyse d'une forme verbale n'est pas toujours possible : on ne
peut pas toujours séparer la désinence du radical verbal. Dans fut et eut, on isole seulement
une désinence écrite de personne -t (par opposition à fus, eus), sans pouvoir décomposer le
reliquat fu-, eu-, où radical et désinence sont amalgamés. Dans il a, ils ont, les formes a et ont
sont inanalysables, même si l'on reconnait dans la seconde un -t de personne.
Valeurs du gérondif
Emina Džaferović
8
Mode, temps et aspect
Le terme de mode5
a en linguistique au moins deux acceptions essentielles. La
première et la plus répandue est celle de mode de division (de classification) des formes
verbales. C'est ce que l'on entend par 'mode' lorsqu'on parle de l'existence de quatre modes
personnels (l'indicatif, le conditionnel, le subjonctif et l'impératif) et de trois modes non
personnels (l'infinitif, le participe, le gérondif). La seconde acception fait de ce terme un
synonyme de modalité que l'on définit comme un constituant de la phrase qui caractérise les
rapports entre le locuteur et son énoncé.
Les modes du verbe
Les modes constituent des cadres de classement qui regroupent chacun un certain nombre de
formes verbales. On distingue cinq modes en français: l'indicatif, le subjonctif, l'impératif,
l'infinitif et le participe (auquel on associe le gérondif). 6
Le conditionnel, considéré
traditionnellement comme un mode, est traité aujourd'hui par les linguistes comme un temps
de l'indicatif, en raison de ses caractéristiques formelles et sémantiques. La définition
traditionnelle des modes s'appuie sur la notion de modalité: les modes expriment l'attitude du
sujet parlant à l'égard de son énoncé; ils manifestent différentes manières d'envisager le
procès. Ainsi, l'indicatif le présente dans sa réalité (Il est venu), par opposition au subjonctif
qui l'apprécie dans sa virtualité (Qu'il vienne); l'impératif le présente sous la forme directive
d'un ordre ou d'une prière (Venez). L'identification des modes aux modalités ne permet pas de
caractériser chacun d'eux par des propriétés vraiment distinctives. En premier lieu, on ne voit
pas quelles modalités pourraient être exprimées par l'infinitif et par le participe. Et surtout, les
modes du verbe et les modalités ne coïncident pas. Une même modalité peut s'exprimer de
différentes façons, au moyen de modes et de structures de phrases différents; on peut ainsi
exprimer l'éventualité soumise à une condition par des constructions et des modes
grammaticaux divers:
- 7
Si vous preniez une aspirine, vous n'auriez plus mal à la tête.
- Prenez une aspirine, vous n'aurez plus mal à la tête.
- Vous prenez une aspirine et votre migraine s'en va.
- En prenant une aspirine, vous n'aurez plus mal à la tête.
5
T.Cristea (2005 :238)
6
Riegel M., Pellat J.-C., Rioul R. (1994 :510)
7
Ibid, p. 511
Valeurs du gérondif
Emina Džaferović
9
- Il suffit de prendre une aspirine pour ne plus avoir mal à la tête.
Inversement, un même mode peut exprimer diverses modalités. Selon la tradition, le
subjonctif peut exprimer la volonté, le souhait, le doute, la crainte:
Je veux / souhaite / doute / crains qu'il vienne.
Or, ces différentes modalités sont ici déterminées par le contexte, en l'occurrence le verbe
principal appelant le subjonctif.
En réalité, un mode n'exprime pas en soi la modalité, même s'il peut y contribuer. C'est cette
confusion qui explique l'introduction en français d'un mode conditionnel, qui envisage le
procès comme « soumis à une condition » :
« Si j’étais né noble, répondit le Rassi avec toute l’impudence de son métier, les parents des
gens que j’ai fait pendre me haïraient, mais ils ne me mépriseraient pas. »8
Pourtant, la condition exprimée par une subordonnée hypothétique est loin de rendre compte
de tous les emplois du conditionnel. Et si l'on voulait traiter le conditionnel comme un mode,
il faudrait en faire de même du futur, qui lui est parallèle: le futur serait alors le mode du
probable, de l'éventuel, par opposition au conditionnel, mode de l'hypothèse ou de l'irréel. À
la limite, on pourrait imaginer une langue où à chaque modalité correspondrait un mode du
verbe. On oppose :
Les modes personnels, qui distinguent les personnes au moyen de désinences
spécifiques, totalement (l'indicatif et le subjonctif), ou partiellement (l'impératif).
Mais ces trois modes ne situent pas de la même façon le procès dans le temps:
l'indicatif, qui possède le système temporel le plus complet, est le seul à pouvoir
situer le procès dans les trois époques (passé, présent et futur), alors que le subjonctif
est plus limité en formes temporelles et que l'impératif est essentiellement tourné vers
le futur.
Les modes impersonnels et intemporels, qui ne possèdent pas de désinences pour
distinguer des personnes: l'infinitif et le participe (et le gérondif). Ces modes ne sont
pas aptes non plus à situer le procès dans le temps: c'est le verbe personnel dont ils
dépendent ou le contexte qui assurent le repérage temporel. On considère également
l'infinitif et le participe comme des formes nominales du verbe: le premier possède
certaines propriétés du substantif, le second partage des caractéristiques communes
avec l'adjectif qualificatif. Le gérondif, quant à lui, se rapproche de l'adverbe.
8
Stendhal, (1839 :231)
Valeurs du gérondif
Emina Džaferović
10
Les temps du verbe
Chaque mode comporte différents « temps ». Le terme temps est très ambigu en
français, car il peut désigner le concept de temps ou la forme grammaticale qui l'exprime;
certaines langues distinguent ces deux sens à l'aide de deux termes distincts, respectivement
time et tense (anglais), Zeit et Tempus (allemand). Il est indispensable de distinguer les deux
« temps » possibles, car le temps dénoté et le temps grammatical ne coïncident pas
nécessairement. Une même époque peut être indiquée par des temps verbaux différents et,
inversement, un même temps verbal peut situer le procès dans des époques différentes. Ainsi,
l'imparfait de l'indicatif peut situer le procès dans n'importe laquelle des trois époques:
• 9
Cet homme parlait à la femme de chambre des blessures qu’il avait reçues. (passé)
• Si tu étais ici, quel bonheur ! (actuel)
• 10
S'il se défendait, il appellerait. (futur)
Les appellations des temps du verbe ne correspondent donc pas forcément aux temps de la
réalité dénotée. Il est difficile de parler de « présent » pour les modes impersonnels comme
l'infinitif, qui ne distinguent pas par eux-mêmes les époques et qui peuvent évoquer un procès
aussi bien à venir que passé.
11
L'aspect
L'aspect est la manière dont s'expriment le déroulement, la progression,
l'accomplissement de l'action. Cela se marque notamment dans l'opposition entre l'indicatif
imparfait et le passé simple, l'action étant considérée comme inachevée dans un cas, comme
achevée dans l'autre. Cela est réalisé aussi par les temps composés, qui expriment l'accompli
- j'ai parlé / je parle.
L'aspect se manifeste en outre par les semi-auxiliaires (§§ 819-821), ou encore par des
suffixes (buvoter opposé à boire) ou des préfixes (retravailler) ou par le sens même des
verbes.
9
Stendhal, (1839 : 447)
10
Andre Malraux (1933 : 6)
11
M.Grevisse, A.Goose (1993 : 981)
Valeurs du gérondif
Emina Džaferović
11
Participe présent et gérondif
En travaillant sur ce mémoire-ci, nous avons consulté plusieurs grammaires, mais nous
voudrions séparer et accentuer la notion du gérondif dans les quatre12
grammaires françaises.
En général, le gérondif et le participe présent sont mentionnés dans le même chapitre.
Homonymes par leur radical verbal [V] et leur désinence invariable [-ant], elles ne sont pas
toujours faciles à distinguer. Morphologiquement le gérondif a pourtant un syllabe de plus
que le participe présent, notamment la particule en. En plus, la construction gérondive, c’est-
à-dire la relation entre le gérondif et son verbe régissant, demande le plus souvent un élément
de dynamisme. Le participe présent n’est pas soumis à cette contrainte.
Syntaxiquement, le gérondif et le participe présent assument des fonctions différentes.
Le gérondif est la forme adverbiale du verbe. En tant que forme adverbiale, il est une forme
régie et subordonnée par le verbe régissant de la phrase. Le participe présent, de son cote, est
la forme adjectivale du verbe, rattachée à un support nominal. Contrairement au gérondif, il
ne peut pas assumer la fonction de complément circonstanciel.
En tant que formes verbales, et contrairement à l'adjectif, ils sont susceptibles13
:
1. d'avoir des compléments d'objet et d'autres compléments spécifiques au verbe;
2. d'être mis au passif et
3. d'exprimer certaines nuances temporelles.
Le participe présent en tant qu’attribut libre détaché et antéposé peut, sous certaines
conditions, alterner avec le gérondif, et c’est justement ce cas de figure du participe présent
qui est présenté pour souligner les convergences entre les deux formes. Il est vrai que le
participe présent dans cette position est très employé dans toute sorte de textes aujourd’hui. Il
faut pourtant comparer les autres fonctions du participe présent à celles du gérondif pour
montrer que les divergences entre les deux formes sont encore plus frappantes. Dans aucun
autre cas de figure, le participe présent ne peut remplacer le gérondif ou vice versa.
Mon impression, après avoir lu les exposés des grammaires ci-dessus, est que le gérondif n’a
pas été pris au sérieux par les grammairiens traditionnels. L’on aperçoit immédiatement la
12
M.Arrivé, F.Gadet, M.Galmiche (1986), La grammaire d'ajourd'hui – guide alphabétique de linguistique
française
M.Grevisse, A.Goose (1993), Le bon usage – grammaire française
M.Riegel, J.-C.Pellat, R.Rioul (1994), Grammaire méthodique du française
K.Togeby (1983), Grammaire française (vol.3)
13
M.Grevisse, A.Goose (1993 : 1145)
Valeurs du gérondif
Emina Džaferović
12
tradition très forte de traiter le gérondif et le participe présent ensemble. Le bon usage –
grammaire française voit avant tout les ressemblances entre les deux formes. D’après ce que
je peux voir, La grammaire d’aujourd’hui – guide alphabétique de linguistique française et
Grammaire méthodique du français sont celles qui précisent clairement les différences
syntaxiques entre le gérondif et le participe présent. Une question intéressante qu’aborde La
grammaire d’aujourd’hui est la « concurrence » entre le gérondif et l’infinitif.
Valeurs du gérondif
Emina Džaferović
13
CONSTRUCTION DU GÉRONDIF
en + participe présent = gérondif
en + parlant = en parlant
CONSTRUCTION DU PARTICIPE PRÉSENT
On part de la premiere personne du pluriel du
present. On ajoute –ant au radical.
Ex. Nous aim-ons → aim-ant = aimant
Ex. Nous lis-ons → lis-ant = lisant
Trois exceptions de la règle pour la
construction du participe présent :
être → étant
avoir → ayant
savoir → sachant
Gérondif
Nous avons déjà introduit la différence entre le participe présent et le gérondif dans le chapitre
précédant. Ici, on présente les généralités sur gérondif.
« Le gérondif est tout simplement la combinaison de la préposition en avec le participe
présent en fonction adverbiale. »14
Construction du gérondif
Le gérondif, qui a la même forme que
le participe présent et qui est invariable
comme lui, est généralement construit
avec la préposition en (elle-même pouvant être précédée de l'adverbe tout). Il se rapporte
d'ordinaire à un nom ou à un pronom de la phrase, lesquels sont les agents de cette forme
verbale, mais, en même temps, détaché qu'il est de ce nom ou de ce pronom, il équivaut
souvent à un complément adverbial (de temps, de
manière, etc.) :
 « Cet officier, jeune réquisitionnaire assez
leste, possédait pour tout bien, en entrant
dans ce Palais, un écu de six francs qu’il
venait de recevoir à Plaisance. »15
 « Tout en tournant mes phrases, je voyais, dans une salle à manger toute de marbre,
douze laquais et des valets de chambre
vêtus avec ce qui me semblait alors le
comble de la magnificence. »16
 « Il trouva le document, conserva le
portefeuille, traversa la chambre presque
en courant, ferma à double tour, mit la clef dans sa poche. »17
Nous parlons du gérondif tout le temps se référenciant au gérondif simple. Donc, il existe
aussi le gérondif composé18
.
14
K.Togeby (1983:48)
15
Stendhal, (1839 : 9)
16
Ibid, p. 9
17
Andre Malraux, (1933 : 11)
Valeurs du gérondif
Emina Džaferović
14
DEUX TYPES DU GERONDIF :
 Gérondif simple (gérondif présent)
o en + participe présent
en + parlant = en parlant
 Gérondif composé (gérondif passé)
o en + participe présent d’auxiliaire avoir ou d’auxiliaire être + participe passé
en + étant + arrivé = en étant arrivé
en + ayant + vendu = en ayant vendu
Dans le français contemporain, le gérondif est considéré comme une forme verbale
impersonnelle composée à l’aide d’une préposition (particule) en qui précède la forme
verbale invariable de désinence –ant qui s’ajoute à la base verbale de la première personne
du pluriel du présent de l’indicatif :
Réagir → nous réagiss-ons → en réagissant
Manger → nous mange-ons → en mangeant
19
Le gérondif opère l’insertion, en tant que localisateur, d’un procès dans une relation inter-
procès, indépendamment de toute détermination de celui-ci autre que sa mention notionnelle.
Un verbe au gérondif n’a ni conjugaison, ni détermination aspect-temporelle autonome. Il
puise l’une et l’autre du procès qu’il localise.
Dans le gérondif, la fonction de en composé au verbe au participe présent est de fonder ce
verbe comme un procès localisateur dont la propriété est de ne se déterminer qu’en fonction
du procès qu’il localise. En outre, le participe présent ainsi constitué comme localisateur se
comporte, à travers cette mise en relation, comme un intérieur ouvert, du fait du
fonctionnement spécifique de en.
Tout
La préposition en peut être, elle-même, précédée par l’adverbe tout. En général,
les grammaires annoncent que tout précédant le syntagme gérondif souligne sa simultanéité
ou marque une opposition ou une concession : « en faisant précéder en de l’adverbe tout, on
souligne la simultanéité, le contexte suggérant souvent une nuance d’opposition »20
. Il est
18
Chevalier, J.C., Blanche-Benveniste, C., Arrivé, M., Peytard, J., (1964 : 374)
19
Franckel J.J. « Etude de quelques marqueurs aspectuels du français », (1989 :168)
20
Grevisse, M. Le Bon usage. Paris : Ducolot, (1993 :1152-1153)
Valeurs du gérondif
Emina Džaferović
15
nécessaire de connaître le contexte sinon la construction peut paraître douteuse. O. Halmøy21
préfère utiliser plutôt le mot blocage au lieu de concession et le mot discordance au lieu
de opposition (de adversité)22
.
23
Tout en travaillant, il ne réussit pas.
Elle eut un geste de recul et voulut s’enfuir. Mais la vieille l’en empêchait tout
en la fixant de ses yeux perçants.
En
Dans le passé, c’est-à-dire pendant la période de l’ancien français et du français
classique, l’emploi de en était souvent négligé, ce qui peut être, également de nos jours, le cas
dans la langue littéraire :
24
– Justin, répondis-je, pesant les mots, je ne sais pas ce qui pourrait empêcher.
(Duhamel, G., Vue de la terre promise)
À présent, le gérondif est nécessairement composé de trois morphèmes : la préposition
en, un radical du verbe et la désinence –ant. Il est ainsi généralement impossible de rencontrer
le gérondif sans particule en comme c’était possible auparavant, jusqu’au XVIIIe
siècle.
Aujourd’hui le gérondif se distingue nettement du participe présent par l’utilisation de ce en.
Pourtant le statut de en dans le syntagme gérondif n’est pas très clair. Les linguistes se
divisent en deux groupes à propos de cette problématique : certains considèrent en comme
préposition, en s’appuyant sur la diachronie. Suivant cette opinion, en a évolué de la
préposition latine in, il reste toujours une préposition comme il pouvait auparavant commuter
avec d’autres prépositions (pour, à, de, par…). De cela vient l’opinion de certains linguistes
pour lesquels le gérondif n’est qu’une variante combinatoire de l’infinitif prépositionnel25
.
Cependant, du point de vue synchronique, d’autres auteurs traitent le en comme seul
marqueur de la fonction du gérondif comme c’est le cas de de dans Il est interdit de fumer ;
d’autres le considèrent même comme un préfixe du gérondif (M. Haspelmath)26
. La linguiste
O. Halmøy pense plutôt « à un cas de grammaticalisation en voie d’achèvement où en n’a
21
Halmøy, O. Le Gérondif en français. Paris : Ophrys, 2003
22
Ibid., p. 125–139.
23
Les deux exemples ont été repris de Grevisse, M. (1993:1152–1153)
24
Ibid.
25
Arrivé, M. ; Godet, F. ; Galmiche, M. (1986 : 297–298)
26
« French en in en chantant could perhaps be regarded as a prefix » voir Haspelmath, M. The Converb as
a cross-lingvistically valid category. In Haspelmath, M. & E. König (éd.). Converbs in cross-linguistic
perspective. Berlin: Mouton de Gruyter, 1995, p. 9.
Valeurs du gérondif
Emina Džaferović
16
qu’un sens très affaibli »27
. Mais, parce que la préposition en a une description sémantique
très large, il est difficile de déterminer son vrai statut dans le gérondif.
Nous penchons pour l’opinion que en n’a pas perdu son statut de préposition et que
c’est surtout son contenu sémantique temporel de préposition qui souligne la valeur
circonstancielle de simultanéité du gérondif28
. En effet, le contenu sémantique de en et celui
du gérondif se recouvrent : en introduit souvent un grand nombre de compléments de manière
(en gros, en silence…) et il marque l’aspect duratif (en été, en trois minutes…) et peut alterner
avec à temporel pour marquer cet aspect duratif (en ce moment = à ce moment-là)29
. Ces
valeurs de la préposition en sont aussi les valeurs principales du gérondif. Il y a ainsi un
certain parallèle entre des valeurs de en et celle du gérondif. Il nous semble donc que par la
réunion de en avec le « participe », les sémantismes des deux se combinent et se renforcent
l’un l’autre pour faire émerger la valeur circonstancielle, la temporalité de simultanéité et
l’aspect inaccompli typiques pour le gérondif. Pour cela, nous dirions que en conserve ses
valeurs de préposition dans le gérondif.
27
Halmøy, O. (2003 : 62–63)
28
Riegel, M. ; Pellat, J.-Ch. ; Rioul, R. (2009 : 591–592)
29
Ibid., p. 642–645.
Valeurs du gérondif
Emina Džaferović
17
Valeurs du gérondif
Un verbe au gérondif est susceptible de prendre des valeurs qui varient en fonction de
différents facteurs, parmi lesquels celui de son positionnement dans l’énoncé est l’un des plus
facilement observables.
En général, on peut distinguer deux classes des valeurs que gérondif peut avoir. Ce sont :
 valeur de temps30
 valeurs circonstancielles (parmi lesquelles on distingue valeur de cause, de moyen ou
de manière et valeur de condition).
Néanmoins, il n’est pas tellement facile de distinguer toujours les valeurs ci-dessus. Donc,
parfois, il s’agit des valeurs composites.
« En faisant très attention, nous pouvons
nous servir d'eux, c'est tout. »31
valeur de
condition
Si nous faisons très attention,
nous pouvons…
« En passant devant le vestiaire, Kyo
regarda l'heure : deux heures du matin. »32
valeur de
temps
pendant qu’il passait devant…
En position antéposée, le gérondif peut prendre tantôt une valeur de repère temporel :
« En passant devant le vestiaire, Kyo regarda l'heure : deux heures du matin. »33
tantôt une valeur de cause :
« Il prenait fort au sérieux le renseignement de Clappique : celui-ci avait sauvé, à Pékin, en
le prévenant que le corps de cadets dont il faisait partie allait être massacré, l'Allemand qui
dirigeait maintenant la police de Chang-Kaï-Shek, Kônig. »34
tantôt des valeurs composites35
:
« En voyant Clappique sortir de la brume, il avait eu la révélation de sa propre folie. »36
En position postposée, le gérondif peut être facilement associé à une valeur de « complément
de manière » :
30
Bien que la valeur de temps soit considérée par quelques grammaires en tant que valeur circonstancielle, il
existe aussi l’opinion que la valeur de temps représente une catégorie séparée d’autres catégories aspectuelles
(Amourette, C. n°19, 2006, p. 234–256)
31
Ibid, p. 134
32
Ibid, p. 24
33
Ibid., p. 24
34
Ibid., p. 195
35
Des valeurs composites sous-entendent plusieurs valeurs en même temps comme dans ce cas-ci : la valeur
temporelle et la valeur de cause
36
Ibid, p. 264
Valeurs du gérondif
Emina Džaferović
18
« Il lui tendit le papier, alluma son briquet en le protégeant de la main. »37
ou de « complément de cause » :
« En mettant tout au pire, avec cette police, j'ai une heure devant moi, pensa Kyo. Tout de
même, ça vat-il durer longtemps?»38
(J’ai une (seulement) heure devant moi, car tout était mis au pire, avec cette police.)
39
La position respective de la proposition au gérondif (désormais notée PG) et de la position
principale (désormais notée PP) est directement liée au type de repérage qui les articule. La
proposition placée en tête d’énoncé tend à prendre la fonction de repère.
La fonction propre du gérondif se manifeste de façon radicalement différente selon que PP est
postposé ou antéposé.
En antéposition, PG fonctionne comme repère dans un repérage interpropositionnel.
Postposé, son fonctionnement est intrapropositionnel. Il joue non plus le rôle d’un repère mais
celui d’un spécifiant.
Du point de vue morphologique, le gérondif n’a pas de marque temporelle ni
personnelle (même si sur le plan « virtuel », il est possible de lui attribuer un sujet40
et une
valeur de temps qui sont implicitement présents en lui tout comme dans l’infinitif).
Le gérondif n’est ainsi pas capable d’exprimer par lui-même la situation temporelle.
Ce n’est qu’à partir du contexte qu’émergent ses caractéristiques temporelle et aspectuelle41
.
Pour cette raison le gérondif doit chercher dans le contexte un repérage par rapport auquel il
obtient sa valeur temporelle et aspectuelle. Ce repérage est le plus souvent un autre procès,
c’.-à-d. celui exprimé par le verbe principal42
. En général, les grammaires affirment que le
gérondif exprime le procès simultané et inaccompli par rapport au procès désigné par son
verbe régissant (VR) : « il indique un procès en cours de réalisation, simultané par rapport au
procès exprimé par le verbe principal (Il travaille en chantant) »43
. La valeur de simultanéité
37
Ibid, p. 32
38
Ibid, p. 27
39
Franckel J.J. (1989 : 170)
40
Moignet, G. (1981 : 69–70)
41
Amourette, C. L’expression du temps et de l’aspect par le participe présent et le gérondif. In Travaux
linguistiques du Cerlico, n°19, 2006, p. 234–256
42
Ibid.
43
Riegel, M. ; Pellat, J.-Ch. ; Rioul, R. (2009 : 592)
Valeurs du gérondif
Emina Džaferović
19
est aussi bien compatible avec la préposition en formant le gérondif. On a reconnu trois
types44
de temporalité du gérondif :
1. Le gérondif exprime le procès coïncidant au procès exprimé par la principale :
les bornes initiales et finales des intervalles de référence du procès au gérondif et du procès
dont il dépend sont coïncidentes.
Nous reconnaissons deux cas de cette coïncidence :
A) les procès sont liés par une relation référentielle de co-appartenance à une même
vue, c’est-à-dire que les procès se déroulent tous les deux dans une même époque. Par
exemple :
45
« Ce fut en jurant qu’il mangea son chocolat. »
B) les procès sont liés par une relation d’identité référentielle, c’est-à-dire que les
procès sont signalés par une synonymie, une hyperonymie ou une hyponymie. Par exemple :
« Trois dames parurent, s’effarèrent, traversèrent en fuyant à petits pas. »
Dans ces cas-là, le procès exprimé au gérondif détermine celui de la principale à la
façon d’un complément de manière (de moyen, de concomitance, de repère temporel, de
concession).
2. Le gérondif désigne un procès antérieur par rapport au procès de la principale – la
borne initiale de l’intervalle du procès au gérondif est antérieure à celle du procès
principal. C’est le cas de la causalité ou le cas où les procès ne peuvent se dérouler
simultanément pour des raisons pragmatico-référentielles. Par exemple :
« Alors, en se retournant, Claude aperçut Chaîne agenouillé près du poêle, achevant
de dépailler un vieux tabouret pour enflammer le charbon. »
3. Le gérondif désigne un procès qui recouvre un procès de la principale. Dans ce
cas-là, le gérondif n’a pas une valeur circonstancielle comme dans les cas précédents,
mais il s’agit plutôt du cadre temporel au procès principal.
« Le pis était qu’en passant sur le quai, elle venait d’acheter cette botte de roses… »
Par contre, G. Kleiber affirme que le gérondif peut exprimer la postériorité logique, c’.-à-d. en
cas où le gérondif dénote la conséquence, le but, la finalité, le résultat ou l’effet, parce qu’une
action postérieure ne peut localiser temporellement une action antérieure46
.
44
Amourette, C. n°19, 2006, p. 234–256
45
Cet exemple ainsi que les exemples suivants sont tirés de : Amourette, C. L’expression du temps et de l’aspect
par le participe présent et le gérondif. In Travaux linguistiques du Cerlico, n°19, 2006, p. 234–256.
Valeurs du gérondif
Emina Džaferović
20
Concernant la simultanéité du G, G. Kleiber est d’avis que la simultanéité n’est pas
un trait intrinsèque du gérondif47
. Il part de l’hypothèse que
le G + le verbe ≈ avec + SN48
ou N
Il s’agit ainsi d’une composition, c’est-à-dire que le gérondif conduit à créer une union ou
association de deux procès qui n’est pas de type jointive, mais intégrative. On parle donc de
l’intégration d’une prédication dans l’autre et cette union de résultat fait émerger une
interprétation circonstancielle d’où naît la valeur temporelle (simultanéité ou antériorité) du
gérondif. Il ajoute que dans la plupart des emplois s’effectue la simultanéité, parce que la
plupart des emplois circonstanciels que connaît le gérondif ne se comprennent que s’il y a
simultanéité.
Pour conclure, nous affirmons que le gérondif marque le plus souvent un procès
simultané par rapport à un autre procès, généralement comme se déroulant en un même lieu,
sa valeur aspectuelle est typiquement inaccomplie, le procès est exprimé dans son
déroulement sans préciser les bornes finales ni initiales. Par contre, le gérondif n’est pas
capable d’exprimer un procès postérieur par rapport au procès de la principale comme l’est
capable le participe présent.
Valeurs sémantiques du gérondif
La construction gérondif (CG) formée du gérondif et de son verbe régissant exprime la
relation entre deux procès. Le premier est exprimé par le verbe régissant et le second est
exprimé par le gérondif. L’action exprimée par le gérondif est conçue comme l’action
accompagnant celle qui est exprimée par le verbe régissant : « Une image du temps qui
comporte une part d’accompli et une part d’accomplissement est adéquate à inclure en elle le
déroulement d’une tension verbale concomitante, avec des effets de sens de simultanéité des
deux procès (...) »49
. Généralement, les grammaires affirment que cette concomitance
exprimée par le gérondif peut avoir une valeur essentiellement temporelle ou se charger
d’autres valeurs selon le contexte, ce sont la circonstance de manière, de moyen, de condition,
de cause ou d’opposition. Voici la liste typique des effets de sens que proposent la plupart des
grammaires:
46
Kleiber, G. La question temporelle du gérondif : simultanéité ou non ? In Travaux linguistique du Cerlico, n°
20, 2007, p. 109–123.
47
Ibid.
48
SN = le syntagme nominal, N = le nom.
49
Moignet, G. (1981 : 69–70)
Valeurs du gérondif
Emina Džaferović
21
« Tout en écoutant son mari qui parlait d’un air
grave, l’œil de Mme de Rênal suivait avec inquiétude
les mouvements de trois petits garçons.»50
-
(opposition)51
(Bien qu’elle ait écouté son mari qui parlait d’un air
grave, l’œil de Mme de Rênal suivait avec inquiétude
les mouvements de trois petits garçons.)
« En arrivant à Amiens il souffrait beaucoup du coup
de pointe qu’il avait reçu à la cuisse. »52
- (valeur
purement temporelle)
« En disant ces paroles il veut forcer le passage et
pousse le vieux colonel qui tombe assis sur le pavé du
pont. »53
- (moyen)
« (…) le comte peut, en gémissant, contresigner un décret infâme, mais il a de l’honneur. »54
- (manière)
« Mais comme elle aperçut que ce nom de Fabrice faisait une impression pénible, elle ajouta
après un moment de repos et en serrant légèrement la main du comte : (…) »55
- (manière)
« (…) mais enfin si je ne puis rien obtenir, même en sacrifiant un peu de ma dignité, je plante
là cet homme (…) »56
- (condition)
« (…) un bourgeois tel que vous, envoyant de l’argent à son ami en prison, croit se ruiner en
lui donnant dix sequins (…) »57
- (condition)
« Au sortir de chez la princesse Isota, qui avait grandement rougi en recevant l’aveu de la
passion du premier ministre (…) »58
- (cause)
Néanmoins, la linguiste O. Halmøy traite cette question plus en détail, elle simplifie et
systématise considérablement ces énumérations des effets de sens. Elle affirme qu’au sein
50
Stendhal, (1830 : 12)
51
Le gérondif exprime l’opposition surtout dans les cas où il est précédé par l’adverbe tout
52
Stendhal, « La Chartreuse de Parme » (1839), Édition du groupe « Ebooks libres et gratuits », p. 87
53
Ibid., 81
54
Ibid., 308-309
55
Ibid., 313
56
Ibid., 318
57
Ibid., 332
58
Ibid., 334
Valeurs du gérondif:
- valeur temporelle
(valeur de temps)
- valeurs aspectuelles
(circonstancielles)
 moyen
 maniere
 opposition
 condition
 cause
Valeurs du gérondif
Emina Džaferović
22
de la CG, il peut s’instaurer deux types principaux de relations entre le verbe régissant (VR) et
le syntagme gérondif (SG) qu’elle nomme la configuration A et la configuration B et auxquels
s’ajoutent leurs sous-types A’ et B’ ainsi qu’une valeur purement temporelle :
1. Configuration « A » : la relation qui s’y impose entre le gérondif et le verbe
régissant exprime la cause, la condition ou le moyen. Dans ce cas-là, la relation
gérondif-VR est toujours orientée dans le temps et les actions exprimées sont
dans un rapport de dépendance. Le gérondif exprime ainsi le procès
logiquement antérieur au procès principal. Par exemple :
« Il essayait de réchauffer ses pieds en les frottant entre ses mains. »
(Dai Sije)59
1.1 Configuration « A’ » représente le sous-type de la configuration A. Il
s’agit de la relation d’inclusion ou d’équivalence : le VR, abstrait,
imaginé, métaphorique est « hyperonymique » par rapport au SG, dans
la mesure où le SG en constitue une réalisation concrète, possible parmi
d’autres. La frontière entre la catégorie « A » et « A’ » n’est pas
toujours nette60
. Par exemple :
« Prudent, le ministre de la défense a jeté l’éponge en décidant la fin
de ces opérations qualifiées par les militants pacifistes de ‘nettoyage
ethnique’. » (Le Monde)61
2. Configuration « B » : au sein de la CG s’instaure la relation de concomitance
(circonstance d’accompagnement). Contrairement au type A, le procès exprimé
par le G ne connaît donc aucun rapport logique avec celui exprimé par le VR.
Par exemple :
« Le chef faisait les cent pas en fumant sa pipe en bambou. » (Dai Sije)62
2.1 Configuration « B’ » : représente le sous-type de la configuration B.
Dans ce cas, il y a la relation d’hyponymie (manière) dans la CG.
Le verbe régissant et le G expriment une seule action, il y a une
coïncidence totale des deux prédicats. Le verbe de la construction
gérondive est en relation d’hyponymie avec son verbe régissant en
59
Halmøy, O. (2003: 97)
60
Ibid., p. 100.
61
Ibid., p. 99.
62
Ibid., p. 101.
Valeurs du gérondif
Emina Džaferović
23
précisant la manière, le verbe régissant est soit le verbe de parole soit le
verbe de déplacement, par exemple :
« Je prononçai la phrase finale en imitant la voix off sentimentale et
fatale. » (Dai Sije)63
3. Repère temporel : si la relation entre deux actions au sein de la CG est
purement temporelle, il s’agit de « repère temporel ». O. Halmøy a repris cette
désignation de H. Gettrup : « si la relation entre deux actions au sein
du syntagme gérondif est purement temporelle, il s’agit de ‘repère temporel’
»64
. Par exemple :
« Je la retrouve en descendant dans la cuisine. » (Gavalda)65
Par sa nature, la proposition incise (PI) implique premièrement les syntagmes
gérondifs (SG) de configurations B et B’, c’est-à-dire les cas où le G décrit une circonstance
d’accompagnement du VR, souvent la manière. À propos de cela, O. Halmøy mentionne :
« la configuration B est très fréquente dans les œuvres de fiction, et tout particulièrement dans
les propositions en incise, de type dit-il en riant »66
, et elle ajoute plus loin à propos de la
configuration B’ que « les propositions en incise présentent de nombreuses occurrences de ce
cas de figure »67
. Elle ajoute que le gérondif est toujours rhématique dans ces syntagmes ; il
porte le contenu sémantique et le verbe dire peut donc être considéré comme redondant, dans
la mesure où il contient les mêmes sèmes que le gérondif, par exemple :
dit-il en hurlant → hurla-t-il68
.
63
Ibid., p. 105.
64
Ibid., p. 92.
65
Ibid.
66
Ibid., p. 104–105.
67
Ibid.
68
Ibid.
Valeurs du gérondif
Emina Džaferović
24
Conclusion
Le sujet de notre travail était « Valeurs du gérondif », du gérondif qui représente
forme impersonnelle du verbe, et qui ne porte pas de marques de personne ou de nombre, ni
de temps ou d’aspect. Afin d’analyser et traiter le sujet, il fallait donner quelques mots sur le
verbe en général et positionner la forme du gérondif dans l’histoire du verbe. En l’y
positionnant, nous avons rencontré une autre forme impersonnelle très similaire à celle du
gérondif, la forme du participe présent. Avec la même désinence, il est souvent difficile de les
distinguer. La chose unique qui les distingue au plan visuel, c’est la particule en. Au plan de
syntaxe, le gérondif et le participe présent assument des fonctions différentes. Le gérondif est
la forme adverbiale du verbe. En tant que forme adverbiale, il est une forme régie et
subordonnée par le verbe régissant de la phrase. Le participe présent, de son côté, est la forme
adjectivale du verbe, rattachée à un support nominal. Contrairement au gérondif, il ne peut pas
assumer la fonction de complément circonstanciel.
Alors, nous avons passé au gérondif. Dans ce chapitre-là, nous sommes allés un peu
plus loin concernant la particule en pour donner un peu plus d’explication. Nous avons
présenté différents aspects sur ce sujet et à la fin de ce chapitre-là, nous avons penché pour
l’opinion que en n’a pas perdu son statut de préposition et que c’est surtout son contenu
sémantique temporel de préposition qui souligne la valeur circonstancielle de simultanéité du
gérondif. En effet, le contenu sémantique de en et celui du gérondif se recouvrent : en
introduit souvent un grand nombre de compléments de manière (en gros, en silence…) et il
marque l’aspect duratif (en été, en trois minutes…) et peut alterner avec à temporel pour
marquer cet aspect duratif (en ce moment = à ce moment-là). Ces valeurs de la préposition en
sont aussi les valeurs principales du gérondif. Il y a ainsi un certain parallèle entre des valeurs
de en et celle du gérondif, ce qui nous conduit vers le chapitre suivant – Valeurs du gérondif.
Dans ce chapitre au-dessus, nous avons exploré les différentes approches au sujet des
valeurs du gérondif. En conclusion, il s’agit des deux types des valeurs : valeur temporelle et
valeur aspectuelle. Lorsqu’on dit valeur aspectuelle, on assume des différentes valeurs :
valeur de moyen qui nous indique avec quel moyen l’action dans la phrase principale a été
faite, ensuite valeur de cause qui nous indique la raison pour laquelle l’action de la principale
se déroule (s’est déroulée) comme ça, ensuite valeur de manière (comment l’action s’est
passée), valeur de condition (condition pour l’action de la principale) et valeur d’opposition
quelquefois avec ambiguïté. Quelques auteurs ne mentionne de tout la dernière, mais nous
Valeurs du gérondif
Emina Džaferović
25
l’avons mentionnée car nous trouvons cela très important, surtout en liaison avec l’adverbe
tout dont nous avons suffisamment parle dans le chapitre « Gérondif ».
Pour conclure, les valeurs du gérondif représentent un champ très intéressant pour la
recherche, car bien que ce sujet soit mentionné dans toute grammaire, il n’est pas
suffisamment exploré et il n’existe pas de formules exactes qu’on peut utiliser pour distinguer
clairement les différentes valeurs du gérondif. Souvent, ça dépend du contexte aussi.
Le gérondif n’est ainsi pas capable d’exprimer par lui-même la situation temporelle.
Ce n’est qu’à partir du contexte qu’émergent ses caractéristiques temporelles et aspectuelles.
Pour cette raison le gérondif doit chercher dans le contexte un repérage par rapport auquel il
obtient sa valeur temporelle et aspectuelle. Ce repérage est le plus souvent un autre procès,
c’est-à-dire celui exprimé par le verbe principal.
Valeurs du gérondif
Emina Džaferović
26
Bibliographie
Amourette, C. L’expression du temps et de l’aspect par le participe présent et le gérondif. In
Travaux linguistiques du Cerlico, n°19, (2006)
Arrivé M., Gadet F., Galmiche M. (1986), La grammaire d'aujourd’hui – guide
alphabétique de linguistique française, Presses Universitaires de France
Baccus N. (2004), Grammaire française, Diffusion France et étranger : Flammarion
Chevalier, J.C., Blanche-Benveniste, C., Arrivé, M., Peytard, (1964) J. Grammaire du
français contemporain. Paris : Larousse
Cristea T. (2005), Grammaire française, Editura Fundaţiei România de Mâine
Dubois J., Jouannon G., Lagane R. (1961), Grammaire française, Librairie Larousse, Paris
Franckel J.J. (1989), « Étude de quelques marqueurs aspectuels du français », Genève-Paris
Grevisse M., Goose A. (1993), Le bon usage – grammaire française, De Boeck et Larcier,
s.a.
Halmøy, O. Le Gérondif en français. Paris : Ophrys, 2003
Haspelmath, M. & König E. (1995), (éd.). Converbs in cross-linguistic perspective. Berlin:
Mouton de Gruyter,
Kleiber, G. La question temporelle du gérondif : simultanéité ou non ? In Travaux
linguistique du Cerlico, n° 20, (2007)
Moignet, G. (1981), Systématique de la langue française. Paris : Klincksieck
Riegel M., Pellat J.-C., Rioul R. (1994), Grammaire méthodique du française, Presses
Universitaires de France
Togeby K. (1983), Grammaire française (vol.3)
Le Corpus
Malraux A. « La Condition humaine » (1933), Édition du groupe « Ebooks libres et gratuits »
Stendhal, (1830), « Le Rouge et le Noir » Édition du groupe « Ebooks libres et gratuits »
Stendhal, (1839), « La Chartreuse de Parme » Édition du groupe « Ebooks libres et gratuits »

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  • 1. Univerzitet u Sarajevu Filozofski fakultet Odsjek za romanistiku Valeurs du gérondif Dodiplomski rad (Mémoire de licence) Studentica: Emina Džaferović Mentor: doc.dr. Lejla Tekešinović Sarajevo, juli 2015.
  • 2. Valeurs du gérondif Emina Džaferović 2
  • 3. Valeurs du gérondif Emina Džaferović 3 Contenu Abstrait 4 Introduction 5 Verbe 6 Mode, temps et aspect 8 Les modes du verbe 8 Les temps du verbe 10 L’aspect 10 Participe présent et gérondif 11 Gérondif 13 Construction du gérondif 13 Tout 14 En 15 Valeurs du gérondif 17 Valeur sémantique du gérondif 20 Conclusion 24 Bibliographie 26
  • 4. Valeurs du gérondif Emina Džaferović 4 Abstrait Notre travail représente d’abord le verbe ou plutôt le domaine du verbe où l’on positionne le gérondif comme une des formes du verbe. Après, nous parlons des valeurs du gérondif, les valeurs temporelles et les valeurs aspectuelles où l’on présente des différents aspects donnés par différentes grammaires. En conclusion, nous renforçons la liaison entre la particule en et les valeurs du gérondif.
  • 5. Valeurs du gérondif Emina Džaferović 5 Introduction Le sujet de notre mémoire représente valeurs du gérondif, une forme impersonnelle des verbes français. Par exemple : « En revenant se ranger à la queue des autres hussards restés à quelques pas en arrière, il vit le plus gros de ces généraux qui parlait à son voisin, général aussi, d’un air d’autorité et presque de réprimande ; il jurait. »1 Nous commençons de ce qui est un verbe, les modes, les temps et les aspects d’un verbe. Ici on positionne le gérondif et on continue avec la forme impersonnelle. Avant qu’on continue avec le gérondif, on reconnait le participe présent qui est souvent confondu avec le gérondif. Donc, nous consacrons tout un chapitre au participe présent et gérondif. Après, nous ouvrons le sujet du gérondif où nous présentons la construction du gérondif aussi bien que l’adverbe tout et la particule en. L’objectif de notre travail est de relever et de décrire les valeurs du gérondif ce qui est le chapitre suivant. Nous croyons que notre mémoire mettra en évidence le rôle sémantique important que joue le gérondif dans la langue française tout en précisant également sa valeur sémantique en général. 1 Stendhal, (1839 :49) « La Chartreuse de Parme »
  • 6. Valeurs du gérondif Emina Džaferović 6 Verbe Le verbe est l’une des catégories grammaticales les plus importantes. Il apporte une information sur le thème et sert alors de prédicat dans la phrase. Ex. Les hirondelles chantent. 2 Le verbe est un mot de forme variable, qui exprime une action faite ou subie par le sujet, ou qui indique un état du sujet : Ex.3 La princesse mourut en quelques heures ; le fils du prince ne recouvra sa liberté que dix-sept ans plus tard en montant sur le trône à la mort de son père. (…) dirent les geôliers en s’en allant (…) Rougira-t-elle en m’apercevant ? Le verbe a un rôle central dans la proposition. Le sujet, le complément d’objet, le complément circonstanciel intégré, le complément d’agent et les attributs s’organisent autour de lui. En outre, sous ses différentes formes, le verbe peut assumer les fonctions du nom, de l’adjectif, ou du complément circonstanciel. Il varie en mode, en temps/aspects, en voix, en personne, en nombre et, parfois, en genre. L’ensemble de ces formes est appelé « conjugaison ». Lorsqu’on parle des conjugaisons, il est nécessaire de mentionner qu’une forme verbale se décompose en deux constituants: le radical (ou la base) et la désinence (ou terminaison) : dans chantait, on distingue le radical chant- et la désinence -ait. 4 Le radical est l'élément fondamental du verbe: il porte le sens lexical stable du verbe. Il peut être partiellement ou totalement identique au radical d'un nom ou d'un adjectif: il reste / le reste; il marche / la marche; il rougit / rouge; il adoucit / doux. Sa forme est unique pour beaucoup de verbes, notamment ceux du type chanter; elle varie selon le temps, la personne et le nombre pour certains verbes, notamment les plus fréquents: il va, allait, ira, qu'il aille. Les variations dues à l'histoire du français ne se sont pas 2 Baccus N. (2004 :63), Grammaire française 3 Les exemples ont été repris de Stendhal (1839 :336, 340), « La Chartreuse de Parme » 4 Riegel M., Pellat J.-C., Rioul R. (1994 :438), Grammaire méthodique du française thème prédicat
  • 7. Valeurs du gérondif Emina Džaferović 7 toutes maintenues (ancien français: je desjeune / nous disnons; j'espoir / nous espérons) ; il est remarquable qu'elles subsistent pour les verbes les plus fréquents. Cela tient à un besoin de différenciation des formes verbales, qui explique la forte corrélation entre irrégularité et fréquence élevée. La désinence se soude à la fin de la forme verbale comme un suffixe. Elle apporte des informations « grammaticales » sur le mode et, éventuellement, sur la personne, le nombre et le temps. On peut la segmenter à son tour en plusieurs éléments selon les informations identifiées par comparaison entre les formes verbales : dans chanteras, on isole un segment -er- (futur ou conditionnel), suivi de -a- (futur), suivi de -s (2e personne du singulier). Quand la désinence comporte deux ou trois éléments, la marque de temps précède la marque de personne et de nombre: dans chant-ai-t, la désinence s'analyse en un élément -ai- marquant l'imparfait et un élément -t marquant la troisième personne du singulier. Nous devons mentionner qu’analyse d'une forme verbale n'est pas toujours possible : on ne peut pas toujours séparer la désinence du radical verbal. Dans fut et eut, on isole seulement une désinence écrite de personne -t (par opposition à fus, eus), sans pouvoir décomposer le reliquat fu-, eu-, où radical et désinence sont amalgamés. Dans il a, ils ont, les formes a et ont sont inanalysables, même si l'on reconnait dans la seconde un -t de personne.
  • 8. Valeurs du gérondif Emina Džaferović 8 Mode, temps et aspect Le terme de mode5 a en linguistique au moins deux acceptions essentielles. La première et la plus répandue est celle de mode de division (de classification) des formes verbales. C'est ce que l'on entend par 'mode' lorsqu'on parle de l'existence de quatre modes personnels (l'indicatif, le conditionnel, le subjonctif et l'impératif) et de trois modes non personnels (l'infinitif, le participe, le gérondif). La seconde acception fait de ce terme un synonyme de modalité que l'on définit comme un constituant de la phrase qui caractérise les rapports entre le locuteur et son énoncé. Les modes du verbe Les modes constituent des cadres de classement qui regroupent chacun un certain nombre de formes verbales. On distingue cinq modes en français: l'indicatif, le subjonctif, l'impératif, l'infinitif et le participe (auquel on associe le gérondif). 6 Le conditionnel, considéré traditionnellement comme un mode, est traité aujourd'hui par les linguistes comme un temps de l'indicatif, en raison de ses caractéristiques formelles et sémantiques. La définition traditionnelle des modes s'appuie sur la notion de modalité: les modes expriment l'attitude du sujet parlant à l'égard de son énoncé; ils manifestent différentes manières d'envisager le procès. Ainsi, l'indicatif le présente dans sa réalité (Il est venu), par opposition au subjonctif qui l'apprécie dans sa virtualité (Qu'il vienne); l'impératif le présente sous la forme directive d'un ordre ou d'une prière (Venez). L'identification des modes aux modalités ne permet pas de caractériser chacun d'eux par des propriétés vraiment distinctives. En premier lieu, on ne voit pas quelles modalités pourraient être exprimées par l'infinitif et par le participe. Et surtout, les modes du verbe et les modalités ne coïncident pas. Une même modalité peut s'exprimer de différentes façons, au moyen de modes et de structures de phrases différents; on peut ainsi exprimer l'éventualité soumise à une condition par des constructions et des modes grammaticaux divers: - 7 Si vous preniez une aspirine, vous n'auriez plus mal à la tête. - Prenez une aspirine, vous n'aurez plus mal à la tête. - Vous prenez une aspirine et votre migraine s'en va. - En prenant une aspirine, vous n'aurez plus mal à la tête. 5 T.Cristea (2005 :238) 6 Riegel M., Pellat J.-C., Rioul R. (1994 :510) 7 Ibid, p. 511
  • 9. Valeurs du gérondif Emina Džaferović 9 - Il suffit de prendre une aspirine pour ne plus avoir mal à la tête. Inversement, un même mode peut exprimer diverses modalités. Selon la tradition, le subjonctif peut exprimer la volonté, le souhait, le doute, la crainte: Je veux / souhaite / doute / crains qu'il vienne. Or, ces différentes modalités sont ici déterminées par le contexte, en l'occurrence le verbe principal appelant le subjonctif. En réalité, un mode n'exprime pas en soi la modalité, même s'il peut y contribuer. C'est cette confusion qui explique l'introduction en français d'un mode conditionnel, qui envisage le procès comme « soumis à une condition » : « Si j’étais né noble, répondit le Rassi avec toute l’impudence de son métier, les parents des gens que j’ai fait pendre me haïraient, mais ils ne me mépriseraient pas. »8 Pourtant, la condition exprimée par une subordonnée hypothétique est loin de rendre compte de tous les emplois du conditionnel. Et si l'on voulait traiter le conditionnel comme un mode, il faudrait en faire de même du futur, qui lui est parallèle: le futur serait alors le mode du probable, de l'éventuel, par opposition au conditionnel, mode de l'hypothèse ou de l'irréel. À la limite, on pourrait imaginer une langue où à chaque modalité correspondrait un mode du verbe. On oppose : Les modes personnels, qui distinguent les personnes au moyen de désinences spécifiques, totalement (l'indicatif et le subjonctif), ou partiellement (l'impératif). Mais ces trois modes ne situent pas de la même façon le procès dans le temps: l'indicatif, qui possède le système temporel le plus complet, est le seul à pouvoir situer le procès dans les trois époques (passé, présent et futur), alors que le subjonctif est plus limité en formes temporelles et que l'impératif est essentiellement tourné vers le futur. Les modes impersonnels et intemporels, qui ne possèdent pas de désinences pour distinguer des personnes: l'infinitif et le participe (et le gérondif). Ces modes ne sont pas aptes non plus à situer le procès dans le temps: c'est le verbe personnel dont ils dépendent ou le contexte qui assurent le repérage temporel. On considère également l'infinitif et le participe comme des formes nominales du verbe: le premier possède certaines propriétés du substantif, le second partage des caractéristiques communes avec l'adjectif qualificatif. Le gérondif, quant à lui, se rapproche de l'adverbe. 8 Stendhal, (1839 :231)
  • 10. Valeurs du gérondif Emina Džaferović 10 Les temps du verbe Chaque mode comporte différents « temps ». Le terme temps est très ambigu en français, car il peut désigner le concept de temps ou la forme grammaticale qui l'exprime; certaines langues distinguent ces deux sens à l'aide de deux termes distincts, respectivement time et tense (anglais), Zeit et Tempus (allemand). Il est indispensable de distinguer les deux « temps » possibles, car le temps dénoté et le temps grammatical ne coïncident pas nécessairement. Une même époque peut être indiquée par des temps verbaux différents et, inversement, un même temps verbal peut situer le procès dans des époques différentes. Ainsi, l'imparfait de l'indicatif peut situer le procès dans n'importe laquelle des trois époques: • 9 Cet homme parlait à la femme de chambre des blessures qu’il avait reçues. (passé) • Si tu étais ici, quel bonheur ! (actuel) • 10 S'il se défendait, il appellerait. (futur) Les appellations des temps du verbe ne correspondent donc pas forcément aux temps de la réalité dénotée. Il est difficile de parler de « présent » pour les modes impersonnels comme l'infinitif, qui ne distinguent pas par eux-mêmes les époques et qui peuvent évoquer un procès aussi bien à venir que passé. 11 L'aspect L'aspect est la manière dont s'expriment le déroulement, la progression, l'accomplissement de l'action. Cela se marque notamment dans l'opposition entre l'indicatif imparfait et le passé simple, l'action étant considérée comme inachevée dans un cas, comme achevée dans l'autre. Cela est réalisé aussi par les temps composés, qui expriment l'accompli - j'ai parlé / je parle. L'aspect se manifeste en outre par les semi-auxiliaires (§§ 819-821), ou encore par des suffixes (buvoter opposé à boire) ou des préfixes (retravailler) ou par le sens même des verbes. 9 Stendhal, (1839 : 447) 10 Andre Malraux (1933 : 6) 11 M.Grevisse, A.Goose (1993 : 981)
  • 11. Valeurs du gérondif Emina Džaferović 11 Participe présent et gérondif En travaillant sur ce mémoire-ci, nous avons consulté plusieurs grammaires, mais nous voudrions séparer et accentuer la notion du gérondif dans les quatre12 grammaires françaises. En général, le gérondif et le participe présent sont mentionnés dans le même chapitre. Homonymes par leur radical verbal [V] et leur désinence invariable [-ant], elles ne sont pas toujours faciles à distinguer. Morphologiquement le gérondif a pourtant un syllabe de plus que le participe présent, notamment la particule en. En plus, la construction gérondive, c’est- à-dire la relation entre le gérondif et son verbe régissant, demande le plus souvent un élément de dynamisme. Le participe présent n’est pas soumis à cette contrainte. Syntaxiquement, le gérondif et le participe présent assument des fonctions différentes. Le gérondif est la forme adverbiale du verbe. En tant que forme adverbiale, il est une forme régie et subordonnée par le verbe régissant de la phrase. Le participe présent, de son cote, est la forme adjectivale du verbe, rattachée à un support nominal. Contrairement au gérondif, il ne peut pas assumer la fonction de complément circonstanciel. En tant que formes verbales, et contrairement à l'adjectif, ils sont susceptibles13 : 1. d'avoir des compléments d'objet et d'autres compléments spécifiques au verbe; 2. d'être mis au passif et 3. d'exprimer certaines nuances temporelles. Le participe présent en tant qu’attribut libre détaché et antéposé peut, sous certaines conditions, alterner avec le gérondif, et c’est justement ce cas de figure du participe présent qui est présenté pour souligner les convergences entre les deux formes. Il est vrai que le participe présent dans cette position est très employé dans toute sorte de textes aujourd’hui. Il faut pourtant comparer les autres fonctions du participe présent à celles du gérondif pour montrer que les divergences entre les deux formes sont encore plus frappantes. Dans aucun autre cas de figure, le participe présent ne peut remplacer le gérondif ou vice versa. Mon impression, après avoir lu les exposés des grammaires ci-dessus, est que le gérondif n’a pas été pris au sérieux par les grammairiens traditionnels. L’on aperçoit immédiatement la 12 M.Arrivé, F.Gadet, M.Galmiche (1986), La grammaire d'ajourd'hui – guide alphabétique de linguistique française M.Grevisse, A.Goose (1993), Le bon usage – grammaire française M.Riegel, J.-C.Pellat, R.Rioul (1994), Grammaire méthodique du française K.Togeby (1983), Grammaire française (vol.3) 13 M.Grevisse, A.Goose (1993 : 1145)
  • 12. Valeurs du gérondif Emina Džaferović 12 tradition très forte de traiter le gérondif et le participe présent ensemble. Le bon usage – grammaire française voit avant tout les ressemblances entre les deux formes. D’après ce que je peux voir, La grammaire d’aujourd’hui – guide alphabétique de linguistique française et Grammaire méthodique du français sont celles qui précisent clairement les différences syntaxiques entre le gérondif et le participe présent. Une question intéressante qu’aborde La grammaire d’aujourd’hui est la « concurrence » entre le gérondif et l’infinitif.
  • 13. Valeurs du gérondif Emina Džaferović 13 CONSTRUCTION DU GÉRONDIF en + participe présent = gérondif en + parlant = en parlant CONSTRUCTION DU PARTICIPE PRÉSENT On part de la premiere personne du pluriel du present. On ajoute –ant au radical. Ex. Nous aim-ons → aim-ant = aimant Ex. Nous lis-ons → lis-ant = lisant Trois exceptions de la règle pour la construction du participe présent : être → étant avoir → ayant savoir → sachant Gérondif Nous avons déjà introduit la différence entre le participe présent et le gérondif dans le chapitre précédant. Ici, on présente les généralités sur gérondif. « Le gérondif est tout simplement la combinaison de la préposition en avec le participe présent en fonction adverbiale. »14 Construction du gérondif Le gérondif, qui a la même forme que le participe présent et qui est invariable comme lui, est généralement construit avec la préposition en (elle-même pouvant être précédée de l'adverbe tout). Il se rapporte d'ordinaire à un nom ou à un pronom de la phrase, lesquels sont les agents de cette forme verbale, mais, en même temps, détaché qu'il est de ce nom ou de ce pronom, il équivaut souvent à un complément adverbial (de temps, de manière, etc.) :  « Cet officier, jeune réquisitionnaire assez leste, possédait pour tout bien, en entrant dans ce Palais, un écu de six francs qu’il venait de recevoir à Plaisance. »15  « Tout en tournant mes phrases, je voyais, dans une salle à manger toute de marbre, douze laquais et des valets de chambre vêtus avec ce qui me semblait alors le comble de la magnificence. »16  « Il trouva le document, conserva le portefeuille, traversa la chambre presque en courant, ferma à double tour, mit la clef dans sa poche. »17 Nous parlons du gérondif tout le temps se référenciant au gérondif simple. Donc, il existe aussi le gérondif composé18 . 14 K.Togeby (1983:48) 15 Stendhal, (1839 : 9) 16 Ibid, p. 9 17 Andre Malraux, (1933 : 11)
  • 14. Valeurs du gérondif Emina Džaferović 14 DEUX TYPES DU GERONDIF :  Gérondif simple (gérondif présent) o en + participe présent en + parlant = en parlant  Gérondif composé (gérondif passé) o en + participe présent d’auxiliaire avoir ou d’auxiliaire être + participe passé en + étant + arrivé = en étant arrivé en + ayant + vendu = en ayant vendu Dans le français contemporain, le gérondif est considéré comme une forme verbale impersonnelle composée à l’aide d’une préposition (particule) en qui précède la forme verbale invariable de désinence –ant qui s’ajoute à la base verbale de la première personne du pluriel du présent de l’indicatif : Réagir → nous réagiss-ons → en réagissant Manger → nous mange-ons → en mangeant 19 Le gérondif opère l’insertion, en tant que localisateur, d’un procès dans une relation inter- procès, indépendamment de toute détermination de celui-ci autre que sa mention notionnelle. Un verbe au gérondif n’a ni conjugaison, ni détermination aspect-temporelle autonome. Il puise l’une et l’autre du procès qu’il localise. Dans le gérondif, la fonction de en composé au verbe au participe présent est de fonder ce verbe comme un procès localisateur dont la propriété est de ne se déterminer qu’en fonction du procès qu’il localise. En outre, le participe présent ainsi constitué comme localisateur se comporte, à travers cette mise en relation, comme un intérieur ouvert, du fait du fonctionnement spécifique de en. Tout La préposition en peut être, elle-même, précédée par l’adverbe tout. En général, les grammaires annoncent que tout précédant le syntagme gérondif souligne sa simultanéité ou marque une opposition ou une concession : « en faisant précéder en de l’adverbe tout, on souligne la simultanéité, le contexte suggérant souvent une nuance d’opposition »20 . Il est 18 Chevalier, J.C., Blanche-Benveniste, C., Arrivé, M., Peytard, J., (1964 : 374) 19 Franckel J.J. « Etude de quelques marqueurs aspectuels du français », (1989 :168) 20 Grevisse, M. Le Bon usage. Paris : Ducolot, (1993 :1152-1153)
  • 15. Valeurs du gérondif Emina Džaferović 15 nécessaire de connaître le contexte sinon la construction peut paraître douteuse. O. Halmøy21 préfère utiliser plutôt le mot blocage au lieu de concession et le mot discordance au lieu de opposition (de adversité)22 . 23 Tout en travaillant, il ne réussit pas. Elle eut un geste de recul et voulut s’enfuir. Mais la vieille l’en empêchait tout en la fixant de ses yeux perçants. En Dans le passé, c’est-à-dire pendant la période de l’ancien français et du français classique, l’emploi de en était souvent négligé, ce qui peut être, également de nos jours, le cas dans la langue littéraire : 24 – Justin, répondis-je, pesant les mots, je ne sais pas ce qui pourrait empêcher. (Duhamel, G., Vue de la terre promise) À présent, le gérondif est nécessairement composé de trois morphèmes : la préposition en, un radical du verbe et la désinence –ant. Il est ainsi généralement impossible de rencontrer le gérondif sans particule en comme c’était possible auparavant, jusqu’au XVIIIe siècle. Aujourd’hui le gérondif se distingue nettement du participe présent par l’utilisation de ce en. Pourtant le statut de en dans le syntagme gérondif n’est pas très clair. Les linguistes se divisent en deux groupes à propos de cette problématique : certains considèrent en comme préposition, en s’appuyant sur la diachronie. Suivant cette opinion, en a évolué de la préposition latine in, il reste toujours une préposition comme il pouvait auparavant commuter avec d’autres prépositions (pour, à, de, par…). De cela vient l’opinion de certains linguistes pour lesquels le gérondif n’est qu’une variante combinatoire de l’infinitif prépositionnel25 . Cependant, du point de vue synchronique, d’autres auteurs traitent le en comme seul marqueur de la fonction du gérondif comme c’est le cas de de dans Il est interdit de fumer ; d’autres le considèrent même comme un préfixe du gérondif (M. Haspelmath)26 . La linguiste O. Halmøy pense plutôt « à un cas de grammaticalisation en voie d’achèvement où en n’a 21 Halmøy, O. Le Gérondif en français. Paris : Ophrys, 2003 22 Ibid., p. 125–139. 23 Les deux exemples ont été repris de Grevisse, M. (1993:1152–1153) 24 Ibid. 25 Arrivé, M. ; Godet, F. ; Galmiche, M. (1986 : 297–298) 26 « French en in en chantant could perhaps be regarded as a prefix » voir Haspelmath, M. The Converb as a cross-lingvistically valid category. In Haspelmath, M. & E. König (éd.). Converbs in cross-linguistic perspective. Berlin: Mouton de Gruyter, 1995, p. 9.
  • 16. Valeurs du gérondif Emina Džaferović 16 qu’un sens très affaibli »27 . Mais, parce que la préposition en a une description sémantique très large, il est difficile de déterminer son vrai statut dans le gérondif. Nous penchons pour l’opinion que en n’a pas perdu son statut de préposition et que c’est surtout son contenu sémantique temporel de préposition qui souligne la valeur circonstancielle de simultanéité du gérondif28 . En effet, le contenu sémantique de en et celui du gérondif se recouvrent : en introduit souvent un grand nombre de compléments de manière (en gros, en silence…) et il marque l’aspect duratif (en été, en trois minutes…) et peut alterner avec à temporel pour marquer cet aspect duratif (en ce moment = à ce moment-là)29 . Ces valeurs de la préposition en sont aussi les valeurs principales du gérondif. Il y a ainsi un certain parallèle entre des valeurs de en et celle du gérondif. Il nous semble donc que par la réunion de en avec le « participe », les sémantismes des deux se combinent et se renforcent l’un l’autre pour faire émerger la valeur circonstancielle, la temporalité de simultanéité et l’aspect inaccompli typiques pour le gérondif. Pour cela, nous dirions que en conserve ses valeurs de préposition dans le gérondif. 27 Halmøy, O. (2003 : 62–63) 28 Riegel, M. ; Pellat, J.-Ch. ; Rioul, R. (2009 : 591–592) 29 Ibid., p. 642–645.
  • 17. Valeurs du gérondif Emina Džaferović 17 Valeurs du gérondif Un verbe au gérondif est susceptible de prendre des valeurs qui varient en fonction de différents facteurs, parmi lesquels celui de son positionnement dans l’énoncé est l’un des plus facilement observables. En général, on peut distinguer deux classes des valeurs que gérondif peut avoir. Ce sont :  valeur de temps30  valeurs circonstancielles (parmi lesquelles on distingue valeur de cause, de moyen ou de manière et valeur de condition). Néanmoins, il n’est pas tellement facile de distinguer toujours les valeurs ci-dessus. Donc, parfois, il s’agit des valeurs composites. « En faisant très attention, nous pouvons nous servir d'eux, c'est tout. »31 valeur de condition Si nous faisons très attention, nous pouvons… « En passant devant le vestiaire, Kyo regarda l'heure : deux heures du matin. »32 valeur de temps pendant qu’il passait devant… En position antéposée, le gérondif peut prendre tantôt une valeur de repère temporel : « En passant devant le vestiaire, Kyo regarda l'heure : deux heures du matin. »33 tantôt une valeur de cause : « Il prenait fort au sérieux le renseignement de Clappique : celui-ci avait sauvé, à Pékin, en le prévenant que le corps de cadets dont il faisait partie allait être massacré, l'Allemand qui dirigeait maintenant la police de Chang-Kaï-Shek, Kônig. »34 tantôt des valeurs composites35 : « En voyant Clappique sortir de la brume, il avait eu la révélation de sa propre folie. »36 En position postposée, le gérondif peut être facilement associé à une valeur de « complément de manière » : 30 Bien que la valeur de temps soit considérée par quelques grammaires en tant que valeur circonstancielle, il existe aussi l’opinion que la valeur de temps représente une catégorie séparée d’autres catégories aspectuelles (Amourette, C. n°19, 2006, p. 234–256) 31 Ibid, p. 134 32 Ibid, p. 24 33 Ibid., p. 24 34 Ibid., p. 195 35 Des valeurs composites sous-entendent plusieurs valeurs en même temps comme dans ce cas-ci : la valeur temporelle et la valeur de cause 36 Ibid, p. 264
  • 18. Valeurs du gérondif Emina Džaferović 18 « Il lui tendit le papier, alluma son briquet en le protégeant de la main. »37 ou de « complément de cause » : « En mettant tout au pire, avec cette police, j'ai une heure devant moi, pensa Kyo. Tout de même, ça vat-il durer longtemps?»38 (J’ai une (seulement) heure devant moi, car tout était mis au pire, avec cette police.) 39 La position respective de la proposition au gérondif (désormais notée PG) et de la position principale (désormais notée PP) est directement liée au type de repérage qui les articule. La proposition placée en tête d’énoncé tend à prendre la fonction de repère. La fonction propre du gérondif se manifeste de façon radicalement différente selon que PP est postposé ou antéposé. En antéposition, PG fonctionne comme repère dans un repérage interpropositionnel. Postposé, son fonctionnement est intrapropositionnel. Il joue non plus le rôle d’un repère mais celui d’un spécifiant. Du point de vue morphologique, le gérondif n’a pas de marque temporelle ni personnelle (même si sur le plan « virtuel », il est possible de lui attribuer un sujet40 et une valeur de temps qui sont implicitement présents en lui tout comme dans l’infinitif). Le gérondif n’est ainsi pas capable d’exprimer par lui-même la situation temporelle. Ce n’est qu’à partir du contexte qu’émergent ses caractéristiques temporelle et aspectuelle41 . Pour cette raison le gérondif doit chercher dans le contexte un repérage par rapport auquel il obtient sa valeur temporelle et aspectuelle. Ce repérage est le plus souvent un autre procès, c’.-à-d. celui exprimé par le verbe principal42 . En général, les grammaires affirment que le gérondif exprime le procès simultané et inaccompli par rapport au procès désigné par son verbe régissant (VR) : « il indique un procès en cours de réalisation, simultané par rapport au procès exprimé par le verbe principal (Il travaille en chantant) »43 . La valeur de simultanéité 37 Ibid, p. 32 38 Ibid, p. 27 39 Franckel J.J. (1989 : 170) 40 Moignet, G. (1981 : 69–70) 41 Amourette, C. L’expression du temps et de l’aspect par le participe présent et le gérondif. In Travaux linguistiques du Cerlico, n°19, 2006, p. 234–256 42 Ibid. 43 Riegel, M. ; Pellat, J.-Ch. ; Rioul, R. (2009 : 592)
  • 19. Valeurs du gérondif Emina Džaferović 19 est aussi bien compatible avec la préposition en formant le gérondif. On a reconnu trois types44 de temporalité du gérondif : 1. Le gérondif exprime le procès coïncidant au procès exprimé par la principale : les bornes initiales et finales des intervalles de référence du procès au gérondif et du procès dont il dépend sont coïncidentes. Nous reconnaissons deux cas de cette coïncidence : A) les procès sont liés par une relation référentielle de co-appartenance à une même vue, c’est-à-dire que les procès se déroulent tous les deux dans une même époque. Par exemple : 45 « Ce fut en jurant qu’il mangea son chocolat. » B) les procès sont liés par une relation d’identité référentielle, c’est-à-dire que les procès sont signalés par une synonymie, une hyperonymie ou une hyponymie. Par exemple : « Trois dames parurent, s’effarèrent, traversèrent en fuyant à petits pas. » Dans ces cas-là, le procès exprimé au gérondif détermine celui de la principale à la façon d’un complément de manière (de moyen, de concomitance, de repère temporel, de concession). 2. Le gérondif désigne un procès antérieur par rapport au procès de la principale – la borne initiale de l’intervalle du procès au gérondif est antérieure à celle du procès principal. C’est le cas de la causalité ou le cas où les procès ne peuvent se dérouler simultanément pour des raisons pragmatico-référentielles. Par exemple : « Alors, en se retournant, Claude aperçut Chaîne agenouillé près du poêle, achevant de dépailler un vieux tabouret pour enflammer le charbon. » 3. Le gérondif désigne un procès qui recouvre un procès de la principale. Dans ce cas-là, le gérondif n’a pas une valeur circonstancielle comme dans les cas précédents, mais il s’agit plutôt du cadre temporel au procès principal. « Le pis était qu’en passant sur le quai, elle venait d’acheter cette botte de roses… » Par contre, G. Kleiber affirme que le gérondif peut exprimer la postériorité logique, c’.-à-d. en cas où le gérondif dénote la conséquence, le but, la finalité, le résultat ou l’effet, parce qu’une action postérieure ne peut localiser temporellement une action antérieure46 . 44 Amourette, C. n°19, 2006, p. 234–256 45 Cet exemple ainsi que les exemples suivants sont tirés de : Amourette, C. L’expression du temps et de l’aspect par le participe présent et le gérondif. In Travaux linguistiques du Cerlico, n°19, 2006, p. 234–256.
  • 20. Valeurs du gérondif Emina Džaferović 20 Concernant la simultanéité du G, G. Kleiber est d’avis que la simultanéité n’est pas un trait intrinsèque du gérondif47 . Il part de l’hypothèse que le G + le verbe ≈ avec + SN48 ou N Il s’agit ainsi d’une composition, c’est-à-dire que le gérondif conduit à créer une union ou association de deux procès qui n’est pas de type jointive, mais intégrative. On parle donc de l’intégration d’une prédication dans l’autre et cette union de résultat fait émerger une interprétation circonstancielle d’où naît la valeur temporelle (simultanéité ou antériorité) du gérondif. Il ajoute que dans la plupart des emplois s’effectue la simultanéité, parce que la plupart des emplois circonstanciels que connaît le gérondif ne se comprennent que s’il y a simultanéité. Pour conclure, nous affirmons que le gérondif marque le plus souvent un procès simultané par rapport à un autre procès, généralement comme se déroulant en un même lieu, sa valeur aspectuelle est typiquement inaccomplie, le procès est exprimé dans son déroulement sans préciser les bornes finales ni initiales. Par contre, le gérondif n’est pas capable d’exprimer un procès postérieur par rapport au procès de la principale comme l’est capable le participe présent. Valeurs sémantiques du gérondif La construction gérondif (CG) formée du gérondif et de son verbe régissant exprime la relation entre deux procès. Le premier est exprimé par le verbe régissant et le second est exprimé par le gérondif. L’action exprimée par le gérondif est conçue comme l’action accompagnant celle qui est exprimée par le verbe régissant : « Une image du temps qui comporte une part d’accompli et une part d’accomplissement est adéquate à inclure en elle le déroulement d’une tension verbale concomitante, avec des effets de sens de simultanéité des deux procès (...) »49 . Généralement, les grammaires affirment que cette concomitance exprimée par le gérondif peut avoir une valeur essentiellement temporelle ou se charger d’autres valeurs selon le contexte, ce sont la circonstance de manière, de moyen, de condition, de cause ou d’opposition. Voici la liste typique des effets de sens que proposent la plupart des grammaires: 46 Kleiber, G. La question temporelle du gérondif : simultanéité ou non ? In Travaux linguistique du Cerlico, n° 20, 2007, p. 109–123. 47 Ibid. 48 SN = le syntagme nominal, N = le nom. 49 Moignet, G. (1981 : 69–70)
  • 21. Valeurs du gérondif Emina Džaferović 21 « Tout en écoutant son mari qui parlait d’un air grave, l’œil de Mme de Rênal suivait avec inquiétude les mouvements de trois petits garçons.»50 - (opposition)51 (Bien qu’elle ait écouté son mari qui parlait d’un air grave, l’œil de Mme de Rênal suivait avec inquiétude les mouvements de trois petits garçons.) « En arrivant à Amiens il souffrait beaucoup du coup de pointe qu’il avait reçu à la cuisse. »52 - (valeur purement temporelle) « En disant ces paroles il veut forcer le passage et pousse le vieux colonel qui tombe assis sur le pavé du pont. »53 - (moyen) « (…) le comte peut, en gémissant, contresigner un décret infâme, mais il a de l’honneur. »54 - (manière) « Mais comme elle aperçut que ce nom de Fabrice faisait une impression pénible, elle ajouta après un moment de repos et en serrant légèrement la main du comte : (…) »55 - (manière) « (…) mais enfin si je ne puis rien obtenir, même en sacrifiant un peu de ma dignité, je plante là cet homme (…) »56 - (condition) « (…) un bourgeois tel que vous, envoyant de l’argent à son ami en prison, croit se ruiner en lui donnant dix sequins (…) »57 - (condition) « Au sortir de chez la princesse Isota, qui avait grandement rougi en recevant l’aveu de la passion du premier ministre (…) »58 - (cause) Néanmoins, la linguiste O. Halmøy traite cette question plus en détail, elle simplifie et systématise considérablement ces énumérations des effets de sens. Elle affirme qu’au sein 50 Stendhal, (1830 : 12) 51 Le gérondif exprime l’opposition surtout dans les cas où il est précédé par l’adverbe tout 52 Stendhal, « La Chartreuse de Parme » (1839), Édition du groupe « Ebooks libres et gratuits », p. 87 53 Ibid., 81 54 Ibid., 308-309 55 Ibid., 313 56 Ibid., 318 57 Ibid., 332 58 Ibid., 334 Valeurs du gérondif: - valeur temporelle (valeur de temps) - valeurs aspectuelles (circonstancielles)  moyen  maniere  opposition  condition  cause
  • 22. Valeurs du gérondif Emina Džaferović 22 de la CG, il peut s’instaurer deux types principaux de relations entre le verbe régissant (VR) et le syntagme gérondif (SG) qu’elle nomme la configuration A et la configuration B et auxquels s’ajoutent leurs sous-types A’ et B’ ainsi qu’une valeur purement temporelle : 1. Configuration « A » : la relation qui s’y impose entre le gérondif et le verbe régissant exprime la cause, la condition ou le moyen. Dans ce cas-là, la relation gérondif-VR est toujours orientée dans le temps et les actions exprimées sont dans un rapport de dépendance. Le gérondif exprime ainsi le procès logiquement antérieur au procès principal. Par exemple : « Il essayait de réchauffer ses pieds en les frottant entre ses mains. » (Dai Sije)59 1.1 Configuration « A’ » représente le sous-type de la configuration A. Il s’agit de la relation d’inclusion ou d’équivalence : le VR, abstrait, imaginé, métaphorique est « hyperonymique » par rapport au SG, dans la mesure où le SG en constitue une réalisation concrète, possible parmi d’autres. La frontière entre la catégorie « A » et « A’ » n’est pas toujours nette60 . Par exemple : « Prudent, le ministre de la défense a jeté l’éponge en décidant la fin de ces opérations qualifiées par les militants pacifistes de ‘nettoyage ethnique’. » (Le Monde)61 2. Configuration « B » : au sein de la CG s’instaure la relation de concomitance (circonstance d’accompagnement). Contrairement au type A, le procès exprimé par le G ne connaît donc aucun rapport logique avec celui exprimé par le VR. Par exemple : « Le chef faisait les cent pas en fumant sa pipe en bambou. » (Dai Sije)62 2.1 Configuration « B’ » : représente le sous-type de la configuration B. Dans ce cas, il y a la relation d’hyponymie (manière) dans la CG. Le verbe régissant et le G expriment une seule action, il y a une coïncidence totale des deux prédicats. Le verbe de la construction gérondive est en relation d’hyponymie avec son verbe régissant en 59 Halmøy, O. (2003: 97) 60 Ibid., p. 100. 61 Ibid., p. 99. 62 Ibid., p. 101.
  • 23. Valeurs du gérondif Emina Džaferović 23 précisant la manière, le verbe régissant est soit le verbe de parole soit le verbe de déplacement, par exemple : « Je prononçai la phrase finale en imitant la voix off sentimentale et fatale. » (Dai Sije)63 3. Repère temporel : si la relation entre deux actions au sein de la CG est purement temporelle, il s’agit de « repère temporel ». O. Halmøy a repris cette désignation de H. Gettrup : « si la relation entre deux actions au sein du syntagme gérondif est purement temporelle, il s’agit de ‘repère temporel’ »64 . Par exemple : « Je la retrouve en descendant dans la cuisine. » (Gavalda)65 Par sa nature, la proposition incise (PI) implique premièrement les syntagmes gérondifs (SG) de configurations B et B’, c’est-à-dire les cas où le G décrit une circonstance d’accompagnement du VR, souvent la manière. À propos de cela, O. Halmøy mentionne : « la configuration B est très fréquente dans les œuvres de fiction, et tout particulièrement dans les propositions en incise, de type dit-il en riant »66 , et elle ajoute plus loin à propos de la configuration B’ que « les propositions en incise présentent de nombreuses occurrences de ce cas de figure »67 . Elle ajoute que le gérondif est toujours rhématique dans ces syntagmes ; il porte le contenu sémantique et le verbe dire peut donc être considéré comme redondant, dans la mesure où il contient les mêmes sèmes que le gérondif, par exemple : dit-il en hurlant → hurla-t-il68 . 63 Ibid., p. 105. 64 Ibid., p. 92. 65 Ibid. 66 Ibid., p. 104–105. 67 Ibid. 68 Ibid.
  • 24. Valeurs du gérondif Emina Džaferović 24 Conclusion Le sujet de notre travail était « Valeurs du gérondif », du gérondif qui représente forme impersonnelle du verbe, et qui ne porte pas de marques de personne ou de nombre, ni de temps ou d’aspect. Afin d’analyser et traiter le sujet, il fallait donner quelques mots sur le verbe en général et positionner la forme du gérondif dans l’histoire du verbe. En l’y positionnant, nous avons rencontré une autre forme impersonnelle très similaire à celle du gérondif, la forme du participe présent. Avec la même désinence, il est souvent difficile de les distinguer. La chose unique qui les distingue au plan visuel, c’est la particule en. Au plan de syntaxe, le gérondif et le participe présent assument des fonctions différentes. Le gérondif est la forme adverbiale du verbe. En tant que forme adverbiale, il est une forme régie et subordonnée par le verbe régissant de la phrase. Le participe présent, de son côté, est la forme adjectivale du verbe, rattachée à un support nominal. Contrairement au gérondif, il ne peut pas assumer la fonction de complément circonstanciel. Alors, nous avons passé au gérondif. Dans ce chapitre-là, nous sommes allés un peu plus loin concernant la particule en pour donner un peu plus d’explication. Nous avons présenté différents aspects sur ce sujet et à la fin de ce chapitre-là, nous avons penché pour l’opinion que en n’a pas perdu son statut de préposition et que c’est surtout son contenu sémantique temporel de préposition qui souligne la valeur circonstancielle de simultanéité du gérondif. En effet, le contenu sémantique de en et celui du gérondif se recouvrent : en introduit souvent un grand nombre de compléments de manière (en gros, en silence…) et il marque l’aspect duratif (en été, en trois minutes…) et peut alterner avec à temporel pour marquer cet aspect duratif (en ce moment = à ce moment-là). Ces valeurs de la préposition en sont aussi les valeurs principales du gérondif. Il y a ainsi un certain parallèle entre des valeurs de en et celle du gérondif, ce qui nous conduit vers le chapitre suivant – Valeurs du gérondif. Dans ce chapitre au-dessus, nous avons exploré les différentes approches au sujet des valeurs du gérondif. En conclusion, il s’agit des deux types des valeurs : valeur temporelle et valeur aspectuelle. Lorsqu’on dit valeur aspectuelle, on assume des différentes valeurs : valeur de moyen qui nous indique avec quel moyen l’action dans la phrase principale a été faite, ensuite valeur de cause qui nous indique la raison pour laquelle l’action de la principale se déroule (s’est déroulée) comme ça, ensuite valeur de manière (comment l’action s’est passée), valeur de condition (condition pour l’action de la principale) et valeur d’opposition quelquefois avec ambiguïté. Quelques auteurs ne mentionne de tout la dernière, mais nous
  • 25. Valeurs du gérondif Emina Džaferović 25 l’avons mentionnée car nous trouvons cela très important, surtout en liaison avec l’adverbe tout dont nous avons suffisamment parle dans le chapitre « Gérondif ». Pour conclure, les valeurs du gérondif représentent un champ très intéressant pour la recherche, car bien que ce sujet soit mentionné dans toute grammaire, il n’est pas suffisamment exploré et il n’existe pas de formules exactes qu’on peut utiliser pour distinguer clairement les différentes valeurs du gérondif. Souvent, ça dépend du contexte aussi. Le gérondif n’est ainsi pas capable d’exprimer par lui-même la situation temporelle. Ce n’est qu’à partir du contexte qu’émergent ses caractéristiques temporelles et aspectuelles. Pour cette raison le gérondif doit chercher dans le contexte un repérage par rapport auquel il obtient sa valeur temporelle et aspectuelle. Ce repérage est le plus souvent un autre procès, c’est-à-dire celui exprimé par le verbe principal.
  • 26. Valeurs du gérondif Emina Džaferović 26 Bibliographie Amourette, C. L’expression du temps et de l’aspect par le participe présent et le gérondif. In Travaux linguistiques du Cerlico, n°19, (2006) Arrivé M., Gadet F., Galmiche M. (1986), La grammaire d'aujourd’hui – guide alphabétique de linguistique française, Presses Universitaires de France Baccus N. (2004), Grammaire française, Diffusion France et étranger : Flammarion Chevalier, J.C., Blanche-Benveniste, C., Arrivé, M., Peytard, (1964) J. Grammaire du français contemporain. Paris : Larousse Cristea T. (2005), Grammaire française, Editura Fundaţiei România de Mâine Dubois J., Jouannon G., Lagane R. (1961), Grammaire française, Librairie Larousse, Paris Franckel J.J. (1989), « Étude de quelques marqueurs aspectuels du français », Genève-Paris Grevisse M., Goose A. (1993), Le bon usage – grammaire française, De Boeck et Larcier, s.a. Halmøy, O. Le Gérondif en français. Paris : Ophrys, 2003 Haspelmath, M. & König E. (1995), (éd.). Converbs in cross-linguistic perspective. Berlin: Mouton de Gruyter, Kleiber, G. La question temporelle du gérondif : simultanéité ou non ? In Travaux linguistique du Cerlico, n° 20, (2007) Moignet, G. (1981), Systématique de la langue française. Paris : Klincksieck Riegel M., Pellat J.-C., Rioul R. (1994), Grammaire méthodique du française, Presses Universitaires de France Togeby K. (1983), Grammaire française (vol.3) Le Corpus Malraux A. « La Condition humaine » (1933), Édition du groupe « Ebooks libres et gratuits » Stendhal, (1830), « Le Rouge et le Noir » Édition du groupe « Ebooks libres et gratuits » Stendhal, (1839), « La Chartreuse de Parme » Édition du groupe « Ebooks libres et gratuits »