Avenir des bibliothèques, avenir des bibliothécaires . La bibliothèque peut-elle changer la ville, le village ?

Séminaire réseau n°1 / Dominique Lahary. Agglomération Pau-
Matinée
Avenir des bibliothèques,
avenir des bibliothécaires
Dominique Lahary – dom.lahary@orange.fr
http://www.lahary.fr/pro | http://lahary.wordpress.com
Séminaire réseau n°1
Pau, 24 novembre 2016
Réseau des bibliothèques de l’agglomération Pau-Pyrénées
Diaporama enrichi de textes
pour la version publiée en ligne

Plan
Introduction : Peut-on parler de l’avenir ?
1. La collection
2. Les publics
3. Le métier
4. Le numérique
Conclusion

Introduction
Peut-on parler de
l’avenir ?

L’avenir, obsession du présent ?
L’avenir ce n’est pas nouveau
Bulletin d’informations de l’ABF n°32, 1960

L’avenir, obsession du présent ?
L’avenir ce n’est pas nouveau
Bulletin d’informations de l’ABF n°54, 1967

Que dire de l’avenir ?
La méthode linéaire
Et si ça va craquer ?
?
Et si a déjà craqué ?
?

La prospective, pas la prévision
L’avenir n’est écrit nulle part
La prospective comme instrument d’aide à la décision
comme panorama des futurs possibles destiné à éclairer les
conséquences des stratégies d’action envisageables
Hugues de Jouvenel, Invitation à la prospective, 2004
La méthode des scénarios
Scénarios à la française: hypothèses imaginables
Scénarios dynamiques fondés sur l’intuition et la créativité

1
La collection

a
D’où
venons-nous ?

La bibliothèque d’Alexandrie :
un lieu d’étude grâce à la
conservation d’un nombre
exceptionnel de livres-rouleaux
Le bibliothécaire par
Arcimboldo :
un homme-livres

(1) Toute collection organisée de livres, de périodiques ou de
tous autres documents graphiques ou audiovisuels
accessibles par le prêt et la consultation sur place.
(2) Organisme chargé de constituer des collections
organisées de documents , de les accroître, de les traiter,
d'en faciliter l'utilisation par les usagers.
Vocabulaire de la documentation.
2e
éd. Paris, Afnor, 1987. (Les dossiers de la documentation).
Qu’est-ce qu’une bibliothèque ?

La collection

La sélection

L’encyclopédisme
De tout un peu, moyennement, beaucoup

Le catalogue

b
Mais…

Concurrence
A tout moment les gens vont
au plus rapide
au plus commode
au moins cher
Tout fait ventre
Tout est « bibliothèque »

Concurrence
Les gens (dont nous sommes) font jouer la concurrence entre les
différentes sources d’approvisionnement, à chaque instant.
En ce sens, les bibliothèques sont un des éléments du marché.
Mais du point de vue de l‘offre, il en va différemment. Les
bibliothèques sont des services publics, des outils de mise en œuvre
de politiques publiques.
Il faut assumer cette apparente contradiction.
Nous ne sommes pas, nous n’avons jamais été les fournisseurs
exclusifs de Sa Majesté le Public.
En avoir conscience permet de développer les services les plus
appropriés.
Un certain « lâcher prise » est utile.

c
Deux mises
en perspective

Stock
Bibliothèque
Et si c’était l’inverse ?
Flux
Internet

Stock
Internet
Flux
Bibliothèque
Une partie de ses ressources
sont permanentes.
Sa collection sans cesse
renouvelée n’est jamais la
même.

La dentition de l’éléphant et du mammouth
Ils fabriquent sans cessent de nouvelles dents au fond de la
gueule qui s’usent par le devant. Quand ls ne fabriquent plus de
nouvelles dentrs, ils meurent de faim. Ainsi en va-t-il de la
collection d’une bibliothèque.

Premier congrès de l’AIFBD, Montréal, 3-7 août 2008 : Innovations, changement et réseautage
Les deux jambes de la bibliothèque

 Droite : La « mise en place »
 Gauche : La gestion des demandes
Les deux jambes de la bibliothèque
 Droite : Je viens fouiner
 Gauche : Je sais ce que je veux
 Droite : La bibliothèque visible
 Gauche : La bibliothèque invisible
 Droite : Prescrire
 Gauche : Répondre à la demande

 Dépend de la surface
 Pas trop de quantité
 Présentation aérée
 Renouvellement
 La surprise comme épice
La jambe droite
« la bibliothèque visible »

Le devoir de renouvellement
 mode localiste : j’achète, je déstocke
 mode coopératif : je fait tourner
La jambe droite
« la bibliothèque visible »

Tout ce qui n’est pas là n’en est pas
La bibliothèque visible n’est
jamais la même
La jambe visible n’égale pas la
collection en libre accès

 Dépend de la surface
 Pas trop de quantité
 Présentation aérée
 Renouvellement
 La surprise comme épice
La jambe gauche
« la bibliothèque invisible »
Indépendant de la surface
Quantités
Présentation indifférente
Constance
Pas de surprise

Le devoir de permanence
 mode localiste : j’achète, je stocke
 mode coopératif : je conserve, je fournis
La jambe gauche
« la bibliothèque invisible »

La jambe gauche :
la bibliothèque invisible
La jambe droite :
la bibliothèque visible
Le fonds se dérobe à son regard
L’usager découvre devant ses
yeux
L’usager commande L’usager se sert directement
L’usager sait exactement
ce qu’il veut
L’usager qui vient fouiner
Répondre à la demande des
usagers
Prescrire, promouvoir,
mettre en valeur
La surprise ne sert à rien La surprise comme épice
Permanence du stock Renouvellement régulier
Stockage compact
Présentations aérées
et attrayantes
La quantité peut être infinie Trop de quantité nuit

d
Prendre au sérieux
la fourniture
documentaire

En réseau !
Seul le réseau
permet de concilier
la rareté
et l’abondance

La longue traîne,
modèle pour la bibliothèque ?
Diversification
Marchés de niche
Une modélisation des ressources des librairies en ligne
par l’américain Poul Anderson.
Correspond au vieux principe bibliothéconomique selon
lequel il y a beaucoup de demandes sur peu de titres et
beaucoup de titres sur lesquelles il y a peu de delandes.

La longue traîne,
Bibliothèque
visible
Une grande partie de la tête de traîne (le
reste, emprunté, est invisible) + une petite
partie de la queue de traîne (le reste est
en réserve ou dans d’autres bibliothèques)

La longue traîne,
Bibliothèque
invisible

Réseau de
bibliothèques

Cycle de vie
d’un document

La permanence d’un titre :
principe de conservation
 l’augmentation du nombre de titres :
principe de diversité
La longue traîne permet de gérer…

e
Quelle fourniture,
au fait ?

Une offre polyvalente
« Si quiconque entrant dans une bibliothèque n’y
découvre rien de ce qui lui est déjà familier, alors il lui
est signifié, j’ose dire avec violence, que cet endroit
n’est pas pour lui.
En ce sens, exclure des [documents], ce peut être
aussi, du même coup, et quelles que soient les
intentions, exclure des gens. »
Dominique Lahary
Pour une bibliothèque polyvalente :
à propos des best-sellers en bibliothèque publique
in : Bulletin d'informations de l'ABF n°189, 2000

Deux maîtres livres
L’éclectisme culturel
qui brouille dans les pratiques de chacun les
frontières entre culture légitime et non légitime
Les fonctions de la lecture
Lecture de divertissement, lecture didactique,
lecture de salut, lecture de consolation,
« ethnocentrisme lettré »
Une bibliothèque non
éclectique est déconnectée
des pratiques
On ne peux construire
une offre doculentaire sur
une seule des fonctions
de la lecture,
l’ethnocenrisme lettré (le
plaisir d’érudition)

Une offre polyvalente
Recommandations de l'IFLA pour les bibliothèques publiques :
les missions (purposes) de la bibliothèques publique sont
« l'éducation, l'information et le développement personnel
qui comprend le divertissement et le loisir »
Chacun a droit à un service de lecture publique
répondant aux multiples fonctions de la lecture, de l’écoute, du
visionnement
Le pluralisme
non seulement des opinions et courants spirituels
mais aussi des niveaux de lecture
Le professionnalisme
c’est aussi donner accès à / faire la médiation de
ce qu’on n’a pas choisi, ce qu’on ne connaît pas, ce qu’on n’aime pas

L’offre documentaire est un service…
… L’action culturelle en est un autre
Les « animations » sont des services en soi, des formes de
transmission ou d’interaction parmi d’autres, leur effet ne se mesure
pas en termes de prêts« retour sur les collections »
La bibliothèque francophone multimédia de Limoges

2
Les publics

a
Qui
sont-ils ?

Combien sont-ils ?
Source : Bibliothèques municipales et intercommunales,
données d’activité 2014, synthèse nationale. MCC
13% d’emprunteur actifs (17% d’inscrits) dans les communes équipées

Combien sont-ils ?
Source : Bibliothèques municipales et intercommunales,
données d’activité 2014, synthèse nationale. MCC
Emprunteurs / habitant : + dans les petites communes.
Entrées / habitant : + dans les grandes communes.

Combien sont-ils ?
Source : Enquête TNS-Sofres pour fondation Gates, 2012
% d’adultes ayant fréquenté une bibliothèque publique…

L’indicateur de pénétration de la lecture publique
Bruno Maresca, Les enquêtes de fréquentation des bibliothèques
publiques : À quelle méthodologie s’en remettre ?
BBF 2006 - Paris, t. 51, n° 6

Les populations ne
forment pas un bloc
Qui sont-ils ?

Qui sont-ils ?

Qui sont-ils ?
On peut dégager des groupes, des
segments, des cibles d’action prioritaire

b
Que
viennent-ils faire ?

Cette étude menée en Île-de-France par
le MOTif en 2011 illustre à partir de la
demande d’horaires la diversité des
pratiques en bibliothèque

Sur place, le lieu à tout faire
Les gens sont là
Ils font ce qui leur chante
Même sans utiliser les collections
Même sans s’adresser au personnel
Qu’avons vous à faire ?
Proposer des ressources, services et activités
Laisser faire
Dans la limite de la légalité
Dans la limite du respect des publics

c
Comment
les appelle-t-on ?

Adhérents ?
Lecteurs ?
Abonnés ?
Comment les appelle-t-on ?

Adhérents ?
Lecteurs ?
Usagers ?
Populations !
Abonnés ?
Publics ?
Comment les appelle-t-on ?

d
A quoi
servons-nous ?

L’accueil ?
Collectif
Individuel
Et de ceux qui veulent qu’on
leur lâche les baskets
Des gens qui cherchentle contact
On n’a jamais une seconde chance
pour faire une première impression
En petite et moyennebibliothèque
En grande
bibliothèque

La médiation ?
Médiation des bibliothécaires vers les publics
Médiation des publics vers les bibliothécaires
Médiation des publics entre eux

La médiation !
On ne fait plus seulement la médiation de ce qu’on a choisi mais
aussi celle de ce qui est ailleurs (dans le réseau, sur Internet…).
De ce qu’on n’a pas choisit,
De ce qu’on ne connaît pas,
De ce qu’on n’aime pas.

Rendre des services
La bibliothèque rend à tout moment
à toutes sortes de gens
une multitude de services invisibles
qui sont l’essentiel de son action
Cela pose un problème
de visibilité vis-à-vis du
public, des politiques,
des médias

3
Le métier

a
Qu’est-ce que
qu’un métier ?

L’entreprise
Premier métier
Dans la littérature et la presse
économique on parle de métier
de l’entreprise, notion
collective et non individuelle.
En ce sens, la bibliothèque a
un métier: ses missions, ses
fonctions.

L’entreprise La GRH
Deuxième métier
Les DRH ont eu besoin de réinventer, au-delà de la fiche
de poste, la notion de métier qui représente l’ensemble
des situations professionnelles entre lesquelles un même
individu peut passer sans avoir à subir une formation
lourde.

L’identité professionnelle
Troisième métier
Il existe enfin le métier tel qu’il est vécu par chacun, ce qui
donne sens et permet d’avoir envie de travailler. Cela
relève de la psycho-sociologie.

Là, ça coince !
Quand on confond les 3 métiers

Le statut
Là, ça coince
énormément !
Et quand on y ajoute le statut
L’avenir du métier de bibliothécaire /D. Lahary. Université de Normandie, Caen, 9 février 2016

Avenir des bibliothécaires
ou avenir des bibliothèques ?
Envisageons d’abord l’avenir des bibliothèques
Puis des compétences à mobiliser pour qu’elles
remplissent leur rôle
Et là on parlera des bibliothécaires, entre autres

b
Métier,
as-tu du cœur ?

Une représentation classique

Où est passé le  de métier ?
Pendant longtemps, la collection
 « Les conservateurs constituent, enrichissent,
évaluent… des collections de toutes natures »
 « Les bibliothécaires participent à la
constitution…

Puis la collection et l’accès
L’an passé, le Conseil leur avait rappelé l’absolue nécessité de ne
pas perdre de vue ce qui forme l’essentiel, la raison d’être, de leur
métier : le contenu des collections et leur accès. Dépourvue de
tout lien avec les contenus, l’activité des bibliothécaires risquerait
de se réduire à l’application de savoir-faire dont la dépendance
croissante à l’égard des techniques informatiques rendrait
l’identification d’un métier spécifique de plus en plus incertaine.
Rapport du Conseil Supérieur des Bibliothèques, 1998

Puis l’accès
Et/ou la médiation

Faut-il une transplantation
cardiaque ?

« Il n’y a pas de  de métier »
Christophe Pavlidès
Directeur de Médiadix
La bibliothéconomie comme carrefour
collections
action culturelle et +
accueil
accompagnement
communication
management
administration

Il n’y a pas de  de métier
Christophe Pavlidès,
directeur de Médiadix
La bibliothéconomie comme carrefour
collections
action culturelle et +
accueil
accompagnement
communication
management
administration

Dépasser la posture du parent oiseau ?
Les oisillons ne peuvent digérer les vers de terre s’ils n’ont pas été
baigné dans la salive d’un des deux parents.
Une certaine posture de bibliothécaire veut que ne soit bon pour le
public que ce qu’il a choisi (acquisition), décrit (catalogage) et dont il a
donné le sens (indexation matière)

c
Le métier
de la bibliothèque

Missions et fonctions
Politiques publiques
Instrumentalisation ?
Les missions sont auto-proclamées.
Elles sont, sinon intemporelles, du moins indépendantes des lieux.
Elles apparaissent comme un rempart contre la variabilité.
Elles veulent répondre à la quesiton : Pourquoi les bibliothèques ?
Les fonctions sont constatées.
Elles sont analysées par la mesure de s usages et l’observation
des comportements variabilité.
Elles répondent à la quesiton : A quoi, à qui servent vraiment les
bibliothèques ?
Si les bibliothèques servent à quelque chose, cela signifie qu’elles
peuvent être des instruments (au service des gens, répondant à
des objectifs de politiques publiques culturelles, sociales,
édicatives, etc.). N’ayons pas peur de l’instrumentalisation !

4
Le numérique

Le catalogue
ni
ni

La médiation

La médiathèque
Pour mettre en œuvre une nouvelle
politique, il faut « changer les noms »
Confucius

Google image : « bibliothèque »
Le résultat d’une recherche sur Google Image
correspond bien aux représentations, aux clichés

Google images : « médiathèque »
Où l’ont voit la formidable opération de marketing qu’a été l’adoption
en France du terme « médiathèque ». Mais depuis…

b
La
révolution

Une météorite s’est abattue
sur la terre

Qui connaît…
Tim Berners Lee ? GutenbergGutenberg
Le britannique inventeur du
world wide web, en 1991 !
C’est le
nouveau
Cérémonie d’ouverture des Jeux
olympiques à Londres en 1992. Au
milieu du stade un héros apparaît

Tout va vite
Mais ça prend
quand même du temps

Abondance
Tout

Immédiateté
Tout de suite

Permanence
Tout le temps

Nomadisme
Partout

Désintermédiation
… apparente !

Désintermédiation ?
=
Plus de 60 000 salariés
Quelque deux millions
de serveurs
Ça c’est un intermédiaire !

Un nouveau paradigme !
Un « support » de plus ?
Dessin circulant anonymement sur les réseaux sociaux
La révolution numérique

Le texte bref
La musique
Le cinéma et la vidéo
Le roman et l’essai
Des rythmes,
des logiques d’usage
différents
Les révolutions numériques

Tout le monde fait de la recherche
documentaire mais…
On se fiche du
Comme du
Les moteurs ont gagné

c
Le numérique
et la bibliothèque

Numérique et bibliothèques
Le numérique « classique » de bibliothèque
Fournir des ressources que la bibliothèque paie pour ses usagers
Les deux autres phénomènes numériques
Le numérique de libre parcours (marchand ou collaboratif)
Les services numériques (faire en ligne ce qu’on fait « au guichet »)
Les deux usages
Le numérique que je consulte
Le numérique que je fais
Les deux localisations
La bibliothèque en ligne
Le numérique à la bibliothèque
Les deux contextes
La bibliothèque publique : une spécificité noyée
La bibliothèque universitaire : pourvoyeur indispensable de l’IST

Numérique et bibliothèques
publiques
« A la papa »
On focalise sur une « collection numérique »
Changement de paradigme !
L’essentiel ce sont les services
et le numérique participatif
L’essentiel du service documentaire est indépendant
d’une « collection » choisie localement

Conclusion

Le grand paradoxe
La relativisation de la bibliothèque
De l’idéal du fonds encyclopédique…
… à la bibliothèque relative :
recours parmi d’autres
mis en concurrence
utilisée régulièrement ou occasionnellement
L’extension de la bibliothèque
De la vision étroite du stock à lire sur place ou
prêter…
… à des fonctions multiples
qui échappent en partie à l’analyse

Non à la ligne claire !
Entre extension indéfinie
et réfraction continue
Les limites sont
changeantes,
locales,
politiques !

La meilleure façon…
… de prévoir l’avenir…
… c’est d’en être acteur
Il y a le contexte global
mais le devenir de chaque
(réseau de) bibliothèque(s) est local !

Merci de
votre attention
et bravo pour
votre participation

Après-midi
La bibliothèque peut-elle
changer la ville, le village ?
Dominique Lahary – dom.lahary@orange.fr
http://www.lahary.fr/pro | http://lahary.wordpress.com
Séminaire réseau n°1
Pau, 24 novembre 2016
Réseau des bibliothèques de l’agglomération Pau-Pyrénées

Plan
1. La bibliothèque :
transversale, territoriale, partenariale,
participative… en réseau
2. L’impact des bibliothèques
3. Bibliothèques et politiques publiques

1
La bibliothèque :
territoriale, en réseau,
transversale, partenariale

a
La bibliothèque
territoriale

La bibliothèque, service territorial
… parmi d’autres
services culturels
services sociaux
services éducatifs
services jeunesse, personnes âgées…
Un service opérationnel
au contact du public
qui ne vient pas parce qu’il est obligé
pour des raisons administratives et financières
ni parce qu’il appartient à une catégorie particulière de
population
ni parce qu’il viendrait se livrer à une seule activité ou
participer à une seule manifestation

La bibliothèque, au carrefour
… de relations transversales
agir avec d’autre services de la même collectivité
ou du même ensemble intercommunal
services municipaux et intercommunaux
… de relations de partenariat
agir avec des organismes indépendants de la collectivité
associations
acteurs locaux
acteurs culturels y compris commerciaux

Les territoires, ce sont d’abord des gens
Les gens vivent sur des territoires enchevêtrés
Autour du domicile…
des aires de mobilités diverses au sein d’un même foyer
Maillage territorial des services
Complémentarité des petites bibliothèques et des plus
grande, entre proximité et attractivité
Monofréquentants et multifréquentants
Les gens font réseau
Autant l’organiser pratiquement et politiquement

Le maillage idéal : une
bibliothèque à ¼ d’heure de
chacun.
Complémentarité entre
équipements de proximité et
équipements rayonnants.
Les territoires, ce sont d’abord des gens

b
La bibliothèque
transversale
et partenariale

Partenariat et transversalité

Éviter la juxtaposition de secteurs étanches
BIBLIOTHEQUES
SERViCES
SOCIAUX
EQUIPEMENTS
SPORTIFS
ECOLES
ECOLES DE
MUSIQUE
ARCHIVES
MUSEESTHEATRES
Partenariat et transversalité

b
Modèles
Scénarios
Innovation

La bibliothèque du monde ancien
Du point de vue du public
Rareté
Intermédiation
Localisation
Fermeture
Du point de vue des bibliothécaires
Collection
Catalogue
Informatique spécifique

La modernité d’avant
Le décollage de la lecture publique française
1945 et les BCP
Georges Pompidou « tout est à faire »
Jack Lang ministre et Jean Gattégno directeur du livre
Les choix municipaux
L’invention de la médiathèque
Tous les supports
Tous les publics
Un modèle français ?
Bâtiments beaux
Collections encyclopédiques
Personnels qualifiés
Influence décalée du modèle anglo-saxon
Populaire et informationnel

La bibliothèque hybride
Un modèle d’abord universitaire
venu du monde anglo-saxon dans les années 1990
Un constat simplissime
Coexistence de collections physiques et de ressources
numériques
Deux visions possibles
Un nouvel état de la bibliothèque
Une étape vers une bibliothèque entièrement numérique
Un ver est déjà dans le fruit
Des collections locales physiques et numériques aux ressources
distantes
Une notion encore centrée sur l’offre documentaire
Le numérique, figure nouvelle de l’ancien ?

Le learning center
Un modèle quasi exclusivement universitaire
Venu du Royaume-Uni à la fin des années 1990
et répandu aux États-unis
Un développement en France
L’écho du Rolex Learning center de l’école polytechnique de
Lausanne ouvert en 2010
Implantation dans un certain nombre d’université
Une modernisation de la BU
Importance du lieu physique
Prédominance ou exclusivité des outils et ressources
électroniques
Acteurs de l’accompagnement pédagogique
Accent sur le confort, la convivialité : mobilier, cafeteria…

Une tendance Nord-Nord-Est
Les idea stores londoniens
Dans un quartier populaire de Londres à partir de 1999
Grand amplitude horaire
Espaces ouverts, bruit, nourriture
Centre de ressources, cours de yoga, aide aux devoirs
Recrutement d’habitants du quartier
Limites : demande renforcement des services traditionnels (prêt)
Le voyage aux Pays-Bas et en Scandinavie
Nombreux voyages d’étude de bibliothécaires français
La « DOK » de Delft : « La collection c’est le public »
Public au centre
Accent mis sur des intérieurs attrayants
Extension des horaires… jusqu’à l’ouverture 24/24 sans personnel
présent aux heures de nuit (entrée sur badge et automates de prêt)

La bibliothèque participative
permettant à ses usagers, à la population
d’agir et partager sur place
d’influer sur l’offre de service
directement ou par l’écoute de ses usages

Bibliothèques
municipales de Grenoble
Le fablab ambulant des Ulis
(agglomération du Plateau de Saclay, Essonne)

Biblio-remix à la bibliothèque du Landry (Rennes)
Visuel de Doc@Brest
Construction en Lego du projet Agora,
Biblio Remix à l’EESAB en juin 2013,
CC-BY-SA Auregann
Biblio-remix : ateliers
pratiques de
réinvention de la
bibliothèque

Le sociologue Ray Oldenburg distingue le 1er
lieu, celui du domicile

le second, celui du travail…

… ou de l’étude

Et les 3e
lieux, ceux de la sociabilité et du libre séjour
Les bibliothèques en font partie

Lieu de brassage et de sociabilité,
la bibliothèque est aussi, comme 3e
lieu,
un espace de liberté individuelle, une
« pièce à soi » telle que la souhaitait
Virginia Woolf pour les femmes

Le 3e
lieu débarque en France
Introduction
Un mémoire d’étude (2009 et un article (2010) de Mathilde Servet
Un succès foudroyant
Met un mot sur une tendance déjà à l’oeuvre
Inspire des projets de nouvelles bibliothèques
Repris par des élus et des médias
Deux conceptions
Un nouveau type de bibliothèque
Une dimension commune à toute bibliothèque, qu’il faut
reconnaître et développer

Télérama
janvier 2016

France Inter

ABF
Juin 2015

Ou l’éparpillement…
… des collections ?
Imprimés, phonogrammes, vidéogrammes
Documents numériques
Jeux
Outils
Instruments de musiques
Bibliothécaires
Personnes ressources
… des activités et services ?
Action culturelle
Activités manuelles
Fablab
…

Ou l’éparpillement…
… des collections ?
Imprimés, phonogrammes, vidéogrammes
Ressources numériques
Jeux
Outils
Instruments de musiques
Bibliothécaires
Personnes ressources
… des activités et services ?
Action culturelle
Activités manuelles
Fablab
…

A bas la ligne claire !
Vous le proposez pas tout ça ?
Ce n’est pas grave
La bibliothèque n’est jamais
la même
Selon les lieux, les compétences,
les énergies, les politiques
Mais la bibliothèque
c’est toujours un lieu
ou plutôt deux

c
L’âge des
réseaux

Aucune bibliothèque n'est autosuffisante.
Dès lors que la bibliothèque est conçue et gérée comme
un ensemble éternellement incomplet, la coopération entre
bibliothèques n'est plus un service supplémentaire, ni un
palliatif à une situation défectueuse mais un mode
d'existence normal de toute bibliothèque, qui doit être
intégré à sa conception et prévu dans ses règles de
fonctionnement.
Michel Melot
Rapport du Président du Conseil supérieur des
bibliothèques, 1991
http://www.enssib.fr/autres-sites/csb/rapport91/rapp-91-4cooperation/csb-
rapp91-textecooperation.html

Mutualiser c’est quoi ?
Ne pas faire 100 fois ce qu’on peut faire
en une seule fois
Faire ensemble ce qu’il est plus efficace
de faire séparément
Partager les compétences
Partager les ressources humaines et
physiques

Cousins et voisins
Coopération
Partenariat
Transversalité
Subsidiarité
Efficience
Décloisonnement
Rationalisation
Économies d’échelle

Les champs de la mutualisation
Les services au public
L’accès du public aux collections et services
L’offre documentaire
L’action culturelle
La gestion
Les ressources humaines
L’informatique
La gestion des collections

Les modèles de la mutualisation
Dédiée : mission transversale
Partagée : collaboration transversale
Autrement dit :
Coordination
Répartition
Service commun

2
L’impact
des bibliothèques

a
Les facteurs de succès
des bibliothèques

Séminaire réseau n°1 / Dominique Lahary. Agglomération Pau-BDVO Rives de Seine, Présentation, Maison du département, Argenteuil, 1er décembre 2010 154
Les facteurs de réussite
des bibliothèques et
médiathèques publiques
Bibliothèque départementale du Val
d’Oise

Pourquoi une telle
étude ?Objectifs
• Aide à la décision
 projets de nouveaux équipements
 amélioration des équipements existants
• Politique départementale

• Établir à partir d’une enquête
les facteurs de succès / d’échec
d’une bibliothèque publique
• Combiner quantitatif et qualitatif
• Vérifier des intuitions
• Connaître l’incidence des moyens
• Identifier les levier à la disposition des équipes
Projet

• L’usage mesurable
• Tempéré par des données qualitatives
Qu’est-ce que la réussite ?

Le chiffre qui manque
L’Observatoire : « partout pendant 1 mois »
Finalement : dans 80% des bibliothèques
pendant 1 semaine puis extrapolation
Compter les entrées !
Autant que le Parc Astérix !

Séminaire réseau n°1 / Dominique Lahary. Agglomération Pau-BDVO, Facteurs de réussite, Septembre 2011
159
Anne-Carine Paillas
pour
l’Observatoire départemental
La méthodologie

Méthodologie
• Quantitative
– base statistique BDP/SLL : 2008 + historique depuis 2002
– comptage des entrées
• Qualitative
– 20 entretiens dans un échantillonnage de bibliothèques
déterminées par 3 critères (variété de l’offre, population
communale, surface)

Méthodologie quantitative
• Construire des coefficients de relation
– Dans un tableau à double entrée les données sont croisées
les uns avec les autres
– Des coefficients permettent de mesurer les corrélations
• ACP (analyse en composante principale)
– Méthode d’analyse multi-factorielle qui permet de
représenter selon 2 axes des indicateurs quantitatifs ainsi
croisés, qui apparaissent alors sous forme de nuages de
points
– Permet de dégager des typologies

Méthodologie quantitative
Des milliers de chiffres
Fréquentation / population
0
500
1000
1500
2000
2500
3000
3500
4000
Nbre d'entrées hebdomadaire Population totale 2006 (Insee - RGP) en centaine
Des nuages de points
pour dégager des typologies
Des courbes
pour établir des corrélations

Compter les entrées
• Comptage une semaine dans 80% des
bibliothèques obliques du Val d’Oise
– 80 bibliothèques sur 102 ont compté
– du 11 au 16 mai 2009
• Comptage automatique ou (surtout) manuel
– bâtons
– tickets à prendre à l’entrée
• Extrapolation sur les 102 bibliothèques
– en fonction de données croisées
• Extrapolation sur l’année
– d’après les courbes de fréquentation des bibliothèques
comptant toute l’année

Méthodologie qualitative
Grille d’entretien avec questions ouvertes :
• Les usages
– aujourd’hui
– en général
• La bibliothèque
– perception
– satisfaction

Les résultats quantitatifs

Qu’est-ce que la réussite
dans cette étude ?
C’est l’usage mesurable :
prêts, inscrits, fréquentation
Variables de résultats =
e - f - f - i - c - a - c - i - t - é

Les moyens mis en oeuvre
Quantitatifs
Budget, personnel, surface, places de travail,
horaires, fonds, nombre de supports
différents et de postes Internet…
Qualitatifs
Type d’offre, accueil, aménagements…
Variables de résultats / variables de moyens
e - f - f - i - c - i - e - n - c - e

Pas de réussite sans moyens
A moyens
faibles,
résultats
faibles
A moyens
supérieurs,
résultats
intermédiaires
à excellents
A moyens
intermédiaires,
résultats
intermédiaires
Résultats
Bibliothèques de moins de 150 m²
Bibliothèques de plus de 150m²
10 bibliothèques
5 bibliothèques
2 bibliothèques
Moyens

La fréquentation
Conclusion :
Faible corrélation entre fréquentation et population communale
Fréquentation / population
0
500
1000
1500
2000
2500
3000
3500
4000
Nbre d'entrées hebdomadaire Population totale 2006 (Insee - RGP) en centaine
Courbe bleue par ordre d’entrées hebdomadaires
Courbe rouge = population communale

La fréquentation
Fréquentation/surface
0
500
1000
1500
2000
2500
3000
3500
4000
Surface en m² Nbre d'entrées hebdomadaire
Courbe rouge = surface
Conclusion :
Forte corrélation entre fréquentation et surface

Les prêts
Conclusion :
Faible corrélation entre prêts et population communale
Courbe jaune = population communale

Les prêts
Courbe bleue par ordre de nombre de prêts
Courbe jaune = dépenses d’acquisition
Conclusion :
Forte corrélation entre prêts et dépenses d’acquisition

La bibliothèque crée donc son public
• Le public potentiel est à moins de 15 minutes
• Il se déplace d’autant plus loin que l’offre est importante
(fonds, surface, places de travail)
• Et que l’environnement est attractif
• Certains usages sont liés à une taille d’établissement :
fréquenter sans s’inscrire

Un sous-investissement peut conduire
 À une bibliothèque sous-dimensionnée,
qui ne peut rendre son service
 A un équipement beaucoup plus coûteux que
la moyenne départementale, par rapport au
nombre d’usagers desservis

Résultats
Moyens
Les moyens ne font pas tout

Les observations

Cultiver l’accueil

Connaître son public, et s’y
adapter

Mettre en valeur les
collections

Une signalétique
harmonieuse

La prise en compte des nouveaux
usages
• Wifi
• offre numérique
• horaires élargis
• conditions de prêt simplifiées

Les conclusions qualitatives

Des usages qui se diversifient

Des aménagements simples,
de la luminosité

Des lieux propices à certaines activités

Permettre des usages
multiples
2 salles différentes
pour 2 types
d’usage. Souvent le
même public à des
moments différents.

Se faire visible,
c’est se rendre accessible

Cibler le public, en
connaissance de cause ?
• A chaque usage, un horaire
• Aménagement : le moduler,
et éviter d’impressionner
• Un service attire son public : animations,
Internet, places assises

Quelques leçons pour l’action

• Rendre visible la bibliothèque
et ses services
- Dans la ville (panneaux de circulation,
plan…)
- Grâce aux animations, aux partenariats
- Sur Internet, pour enrichir l’offre aux
usagers, et faciliter la connaissance de la
bibliothèque pour les autres
- En soignant la communication

Quelques formules :
Une bibliothèque tous les ¼ d’heure
On ne saurait se satisfaire d’un public satisfait
Les moyens sont nécessaires mais pas
suffisants
La bibliothèque crée son public
Dépenser moins coûte plus cher

b
Mesurer
l’impact

Un guide
plutôt qu’une traduction de la norme ISO 16439 Impact of libraries
rédigé par 4 experts d’une commission de l’Afnor
Le plan
Qu’est-ce que l’impact
La mesure de satisfaction de l’usager
L’impact sociétal
La mesure de l’impact économique

Le livre blanc

Avant, après le livre blanc
Les précédents
Espagne : étude Fesabid
Danemark
Toronto
…
En cours ou prévu
Une étude menée par le conseil départemental du Val d’Oise
avec le concours de la BPI
Une enquête commanditée par le ministère de la culture

L’étude valdoisienne en cours

Pour évaluer, partons du plus simple
Arrêtons de focaliser sur le « taux d’inscrits »
qui ne mesure que les cartes nécessaires pour le prêt
rapportés à la population… municipale ?
et comptons les entrées !
comme le font les théâtres, les musées, les stades,
les champs de course…

3
Bibliothèques
et
politiques publiques

a
Les bibliothèques
ça ne sert plus à rien

« Une bibliothèque ça ne sert plus à rien »
Quand on trouve tout sur internet
À quoi ça sert d’aller à la bibliothèque ?
Quand on a accès à tout
sur son smartphone

Syllogisme
 Les bibliothèques ne servent qu’à se procurer
des ressources (texte, image, son)
 Or toutes les ressources sont maintenant librement
accessible en ligne sous forme numérique
 Donc les bibliothèques ne servent plus à rien
Critique
 Les bibliothèques ne servent pas qu’à ça
 Toutes les ressources ne sont pas librement
accessible en ligne sous forme numérique
 Les bibliothèques restent d’utilité publique
L’avenir du métier de bibliothécaire /D. Lahary. Université de Normandie, Caen, 9 février 2016

b
Les politiques publiques
qu’est-ce que c’est ?

« Politics »

« Politics »
« Policy »

Les politiques telles qu’elles peuvent être conçues,
énoncées publiquement, évaluées.
Mais même si elles ne sont pas explicités, même si
elles sont inconscientes, on met toujours en oeuvre
des politiques.

b
Les bibliothèques
outils parmi d’autres
des politiques publiques

Les temporalités
Le temps de l’appropriation
Nouvelle équipe
Nouvelle fonction
De la représentation a priori à l’appropriation stratégique
Le temps de la validation et de l’aide à la décision
Les grands dossiers (bâtiments, tarifs, horaires…)
L’action culturelle, la politique documentaire
Un projet de service
Susciter la validation
Du DAC au Maire,
le summum étant la délibération de l’assemblée
Le temps de l’urgence
Savoir accepter l’urgence,
symptôme de temporalités différentes

Co-construction des politiques publiques
Vision
Impact
Analyse
Exécution
Objectif
opérationnelAide à
la décision
Professionnel
Politique

Bibliothécaires et élus

Un clin d’œil
du grand siècle

« C'est un plaisir que de vivre en un siècle
où il se passe de si grandes choses,
pourvu qu'on se puisse mettre à couvert en
quelque petit coin afin de voir la comédie à
son aise. »
Nicolas Poussin
1594-1665
Gardons la première partie de la phrase
mais surtout pas de la seconde :
soyons de la partie !

Avenir des bibliothèques, avenir des bibliothécaires . La bibliothèque peut-elle changer la ville, le village ?

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