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ÉTUDE DE LA DYNAMIQUE DU CYANURE DANS L’ENVIRONNEMENT
ET BIOREMÉDIATION: CAS DU SITE D’ORPAILLAGE DE GALGOULI
AU BURKINA FASO.
MEMOIRE POUR L’OBTENTION DU
MASTER EN INGENIERIE DE L'EAU ET DE L'ENVIRONNEMENT
OPTION : EAU ET ASSAINISSEMENT
Présenté et soutenu publiquement le [Date] par:
DEOUDOM Destin
Travaux dirigés par :
Dr Harinaivo A. ANDRIANISA, Enseignant Chercheur Ă  2iE
Dr Hela KAROUI, Enseignante Chercheure Ă  2iE
Mme Christine Lovasoa RAZANAMAHANDRY, Doctorante Ă  2iE
Jury d’évaluation du stage :
Président : Prénom NOM
Membres et correcteurs : Prénom NOM
Prénom NOM
Prénom NOM
Promotion [2014/2015]
Institut International d’IngĂ©nierie de l’Eau et de l’Environnement
Fondation 2iE Rue de la Science - 01 BP 594 - Ouagadougou 01 - BURKINA FASO
TĂ©l. : (+226) 25. 49. 28. 00 - Fax : (+226) 25. 49. 28. 01 - Mail : 2ie@2ie-edu.org - www.2ie-edu.org
« Étude de la dynamique du cyanure dans l’environnement et bioremĂ©diation: cas du site
d’orpaillage de Galgouli au Burkina Faso. »
DEOUDOM DestinM2B Eau et Assainissement/2014-2015 i
CITATION
“Far and away the best prize that life has to
offer is the chance to work hard
at work worth doing.”
Theodore Roosevelt
« Étude de la dynamique du cyanure dans l’environnement et bioremĂ©diation: cas du site
d’orpaillage de Galgouli au Burkina Faso. »
DEOUDOM DestinM2B Eau et Assainissement/2014-2015 ii
DÉDICACES
À la mĂ©moire de mon pĂšre
À ma tendre mùre
À ma famille
« Étude de la dynamique du cyanure dans l’environnement et bioremĂ©diation: cas du site
d’orpaillage de Galgouli au Burkina Faso. »
DEOUDOM DestinM2B Eau et Assainissement/2014-2015 iii
REMERCIEMENTS
Ce mĂ©moire est le rĂ©sultat d’un travail d’implication directe ou indirecte de plusieurs
personnes. À toutes ces personnes, je tĂ©moigne gratitude et reconnaissance.
Je suis reconnaissant au Pr Hamma YACOUBA, directeur de recherche Ă  2iE et au Dr
Yacouba KONATÉ, responsable du Laboratoire Eau, DĂ©pollution, ÉcosystĂšme et SantĂ©
(LEDES) de 2iE pour m’avoir offert cette opportunitĂ© de stage.
Je suis particuliĂšrement reconnaissant Ă  mes encadreurs: Dr Harinaivo A. ANDRIANISA, Dr
Hela KAROUI, Ing. Marcelin KOUAKOU et Ing. Christine L. RAZANAMAHANDRY pour
la formation, les divers conseils scientifiques et la rigueur dont ils m’ont fait part.
Je remercie Mr Boukary SAWADOGO, Ingénieur de recherche à 2iE pour ses conseils et
orientations. Je remercie vivement Messieurs Noel TINDOURÉ et Souhamai HÉMA pour
leur disponibilité, leur dévouement et leur implication dans les aspects techniques et
analytiques de cette recherche.
Au corps enseignant de 2iE et Ă  toute la promotion M2B/Eau et Assainissement/2014-2015.
Que SAWADOGO Adama et Soumaïla TRAORÉ trouvent ici ma profonde gratitude.
À mes amis, à ma fratrie et plus particuliùrement à NGARTOGBÉ D. Maurice,
DJIMRABEYE Doumadingar, ALLARAM JudicaĂ«l, NÉMADJILEM FĂ©licitĂ©, DJIM-
AMNODJI M. Paulin et MORÉMEM Isabelle pour leur soutien et encouragement pendant
ces moments difficiles.
À toutes les personnes qui ne sont pas nommĂ©ment citĂ©es ici mais qui ont contribuĂ© d’une
maniĂšre ou d’une autre Ă  la rĂ©ussite de ce projet.
« Étude de la dynamique du cyanure dans l’environnement et bioremĂ©diation: cas du site
d’orpaillage de Galgouli au Burkina Faso. »
DEOUDOM DestinM2B Eau et Assainissement/2014-2015 iv
RÉSUMÉ
Au Burkina Faso, l’exploitation miniùre artisanale est devenue une composante essentielle
dans le développement économique et social du pays. Cependant, le caractÚre rudimentaire
des activitĂ©s de l’orpaillage gĂ©nĂšre une dĂ©gradation considĂ©rable de l’environnement Ă  travers
l’utilisation inappropriĂ©e de divers produits chimiques parmi lesquels le cyanure. Pour aider Ă 
une prise de dĂ©cision en faveur de l’attĂ©nuation de l’impact du cyanure sur l’environnement,
une étude sur sa dynamique dans les eaux et dans le sol ainsi que celle de sa bioremédiation
ont été réalisées. Elles ont pour objectif de quantifier le cyanure des eaux et du sol pour en
Ă©valuer la pollution et d’étudier son comportement dans la nature et rechercher des micro-
organismes capables de le dĂ©grader. AprĂšs Ă©chantillonnage d’eau et de sol, le cyanure a Ă©tĂ©
quantifié puis sa dynamique a été étudiée. Des ensemencements dans des milieux sélectifs
ainsi que des tests de biodégradation dans des milieux cyanurés avec et sans nutriments pour
40, 60 et 80 mg/L de KCN et 40 mg/L de K3Fe(CN)6 ont été réalisés. Il en ressort des teneurs
en cyanure libre allant de 0,002 Ă  0,046 mg/L dans les eaux. Dans le sol oĂč le cyanure a Ă©tĂ©
quantifié sur une profondeur de 1 m, sa teneur a varié de 0,033 à 1,665 mg/Kg. Son évolution
verticale peut aller au-delà de 1 m et horizontalement, le cyanure peut se répandre trÚs loin de
sa source de pollution. En outre, la présence des micro-organismes dégradeurs de cyanure
avec des colonies variant de 4,45.105
Ă  1,65.109
UFC/mL dans les eaux et de 1,65.106
Ă 
6,67.106
UFC/Kg dans les sols a été prouvée. En 32 heures, les rendements de dégradation du
cyanure libre dans le milieu avec nutriments Ă©taient respectivement de 96, 55 et 29 % pour
40, 60 et 80 mg/L de KCN et de 60, 43 et 30 % pour les mĂȘmes concentrations dans le milieu
sans nutriments. Environ 1,7% et 2,5% de cyanure libre produit aprÚs dégradation de 40 mg/L
de K3Fe(CN)6 ont été respectivement éliminés des milieux avec et sans nutriments. La
dĂ©gradation de K3Fe(CN)6 et de KCN a Ă©tĂ© accompagnĂ©e d’une production d’ammonium et
de croissance bactérienne.
Mots Clés:
1. Bioremédiation
2. Cyanure
3. Dynamique
4. Environnement
5. Galgouli
« Étude de la dynamique du cyanure dans l’environnement et bioremĂ©diation: cas du site
d’orpaillage de Galgouli au Burkina Faso. »
DEOUDOM DestinM2B Eau et Assainissement/2014-2015 v
ABSTRACT
In Burkina Faso, gold washing operation has become a fundamental component in economic
and social development of the country. However, gold washing activities rudimentary nature
produces considerable damage to the environment through inadequate use of various
chemicals among which cyanide. In order for decisions to be made in favor of cyanide impact
attenuation, researches on cyanide dynamic in waters and soil and its bioremediation were
conducted. They aim at quantifying cyanide in waters and soil in order to assess pollution
level, studying its behavior in the environment and searching for micro-organisms capable of
degrading it. Free cyanide dynamics and its levels were analyzed once waters and soil were
sampled. In addition, a number of seedings were made in selective media with 40, 60 and 80
mg/L of KCN and 40 mg/L of K3Fe(CN)6. Biodegradation experiments were realized in
cyanide media with and without broths. Results showed that cyanide contents ranged from
0,002 to 0,046 mg/L in waters while in soil samples taken from a depth of 1 m, they varied
from 0,033 to 1,665 mg/Kg. Its vertical mobility could exceed 1 m whereas horizontally, it
may spread from where it originates. Furthermore, cyanide degrading micro-organisms
presence with 4.45.105
to 6.65.109
CFU/mL in waters and 1.65.106
to 6.67.109
CFU/Kg was
revealed. In 32 hours, cyanide degradation rates in medium with broth were respectively 96,
55 and 29 % for 40, 60 and 80 mg/L of KCN whereas they were 60, 43 and 30 % for the same
concentrations in medium without broth. 98,31 and 97,52% of free cyanide proceeded from
40 mg/L of K3Fe(CN)6 degradation were respectively removed from media with and without
broths. Bacterial growth and ammonium production were concomitant to K3Fe(CN)6 and
KCN degradation
Keywords:
1. Bioremediation
2. Cyanide
3. Dynamics
4. Environment
5. Galgouli
« Étude de la dynamique du cyanure dans l’environnement et bioremĂ©diation: cas du site
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LISTE DES ABRÉVIATIONS
2iE : Institut International d’IngĂ©nierie de l’Eau et de l’Environnement
AgCN : Cyanure d’argent
Al(SO4)2.12H2O : Aluminium Sulfate Dodécahydrate
As : Arsenic
ASTM : American Society for Testing and Materials
ATSDR : Agency for Toxic Substances and Disease Registry
BASOL : Base de donnĂ©es des sites faisant l’objet d’une action de la part des
pouvoirs publics à titre préventif ou curatif
BF : Burkina Faso
Ca(CN)2 : Cyanure de Calcium
CaO : Oxyde de Calcium
CE : Commission Européenne
CIRIDD : Centre International de Ressources et d’Innovation pour le
DĂ©veloppement Durable
CN- : Ion cyanure
CNL : Cyanure Libre
CNO : Cyanate
CNT : Cyanure Total
CO : Monoxyde de Carbone
Co(NO3)2.6H2O : Cobalt (II) Nitrate Hexahydrate
CuCN : Cyanure de Cuivre
CuSO4 : Copper Sulfate
FCFA : Franc des Colonies Françaises d’Afrique
FeSO4.7H2O : Iron (II) Sulfate Heptahydrate
HCN : Cyanure d’Hydrogùne (Acide cyanhydrique)
Hg : Mercure
Hg(CN)2 : Cyanure de Mercure
INERIS : Institut National de l’Environnement Industriel et des Risques
K2HPO4 : Di-potassium Hydrogen Phosphate
K3Fe(CN)6 : Hexacyanoferrate III
KCN : Cyanure de Potassium
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DEOUDOM DestinM2B Eau et Assainissement/2014-2015 vii
Ks : Constante de stabilité
LEDES : Laboratoire Eau, DĂ©pollution, ÉcosystĂšme et SantĂ©
MECV : Ministùre de l’Environnement et du Cadre de Vie
MEDD : MinistĂšre de l’Environnement et du DĂ©veloppement Durable
MgSO4.7H2O : Magnesium Sulfate heptahydrate
Mn : ManganĂšse
MnSO4.H2O : ManganĂšse (II) Sulfate Monohydrate
MSM : Solution Minérale Minimale
Na2MoO4
2-.2H2O : Sodium Molybdate Dihydrate
NaCN : Cyanure de Sodium
NaH2PO4.H2O : Sodium Dihydrogen Orthophosphate Monohydrate
NaNO3 : Sodium Nitrate
NaOH : Hydroxyde de Sodium (Soude)
NH4
+ : Ion ammonium
(NH4)2SO4 : Ammonium Sulfate
Ni(CN)2 : Cyanure de Nickel
NQEp : Normes de Qualité Environnementale Provisoires
OMS : Organisation Mondiale de la Santé
p.c. : Poids Corporel
Pb : Plomb
pH : Potentiel HydrogĂšne
ppm : Partie Par Million
SAM : SpectrophotomĂštre d’Absorption MolĂ©culaire
SCN : Thiocyanate
UFC/mL : Unités Formant Colonies par millilitre
US : United States
USEPA : United States Environment Protection Agency
UTM : Unite Transverse Mercator
UV : Ultra-Violet
WAD : Weak Acid Dissociable Cyanide
ZnSO4.7H2O : Zinc Sulfate Heptahydrate
« Étude de la dynamique du cyanure dans l’environnement et bioremĂ©diation: cas du site
d’orpaillage de Galgouli au Burkina Faso. »
DEOUDOM DestinM2B Eau et Assainissement/2014-2015
vii
i
TABLE DES MATIÈRES
CITATION............................................................................................................................................... i
DÉDICACES............................................................................................................................................ii
REMERCIEMENTS ...............................................................................................................................iii
RÉSUMÉ.................................................................................................................................................iv
ABSTRACT.............................................................................................................................................v
LISTE DES ABRÉVIATIONS...............................................................................................................vi
TABLE DES MATIÈRES.....................................................................................................................viii
LISTE DES FIGURES.............................................................................................................................x
INTRODUCTION:.................................................................................................................................. 1
CHAPITRE 1 : REVUE DE LA LITTÉRATURE ................................................................................. 3
1. Généralités....................................................................................................................................... 3
1.1. Sources du cyanure.................................................................................................................. 3
1.2. Chimie du cyanure et sa toxicité ............................................................................................. 3
2. Pollution au cyanure........................................................................................................................ 7
2.1. Pollution au cyanure aux États-Unis ....................................................................................... 7
2.2. Pollution au cyanure en Europe............................................................................................... 7
2.3. Pollution au cyanure au Burkina Faso..................................................................................... 8
2.3.1. Pollution des eaux............................................................................................................ 8
2.3.2. Pollution des sols............................................................................................................. 9
3. Dynamique ...................................................................................................................................... 9
3.1. DĂ©finition de la dynamique ..................................................................................................... 9
3.2. Dynamique du cyanure............................................................................................................ 9
3.3. Dynamique du cyanure sur le site de Zougnazagmligne....................................................... 14
4. Bioremediation.............................................................................................................................. 15
4.1. Bioremédiation du cyanure.................................................................................................... 15
4.2. Bioremédiation du site de Zougnazagmligne ........................................................................ 17
4.3. Biodégradation du cyanure total............................................................................................ 18
4.4. Biodégradation des cyanures complexés............................................................................... 18
CHAPITRE 2 : MATÉRIELS ET MÉTHODE..................................................................................... 20
1. PrĂ©sentation de la zone d’étude..................................................................................................... 20
1.1. Choix du site.......................................................................................................................... 20
1.2. PrĂ©sentation de la zone d’étude............................................................................................. 20
« Étude de la dynamique du cyanure dans l’environnement et bioremĂ©diation: cas du site
d’orpaillage de Galgouli au Burkina Faso. »
DEOUDOM DestinM2B Eau et Assainissement/2014-2015 ix
1.2.1. Localisation ................................................................................................................... 20
1.2.2. CaractĂ©ristiques de la zone d’étude ............................................................................... 21
2. Points de prélÚvement et échantillonnage ..................................................................................... 23
2.1. PrĂ©lĂšvement des Ă©chantillons d’eau....................................................................................... 24
2.2. PrélÚvement des échantillons de sol...................................................................................... 25
3. Dynamique du cyanure.................................................................................................................. 26
3.1. Mesure des paramĂštres physico-chimiques de sol................................................................. 26
3.2. Dosage du cyanure libre........................................................................................................ 27
4. Bioremédiation.............................................................................................................................. 27
4.1. Analyse microbiologique....................................................................................................... 27
4.2. Test de biodégradation .......................................................................................................... 30
CHAPITRE 3: RÉSULTATS ET DISCUSSION ................................................................................. 31
1. Analyse des Ă©chantillons ............................................................................................................... 31
1.1. Concentration en cyanure dans les eaux................................................................................ 31
1.2. Concentration en cyanure dans le sol .................................................................................... 33
2. Dynamique du cyanure.................................................................................................................. 36
2.1. Distribution verticale............................................................................................................. 36
2.2. Distribution horizontale......................................................................................................... 37
3. Bioremédiation du cyanure............................................................................................................ 39
3.1. Isolation des bactéries dégradeurs de cyanure....................................................................... 39
3.2. Tests de biodégradation du cyanure ...................................................................................... 40
3.2.1. Dégradation de KCN et croissance bactérienne ............................................................ 40
3.2.2. DĂ©gradation de KCN et concentration en ammonium................................................... 42
3.2.3. Dégradation de K3Fe(CN)6 et croissance bactérienne................................................... 44
3.2.4. DĂ©gradation du K3Fe(CN)6 et concentration en ammonium. ........................................ 46
CONCLUSION ..................................................................................................................................... 48
RECOMMANDATIONS:..................................................................................................................... 49
RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES: ............................................................................................. 50
ANNEXES ............................................................................................................................................ 54
« Étude de la dynamique du cyanure dans l’environnement et bioremĂ©diation: cas du site
d’orpaillage de Galgouli au Burkina Faso. »
DEOUDOM DestinM2B Eau et Assainissement/2014-2015 x
LISTE DES FIGURES
Figure 1: (a) bioremédiation naturelle et (b) bioremédiation assistée par l'homme (A. Malik
2006)...................................................................................................................................................... 15
Figure 2: carte de localisation de Galgouli........................................................................................ 21
Figure 3:carte de prélÚvement des points d'eau et de sol................................................................. 24
Figure 4: carottage des Ă©chantillons de sol........................................................................................ 25
Figure 5: courbe d'étalonnage représentant l'absorbance en fonction de la concentration (ASTM
688)........................................................................................................................................................ 26
Figure 6: Ensemencement des bactéries dégradeurs de cyanure dans les eaux et dans le sol...... 29
Figure 7: concentration en cyanure dans les Ă©chantillons d’eaux................................................... 31
Figure 8: carte des points Ă  teneurs en cyanure au-dessus des normes BF (0,5 mg/Kg de sol)... 33
Figure 9:teneurs en cyanure du sol à différents horizons: A: 0-20 cm, B: 20-40 cm, C: 40-60 cm,
D:60-80 cm et E: 80-100 cm................................................................................................................ 34
Figure 10: distribution horizontale par horizon (cm) du cyanure dans le bassin versant: A: 0-20,
B: 20-40, C: 40-60, D: 80-100.............................................................................................................. 38
Figure 11: vue au microscope des bactéries de cyanure (a) . Dans le sol et (b) Dans les eaux...... 40
Figure 12: Dégradation de KCN et croissance bactérienne (a) Milieu avec nutriments et (b)
sans nutriments.................................................................................................................................... 41
Figure 13 : DĂ©gradation de KCN et concentration en ammonium (a) Milieu avec nutriments et
(b) Milieu sans nutriments.................................................................................................................. 43
Figure 14 : Production de CN- et croissance bactérienne pour 40 mg/L de K3Fe(CN)6 (a) Milieu
avec nutriments et (b) Milieu sans nutriments ................................................................................. 45
Figure 15 : Productions de CN- et de NH4+ pour 40 mg/L de de K3Fe(CN)6 (a) Milieu avec
nutriments et (b) Milieu sans nutriments.......................................................................................... 46
« Étude de la dynamique du cyanure dans l’environnement et bioremĂ©diation: cas du site d’orpaillage
de Galgouli au Burkina Faso. »
DEOUDOM DestinM2B Eau et Assainissement/2014-2015 1
INTRODUCTION:
En Afrique de l’ouest, l’orpaillage est une activitĂ© pratiquĂ©e depuis des siĂšcles. Source
principale de revenu ou source complĂ©mentaire permettant la crĂ©ation d’emplois, l’or a
toujours eu sa place dans le quotidien des populations. Aujourd’hui, cela reste une activitĂ©
d’importance majeure gĂ©nĂ©rant un apport Ă©conomique annuel aux personnes pratiquant
l’orpaillage et aux riverains (Gilles, 2012).
Au Burkina Faso, le secteur minier connait un essor durant ces derniÚres années (Keita, 2002)
et occupe une place capitale dans l’économie du pays. Les recettes gĂ©nĂ©rĂ©es par le secteur
minier sont passées de 9 milliards de FCFA en 2008 à plus de 189 milliards de FCFA en 2011
(MECV, 2011). S’ajoutant au secteur industriel, l’exploitation artisanale informelle dite
orpaillage s’est largement dĂ©veloppĂ©e. C’est une activitĂ© non planifiĂ©e avec des exploitants
artisanaux qui, utilisant des techniques rudimentaires, passent d’un site à un autre. Il est
pratiquĂ© sur presque toute l’étendue du territoire national et on estime que plus de 1 000 000
de personnes y sont directement impliquées (CIRIDD, 2014). Cependant, dans leur chaine
d’activitĂ©, les orpailleurs utilisent des produits chimiques comme le mercure, le cyanure et les
acides qui sont trùs dangereux pour l’environnement (Kumar, Bhalla, & Virender, 2015),
(Kouadio, 2014) et (Roamba, 2014).
Les études préliminaires sur les risques environnementaux et sanitaires sur les sites
d’orpaillage de Zougnazagmligne dans le Centre-Nord et de Galgouli dans la rĂ©gion du Sud-
Ouest du Burkina Faso en 2014 ont révélé que les orpailleurs sont exposés aux maladies de
toutes sortes par manque d’hygiĂšne et exposition aux poussiĂšres et Ă  l’humiditĂ© dans les trous.
Ces maladies sont des affections pulmonaires Ă  long terme, des affections oculaires et
dermatologiques diverses, les fatigues, les blessures et les tremblements involontaires de
mains (MEDD, 2011). À cela, s’ajoutent les risques liĂ©s Ă  l’utilisation du mercure et du
cyanure. Ces deux produits favorisent la mobilisation et la dispersion des métaux dans les
eaux de surface par ruissellement et dans les eaux souterraines par infiltration et selon Tomic
et al. (2011) rapportés par Lankouandé et Maradan, (2013), 2/3 des orpailleurs présenteraient
des symptĂŽmes d’exposition chronique au mercure. En outre, les Ă©tudes conduites par
(LankouandĂ© & Maradan, 2013) ont montrĂ© qu’environ 357 000 m3
d’eau sont polluĂ©es par an
et que la zone dégradée a été estimée à 100 000 ha en 2011 au Burkina Faso.
L’inadaptation du systùme de gestion de produits chimiques et le fait que la loi encadrant
l’exploitation miniùre artisanale ne connait pas une application effective font de l’orpaillage
« Étude de la dynamique du cyanure dans l’environnement et bioremĂ©diation: cas du site d’orpaillage
de Galgouli au Burkina Faso. »
DEOUDOM DestinM2B Eau et Assainissement/2014-2015 2
une activitĂ© prĂ©sentant des risques Ă©levĂ©s de contamination de l’environnement et de la
dégradation de la santé humaine (Ousmane et al., 2013).
Au Burkina Faso, les problÚmes environnementaux engendrés par la mine artisanale sont
souvent évoqués mais les études concernant leur quantification sont rares et restent
descriptives et qualitatives (Ousmane et al., 2013). Pourtant, le cyanure peut ĂȘtre quantifiĂ© au
mĂȘme titre qu’il peut ĂȘtre remĂ©diĂ© Ă  travers diffĂ©rentes mĂ©thodes. La voie naturelle la plus
sollicitée pour les pays en développement comme le Burkina Faso est la bioremédiation qui
est une alternative de dépollution faisant appel soit aux microorganismes (Baxter &
Cummings, 2006) soit aux plantes (Yu, Zhou, & Yunda, 2005). À la diffĂ©rence des procĂ©dĂ©s
conventionnels, la bioremédiation est un procédé naturel économiquement rentable (Nallapan
et al., 2014) qui permet une destruction complùte des polluants sans l’intervention des
produits chimiques et nĂ©cessitant moins d’effort, peu de temps et plus Ă©conomique.
Deux Ă©tudes prĂ©liminaires portant sur la dynamique du cyanure dans l’environnement et sa
bioremĂ©diation sur les sites d’orpaillage de Zougnazagmligne et de Galgouli ont Ă©tĂ© menĂ©es Ă 
l’échelle du laboratoire en mars 2015. Cette recherche s’inscrit dans le mĂȘme cadre que celles
dĂ©jĂ  rĂ©alisĂ©es en mars 2015 sur le site d’orpaillage de Zougnazagmligne au Centre-Nord mais
concerne les Ă©chantillons de sol et d’eau prĂ©levĂ©s en octobre 2015 sur le site d’orpaillage de
Galgouli au Sud-Ouest du Burkina Faso. Elle a pour objectif global d’étudier la dynamique et
la remĂ©diation du cyanure dans l’environnement du site d’orpaillage de Galgouli. De façon
spĂ©cifique, l’étude vise d’abord Ă  quantifier le cyanure dans les eaux et dans le sol pour en
évaluer la pollution, ensuite étudier sa dynamique dans le but de déterminer son
comportement dans la nature et enfin rechercher des microorganismes capables de le
dégrader.
Le présent document est divisé en trois (03) chapitres:
 La revue bibliographique
 Les matĂ©riels et mĂ©thodes
 Les rĂ©sultats et discussions
« Étude de la dynamique du cyanure dans l’environnement et bioremĂ©diation: cas du site d’orpaillage
de Galgouli au Burkina Faso. »
DEOUDOM DestinM2B Eau et Assainissement/2014-2015 3
CHAPITRE 1 : REVUE DE LA LITTÉRATURE
1. Généralités
1.1. Sources du cyanure
Il existe deux sources de cyanure: le cyanure d’origine anthropique et celui produit
naturellement. Les origines anthropiques du cyanure remontent au XIVĂšme
siĂšcle oĂč
l’extraction de l’or se faisait par le mercure Ă  travers un procĂ©dĂ© appelĂ© « amalgamation »
mais cette utilisation a diminuĂ© avec le dĂ©veloppement du procĂ©dĂ© de concentration de l’or
utilisant le cyanure de sodium (NaCN) introduit en Ecosse en 1887 (Ware et al., 2004). Cette
technique hydrométallurgique, efficace et économiquement rentable (Lottermoser, 2010) a
presque immĂ©diatement Ă©tĂ© utilisĂ©e en Afrique du Sud pour extraire de l’or et d’autres
minerais. Il sera proposĂ© aux États-Unis par le Bureau AmĂ©ricain des Mines (US Bureau of
Mines) en 1979 pour l’extraction de l’or et des mĂ©taux Ă  cause de sa forte affinitĂ© avec ceux-
ci.
En plus de la production anthropique des cyanures, certains organismes vivants ont la capacité
de produire de l’acide cyanhydrique (HCN). Les cyanures sont largement rĂ©pandus chez les
plantes (Aslani, Mohri, & Chekani, 2006). Ils sont normalement liés à des molécules de sucre
sous la forme de glycosides cyanogÚnes et servent aux plantes comme source de défense
contre les herbivores. Les racines du manioc ou les graines du lin contiennent des glycosides
cyanogĂšnes (Abraham, Buhrke, & Lampen, 2015) et souvent, il faut les traiter par Ă©bullition
prolongée avant la consommation. Les noyaux des fruits comme les cerises et les abricots
contiennent des cyanures ou des glycosides cyanogÚnes. Les pépins de pomme en contiennent
Ă©galement. Outre leur production par les plantes, les cyanures sont Ă©galement produits par les
bactéries, les moisissures et les algues. Les lépidoptÚres de la famille des Zygaenidaes
Ă©mettent un liquide cyanurĂ© lorsqu’ils sont attaquĂ©s. Selon Environnement Canada, (1997),
les émissions des plantes et autres organismes vivants produisent des quantités infimes de
cyanure.
1.2. Chimie du cyanure et sa toxicité
Le terme cyanure dĂ©signe le radical anionique −C≡ 𝑁 formĂ© par le carbone et l’azote, radical
avec lequel d’autres produits chimiques peuvent former des composĂ©s cyanurĂ©s (Lottermoser,
2010). Les composĂ©s capables de libĂ©rer du cyanure peuvent ĂȘtre de nature organique ou
inorganique (Baxter et Cummings, 2006).
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Il existe plusieurs dérivés du cyanure notamment le cyanogÚne, le chlorure de cyanogÚne, le
cyanure d’hydrogùne, le cyanure de calcium, le cyanure de potassium, le cyanure de sodium
et le cyanure d’ammonium.
Les cyanures rassemblent une famille de composés dont les plus réactifs et les plus toxiques
sont les cyanures libres reprĂ©sentĂ©s par l’acide cyanhydrique HCN et l’ion cyanure CN-
.
L’acide cyanhydrique ou acide prussique a Ă©tĂ© retirĂ© du bleu de Prusse pour la premiĂšre fois
par le chimiste suédois Scheele en 1786. En 1815, Gay-Lussac a établi sa composition en
prĂ©parant du HCN semi-pur qu’il a nommĂ© acide cyanhydrique et a proposĂ© le nom de
cyanogùne pour le radical CN. L’acide cyanhydrique et l’ion cyanure forment un couple/acide
(pKa = 9,2 à 25°C) selon la réaction suivante:
HCN ↔ CN−
+ H+
(1)
Le cyanure existe sous 3 formes selon (Scharf et Bremser, 2015): le cyanure libre, les
cyanures simples et les cyanures de complexes métalliques.
 Le cyanure libre (CN-
):
Cette dénomination comprend à la fois le cyanure libre CN-
et le cyanure d’hydrogùne HCN. Il
s’agit de la forme la plus toxique des cyanures. Les cyanures peuvent se trouver en phase gazeuse ou
en phase liquide sous forme CN-
ou HCN trùs volatil. Le cyanure libre donne le cyanure d’hydrogùne
par combinaison avec l’hydrogĂšne selon la rĂ©action suivante :
CN−
+ H2O ↔ HCN + OH−
pKa = 9,31 à 20°C (2)
La dissociation du cyanure moléculaire étant fonction du pH, la réaction suivante montre la
perte du cyanure d’hydrogùne de la phase aqueuse vers la phase vapeur à travers le processus
de volatilisation lorsque le pH est trop bas.
HCNaq ↔ HCNgaz (3)
Comme cette rĂ©action est Ă  l’équilibre Ă  pH = 9,3, le cyanure sous forme ionique va
prĂ©dominer au-dessus de ce pH alors que le cyanure d’hydrogĂšne le sera en dessous. En
conséquence, le cyanure restera en solution approximativement à des pH au-dessus de 11 et à
l’inverse il sera volatilisĂ© en dessous d’un pH de 8 et plus le pH sera bas, plus le taux de
volatilisation sera grand (Moisan et Blanchard, 2012).
Les cyanures simples:
Ce sont des composés ioniques sous forme de sels plus ou moins solubles qui se dissocient en
milieu aqueux en libérant un cation (alcalin, alcalino-terreux ou métallique) et un anion qui
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contient l’ion cyanure appelĂ© weak acid disponible (WAD) en anglais qu’on retrouve souvent
dans les eaux naturelles (Infante et al, 2008).
On distingue: les cyanures simples solubles: NaCN, KCN, Ca(CN)2 et Hg(CN)2 et Les
cyanures simples peu solubles: Zn(CN)2, CuCN, Ni(CN)2 et AgCN.
 Les cyanures de complexes mĂ©talliques
Les cyanures libres CN-
et HCN réagissent avec les métaux pour former des cyanures
complexes de type AaM(CN)b oĂč A est un cation alcalin et alcalino-terreux de type Na+
, K+
,
Ca++
, etc et M un cation métallique.
AaM(CN)b ↔ aAx−
+ M(CN)b
y−
(4)
La formation des complexes métalliques dans une solution de cyanure est un processus
sĂ©quentiel oĂč le mĂ©tal forme un composĂ© initial de faible solubilitĂ© qui Ă  son tour rĂ©agit avec
l’ion cyanure excĂ©dentaire pour former un complexe soluble plus stable. Les liaisons
covalentes établies avec le métal confÚrent à ces composés une certaine stabilité. Le degré de
dissociation d’un complexe Ă  l’équilibre est alors inverse de sa stabilitĂ© caractĂ©risĂ©e par la
constante de stabilité ou de dissociation Ks. Ces cyanures complexes sont donc classés suivant
leur constante de stabilité Ks et se répartissent en 3 classes:
 Les complexes faiblement liĂ©s ou complexes faibles comme par exemple:
Zn(CN)4
2-
, Cd(CN)3-
, Cd(CN)4
2-
oĂč Ks = 1016
,
 Les complexes modĂ©rĂ©ment liĂ©s ou complexes moyennement stables:
Cu(CN)2-
, Cu(CN)3
2-
, Ni(CN)4
2-
, Ag(CN)2-
,
 Les complexes fortement liĂ©s ou complexes stables:
Fe(CN)6
4-
, Fe(CN)6
3-
, Co(CN)6
4-
, Au(CN)2-
oĂč Ks = 1037
Outre ces 3 grandes familles, il existe:
Les cyanates (CNO-
): de nombreux composĂ©s tels que le chlore, l’hypochlorite, l’ozone,
l’oxygùne et le peroxyde d’hydrogùne convertissent les cyanures en cyanates, produits 1000
fois moins dangereux que les cyanures (Khodadad et al., 2008). Ces réactions constituent la
base des traitements chimiques conventionnels de dépollution des cyanures. Les cyanates ne
sont pas stables. Sous l’action d’oxydants rĂ©siduels ou en milieu acide, ils se transforment en
dioxyde de carbone et en ammoniac. Outre ces réactions, ils correspondent également à des
rĂ©actions d’oxydation des cyanures libres ou des cyanures simples selon la rĂ©action suivante:
CN−
+ O2−
+ 2H2O ↔ CNO−
+ H2O + 2e−
(5)
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Les thiocyanates (SCN-): ils sont produits par rĂ©action entre le cyanure libre, l’oxygĂšne et
des composĂ©s renfermant l’ion soufre.
2CN−
+ 2S2−
+ O2 + 2H2O ↔ 2SCN−
+ 4OH−
(6)
S2O3
2−
+ CN−
↔ SCN−
+ SO3
2−
(7)
Les thiocyanates sont beaucoup moins toxiques que l’ion CN−
mais sont plus stables que les
cyanates en solution aqueuse. Ils peuvent se dégrader lentement dans des conditions
faiblement acides et à la suite de l’action microbienne comme par exemple thiobacillus
thiocyanoxidans, lequel, l’oxyde pour former de l’ammoniac et du sulfate. D’autres produits
secondaires sont générés par les procédés employés pour la destruction des cyanures: ce sont
les nitrates NO3
-
, les nitrites NO2
-
et l’ammoniac NH3.
Toxicité du cyanure:
Les cyanures sont des substances lĂ©tales pour les ĂȘtres humains. Les doses lĂ©tales par voie
orale des composés cyanurés varient normalement de 50 à 200 mg de CN-
(0,7 Ă  2,9
mg/Kg.p.c) (USEPA, 1985). La dose mortelle des cas de cyanure a été évaluée lors des cas
d’empoisonnement Ă  1,52 mg/Kg.p.c. (USEPA, 1987). La dose lĂ©tale la plus faible signalĂ©e
chez les humains est de 0,56 mg/Kg (Gettler et al., 1938). La mort se produit normalement
aprùs une heure. L’exposition à des faibles concentrations de cyanure n’est pas mortelle chez
les humains possédant un systÚme de détoxification efficace (OMS, 1984).
Au cours d’une Ă©tude de deux annĂ©es sur la toxicitĂ© chronique, on a administrĂ© Ă  des rats et
des rates par voie orale des doses de cyanure allant de 7,5 Ă  10,8 mg/Kg.p.c/jour
respectivement. On a observé aucun effet clinique ni histopathologique (Howard et al., 1955).
Le cyanure inhibe la cytochrome-c-oxydase dans le transport des Ă©lectrons de la mitochondrie
entravant à la fois le métabolisme oxydatif et la phosphorylation oxydative qui y est associée
(Holland, 1983).
Les effets aigus externes ressemblent Ă  ceux de l’hypoxĂ©mie aigue. Toute perturbation du
processus d’oxydation peut aussi provoquer des troubles cardiaques, des convulsions,
l’évanouissement et finalement la mort. Un lien a Ă©tĂ© Ă©tabli entre la consommation Ă  long
terme du manioc, un légume à racines tubéreuses contenant des cyanogÚnes naturels et des
troubles neurologiques et des anomalies thyroĂŻdiennes (Makene et al., 1972).
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2. Pollution au cyanure
2.1. Pollution au cyanure aux États-Unis
Les États-Unis et le Canada donnent des valeurs limites de 20 ”g/L de cyanure dans les eaux
potables (INERIS, 2011). Pour 61 % des eaux de surface analysĂ©es aux États-Unis, les
concentrations moyennes en cyanure ne dépassaient pas 3,5 ”g/L et 35 % des teneurs
appartenaient à [3,5; 52 ”g/L] (Fiksel, 1981).
En outre, 19 prélÚvements dans les eaux souterraines situées à proximité des sites de déchets
dangereux américains ont été effectués en 2005.
De ces analyses, il ressort que les teneurs en cyanure Ă©taient comprises entre 0,02 et 300 000
”g/L avec une valeur médiane de 0,0292 mg/L (ATSDR, 2006).
Dans le sol, les valeurs Ă©tablies pour les sites non polluĂ©s aux États-Unis sont infĂ©rieures Ă 
0,005-0,5 mg/Kg de sol (Kjeldsen, 1999). En 2005, 40 échantillons de sédiments (lacs,
ruisseaux, étangs) américains situés à proximité des sites de déchets ont été mesurés. Les
concentrations obtenues Ă©taient comprises entre 30 700 et 0,00006 mg/Kg avec une valeur
mĂ©diane de 1,15 mg/Kg (ATSDR, 2006). Dans la mĂȘme foulĂ©e, sur le site chimique de
Greenwood Ă  Albermare en Virginie, une concentration maximale de cyanure total de 2870
mg/Kg de sol a été mesurée en 1989 avec une concentration maximale de 84 mg/Kg dans les
sédiments provenant des lagons des déchets abandonnés (ATSDR, 2006). Aussi, faut-il
ajouter que les sites d’enfouissement, les pesticides et l’utilisation des sels de voirie contenant
des cyanures peuvent ĂȘtre des sources diffuses de cyanures dans les nappes phrĂ©atiques, les
eaux de surface et dans les sols (Environnement Canada, 1997). Enfin, ATSDR, (2006), a
rapportĂ© que la teneur en cyanure d’hydrogĂšne dans la troposphĂšre non urbaine de
l’hĂ©misphĂšre Nord Ă©tait 0,2 ”g/m3
.
2.2. Pollution au cyanure en Europe
Alors que les directives de qualitĂ© (OMS, 2004) pour l’eau de boisson dĂ©finissent pour l’ion
cyanure un seuil de 70 ”g/L, celles de l’Union EuropĂ©enne 98/83/CE du conseil du 3
novembre 1998 fixent une teneur en cyanure de 50 ”g/L. Par contre, la circulaire du 07/05/07
définissant « les normes de qualité environnementale provisoires (NQEp) » de 41 substances
impliquĂ©es dans l’évaluation de l’état chimique des masses d’eau ainsi que des substances
pertinentes du programme national de rĂ©duction des substances dangereuses dans l’eau en
France donne une norme de qualité environnementale provisoire dans les eaux de surface
intérieures, de transition et dans les eaux marines intérieures et territoriales de 0,57 ”g/L pour
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les cyanures libres (INERIS, 2011). Ainsi, les gammes de concentrations maximales mesurées
dans les riviÚres en France en 2004 et 2005 étaient respectivement de 1,5-1400 ”g/L et de
0,005-6280 ”g/L. Le site internet de la base de donnĂ©es (BASOL, 2011) a rĂ©vĂ©lĂ© qu’en
France, des sites ou des sols pollués aboutissent à un impact dans les eaux souterraines et à
l’arrĂȘt d’un captage d’alimentation en eau potable. Par ailleurs, le rapport sur les Ă©missions
des stations d’épuration du Netherlands National Water Board (NNWB, 2008) souligne que
les Ă©missions en cyanure d’une station d’épuration urbaine sont Ă©valuĂ©es Ă  51,31 kg/an. En
Roumanie, en 2000, la rupture d’une digue d’un bassin de dĂ©cantation Ă  la Baia Mare a
entrainé le déversement de 287 500 m3
d’effluents contenant des cyanures (115 t) et des
métaux lourds (Cu, Zn) (INERIS, 2011). La concentration en cyanure atteint 50 mg/L dans la
partie yougoslave et dans sa mobilitĂ© horizontale, le cyanure est allĂ© jusqu’à 2000 Km en aval
de la Baia Mare (INERIS, 2011). Selon la Commission Européenne, (2007), les émissions en
cyanure d’hydrogùne dans l’air sont de l’ordre de 0,5 à 2 g/tonne de NaCN ou de KCN.
2.3. Pollution au cyanure au Burkina Faso
2.3.1. Pollution des eaux
Au Burkina Faso, les normes Ă©tablissent un seuil de 0,05 mg/L pour les cyanures (DĂ©cret,
2001) dans les eaux destinées à la consommation humaine. En effet, les travaux réalisés par
Kouadio, (2014), sur le site de Galgouli ont montré que les eaux de surface ont des teneurs
respectives de 0,02 et 0,22 mg/L pour les cyanures libre et total.
Dans les Ă©chantillons des cours d’eau, Roamba, (2014), a obtenu des teneurs allant de 0,002 Ă 
0,048 mg/L pour le cyanure libre et de 0,118 Ă  0,22 mg/L pour le cyanure total avec des
Ă©chantillons prĂ©levĂ©s Ă  Zougnazagmligne. Dans les Ă©chantillons d’eau d’un barrage, des
teneurs respectives de 0,024 et de 0,22 mg/L pour les deux types de cyanure ont été
observĂ©es. Il s’avĂšre nĂ©cessaire de noter que des deux Ă©tudes rĂ©alisĂ©es, il ressort des teneurs
en cyanures libre et total respectives de 0,118 et de 0,22 mg/L dans les bassins de cyanuration
abandonnés. Au niveau national, les teneurs de 0,118 et de 0,22 mg/L obtenues par Roamba,
(2014), sont au-dessus des objectifs de qualité de 0,1 mg/L définis par les normes de rejet des
eaux usées dans les eaux de surface au Burkina Faso (Décret, 2001).
En outre, les Ă©tudes de quantification du cyanure sur les sites d’orpaillage au Burkina Faso
dans les eaux souterraines notamment les eaux de puits et de forages montrent différentes
tendances. Les travaux réalisés par Roamba, (2014), révÚlent des teneurs en cyanure allant de
0,002 Ă  0,118 mg/L dans les eaux de forage. La valeur de 0,118 mg/L se situe au-dessus de
toutes les valeurs limites définies par les normes nationales (70 ”g/L) et internationales (20
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”g/L aux USA et 50 ”g/L Ă  l’UE). Par contre, dans les Ă©chantillons d’eau d’un puits et d’un
forage en aval d’un site d’orpaillage, des teneurs de 0,01 et 0,1 mg/L de cyanures libre et total
ont été respectivement obtenues par (Kouadio, 2014).
2.3.2. Pollution des sols
Dans le sol, les normes nationales du Burkina Faso définissent des objectifs de qualité de 0,25
et 2,5 mg/Kg de sol respectivement pour les cyanures libre et total (DĂ©cret, 2001).
Pour la revalorisation des terres en agriculture, les valeurs limites sont respectivement de 0,5
et 50 mg/Kg de sol pour ces deux types de cyanure alors que pour les habitats et les parcs,
elles sont respectivement de 10 et 50 mg/Kg de sol. Enfin, les industries se voient fixer des
seuils de 100 et de 500 mg/Kg de sol pour les cyanures libre et total. Les travaux de Roamba,
(2014), sur les sites d’orpaillage au Centre-Nord ont montrĂ© que les teneurs en cyanure libre
ont varié de 0,2 à 3,1 mg/Kg de sol alors que celles du cyanure total allaient de 0,2 à 10,5
mg/Kg de sol. Il est Ă  rappeler que les normes nationales burkinabĂ©s n’ont pas dĂ©fini des
valeurs limites pour la teneur en cyanure dans l’air.
Des normes américaines aux normes burkinabés, les diverses maniÚres par lesquelles
l’homme pollue le sol font Ă©tat des teneurs en cyanures soit infĂ©rieures aux seuils fixĂ©s par les
normes soit supérieures aux valeurs limites fixées par celles-ci.
3. Dynamique
3.1. DĂ©finition de la dynamique
Selon le petit Larousse illustré de 2012, la dynamique est la partie de la mécanique qui étudie
les relations entre les forces et les mouvements qu’elles produisent. Elle considùre les choses
dans leur mouvement et dans leur Ă©volution.
Elle désigne également un ensemble de forces qui concourent à un processus et accélÚrent une
Ă©volution. Dans le prĂ©sent document, la dynamique s’intĂ©resse aux facteurs tels que le pH, le
potentiel redox, la tempĂ©rature, l’humiditĂ© et toutes autres conditions susceptibles
d’influencer le comportement et la mobilitĂ© du cyanure dans l’environnement.
3.2. Dynamique du cyanure
 Dans l’eau
Les cyanures sont prĂ©sents dans l’eau essentiellement sous forme de HCN. Ils peuvent
également se présenter sous la forme de sels de cyanures, KCN, NaCN, CaCN ou encore sous
la forme de complexes métallo-cyanures de stabilité variable. Les cyanures libres sont en
Ă©quilibre en fonction du pH et de la tempĂ©rature. À des pH<8, la forme cyanure libre est
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retrouvée à plus de 93% (Brignon, 2011). Les formes alcalines complexes métallo-cyanures
sont trĂšs solubles dans l’eau et leur dissociation est trĂšs rapide. La proportion de HCN formĂ©e,
suite à cette dissociation, est fonction du pH: lorsque celui-ci décroit, la proportion de HCN
formée augmente (Moisan et Blanchard, 2012). Dans la plupart des eaux naturelles, la
tempĂ©rature n’est pas assez Ă©levĂ©e et le pH trop neutre (entre 4 et 9) pour observer une
transformation significative des cyanures et de leurs dérivés.
Dans les eaux souterraines, les cyanures existent aussi sous forme de cyanures ferreux et
ferriques (Yu et al., 2010) mais leur volatilisation est limitée et ils peuvent donc persister dans
ce milieu du fait de son contenu trùs faible en oxygùne. Comme la volatilisation n’est pas un
processus fatal pour les cyanures dans les eaux souterraines, les cyanures persisteront pendant
longtemps dans les aquifĂšres souterrains que dans les eaux de surface et des teneurs
significatives peuvent ĂȘtre retrouvĂ©es au droit des sites oĂč les teneurs dans les sols sont
toxiques pour les micro-organismes limitant la biodégradation. Par ailleurs, comme celle des
métaux, la mobilité du cyanure varie en fonction des saisons.
Des Ă©tudes ont Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©es en Équateur par (Garcia et al., 2012) sur les mines d’or et
d’argent ainsi que les variations saisonniĂšres des concentrations des mĂ©taux Ă  diffĂ©rentes
Ă©poques de l’annĂ©e : saison sĂšche de mai Ă  novembre et une saison de pluie de janvier Ă  avril.
La pluviomĂ©trie annuelle dans la zone d’étude Ă©tait de 1160 mm. Ces Ă©tudes avaient pour
objet, l’étude des variations du pH et de la conductivitĂ© ainsi que celles des concentrations des
métaux (Pb, Mn et Hg) et du cyanure durant les deux saisons. Les résultats de cette recherche
ont montrĂ© que les pH des Ă©chantillons d’eau sont plus Ă©levĂ©s en saison sĂšche qu’en saison de
pluie suite à une augmentation des précipitations.
Alors que la concentration en manganĂšse est plus Ă©levĂ©e en saison de pluie qu’en saison sĂšche
Ă  cause de la dissolution des roches contenant naturellement du Mn par les eaux de pluies,
celle du plomb reste faible en saison de pluie Ă  cause de la dilution par rapport Ă  sa teneur en
saison sĂšche sur les sites miniers. Le mercure par contre Ă  une forte teneur en saison de pluie
qu’en saison sĂšche sachant qu’il est utilisĂ© pour l’amalgamation et que les eaux usĂ©es issues
du lavage sont le plus souvent rejetées dans les eaux de surface.
Comparativement au comportement de ces métaux, les travaux réalisés par Guimaraes et al.,
(2011), sur la mobilitĂ© du cyanure en saison sĂšche et en saison de pluie dans la mĂȘme rĂ©gion
font ressortir que les teneurs en cyanure des eaux de surface varient trĂšs peu Ă  ces deux
Ă©poques de l’annĂ©e. En effet, ces Ă©tudes rĂ©vĂšlent que lorsque la dilution des effluents miniers
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est réduite et que les activités sont intenses en saison sÚche, la concentration en cyanure des
eaux de surface en aval de la riviĂšre de Puyango reste Ă©levĂ©e jusqu’à 280 ”g/L alors qu’en
saison de pluies, la forte turbulence des eaux n’est pas assez suffisante pour oxyder
l’ensemble du cyanure libre des eaux qui atteint 48 ”g/L en aval et fait qu’il peut se rĂ©pandre
jusqu’à plus de 100 km.
 Dans le sol
Les principaux processus qui affectent le transport et la répartition des cyanures dans les sols
sont la volatilisation et la biodégradation. Les ions cyanures peuvent aussi former des
complexes avec des métaux lourds, particuliÚrement le fer (Yu et al., 2010). Le cyanure
d’hydrogĂšne n’est pas susceptible d’ĂȘtre photolysĂ© dans le sol mais les cyanures complexes
comme les ferrocyanures et les ferricyanures peuvent se photodissocier rapidement et dégager
du cyanure libre lorsqu’ils sont exposĂ©s aux rayons solaires (HernĂĄndez et al., 2008). Les
Ă©tudes empiriques sur la rĂ©partition du cyanure d’hydrogĂšne entre la phase gazeuse et la
solution des sols non saturés ont révélé que sa migration dans le sol se fait par diffusion
gazeuse et que sa dégradation naturelle dans les sols est plus faible que celle dans les eaux
(Shehong et al., 2005).
La mobilité des composés de cyanure dans le sol dépend des caractéristiques de stabilité et de
dissociation du composé, du type de sol, de la perméabilité du sol, de la chimie du sol et de la
présence des micro-organismes aérobies et anaérobies (Fuller, 1984).
En conditions aérobies, la mobilité du cyanure est grandement réduite à cause des taux élevés
de biodégradation (Fuller, 1984).
La présence de microbes aérobies dans le sol est donc particuliÚrement importante pour
l’attĂ©nuation du cyanure. Les Ă©tudes expĂ©rimentales menĂ©es sur la mobilitĂ© du cyanure dans
les sols anaérobies saturés ont montré que les cyanures simples aqueux et les ferricyanures
aqueux ont tendance Ă  ĂȘtre trĂšs mobiles. La quantitĂ© du cyanure lessivĂ© vers la nappe est plus
grande en conditions anaérobies (Fuller, 1984).
Une étude sur la mobilité des cyanures complexes de fer dans des couches arables des sols
riches en humus dans des conditions variées de pH et de potentiel redox, réalisée par Rennert
et al., (2008) a montré que la matiÚre organique joue un rÎle trÚs important dans le devenir des
cyanures de fer dans le sol. La matiĂšre organique favorise la sorption des cyanures complexes,
particuliÚrement dans les fluvisols. La destruction des matiÚres organiques réduit la sorption
de 99 % (Mansfeldt et al., 2001). La sorption des cyanures complexes Ă  la surface des sols
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contenant moins de 10g/Kg de carbone organique est contrÎlée par les argiles et le pH. Ces
argiles sont principalement: la gibbsite [Al(OH)3(s)], les oxydes d’aluminium [γ-Al2O3(s)] et
la goethite [α-FeOOH]. Avec comme ordre d’adsorption [Îł-Al2O3(s)]>[α-
FeOOH]>[Al(OH)3(s)] (Mansfeldt et al., 2001), ces argiles adsorbent les complexes cyanurés
de fer à des pH faibles et réduisent la translocation de ceux-ci aux eaux souterraines.
Quand le pH augmente, l’adsorption diminue. Jusqu’au pH=6, l’adsorption des ferrocyanures
continue. Les sols acides adsorbent une quantitĂ© importante d’anions que les sols neutres et
alcalins.
Dans les sols à pH neutre, les cyanures ne s’adsorbent pas sur des sols sableux (Ghosh et al.,
1999). Cette adsorption Ă  des pH faibles suggĂšre qu’il y a interaction Ă©lectrostatique aux
surfaces externes des argiles. Aussi, faut-il ajouter qu’il existe une affinitĂ© particuliĂšre entre la
matiùre organique et les cyanures complexes probablement à cause de l’azote N des cyanures
et des groupes réactifs de la matiÚre organique (Rennert et al., 2008). Ces constituants
incluant le cyanure ainsi adsorbĂ©s en saison sĂšche peuvent ĂȘtre facilement remobilisĂ©s par les
prochaines pluies (Meeussen, 1994). À des pH faibles, les ferrocyanures [Fe(CN)6
4-
]
montrent une forte affinité pour les argiles comparés aux ferricyanures[Fe(CN)6
3-
] indiquant
une compétition externe entre ces deux formes de cyanure. Cette petite différence observée
par Cheng et Huang, (1996), confirme l’hypothùse selon laquelle les ferricyanures sont les
plus mobiles des cyanures de fer sur les sites des sols acides contaminés.
Il existe plusieurs scénarii par lesquels le cyanure libre peut réapparaitre avec la diminution
du pH. Ce sont par exemple, le vieillissement des déchets lixiviés, le mélange des solutions
alcalines avec les eaux de pluie (Craig, 2014) et la solubilité du Bleu Prussien
[Fe4(Fe(CN)6)3(s)] (Meussen, 1992). La solubilité du bleu prussien augmente avec le pH. Les
produits de précipitation du bleu prussien sont les ferrocyanures et les ferricyanures. La
dissolution du bleu prussien produit les ions H+
et partant l’aciditĂ© (Meeussen et al., 1994). La
remobilisation des ferrocyanures et des ferricyanures par les eaux d’infiltration dĂ©pend de la
capacitĂ© de l’environnement local Ă  neutraliser cette aciditĂ©. Une forte capacitĂ© de
neutralisation de l’aciditĂ© tendrait Ă  tamponner le pH de la solution et favoriserait la
dissolution continue du bleu prussien alors qu’une faible capacitĂ© de neutralisation de cette
acidité permettrait aux ions H+
de persister, diminuant le pH et stabilisant le reste du bleu
prussien. La formation du bleu prussien peut ĂȘtre bĂ©nĂ©fique si sa solubilitĂ© dans les eaux
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d’infiltration est faible. Ceci garantirait que la concentration des ferrocyanures et des
ferricyanures dans les sols est faible et que la production du cyanure libre devient minimale.
Dans les sols contaminĂ©s, la solubilitĂ© du bleu prussien peut ĂȘtre suffisamment Ă©levĂ©e de telle
sorte que sa formation devienne dangereuse pour l’environnement. Sur ces sites, le cyanure
est lixivié depuis la surface des sols contaminés et entrainé en profondeur par les eaux
d’infiltration (Meeussen et al., 1994).
Il peut Ă©galement prĂ©cipiter jusqu’à une certaine profondeur dans un profil de sol
correspondant à une variation saisonniÚre des eaux de surface. Dans ce cas, les précipités sont
lentement dissouts et contribuent Ă  renforcer les fortes concentrations des ferrocyanures et des
ferricyanures dans les eaux souterraines plusieurs années aprÚs la contamination des sols. Ce
type de mobilité de cyanure a aussi été prouvé par Rennert et Mansfeldt, (2004) à travers une
Ă©tude de comparaison des mĂ©thodes d’extraction de cyanure d’un sol contaminĂ©. Ils ont
montré que la plupart des échantillons de sol prélevés sont acides avec des pH variant de 2,1 à
8. Les pH élevés (7,3 à 8) ont été notés pour des échantillons prélevés sous des sédiments
calcaires. Les teneurs en cyanure du sol variaient de 9 Ă  70,45 mg/Kg. MĂȘme dans les
échantillons prélevés à des profondeurs > 300 cm, de fortes concentrations de cyanures ont
été détectées indiquant un transport vertical des cyanures. Sur 23 échantillons prélevés, 3 ont
justifiĂ© ce transport vertical des cyanures de 300 jusqu’à 750 cm en profondeur (Rennert et
Mansfeldt, 2008).
 Dans l’air
Dans l’atmosphĂšre, les cyanures se prĂ©sentent sous la forme essentiellement gazeuse HCN.
Ce composĂ© prĂ©sente un faible taux de dĂ©gradation dans l’air et est rĂ©sistant Ă  la photolyse.
Les réactions de dégradation les plus importantes sont celles avec les radicaux hydroxylés
générés photo-chimiquement, suivies par une oxydation rapide conduisant à la production du
monoxyde de carbone et de l’oxyde nitrique. Il est Ă©galement faiblement redĂ©posĂ© sous forme
solide. La demi-vie de HCN dans l’atmosphĂšre est Ă©valuĂ©e entre 1.4 et 2.9 annĂ©es (ATSDR,
1997). Par ce que le HCN gazeux a un faible taux de dĂ©gradation dans l’air, l’atmosphĂšre est
un évier final pour ce composé. Il demeure dans les basses altitudes de la troposphÚre et
seulement 2% de sa teneur dans la troposphĂšre partent dans la stratosphĂšre. Les cyanures ont
la capacitĂ© d’ĂȘtre transportĂ©s trĂšs loin de leur source d’émission.
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3.3. Dynamique du cyanure sur le site de Zougnazagmligne
Sur le site d’orpaillage de Zougnazagmligne au Centre-Nord du Burkina Faso, Sawadogo A.,
(2015), a Ă©tudiĂ© la dynamique du cyanure dans l’environnement. Cette Ă©tude a permis de
quantifier la contamination au cyanure des sols et des eaux puis d’établir les distributions
verticale et horizontale sur l’ensemble du bassin hydrographique du site.
Ses résultats ont montré que les eaux souterraines ont une faible concentration en cyanure et
que les concentrations obtenues pour les forages sont inférieures à 0,07 mg/L, seuil établi par
la norme OMS/BF.
Les conclusions de sa recherche ont donné des teneurs allant de 0,0002 à 0,0112 mg/L dans
les eaux et que deux forages et le barrage du site ont été contaminés. Dans les échantillons de
sol, certains points ont présenté des concentrations supérieures au seuil défini par les normes
de rĂ©utilisation des sols en agriculture au Burkina Faso qui est de 0,5 mg/Kg. D’autres, par
contre, ont présenté des concentrations voisines de 0,5 mg/Kg. Dans ses mobilités verticale et
horizontale, le cyanure peut ĂȘtre entrainĂ© par ruissellement ou infiltration Ă  une certaine
distance de sa source de pollution.
La distribution horizontale a révélé la présence du cyanure dans tout le bassin. Cette
distribution suit le lit du cours d’eau principal et de ses ramifications pour Ă©voluer vers
l’exutoire. Un apport venant des affluents a Ă©tĂ© constatĂ© suggĂ©rant le transport du cyanure par
l’eau et de la stagnation des eaux Ă  l’intersection des cours d’eau oĂč les crevasses se sont
formĂ©es. Il est allĂ© dans sa mobilitĂ© horizontale jusqu’à plus de 7 km de sa source de
pollution.
La distribution verticale a montré la présence du cyanure à toutes les couches. Dans le sol, le
cyanure s’est infiltrĂ© mais avec de faibles concentrations en surface. La zone de
contamination s’est Ă©tendue et la concentration du cyanure a diminuĂ© avec la profondeur sous
l’effet des phĂ©nomĂšnes de dĂ©gradation du cyanure au cours de son infiltration dans le sol. En
outre, la présence du cyanure a été constatée dans un trou de 10 m de profondeur. Ce
comportement du cyanure dans les eaux et dans le sol laisse présager des menaces sur les
populations riveraines et des habitats lointains sachant que l’agriculture, le maraichage et
l’orpaillage sont des activitĂ©s entreprises en alternance dans les villages selon qu’il s’agisse de
la saison sĂšche ou de la saison des pluies.
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4. Bioremediation
La bioremédiation est une technique consistant à augmenter la biodégradation ou la
biotransformation en inoculant des micro-organismes spécifiques par bioaugmentation ou en
stimulant l’activitĂ© des populations microbiennes indigĂšnes par biostimulation, par apport de
nutriments et par ajustement des conditions du milieu. Elle implique l’utilisation
d’organismes (Nallapan et al., 2014) pour supprimer ou neutraliser les polluants et/ou
contaminants Ă  partir d’un site contaminĂ©. Une fois la capacitĂ© des micro-organismes Ă 
biodĂ©grader le cyanure testĂ©e au laboratoire, les technologies Ă  mettre en Ɠuvre seront
choisies. Elles sont généralement classées comme in situ ou ex situ. La bioremédiation in situ
consiste à traiter le matériel contaminé sur le site tandis que celle ex situ implique
l’enlĂšvement de la matiĂšre contaminĂ©e et son traitement hors site.
La Figure 1 ci-dessous est un exemple de mécanisme de bioremédiation mettant en évidence
les diffĂ©rentes technologies qui lui sont associĂ©es. Il s’agit ici de deux types de mĂ©canismes:
l’un (a) montre la biodĂ©gradation naturelle pouvant durer des annĂ©es et l’autre (b) traduit la
biodĂ©gradation assistĂ©e par l’homme.
Figure 1: (a) bioremédiation naturelle et (b) bioremédiation assistée par l'homme (A. Malik
2006).
4.1. Bioremédiation du cyanure
La bioremédiation est un mécanisme important pour la transformation de cyanure dans les
eaux de surface (ATSDR, 1997). La biodégradation est contrÎlée par la concentration en
cyanure, le pH, la température, la concentration et la disponibilité des nutriments pour les
souches dégradantes. Concernant la concentration en cyanure, Chew et al., (1999) ont
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mentionnĂ© qu’elle doit ĂȘtre au maximum de 50 mg/L pour que la biodĂ©gradation soit efficace.
Par analogie, la dégradation du cyanure dans les sols est comparable à celle dans les eaux et
contrĂŽlĂ©e par les mĂȘmes facteurs. Dans les sols, les cyanures prĂ©sents Ă  faible concentration se
dĂ©gradent avec formation initiale d’ammoniac transformĂ© en nitrites et nitrates par les
bactéries nitrifiantes (INERIS, 2011). En milieu anaérobie, les produits directs de la
dégradation du cyanure sont le bicarbonate et le formiate. Dans les sols et en conditions
anaérobies, les cyanures se dénitrifient en azote gazeux (ATSDR, 1997).
De nombreuses études ont été réalisées sur la bioremédiation. En effet, Maniyam et al., (2013)
ont étudié la biodégradation des sols cyanurés par une souche de Rhodococcus UKMP-5M.
Utilisant le glucose comme milieu de culture, il ressort que la croissance bactĂ©rienne n’a pas
été affectée et que cette souche de bactérie était capable de dégrader complÚtement 0,1 mM de
KCN en 24 heures. Les produits finaux de cette biodĂ©gradation Ă©taient l’ion ammonium
(NH4
+
) et l’ion formiate (HCOO-
). Cette souche de bactérie a utilisé le cyanure comme source
d’azote.
Dans une autre Ă©tude oĂč 0,05 % (KH2PO4), 0,15 % (K2HPO4), 1 mM (MgCl2), 1 mM (FeCl3),
0,1 % (NH4Cl) et 0,1 % (glycérol) ont été utilisés comme milieu de culture, (Wu et al., 2014)
ont montré que Bacillus sp CN-22 a été capable de dégrader 200 mg/L de cyanure libre des
eaux usĂ©es jusqu’à 6,62 mg/L en 72h. La croissance bactĂ©rienne n’a pas aussi Ă©tĂ© affectĂ©e et
les produits finaux de la réaction étaient le NH4
+
et le CO2. Plus la teneur en cyanure est
Ă©levĂ©e, plus la pĂ©riode de latence s’étend suggĂ©rant ainsi l’effet inhibiteur de la croissance
bactérienne par de fortes concentrations de cyanure (Panos et Bellini, 1999). Au cours des
tests de biodĂ©gradation, les rĂ©actions d’hydrolyse sont principalement caractĂ©risĂ©es par la
formation directe de l’acide formique et de l’ammonium qui sont moins toxiques que le
cyanure et peuvent servir à la croissance bactérienne (Huertas et al., 2006).
Dans une étude conduite par (Mekuto et al., 2015), il a été démontré que le consortium de
bactĂ©ries dominĂ© par Bacillus sp Ă©tait capable de tolĂ©rer jusqu’à 500 ppm de cyanure libre. La
dégradation du cyanure se produit parallÚlement à la croissance bactérienne et atteint 96 %
durant la phase exponentielle.
Le fort taux de croissance bactérienne de 1,23 108
UFC/mL a été obtenu aprÚs 4 jours. Dans
un autre article, Mekuto et al., (2013) ont fait remarquer que ces mĂȘmes souches de bactĂ©ries
peuvent Ă©liminer en 8 jours, 65 et 44,3 % des solutions de cyanure de concentrations
respectives 200 et 400 mg/L. Selon Akcil et al., (2003), la concentration maximale en cyanure
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libre que les bactĂ©ries sont capables d’assimiler et de dĂ©grader est de 200 mg/L. Ainsi, la
dĂ©gradation du cyanure libre Ă©tait accompagnĂ©e d’une croissance bactĂ©rienne qui a atteint
2.108
UFC/mL avec 200 mg/L de cyanure libre. Ces mĂȘmes auteurs ont dĂ©montrĂ© que la
croissance bactĂ©rienne et l’élimination du cyanure sont corrĂ©lĂ©es.
Par ailleurs, les micro-organismes capables d’assimiler le cyanure peuvent l’utiliser comme
source d’azote. En effet, dans la molĂ©cule du cyanure, l’état d’oxydation du carbone (+II
comme celui de CO) et N (-III comme celui de NH4
+
) fait de ce composé une mauvaise source
de carbone mais une bonne source d’azote pour la croissance bactĂ©rienne. Parmar et al.,
(2012) ont révélé que la biodégradation laisse présager la diminution de la concentration en
cyanure et la production de NH4
+
ou une augmentation de la biomasse microbienne.
En effet, la concentration en NH4
+
peut fluctuer au cours de la biodégradation et sa fluctuation
est soumise Ă  l’hypothĂšse d’ĂȘtre largement dĂ©pendante de l’utilisation d’ammonium par les
micro-organismes. Il peut arriver qu’au cours des tests de biodĂ©gradation, les bactĂ©ries
prĂ©fĂšrent l’ammonium au cyanure lorsque les nutriments utilisĂ©s sont une source d’azote. Un
tel phénomÚne entrainera la formation et la dégradation consécutive de NH4
+
par des bactéries
nitrifiantes et fera baisser le taux de dégradation du cyanure libre.
La dĂ©gradation du cyanure et de l’ammonium par Bacillus sp a montrĂ© que ces bactĂ©ries
formant des endospores sont à la fois des bactéries dégradeurs de cyanure et des bactéries
nitrifiantes qui peuvent cependant ĂȘtre utilisĂ©es pour la rĂ©duction de NH4
+
. Les micro-
organismes dégradant le cyanure peuvent alterner leur métabolisme selon la présence du
cyanure ou de l’ammonium utilisant ainsi ces deux substrats pour l’activation ou la
désactivation du type de métabolisme selon le substrat disponible.
4.2. Bioremédiation du site de Zougnazagmligne
Cette recherche a été réalisée par Sawadogo N., (2015) à 2iE (LEDES) et a pour objet
d’étudier la biodĂ©gradation au laboratoire du cyanure libre par les bactĂ©ries isolĂ©es des
Ă©chantillons d’eau prĂ©levĂ©e sur ledit site. Son expĂ©rimentation d’une durĂ©e de 30 heures a
porté sur le cyanure libre de concentrations 40, 60 et 80 mg/L. Avec un milieu de culture
spécifique aux bactéries dégradeurs de cyanure, les résultats de ses ensemencements ont
rĂ©vĂ©lĂ© la prĂ©sence des bactĂ©ries sur l’ensemble des points de prĂ©lĂšvement d’eau et leur
concentration allait jusqu’à 11500 UFC/mL. Les caractĂ©ristiques physiques de ces bactĂ©ries
ont Ă©tĂ© observĂ©es au microscope. Certaines sont blanchĂątres, d’autres luminescentes et en
forme de chainette, sont de taille variable. Ces colonies appartiennent Ă  plusieurs familles de
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par leurs différences physiques. Ces micro-organismes dont la présence a été prouvée ont
préféré le cyanure aux autres nutriments comme le glucose. Au bout de 27 heures, un
abattement en cyanure libre variant de 95 à 99 % a été obtenu et la concentration optimale de
biodĂ©gradation Ă©tait de 60 mg/L selon qu’il s’agisse du milieu avec ou sans nutriments. Les
micro-organismes utilisés ont montré une croissance considérable dans les trois solutions de
cyanure libre aprÚs une période de latence de 3 heures. Ses travaux ont par ailleurs montré
qu’au-delĂ  de 80 mg/L de cyanure libre, la croissance bactĂ©rienne est inhibĂ©e et que 100 mg/L
Ă©tait la dose lĂ©tale. En outre, l’ammonium libĂ©rĂ© suite Ă  la biodĂ©gradation du cyanure
constitue une source d’azote ou de carbone et que le taux de dĂ©gradation du cyanure dans le
milieu avec nutriments est plus Ă©levĂ© que dans celui sans nutriments sachant qu’elle est
responsable de l’accĂ©lĂ©ration du mĂ©tabolisme de dĂ©gradation des bactĂ©ries et de leur
multiplication.
En outre, la présence des bactéries nitrifiantes a été prouvée. Ces souches ont préféré
l’ammonium au cyanure et font que la production du NH4
+
connait des fluctuations.
4.3. Biodégradation du cyanure total
De publications rapportées par (C. Boucabeille, Olivier, & Michelle, 1994) sur la
biodĂ©gradation des cyanures totaux ont montrĂ© qu’il existe des espĂšces de Pseudomonas
capables de les dégrader. Cette étude a porté sur les cyanures total et disponible ainsi que les
thiocyanates. Il en ressort une Ă©limination complĂšte de 40 mg/L des cyanures disponibles en 6
jours. Alors que les cyanures de fer avaient connu une Ă©limination marginale, 75 Ă  80 % de
cyanure de cuivre et de nickel étaient éliminés en 2 jours. En outre, la dégradation du cyanure
a Ă©tĂ© accompagnĂ©e de la production d’ammonium et des sulfates respectivement pour les
cyanures disponibles, les cyanures totaux et les thiocyanates. La production de NH4
+
a débuté
aprÚs 2 jours et est devenue nulle aprÚs 16 jours de test. Ces auteurs ont souligné que la
diminution de la teneur en NH4
+
au cours des analyses aurait été due à la présence des
bactéries nitrifiantes.
4.4. Biodégradation des cyanures complexés
Les cyanures complexés sont plus résistants à la biodégradation que les cyanures libres
(Aronstéin et al., 1994). Cependant, quelques recherches ont montré la capacité de certaines
bactéries et champignons à dégrader cette forme de cyanure. Cherryholmes et al., (1985) ont
observĂ© que l’hexacyanoferrate (III) de potassium K3Fe(CN)6, maintenu dans la noirceur et en
présence des bactéries P. aerogunos et E. coli, se décomposait en donnant lieu aux cyanures
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libres. En 25 jours, la concentration des cyanures libres avait atteint 1460 ”g/L alors que dans
les contrÎles stériles, elle demeurait sous le seuil de 16 ”g/L. La concentration initiale de
K3Fe(CN)6 était de 3293 mg/L. Un groupe de chercheurs Barclay et al., (1998) a démontré la
capacitĂ© d’une culture pure et mixte de champignons Ă  dĂ©grader chacun de K4Fe(CN)6,
K3Fe(CN)6 et K2Ni(CN)4 en les utilisant comme source unique d’azote. Les concentrations de
ces trois complexes de cyanures Ă©taient respectivement de 0,5 mM, 0,5 mM et 0,25 mM.
Aprùs 34 jours d’incubation, approximativement 90% de chacun des ferrocyanures et
cyanures totaux ont été dégradés. Le CO2 a été identifié comme produit final de
biodégradation. Par ailleurs, Silva-Avalos et al., (1990), ont étudié la biodégradation du
tetracyanonickelate de potassium K2Ni(CN)4 par des bactéries comprenant les espÚces
Pseudomonas et Klebsiella. Ces bactéries utilisaient le tetracyanonickelate comme source
unique d’azote. Le mĂ©tabolite de biodĂ©gradation Ă©tait le Ni(CN)2.
ParallĂšlement Ă  la dĂ©gradation du cyanure, ThĂ©is et al., (1994) ont soulignĂ© que l’apparition
de l’ammoniaque pourrait provenir des rĂ©actions physico-chimiques des complexes aminĂ©s. Il
convient de rappeler que la dissolution d’un complexe mĂ©tallique cyanurĂ© ne libĂšre pas d’ions
CN-
comme les cyanures simples; le métal de transition et les cyanures restent combinés
ensemble sous la forme d’un anion complexe comme le montre l’équation suivante
(Cherryholmes et al., 1985):
K3Fe(CN6) ↔ 3K+
+ Fe(CN)6
3−
(8)
Le niveau de dissociation de l’anion complexe varie en fonction du cation mĂ©tallique central
du complexe, du pH et du potentiel redox.
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CHAPITRE 2 : MATÉRIELS ET MÉTHODE
1. PrĂ©sentation de la zone d’étude
1.1. Choix du site
La justification du choix de ce site a fait l’objet des travaux antĂ©rieurs rĂ©alisĂ©s par (Kouadio,
2014) sur la base d’une enquĂȘte et de collecte d’informations Ă  partir d’un tableau de critĂšres
et de scores permettant de mettre en adéquation les objectifs de la recherche avec les
caractĂ©ristiques des sites d’orpaillage en pleine activitĂ© dans la commune de Kampti. Ces
critĂšres Ă©taient basĂ©s essentiellement sur l’accessibilitĂ© au comptoir, aux puits et aux bassins
de cyanuration, la taille du site et sa structuration ainsi que les infrastructures du site. En
rappel, cette Ă©tude avait pour objectif d’évaluer les risques environnementaux et sanitaires liĂ©s
à l’utilisation des produits chimiques dans l’orpaillage: cas du mercure et du cyanure. De ces
travaux, il ressort qu’outre Fofora (Sawadogo E. , 2011), Galgouli au Sud-Ouest du pays fait
preuve d’une occupation structurĂ©e et bien organisĂ©e en fonction des phases de l’orpaillage.
1.2. PrĂ©sentation de la zone d’étude
1.2.1. Localisation
Dans la province de Poni au Sud-Ouest, le département de Kampti situé sur la route nationale
RN12 et d’une superficie de 1 381 Km2
, est une commune rurale comportant 5 secteurs et 110
villages. Avec environ 40 874 habitants, le département de Kampti est situé à 366 m
d’altitude. Ses coordonnĂ©es gĂ©ographiques sont le 10°7'60"N et 3°27'0"W. Il se trouve Ă 
environ 420 km de la capitale Ouagadougou. Les coordonnées géographiques du site de
Galgouli sont le 9°58’0N et le 3°27'0W. Il se situe à une altitude de 352 m. La Figure 2
prĂ©sente la carte de location du site d’orpaillage de Galgouli.
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Figure 2: carte de localisation de Galgouli.
1.2.2. CaractĂ©ristiques de la zone d’étude
Cadre physique
Les travaux réalisés par (Sawadogo E. , 2011) ont permis de dégager les caractéristiques
Ă©dapho-climatiques de la province de Poni. Le Burkina Faso est sous l’influence d’un climat
du type sahélo-soudanien. Du Nord au Sud, on rencontre le climat sahélien et sahélo-
soudanien dont les composantes sont le climat soudano-sahélien et soudanien. Le Sud-Ouest,
de par sa situation gĂ©ographique, appartient au climat soudanien. Il est sous l’influence de
deux saisons: une saison sùche allant de novembre à mars et une saison de pluie d’avril à
octobre. Les températures moyennes annuelles sont comprises entre 17 et 36°C. Située entre
les isohyÚtes 1000 et 1200 m, la province de Poni est relativement bien arrosée par les pluies.
Le Sud-Ouest du pays oscille entre 250 et 300 m d’altitude et son point culminant est le mont
Koyo ou Nouéhé (592 m). Les principaux massifs sont situés dans le Karangasso, dans la
région de Gaoua, au Sud de Kampti, au Sud de Batié et au Sud de Kpéré. Dans le département
de Kampti, les reliefs mous et discontinus sont marqués par des filons de quartz.
Les types de sols issus de la conjugaison de la géomorphologie et des facteurs climatiques se
regroupent en plusieurs catégories occupant chacune environ 20% de la superficie
provinciale. Dans le département de Kampti, trois principaux types de sols sont rencontrés:
les sols sablonneux, les sols gravillonnaires et les sols argileux.
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Les sols sablonneux sont les plus répandus, riches en silice et à tendance acide. Relativement
pauvres et aptes Ă  la culture des cĂ©rĂ©ales, ces sols permettent un transfert d’élĂ©ments traces
métalliques comme le mercure, le cadmium, le nickel vers les légumineuses et des céréales.
Les sols gravillonnaires, moins répandus, se rencontrent en zone de collines et sont favorables
Ă  la culture du sorgho. Ces sols fertiles peuvent ĂȘtre reboisĂ©s mais difficiles Ă  travailler. Leur
fonçage use facilement le matériel de creusage.
Les sols argileux se retrouvent en zone de bas-fonds et se subdivisent en deux sous-groupes:
les limono-argileux et les sablo-argileux. Les premiers permettent des cultures de maĂŻs, de
sorgho, d’igname et de patate alors que les seconds se prĂȘtent Ă  toute sorte de culture. Ces sols
compacts rĂ©sistent mieux Ă  l’érosion et rendent difficiles le fonçage.
Le rĂ©seau hydrographique de la province de Poni s’organise autour du fleuve Mouhoun et de
Poni son affluent. Ce rĂ©seau bĂ©nĂ©ficie d’une quantitĂ© abondante d’eau de surface en raison de
la bonne pluviomĂ©trie (750 et 1 300 mm) et de l’existence d’autres sources. En dehors de ces
deux grands cours d’eau, de nombreux petits cours d’eau temporaires sillonnent les plaines et
les plateaux de la province. Le département de Kampti dispose de 4 principales riviÚres et de
3 marigots dans les villages de Toroyini, Niamina, Logolana qui sont temporaires, d’un
barrage et d’une retenue d’eau naturelle. Les eaux de pluie qui ruissellent des collines du
dĂ©partement vers le DĂ©ko, cours d’eau quadrillant le site d’orpaillage de Galgouli, rejoignent
le Poni puis le Mouhoun. Enfin, la combinaison de la bonne pluviomĂ©trie et des sols d’assez
bonnes qualitĂ©s offre des conditions favorables Ă  l’éclosion d’un couvert vĂ©gĂ©tal consistant
avec des espÚces ligneuses diverses, caractéristiques du domaine Sud-Soudanien.
La vĂ©gĂ©tation du dĂ©partement de Kampti est constituĂ©e d’une forĂȘt galerie le long des cours
d’eau, d’une savane arborĂ©e composĂ©e d’arbres de taille moyenne et de savane boisĂ©e
guinĂ©enne plus dense. Avec l’avĂšnement de l’orpaillage dans le dĂ©partement, une forte
pression est exercée sur ces formations végétales de sorte que beaucoup de surfaces sont
fréquemment dénudées. Il est important de rappeler que le Néré et le Karité, plantes utiles en
pays lobi, servent trĂšs souvent de soutĂšnement aux puits et galeries des orpailleurs du fait de
leur forte résistance.
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Cadre humain
La population du Sud-Ouest est constituĂ©e d’autochtones Lobi, Birifor et Dagara. Elle est
aussi constituée de Loron, Gan, Dian, Teguessié et Koulanga. On y rencontre des immigrés
Dioula et Mossi, essentiels commerçants et éleveurs peuhls. Selon (Rouville, 1987), les Lobi,
les Dagara et les Birifor partagent le mĂȘme fond d’institution et de culture. De nos jours,
l’orpaillage a favorisĂ© l’installation d’une population cosmopolite qui habite les sites d’or et le
chef-lieu du dĂ©partement de Kampti. Les populations des sites d’or sont constituĂ©es
essentiellement de Mossi, de Bissa, de Gourounsi, de Daffin et de plus en plus d’autochtones
(Rouville, 1987). 90% de la population est animiste et surtout autochtone. Les 10 % constitués
d’étrangers sont des musulmans et des chrĂ©tiens. La trĂšs grande mobilitĂ© des orpailleurs fait
qu’il n’existe pas de donnĂ©es statistiques sur le site de Galgouli.
Les orpailleurs sont le plus souvent organisĂ©s en de petits groupes d’extraction de minerai
filonien. Ces groupes sont constitués par affinité et sont le plus souvent dirigés par un chef de
puits. Ce chef de puits est à son tour sous la direction d’un employeur qui finance les
dĂ©penses de l’extraction du minerai. Cet employeur est gĂ©nĂ©ralement un acheteur d’or.
Du point de vue spatial, le site d’orpaillage est constituĂ©:
 D’une zone d’habitation composĂ©e de logements, d’une zone de commercialisation et
d’une zone de restauration
 D’un espace de mouture composĂ© de moulins Ă  gasoil et de boutiques de vente
d’hydrocarbures
 D’un comptoir d’achat au sein duquel se trouvent les hangars de lavage et de raffinage
 De puits d’extraction du minerai et de lavage du stĂ©rile, situĂ©s dans les pĂ©riphĂ©ries
 D’espaces de cyanuration situĂ©s autour du campement.
En cas de problÚme, les orpailleurs sont représentés auprÚs des autorités par un responsable
qui est le coordonnateur des activités du comptoir.
2. Points de prélÚvement et échantillonnage
Les prĂ©lĂšvements d’eau et de sol ont Ă©tĂ© faits non seulement en fonction de la qualitĂ© de
rĂ©ponse du lieu mais aussi en tenant compte du sens d’écoulement de l’eau, de l’exutoire et de
la position des bassins de cyanuration qui sont considérés comme des sources potentielles de
pollution de maniĂšre Ă  Ă©tudier la propagation du cyanure Ă  partir de ceux-ci. Outre ces
critĂšres, les critĂšres d’échantillonnage et d’analyse des sols polluĂ©s Ă©tablis par (Mathilde et al.,
2008) de l’Institut de veille sanitaire ont Ă©tĂ© appliquĂ©s.
« Étude de la dynamique du cyanure dans l’environnement et bioremĂ©diation: cas du site d’orpaillage
de Galgouli au Burkina Faso. »
DEOUDOM DestinM2B Eau et Assainissement/2014-2015 24
Ces critĂšres soulignent que: « lorsqu’un site qui a contaminĂ© le sol se situe sur la rive d’une
riviĂšre, il n’apparait pas nĂ©cessaire de faire rĂ©aliser des mesures sur l’impact de la
contamination des sols situĂ©s sur l’autre rive puisque les eaux contaminĂ©es par le site ne
devraient pas contaminer la rive d’en face mais la riviĂšre.». La Figure 3 prĂ©sente une carte de
prĂ©lĂšvement des Ă©chantillons d’eau et de sol.
Figure 3:carte de prélÚvement des points d'eau et de sol.
2.1. PrĂ©lĂšvement des Ă©chantillons d’eau
17 Ă©chantillons d’eau ont Ă©tĂ© prĂ©levĂ©s grĂące aux flacons en verre borosilicatĂ©, prĂ©alablement
stérilisés à 160°C pendant 20 minutes et étiquetés aprÚs chaque prélÚvement. Ces échantillons
ont Ă©tĂ© pris Ă  diffĂ©rents endroits dont les coordonnĂ©es ont Ă©tĂ© levĂ©es au GPS Garmin au mĂȘme
titre que ceux du sol selon les objectifs qui orientent notre recherche Ă  savoir quantifier le
cyanure et Ă©tudier sa dynamique sur l’ensemble du bassin hydrographique du site puis rĂ©vĂ©ler
la présence de la flore bactérienne capable de le dégrader. Ces points de prélÚvement sont
entre autres des puits au comptoir, des forages modernes, des points d’intersection des
riviĂšres, des points le long des riviĂšres, des points aux entrĂ©e et sortie du barrage et Ă  l’entrĂ©e
du village. Rappelons que le pH, la température, le potentiel redox et la conductivité de
chacun de ces Ă©chantillons d’eau ont Ă©tĂ© Ă©valuĂ©s in situ et que des pastilles de NaOH ont Ă©tĂ©
ajoutées à ceux-ci aprÚs lecture pour éviter la volatilisation du cyanure. Deux glaciÚres
munies de barres de glace ont permis le conditionnement, le transport et la conservation de la
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qualitĂ© des Ă©chantillons d’eau et de sol du site jusqu’au laboratoire oĂč ils seront traitĂ©s et
analysés.
2.2. PrélÚvement des échantillons de sol
À l’aide d’une tariĂšre de 1 m d’envergure et d’un marteau, 115 Ă©chantillons de sol ont Ă©tĂ©
prélevés sur 29 points et ce, à chaque 20 cm soit 5 échantillons par endroit si le contexte
géophysique du sol le permet sinon 2 à 3 échantillons seulement ont été obtenus sur des points
à structure rocailleuse. La Figure 4 ci-dessous montre un exemple de prélÚvement des
Ă©chantillons de sol.
Figure 4: carottage des Ă©chantillons de sol.
Les prélÚvements ont été faits sur les points de fonçage, les flancs des bassins de cyanuration,
les lits des riviÚres, les intersections des riviÚres et les entrée et sortie du barrage dudit village.
Pour éviter la photodégradation du cyanure des échantillons du sol, des emballages noirs en
polyéthylÚne, réguliÚrement étiquetés ont servi à leur conditionnement. Leurs paramÚtres
physico-chimiques ont Ă©tĂ© Ă©valuĂ©s ex situ. En fonction d’une plage de valeurs de tempĂ©rature,
un facteur de correction a permis de corriger les différentes valeurs de conductivité. Sa valeur
s’obtient par l’expression suivante:
ConductivitĂ© = conductivitĂ© mesurĂ©e × K × facteur de correction (Source LEDES).
OĂč K = 1,413 mS/cm est la valeur de la sonde du conductivimĂštre utilisĂ© (Annexe 1).
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3. Dynamique du cyanure
Avant la dĂ©termination des absorbances des Ă©chantillons, un test de sensibilitĂ© de l’appareil de
mesure du cyanure libre a Ă©tĂ© rĂ©alisĂ© pour obtenir une courbe d’étalonnage.
À cet effet, des solutions de cyanure pur CN-
de concentrations respectives 0, 50, 100, 150 et
200 mg/L ont été préparées. AprÚs réaction de ces solutions avec les cyaniver 3, 4 et 5
conformĂ©ment au protocole HACH adaptĂ©, leurs absorbances respectives ont Ă©tĂ© lues Ă  l’aide
du spectrophotomĂštre d’absorption molĂ©culaire (SAM) HACH DR 5000 Ă  une longueur
d’onde de 612 nm. GrĂące Ă  l’équation 𝑩 = 0,0062đ‘„ (𝑅2
= 0,997) oĂč y dĂ©signe l’absorbance
et x la concentration comme le montre la Figure 5, les concentrations des Ă©chantillons d’eau et
du sol ont été obtenues.
Figure 5: courbe d'étalonnage représentant l'absorbance en fonction de la concentration
(ASTM 688).
3.1. Mesure des paramĂštres physico-chimiques de sol
5 g de chacun des échantillons du sol ont été pesés avec la balance à précision Sartorius
Universal puis introduits dans des bĂ©chers en plastique de 100 mL. 12,5 mL d’eau distillĂ©e y
sont ensuite ajoutés puis homogénéisés. AprÚs homogénéisation, le pH et le potentiel redox
des échantillons ont été respectivement mesurés grùce à la fonction « mode » du pH-mÚtre
3310 SET 1 qui permet de passer d’un paramùtre à l’autre. Une fois le pH et le potentiel redox
mesurĂ©s, les volumes qui Ă©taient de 12,5 mL au dĂ©part sont portĂ©s Ă  25 mL et l’ensemble
échantillon de sol-eau distillée est une nouvelle fois homogénéisé. Par une lecture directe au
ConductivimÚtre 3310 SET 1, la conductivité et la température ont été évaluées.
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3.2. Dosage du cyanure libre
Les Ă©chantillons d’eau ont Ă©tĂ© filtrĂ©s Ă  l’aide d’une pompe Ă  filtration et des filtres de 0,45mm
de porosité avant leur dosage. Des cuves de 10 mL ont permis de doser le cyanure libre. Les
réactifs utilisés étaient le cyaniver 3, cyaniver 4 et cyaniver 5.
Dans cet ordre, les réactifs ont été ajoutés respectivement aux échantillons aprÚs des temps
d’attente de 30, 10 et 10secondes. À une longueur d’onde de 612 nm, les absorbances des
échantillons ont été lues.
Pour le sol, 1 g du poids humide de chacun des 115 Ă©chantillons prĂ©levĂ©s a Ă©tĂ© pesĂ© Ă  l’aide de
la mĂȘme balance que prĂ©cĂ©demment. Ces Ă©chantillons ont Ă©tĂ© sĂ©chĂ©s puis 24h plus tard, leurs
poids respectifs ont Ă©tĂ© Ă©valuĂ©s dans le but de dĂ©terminer le taux d’humiditĂ© dans chacun
d’eux. Dans des tubes coniques, les Ă©chantillons sĂ©chĂ©s ont Ă©tĂ© transfĂ©rĂ©s puis complĂ©tĂ©s Ă  10
mL avec une solution de NaOH à 0,05 N. À une vitesse de 1000 rpm et pendant 10 minutes,
les Ă©chantillons ont Ă©tĂ© centrifugĂ©s Ă  l’aide de la centrifugeuse VWR himac CT6EL.
À l’issue de la centrifugation, conformĂ©ment Ă  la mĂ©thode ASTM 688, c’est le surnageant
représentant la phase liquide des échantillons qui a été recueilli pour le dosage du cyanure
libre. Les mĂȘmes rĂ©actifs utilisĂ©s pour doser le cyanure dans les eaux ont Ă©tĂ© employĂ©s et le
reste de la procĂ©dure d’analyse des Ă©chantillons de sol est identique Ă  celle des Ă©chantillons
d’eau. Il convient de noter que le manque d’appareillage pour le dosage du cyanure total nous
a amenĂ© Ă  n’analyser que le cyanure libre.
4. Bioremédiation
4.1. Analyse microbiologique
L’analyse microbiologique de la flore bactĂ©rienne des eaux et du sol de notre site d’étude s’est
déroulée suivant une procédure intégrant la préparation du milieu de culture, un ajustement du
pH et un ensemencement en surface.
 PrĂ©paration du milieu de culture
Un milieu tampon de deux différents mélanges à base de sels minéraux MSMA et MSMB a été
utilisé pour la culture des bactéries dégradeurs du cyanure. En effet, le MSMA est un milieu
comprenant des sources d’azote, de phosphore et des oligo-Ă©lĂ©ments alors que le MSMB
contient les métaux traces. Les deux milieux constituant le MSM (Solution Minérale
Minimale) sont le plus souvent utilisés en assainissement et gestion de site (Houdjehani,
2000). Rappelons que l’eau utilisĂ©e pour la prĂ©paration du milieu de culture Ă©tait l’eau ultra-
pure.
« Étude de la dynamique du cyanure dans l’environnement et bioremĂ©diation: cas du site d’orpaillage
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Dans des fioles de 100 mL, diffĂ©rentes quantitĂ©s des composĂ©s permettant d’obtenir le
MSMA, milieu sélectif avec des sels suivants ont été utilisés: 0,88 g (NaH2PO4, H2O), 2,26 g
(K2HPO4), 2,05 g [(NH4)2SO4], 0,052 g (MgSO4, 7H2O) et 1 g (NaNO3). Le MSMB, constitué
de métaux traces a été par contre préparé dans une fiole unique de 100 mL. Il a été fait de:
29,03 mg (CoSO4, 7H2O), 47,43 mg [Al(SO4)2, 12H2O], 15,96 mg (CuSO4), 28,75 mg
(ZnSO4, 7H2O), 278,01 mg (FeSO4, 7H2O), 169,02 mg (MnSO4, H2O) et 48,39 mg
(Na2MoO4
2-
, 2H2O).
Dans une fiole de 1 L d’eau ultra-pure, les volumes des sels du MSMA utilisĂ©s Ă©taient: 9,6 mL
(NaH2PO4, H2O)+19,49 mL (K2HPO4)+12,49 mL[(NH4)2SO4]+0,59 mL(MgSO4,
7H2O)+17,69 mL (NaNO3). Ce mĂ©lange a Ă©tĂ© complĂ©tĂ© avec 1 mL du MSMB et 20 g d’Agar-
agar technique puis agité et homogénéisé pendant 4-5 minutes sur une plaque chauffante. Une
fois homogénéisé, le milieu sera autoclavé à 121°C pendant au moins 3 h puis refroidi à une
tempĂ©rature de versement d’environ 50°C avant l’ajustement de son pH.
 Ajustement du pH
L’ajustement du pH se fait en milieu stĂ©rile sous la hotte ventilĂ©e Telstar Bio II A. Il consiste Ă 
noter le pH initial du milieu de culture, ajouter des gouttes de NaOH de concentration 10 N
pour l’élever Ă  8,5 puis ajouter une solution de cyanure de potassium KCN de concentration
23 mg/L pour le rehausser à 8,7. Enfin les gouttes de NaOH seront une fois de plus ajoutées
pour conditionner le pH final à 9,2. Il convient de noter que l’ajout des gouttes de NaOH
permet de stabiliser le cyanure et partant Ă©viter sa volatilisation.
Dans le cadre de cette présente recherche, le pH initial de notre milieu de culture est égal à
6,742. AprĂšs ajout des gouttes de NaOH Ă  l’aide d’un embout de 100 ”L, le pH est passĂ© Ă  8,5
et s’est Ă©levĂ© Ă  8,63 quand le cyanure de potassium de concentration C = 23 mg/L a Ă©tĂ© ajoutĂ©
au milieu. À l’étape finale, les gouttes de NaOH le porteront Ă  9,359 et le milieu sera coulĂ©
dans des boites de Pétri qui seront ensemencées 24h plus tard.
 Ensemencement des bactĂ©ries
L’ensemencement des bactĂ©ries susceptibles de dĂ©polluer le sol contaminĂ© au cyanure a lieu
aprÚs un traitement particulier des échantillons de sol. 5 g de chaque échantillon de sol ont été
pesĂ©s et introduits dans des bĂ©chers puis complĂ©tĂ©s jusqu’à 50 mL avec de l’eau peptone,
bouillon de culture permettant d’arracher les bactĂ©ries de leur support et faciliter leur
ensemencement. Alors que les embouts de 1000 ”L ont été utilisés pour des séries de dilution
permettant d’avoir des colonies bactĂ©riennes comprises entre 30 et 300, ceux de 100 ”L ont
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DEOUDOM DestinM2B Eau et Assainissement/2014-2015 29
servi Ă  un ensemencement en surface des boites de PĂ©tri (Erreur ! Source du renvoi
introuvable. et Erreur ! Source du renvoi introuvable.). Des tiges d’étalement ont permis
d’homogĂ©nĂ©iser le mĂ©lange extrait du sol avec le milieu de culture et favoriser la croissance
bactĂ©rienne. AprĂšs ensemencement, les boites de PĂ©tri seront introduites dans l’incubateur
memmert à une température de 28°C. Le dénombrement des bactéries qui ont poussé a été fait
aprĂšs 7 jours Ă  l’aide de Colony Counter Digital S. Il est Ă  relever que l’isolation des bactĂ©ries
d’eau suit les mĂȘmes procĂ©dures que celui de la flore bactĂ©rienne du sol mais cependant,
ceux-ci n’ont subi aucun traitement prĂ©alable Ă  l’eau peptone. Ils ont Ă©tĂ© directement prĂ©levĂ©s
aprĂšs agitation.
(a) Ensemencement des bactéries dégradeurs de cyanure dans le sol.
(b) Ensemencement des bactéries dégradeurs de cyanure dans l'eau.
Figure 6: Ensemencement des bactéries dégradeurs de cyanure dans les eaux et dans le sol.
 Repiquage des bactĂ©ries de l’eau
Avant le repiquage, une sĂ©lection des boites de PĂ©tri reprĂ©sentatives d’une bonne croissance
bactĂ©rienne a Ă©tĂ© faite. Deux milieux diffĂ©rents ont Ă©tĂ© utilisĂ©s pour le repiquage: l’un Ă  base
de cyanure de concentration 60 mg/L et l’autre avec le bouillon nutritif.
Des anses en platine et le stĂ©rilisateur StĂ©ri Max WLD-TE ont permis d’isoler les bactĂ©ries et
de les repiquer dans lesdits milieux.
 La croissance bactĂ©rienne:
Au cours de nos analyses, la croissance bactĂ©rienne a Ă©tĂ© Ă©valuĂ©e par deux mĂ©thodes. L’une a
consistĂ© Ă  lire la densitĂ© optique des bactĂ©ries Ă  une longueur d’onde de 600 nm et la convertir
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DEOUDOM DestinM2B Eau et Assainissement/2014-2015 30
grĂące aux mĂ©thodes classiques en UFC/mL selon la relation: une unitĂ© d’absorbance
correspond Ă  5.108
UFC/mL (Rambach, 1990). L’autre a consistĂ© Ă  dĂ©terminer le nombre de
bactéries pour 100 mL aprÚs ensemencement dans des boites de Pétri. La formule utilisée à
cet effet est la suivante:
𝑁 =
𝑛 ∗ 100
𝑉 ∗ 𝑑
N = nombre de bactéries pour 100 mL
D = taux de dilution de l’échantillon ensemencĂ©
N = nombre de colonies comptées sur la boite de Pétri
4.2. Test de biodégradation
Ce test a pour objectif de déterminer la densité bactérienne, la teneur en ammonium (NH4
+
) et
le taux de dĂ©gradation du cyanure de potassium et de l’hexacyanoferrate (III) par les bactĂ©ries
en fonction du temps. Elle s’est dĂ©roulĂ©e selon la procĂ©dure suivante.
Des concentrations initiales de 40, 60 et 80 mg/L de cyanure de potassium KCN et de
l’hexacyanoferrate (III) K3Fe(CN)6 ainsi que deux milieux avec et sans nutriments ont Ă©tĂ©
utilisés. Le milieu avec nutriments est celui dans lequel on a ajouté 3 mL de bouillon nutritif
alors que l’autre n’a connu aucune amĂ©lioration nutritive. Dans des erlenmeyers de 250 mL
contenant ces différentes concentrations de KCN et de K3Fe(CN)6 avec et sans nutriments, 1
mL du milieu des bactĂ©ries issues du repiquage a Ă©tĂ© ajoutĂ©. L’ensemble de la prĂ©paration a
lieu sous une hotte ventilĂ©e oĂč les milieux avec et sans nutriments Ă©taient en agitation
permanente durant les analyses.
Des cuves de 25 mL ont servi à la lecture de la densité bactérienne et les ions ammonium
alors que ceux de 10 mL ont permis de lire les concentrations de KCN et de K3Fe(CN)6. La
densité bactérienne, la teneur en ammonium et les concentrations en cyanure ont été évaluées
au spectrophotomĂštre d’absorption molĂ©culaire HACH DR 5000.
La densité bactérienne a été analysée directement à une longueur de 600 nm. La teneur en
ammonium a Ă©tĂ© lue aprĂšs ajout de trois rĂ©actifs selon l’ordre suivant: 3 gouttes du minĂ©ral
stabilisateur +3 gouttes de polyvinyle d’alcool + 1 mL de Nessler. Les valeurs de
concentrations en ammonium ont Ă©tĂ© obtenues Ă  une longueur d’onde de 380 nm. Enfin, les
niveaux de KCN et de K3Fe(CN)6 ont Ă©tĂ© dĂ©terminĂ©s Ă  une longueur d’onde de 612 nm aprĂšs
rĂ©action avec les mĂȘmes rĂ©actifs que prĂ©cĂ©demment mais Ă  un temps d’attente de 30 mn. Il
convient de noter que tous ces paramÚtres ont été analysés à des intervalles réguliers de 2
heures.
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DEOUDOM DestinM2B Eau et Assainissement/2014-2015 31
Pour le traitement des donnĂ©es et des rĂ©sultats, plusieurs logiciels ont Ă©tĂ© utilisĂ©s. Il s’agit de:
 Excel 2013: calcul des teneurs en cyanure, ammonium, densitĂ© optique, rendements
 Origin6: tracĂ© des graphes de biodĂ©gradation
 Arcview 3.2: cartographie des concentrations en cyanure.
CHAPITRE 3: RÉSULTATS ET DISCUSSION
1. Analyse des Ă©chantillons
1.1. Concentration en cyanure dans les eaux
La Figure 7 ci-dessous prĂ©sente les niveaux de cyanure dans les Ă©chantillons d’eau du site.
Soulignons que la plupart des Ă©chantillons d’eau prĂ©levĂ©e ont un pH acide. 88,24 % ont un pH
< 7 et 11,76 % ont un pH > 7. Cette tendance confirme les résultats des travaux de Garcia et
al., ( 2012), qui suggĂšrent que les pH sont plus Ă©levĂ©s en saison sĂšche qu’en saison de pluies
suite à une augmentation des précipitations.
Figure 7: concentration en cyanure dans les Ă©chantillons d’eaux.
AprĂšs analyse des Ă©chantillons et dosage du cyanure, il ressort qu’aucun Ă©chantillon d’eau sur
les 17 prĂ©levĂ©s n’a prĂ©sentĂ© une concentration en cyanure libre supĂ©rieure Ă  la norme
OMS/BF qui est de 0,07 mg/L (Annexe 2). La plus forte teneur en cyanure libre est de 0,046
mg/L au point E2 qui est un bassin de cyanuration. Ceci s’expliquerait par le fait que les
activitĂ©s de concentration et de rĂ©cupĂ©ration de l’or gĂ©nĂšrent continuellement du cyanure et
contribuent Ă  augmenter sa teneur Ă  cet endroit (Environnement Canada, 1997). La plus faible
teneur de 0,002 mg/L a Ă©tĂ© observĂ©e en E5, E14 et E15, qui sont des eaux des riviĂšres et d’un
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Memoir_Deoudoum Destin_final

  • 1. ÉTUDE DE LA DYNAMIQUE DU CYANURE DANS L’ENVIRONNEMENT ET BIOREMÉDIATION: CAS DU SITE D’ORPAILLAGE DE GALGOULI AU BURKINA FASO. MEMOIRE POUR L’OBTENTION DU MASTER EN INGENIERIE DE L'EAU ET DE L'ENVIRONNEMENT OPTION : EAU ET ASSAINISSEMENT PrĂ©sentĂ© et soutenu publiquement le [Date] par: DEOUDOM Destin Travaux dirigĂ©s par : Dr Harinaivo A. ANDRIANISA, Enseignant Chercheur Ă  2iE Dr Hela KAROUI, Enseignante Chercheure Ă  2iE Mme Christine Lovasoa RAZANAMAHANDRY, Doctorante Ă  2iE Jury d’évaluation du stage : PrĂ©sident : PrĂ©nom NOM Membres et correcteurs : PrĂ©nom NOM PrĂ©nom NOM PrĂ©nom NOM Promotion [2014/2015] Institut International d’IngĂ©nierie de l’Eau et de l’Environnement Fondation 2iE Rue de la Science - 01 BP 594 - Ouagadougou 01 - BURKINA FASO TĂ©l. : (+226) 25. 49. 28. 00 - Fax : (+226) 25. 49. 28. 01 - Mail : 2ie@2ie-edu.org - www.2ie-edu.org
  • 2. « Étude de la dynamique du cyanure dans l’environnement et bioremĂ©diation: cas du site d’orpaillage de Galgouli au Burkina Faso. » DEOUDOM DestinM2B Eau et Assainissement/2014-2015 i CITATION “Far and away the best prize that life has to offer is the chance to work hard at work worth doing.” Theodore Roosevelt
  • 3. « Étude de la dynamique du cyanure dans l’environnement et bioremĂ©diation: cas du site d’orpaillage de Galgouli au Burkina Faso. » DEOUDOM DestinM2B Eau et Assainissement/2014-2015 ii DÉDICACES À la mĂ©moire de mon pĂšre À ma tendre mĂšre À ma famille
  • 4. « Étude de la dynamique du cyanure dans l’environnement et bioremĂ©diation: cas du site d’orpaillage de Galgouli au Burkina Faso. » DEOUDOM DestinM2B Eau et Assainissement/2014-2015 iii REMERCIEMENTS Ce mĂ©moire est le rĂ©sultat d’un travail d’implication directe ou indirecte de plusieurs personnes. À toutes ces personnes, je tĂ©moigne gratitude et reconnaissance. Je suis reconnaissant au Pr Hamma YACOUBA, directeur de recherche Ă  2iE et au Dr Yacouba KONATÉ, responsable du Laboratoire Eau, DĂ©pollution, ÉcosystĂšme et SantĂ© (LEDES) de 2iE pour m’avoir offert cette opportunitĂ© de stage. Je suis particuliĂšrement reconnaissant Ă  mes encadreurs: Dr Harinaivo A. ANDRIANISA, Dr Hela KAROUI, Ing. Marcelin KOUAKOU et Ing. Christine L. RAZANAMAHANDRY pour la formation, les divers conseils scientifiques et la rigueur dont ils m’ont fait part. Je remercie Mr Boukary SAWADOGO, IngĂ©nieur de recherche Ă  2iE pour ses conseils et orientations. Je remercie vivement Messieurs Noel TINDOURÉ et Souhamai HÉMA pour leur disponibilitĂ©, leur dĂ©vouement et leur implication dans les aspects techniques et analytiques de cette recherche. Au corps enseignant de 2iE et Ă  toute la promotion M2B/Eau et Assainissement/2014-2015. Que SAWADOGO Adama et SoumaĂŻla TRAORÉ trouvent ici ma profonde gratitude. À mes amis, Ă  ma fratrie et plus particuliĂšrement Ă  NGARTOGBÉ D. Maurice, DJIMRABEYE Doumadingar, ALLARAM JudicaĂ«l, NÉMADJILEM FĂ©licitĂ©, DJIM- AMNODJI M. Paulin et MORÉMEM Isabelle pour leur soutien et encouragement pendant ces moments difficiles. À toutes les personnes qui ne sont pas nommĂ©ment citĂ©es ici mais qui ont contribuĂ© d’une maniĂšre ou d’une autre Ă  la rĂ©ussite de ce projet.
  • 5. « Étude de la dynamique du cyanure dans l’environnement et bioremĂ©diation: cas du site d’orpaillage de Galgouli au Burkina Faso. » DEOUDOM DestinM2B Eau et Assainissement/2014-2015 iv RÉSUMÉ Au Burkina Faso, l’exploitation miniĂšre artisanale est devenue une composante essentielle dans le dĂ©veloppement Ă©conomique et social du pays. Cependant, le caractĂšre rudimentaire des activitĂ©s de l’orpaillage gĂ©nĂšre une dĂ©gradation considĂ©rable de l’environnement Ă  travers l’utilisation inappropriĂ©e de divers produits chimiques parmi lesquels le cyanure. Pour aider Ă  une prise de dĂ©cision en faveur de l’attĂ©nuation de l’impact du cyanure sur l’environnement, une Ă©tude sur sa dynamique dans les eaux et dans le sol ainsi que celle de sa bioremĂ©diation ont Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©es. Elles ont pour objectif de quantifier le cyanure des eaux et du sol pour en Ă©valuer la pollution et d’étudier son comportement dans la nature et rechercher des micro- organismes capables de le dĂ©grader. AprĂšs Ă©chantillonnage d’eau et de sol, le cyanure a Ă©tĂ© quantifiĂ© puis sa dynamique a Ă©tĂ© Ă©tudiĂ©e. Des ensemencements dans des milieux sĂ©lectifs ainsi que des tests de biodĂ©gradation dans des milieux cyanurĂ©s avec et sans nutriments pour 40, 60 et 80 mg/L de KCN et 40 mg/L de K3Fe(CN)6 ont Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©s. Il en ressort des teneurs en cyanure libre allant de 0,002 Ă  0,046 mg/L dans les eaux. Dans le sol oĂč le cyanure a Ă©tĂ© quantifiĂ© sur une profondeur de 1 m, sa teneur a variĂ© de 0,033 Ă  1,665 mg/Kg. Son Ă©volution verticale peut aller au-delĂ  de 1 m et horizontalement, le cyanure peut se rĂ©pandre trĂšs loin de sa source de pollution. En outre, la prĂ©sence des micro-organismes dĂ©gradeurs de cyanure avec des colonies variant de 4,45.105 Ă  1,65.109 UFC/mL dans les eaux et de 1,65.106 Ă  6,67.106 UFC/Kg dans les sols a Ă©tĂ© prouvĂ©e. En 32 heures, les rendements de dĂ©gradation du cyanure libre dans le milieu avec nutriments Ă©taient respectivement de 96, 55 et 29 % pour 40, 60 et 80 mg/L de KCN et de 60, 43 et 30 % pour les mĂȘmes concentrations dans le milieu sans nutriments. Environ 1,7% et 2,5% de cyanure libre produit aprĂšs dĂ©gradation de 40 mg/L de K3Fe(CN)6 ont Ă©tĂ© respectivement Ă©liminĂ©s des milieux avec et sans nutriments. La dĂ©gradation de K3Fe(CN)6 et de KCN a Ă©tĂ© accompagnĂ©e d’une production d’ammonium et de croissance bactĂ©rienne. Mots ClĂ©s: 1. BioremĂ©diation 2. Cyanure 3. Dynamique 4. Environnement 5. Galgouli
  • 6. « Étude de la dynamique du cyanure dans l’environnement et bioremĂ©diation: cas du site d’orpaillage de Galgouli au Burkina Faso. » DEOUDOM DestinM2B Eau et Assainissement/2014-2015 v ABSTRACT In Burkina Faso, gold washing operation has become a fundamental component in economic and social development of the country. However, gold washing activities rudimentary nature produces considerable damage to the environment through inadequate use of various chemicals among which cyanide. In order for decisions to be made in favor of cyanide impact attenuation, researches on cyanide dynamic in waters and soil and its bioremediation were conducted. They aim at quantifying cyanide in waters and soil in order to assess pollution level, studying its behavior in the environment and searching for micro-organisms capable of degrading it. Free cyanide dynamics and its levels were analyzed once waters and soil were sampled. In addition, a number of seedings were made in selective media with 40, 60 and 80 mg/L of KCN and 40 mg/L of K3Fe(CN)6. Biodegradation experiments were realized in cyanide media with and without broths. Results showed that cyanide contents ranged from 0,002 to 0,046 mg/L in waters while in soil samples taken from a depth of 1 m, they varied from 0,033 to 1,665 mg/Kg. Its vertical mobility could exceed 1 m whereas horizontally, it may spread from where it originates. Furthermore, cyanide degrading micro-organisms presence with 4.45.105 to 6.65.109 CFU/mL in waters and 1.65.106 to 6.67.109 CFU/Kg was revealed. In 32 hours, cyanide degradation rates in medium with broth were respectively 96, 55 and 29 % for 40, 60 and 80 mg/L of KCN whereas they were 60, 43 and 30 % for the same concentrations in medium without broth. 98,31 and 97,52% of free cyanide proceeded from 40 mg/L of K3Fe(CN)6 degradation were respectively removed from media with and without broths. Bacterial growth and ammonium production were concomitant to K3Fe(CN)6 and KCN degradation Keywords: 1. Bioremediation 2. Cyanide 3. Dynamics 4. Environment 5. Galgouli
  • 7. « Étude de la dynamique du cyanure dans l’environnement et bioremĂ©diation: cas du site d’orpaillage de Galgouli au Burkina Faso. » DEOUDOM DestinM2B Eau et Assainissement/2014-2015 vi LISTE DES ABRÉVIATIONS 2iE : Institut International d’IngĂ©nierie de l’Eau et de l’Environnement AgCN : Cyanure d’argent Al(SO4)2.12H2O : Aluminium Sulfate DodĂ©cahydrate As : Arsenic ASTM : American Society for Testing and Materials ATSDR : Agency for Toxic Substances and Disease Registry BASOL : Base de donnĂ©es des sites faisant l’objet d’une action de la part des pouvoirs publics Ă  titre prĂ©ventif ou curatif BF : Burkina Faso Ca(CN)2 : Cyanure de Calcium CaO : Oxyde de Calcium CE : Commission EuropĂ©enne CIRIDD : Centre International de Ressources et d’Innovation pour le DĂ©veloppement Durable CN- : Ion cyanure CNL : Cyanure Libre CNO : Cyanate CNT : Cyanure Total CO : Monoxyde de Carbone Co(NO3)2.6H2O : Cobalt (II) Nitrate Hexahydrate CuCN : Cyanure de Cuivre CuSO4 : Copper Sulfate FCFA : Franc des Colonies Françaises d’Afrique FeSO4.7H2O : Iron (II) Sulfate Heptahydrate HCN : Cyanure d’HydrogĂšne (Acide cyanhydrique) Hg : Mercure Hg(CN)2 : Cyanure de Mercure INERIS : Institut National de l’Environnement Industriel et des Risques K2HPO4 : Di-potassium Hydrogen Phosphate K3Fe(CN)6 : Hexacyanoferrate III KCN : Cyanure de Potassium
  • 8. « Étude de la dynamique du cyanure dans l’environnement et bioremĂ©diation: cas du site d’orpaillage de Galgouli au Burkina Faso. » DEOUDOM DestinM2B Eau et Assainissement/2014-2015 vii Ks : Constante de stabilitĂ© LEDES : Laboratoire Eau, DĂ©pollution, ÉcosystĂšme et SantĂ© MECV : MinistĂšre de l’Environnement et du Cadre de Vie MEDD : MinistĂšre de l’Environnement et du DĂ©veloppement Durable MgSO4.7H2O : Magnesium Sulfate heptahydrate Mn : ManganĂšse MnSO4.H2O : ManganĂšse (II) Sulfate Monohydrate MSM : Solution MinĂ©rale Minimale Na2MoO4 2-.2H2O : Sodium Molybdate Dihydrate NaCN : Cyanure de Sodium NaH2PO4.H2O : Sodium Dihydrogen Orthophosphate Monohydrate NaNO3 : Sodium Nitrate NaOH : Hydroxyde de Sodium (Soude) NH4 + : Ion ammonium (NH4)2SO4 : Ammonium Sulfate Ni(CN)2 : Cyanure de Nickel NQEp : Normes de QualitĂ© Environnementale Provisoires OMS : Organisation Mondiale de la SantĂ© p.c. : Poids Corporel Pb : Plomb pH : Potentiel HydrogĂšne ppm : Partie Par Million SAM : SpectrophotomĂštre d’Absorption MolĂ©culaire SCN : Thiocyanate UFC/mL : UnitĂ©s Formant Colonies par millilitre US : United States USEPA : United States Environment Protection Agency UTM : Unite Transverse Mercator UV : Ultra-Violet WAD : Weak Acid Dissociable Cyanide ZnSO4.7H2O : Zinc Sulfate Heptahydrate
  • 9. « Étude de la dynamique du cyanure dans l’environnement et bioremĂ©diation: cas du site d’orpaillage de Galgouli au Burkina Faso. » DEOUDOM DestinM2B Eau et Assainissement/2014-2015 vii i TABLE DES MATIÈRES CITATION............................................................................................................................................... i DÉDICACES............................................................................................................................................ii REMERCIEMENTS ...............................................................................................................................iii RÉSUMÉ.................................................................................................................................................iv ABSTRACT.............................................................................................................................................v LISTE DES ABRÉVIATIONS...............................................................................................................vi TABLE DES MATIÈRES.....................................................................................................................viii LISTE DES FIGURES.............................................................................................................................x INTRODUCTION:.................................................................................................................................. 1 CHAPITRE 1 : REVUE DE LA LITTÉRATURE ................................................................................. 3 1. GĂ©nĂ©ralitĂ©s....................................................................................................................................... 3 1.1. Sources du cyanure.................................................................................................................. 3 1.2. Chimie du cyanure et sa toxicitĂ© ............................................................................................. 3 2. Pollution au cyanure........................................................................................................................ 7 2.1. Pollution au cyanure aux États-Unis ....................................................................................... 7 2.2. Pollution au cyanure en Europe............................................................................................... 7 2.3. Pollution au cyanure au Burkina Faso..................................................................................... 8 2.3.1. Pollution des eaux............................................................................................................ 8 2.3.2. Pollution des sols............................................................................................................. 9 3. Dynamique ...................................................................................................................................... 9 3.1. DĂ©finition de la dynamique ..................................................................................................... 9 3.2. Dynamique du cyanure............................................................................................................ 9 3.3. Dynamique du cyanure sur le site de Zougnazagmligne....................................................... 14 4. Bioremediation.............................................................................................................................. 15 4.1. BioremĂ©diation du cyanure.................................................................................................... 15 4.2. BioremĂ©diation du site de Zougnazagmligne ........................................................................ 17 4.3. BiodĂ©gradation du cyanure total............................................................................................ 18 4.4. BiodĂ©gradation des cyanures complexĂ©s............................................................................... 18 CHAPITRE 2 : MATÉRIELS ET MÉTHODE..................................................................................... 20 1. PrĂ©sentation de la zone d’étude..................................................................................................... 20 1.1. Choix du site.......................................................................................................................... 20 1.2. PrĂ©sentation de la zone d’étude............................................................................................. 20
  • 10. « Étude de la dynamique du cyanure dans l’environnement et bioremĂ©diation: cas du site d’orpaillage de Galgouli au Burkina Faso. » DEOUDOM DestinM2B Eau et Assainissement/2014-2015 ix 1.2.1. Localisation ................................................................................................................... 20 1.2.2. CaractĂ©ristiques de la zone d’étude ............................................................................... 21 2. Points de prĂ©lĂšvement et Ă©chantillonnage ..................................................................................... 23 2.1. PrĂ©lĂšvement des Ă©chantillons d’eau....................................................................................... 24 2.2. PrĂ©lĂšvement des Ă©chantillons de sol...................................................................................... 25 3. Dynamique du cyanure.................................................................................................................. 26 3.1. Mesure des paramĂštres physico-chimiques de sol................................................................. 26 3.2. Dosage du cyanure libre........................................................................................................ 27 4. BioremĂ©diation.............................................................................................................................. 27 4.1. Analyse microbiologique....................................................................................................... 27 4.2. Test de biodĂ©gradation .......................................................................................................... 30 CHAPITRE 3: RÉSULTATS ET DISCUSSION ................................................................................. 31 1. Analyse des Ă©chantillons ............................................................................................................... 31 1.1. Concentration en cyanure dans les eaux................................................................................ 31 1.2. Concentration en cyanure dans le sol .................................................................................... 33 2. Dynamique du cyanure.................................................................................................................. 36 2.1. Distribution verticale............................................................................................................. 36 2.2. Distribution horizontale......................................................................................................... 37 3. BioremĂ©diation du cyanure............................................................................................................ 39 3.1. Isolation des bactĂ©ries dĂ©gradeurs de cyanure....................................................................... 39 3.2. Tests de biodĂ©gradation du cyanure ...................................................................................... 40 3.2.1. DĂ©gradation de KCN et croissance bactĂ©rienne ............................................................ 40 3.2.2. DĂ©gradation de KCN et concentration en ammonium................................................... 42 3.2.3. DĂ©gradation de K3Fe(CN)6 et croissance bactĂ©rienne................................................... 44 3.2.4. DĂ©gradation du K3Fe(CN)6 et concentration en ammonium. ........................................ 46 CONCLUSION ..................................................................................................................................... 48 RECOMMANDATIONS:..................................................................................................................... 49 RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES: ............................................................................................. 50 ANNEXES ............................................................................................................................................ 54
  • 11. « Étude de la dynamique du cyanure dans l’environnement et bioremĂ©diation: cas du site d’orpaillage de Galgouli au Burkina Faso. » DEOUDOM DestinM2B Eau et Assainissement/2014-2015 x LISTE DES FIGURES Figure 1: (a) bioremĂ©diation naturelle et (b) bioremĂ©diation assistĂ©e par l'homme (A. Malik 2006)...................................................................................................................................................... 15 Figure 2: carte de localisation de Galgouli........................................................................................ 21 Figure 3:carte de prĂ©lĂšvement des points d'eau et de sol................................................................. 24 Figure 4: carottage des Ă©chantillons de sol........................................................................................ 25 Figure 5: courbe d'Ă©talonnage reprĂ©sentant l'absorbance en fonction de la concentration (ASTM 688)........................................................................................................................................................ 26 Figure 6: Ensemencement des bactĂ©ries dĂ©gradeurs de cyanure dans les eaux et dans le sol...... 29 Figure 7: concentration en cyanure dans les Ă©chantillons d’eaux................................................... 31 Figure 8: carte des points Ă  teneurs en cyanure au-dessus des normes BF (0,5 mg/Kg de sol)... 33 Figure 9:teneurs en cyanure du sol Ă  diffĂ©rents horizons: A: 0-20 cm, B: 20-40 cm, C: 40-60 cm, D:60-80 cm et E: 80-100 cm................................................................................................................ 34 Figure 10: distribution horizontale par horizon (cm) du cyanure dans le bassin versant: A: 0-20, B: 20-40, C: 40-60, D: 80-100.............................................................................................................. 38 Figure 11: vue au microscope des bactĂ©ries de cyanure (a) . Dans le sol et (b) Dans les eaux...... 40 Figure 12: DĂ©gradation de KCN et croissance bactĂ©rienne (a) Milieu avec nutriments et (b) sans nutriments.................................................................................................................................... 41 Figure 13 : DĂ©gradation de KCN et concentration en ammonium (a) Milieu avec nutriments et (b) Milieu sans nutriments.................................................................................................................. 43 Figure 14 : Production de CN- et croissance bactĂ©rienne pour 40 mg/L de K3Fe(CN)6 (a) Milieu avec nutriments et (b) Milieu sans nutriments ................................................................................. 45 Figure 15 : Productions de CN- et de NH4+ pour 40 mg/L de de K3Fe(CN)6 (a) Milieu avec nutriments et (b) Milieu sans nutriments.......................................................................................... 46
  • 12. « Étude de la dynamique du cyanure dans l’environnement et bioremĂ©diation: cas du site d’orpaillage de Galgouli au Burkina Faso. » DEOUDOM DestinM2B Eau et Assainissement/2014-2015 1 INTRODUCTION: En Afrique de l’ouest, l’orpaillage est une activitĂ© pratiquĂ©e depuis des siĂšcles. Source principale de revenu ou source complĂ©mentaire permettant la crĂ©ation d’emplois, l’or a toujours eu sa place dans le quotidien des populations. Aujourd’hui, cela reste une activitĂ© d’importance majeure gĂ©nĂ©rant un apport Ă©conomique annuel aux personnes pratiquant l’orpaillage et aux riverains (Gilles, 2012). Au Burkina Faso, le secteur minier connait un essor durant ces derniĂšres annĂ©es (Keita, 2002) et occupe une place capitale dans l’économie du pays. Les recettes gĂ©nĂ©rĂ©es par le secteur minier sont passĂ©es de 9 milliards de FCFA en 2008 Ă  plus de 189 milliards de FCFA en 2011 (MECV, 2011). S’ajoutant au secteur industriel, l’exploitation artisanale informelle dite orpaillage s’est largement dĂ©veloppĂ©e. C’est une activitĂ© non planifiĂ©e avec des exploitants artisanaux qui, utilisant des techniques rudimentaires, passent d’un site Ă  un autre. Il est pratiquĂ© sur presque toute l’étendue du territoire national et on estime que plus de 1 000 000 de personnes y sont directement impliquĂ©es (CIRIDD, 2014). Cependant, dans leur chaine d’activitĂ©, les orpailleurs utilisent des produits chimiques comme le mercure, le cyanure et les acides qui sont trĂšs dangereux pour l’environnement (Kumar, Bhalla, & Virender, 2015), (Kouadio, 2014) et (Roamba, 2014). Les Ă©tudes prĂ©liminaires sur les risques environnementaux et sanitaires sur les sites d’orpaillage de Zougnazagmligne dans le Centre-Nord et de Galgouli dans la rĂ©gion du Sud- Ouest du Burkina Faso en 2014 ont rĂ©vĂ©lĂ© que les orpailleurs sont exposĂ©s aux maladies de toutes sortes par manque d’hygiĂšne et exposition aux poussiĂšres et Ă  l’humiditĂ© dans les trous. Ces maladies sont des affections pulmonaires Ă  long terme, des affections oculaires et dermatologiques diverses, les fatigues, les blessures et les tremblements involontaires de mains (MEDD, 2011). À cela, s’ajoutent les risques liĂ©s Ă  l’utilisation du mercure et du cyanure. Ces deux produits favorisent la mobilisation et la dispersion des mĂ©taux dans les eaux de surface par ruissellement et dans les eaux souterraines par infiltration et selon Tomic et al. (2011) rapportĂ©s par LankouandĂ© et Maradan, (2013), 2/3 des orpailleurs prĂ©senteraient des symptĂŽmes d’exposition chronique au mercure. En outre, les Ă©tudes conduites par (LankouandĂ© & Maradan, 2013) ont montrĂ© qu’environ 357 000 m3 d’eau sont polluĂ©es par an et que la zone dĂ©gradĂ©e a Ă©tĂ© estimĂ©e Ă  100 000 ha en 2011 au Burkina Faso. L’inadaptation du systĂšme de gestion de produits chimiques et le fait que la loi encadrant l’exploitation miniĂšre artisanale ne connait pas une application effective font de l’orpaillage
  • 13. « Étude de la dynamique du cyanure dans l’environnement et bioremĂ©diation: cas du site d’orpaillage de Galgouli au Burkina Faso. » DEOUDOM DestinM2B Eau et Assainissement/2014-2015 2 une activitĂ© prĂ©sentant des risques Ă©levĂ©s de contamination de l’environnement et de la dĂ©gradation de la santĂ© humaine (Ousmane et al., 2013). Au Burkina Faso, les problĂšmes environnementaux engendrĂ©s par la mine artisanale sont souvent Ă©voquĂ©s mais les Ă©tudes concernant leur quantification sont rares et restent descriptives et qualitatives (Ousmane et al., 2013). Pourtant, le cyanure peut ĂȘtre quantifiĂ© au mĂȘme titre qu’il peut ĂȘtre remĂ©diĂ© Ă  travers diffĂ©rentes mĂ©thodes. La voie naturelle la plus sollicitĂ©e pour les pays en dĂ©veloppement comme le Burkina Faso est la bioremĂ©diation qui est une alternative de dĂ©pollution faisant appel soit aux microorganismes (Baxter & Cummings, 2006) soit aux plantes (Yu, Zhou, & Yunda, 2005). À la diffĂ©rence des procĂ©dĂ©s conventionnels, la bioremĂ©diation est un procĂ©dĂ© naturel Ă©conomiquement rentable (Nallapan et al., 2014) qui permet une destruction complĂšte des polluants sans l’intervention des produits chimiques et nĂ©cessitant moins d’effort, peu de temps et plus Ă©conomique. Deux Ă©tudes prĂ©liminaires portant sur la dynamique du cyanure dans l’environnement et sa bioremĂ©diation sur les sites d’orpaillage de Zougnazagmligne et de Galgouli ont Ă©tĂ© menĂ©es Ă  l’échelle du laboratoire en mars 2015. Cette recherche s’inscrit dans le mĂȘme cadre que celles dĂ©jĂ  rĂ©alisĂ©es en mars 2015 sur le site d’orpaillage de Zougnazagmligne au Centre-Nord mais concerne les Ă©chantillons de sol et d’eau prĂ©levĂ©s en octobre 2015 sur le site d’orpaillage de Galgouli au Sud-Ouest du Burkina Faso. Elle a pour objectif global d’étudier la dynamique et la remĂ©diation du cyanure dans l’environnement du site d’orpaillage de Galgouli. De façon spĂ©cifique, l’étude vise d’abord Ă  quantifier le cyanure dans les eaux et dans le sol pour en Ă©valuer la pollution, ensuite Ă©tudier sa dynamique dans le but de dĂ©terminer son comportement dans la nature et enfin rechercher des microorganismes capables de le dĂ©grader. Le prĂ©sent document est divisĂ© en trois (03) chapitres:  La revue bibliographique  Les matĂ©riels et mĂ©thodes  Les rĂ©sultats et discussions
  • 14. « Étude de la dynamique du cyanure dans l’environnement et bioremĂ©diation: cas du site d’orpaillage de Galgouli au Burkina Faso. » DEOUDOM DestinM2B Eau et Assainissement/2014-2015 3 CHAPITRE 1 : REVUE DE LA LITTÉRATURE 1. GĂ©nĂ©ralitĂ©s 1.1. Sources du cyanure Il existe deux sources de cyanure: le cyanure d’origine anthropique et celui produit naturellement. Les origines anthropiques du cyanure remontent au XIVĂšme siĂšcle oĂč l’extraction de l’or se faisait par le mercure Ă  travers un procĂ©dĂ© appelĂ© « amalgamation » mais cette utilisation a diminuĂ© avec le dĂ©veloppement du procĂ©dĂ© de concentration de l’or utilisant le cyanure de sodium (NaCN) introduit en Ecosse en 1887 (Ware et al., 2004). Cette technique hydromĂ©tallurgique, efficace et Ă©conomiquement rentable (Lottermoser, 2010) a presque immĂ©diatement Ă©tĂ© utilisĂ©e en Afrique du Sud pour extraire de l’or et d’autres minerais. Il sera proposĂ© aux États-Unis par le Bureau AmĂ©ricain des Mines (US Bureau of Mines) en 1979 pour l’extraction de l’or et des mĂ©taux Ă  cause de sa forte affinitĂ© avec ceux- ci. En plus de la production anthropique des cyanures, certains organismes vivants ont la capacitĂ© de produire de l’acide cyanhydrique (HCN). Les cyanures sont largement rĂ©pandus chez les plantes (Aslani, Mohri, & Chekani, 2006). Ils sont normalement liĂ©s Ă  des molĂ©cules de sucre sous la forme de glycosides cyanogĂšnes et servent aux plantes comme source de dĂ©fense contre les herbivores. Les racines du manioc ou les graines du lin contiennent des glycosides cyanogĂšnes (Abraham, Buhrke, & Lampen, 2015) et souvent, il faut les traiter par Ă©bullition prolongĂ©e avant la consommation. Les noyaux des fruits comme les cerises et les abricots contiennent des cyanures ou des glycosides cyanogĂšnes. Les pĂ©pins de pomme en contiennent Ă©galement. Outre leur production par les plantes, les cyanures sont Ă©galement produits par les bactĂ©ries, les moisissures et les algues. Les lĂ©pidoptĂšres de la famille des Zygaenidaes Ă©mettent un liquide cyanurĂ© lorsqu’ils sont attaquĂ©s. Selon Environnement Canada, (1997), les Ă©missions des plantes et autres organismes vivants produisent des quantitĂ©s infimes de cyanure. 1.2. Chimie du cyanure et sa toxicitĂ© Le terme cyanure dĂ©signe le radical anionique −C≡ 𝑁 formĂ© par le carbone et l’azote, radical avec lequel d’autres produits chimiques peuvent former des composĂ©s cyanurĂ©s (Lottermoser, 2010). Les composĂ©s capables de libĂ©rer du cyanure peuvent ĂȘtre de nature organique ou inorganique (Baxter et Cummings, 2006).
  • 15. « Étude de la dynamique du cyanure dans l’environnement et bioremĂ©diation: cas du site d’orpaillage de Galgouli au Burkina Faso. » DEOUDOM DestinM2B Eau et Assainissement/2014-2015 4 Il existe plusieurs dĂ©rivĂ©s du cyanure notamment le cyanogĂšne, le chlorure de cyanogĂšne, le cyanure d’hydrogĂšne, le cyanure de calcium, le cyanure de potassium, le cyanure de sodium et le cyanure d’ammonium. Les cyanures rassemblent une famille de composĂ©s dont les plus rĂ©actifs et les plus toxiques sont les cyanures libres reprĂ©sentĂ©s par l’acide cyanhydrique HCN et l’ion cyanure CN- . L’acide cyanhydrique ou acide prussique a Ă©tĂ© retirĂ© du bleu de Prusse pour la premiĂšre fois par le chimiste suĂ©dois Scheele en 1786. En 1815, Gay-Lussac a Ă©tabli sa composition en prĂ©parant du HCN semi-pur qu’il a nommĂ© acide cyanhydrique et a proposĂ© le nom de cyanogĂšne pour le radical CN. L’acide cyanhydrique et l’ion cyanure forment un couple/acide (pKa = 9,2 Ă  25°C) selon la rĂ©action suivante: HCN ↔ CN− + H+ (1) Le cyanure existe sous 3 formes selon (Scharf et Bremser, 2015): le cyanure libre, les cyanures simples et les cyanures de complexes mĂ©talliques.  Le cyanure libre (CN- ): Cette dĂ©nomination comprend Ă  la fois le cyanure libre CN- et le cyanure d’hydrogĂšne HCN. Il s’agit de la forme la plus toxique des cyanures. Les cyanures peuvent se trouver en phase gazeuse ou en phase liquide sous forme CN- ou HCN trĂšs volatil. Le cyanure libre donne le cyanure d’hydrogĂšne par combinaison avec l’hydrogĂšne selon la rĂ©action suivante : CN− + H2O ↔ HCN + OH− pKa = 9,31 Ă  20°C (2) La dissociation du cyanure molĂ©culaire Ă©tant fonction du pH, la rĂ©action suivante montre la perte du cyanure d’hydrogĂšne de la phase aqueuse vers la phase vapeur Ă  travers le processus de volatilisation lorsque le pH est trop bas. HCNaq ↔ HCNgaz (3) Comme cette rĂ©action est Ă  l’équilibre Ă  pH = 9,3, le cyanure sous forme ionique va prĂ©dominer au-dessus de ce pH alors que le cyanure d’hydrogĂšne le sera en dessous. En consĂ©quence, le cyanure restera en solution approximativement Ă  des pH au-dessus de 11 et Ă  l’inverse il sera volatilisĂ© en dessous d’un pH de 8 et plus le pH sera bas, plus le taux de volatilisation sera grand (Moisan et Blanchard, 2012). Les cyanures simples: Ce sont des composĂ©s ioniques sous forme de sels plus ou moins solubles qui se dissocient en milieu aqueux en libĂ©rant un cation (alcalin, alcalino-terreux ou mĂ©tallique) et un anion qui
  • 16. « Étude de la dynamique du cyanure dans l’environnement et bioremĂ©diation: cas du site d’orpaillage de Galgouli au Burkina Faso. » DEOUDOM DestinM2B Eau et Assainissement/2014-2015 5 contient l’ion cyanure appelĂ© weak acid disponible (WAD) en anglais qu’on retrouve souvent dans les eaux naturelles (Infante et al, 2008). On distingue: les cyanures simples solubles: NaCN, KCN, Ca(CN)2 et Hg(CN)2 et Les cyanures simples peu solubles: Zn(CN)2, CuCN, Ni(CN)2 et AgCN.  Les cyanures de complexes mĂ©talliques Les cyanures libres CN- et HCN rĂ©agissent avec les mĂ©taux pour former des cyanures complexes de type AaM(CN)b oĂč A est un cation alcalin et alcalino-terreux de type Na+ , K+ , Ca++ , etc et M un cation mĂ©tallique. AaM(CN)b ↔ aAx− + M(CN)b y− (4) La formation des complexes mĂ©talliques dans une solution de cyanure est un processus sĂ©quentiel oĂč le mĂ©tal forme un composĂ© initial de faible solubilitĂ© qui Ă  son tour rĂ©agit avec l’ion cyanure excĂ©dentaire pour former un complexe soluble plus stable. Les liaisons covalentes Ă©tablies avec le mĂ©tal confĂšrent Ă  ces composĂ©s une certaine stabilitĂ©. Le degrĂ© de dissociation d’un complexe Ă  l’équilibre est alors inverse de sa stabilitĂ© caractĂ©risĂ©e par la constante de stabilitĂ© ou de dissociation Ks. Ces cyanures complexes sont donc classĂ©s suivant leur constante de stabilitĂ© Ks et se rĂ©partissent en 3 classes:  Les complexes faiblement liĂ©s ou complexes faibles comme par exemple: Zn(CN)4 2- , Cd(CN)3- , Cd(CN)4 2- oĂč Ks = 1016 ,  Les complexes modĂ©rĂ©ment liĂ©s ou complexes moyennement stables: Cu(CN)2- , Cu(CN)3 2- , Ni(CN)4 2- , Ag(CN)2- ,  Les complexes fortement liĂ©s ou complexes stables: Fe(CN)6 4- , Fe(CN)6 3- , Co(CN)6 4- , Au(CN)2- oĂč Ks = 1037 Outre ces 3 grandes familles, il existe: Les cyanates (CNO- ): de nombreux composĂ©s tels que le chlore, l’hypochlorite, l’ozone, l’oxygĂšne et le peroxyde d’hydrogĂšne convertissent les cyanures en cyanates, produits 1000 fois moins dangereux que les cyanures (Khodadad et al., 2008). Ces rĂ©actions constituent la base des traitements chimiques conventionnels de dĂ©pollution des cyanures. Les cyanates ne sont pas stables. Sous l’action d’oxydants rĂ©siduels ou en milieu acide, ils se transforment en dioxyde de carbone et en ammoniac. Outre ces rĂ©actions, ils correspondent Ă©galement Ă  des rĂ©actions d’oxydation des cyanures libres ou des cyanures simples selon la rĂ©action suivante: CN− + O2− + 2H2O ↔ CNO− + H2O + 2e− (5)
  • 17. « Étude de la dynamique du cyanure dans l’environnement et bioremĂ©diation: cas du site d’orpaillage de Galgouli au Burkina Faso. » DEOUDOM DestinM2B Eau et Assainissement/2014-2015 6 Les thiocyanates (SCN-): ils sont produits par rĂ©action entre le cyanure libre, l’oxygĂšne et des composĂ©s renfermant l’ion soufre. 2CN− + 2S2− + O2 + 2H2O ↔ 2SCN− + 4OH− (6) S2O3 2− + CN− ↔ SCN− + SO3 2− (7) Les thiocyanates sont beaucoup moins toxiques que l’ion CN− mais sont plus stables que les cyanates en solution aqueuse. Ils peuvent se dĂ©grader lentement dans des conditions faiblement acides et Ă  la suite de l’action microbienne comme par exemple thiobacillus thiocyanoxidans, lequel, l’oxyde pour former de l’ammoniac et du sulfate. D’autres produits secondaires sont gĂ©nĂ©rĂ©s par les procĂ©dĂ©s employĂ©s pour la destruction des cyanures: ce sont les nitrates NO3 - , les nitrites NO2 - et l’ammoniac NH3. ToxicitĂ© du cyanure: Les cyanures sont des substances lĂ©tales pour les ĂȘtres humains. Les doses lĂ©tales par voie orale des composĂ©s cyanurĂ©s varient normalement de 50 Ă  200 mg de CN- (0,7 Ă  2,9 mg/Kg.p.c) (USEPA, 1985). La dose mortelle des cas de cyanure a Ă©tĂ© Ă©valuĂ©e lors des cas d’empoisonnement Ă  1,52 mg/Kg.p.c. (USEPA, 1987). La dose lĂ©tale la plus faible signalĂ©e chez les humains est de 0,56 mg/Kg (Gettler et al., 1938). La mort se produit normalement aprĂšs une heure. L’exposition Ă  des faibles concentrations de cyanure n’est pas mortelle chez les humains possĂ©dant un systĂšme de dĂ©toxification efficace (OMS, 1984). Au cours d’une Ă©tude de deux annĂ©es sur la toxicitĂ© chronique, on a administrĂ© Ă  des rats et des rates par voie orale des doses de cyanure allant de 7,5 Ă  10,8 mg/Kg.p.c/jour respectivement. On a observĂ© aucun effet clinique ni histopathologique (Howard et al., 1955). Le cyanure inhibe la cytochrome-c-oxydase dans le transport des Ă©lectrons de la mitochondrie entravant Ă  la fois le mĂ©tabolisme oxydatif et la phosphorylation oxydative qui y est associĂ©e (Holland, 1983). Les effets aigus externes ressemblent Ă  ceux de l’hypoxĂ©mie aigue. Toute perturbation du processus d’oxydation peut aussi provoquer des troubles cardiaques, des convulsions, l’évanouissement et finalement la mort. Un lien a Ă©tĂ© Ă©tabli entre la consommation Ă  long terme du manioc, un lĂ©gume Ă  racines tubĂ©reuses contenant des cyanogĂšnes naturels et des troubles neurologiques et des anomalies thyroĂŻdiennes (Makene et al., 1972).
  • 18. « Étude de la dynamique du cyanure dans l’environnement et bioremĂ©diation: cas du site d’orpaillage de Galgouli au Burkina Faso. » DEOUDOM DestinM2B Eau et Assainissement/2014-2015 7 2. Pollution au cyanure 2.1. Pollution au cyanure aux États-Unis Les États-Unis et le Canada donnent des valeurs limites de 20 ”g/L de cyanure dans les eaux potables (INERIS, 2011). Pour 61 % des eaux de surface analysĂ©es aux États-Unis, les concentrations moyennes en cyanure ne dĂ©passaient pas 3,5 ”g/L et 35 % des teneurs appartenaient Ă  [3,5; 52 ”g/L] (Fiksel, 1981). En outre, 19 prĂ©lĂšvements dans les eaux souterraines situĂ©es Ă  proximitĂ© des sites de dĂ©chets dangereux amĂ©ricains ont Ă©tĂ© effectuĂ©s en 2005. De ces analyses, il ressort que les teneurs en cyanure Ă©taient comprises entre 0,02 et 300 000 ”g/L avec une valeur mĂ©diane de 0,0292 mg/L (ATSDR, 2006). Dans le sol, les valeurs Ă©tablies pour les sites non polluĂ©s aux États-Unis sont infĂ©rieures Ă  0,005-0,5 mg/Kg de sol (Kjeldsen, 1999). En 2005, 40 Ă©chantillons de sĂ©diments (lacs, ruisseaux, Ă©tangs) amĂ©ricains situĂ©s Ă  proximitĂ© des sites de dĂ©chets ont Ă©tĂ© mesurĂ©s. Les concentrations obtenues Ă©taient comprises entre 30 700 et 0,00006 mg/Kg avec une valeur mĂ©diane de 1,15 mg/Kg (ATSDR, 2006). Dans la mĂȘme foulĂ©e, sur le site chimique de Greenwood Ă  Albermare en Virginie, une concentration maximale de cyanure total de 2870 mg/Kg de sol a Ă©tĂ© mesurĂ©e en 1989 avec une concentration maximale de 84 mg/Kg dans les sĂ©diments provenant des lagons des dĂ©chets abandonnĂ©s (ATSDR, 2006). Aussi, faut-il ajouter que les sites d’enfouissement, les pesticides et l’utilisation des sels de voirie contenant des cyanures peuvent ĂȘtre des sources diffuses de cyanures dans les nappes phrĂ©atiques, les eaux de surface et dans les sols (Environnement Canada, 1997). Enfin, ATSDR, (2006), a rapportĂ© que la teneur en cyanure d’hydrogĂšne dans la troposphĂšre non urbaine de l’hĂ©misphĂšre Nord Ă©tait 0,2 ”g/m3 . 2.2. Pollution au cyanure en Europe Alors que les directives de qualitĂ© (OMS, 2004) pour l’eau de boisson dĂ©finissent pour l’ion cyanure un seuil de 70 ”g/L, celles de l’Union EuropĂ©enne 98/83/CE du conseil du 3 novembre 1998 fixent une teneur en cyanure de 50 ”g/L. Par contre, la circulaire du 07/05/07 dĂ©finissant « les normes de qualitĂ© environnementale provisoires (NQEp) » de 41 substances impliquĂ©es dans l’évaluation de l’état chimique des masses d’eau ainsi que des substances pertinentes du programme national de rĂ©duction des substances dangereuses dans l’eau en France donne une norme de qualitĂ© environnementale provisoire dans les eaux de surface intĂ©rieures, de transition et dans les eaux marines intĂ©rieures et territoriales de 0,57 ”g/L pour
  • 19. « Étude de la dynamique du cyanure dans l’environnement et bioremĂ©diation: cas du site d’orpaillage de Galgouli au Burkina Faso. » DEOUDOM DestinM2B Eau et Assainissement/2014-2015 8 les cyanures libres (INERIS, 2011). Ainsi, les gammes de concentrations maximales mesurĂ©es dans les riviĂšres en France en 2004 et 2005 Ă©taient respectivement de 1,5-1400 ”g/L et de 0,005-6280 ”g/L. Le site internet de la base de donnĂ©es (BASOL, 2011) a rĂ©vĂ©lĂ© qu’en France, des sites ou des sols polluĂ©s aboutissent Ă  un impact dans les eaux souterraines et Ă  l’arrĂȘt d’un captage d’alimentation en eau potable. Par ailleurs, le rapport sur les Ă©missions des stations d’épuration du Netherlands National Water Board (NNWB, 2008) souligne que les Ă©missions en cyanure d’une station d’épuration urbaine sont Ă©valuĂ©es Ă  51,31 kg/an. En Roumanie, en 2000, la rupture d’une digue d’un bassin de dĂ©cantation Ă  la Baia Mare a entrainĂ© le dĂ©versement de 287 500 m3 d’effluents contenant des cyanures (115 t) et des mĂ©taux lourds (Cu, Zn) (INERIS, 2011). La concentration en cyanure atteint 50 mg/L dans la partie yougoslave et dans sa mobilitĂ© horizontale, le cyanure est allĂ© jusqu’à 2000 Km en aval de la Baia Mare (INERIS, 2011). Selon la Commission EuropĂ©enne, (2007), les Ă©missions en cyanure d’hydrogĂšne dans l’air sont de l’ordre de 0,5 Ă  2 g/tonne de NaCN ou de KCN. 2.3. Pollution au cyanure au Burkina Faso 2.3.1. Pollution des eaux Au Burkina Faso, les normes Ă©tablissent un seuil de 0,05 mg/L pour les cyanures (DĂ©cret, 2001) dans les eaux destinĂ©es Ă  la consommation humaine. En effet, les travaux rĂ©alisĂ©s par Kouadio, (2014), sur le site de Galgouli ont montrĂ© que les eaux de surface ont des teneurs respectives de 0,02 et 0,22 mg/L pour les cyanures libre et total. Dans les Ă©chantillons des cours d’eau, Roamba, (2014), a obtenu des teneurs allant de 0,002 Ă  0,048 mg/L pour le cyanure libre et de 0,118 Ă  0,22 mg/L pour le cyanure total avec des Ă©chantillons prĂ©levĂ©s Ă  Zougnazagmligne. Dans les Ă©chantillons d’eau d’un barrage, des teneurs respectives de 0,024 et de 0,22 mg/L pour les deux types de cyanure ont Ă©tĂ© observĂ©es. Il s’avĂšre nĂ©cessaire de noter que des deux Ă©tudes rĂ©alisĂ©es, il ressort des teneurs en cyanures libre et total respectives de 0,118 et de 0,22 mg/L dans les bassins de cyanuration abandonnĂ©s. Au niveau national, les teneurs de 0,118 et de 0,22 mg/L obtenues par Roamba, (2014), sont au-dessus des objectifs de qualitĂ© de 0,1 mg/L dĂ©finis par les normes de rejet des eaux usĂ©es dans les eaux de surface au Burkina Faso (DĂ©cret, 2001). En outre, les Ă©tudes de quantification du cyanure sur les sites d’orpaillage au Burkina Faso dans les eaux souterraines notamment les eaux de puits et de forages montrent diffĂ©rentes tendances. Les travaux rĂ©alisĂ©s par Roamba, (2014), rĂ©vĂšlent des teneurs en cyanure allant de 0,002 Ă  0,118 mg/L dans les eaux de forage. La valeur de 0,118 mg/L se situe au-dessus de toutes les valeurs limites dĂ©finies par les normes nationales (70 ”g/L) et internationales (20
  • 20. « Étude de la dynamique du cyanure dans l’environnement et bioremĂ©diation: cas du site d’orpaillage de Galgouli au Burkina Faso. » DEOUDOM DestinM2B Eau et Assainissement/2014-2015 9 ”g/L aux USA et 50 ”g/L Ă  l’UE). Par contre, dans les Ă©chantillons d’eau d’un puits et d’un forage en aval d’un site d’orpaillage, des teneurs de 0,01 et 0,1 mg/L de cyanures libre et total ont Ă©tĂ© respectivement obtenues par (Kouadio, 2014). 2.3.2. Pollution des sols Dans le sol, les normes nationales du Burkina Faso dĂ©finissent des objectifs de qualitĂ© de 0,25 et 2,5 mg/Kg de sol respectivement pour les cyanures libre et total (DĂ©cret, 2001). Pour la revalorisation des terres en agriculture, les valeurs limites sont respectivement de 0,5 et 50 mg/Kg de sol pour ces deux types de cyanure alors que pour les habitats et les parcs, elles sont respectivement de 10 et 50 mg/Kg de sol. Enfin, les industries se voient fixer des seuils de 100 et de 500 mg/Kg de sol pour les cyanures libre et total. Les travaux de Roamba, (2014), sur les sites d’orpaillage au Centre-Nord ont montrĂ© que les teneurs en cyanure libre ont variĂ© de 0,2 Ă  3,1 mg/Kg de sol alors que celles du cyanure total allaient de 0,2 Ă  10,5 mg/Kg de sol. Il est Ă  rappeler que les normes nationales burkinabĂ©s n’ont pas dĂ©fini des valeurs limites pour la teneur en cyanure dans l’air. Des normes amĂ©ricaines aux normes burkinabĂ©s, les diverses maniĂšres par lesquelles l’homme pollue le sol font Ă©tat des teneurs en cyanures soit infĂ©rieures aux seuils fixĂ©s par les normes soit supĂ©rieures aux valeurs limites fixĂ©es par celles-ci. 3. Dynamique 3.1. DĂ©finition de la dynamique Selon le petit Larousse illustrĂ© de 2012, la dynamique est la partie de la mĂ©canique qui Ă©tudie les relations entre les forces et les mouvements qu’elles produisent. Elle considĂšre les choses dans leur mouvement et dans leur Ă©volution. Elle dĂ©signe Ă©galement un ensemble de forces qui concourent Ă  un processus et accĂ©lĂšrent une Ă©volution. Dans le prĂ©sent document, la dynamique s’intĂ©resse aux facteurs tels que le pH, le potentiel redox, la tempĂ©rature, l’humiditĂ© et toutes autres conditions susceptibles d’influencer le comportement et la mobilitĂ© du cyanure dans l’environnement. 3.2. Dynamique du cyanure  Dans l’eau Les cyanures sont prĂ©sents dans l’eau essentiellement sous forme de HCN. Ils peuvent Ă©galement se prĂ©senter sous la forme de sels de cyanures, KCN, NaCN, CaCN ou encore sous la forme de complexes mĂ©tallo-cyanures de stabilitĂ© variable. Les cyanures libres sont en Ă©quilibre en fonction du pH et de la tempĂ©rature. À des pH<8, la forme cyanure libre est
  • 21. « Étude de la dynamique du cyanure dans l’environnement et bioremĂ©diation: cas du site d’orpaillage de Galgouli au Burkina Faso. » DEOUDOM DestinM2B Eau et Assainissement/2014-2015 10 retrouvĂ©e Ă  plus de 93% (Brignon, 2011). Les formes alcalines complexes mĂ©tallo-cyanures sont trĂšs solubles dans l’eau et leur dissociation est trĂšs rapide. La proportion de HCN formĂ©e, suite Ă  cette dissociation, est fonction du pH: lorsque celui-ci dĂ©croit, la proportion de HCN formĂ©e augmente (Moisan et Blanchard, 2012). Dans la plupart des eaux naturelles, la tempĂ©rature n’est pas assez Ă©levĂ©e et le pH trop neutre (entre 4 et 9) pour observer une transformation significative des cyanures et de leurs dĂ©rivĂ©s. Dans les eaux souterraines, les cyanures existent aussi sous forme de cyanures ferreux et ferriques (Yu et al., 2010) mais leur volatilisation est limitĂ©e et ils peuvent donc persister dans ce milieu du fait de son contenu trĂšs faible en oxygĂšne. Comme la volatilisation n’est pas un processus fatal pour les cyanures dans les eaux souterraines, les cyanures persisteront pendant longtemps dans les aquifĂšres souterrains que dans les eaux de surface et des teneurs significatives peuvent ĂȘtre retrouvĂ©es au droit des sites oĂč les teneurs dans les sols sont toxiques pour les micro-organismes limitant la biodĂ©gradation. Par ailleurs, comme celle des mĂ©taux, la mobilitĂ© du cyanure varie en fonction des saisons. Des Ă©tudes ont Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©es en Équateur par (Garcia et al., 2012) sur les mines d’or et d’argent ainsi que les variations saisonniĂšres des concentrations des mĂ©taux Ă  diffĂ©rentes Ă©poques de l’annĂ©e : saison sĂšche de mai Ă  novembre et une saison de pluie de janvier Ă  avril. La pluviomĂ©trie annuelle dans la zone d’étude Ă©tait de 1160 mm. Ces Ă©tudes avaient pour objet, l’étude des variations du pH et de la conductivitĂ© ainsi que celles des concentrations des mĂ©taux (Pb, Mn et Hg) et du cyanure durant les deux saisons. Les rĂ©sultats de cette recherche ont montrĂ© que les pH des Ă©chantillons d’eau sont plus Ă©levĂ©s en saison sĂšche qu’en saison de pluie suite Ă  une augmentation des prĂ©cipitations. Alors que la concentration en manganĂšse est plus Ă©levĂ©e en saison de pluie qu’en saison sĂšche Ă  cause de la dissolution des roches contenant naturellement du Mn par les eaux de pluies, celle du plomb reste faible en saison de pluie Ă  cause de la dilution par rapport Ă  sa teneur en saison sĂšche sur les sites miniers. Le mercure par contre Ă  une forte teneur en saison de pluie qu’en saison sĂšche sachant qu’il est utilisĂ© pour l’amalgamation et que les eaux usĂ©es issues du lavage sont le plus souvent rejetĂ©es dans les eaux de surface. Comparativement au comportement de ces mĂ©taux, les travaux rĂ©alisĂ©s par Guimaraes et al., (2011), sur la mobilitĂ© du cyanure en saison sĂšche et en saison de pluie dans la mĂȘme rĂ©gion font ressortir que les teneurs en cyanure des eaux de surface varient trĂšs peu Ă  ces deux Ă©poques de l’annĂ©e. En effet, ces Ă©tudes rĂ©vĂšlent que lorsque la dilution des effluents miniers
  • 22. « Étude de la dynamique du cyanure dans l’environnement et bioremĂ©diation: cas du site d’orpaillage de Galgouli au Burkina Faso. » DEOUDOM DestinM2B Eau et Assainissement/2014-2015 11 est rĂ©duite et que les activitĂ©s sont intenses en saison sĂšche, la concentration en cyanure des eaux de surface en aval de la riviĂšre de Puyango reste Ă©levĂ©e jusqu’à 280 ”g/L alors qu’en saison de pluies, la forte turbulence des eaux n’est pas assez suffisante pour oxyder l’ensemble du cyanure libre des eaux qui atteint 48 ”g/L en aval et fait qu’il peut se rĂ©pandre jusqu’à plus de 100 km.  Dans le sol Les principaux processus qui affectent le transport et la rĂ©partition des cyanures dans les sols sont la volatilisation et la biodĂ©gradation. Les ions cyanures peuvent aussi former des complexes avec des mĂ©taux lourds, particuliĂšrement le fer (Yu et al., 2010). Le cyanure d’hydrogĂšne n’est pas susceptible d’ĂȘtre photolysĂ© dans le sol mais les cyanures complexes comme les ferrocyanures et les ferricyanures peuvent se photodissocier rapidement et dĂ©gager du cyanure libre lorsqu’ils sont exposĂ©s aux rayons solaires (HernĂĄndez et al., 2008). Les Ă©tudes empiriques sur la rĂ©partition du cyanure d’hydrogĂšne entre la phase gazeuse et la solution des sols non saturĂ©s ont rĂ©vĂ©lĂ© que sa migration dans le sol se fait par diffusion gazeuse et que sa dĂ©gradation naturelle dans les sols est plus faible que celle dans les eaux (Shehong et al., 2005). La mobilitĂ© des composĂ©s de cyanure dans le sol dĂ©pend des caractĂ©ristiques de stabilitĂ© et de dissociation du composĂ©, du type de sol, de la permĂ©abilitĂ© du sol, de la chimie du sol et de la prĂ©sence des micro-organismes aĂ©robies et anaĂ©robies (Fuller, 1984). En conditions aĂ©robies, la mobilitĂ© du cyanure est grandement rĂ©duite Ă  cause des taux Ă©levĂ©s de biodĂ©gradation (Fuller, 1984). La prĂ©sence de microbes aĂ©robies dans le sol est donc particuliĂšrement importante pour l’attĂ©nuation du cyanure. Les Ă©tudes expĂ©rimentales menĂ©es sur la mobilitĂ© du cyanure dans les sols anaĂ©robies saturĂ©s ont montrĂ© que les cyanures simples aqueux et les ferricyanures aqueux ont tendance Ă  ĂȘtre trĂšs mobiles. La quantitĂ© du cyanure lessivĂ© vers la nappe est plus grande en conditions anaĂ©robies (Fuller, 1984). Une Ă©tude sur la mobilitĂ© des cyanures complexes de fer dans des couches arables des sols riches en humus dans des conditions variĂ©es de pH et de potentiel redox, rĂ©alisĂ©e par Rennert et al., (2008) a montrĂ© que la matiĂšre organique joue un rĂŽle trĂšs important dans le devenir des cyanures de fer dans le sol. La matiĂšre organique favorise la sorption des cyanures complexes, particuliĂšrement dans les fluvisols. La destruction des matiĂšres organiques rĂ©duit la sorption de 99 % (Mansfeldt et al., 2001). La sorption des cyanures complexes Ă  la surface des sols
  • 23. « Étude de la dynamique du cyanure dans l’environnement et bioremĂ©diation: cas du site d’orpaillage de Galgouli au Burkina Faso. » DEOUDOM DestinM2B Eau et Assainissement/2014-2015 12 contenant moins de 10g/Kg de carbone organique est contrĂŽlĂ©e par les argiles et le pH. Ces argiles sont principalement: la gibbsite [Al(OH)3(s)], les oxydes d’aluminium [Îł-Al2O3(s)] et la goethite [α-FeOOH]. Avec comme ordre d’adsorption [Îł-Al2O3(s)]>[α- FeOOH]>[Al(OH)3(s)] (Mansfeldt et al., 2001), ces argiles adsorbent les complexes cyanurĂ©s de fer Ă  des pH faibles et rĂ©duisent la translocation de ceux-ci aux eaux souterraines. Quand le pH augmente, l’adsorption diminue. Jusqu’au pH=6, l’adsorption des ferrocyanures continue. Les sols acides adsorbent une quantitĂ© importante d’anions que les sols neutres et alcalins. Dans les sols Ă  pH neutre, les cyanures ne s’adsorbent pas sur des sols sableux (Ghosh et al., 1999). Cette adsorption Ă  des pH faibles suggĂšre qu’il y a interaction Ă©lectrostatique aux surfaces externes des argiles. Aussi, faut-il ajouter qu’il existe une affinitĂ© particuliĂšre entre la matiĂšre organique et les cyanures complexes probablement Ă  cause de l’azote N des cyanures et des groupes rĂ©actifs de la matiĂšre organique (Rennert et al., 2008). Ces constituants incluant le cyanure ainsi adsorbĂ©s en saison sĂšche peuvent ĂȘtre facilement remobilisĂ©s par les prochaines pluies (Meeussen, 1994). À des pH faibles, les ferrocyanures [Fe(CN)6 4- ] montrent une forte affinitĂ© pour les argiles comparĂ©s aux ferricyanures[Fe(CN)6 3- ] indiquant une compĂ©tition externe entre ces deux formes de cyanure. Cette petite diffĂ©rence observĂ©e par Cheng et Huang, (1996), confirme l’hypothĂšse selon laquelle les ferricyanures sont les plus mobiles des cyanures de fer sur les sites des sols acides contaminĂ©s. Il existe plusieurs scĂ©narii par lesquels le cyanure libre peut rĂ©apparaitre avec la diminution du pH. Ce sont par exemple, le vieillissement des dĂ©chets lixiviĂ©s, le mĂ©lange des solutions alcalines avec les eaux de pluie (Craig, 2014) et la solubilitĂ© du Bleu Prussien [Fe4(Fe(CN)6)3(s)] (Meussen, 1992). La solubilitĂ© du bleu prussien augmente avec le pH. Les produits de prĂ©cipitation du bleu prussien sont les ferrocyanures et les ferricyanures. La dissolution du bleu prussien produit les ions H+ et partant l’aciditĂ© (Meeussen et al., 1994). La remobilisation des ferrocyanures et des ferricyanures par les eaux d’infiltration dĂ©pend de la capacitĂ© de l’environnement local Ă  neutraliser cette aciditĂ©. Une forte capacitĂ© de neutralisation de l’aciditĂ© tendrait Ă  tamponner le pH de la solution et favoriserait la dissolution continue du bleu prussien alors qu’une faible capacitĂ© de neutralisation de cette aciditĂ© permettrait aux ions H+ de persister, diminuant le pH et stabilisant le reste du bleu prussien. La formation du bleu prussien peut ĂȘtre bĂ©nĂ©fique si sa solubilitĂ© dans les eaux
  • 24. « Étude de la dynamique du cyanure dans l’environnement et bioremĂ©diation: cas du site d’orpaillage de Galgouli au Burkina Faso. » DEOUDOM DestinM2B Eau et Assainissement/2014-2015 13 d’infiltration est faible. Ceci garantirait que la concentration des ferrocyanures et des ferricyanures dans les sols est faible et que la production du cyanure libre devient minimale. Dans les sols contaminĂ©s, la solubilitĂ© du bleu prussien peut ĂȘtre suffisamment Ă©levĂ©e de telle sorte que sa formation devienne dangereuse pour l’environnement. Sur ces sites, le cyanure est lixiviĂ© depuis la surface des sols contaminĂ©s et entrainĂ© en profondeur par les eaux d’infiltration (Meeussen et al., 1994). Il peut Ă©galement prĂ©cipiter jusqu’à une certaine profondeur dans un profil de sol correspondant Ă  une variation saisonniĂšre des eaux de surface. Dans ce cas, les prĂ©cipitĂ©s sont lentement dissouts et contribuent Ă  renforcer les fortes concentrations des ferrocyanures et des ferricyanures dans les eaux souterraines plusieurs annĂ©es aprĂšs la contamination des sols. Ce type de mobilitĂ© de cyanure a aussi Ă©tĂ© prouvĂ© par Rennert et Mansfeldt, (2004) Ă  travers une Ă©tude de comparaison des mĂ©thodes d’extraction de cyanure d’un sol contaminĂ©. Ils ont montrĂ© que la plupart des Ă©chantillons de sol prĂ©levĂ©s sont acides avec des pH variant de 2,1 Ă  8. Les pH Ă©levĂ©s (7,3 Ă  8) ont Ă©tĂ© notĂ©s pour des Ă©chantillons prĂ©levĂ©s sous des sĂ©diments calcaires. Les teneurs en cyanure du sol variaient de 9 Ă  70,45 mg/Kg. MĂȘme dans les Ă©chantillons prĂ©levĂ©s Ă  des profondeurs > 300 cm, de fortes concentrations de cyanures ont Ă©tĂ© dĂ©tectĂ©es indiquant un transport vertical des cyanures. Sur 23 Ă©chantillons prĂ©levĂ©s, 3 ont justifiĂ© ce transport vertical des cyanures de 300 jusqu’à 750 cm en profondeur (Rennert et Mansfeldt, 2008).  Dans l’air Dans l’atmosphĂšre, les cyanures se prĂ©sentent sous la forme essentiellement gazeuse HCN. Ce composĂ© prĂ©sente un faible taux de dĂ©gradation dans l’air et est rĂ©sistant Ă  la photolyse. Les rĂ©actions de dĂ©gradation les plus importantes sont celles avec les radicaux hydroxylĂ©s gĂ©nĂ©rĂ©s photo-chimiquement, suivies par une oxydation rapide conduisant Ă  la production du monoxyde de carbone et de l’oxyde nitrique. Il est Ă©galement faiblement redĂ©posĂ© sous forme solide. La demi-vie de HCN dans l’atmosphĂšre est Ă©valuĂ©e entre 1.4 et 2.9 annĂ©es (ATSDR, 1997). Par ce que le HCN gazeux a un faible taux de dĂ©gradation dans l’air, l’atmosphĂšre est un Ă©vier final pour ce composĂ©. Il demeure dans les basses altitudes de la troposphĂšre et seulement 2% de sa teneur dans la troposphĂšre partent dans la stratosphĂšre. Les cyanures ont la capacitĂ© d’ĂȘtre transportĂ©s trĂšs loin de leur source d’émission.
  • 25. « Étude de la dynamique du cyanure dans l’environnement et bioremĂ©diation: cas du site d’orpaillage de Galgouli au Burkina Faso. » DEOUDOM DestinM2B Eau et Assainissement/2014-2015 14 3.3. Dynamique du cyanure sur le site de Zougnazagmligne Sur le site d’orpaillage de Zougnazagmligne au Centre-Nord du Burkina Faso, Sawadogo A., (2015), a Ă©tudiĂ© la dynamique du cyanure dans l’environnement. Cette Ă©tude a permis de quantifier la contamination au cyanure des sols et des eaux puis d’établir les distributions verticale et horizontale sur l’ensemble du bassin hydrographique du site. Ses rĂ©sultats ont montrĂ© que les eaux souterraines ont une faible concentration en cyanure et que les concentrations obtenues pour les forages sont infĂ©rieures Ă  0,07 mg/L, seuil Ă©tabli par la norme OMS/BF. Les conclusions de sa recherche ont donnĂ© des teneurs allant de 0,0002 Ă  0,0112 mg/L dans les eaux et que deux forages et le barrage du site ont Ă©tĂ© contaminĂ©s. Dans les Ă©chantillons de sol, certains points ont prĂ©sentĂ© des concentrations supĂ©rieures au seuil dĂ©fini par les normes de rĂ©utilisation des sols en agriculture au Burkina Faso qui est de 0,5 mg/Kg. D’autres, par contre, ont prĂ©sentĂ© des concentrations voisines de 0,5 mg/Kg. Dans ses mobilitĂ©s verticale et horizontale, le cyanure peut ĂȘtre entrainĂ© par ruissellement ou infiltration Ă  une certaine distance de sa source de pollution. La distribution horizontale a rĂ©vĂ©lĂ© la prĂ©sence du cyanure dans tout le bassin. Cette distribution suit le lit du cours d’eau principal et de ses ramifications pour Ă©voluer vers l’exutoire. Un apport venant des affluents a Ă©tĂ© constatĂ© suggĂ©rant le transport du cyanure par l’eau et de la stagnation des eaux Ă  l’intersection des cours d’eau oĂč les crevasses se sont formĂ©es. Il est allĂ© dans sa mobilitĂ© horizontale jusqu’à plus de 7 km de sa source de pollution. La distribution verticale a montrĂ© la prĂ©sence du cyanure Ă  toutes les couches. Dans le sol, le cyanure s’est infiltrĂ© mais avec de faibles concentrations en surface. La zone de contamination s’est Ă©tendue et la concentration du cyanure a diminuĂ© avec la profondeur sous l’effet des phĂ©nomĂšnes de dĂ©gradation du cyanure au cours de son infiltration dans le sol. En outre, la prĂ©sence du cyanure a Ă©tĂ© constatĂ©e dans un trou de 10 m de profondeur. Ce comportement du cyanure dans les eaux et dans le sol laisse prĂ©sager des menaces sur les populations riveraines et des habitats lointains sachant que l’agriculture, le maraichage et l’orpaillage sont des activitĂ©s entreprises en alternance dans les villages selon qu’il s’agisse de la saison sĂšche ou de la saison des pluies.
  • 26. « Étude de la dynamique du cyanure dans l’environnement et bioremĂ©diation: cas du site d’orpaillage de Galgouli au Burkina Faso. » DEOUDOM DestinM2B Eau et Assainissement/2014-2015 15 4. Bioremediation La bioremĂ©diation est une technique consistant Ă  augmenter la biodĂ©gradation ou la biotransformation en inoculant des micro-organismes spĂ©cifiques par bioaugmentation ou en stimulant l’activitĂ© des populations microbiennes indigĂšnes par biostimulation, par apport de nutriments et par ajustement des conditions du milieu. Elle implique l’utilisation d’organismes (Nallapan et al., 2014) pour supprimer ou neutraliser les polluants et/ou contaminants Ă  partir d’un site contaminĂ©. Une fois la capacitĂ© des micro-organismes Ă  biodĂ©grader le cyanure testĂ©e au laboratoire, les technologies Ă  mettre en Ɠuvre seront choisies. Elles sont gĂ©nĂ©ralement classĂ©es comme in situ ou ex situ. La bioremĂ©diation in situ consiste Ă  traiter le matĂ©riel contaminĂ© sur le site tandis que celle ex situ implique l’enlĂšvement de la matiĂšre contaminĂ©e et son traitement hors site. La Figure 1 ci-dessous est un exemple de mĂ©canisme de bioremĂ©diation mettant en Ă©vidence les diffĂ©rentes technologies qui lui sont associĂ©es. Il s’agit ici de deux types de mĂ©canismes: l’un (a) montre la biodĂ©gradation naturelle pouvant durer des annĂ©es et l’autre (b) traduit la biodĂ©gradation assistĂ©e par l’homme. Figure 1: (a) bioremĂ©diation naturelle et (b) bioremĂ©diation assistĂ©e par l'homme (A. Malik 2006). 4.1. BioremĂ©diation du cyanure La bioremĂ©diation est un mĂ©canisme important pour la transformation de cyanure dans les eaux de surface (ATSDR, 1997). La biodĂ©gradation est contrĂŽlĂ©e par la concentration en cyanure, le pH, la tempĂ©rature, la concentration et la disponibilitĂ© des nutriments pour les souches dĂ©gradantes. Concernant la concentration en cyanure, Chew et al., (1999) ont
  • 27. « Étude de la dynamique du cyanure dans l’environnement et bioremĂ©diation: cas du site d’orpaillage de Galgouli au Burkina Faso. » DEOUDOM DestinM2B Eau et Assainissement/2014-2015 16 mentionnĂ© qu’elle doit ĂȘtre au maximum de 50 mg/L pour que la biodĂ©gradation soit efficace. Par analogie, la dĂ©gradation du cyanure dans les sols est comparable Ă  celle dans les eaux et contrĂŽlĂ©e par les mĂȘmes facteurs. Dans les sols, les cyanures prĂ©sents Ă  faible concentration se dĂ©gradent avec formation initiale d’ammoniac transformĂ© en nitrites et nitrates par les bactĂ©ries nitrifiantes (INERIS, 2011). En milieu anaĂ©robie, les produits directs de la dĂ©gradation du cyanure sont le bicarbonate et le formiate. Dans les sols et en conditions anaĂ©robies, les cyanures se dĂ©nitrifient en azote gazeux (ATSDR, 1997). De nombreuses Ă©tudes ont Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©es sur la bioremĂ©diation. En effet, Maniyam et al., (2013) ont Ă©tudiĂ© la biodĂ©gradation des sols cyanurĂ©s par une souche de Rhodococcus UKMP-5M. Utilisant le glucose comme milieu de culture, il ressort que la croissance bactĂ©rienne n’a pas Ă©tĂ© affectĂ©e et que cette souche de bactĂ©rie Ă©tait capable de dĂ©grader complĂštement 0,1 mM de KCN en 24 heures. Les produits finaux de cette biodĂ©gradation Ă©taient l’ion ammonium (NH4 + ) et l’ion formiate (HCOO- ). Cette souche de bactĂ©rie a utilisĂ© le cyanure comme source d’azote. Dans une autre Ă©tude oĂč 0,05 % (KH2PO4), 0,15 % (K2HPO4), 1 mM (MgCl2), 1 mM (FeCl3), 0,1 % (NH4Cl) et 0,1 % (glycĂ©rol) ont Ă©tĂ© utilisĂ©s comme milieu de culture, (Wu et al., 2014) ont montrĂ© que Bacillus sp CN-22 a Ă©tĂ© capable de dĂ©grader 200 mg/L de cyanure libre des eaux usĂ©es jusqu’à 6,62 mg/L en 72h. La croissance bactĂ©rienne n’a pas aussi Ă©tĂ© affectĂ©e et les produits finaux de la rĂ©action Ă©taient le NH4 + et le CO2. Plus la teneur en cyanure est Ă©levĂ©e, plus la pĂ©riode de latence s’étend suggĂ©rant ainsi l’effet inhibiteur de la croissance bactĂ©rienne par de fortes concentrations de cyanure (Panos et Bellini, 1999). Au cours des tests de biodĂ©gradation, les rĂ©actions d’hydrolyse sont principalement caractĂ©risĂ©es par la formation directe de l’acide formique et de l’ammonium qui sont moins toxiques que le cyanure et peuvent servir Ă  la croissance bactĂ©rienne (Huertas et al., 2006). Dans une Ă©tude conduite par (Mekuto et al., 2015), il a Ă©tĂ© dĂ©montrĂ© que le consortium de bactĂ©ries dominĂ© par Bacillus sp Ă©tait capable de tolĂ©rer jusqu’à 500 ppm de cyanure libre. La dĂ©gradation du cyanure se produit parallĂšlement Ă  la croissance bactĂ©rienne et atteint 96 % durant la phase exponentielle. Le fort taux de croissance bactĂ©rienne de 1,23 108 UFC/mL a Ă©tĂ© obtenu aprĂšs 4 jours. Dans un autre article, Mekuto et al., (2013) ont fait remarquer que ces mĂȘmes souches de bactĂ©ries peuvent Ă©liminer en 8 jours, 65 et 44,3 % des solutions de cyanure de concentrations respectives 200 et 400 mg/L. Selon Akcil et al., (2003), la concentration maximale en cyanure
  • 28. « Étude de la dynamique du cyanure dans l’environnement et bioremĂ©diation: cas du site d’orpaillage de Galgouli au Burkina Faso. » DEOUDOM DestinM2B Eau et Assainissement/2014-2015 17 libre que les bactĂ©ries sont capables d’assimiler et de dĂ©grader est de 200 mg/L. Ainsi, la dĂ©gradation du cyanure libre Ă©tait accompagnĂ©e d’une croissance bactĂ©rienne qui a atteint 2.108 UFC/mL avec 200 mg/L de cyanure libre. Ces mĂȘmes auteurs ont dĂ©montrĂ© que la croissance bactĂ©rienne et l’élimination du cyanure sont corrĂ©lĂ©es. Par ailleurs, les micro-organismes capables d’assimiler le cyanure peuvent l’utiliser comme source d’azote. En effet, dans la molĂ©cule du cyanure, l’état d’oxydation du carbone (+II comme celui de CO) et N (-III comme celui de NH4 + ) fait de ce composĂ© une mauvaise source de carbone mais une bonne source d’azote pour la croissance bactĂ©rienne. Parmar et al., (2012) ont rĂ©vĂ©lĂ© que la biodĂ©gradation laisse prĂ©sager la diminution de la concentration en cyanure et la production de NH4 + ou une augmentation de la biomasse microbienne. En effet, la concentration en NH4 + peut fluctuer au cours de la biodĂ©gradation et sa fluctuation est soumise Ă  l’hypothĂšse d’ĂȘtre largement dĂ©pendante de l’utilisation d’ammonium par les micro-organismes. Il peut arriver qu’au cours des tests de biodĂ©gradation, les bactĂ©ries prĂ©fĂšrent l’ammonium au cyanure lorsque les nutriments utilisĂ©s sont une source d’azote. Un tel phĂ©nomĂšne entrainera la formation et la dĂ©gradation consĂ©cutive de NH4 + par des bactĂ©ries nitrifiantes et fera baisser le taux de dĂ©gradation du cyanure libre. La dĂ©gradation du cyanure et de l’ammonium par Bacillus sp a montrĂ© que ces bactĂ©ries formant des endospores sont Ă  la fois des bactĂ©ries dĂ©gradeurs de cyanure et des bactĂ©ries nitrifiantes qui peuvent cependant ĂȘtre utilisĂ©es pour la rĂ©duction de NH4 + . Les micro- organismes dĂ©gradant le cyanure peuvent alterner leur mĂ©tabolisme selon la prĂ©sence du cyanure ou de l’ammonium utilisant ainsi ces deux substrats pour l’activation ou la dĂ©sactivation du type de mĂ©tabolisme selon le substrat disponible. 4.2. BioremĂ©diation du site de Zougnazagmligne Cette recherche a Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©e par Sawadogo N., (2015) Ă  2iE (LEDES) et a pour objet d’étudier la biodĂ©gradation au laboratoire du cyanure libre par les bactĂ©ries isolĂ©es des Ă©chantillons d’eau prĂ©levĂ©e sur ledit site. Son expĂ©rimentation d’une durĂ©e de 30 heures a portĂ© sur le cyanure libre de concentrations 40, 60 et 80 mg/L. Avec un milieu de culture spĂ©cifique aux bactĂ©ries dĂ©gradeurs de cyanure, les rĂ©sultats de ses ensemencements ont rĂ©vĂ©lĂ© la prĂ©sence des bactĂ©ries sur l’ensemble des points de prĂ©lĂšvement d’eau et leur concentration allait jusqu’à 11500 UFC/mL. Les caractĂ©ristiques physiques de ces bactĂ©ries ont Ă©tĂ© observĂ©es au microscope. Certaines sont blanchĂątres, d’autres luminescentes et en forme de chainette, sont de taille variable. Ces colonies appartiennent Ă  plusieurs familles de
  • 29. « Étude de la dynamique du cyanure dans l’environnement et bioremĂ©diation: cas du site d’orpaillage de Galgouli au Burkina Faso. » DEOUDOM DestinM2B Eau et Assainissement/2014-2015 18 par leurs diffĂ©rences physiques. Ces micro-organismes dont la prĂ©sence a Ă©tĂ© prouvĂ©e ont prĂ©fĂ©rĂ© le cyanure aux autres nutriments comme le glucose. Au bout de 27 heures, un abattement en cyanure libre variant de 95 Ă  99 % a Ă©tĂ© obtenu et la concentration optimale de biodĂ©gradation Ă©tait de 60 mg/L selon qu’il s’agisse du milieu avec ou sans nutriments. Les micro-organismes utilisĂ©s ont montrĂ© une croissance considĂ©rable dans les trois solutions de cyanure libre aprĂšs une pĂ©riode de latence de 3 heures. Ses travaux ont par ailleurs montrĂ© qu’au-delĂ  de 80 mg/L de cyanure libre, la croissance bactĂ©rienne est inhibĂ©e et que 100 mg/L Ă©tait la dose lĂ©tale. En outre, l’ammonium libĂ©rĂ© suite Ă  la biodĂ©gradation du cyanure constitue une source d’azote ou de carbone et que le taux de dĂ©gradation du cyanure dans le milieu avec nutriments est plus Ă©levĂ© que dans celui sans nutriments sachant qu’elle est responsable de l’accĂ©lĂ©ration du mĂ©tabolisme de dĂ©gradation des bactĂ©ries et de leur multiplication. En outre, la prĂ©sence des bactĂ©ries nitrifiantes a Ă©tĂ© prouvĂ©e. Ces souches ont prĂ©fĂ©rĂ© l’ammonium au cyanure et font que la production du NH4 + connait des fluctuations. 4.3. BiodĂ©gradation du cyanure total De publications rapportĂ©es par (C. Boucabeille, Olivier, & Michelle, 1994) sur la biodĂ©gradation des cyanures totaux ont montrĂ© qu’il existe des espĂšces de Pseudomonas capables de les dĂ©grader. Cette Ă©tude a portĂ© sur les cyanures total et disponible ainsi que les thiocyanates. Il en ressort une Ă©limination complĂšte de 40 mg/L des cyanures disponibles en 6 jours. Alors que les cyanures de fer avaient connu une Ă©limination marginale, 75 Ă  80 % de cyanure de cuivre et de nickel Ă©taient Ă©liminĂ©s en 2 jours. En outre, la dĂ©gradation du cyanure a Ă©tĂ© accompagnĂ©e de la production d’ammonium et des sulfates respectivement pour les cyanures disponibles, les cyanures totaux et les thiocyanates. La production de NH4 + a dĂ©butĂ© aprĂšs 2 jours et est devenue nulle aprĂšs 16 jours de test. Ces auteurs ont soulignĂ© que la diminution de la teneur en NH4 + au cours des analyses aurait Ă©tĂ© due Ă  la prĂ©sence des bactĂ©ries nitrifiantes. 4.4. BiodĂ©gradation des cyanures complexĂ©s Les cyanures complexĂ©s sont plus rĂ©sistants Ă  la biodĂ©gradation que les cyanures libres (AronstĂ©in et al., 1994). Cependant, quelques recherches ont montrĂ© la capacitĂ© de certaines bactĂ©ries et champignons Ă  dĂ©grader cette forme de cyanure. Cherryholmes et al., (1985) ont observĂ© que l’hexacyanoferrate (III) de potassium K3Fe(CN)6, maintenu dans la noirceur et en prĂ©sence des bactĂ©ries P. aerogunos et E. coli, se dĂ©composait en donnant lieu aux cyanures
  • 30. « Étude de la dynamique du cyanure dans l’environnement et bioremĂ©diation: cas du site d’orpaillage de Galgouli au Burkina Faso. » DEOUDOM DestinM2B Eau et Assainissement/2014-2015 19 libres. En 25 jours, la concentration des cyanures libres avait atteint 1460 ”g/L alors que dans les contrĂŽles stĂ©riles, elle demeurait sous le seuil de 16 ”g/L. La concentration initiale de K3Fe(CN)6 Ă©tait de 3293 mg/L. Un groupe de chercheurs Barclay et al., (1998) a dĂ©montrĂ© la capacitĂ© d’une culture pure et mixte de champignons Ă  dĂ©grader chacun de K4Fe(CN)6, K3Fe(CN)6 et K2Ni(CN)4 en les utilisant comme source unique d’azote. Les concentrations de ces trois complexes de cyanures Ă©taient respectivement de 0,5 mM, 0,5 mM et 0,25 mM. AprĂšs 34 jours d’incubation, approximativement 90% de chacun des ferrocyanures et cyanures totaux ont Ă©tĂ© dĂ©gradĂ©s. Le CO2 a Ă©tĂ© identifiĂ© comme produit final de biodĂ©gradation. Par ailleurs, Silva-Avalos et al., (1990), ont Ă©tudiĂ© la biodĂ©gradation du tetracyanonickelate de potassium K2Ni(CN)4 par des bactĂ©ries comprenant les espĂšces Pseudomonas et Klebsiella. Ces bactĂ©ries utilisaient le tetracyanonickelate comme source unique d’azote. Le mĂ©tabolite de biodĂ©gradation Ă©tait le Ni(CN)2. ParallĂšlement Ă  la dĂ©gradation du cyanure, ThĂ©is et al., (1994) ont soulignĂ© que l’apparition de l’ammoniaque pourrait provenir des rĂ©actions physico-chimiques des complexes aminĂ©s. Il convient de rappeler que la dissolution d’un complexe mĂ©tallique cyanurĂ© ne libĂšre pas d’ions CN- comme les cyanures simples; le mĂ©tal de transition et les cyanures restent combinĂ©s ensemble sous la forme d’un anion complexe comme le montre l’équation suivante (Cherryholmes et al., 1985): K3Fe(CN6) ↔ 3K+ + Fe(CN)6 3− (8) Le niveau de dissociation de l’anion complexe varie en fonction du cation mĂ©tallique central du complexe, du pH et du potentiel redox.
  • 31. « Étude de la dynamique du cyanure dans l’environnement et bioremĂ©diation: cas du site d’orpaillage de Galgouli au Burkina Faso. » DEOUDOM DestinM2B Eau et Assainissement/2014-2015 20 CHAPITRE 2 : MATÉRIELS ET MÉTHODE 1. PrĂ©sentation de la zone d’étude 1.1. Choix du site La justification du choix de ce site a fait l’objet des travaux antĂ©rieurs rĂ©alisĂ©s par (Kouadio, 2014) sur la base d’une enquĂȘte et de collecte d’informations Ă  partir d’un tableau de critĂšres et de scores permettant de mettre en adĂ©quation les objectifs de la recherche avec les caractĂ©ristiques des sites d’orpaillage en pleine activitĂ© dans la commune de Kampti. Ces critĂšres Ă©taient basĂ©s essentiellement sur l’accessibilitĂ© au comptoir, aux puits et aux bassins de cyanuration, la taille du site et sa structuration ainsi que les infrastructures du site. En rappel, cette Ă©tude avait pour objectif d’évaluer les risques environnementaux et sanitaires liĂ©s Ă  l’utilisation des produits chimiques dans l’orpaillage: cas du mercure et du cyanure. De ces travaux, il ressort qu’outre Fofora (Sawadogo E. , 2011), Galgouli au Sud-Ouest du pays fait preuve d’une occupation structurĂ©e et bien organisĂ©e en fonction des phases de l’orpaillage. 1.2. PrĂ©sentation de la zone d’étude 1.2.1. Localisation Dans la province de Poni au Sud-Ouest, le dĂ©partement de Kampti situĂ© sur la route nationale RN12 et d’une superficie de 1 381 Km2 , est une commune rurale comportant 5 secteurs et 110 villages. Avec environ 40 874 habitants, le dĂ©partement de Kampti est situĂ© Ă  366 m d’altitude. Ses coordonnĂ©es gĂ©ographiques sont le 10°7'60"N et 3°27'0"W. Il se trouve Ă  environ 420 km de la capitale Ouagadougou. Les coordonnĂ©es gĂ©ographiques du site de Galgouli sont le 9°58’0N et le 3°27'0W. Il se situe Ă  une altitude de 352 m. La Figure 2 prĂ©sente la carte de location du site d’orpaillage de Galgouli.
  • 32. « Étude de la dynamique du cyanure dans l’environnement et bioremĂ©diation: cas du site d’orpaillage de Galgouli au Burkina Faso. » DEOUDOM DestinM2B Eau et Assainissement/2014-2015 21 Figure 2: carte de localisation de Galgouli. 1.2.2. CaractĂ©ristiques de la zone d’étude Cadre physique Les travaux rĂ©alisĂ©s par (Sawadogo E. , 2011) ont permis de dĂ©gager les caractĂ©ristiques Ă©dapho-climatiques de la province de Poni. Le Burkina Faso est sous l’influence d’un climat du type sahĂ©lo-soudanien. Du Nord au Sud, on rencontre le climat sahĂ©lien et sahĂ©lo- soudanien dont les composantes sont le climat soudano-sahĂ©lien et soudanien. Le Sud-Ouest, de par sa situation gĂ©ographique, appartient au climat soudanien. Il est sous l’influence de deux saisons: une saison sĂšche allant de novembre Ă  mars et une saison de pluie d’avril Ă  octobre. Les tempĂ©ratures moyennes annuelles sont comprises entre 17 et 36°C. SituĂ©e entre les isohyĂštes 1000 et 1200 m, la province de Poni est relativement bien arrosĂ©e par les pluies. Le Sud-Ouest du pays oscille entre 250 et 300 m d’altitude et son point culminant est le mont Koyo ou NouĂ©hĂ© (592 m). Les principaux massifs sont situĂ©s dans le Karangasso, dans la rĂ©gion de Gaoua, au Sud de Kampti, au Sud de BatiĂ© et au Sud de KpĂ©rĂ©. Dans le dĂ©partement de Kampti, les reliefs mous et discontinus sont marquĂ©s par des filons de quartz. Les types de sols issus de la conjugaison de la gĂ©omorphologie et des facteurs climatiques se regroupent en plusieurs catĂ©gories occupant chacune environ 20% de la superficie provinciale. Dans le dĂ©partement de Kampti, trois principaux types de sols sont rencontrĂ©s: les sols sablonneux, les sols gravillonnaires et les sols argileux.
  • 33. « Étude de la dynamique du cyanure dans l’environnement et bioremĂ©diation: cas du site d’orpaillage de Galgouli au Burkina Faso. » DEOUDOM DestinM2B Eau et Assainissement/2014-2015 22 Les sols sablonneux sont les plus rĂ©pandus, riches en silice et Ă  tendance acide. Relativement pauvres et aptes Ă  la culture des cĂ©rĂ©ales, ces sols permettent un transfert d’élĂ©ments traces mĂ©talliques comme le mercure, le cadmium, le nickel vers les lĂ©gumineuses et des cĂ©rĂ©ales. Les sols gravillonnaires, moins rĂ©pandus, se rencontrent en zone de collines et sont favorables Ă  la culture du sorgho. Ces sols fertiles peuvent ĂȘtre reboisĂ©s mais difficiles Ă  travailler. Leur fonçage use facilement le matĂ©riel de creusage. Les sols argileux se retrouvent en zone de bas-fonds et se subdivisent en deux sous-groupes: les limono-argileux et les sablo-argileux. Les premiers permettent des cultures de maĂŻs, de sorgho, d’igname et de patate alors que les seconds se prĂȘtent Ă  toute sorte de culture. Ces sols compacts rĂ©sistent mieux Ă  l’érosion et rendent difficiles le fonçage. Le rĂ©seau hydrographique de la province de Poni s’organise autour du fleuve Mouhoun et de Poni son affluent. Ce rĂ©seau bĂ©nĂ©ficie d’une quantitĂ© abondante d’eau de surface en raison de la bonne pluviomĂ©trie (750 et 1 300 mm) et de l’existence d’autres sources. En dehors de ces deux grands cours d’eau, de nombreux petits cours d’eau temporaires sillonnent les plaines et les plateaux de la province. Le dĂ©partement de Kampti dispose de 4 principales riviĂšres et de 3 marigots dans les villages de Toroyini, Niamina, Logolana qui sont temporaires, d’un barrage et d’une retenue d’eau naturelle. Les eaux de pluie qui ruissellent des collines du dĂ©partement vers le DĂ©ko, cours d’eau quadrillant le site d’orpaillage de Galgouli, rejoignent le Poni puis le Mouhoun. Enfin, la combinaison de la bonne pluviomĂ©trie et des sols d’assez bonnes qualitĂ©s offre des conditions favorables Ă  l’éclosion d’un couvert vĂ©gĂ©tal consistant avec des espĂšces ligneuses diverses, caractĂ©ristiques du domaine Sud-Soudanien. La vĂ©gĂ©tation du dĂ©partement de Kampti est constituĂ©e d’une forĂȘt galerie le long des cours d’eau, d’une savane arborĂ©e composĂ©e d’arbres de taille moyenne et de savane boisĂ©e guinĂ©enne plus dense. Avec l’avĂšnement de l’orpaillage dans le dĂ©partement, une forte pression est exercĂ©e sur ces formations vĂ©gĂ©tales de sorte que beaucoup de surfaces sont frĂ©quemment dĂ©nudĂ©es. Il est important de rappeler que le NĂ©rĂ© et le KaritĂ©, plantes utiles en pays lobi, servent trĂšs souvent de soutĂšnement aux puits et galeries des orpailleurs du fait de leur forte rĂ©sistance.
  • 34. « Étude de la dynamique du cyanure dans l’environnement et bioremĂ©diation: cas du site d’orpaillage de Galgouli au Burkina Faso. » DEOUDOM DestinM2B Eau et Assainissement/2014-2015 23 Cadre humain La population du Sud-Ouest est constituĂ©e d’autochtones Lobi, Birifor et Dagara. Elle est aussi constituĂ©e de Loron, Gan, Dian, TeguessiĂ© et Koulanga. On y rencontre des immigrĂ©s Dioula et Mossi, essentiels commerçants et Ă©leveurs peuhls. Selon (Rouville, 1987), les Lobi, les Dagara et les Birifor partagent le mĂȘme fond d’institution et de culture. De nos jours, l’orpaillage a favorisĂ© l’installation d’une population cosmopolite qui habite les sites d’or et le chef-lieu du dĂ©partement de Kampti. Les populations des sites d’or sont constituĂ©es essentiellement de Mossi, de Bissa, de Gourounsi, de Daffin et de plus en plus d’autochtones (Rouville, 1987). 90% de la population est animiste et surtout autochtone. Les 10 % constituĂ©s d’étrangers sont des musulmans et des chrĂ©tiens. La trĂšs grande mobilitĂ© des orpailleurs fait qu’il n’existe pas de donnĂ©es statistiques sur le site de Galgouli. Les orpailleurs sont le plus souvent organisĂ©s en de petits groupes d’extraction de minerai filonien. Ces groupes sont constituĂ©s par affinitĂ© et sont le plus souvent dirigĂ©s par un chef de puits. Ce chef de puits est Ă  son tour sous la direction d’un employeur qui finance les dĂ©penses de l’extraction du minerai. Cet employeur est gĂ©nĂ©ralement un acheteur d’or. Du point de vue spatial, le site d’orpaillage est constituĂ©:  D’une zone d’habitation composĂ©e de logements, d’une zone de commercialisation et d’une zone de restauration  D’un espace de mouture composĂ© de moulins Ă  gasoil et de boutiques de vente d’hydrocarbures  D’un comptoir d’achat au sein duquel se trouvent les hangars de lavage et de raffinage  De puits d’extraction du minerai et de lavage du stĂ©rile, situĂ©s dans les pĂ©riphĂ©ries  D’espaces de cyanuration situĂ©s autour du campement. En cas de problĂšme, les orpailleurs sont reprĂ©sentĂ©s auprĂšs des autoritĂ©s par un responsable qui est le coordonnateur des activitĂ©s du comptoir. 2. Points de prĂ©lĂšvement et Ă©chantillonnage Les prĂ©lĂšvements d’eau et de sol ont Ă©tĂ© faits non seulement en fonction de la qualitĂ© de rĂ©ponse du lieu mais aussi en tenant compte du sens d’écoulement de l’eau, de l’exutoire et de la position des bassins de cyanuration qui sont considĂ©rĂ©s comme des sources potentielles de pollution de maniĂšre Ă  Ă©tudier la propagation du cyanure Ă  partir de ceux-ci. Outre ces critĂšres, les critĂšres d’échantillonnage et d’analyse des sols polluĂ©s Ă©tablis par (Mathilde et al., 2008) de l’Institut de veille sanitaire ont Ă©tĂ© appliquĂ©s.
  • 35. « Étude de la dynamique du cyanure dans l’environnement et bioremĂ©diation: cas du site d’orpaillage de Galgouli au Burkina Faso. » DEOUDOM DestinM2B Eau et Assainissement/2014-2015 24 Ces critĂšres soulignent que: « lorsqu’un site qui a contaminĂ© le sol se situe sur la rive d’une riviĂšre, il n’apparait pas nĂ©cessaire de faire rĂ©aliser des mesures sur l’impact de la contamination des sols situĂ©s sur l’autre rive puisque les eaux contaminĂ©es par le site ne devraient pas contaminer la rive d’en face mais la riviĂšre.». La Figure 3 prĂ©sente une carte de prĂ©lĂšvement des Ă©chantillons d’eau et de sol. Figure 3:carte de prĂ©lĂšvement des points d'eau et de sol. 2.1. PrĂ©lĂšvement des Ă©chantillons d’eau 17 Ă©chantillons d’eau ont Ă©tĂ© prĂ©levĂ©s grĂące aux flacons en verre borosilicatĂ©, prĂ©alablement stĂ©rilisĂ©s Ă  160°C pendant 20 minutes et Ă©tiquetĂ©s aprĂšs chaque prĂ©lĂšvement. Ces Ă©chantillons ont Ă©tĂ© pris Ă  diffĂ©rents endroits dont les coordonnĂ©es ont Ă©tĂ© levĂ©es au GPS Garmin au mĂȘme titre que ceux du sol selon les objectifs qui orientent notre recherche Ă  savoir quantifier le cyanure et Ă©tudier sa dynamique sur l’ensemble du bassin hydrographique du site puis rĂ©vĂ©ler la prĂ©sence de la flore bactĂ©rienne capable de le dĂ©grader. Ces points de prĂ©lĂšvement sont entre autres des puits au comptoir, des forages modernes, des points d’intersection des riviĂšres, des points le long des riviĂšres, des points aux entrĂ©e et sortie du barrage et Ă  l’entrĂ©e du village. Rappelons que le pH, la tempĂ©rature, le potentiel redox et la conductivitĂ© de chacun de ces Ă©chantillons d’eau ont Ă©tĂ© Ă©valuĂ©s in situ et que des pastilles de NaOH ont Ă©tĂ© ajoutĂ©es Ă  ceux-ci aprĂšs lecture pour Ă©viter la volatilisation du cyanure. Deux glaciĂšres munies de barres de glace ont permis le conditionnement, le transport et la conservation de la
  • 36. « Étude de la dynamique du cyanure dans l’environnement et bioremĂ©diation: cas du site d’orpaillage de Galgouli au Burkina Faso. » DEOUDOM DestinM2B Eau et Assainissement/2014-2015 25 qualitĂ© des Ă©chantillons d’eau et de sol du site jusqu’au laboratoire oĂč ils seront traitĂ©s et analysĂ©s. 2.2. PrĂ©lĂšvement des Ă©chantillons de sol À l’aide d’une tariĂšre de 1 m d’envergure et d’un marteau, 115 Ă©chantillons de sol ont Ă©tĂ© prĂ©levĂ©s sur 29 points et ce, Ă  chaque 20 cm soit 5 Ă©chantillons par endroit si le contexte gĂ©ophysique du sol le permet sinon 2 Ă  3 Ă©chantillons seulement ont Ă©tĂ© obtenus sur des points Ă  structure rocailleuse. La Figure 4 ci-dessous montre un exemple de prĂ©lĂšvement des Ă©chantillons de sol. Figure 4: carottage des Ă©chantillons de sol. Les prĂ©lĂšvements ont Ă©tĂ© faits sur les points de fonçage, les flancs des bassins de cyanuration, les lits des riviĂšres, les intersections des riviĂšres et les entrĂ©e et sortie du barrage dudit village. Pour Ă©viter la photodĂ©gradation du cyanure des Ă©chantillons du sol, des emballages noirs en polyĂ©thylĂšne, rĂ©guliĂšrement Ă©tiquetĂ©s ont servi Ă  leur conditionnement. Leurs paramĂštres physico-chimiques ont Ă©tĂ© Ă©valuĂ©s ex situ. En fonction d’une plage de valeurs de tempĂ©rature, un facteur de correction a permis de corriger les diffĂ©rentes valeurs de conductivitĂ©. Sa valeur s’obtient par l’expression suivante: ConductivitĂ© = conductivitĂ© mesurĂ©e × K × facteur de correction (Source LEDES). OĂč K = 1,413 mS/cm est la valeur de la sonde du conductivimĂštre utilisĂ© (Annexe 1).
  • 37. « Étude de la dynamique du cyanure dans l’environnement et bioremĂ©diation: cas du site d’orpaillage de Galgouli au Burkina Faso. » DEOUDOM DestinM2B Eau et Assainissement/2014-2015 26 3. Dynamique du cyanure Avant la dĂ©termination des absorbances des Ă©chantillons, un test de sensibilitĂ© de l’appareil de mesure du cyanure libre a Ă©tĂ© rĂ©alisĂ© pour obtenir une courbe d’étalonnage. À cet effet, des solutions de cyanure pur CN- de concentrations respectives 0, 50, 100, 150 et 200 mg/L ont Ă©tĂ© prĂ©parĂ©es. AprĂšs rĂ©action de ces solutions avec les cyaniver 3, 4 et 5 conformĂ©ment au protocole HACH adaptĂ©, leurs absorbances respectives ont Ă©tĂ© lues Ă  l’aide du spectrophotomĂštre d’absorption molĂ©culaire (SAM) HACH DR 5000 Ă  une longueur d’onde de 612 nm. GrĂące Ă  l’équation 𝑩 = 0,0062đ‘„ (𝑅2 = 0,997) oĂč y dĂ©signe l’absorbance et x la concentration comme le montre la Figure 5, les concentrations des Ă©chantillons d’eau et du sol ont Ă©tĂ© obtenues. Figure 5: courbe d'Ă©talonnage reprĂ©sentant l'absorbance en fonction de la concentration (ASTM 688). 3.1. Mesure des paramĂštres physico-chimiques de sol 5 g de chacun des Ă©chantillons du sol ont Ă©tĂ© pesĂ©s avec la balance Ă  prĂ©cision Sartorius Universal puis introduits dans des bĂ©chers en plastique de 100 mL. 12,5 mL d’eau distillĂ©e y sont ensuite ajoutĂ©s puis homogĂ©nĂ©isĂ©s. AprĂšs homogĂ©nĂ©isation, le pH et le potentiel redox des Ă©chantillons ont Ă©tĂ© respectivement mesurĂ©s grĂące Ă  la fonction « mode » du pH-mĂštre 3310 SET 1 qui permet de passer d’un paramĂštre Ă  l’autre. Une fois le pH et le potentiel redox mesurĂ©s, les volumes qui Ă©taient de 12,5 mL au dĂ©part sont portĂ©s Ă  25 mL et l’ensemble Ă©chantillon de sol-eau distillĂ©e est une nouvelle fois homogĂ©nĂ©isĂ©. Par une lecture directe au ConductivimĂštre 3310 SET 1, la conductivitĂ© et la tempĂ©rature ont Ă©tĂ© Ă©valuĂ©es.
  • 38. « Étude de la dynamique du cyanure dans l’environnement et bioremĂ©diation: cas du site d’orpaillage de Galgouli au Burkina Faso. » DEOUDOM DestinM2B Eau et Assainissement/2014-2015 27 3.2. Dosage du cyanure libre Les Ă©chantillons d’eau ont Ă©tĂ© filtrĂ©s Ă  l’aide d’une pompe Ă  filtration et des filtres de 0,45mm de porositĂ© avant leur dosage. Des cuves de 10 mL ont permis de doser le cyanure libre. Les rĂ©actifs utilisĂ©s Ă©taient le cyaniver 3, cyaniver 4 et cyaniver 5. Dans cet ordre, les rĂ©actifs ont Ă©tĂ© ajoutĂ©s respectivement aux Ă©chantillons aprĂšs des temps d’attente de 30, 10 et 10secondes. À une longueur d’onde de 612 nm, les absorbances des Ă©chantillons ont Ă©tĂ© lues. Pour le sol, 1 g du poids humide de chacun des 115 Ă©chantillons prĂ©levĂ©s a Ă©tĂ© pesĂ© Ă  l’aide de la mĂȘme balance que prĂ©cĂ©demment. Ces Ă©chantillons ont Ă©tĂ© sĂ©chĂ©s puis 24h plus tard, leurs poids respectifs ont Ă©tĂ© Ă©valuĂ©s dans le but de dĂ©terminer le taux d’humiditĂ© dans chacun d’eux. Dans des tubes coniques, les Ă©chantillons sĂ©chĂ©s ont Ă©tĂ© transfĂ©rĂ©s puis complĂ©tĂ©s Ă  10 mL avec une solution de NaOH Ă  0,05 N. À une vitesse de 1000 rpm et pendant 10 minutes, les Ă©chantillons ont Ă©tĂ© centrifugĂ©s Ă  l’aide de la centrifugeuse VWR himac CT6EL. À l’issue de la centrifugation, conformĂ©ment Ă  la mĂ©thode ASTM 688, c’est le surnageant reprĂ©sentant la phase liquide des Ă©chantillons qui a Ă©tĂ© recueilli pour le dosage du cyanure libre. Les mĂȘmes rĂ©actifs utilisĂ©s pour doser le cyanure dans les eaux ont Ă©tĂ© employĂ©s et le reste de la procĂ©dure d’analyse des Ă©chantillons de sol est identique Ă  celle des Ă©chantillons d’eau. Il convient de noter que le manque d’appareillage pour le dosage du cyanure total nous a amenĂ© Ă  n’analyser que le cyanure libre. 4. BioremĂ©diation 4.1. Analyse microbiologique L’analyse microbiologique de la flore bactĂ©rienne des eaux et du sol de notre site d’étude s’est dĂ©roulĂ©e suivant une procĂ©dure intĂ©grant la prĂ©paration du milieu de culture, un ajustement du pH et un ensemencement en surface.  PrĂ©paration du milieu de culture Un milieu tampon de deux diffĂ©rents mĂ©langes Ă  base de sels minĂ©raux MSMA et MSMB a Ă©tĂ© utilisĂ© pour la culture des bactĂ©ries dĂ©gradeurs du cyanure. En effet, le MSMA est un milieu comprenant des sources d’azote, de phosphore et des oligo-Ă©lĂ©ments alors que le MSMB contient les mĂ©taux traces. Les deux milieux constituant le MSM (Solution MinĂ©rale Minimale) sont le plus souvent utilisĂ©s en assainissement et gestion de site (Houdjehani, 2000). Rappelons que l’eau utilisĂ©e pour la prĂ©paration du milieu de culture Ă©tait l’eau ultra- pure.
  • 39. « Étude de la dynamique du cyanure dans l’environnement et bioremĂ©diation: cas du site d’orpaillage de Galgouli au Burkina Faso. » DEOUDOM DestinM2B Eau et Assainissement/2014-2015 28 Dans des fioles de 100 mL, diffĂ©rentes quantitĂ©s des composĂ©s permettant d’obtenir le MSMA, milieu sĂ©lectif avec des sels suivants ont Ă©tĂ© utilisĂ©s: 0,88 g (NaH2PO4, H2O), 2,26 g (K2HPO4), 2,05 g [(NH4)2SO4], 0,052 g (MgSO4, 7H2O) et 1 g (NaNO3). Le MSMB, constituĂ© de mĂ©taux traces a Ă©tĂ© par contre prĂ©parĂ© dans une fiole unique de 100 mL. Il a Ă©tĂ© fait de: 29,03 mg (CoSO4, 7H2O), 47,43 mg [Al(SO4)2, 12H2O], 15,96 mg (CuSO4), 28,75 mg (ZnSO4, 7H2O), 278,01 mg (FeSO4, 7H2O), 169,02 mg (MnSO4, H2O) et 48,39 mg (Na2MoO4 2- , 2H2O). Dans une fiole de 1 L d’eau ultra-pure, les volumes des sels du MSMA utilisĂ©s Ă©taient: 9,6 mL (NaH2PO4, H2O)+19,49 mL (K2HPO4)+12,49 mL[(NH4)2SO4]+0,59 mL(MgSO4, 7H2O)+17,69 mL (NaNO3). Ce mĂ©lange a Ă©tĂ© complĂ©tĂ© avec 1 mL du MSMB et 20 g d’Agar- agar technique puis agitĂ© et homogĂ©nĂ©isĂ© pendant 4-5 minutes sur une plaque chauffante. Une fois homogĂ©nĂ©isĂ©, le milieu sera autoclavĂ© Ă  121°C pendant au moins 3 h puis refroidi Ă  une tempĂ©rature de versement d’environ 50°C avant l’ajustement de son pH.  Ajustement du pH L’ajustement du pH se fait en milieu stĂ©rile sous la hotte ventilĂ©e Telstar Bio II A. Il consiste Ă  noter le pH initial du milieu de culture, ajouter des gouttes de NaOH de concentration 10 N pour l’élever Ă  8,5 puis ajouter une solution de cyanure de potassium KCN de concentration 23 mg/L pour le rehausser Ă  8,7. Enfin les gouttes de NaOH seront une fois de plus ajoutĂ©es pour conditionner le pH final Ă  9,2. Il convient de noter que l’ajout des gouttes de NaOH permet de stabiliser le cyanure et partant Ă©viter sa volatilisation. Dans le cadre de cette prĂ©sente recherche, le pH initial de notre milieu de culture est Ă©gal Ă  6,742. AprĂšs ajout des gouttes de NaOH Ă  l’aide d’un embout de 100 ”L, le pH est passĂ© Ă  8,5 et s’est Ă©levĂ© Ă  8,63 quand le cyanure de potassium de concentration C = 23 mg/L a Ă©tĂ© ajoutĂ© au milieu. À l’étape finale, les gouttes de NaOH le porteront Ă  9,359 et le milieu sera coulĂ© dans des boites de PĂ©tri qui seront ensemencĂ©es 24h plus tard.  Ensemencement des bactĂ©ries L’ensemencement des bactĂ©ries susceptibles de dĂ©polluer le sol contaminĂ© au cyanure a lieu aprĂšs un traitement particulier des Ă©chantillons de sol. 5 g de chaque Ă©chantillon de sol ont Ă©tĂ© pesĂ©s et introduits dans des bĂ©chers puis complĂ©tĂ©s jusqu’à 50 mL avec de l’eau peptone, bouillon de culture permettant d’arracher les bactĂ©ries de leur support et faciliter leur ensemencement. Alors que les embouts de 1000 ”L ont Ă©tĂ© utilisĂ©s pour des sĂ©ries de dilution permettant d’avoir des colonies bactĂ©riennes comprises entre 30 et 300, ceux de 100 ”L ont
  • 40. « Étude de la dynamique du cyanure dans l’environnement et bioremĂ©diation: cas du site d’orpaillage de Galgouli au Burkina Faso. » DEOUDOM DestinM2B Eau et Assainissement/2014-2015 29 servi Ă  un ensemencement en surface des boites de PĂ©tri (Erreur ! Source du renvoi introuvable. et Erreur ! Source du renvoi introuvable.). Des tiges d’étalement ont permis d’homogĂ©nĂ©iser le mĂ©lange extrait du sol avec le milieu de culture et favoriser la croissance bactĂ©rienne. AprĂšs ensemencement, les boites de PĂ©tri seront introduites dans l’incubateur memmert Ă  une tempĂ©rature de 28°C. Le dĂ©nombrement des bactĂ©ries qui ont poussĂ© a Ă©tĂ© fait aprĂšs 7 jours Ă  l’aide de Colony Counter Digital S. Il est Ă  relever que l’isolation des bactĂ©ries d’eau suit les mĂȘmes procĂ©dures que celui de la flore bactĂ©rienne du sol mais cependant, ceux-ci n’ont subi aucun traitement prĂ©alable Ă  l’eau peptone. Ils ont Ă©tĂ© directement prĂ©levĂ©s aprĂšs agitation. (a) Ensemencement des bactĂ©ries dĂ©gradeurs de cyanure dans le sol. (b) Ensemencement des bactĂ©ries dĂ©gradeurs de cyanure dans l'eau. Figure 6: Ensemencement des bactĂ©ries dĂ©gradeurs de cyanure dans les eaux et dans le sol.  Repiquage des bactĂ©ries de l’eau Avant le repiquage, une sĂ©lection des boites de PĂ©tri reprĂ©sentatives d’une bonne croissance bactĂ©rienne a Ă©tĂ© faite. Deux milieux diffĂ©rents ont Ă©tĂ© utilisĂ©s pour le repiquage: l’un Ă  base de cyanure de concentration 60 mg/L et l’autre avec le bouillon nutritif. Des anses en platine et le stĂ©rilisateur StĂ©ri Max WLD-TE ont permis d’isoler les bactĂ©ries et de les repiquer dans lesdits milieux.  La croissance bactĂ©rienne: Au cours de nos analyses, la croissance bactĂ©rienne a Ă©tĂ© Ă©valuĂ©e par deux mĂ©thodes. L’une a consistĂ© Ă  lire la densitĂ© optique des bactĂ©ries Ă  une longueur d’onde de 600 nm et la convertir
  • 41. « Étude de la dynamique du cyanure dans l’environnement et bioremĂ©diation: cas du site d’orpaillage de Galgouli au Burkina Faso. » DEOUDOM DestinM2B Eau et Assainissement/2014-2015 30 grĂące aux mĂ©thodes classiques en UFC/mL selon la relation: une unitĂ© d’absorbance correspond Ă  5.108 UFC/mL (Rambach, 1990). L’autre a consistĂ© Ă  dĂ©terminer le nombre de bactĂ©ries pour 100 mL aprĂšs ensemencement dans des boites de PĂ©tri. La formule utilisĂ©e Ă  cet effet est la suivante: 𝑁 = 𝑛 ∗ 100 𝑉 ∗ 𝑑 N = nombre de bactĂ©ries pour 100 mL D = taux de dilution de l’échantillon ensemencĂ© N = nombre de colonies comptĂ©es sur la boite de PĂ©tri 4.2. Test de biodĂ©gradation Ce test a pour objectif de dĂ©terminer la densitĂ© bactĂ©rienne, la teneur en ammonium (NH4 + ) et le taux de dĂ©gradation du cyanure de potassium et de l’hexacyanoferrate (III) par les bactĂ©ries en fonction du temps. Elle s’est dĂ©roulĂ©e selon la procĂ©dure suivante. Des concentrations initiales de 40, 60 et 80 mg/L de cyanure de potassium KCN et de l’hexacyanoferrate (III) K3Fe(CN)6 ainsi que deux milieux avec et sans nutriments ont Ă©tĂ© utilisĂ©s. Le milieu avec nutriments est celui dans lequel on a ajoutĂ© 3 mL de bouillon nutritif alors que l’autre n’a connu aucune amĂ©lioration nutritive. Dans des erlenmeyers de 250 mL contenant ces diffĂ©rentes concentrations de KCN et de K3Fe(CN)6 avec et sans nutriments, 1 mL du milieu des bactĂ©ries issues du repiquage a Ă©tĂ© ajoutĂ©. L’ensemble de la prĂ©paration a lieu sous une hotte ventilĂ©e oĂč les milieux avec et sans nutriments Ă©taient en agitation permanente durant les analyses. Des cuves de 25 mL ont servi Ă  la lecture de la densitĂ© bactĂ©rienne et les ions ammonium alors que ceux de 10 mL ont permis de lire les concentrations de KCN et de K3Fe(CN)6. La densitĂ© bactĂ©rienne, la teneur en ammonium et les concentrations en cyanure ont Ă©tĂ© Ă©valuĂ©es au spectrophotomĂštre d’absorption molĂ©culaire HACH DR 5000. La densitĂ© bactĂ©rienne a Ă©tĂ© analysĂ©e directement Ă  une longueur de 600 nm. La teneur en ammonium a Ă©tĂ© lue aprĂšs ajout de trois rĂ©actifs selon l’ordre suivant: 3 gouttes du minĂ©ral stabilisateur +3 gouttes de polyvinyle d’alcool + 1 mL de Nessler. Les valeurs de concentrations en ammonium ont Ă©tĂ© obtenues Ă  une longueur d’onde de 380 nm. Enfin, les niveaux de KCN et de K3Fe(CN)6 ont Ă©tĂ© dĂ©terminĂ©s Ă  une longueur d’onde de 612 nm aprĂšs rĂ©action avec les mĂȘmes rĂ©actifs que prĂ©cĂ©demment mais Ă  un temps d’attente de 30 mn. Il convient de noter que tous ces paramĂštres ont Ă©tĂ© analysĂ©s Ă  des intervalles rĂ©guliers de 2 heures.
  • 42. « Étude de la dynamique du cyanure dans l’environnement et bioremĂ©diation: cas du site d’orpaillage de Galgouli au Burkina Faso. » DEOUDOM DestinM2B Eau et Assainissement/2014-2015 31 Pour le traitement des donnĂ©es et des rĂ©sultats, plusieurs logiciels ont Ă©tĂ© utilisĂ©s. Il s’agit de:  Excel 2013: calcul des teneurs en cyanure, ammonium, densitĂ© optique, rendements  Origin6: tracĂ© des graphes de biodĂ©gradation  Arcview 3.2: cartographie des concentrations en cyanure. CHAPITRE 3: RÉSULTATS ET DISCUSSION 1. Analyse des Ă©chantillons 1.1. Concentration en cyanure dans les eaux La Figure 7 ci-dessous prĂ©sente les niveaux de cyanure dans les Ă©chantillons d’eau du site. Soulignons que la plupart des Ă©chantillons d’eau prĂ©levĂ©e ont un pH acide. 88,24 % ont un pH < 7 et 11,76 % ont un pH > 7. Cette tendance confirme les rĂ©sultats des travaux de Garcia et al., ( 2012), qui suggĂšrent que les pH sont plus Ă©levĂ©s en saison sĂšche qu’en saison de pluies suite Ă  une augmentation des prĂ©cipitations. Figure 7: concentration en cyanure dans les Ă©chantillons d’eaux. AprĂšs analyse des Ă©chantillons et dosage du cyanure, il ressort qu’aucun Ă©chantillon d’eau sur les 17 prĂ©levĂ©s n’a prĂ©sentĂ© une concentration en cyanure libre supĂ©rieure Ă  la norme OMS/BF qui est de 0,07 mg/L (Annexe 2). La plus forte teneur en cyanure libre est de 0,046 mg/L au point E2 qui est un bassin de cyanuration. Ceci s’expliquerait par le fait que les activitĂ©s de concentration et de rĂ©cupĂ©ration de l’or gĂ©nĂšrent continuellement du cyanure et contribuent Ă  augmenter sa teneur Ă  cet endroit (Environnement Canada, 1997). La plus faible teneur de 0,002 mg/L a Ă©tĂ© observĂ©e en E5, E14 et E15, qui sont des eaux des riviĂšres et d’un