La psychothérapie du lien amoureux (paris 2014) v9
1. La psychothérapie du lien
amoureux
Michel Dandeneau, Ph. D.
Rencontre internationale de PGRO
29-30 aout 2014
Paris
2. Situer la thérapie de couple
dans la PGRO
L’importance du lien amoureux
Considérations pratiques
3. Pour un développement plus théorique :
Dandeneau, M. (2012).
La dynamique du
couple: un essai
théorico-clinique.
Dans L. Girard & G.
Delisle, La
psychothérapie du lien:
genèse et continuité,
Éditions du CIG.
11. Homo sapiens – celui qui sait
Homo vinculum – celui qui se lie
Johnson, S. (2013). Love Sense: The
Revolutionary New Science of Romantic Relationships
13. Nous sommes tous issus d’une rencontre de
couple
Ce couple nous a marqué dans le réel
(champ E-4) et a laissé des traces à
l’intérieur de nous (champ I-4)
14. Nos plus grandes joies et nos plus grandes
peines sont souvent liées à la relation
amoureuse
15. Recevoir un couple en thérapie, c’est
s’exposer à un climat émotionnel
particulièrement intense et complexe
18. Première rencontre avec le
couple
• Comment avez-vous pris la décision de venir
me voir?
• Expérience antérieure en thérapie?
• Positive et négative
• Vos attentes, espoirs, buts
• Brève histoire du couple: ce qui vous a attiré
l’un à l’autre; les hauts et les bas
• À quoi ressemble un conflit typique?
19. Rencontres individuelles
• Une ou deux selon le besoin
• Trois thèmes:
1. Famille d’origine: relations avec parents, entre
parents, avec fratrie; peines significatives
2. Relations amoureuses antérieures
3. Relation actuelle
• Confidentialité et secrets?
• Essentiellement deux écoles de pensée
20. Créer une membrane
thérapeutique
Pour accueillir les désirs secrets et les
déceptions profondes
Favoriser une bonne régulation affective
Distribuer la parole
Ici tout peut se dire, à tort ou à raison
N’en parlez pas en dehors d’ici
21. Je Je
S+ A+
S- A-
Lui Elle
Thérapeute
Membrane
thérapeutique
menée par le
thérapeute et
endossée par
le couple
Ça Ça
S+ A+
S- A-
22. Je
S+ A+
S- A-
Je
S+ A+
S- A-
Membrane
thérapeutique
menée par le
thérapeute et
endossée par
le couple
Ça Ça
Membrane du couple
Adapté de Delisle (1995) et Scharff & Scharff (1991) par Michel Dandeneau
Lui Elle
23. Les composantes de la
psychothérapie du lien
amoureux
♪ Reconnaitre l’impasse
24. Les composantes de la
psychothérapie du lien
amoureux
♪ Reconnaitre l’impasse
♪ Repérer les besoins affectifs sous-jacents
♪ Créer une nouvelle relation
30. Reconnaitre l’impasse
(herméneutique)
• En formant un couple, nous cherchons (ou
évitons à tout prix!) à reproduire le climat
affectif de notre champ 4
• Un partenaire blessé aux mêmes endroits
que nous
31. Reconnaitre l’impasse
(herméneutique)
• Par exemple, tous deux blessés dans le
même enjeu d’attachement, l’un s’adapte
avec un style préoccupé et l’autre avec un
style évitant
• Exemple de Julie et David
32. Julie
• sept enfants
• père alcoolique et
violent
• mère en retrait et
soumise
• style préoccupé
• recherche la fusion:
heureuse que s’il est
heureux avec moi
David
• enfant unique
• père meurt en bas âge
• mère l’envoie comme
pensionnaire dans des
écoles privées, froide
et distante
• style évitant
• peu en contact avec sa
vie affective
• fuit l’intensité
émotionnelle
33. Julie
« Je te poursuis
parce que tu me
fuis »
David
« Je te fuis parce que
tu me poursuis »
41. Repérer les besoins affectifs
sous-jacents
Besoin d’attachement sécure
Je peux compter sur ton amour … et toi sur le
mien
Besoin d’estime
J’ai du prix à tes yeux … et toi de même
Besoin érotique
Tu me désires … et je te désire
42. Créer une nouvelle relation:
Champs 1 et 2
Je
MRC
Ça
Elle Lui
Thérapeute
55. La psychothérapie du lien
amoureux vise à créer:
Un lien affectif sécure et souple
dans lequel chacun peut évoluer librement
dans les trois chantiers développementaux
tout en devenant complet et différencié
56. Résumé
L’importance du lien
Le cadre et la membrane thérapeutiques
Repérer et reconnaitre les reproductions
d’impasses
Réparer le lien en créant de nouvelles
expériences émotionnelles dans le champ 1
La PGRO a été conçu pour traiter des enjeux développementaux qui se manifestent au cours de la vie adulte dans des reproductions d’impasses relationnelles habituellement à l’origine des troubles de la personnalité.
On retrouve ces impasses dans la relation thérapeutique (champs 1 et 2)
ainsi que dans les relations significatives de la vie courante d’une personne qui consulte (champ 3).
Or, la relation où l’on risque le plus de retrouver ces reproductions d’impasses est sans doute la relation amoureuse.
D’ailleurs, la plupart des problèmes présentés en psychothérapie sont liés à ce thème.
DIAPO
Le but global de cette présentation est de situer la thérapie de couple dans le contexte de la PGRO
en soulignant l’importance du lien amoureux dans la vie humaine
puis en se penchant sur des considérations pratiques au niveau de l’intervention thérapeutique dans le lien amoureux.
DIAPO
Pour un développement un peu plus théorique, incluant une bibliographie
… je vous réfère à mon chapitre dans La psychothérapie du lien
DIAPO
Notre histoire commence ici:
Le passage vaginal est trop étroit
pour accommoder le passage d’un cerveau et d’un corps suffisamment matures pour survivre de manière autonome.
Comment faire pour assurer le parachèvement du développement intra-utérin?
La solution proposée par la nature : l’attachement.
Créer un lien d’attachement est un besoin inné,
un instinct inscrit en nous de manière neurobiologique.
Ce bébé-là, s’il ne créé pas un lien, il ne survie pas! Et ce besoin nous suit tout au long de la vie.
DIAPO
Bowlby nous montre que c’est un besoin qui nous suit du berceau au tombeau.
La sexualité permet de nous reproduire,
mais notre survie et notre existence
en tant qu’espèce humaine,
sont assurées par le lien affectif.
DIAPO
Au lieu de “homo sapiens” – celui qui sait, notre espèce pourrait s’appeler
“homo vinculum – celui qui se lie ou qui crée des liens.
DIAPO
À l’âge adulte, la relation amoureuse est un lien d’attachement semblable à celui entre la mère et son nourrisson.
Dans les deux cas le cerveau baigne dans la même soupe chimique et le lien est fondamental à la survie et à l’adaptation.
Attention! N’allons pas croire que l’homme du couple se trouve toujours dans la position du bébé!
Donc, la relation amoureuse est un lien d’attachement.
La différence, c’est que adulte, quand on devient amoureux, on n’est pas vierge ;
on porte déjà en nous toute une histoire relationnelle.
DIAPO
Nous sommes tous issus d’une rencontre de couple.
Ce couple nous a marqué dans le réel et a laissé des traces à l’intérieur de nous (dans notre vie fantasmatique-représentationnelle).
Ces traces sont habituellement des blessures émotionnelles liées à des besoins affectifs de base.
Plus tard, dans nos relations amoureuses, on cherche, plus ou moins consciemment, à combler des besoins affectifs ou à guérir des blessures émotionnelles.
On sait à quel point l’expérience amoureuse prend une place capitale dans la vie humaine.
DIAPO
Nos plus grandes joies et nos plus grandes peines sont souvent liées à une relation amoureuse. ...
« Tomber en amour » comporte une promesse implicite idéalisée qui sera déçue. …
DIAPO
Cette promesse brisée amène souvent nos couples en thérapie, avec une importante charge émotionnelle.
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D’où l’importance du cadre pour aider à contenir cette charge affective.
Concrètement, le cadre commence avec la disposition du bureau.
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Voici mon bureau
En entrant, certains sont surpris de voir les chaises disposées face à face.
Le face à face permet deux choses :
1) Se voir face à face assure une plus grande communication affective.
On sait que l’émotion est transmise par le visage, particulièrement les yeux et la bouche.
2) Le face à face favorise la différenciation et l’individuation dans un conflit symbiotique,
une collusion faite de reproductions croisées et d’identifications projectives.
DIAPO
À la première rencontre avec le couple j’essaie de couvrir les questions suivantes, que vous avez dans vos notes.
DIAPO
Au début d’une thérapie de couple je réserve une ou deux séances individuelles avec chacun des conjoints,
pour explorer leurs histoires développementales respectives (champ 4) et
pour favoriser l’alliance thérapeutique avec chacun des conjoints.
À ces rencontres on couvre trois thèmes:
DIAPO
Famille d’origine
Relations antérieures
Relation actuelle
Donne à chacun l’espace pour s’exprimer librement sur ce qu’il vit dans sa relation sans avoir à se préoccuper de la réaction du conjoint.
Peut faciliter le dévoilement d’éléments sensibles et critiques comme la violence dans un couple ou le secret d’une relation extraconjugale.
Ce qui nous amène au prochain point.
DIAPO
Qu’est-ce qu’on fait si on nous demande de garder un secret?
Est-ce que le contenu des rencontres individuelles est confidentiel?
Essentiellement deux écoles de pensée :
Une qui veut que tout ce qui se dit en sessions individuelles peut être rapporté par le thérapeute en sessions conjointes.
Certaines approches systémiques vont même refuser de voir les conjoints individuellement.
Elles ne traitent que le système relationnel.
Pour ma part, je préfère voir les conjoints individuellement de manière systématique en début de démarche.
D’abord pour favoriser l’alliance thérapeutique avec chacun des conjoints, comme on l’a vu.
Aussi, je veux savoir s’il y a des plans secrets, comme le partenaire qui entretient une relation extraconjugale et qui amène sa conjointe pour qu’on s’en occupe pendant qu’il prépare sa sortie.
Alors j’assure la confidentialité jusqu’à un certain point:
Si certains secrets risquent de mettre en péril leur démarche de thérapie et leurs objectifs, je vais leur en faire part et ensemble on pourra décider de la meilleure démarche à prendre.
S’il m’apparait important d’en discuter en session conjointe on peut voir comment l’aborder, quel genre de soutien auraient-ils besoin de ma part, etc.
DIAPO
Il est essentiel de créer un espace sécuritaire, une sorte de bulle protectrice pour accueillir les désirs secrets et les déceptions profondes.
Comme le champ 3 devient live dans notre bureau, cette membrane est une condition essentielle pour le traiter.
Ça prend un environnement protégé, un peu comme une salle d’opération dans un hôpital.
Parce que la particularité et la force de la thérapie de couple c’est qu’on peut intervenir directement dans le champ 3 qui devient le champ 1.
DIAPO
Tout ce qu’on peut faire pour favoriser une bonne régulation affective contribue à la création de cette membrane sécuritaire et facilite le dialogue herméneutique.
DIAPO
Il faut distribuer la parole.
C’est différent de la thérapie individuelle où essentiellement on laisse la parole au client.
Avec un couple, le thérapeute se doit d’être plus directif.
Ça implique non seulement de donner la parole mais aussi de la couper de manière à la redistribuer pour que chacun puisse en avoir l’usage, par exemple dès qu’il se sent menacé, à tort ou à raison.
DIAPO
Ici on ouvre un espace permettant l’exploration de sentiments, de perceptions, de pensées, de ce qu’on imagine à tort ou à raison,
sans juger, sans chercher de coupable ou de fautif,
mais plutôt avec l’intention de comprendre
en cultivant une saine curiosité empathique.
DIAPO
N’en parlez pas en dehors d’ici
Il m’arrive de conseiller à certains couples qui sont aux prises avec des escalades conflictuelles et destructrices de ne pas parler de la source du conflit (ex infidélité) à l’extérieur de mon bureau, pour contenir les affects dans un endroit sécuritaire et en permettre l’exploration et l’élaboration de sens.
DIAPO
On pourrait schématiser la membrane thérapeutique comme une zone de holding mené par le thérapeute et endossé par le couple.
Le couple nous arrive souvent pris dans un conflit symbiotique nourri par des identifications projectives mutuelles et des reproductions croisées.
Cette symbiose peut être représentée par une ligne solide, une sorte de fermeture sur soi.
Le conflit symbiotique est alimenté par l’histoire relationnelle de chacun, par son objet-couple (son modèle de couple) qu’on retrouve surtout
DIAPO
dans la MRC avec ses représentations positive et négative de soi et de l’autre,
… colorée par les émergences du Ça
… et modulées à la frontière contact par le Je …..
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Ce que la thérapie vise
DIAPO
c’est la création d’une membrane différenciée et semi-perméable
entre le couple et son entourage d’une part,
et d’autre part, entre les conjoints à l’intérieur de la dyade.
Une des tâches développementales du couple c’est la différenciation et l’individuation
qui passe par la reconnaissance de l’autre en tant qu’autre, différent de soi
et par le rapatriement de ce que j’ai projeté et qui m’appartient, dans mon Self.
Alors par exemple,
l’accueil de mes émergences,
la reconnaissance de l’impact sur mon couple de mes représentations de soi et de l’autre, des attentes générées par mon objet-couple (mon modèle)
et le changement de comment je module le contact dans mon couple.
Protégés par la membrane thérapeutique,
les conjoints font ce travail psychique de reconnaissance et de différenciation pour se libérer de leurs impasses et construire un nouveau lien.
DIAPO
Quelles seraient les composantes de la thérapie du lien amoureux?
D’abord, reconnaitre la reproduction de l’impasse relationnelle.
Le couple arrive en crise, pris dans une impasse, un blocage dû à un pattern relationnel qui se répète et qui tourne en rond:
on s’attaque, on se défend, on se blesse.
On se met en nœud. On ne sait plus qu’est-ce qui appartient à qui.
Donc, reconnaitre l’impasse, puis …
DIAPO
… élaborer cette reconnaissance en repérant les besoins affectifs sous-jacents à l’impasse:
besoin d’amour, d’estime et de plaisir;
Tout ça à l’aide d’un dialogue herméneutique à la lumière du champ 4.
On verra tantôt comment tout ça permet de compléter le contact et de créer une nouvelle relation.
DIAPO
J’invite les couples à porter attention à leurs interactions pour dépister leurs cycles habituels.
On en note généralement trois.
C’est le plus fréquent
Souvent la femme qui poursuit l’homme et qui demande de consulter.
En thérapie, c’est du sport!
Plus rare en thérapie.
Souvent mort et plate.
Chez certains couples on passe d’un cycle à l’autre.
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Dans tous les cas il s’agit d’une atmosphère relationnelle conflictuelle :
quelque chose dans le lien m’est simultanément indispensable et intolérable.
DIAPO
En formant un couple, plus ou moins consciemment nous cherchons (ou évitons à tout prix!) à mettre en place une expérience
qui reproduirait le climat affectif de notre champ 4 dans l’espoir secret de combler une carence, guérir une blessure, compléter une situation inachevée.
Mais la PGRO nous rappelle comment nous travaillons à reproduire inconsciemment précisément cela même que nous voulons éviter consciemment.
Marie a vécu une expérience d’abandon. Consciemment elle cherche un conjoint qui lui fera la promesse de ne jamais l’abandonner.
Mais inconsciemment seul un conjoint avec des tendances à lui faire revivre une expérience d’abandon est digne d’intérêt et d’investissement affectif pour le changer en un conjoint fidèle et loyal.
Les autres ne l’intéressent pas et ne sont pas « compatibles ».
DIAPO
Elle pourrait choisir un partenaire qui a été blessé aux mêmes endroits qu’elle, mais qui s’est adapté d’une manière complémentaire à la sienne.
DIAPO
Par exemple, tous deux blessés dans le même enjeu d’attachement,
l’un s’adapte avec un style préoccupé
qui demande constamment à être rassuré,
tout en refoulant son besoin d’autonomie,
et l’autre en évitant de ressentir son attachement,
en refoulant son besoin d’intimité.
Prenons l’exemple de Jane et David.
DIAPO
Ex. Jane et David.
Jane vient d’une famille de sept enfants, père alcoolique et violent, mère en retrait et soumise. Elle a développé un style d’attachement préoccupé.
Lorsqu’elle est en crise elle affiche un comportement borderline sur le plan émotionnelle.
Elle recherche une intimité fusionnelle.
Elle dit qu’elle n’est heureuse que lorsqu’il est heureux avec elle.
Elle lui reproche sa froideur et sa distance émotionnelle ainsi que son manque d’empathie.
DIAPO
David est l’enfant unique d’un père qui avait 20 ans de plus que sa mère. Il a perdu son père en bas âge après quoi sa mère l’envoie comme pensionnaire dans des écoles privées. Il la décrit plutôt comme froide et distante.
Il a un style évitant et il est peu en contact avec sa vie affective.
Il n’est pas à l’aise avec l’intensité émotionnelle.
Plus elle le poursuit avec son besoin d’intimité fusionnelle, plus il la fuit.
DIAPO
Elle dit: « je te poursuis parce que tu me fuis ».
Il dit: « Je te fuis parce que tu me poursuis ».
Elle l’envahit avec son style préoccupé.
Il la fait paniquer avec son style évitant.
Il existe une correspondance dynamique
entre l’équilibre intra-individuel dans chacun des conjoints
et l’équilibre inter-individuel entre les conjoints du couple;
qu’on pourrait schématiser de la façon suivante.
DIAPO
…
David, dans son style d’attachement évitant …
DIAPO
… refoule son besoin d’intimité …
… et a besoin de Jane pour le porter à sa place.
Comme c’est intolérable il le refoule; mais comme ça lui est indispensable il le fait vivre dans sa conjointe qui en devient la porte-parole exclusive au sein du couple,
une dynamique d’identification projective qu’elle « accepte » du fait de sa propre histoire relationnelle et de ses propres motivations.
DIAPO
Jane avec son style préoccupé …
DIAPO
… refoule son besoin d’autonomie …
… qu’elle projette dans son partenaire qui le porte à sa place et en devient le représentant exclusif dans la vie du couple.
Chacun a besoin de l’autre pour lui faire porter ce qu’il a d’intolérable et d’indispensable en lui.
Elle le garde parce qu’il est devenu le dépositaire de son besoin d’autonomie (qu’elle a refoulé en elle et projeté en lui).
Il la garde parce qu’elle est devenue la dépositaire de son besoin d’intimité (qu’il a refoulé en lui et projeté en elle).
Ça crée un conflit polarisé dans leur vie de couple.
Le travail thérapeutique consistera à les aider chacun à devenir plus complet en rapatriant ce qu’ils ont refoulé et projeté, et à se différencier.
Ils pourront alors se remettre en mouvement, plus fluide et équilibré.
Ce qui pourrait ressembler à ceci:
DIAPO
Équilibre intraindividuel et interindividuel avec des frontières semi-perméables de part et d’autre.
Ce qu’on pourrait qualifier d’attachement sécure,
d’interdépendance ou dépendance saine ou mature:
je peux dépendre de l’autre et l’autre peut dépendre de moi.
Nous y arriverons
DIAPO
… en repérant les besoins fondamentaux reliés aux grands chantiers développementaux.
Besoin d’attachement sécure
Je peux compter sur ton amour … et toi sur le mien.
Besoin d’estime de soi
J’ai du prix à tes yeux … et toi de même.
Besoin érotique
Tu me désires … je te désire … et c’est bien.
Des besoins affectifs de base
à partir desquels nous allons créer une nouvelle relation
relation
en les retravaillant dans les champs 1 et 2.
DIAPO
En plus de la relation entre chacun des conjoints et le thérapeute,
les champs 1 et 2 englobent aussi la relation entre les conjoints— telle que vécue dans le cadre de la thérapie.
Le thérapeute invitera les conjoints à interagir dans l’ici et maintenant
pour cerner et exprimer leurs besoins affectifs
et faciliter les réponses empathiques de part et d’autre.
C’est en vivant l’expérience émotionnelle activée, live dans le champ 1 que le lien pourra se transformer en créant de nouveaux circuits neuronaux.
Une technique pour faire ça consiste à demander au couple de décrire en détails un incident conflictuel de manière à le reconstituer dans la séance,
un peu comme un film qu’on arrête pour l’analyser image par image,
en s’arrêtant au vécu de chacun, son ressenti, sa perception, son besoin, son intention,
ce qui favorise la mentalisation.
Le T peut aussi s’inclure dans le champ 1,
par exemple pour faire un travail de reconnaissance et de dialogue herméneutique avec un des conjoints.
Le faire en présence de la conjointe, par exemple, permet à celle-ci d’entrer dans le monde interne de son conjoint et d’ouvrir son empathie.
On peut ensuite inviter le couple à interagir différemment dans la session.
Prenons l’exemple de Jean qui a recours au contrôle et à la violence verbale pour faire peur et assujettir sa conjointe, Liane.
À l’aide d’un travail dans le champ 1 où j’explore avec lui l’effet d’intimidation qu’il pourrait produire en moi, tout en ayant l’intuition qu’il s’agit autant de sa peur à lui que de la mienne, j’arrive à lui dire quelque chose comme:
« En fait quand tu lui fais ça, ce n’est pas par pure méchanceté, mais une tentative de sécuriser ton lien amoureux. Tu as appris chez toi et dans la rue à utiliser la force et la peur pour te faire respecter et te sentir en sécurité, mais ça ne marche pas avec Liane. Ça finit par créer l’effet contraire. Elle se protège, résiste de plus en plus et se retire, te laissant avec ce terrible sentiment d’abandon que tu as si bien connu avec ta mère dépressive. »
En entrant ainsi en contact avec ses besoins affectifs Jean commence à se percevoir différemment.
Sa représentation de soi dans sa MRC commence à changer.
DIAPO
Il n’est plus seulement le méchant qui fait peur.
Son besoin d’un lien sécure est valide et bon.
DIAPO
Il commence à reconnaitre l’expérience d’abandon de son champ 4 qu’il reproduit dans sa relation.
Une fois qu’il est en contact avec son besoin affectif, sa vulnérabilité,
et que je me suis assuré de la présence empathique de sa conjointe, je lui demande:
« peux-tu regarder Liane et lui dire dans tes mots combien ton cœur saigne, combien tu as peur de la perdre, qu’elle te laisse seul et que ton monde s’écroule ».
Et quand il fait ça, Liane le regarde attentivement.
Son visage commence à s’adoucir.
DIAPO
Dans la MRC de Jean elle n’est plus la méchante qui l’abandonne ou le repousse par sadisme;
c’est parce qu’elle a peur qu’elle se retire,
DIAPO
mais devant l’expression authentique d’un besoin affectif de base
elle répond avec empathie
et laisse couler une larme sur sa joue.
La MRC se complète et change.
DIAPO
Les valences ne sont plus clivées de manière rigide. Les frontières s’assouplissent.
L’autre n’est pas tout bon ou tout mauvais;
mais plutôt tantôt gratifiant
tantôt frustrant
sans pour autant menacer le lien.
Le contact sera modulé par le Je de manière plus ouverte et fluide, plus adaptative.
Dans la séance, spontanément, Jean tend la main, Liane se lève, et les deux s’étreignent.
DIAPO
mais plutôt tantôt gratifiant
tantôt frustrant
sans pour autant menacer le lien.
Le contact sera modulé par le Je de manière plus ouverte et fluide, plus adaptative.
Dans la séance, spontanément, Jean tend la main, Liane se lève, et les deux s’étreignent.
DIAPO
mais plutôt tantôt gratifiant
tantôt frustrant
sans pour autant menacer le lien.
Le contact sera modulé par le Je de manière plus ouverte et fluide, plus adaptative.
Dans la séance, spontanément, Jean tend la main, Liane se lève, et les deux s’étreignent.
DIAPO
Un moment émouvant, activée, live dans le champ 1.
Une nouvelle expérience émotionnelle qui crée de nouvelles connexions neuronales (comme le dit la loi de Hebb: neurons that fire together, wire together).
Quand le couple vit une telle expérience émotionnelle « réparatrice » je fais appel au Champ 2 à plusieurs reprises pour la consolider,
en rappelant cette expérience chaque fois que c’est approprié de le faire,
en remettant en scène les images et les paroles pour réactiver les ressentis
en baissant le ton de voix et en ralentissant le débit, phrases courtes, images saisissantes pour réactiver l’expérience émotionnelle et pour qu’elle prenne racine.
Et ce n’est pas qu’un couple qui change mais un père, une mère, une patronne, un collègue qui deviennent meilleurs. C’est un changement qui rayonne ailleurs dans le champ 3.
Pour conclure, on peut affirmer que …
DIAPO
La psychothérapie du lien amoureux vise à créer:
Un lien affectif sécure et souple, et non polarisé dans des positions extrêmes et rigides
Dans lequel chacun peut évoluer librement
Dans les trois chantiers développementaux, en comblant les besoins d’amour, d’estime et de plaisir
Tout en devenant complet et différencié
Et pour réaliser ce projet,
DIAPO
on a souligné l’importance capitale du lien dans l’expérience humaine,
on a vu comment mettre en place un cadre et une membrane sécuritaires et thérapeutiques, pour
repérer et reconnaitre les reproductions d’impasses relationnelles qui s’expriment sous forme de boucles interactionnelles, et
comment réparer le lien en créant de nouvelles expériences émotionnelles dans le champ 1 en se basant sur les besoins affectifs de base sous-jacents aux impasses:
attachement,
estime de soi
et éros-éthos
Et voilà un condensé de la thérapie de couple déclinée en PGRO!
DIAPO