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NOTE DE LECTURE (08/09)

                                  « ESSAI SUR L’ŒCONOMIE »
                                       PIERRE CALAME

                (EDS. CHARLES LEOPOLD MAYER, LE LIVRE EQUITABLE)

                                                                       AUTEUR : HELENE ZWICK

Synthèse :

A partir d’une interrogation : « comment l’humanité dans un contexte de mondialisation, peut-
elle concilier les nécessités économiques avec les impératifs de l’écologie et de
l’environnement et avec le fait que les ressources naturelles sont limitées ? », l’auteur tente de
proposer un « autogouvernement efficace et démocratique ».

La première partie décrit les structures gouvernementales, les modèles d’interconnexion et les
sources de bien-être humain qu’offre la vie moderne. La seconde partie propose un modèle
alternatif à la globalisation mais inséré dans la mondialisation, que l’auteur appelle œconomie.

Nous reprenons dans notre note de lecture, la structure en deux parties proposée par l’ouvrage.

    1. De la nécessité d’une mutation radicale…

        a) La compréhension historique de l’évolution des sociétés

En reprenant Aristote, l’auteur définit la situation actuelle comme une « situation d’acracie »
(p.17), c’est-à-dire « une situation de voir ce qu’il y a à faire, sans trouver un nous le ressort
moral et l’énergie pour le faire. »

Aujourd’hui la situation mondiale semble difficile : les analyses depuis une quinzaine d’années
tentent de décrire le panorama général « d’un mode de développement qui ne parvient pas à
construire des sociétés raisonnablement justes et équitables » (p. 19). A. Judge1 par exemple,
décrit, selon l’auteur, sept domaines clés : le mal-développement des sociétés ; l’insécurité et la
violence ; la dégradation de la biosphère et l’érosion du patrimoine ; les vicissitudes
individuelles de la vie ; les drames sociaux ; la gouvernance ; la crise des valeurs morales et
éthiques. Trois domaines clés peuvent être recensés dans l’analyse de A. Lalucq : la
financiarisation du monde ; les effets de la mondialisation sur la gouvernance, la perte
d’autonomie des Etats et les rapports entre pays ; la dégradation de la biosphère.

Mais deux limites teintent ce type d’analyse :
- la formulation sectorielle des problèmes ;
- et, au contraire, la globalisation des analyses.

1
 A. Judge (1994), « L’Encyclopédie des problèmes mondiaux et du potentiel humain », Union des
associations internationales.

                                                     1
L’auteur juge nécessaire de différencier ce qui relève de l’ordre naturel de ce qui relève des
constructions humaines, afin de distinguer, pour certains domaines, le caractère irréversible du
caractère réversible. Pour lui, deux éléments sont irréversibles (p. 25) : les interdépendances
entre sociétés, humanité et biosphère (l’espace est désormais « domestique ») et l’évolution des
systèmes techniques. Ce qui relève du fruit des circonstances correspond surtout à la
globalisation économique (il cite en exemple la construction du marché unique européen, p.
27).

L’auteur se livre à un jeu de « déconstruction-reconstruction des différents éléments du système
actuel » censé permettre de construire progressivement un système cohérent avec l’état actuel
du monde » (p. 39) Quatre exemples sont donnés :
- le concept d’entreprise : nous sommes passés de grands systèmes intégrés à un système en
réseau dans lequel on s’interroge sur la notion « d’entreprise vide » ;
- la monnaie : assiste-t-on aujourd’hui à une séparation des trois fonctions traditionnelles d’une
monnaie (moyen de paiement, unité de compte, réserve de valeur) ?
- les biens et les services : de la distinction entre services publics et services aux personnes,
nous sommes passés à une distinction multiple, de biens et de services qui se détruisent par le
partage ; qui se détruisent par le partage mais qui doivent peu à la créativité humaine ; qui se
détruisent par le partage et qui doivent à la créativité humaine, et enfin qui se multiplient par le
partage.
- le capital.

Poursuivant sa compréhension des évolutions récentes de notre société, l’auteur opère une
décomposition de la société en un système « bio-socio-technique », défini « comme une
combinaison plus ou moins harmonieuse de trois sous-systèmes, bioécologique, socio-
économique et technique ». La thèse qu’il défend est la suivante : « à chaque étape et en
fonction de l’évolution de son système technique, une société se caractérise par des
agencements institutionnels2 particuliers au sein desquels émergent un acteur pivot » (p. 42).
Ainsi au 20ème siècle, l’entreprise était-elle l’acteur pivot, et ce, quel que soit le mode de
régulation (marchande, corporatiste, publique ou sociale-démocrate). Depuis les années 1960,
ce sont les firmes multinationales. Pour l’avenir, peut-on penser qu’elles resteront les acteurs
pivots ? Selon l’auteur, la réponse est non, argumentée par la position de Georges Soros qui
annonce une « restructuration des facteurs et des acteurs » (p. 55).

        b) La globalisation au centre des attentions

Pour l’auteur, il faut aller au-delà du débat pour ou contre la globalisation, puisque
l’interdépendance entre les sociétés industrielles ainsi qu’entre les hommes et la biosphère sont
irréversibles. Il revient néanmoins sur la position des deux camps, néolibéralisme et
altermondialisme, qu’il considère comme parfois « caricaturale », et dont les propositions sont
« davantage incantatoires que réelles » (p. 58).

- La référence libérale pour l’auteur, est Martin Wolf. Ce dernier a proposé une synthèse de la
pensée et des craintes du camp libéral. Si son analyse est pertinente pour l’auteur, elle est
néanmoins teintée de quelques limites : d’une part la première mondialisation ne peut pas être
réduite à une « vague formidable de progrès humain », de nombreuses sociétés n’en ayant pas
bénéficié ; d’autre part, concernant les problèmes environnementaux, l’auteur dénonce le
« cynisme » de Martin Wolf (p. 66).

- Du côté des altermondialistes, le texte de 2001 de René Passet est la référence de l’auteur. Il
apparait difficile de faire une synthèse pour ce camp, mais Pierre Calame tient à souligner que

2
 Un agencement institutionnel est une configuration stable de relations entre personnes et institutions. Ce
concept est central pour l’œconomie (voir p. 577).

                                                    2
son « camp se trompe de cible et les alternatives sont nébuleuses. » Il constate également des
« dérives dans le portrait de ses adversaires du camp néolibéral et un caractère vague des
propositions alternatives ».

=> au final, pour l’auteur, les deux camps sont « déprimés » (p. 70)

        c) Les débats doctrinaux des économistes : une réitération du vieux débat entre
           capitalisme et communisme et l’absence d’alternatives pertinentes

Pourquoi une si faible évolution de la science économique dans ses fondements ? L’auteur
s’interroge et tente de répondre en précisant que « toute la pensée économique dominante est
fondée sur la théorie de l’équilibre général, formalisée par Léon Walras et reformulée dans les
années 1950, par Arrow et Debreu. » Or cette théorie est fondée sur deux hypothèses qui
apparaissent obsolètes : une vision atemporelle de l’économie d’une part et l’absence de
dimension scientifique, d’autre part.

Quelles sont alors les alternatives possibles ? Quatre courants de pensée ont émergé, mais leur
pertinence reste limitée selon l’auteur :
- l’économie du bien-être (p. 127) ;
- l’économie responsable, plurielle et solidaire (p. 131) ;
- l’économie moins gourmande de matières et d’énergie (p. 139) ;
- l’économie-écologie territoriale (p. 155).

Pour Pierre Calame, l’intérêt est de savoir comment une société peut changer, et non évoluer.
Or ce type de courant s’intéresse à la seconde dimension.

        d) Des alternatives à la proposition concrète d’une œconomie

L’auteur défend la thèse selon laquelle le changement peut se réaliser lorsque trois éléments
sont réunis : acteurs, étape et échelle.

(i)     Les acteurs (qui) : innovateurs (chargés de développer de nouvelles pratiques),
        théoriciens (constructeurs de doctrines), généralisateurs (capables de générer un
        changement d’échelle de l’innovation) et régulateurs (institutions publiques surtout) ;
(ii)    Les étapes (quand, comment)
(iii)   Les échelles.

Le changement se fait alors en quatre temps : d’une prise de conscience de crise, il s’agit de
passer à une formulation d’une vision d’entreprise, puis à la recherche d’alliés du changement,
pour enfin définir des premiers pas (p. 179).

Le changement doit s’opérer d’une économie vers une œconomie, définie par « des règles du
jeu de la production et de l’échange qui puissent tout à la fois assurer l’épanouissement des
êtres humains, l’équité entre les sociétés, la sauvegarde de la biosphère et des droits des
générations futures. L’œconomie est une branche de la gouvernance. » (p. 13)

Plus précisément, l’œconomie doit être régie par sept principes (p. 185-187) :
1. c’est une branche de la gouvernance, donc on peut lui appliquer les mêmes principes ;
2. elle organise la production, la répartition et l’utilisation de biens et de services ;
3. elle crée pour cela des acteurs et des agencements institutionnels, des processus et des
règles… ;
4. …afin d’assurer à l’humanité tout le bien-être possible… ;
5. …dans un souci constant de préservation et d’enrichissement de la biosphère… ;
6. …en préservant les intérêts, les droits et les capacités d’initiative des générations futures… ;
7. …dans des conditions de responsabilité et d’équité suscitant l’adhésion de tous.

                                                3
2. …à la proposition d’une œconomie

Après avoir développé les raisons d’un changement dans une première partie, l’auteur
s’intéresse à présent au développement de sa proposition, l’œconomie.

        a) Une branche de la gouvernance

La gouvernance est l’art des sociétés humaines de se gérer. Pour l’auteur, l’art de la
gouvernance est une question éternelle (p. 192). Aujourd’hui la gouvernance des sociétés est en
crise, du fait de la lenteur de l’évolution des formes et des institutions (p. 193) et du
changement d’ampleur, donc de nature, de l’impact de l’activité humaine sur la biosphère (p.
198).

Une autre question à aborder est celle du coût des régulations : toute régulation a un coût,
financier, écologique et social et l’œconomie n’y échappe pas.

Comme l’œconomie est une branche de la gouvernance, elle doit satisfaire aux cinq principes
fondamentaux de gouvernance : légitimité et enracinement ; démocratie et citoyenneté ;
articulation des échelles de gestion pour combiner au mieux autonomie et cohésion ; pertinence
des agencements institutionnels ; coproduction du bien public.

L’intérêt d’appliquer l’art de la gouvernance à l’œconomie se manifeste à travers quatre
dimensions : l’art de concilier unité et diversité ; l’art de gérer les relations ; l’art de concevoir
des processus et des apprentissages coopératifs ; l’art de concevoir diverses formes de
régulations et de règles afin d’aboutir à une régulation globale (p. 230).

L’œconomie mobilise plusieurs types de capitaux (matériel, immatériel, humain et naturel).
Aujourd’hui la mobilisation du capital immatériel, humain et naturel joue un rôle plus grand
que celle du capital matériel (p. 244). Elle mobilise également trois types de flux : travail,
ressources naturelles et information. L’enjeu est de se doter d’outils de mesure permettant de
suivre l’évolution de ces capitaux. On remarque enfin, que l’œconomie va au-delà de la simple
substitution du capital au travail en économie.

        b) Catégories de biens et services et les régimes de gouvernance de chacun d’eux

L’auteur distingue quatre catégories de biens et services. Chaque catégorie de biens et de
services appelle un régime de gouvernance spécifique.

Nous reprenons dans un tableau 1, les catégories de biens et de services et les implications sur
les régimes de gouvernance (p. 259-295).

        c) La légitimité de l’œconomie

La légitimité est subjective, elle est « l’expression du sentiment général d’être bien gouverné,
que les contraintes sont exercées au bénéfice de la société » (p. 299). Tout pouvoir doit être
examiné sous l’angle de la légitimité de ses fondements et de la légitimité de son exercice. Pour
l’œconomie, deux questions se posent : la légitimité des acteurs, et celle du système (p. 300).
En général, la légitimité de l’œconomie repose sur des valeurs et principes communs et
reconnus. Son pouvoir doit s’exercer efficacement par des dirigeants compétents et dignes de
foi (p. 318).




                                                  4
Tableau 1        Catégorie 1                  Catégorie 2                   Catégorie 3             Catégorie 4
Définition       B/S qui se détruisent par    B/S qui se divisent par le    B/S qui se divisent     B/S qui se multiplient
                 le partage                   partage et en quantité        par le partage en       par le partage
                                              finie                         quantité
                                                                            indéterminée
Exemple          monument, ville,             eau, énergie, sols fertiles   transport, loisir       amour, joie, code
                 biodiversité des                                                                   génétique, semences
                 écosystèmes                                                                        paysannes
Régime de        peut-être d’intérêt          le principe des quotas        relevant des            gratuité et
gouvernance      mondial, mais gestion        négociables à différentes     mécanismes de           mutualisation
                 localisée                    échelles semble               marché
                                              s’imposer
Autres           ils sont le résultat soit    deux conditions               ils proposent une       deux fonctions : usage
                 d’une action ponctuelle,     nécessaires à leur            combinaison             direct et facteur de
                 soit d’une myriade           gestion : équité et           nouvelle des            production
                 d’actions et de décisions,   efficacité.                   préférences
                 externes à la sphère des                                   collectives et
                 biens marchands.                                           individuelles


                     d) Œconomie, démocratie et citoyenneté

             L’auteur part du constat selon lequel la « démocratie est en miettes et la citoyenneté3 a perdu
             beaucoup de son sens premier » (p. 348). Les facteurs de crise sont les suivants :
             - la démocratie a changé d’échelle d’espace et de temps ;
             - une augmentation de la complexité de nos sociétés qui transforme la nature et les formes de
             l’action politique.

             Le débat politique dans l’œconomie nécessite un renouvellement qui passe notamment par le
             passage d’une temporalité courte à une temporalité longue (p. 355), et par une adaptation des
             concepts et représentations. Pour conduire le changement, la fonction du politique est
             indispensable : faire converger les efforts des différentes catégories d’acteurs, penser le
             changement à différentes échelles, en organiser les étapes (p. 358).

                     e) Le territoire, acteur pivot du 21ème siècle : fondements philosophiques et techniques
                        de l’œconomie territoriale

             Pour l’auteur, le développement économique et social s’organise à l’échelle du territoire, axe
             horizontal et en filières de production internationalisées, axe vertical. Le territoire jouera un
             rôle croissant au fur et à mesure de la transition de l’économie à l’œconomie pour quatre
             raisons :
             - le territoire est un bon niveau de gestion de l’activité humaine dans la biosphère ;
             - l’action des villes est fondamentale pour la réussite de la gestion sociale ;
             - l’action des villes sur la consommation d’énergie est également fondamentale ;
             - enfin, le territoire s’impose dans l’économie de la connaissance.

             Le territoire sera dans l’œconomie un acteur pivot : revalorisé, il assure les liens sociaux, la
             relation avec les autres sociétés et avec la biosphère (p. 386), l’organisation verticale en filières
             de production devant être conservée. Le territoire mobilise à la fois les capitaux (matériels,
             immatériels, humain et naturel) et les ressources (du travail humain, naturelles et de
             l’information), et occupe une place centrale dans les régimes de gouvernance des différentes
             catégories de biens et de services (p. 408).



             3
              La citoyenneté est « l’ensemble des attitudes, droits et devoirs qui découle de la participation au destin
             commun », p. 349.

                                                                  5
f) Les agencements institutionnels de l’œconomie

A quoi ressemblent les agencements institutionnels de l’œconomie ? Ils doivent poursuivre
simultanément les différents objectifs généraux de la gouvernance (paix, cohésion sociale, etc.),
respecter les principes de gouvernance, faciliter la gestion des relations et prendre en compte le
long terme (p. 428), renforcer la conscience de former une communauté (p. 430), soutenir unité
et diversité, garantir l’exercice de la responsabilité des acteurs (p. 432), contribuer à
l’intelligibilité du monde (p. 433).

Sur le plan mondial, la filière de production, d’échange et de consommation sera l’agencement
institutionnel majeur. Cette thèse défendue par l’auteur est soutenue par plusieurs évolutions :
l’évolution du système de production (aujourd’hui intégrés et immenses, p. 435), la place
prioritaire donnée au développement durable, la normalisation, l’organisation et les motivations
des consommateurs.

Au niveau du territoire, l’auteur propose de créer une Agence œconomique territoriale (AOT),
voisine de la Community Interest Company (CIC) anglaise (p. 453), qu’il considère comme un
architecte. L’AOT est au service des buts généraux de la société (p. 455), n’a pas de statut type,
est dépositaire de tous les apprentissages de gestion des biens de différentes catégories,
contribue à la démocratie œconomique et permet de construire le lien entre court et long terme,
entre présent et futur (p. 461).

        g) Monnaie et finance

L’auteur part du principe qu’il ne faut pas considérer monnaie et finance comme des disciplines
spécifiques. Il associe monnaie et finance à énergie, parce que ces trois facettes constituent une
même réalité (p. 470). Cela est lié à la financiarisation de l’économie, processus d’unification
des marchés financiers et de transfert du pouvoir des entreprises de production vers la finance
internationale. L’évolution des techniques, l’évolution des sociétés et l’évolution de l’énergie
ont amené à la fusion de la monnaie, la finance et l’énergie (p. 478).

L’auteur examine ensuite la monnaie et la finance sous l’angle des objectifs de gouvernance et
en conclue que le système actuel n’est pas à la hauteur :
- en matière d’harmonie entre humanité et biosphère, la monnaie et la finance ne nous aident
pas ;
- en matière de paix, elles servent et desservent l’objectif à la fois ;
- en matière de cohésion sociale, de développement humain et de préservation des intérêts des
générations futures, elles desservent l’objectif.

Qu’en est-il alors du respect des principes de gouvernance ?
- le système monétaire et financier n’est pas légitime (p. 495) car gouverné par des
irresponsables ;
- il n’intègre ni la démocratie ni la citoyenneté ;
- le partenariat entre acteurs, qui sous-tend l’idée d’un contrat durable, n’existe pas (p. 496) ;
- enfin, l’articulation des échelles de gouvernance n’est pratiquée que par les banques et
assurances mutuelles.

Quelles sont alors les stratégies de changement proposées par l’auteur ?
Les innovateurs sont présents, les théoriciens peinent à trouver leur place, les généralisateurs
contribuent au développement de réseaux internationaux d’innovateurs (en monnaies
complémentaires ou en finance solidaire), les régulateurs ne disposent pas d’un cadre de
gouvernance mondiale et agissent à défaut à l’échelle nationale.

L’auteur conclue que la monnaie unidimensionnelle comme unité de compte et moyen de
paiement masque la réalité des échanges. Il propose d’envisager une monnaie à quatre

                                                6
dimensions : le travail interne à un territoire, le travail fourni par l’extérieur, l’énergie fossile,
les ressources naturelles non renouvelables (sommaire). Il propose également quelques pistes
d’un nouveau système monétaire et financier : nous pourrions créer un système monétaire
fédératif mondial fondé sur la coopération entre les grandes régions du monde (p. 523), ou créer
une monnaie mondiale physique faite d’un panier de marchandises qui viendrait se substituer à
l’étalon or (p. 534).




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Note de lecture_essai_sur_l_oeconomie[1]

  • 1. NOTE DE LECTURE (08/09) « ESSAI SUR L’ŒCONOMIE » PIERRE CALAME (EDS. CHARLES LEOPOLD MAYER, LE LIVRE EQUITABLE) AUTEUR : HELENE ZWICK Synthèse : A partir d’une interrogation : « comment l’humanité dans un contexte de mondialisation, peut- elle concilier les nécessités économiques avec les impératifs de l’écologie et de l’environnement et avec le fait que les ressources naturelles sont limitées ? », l’auteur tente de proposer un « autogouvernement efficace et démocratique ». La première partie décrit les structures gouvernementales, les modèles d’interconnexion et les sources de bien-être humain qu’offre la vie moderne. La seconde partie propose un modèle alternatif à la globalisation mais inséré dans la mondialisation, que l’auteur appelle œconomie. Nous reprenons dans notre note de lecture, la structure en deux parties proposée par l’ouvrage. 1. De la nécessité d’une mutation radicale… a) La compréhension historique de l’évolution des sociétés En reprenant Aristote, l’auteur définit la situation actuelle comme une « situation d’acracie » (p.17), c’est-à-dire « une situation de voir ce qu’il y a à faire, sans trouver un nous le ressort moral et l’énergie pour le faire. » Aujourd’hui la situation mondiale semble difficile : les analyses depuis une quinzaine d’années tentent de décrire le panorama général « d’un mode de développement qui ne parvient pas à construire des sociétés raisonnablement justes et équitables » (p. 19). A. Judge1 par exemple, décrit, selon l’auteur, sept domaines clés : le mal-développement des sociétés ; l’insécurité et la violence ; la dégradation de la biosphère et l’érosion du patrimoine ; les vicissitudes individuelles de la vie ; les drames sociaux ; la gouvernance ; la crise des valeurs morales et éthiques. Trois domaines clés peuvent être recensés dans l’analyse de A. Lalucq : la financiarisation du monde ; les effets de la mondialisation sur la gouvernance, la perte d’autonomie des Etats et les rapports entre pays ; la dégradation de la biosphère. Mais deux limites teintent ce type d’analyse : - la formulation sectorielle des problèmes ; - et, au contraire, la globalisation des analyses. 1 A. Judge (1994), « L’Encyclopédie des problèmes mondiaux et du potentiel humain », Union des associations internationales. 1
  • 2. L’auteur juge nécessaire de différencier ce qui relève de l’ordre naturel de ce qui relève des constructions humaines, afin de distinguer, pour certains domaines, le caractère irréversible du caractère réversible. Pour lui, deux éléments sont irréversibles (p. 25) : les interdépendances entre sociétés, humanité et biosphère (l’espace est désormais « domestique ») et l’évolution des systèmes techniques. Ce qui relève du fruit des circonstances correspond surtout à la globalisation économique (il cite en exemple la construction du marché unique européen, p. 27). L’auteur se livre à un jeu de « déconstruction-reconstruction des différents éléments du système actuel » censé permettre de construire progressivement un système cohérent avec l’état actuel du monde » (p. 39) Quatre exemples sont donnés : - le concept d’entreprise : nous sommes passés de grands systèmes intégrés à un système en réseau dans lequel on s’interroge sur la notion « d’entreprise vide » ; - la monnaie : assiste-t-on aujourd’hui à une séparation des trois fonctions traditionnelles d’une monnaie (moyen de paiement, unité de compte, réserve de valeur) ? - les biens et les services : de la distinction entre services publics et services aux personnes, nous sommes passés à une distinction multiple, de biens et de services qui se détruisent par le partage ; qui se détruisent par le partage mais qui doivent peu à la créativité humaine ; qui se détruisent par le partage et qui doivent à la créativité humaine, et enfin qui se multiplient par le partage. - le capital. Poursuivant sa compréhension des évolutions récentes de notre société, l’auteur opère une décomposition de la société en un système « bio-socio-technique », défini « comme une combinaison plus ou moins harmonieuse de trois sous-systèmes, bioécologique, socio- économique et technique ». La thèse qu’il défend est la suivante : « à chaque étape et en fonction de l’évolution de son système technique, une société se caractérise par des agencements institutionnels2 particuliers au sein desquels émergent un acteur pivot » (p. 42). Ainsi au 20ème siècle, l’entreprise était-elle l’acteur pivot, et ce, quel que soit le mode de régulation (marchande, corporatiste, publique ou sociale-démocrate). Depuis les années 1960, ce sont les firmes multinationales. Pour l’avenir, peut-on penser qu’elles resteront les acteurs pivots ? Selon l’auteur, la réponse est non, argumentée par la position de Georges Soros qui annonce une « restructuration des facteurs et des acteurs » (p. 55). b) La globalisation au centre des attentions Pour l’auteur, il faut aller au-delà du débat pour ou contre la globalisation, puisque l’interdépendance entre les sociétés industrielles ainsi qu’entre les hommes et la biosphère sont irréversibles. Il revient néanmoins sur la position des deux camps, néolibéralisme et altermondialisme, qu’il considère comme parfois « caricaturale », et dont les propositions sont « davantage incantatoires que réelles » (p. 58). - La référence libérale pour l’auteur, est Martin Wolf. Ce dernier a proposé une synthèse de la pensée et des craintes du camp libéral. Si son analyse est pertinente pour l’auteur, elle est néanmoins teintée de quelques limites : d’une part la première mondialisation ne peut pas être réduite à une « vague formidable de progrès humain », de nombreuses sociétés n’en ayant pas bénéficié ; d’autre part, concernant les problèmes environnementaux, l’auteur dénonce le « cynisme » de Martin Wolf (p. 66). - Du côté des altermondialistes, le texte de 2001 de René Passet est la référence de l’auteur. Il apparait difficile de faire une synthèse pour ce camp, mais Pierre Calame tient à souligner que 2 Un agencement institutionnel est une configuration stable de relations entre personnes et institutions. Ce concept est central pour l’œconomie (voir p. 577). 2
  • 3. son « camp se trompe de cible et les alternatives sont nébuleuses. » Il constate également des « dérives dans le portrait de ses adversaires du camp néolibéral et un caractère vague des propositions alternatives ». => au final, pour l’auteur, les deux camps sont « déprimés » (p. 70) c) Les débats doctrinaux des économistes : une réitération du vieux débat entre capitalisme et communisme et l’absence d’alternatives pertinentes Pourquoi une si faible évolution de la science économique dans ses fondements ? L’auteur s’interroge et tente de répondre en précisant que « toute la pensée économique dominante est fondée sur la théorie de l’équilibre général, formalisée par Léon Walras et reformulée dans les années 1950, par Arrow et Debreu. » Or cette théorie est fondée sur deux hypothèses qui apparaissent obsolètes : une vision atemporelle de l’économie d’une part et l’absence de dimension scientifique, d’autre part. Quelles sont alors les alternatives possibles ? Quatre courants de pensée ont émergé, mais leur pertinence reste limitée selon l’auteur : - l’économie du bien-être (p. 127) ; - l’économie responsable, plurielle et solidaire (p. 131) ; - l’économie moins gourmande de matières et d’énergie (p. 139) ; - l’économie-écologie territoriale (p. 155). Pour Pierre Calame, l’intérêt est de savoir comment une société peut changer, et non évoluer. Or ce type de courant s’intéresse à la seconde dimension. d) Des alternatives à la proposition concrète d’une œconomie L’auteur défend la thèse selon laquelle le changement peut se réaliser lorsque trois éléments sont réunis : acteurs, étape et échelle. (i) Les acteurs (qui) : innovateurs (chargés de développer de nouvelles pratiques), théoriciens (constructeurs de doctrines), généralisateurs (capables de générer un changement d’échelle de l’innovation) et régulateurs (institutions publiques surtout) ; (ii) Les étapes (quand, comment) (iii) Les échelles. Le changement se fait alors en quatre temps : d’une prise de conscience de crise, il s’agit de passer à une formulation d’une vision d’entreprise, puis à la recherche d’alliés du changement, pour enfin définir des premiers pas (p. 179). Le changement doit s’opérer d’une économie vers une œconomie, définie par « des règles du jeu de la production et de l’échange qui puissent tout à la fois assurer l’épanouissement des êtres humains, l’équité entre les sociétés, la sauvegarde de la biosphère et des droits des générations futures. L’œconomie est une branche de la gouvernance. » (p. 13) Plus précisément, l’œconomie doit être régie par sept principes (p. 185-187) : 1. c’est une branche de la gouvernance, donc on peut lui appliquer les mêmes principes ; 2. elle organise la production, la répartition et l’utilisation de biens et de services ; 3. elle crée pour cela des acteurs et des agencements institutionnels, des processus et des règles… ; 4. …afin d’assurer à l’humanité tout le bien-être possible… ; 5. …dans un souci constant de préservation et d’enrichissement de la biosphère… ; 6. …en préservant les intérêts, les droits et les capacités d’initiative des générations futures… ; 7. …dans des conditions de responsabilité et d’équité suscitant l’adhésion de tous. 3
  • 4. 2. …à la proposition d’une œconomie Après avoir développé les raisons d’un changement dans une première partie, l’auteur s’intéresse à présent au développement de sa proposition, l’œconomie. a) Une branche de la gouvernance La gouvernance est l’art des sociétés humaines de se gérer. Pour l’auteur, l’art de la gouvernance est une question éternelle (p. 192). Aujourd’hui la gouvernance des sociétés est en crise, du fait de la lenteur de l’évolution des formes et des institutions (p. 193) et du changement d’ampleur, donc de nature, de l’impact de l’activité humaine sur la biosphère (p. 198). Une autre question à aborder est celle du coût des régulations : toute régulation a un coût, financier, écologique et social et l’œconomie n’y échappe pas. Comme l’œconomie est une branche de la gouvernance, elle doit satisfaire aux cinq principes fondamentaux de gouvernance : légitimité et enracinement ; démocratie et citoyenneté ; articulation des échelles de gestion pour combiner au mieux autonomie et cohésion ; pertinence des agencements institutionnels ; coproduction du bien public. L’intérêt d’appliquer l’art de la gouvernance à l’œconomie se manifeste à travers quatre dimensions : l’art de concilier unité et diversité ; l’art de gérer les relations ; l’art de concevoir des processus et des apprentissages coopératifs ; l’art de concevoir diverses formes de régulations et de règles afin d’aboutir à une régulation globale (p. 230). L’œconomie mobilise plusieurs types de capitaux (matériel, immatériel, humain et naturel). Aujourd’hui la mobilisation du capital immatériel, humain et naturel joue un rôle plus grand que celle du capital matériel (p. 244). Elle mobilise également trois types de flux : travail, ressources naturelles et information. L’enjeu est de se doter d’outils de mesure permettant de suivre l’évolution de ces capitaux. On remarque enfin, que l’œconomie va au-delà de la simple substitution du capital au travail en économie. b) Catégories de biens et services et les régimes de gouvernance de chacun d’eux L’auteur distingue quatre catégories de biens et services. Chaque catégorie de biens et de services appelle un régime de gouvernance spécifique. Nous reprenons dans un tableau 1, les catégories de biens et de services et les implications sur les régimes de gouvernance (p. 259-295). c) La légitimité de l’œconomie La légitimité est subjective, elle est « l’expression du sentiment général d’être bien gouverné, que les contraintes sont exercées au bénéfice de la société » (p. 299). Tout pouvoir doit être examiné sous l’angle de la légitimité de ses fondements et de la légitimité de son exercice. Pour l’œconomie, deux questions se posent : la légitimité des acteurs, et celle du système (p. 300). En général, la légitimité de l’œconomie repose sur des valeurs et principes communs et reconnus. Son pouvoir doit s’exercer efficacement par des dirigeants compétents et dignes de foi (p. 318). 4
  • 5. Tableau 1 Catégorie 1 Catégorie 2 Catégorie 3 Catégorie 4 Définition B/S qui se détruisent par B/S qui se divisent par le B/S qui se divisent B/S qui se multiplient le partage partage et en quantité par le partage en par le partage finie quantité indéterminée Exemple monument, ville, eau, énergie, sols fertiles transport, loisir amour, joie, code biodiversité des génétique, semences écosystèmes paysannes Régime de peut-être d’intérêt le principe des quotas relevant des gratuité et gouvernance mondial, mais gestion négociables à différentes mécanismes de mutualisation localisée échelles semble marché s’imposer Autres ils sont le résultat soit deux conditions ils proposent une deux fonctions : usage d’une action ponctuelle, nécessaires à leur combinaison direct et facteur de soit d’une myriade gestion : équité et nouvelle des production d’actions et de décisions, efficacité. préférences externes à la sphère des collectives et biens marchands. individuelles d) Œconomie, démocratie et citoyenneté L’auteur part du constat selon lequel la « démocratie est en miettes et la citoyenneté3 a perdu beaucoup de son sens premier » (p. 348). Les facteurs de crise sont les suivants : - la démocratie a changé d’échelle d’espace et de temps ; - une augmentation de la complexité de nos sociétés qui transforme la nature et les formes de l’action politique. Le débat politique dans l’œconomie nécessite un renouvellement qui passe notamment par le passage d’une temporalité courte à une temporalité longue (p. 355), et par une adaptation des concepts et représentations. Pour conduire le changement, la fonction du politique est indispensable : faire converger les efforts des différentes catégories d’acteurs, penser le changement à différentes échelles, en organiser les étapes (p. 358). e) Le territoire, acteur pivot du 21ème siècle : fondements philosophiques et techniques de l’œconomie territoriale Pour l’auteur, le développement économique et social s’organise à l’échelle du territoire, axe horizontal et en filières de production internationalisées, axe vertical. Le territoire jouera un rôle croissant au fur et à mesure de la transition de l’économie à l’œconomie pour quatre raisons : - le territoire est un bon niveau de gestion de l’activité humaine dans la biosphère ; - l’action des villes est fondamentale pour la réussite de la gestion sociale ; - l’action des villes sur la consommation d’énergie est également fondamentale ; - enfin, le territoire s’impose dans l’économie de la connaissance. Le territoire sera dans l’œconomie un acteur pivot : revalorisé, il assure les liens sociaux, la relation avec les autres sociétés et avec la biosphère (p. 386), l’organisation verticale en filières de production devant être conservée. Le territoire mobilise à la fois les capitaux (matériels, immatériels, humain et naturel) et les ressources (du travail humain, naturelles et de l’information), et occupe une place centrale dans les régimes de gouvernance des différentes catégories de biens et de services (p. 408). 3 La citoyenneté est « l’ensemble des attitudes, droits et devoirs qui découle de la participation au destin commun », p. 349. 5
  • 6. f) Les agencements institutionnels de l’œconomie A quoi ressemblent les agencements institutionnels de l’œconomie ? Ils doivent poursuivre simultanément les différents objectifs généraux de la gouvernance (paix, cohésion sociale, etc.), respecter les principes de gouvernance, faciliter la gestion des relations et prendre en compte le long terme (p. 428), renforcer la conscience de former une communauté (p. 430), soutenir unité et diversité, garantir l’exercice de la responsabilité des acteurs (p. 432), contribuer à l’intelligibilité du monde (p. 433). Sur le plan mondial, la filière de production, d’échange et de consommation sera l’agencement institutionnel majeur. Cette thèse défendue par l’auteur est soutenue par plusieurs évolutions : l’évolution du système de production (aujourd’hui intégrés et immenses, p. 435), la place prioritaire donnée au développement durable, la normalisation, l’organisation et les motivations des consommateurs. Au niveau du territoire, l’auteur propose de créer une Agence œconomique territoriale (AOT), voisine de la Community Interest Company (CIC) anglaise (p. 453), qu’il considère comme un architecte. L’AOT est au service des buts généraux de la société (p. 455), n’a pas de statut type, est dépositaire de tous les apprentissages de gestion des biens de différentes catégories, contribue à la démocratie œconomique et permet de construire le lien entre court et long terme, entre présent et futur (p. 461). g) Monnaie et finance L’auteur part du principe qu’il ne faut pas considérer monnaie et finance comme des disciplines spécifiques. Il associe monnaie et finance à énergie, parce que ces trois facettes constituent une même réalité (p. 470). Cela est lié à la financiarisation de l’économie, processus d’unification des marchés financiers et de transfert du pouvoir des entreprises de production vers la finance internationale. L’évolution des techniques, l’évolution des sociétés et l’évolution de l’énergie ont amené à la fusion de la monnaie, la finance et l’énergie (p. 478). L’auteur examine ensuite la monnaie et la finance sous l’angle des objectifs de gouvernance et en conclue que le système actuel n’est pas à la hauteur : - en matière d’harmonie entre humanité et biosphère, la monnaie et la finance ne nous aident pas ; - en matière de paix, elles servent et desservent l’objectif à la fois ; - en matière de cohésion sociale, de développement humain et de préservation des intérêts des générations futures, elles desservent l’objectif. Qu’en est-il alors du respect des principes de gouvernance ? - le système monétaire et financier n’est pas légitime (p. 495) car gouverné par des irresponsables ; - il n’intègre ni la démocratie ni la citoyenneté ; - le partenariat entre acteurs, qui sous-tend l’idée d’un contrat durable, n’existe pas (p. 496) ; - enfin, l’articulation des échelles de gouvernance n’est pratiquée que par les banques et assurances mutuelles. Quelles sont alors les stratégies de changement proposées par l’auteur ? Les innovateurs sont présents, les théoriciens peinent à trouver leur place, les généralisateurs contribuent au développement de réseaux internationaux d’innovateurs (en monnaies complémentaires ou en finance solidaire), les régulateurs ne disposent pas d’un cadre de gouvernance mondiale et agissent à défaut à l’échelle nationale. L’auteur conclue que la monnaie unidimensionnelle comme unité de compte et moyen de paiement masque la réalité des échanges. Il propose d’envisager une monnaie à quatre 6
  • 7. dimensions : le travail interne à un territoire, le travail fourni par l’extérieur, l’énergie fossile, les ressources naturelles non renouvelables (sommaire). Il propose également quelques pistes d’un nouveau système monétaire et financier : nous pourrions créer un système monétaire fédératif mondial fondé sur la coopération entre les grandes régions du monde (p. 523), ou créer une monnaie mondiale physique faite d’un panier de marchandises qui viendrait se substituer à l’étalon or (p. 534). 7