SlideShare uma empresa Scribd logo
1 de 34
Baixar para ler offline
Les enjeux pour les intervenants du
suicide, du suicide assisté et de
l’euthanasie des personnes atteintes
d’une maladie terminale ou
dégénérative
Brian L. Mishara, Ph.D.
Directeur, Centre de recherche et d’intervention sur le suicide et l’euthanasie(CRISE)
Professeur, Département de psychologie
13 avril 2012
Webinaire du CRISE 12h-13h
www.crise.ca
mishara.brian@uqam.ca
Brian Mishara - Webinaire du CRISE - 2012
Plan
 Quelle est la différence entre une personne suicidaire et une
personne qui veut mourir par euthanasie ou suicide assisté ?
 Décrire les 7 méthodes intentionnelles pour abréger la vie
ainsi que les croyances qui conduisent à être en faveur de ces
pratiques;
 Présenter les résultats des recherches qui peuvent éclairer nos
hypothèses de bases;
 Discuter les différences éthiques et pratiques entre le suicide
assisté et l’euthanasie;
 Quelle est la différence entre les interventions auprès des
personnes suicidaires et les personnes qui veulent mourir par
euthanasie ou suicide assisté ?
 Brièvement discuter des recommandations de Commission
spéciale sur la question de mourir dans la dignité de
l’Assemblée nationale du Québec;
 Tirer quelques conclusions avec des implications pour les
intervenants
Brian Mishara - Webinaire du CRISE - 2012
 Quelle est la différence entre une
personne suicidaire et une personne
qui veut mourir par euthanasie ou
suicide assisté ?
Brian Mishara - Webinaire du CRISE - 2012
Background: Sept méthodes intentionnelles
pour abréger la vie
 1) Suicide:
 Se tuer;
 Intention de mourir –seulement pour
arrêter de souffrir (ambiguïté);
 Causé par la personne elle-même;
 90 % souffrent de troubles mentaux;
 Légal au Canada, États-Unis et Europe,
mais tentatives de suicide illégales dans
presque la moitié des pays au monde
(mais peu de poursuites)
Brian Mishara - Webinaire du CRISE - 2012
Sept méthodes intentionnelles
pour abréger la vie
 2) Refus de traitement:
 Perspective de mort "naturelle";
 Intention de ne pas prolonger la vie;
 Légal au Canada.
 3) Arrêt de traitement:
 Mort "naturelle" à court terme;
 Intention de mourir;
 Légal au Canada.
Brian Mishara - Webinaire du CRISE - 2012
Sept méthodes intentionnelles
pour abréger la vie
 4) Double effet:
 Espérance de vie abrégée par médicament
utilisé pour soulager la douleur/souffrance;
 Intention: diminuer douleur/souffrance;
 Légal au Canada.
Brian Mishara - Webinaire du CRISE - 2012
Sept méthodes intentionnelles
pour abréger la vie
 5) Homicide:
 Être tué par quelqu'un:
 Sans ou avec compassion
 Sans ou avec intention de mourir
 Intentionnel ou par accident
 Illégal au Canada
Brian Mishara - Webinaire du CRISE - 2012
Sept méthodes intentionnelles
pour abréger la vie
 6) Euthanasie:
 Vie arrêtée (« tué ») par un médecin ou autre
personne, par compassion;
 Intention de mourir (théoriquement moins ambigüe
– mais toujours pour arrêter de souffrir ou pour
avoir une mort « digne »);
 Souvent, les personnes avec troubles mentaux sont
exclues;
 Légal: Pays-Bas, Belgique, Luxembourg (en
Australie, pendant 9 mois, en 1996-97);
 Illégal: considéré un homicide au Canada.
 Légalisation recommandée par la Commission
spéciale sur la question de mourir dans la dignité
de l’Assemblée nationale du Québec, mais appelé
« aide médicale à mourir »
Brian Mishara - Webinaire du CRISE - 2012
Sept méthodes intentionnelles
pour abréger la vie
 7) Suicide assisté:
 Se tuer
 Intention de mourir (théoriquement moins
ambigüe)
 Médecin fournit les moyens:
 Légal: états d’Oregon et Washington –
légalisé;
 Suisse - n'a jamais été illégal, pratiqué
 Pays-Bas – légalisé (peu utilisé)
 Illégal au Canada
Brian Mishara - Webinaire du CRISE - 2012
Pour être en faveur de légaliser le suicide assisté ou
l'euthanasie, il faut:
 1) Croire que c'est moralement acceptable et
savoir ce que vous appuyez;
 2) Conclure que les méthodes légales pour
abréger la vie au Canada ne sont pas
suffisantes;
 3) Déterminer qu’on peut implanter ces
pratiques dans notre contexte culturel;
 4) Juger que les bénéfices justifient les
risques encourus.
Brian Mishara - Webinaire du CRISE - 2012
Et si vous décidez qu’il faut légaliser ces pratiques, il
faut :
 5) Déterminer lequel (suicide assisté OU
euthanasie OU les deux);
 6) Décider QUI aura accès au suicide
assisté ou à l’euthanasie;
 7) Assurer que le suicide assisté ou
l’euthanasie ne deviennent pas un
substitut à de bons soins palliatifs.
Brian Mishara - Webinaire du CRISE - 2012
Quelques constats des recherches contemporaines
 La populations générale est confuse:
 On ne sait pas faire la différence entre
l’euthanasie et le suicide assisté;
 Souvent on croit que légaliser
l’euthanasie ou le suicide assisté veut
dire légaliser des pratiques de fin de vie
qui sont déjà légales;
 Plus on est confus, plus on a tendance à
être en faveur de la légalisation de ces
pratiques.
(Marcoux, Mishara & Durand, 2006)
Brian Mishara - Webinaire du CRISE - 2012
Quelques constats des recherches contemporaines :
pourquoi nous désirons mourir
 Les personnes atteintes du cancer veulent abréger leur vie
quand elles souffrent physiquement;
 Quand la souffrance des personnes est soulagée, le désir
d’une mort prématurée disparaît;
 Les personnes handicapées veulent moins souvent se
suicider que les personnes sans handicaps;
 La personnes mourantes peuvent être déprimées à cause
des effets secondaires des traitements (médicaments) et
vouloir mourir – mais on peut renverser ces dépressions
iatrogéniques;
 Il existe quelques exceptions (par exemple, personnes
traitées par hémodialyse)
Brian Mishara - Webinaire du CRISE - 2012
Quelques constats des recherches contemporaines
 Les médecins ne sont pas capables de
déterminer quand leurs patients vont mourir:
 Insuffisance cardiaque congestive : taux de
survie après 6 mois était 6 fois plus élevé que
celui prédit par les médecins;
 En général, le taux de survie était 2 fois plus
élevé que selon les prédictions des médecins.
(Lynn et al, 1996)
Brian Mishara - Webinaire du CRISE - 2012
Quelques constats des recherches contemporaines
 Est-on "rationnel" quand on souffre?
 Pourquoi les décisions en rapport avec la mort
devraient-elles être rationnelles alors que les
décisions les plus importantes dans la vie sont
émotives?
Brian Mishara - Webinaire du CRISE - 2012
Quelques constats des recherches contemporaines :
on change d’avis
Aux Pays-Bas:
1,933 morts par euthanasie en 2005, du total de
136,402 décès (1.4% des décès), souvent dans
les derniers jours de la vie
 55-66% des demandes sont refusées
 parce qu’il faut d’abord tout faire pour soulager
la souffrance avant d’abréger la vie
 Et il est rare que les malades revendiquent encore
l'euthanasie lorsque leurs souffrances sont
soulagées
 Donc la volonté de mourir par euthanasie peut
souvent changer si on soulage la souffrance
Brian Mishara - Webinaire du CRISE - 2012
Quelques constats des recherches contemporaines :
on change d’avis
 En Oregon :
 Les demandes de suicide assisté sont rares:
 85 ordonnances médicaments létaux 2007 (88 en 2008)
 approximativement 32,000 morts en Oregon 2007
 46 des 85 personnes ont pris les médicaments
 26 des 85 personnes sont mortes de leur maladie
 539 ordonnances médicaments létaux 1998-2007
 341 des 539 ont pris les médicaments
 Donc, peu de demandes
 37% ne s'en servent pas: donc pour eux il y changement
d'avis (ambivalence) ou présence de l'option offre du
réconfort
Brian Mishara - Webinaire du CRISE - 2012
Quelques constats des recherches contemporaines :
on change d’avis
 Mes recherches sur le SIDA:
 Pas de corrélation significative entre les désirs et
intentions de mourir par suicide et suicide assisté
6 mois plus tard, ni de relations avec les vraies
décisions de fin de vie
Brian Mishara - Webinaire du CRISE - 2012
Discussion des 24 recommandations de Commission
spéciale sur la question de mourir dans la dignité de
l’Assemblée nationale du Québec
 > accès aux soins palliatifs et formation
des médecins
 Accent mis sur soins palliatifs à domicile
 > communications et respect des
directives médicales anticipées
 Légalisation de l’euthanasie, appelé
« aide médicale à mourir »
Brian Mishara - Webinaire du CRISE - 2012
Discussion des recommandations de Commission
spéciale sur la question de mourir dans la dignité de
l’Assemblée nationale du Québec
 J’ai suggéré : Pour être en faveur de
légaliser le suicide assisté ou
l'euthanasie, il faut:
 1) Croire que c'est moralement acceptable et savoir ce que vous
appuyez; - Le comité pense que les Québécois sont favorables à
la légalisation sans préoccupation morale
 2) Conclure que les méthodes légales pour abréger la vie au
Canada ne sont pas suffisantes; - Le comité indique qu’il existe
un petite minorité des personnes pour lesquelles les soins
palliatifs ne sont pas suffisants
Brian Mishara - Webinaire du CRISE - 2012
Discussion des recommandations de Commission
spéciale sur la question de mourir dans la dignité de
l’Assemblée nationale du Québec
 Pour être en faveur de légaliser le
suicide assisté ou l'euthanasie, il faut:
3) Déterminer qu’on peut implanter ces pratiques dans notre
contexte culturel – Le comité croit que les médecins peuvent
prendre les décisions nécessaires pour pratiquer l’euthanasie
comme « un soin de fin de vie »
 4) Juger que les bénéfices justifient les risques encourus. Le
comité pense que les risques potentiels peuvent êtres minimisés
par les règlements proposées
Brian Mishara - Webinaire du CRISE - 2012
Discussion des recommandations de Commission
spéciale sur la question de mourir dans la dignité de
l’Assemblée nationale du Québec
 Pour être en faveur de légaliser le
suicide assisté ou l'euthanasie, il faut:
 5) Déterminer lequel (suicide assisté OU euthanasie OU les
deux); Le comité recommande seulement l’euthanasie parce
que « toute ouverture doit se situer dans le contexte d’une
continuité des soins » (Le comité conçoit l’euthanasie
comme un « soin » médical, mais pas le suicide assisté)
Brian Mishara - Webinaire du CRISE - 2012
Discussion des recommandations de Commission
spéciale sur la question de mourir dans la dignité de
l’Assemblée nationale du Québec
 Pour être en faveur de légaliser le suicide
assisté ou l'euthanasie, il faut:
6) Décider QUI aura accès au suicide assisté ou à
l’euthanasie; Critères pour accès à l’euthanasie (« aide
médicale à mourir ») :
 Résident du Québec
 Majeur et apte à consentir aux soins
 Exprime personnellement une demande d’aide médicale à mourir, « à la
suite d’une prise de décision libre et éclairée »
 Personne est atteinte d’une maladie « grave ou incurable »
 « déchéance avancée des ses capacités, sans aucune perspective
d’amélioration »
 Personne « éprouve des souffrances physiques ou psychologiques
constantes, insupportables et qui ne peuvent pas être apaisées dans des
conditions qu’elle juge tolérables »
Brian Mishara - Webinaire du CRISE - 2012
Discussion des recommandations de Commission
spéciale sur la question de mourir dans la dignité de
l’Assemblée nationale du Québec
 Pour être en faveur de légaliser le
suicide assisté ou l'euthanasie, il faut:
7) S’assurer que le suicide assisté ou l’euthanasie ne deviennent
pas un substitut à de bons soins palliatifs. On doit rendre les
soins palliatifs disponibles à l’ensemble de la population, mais
« il est irréaliste de croire que les soins palliatifs seront offerts à
l’ensemble de la population québécoise dans un avenir
immédiat » « Pareillement à toute démarche … d’autoriser une
aide à mourir, des efforts considérables devront êtres fournis
pour offrir les soins palliatifs de qualité à toutes les personnes
qui en ont besoin »
Brian Mishara - Webinaire du CRISE - 2012
Discussion des recommandations de Commission
spéciale sur la question de mourir dans la dignité de
l’Assemblée nationale du Québec
 Même si on accepte les recommandations en
générale, le diable est dans les détails :
 Le système « d’hospice » aux États-Unis, Angleterre et
autres pays, où les soins à domicile sont intégrer avec les
lits utilisés majoritairement pour hébergement temporaire de
« répit » sauvent au moins 1,26$ pour chaque 1 $ investi.
Notre système de lits à l’hôpital et services à domicile offerts
par les CLSC ne permet pas une continuité de soins avec
utilisation flexible de « répit » pour la famille et coûte cher.
Malgré la bonne qualité des services offerts aujourd’hui,
peut-être doit-on considérer restructurer notre système de
soins palliatifs pour le rendre rentable et mieux répondre
aux besoins ?
Brian Mishara - Webinaire du CRISE - 2012
Discussion des recommandations de Commission
spéciale sur la question de mourir dans la dignité de
l’Assemblée nationale du Québec
 Le diable est dans les détails aussi dans les
recommandations de légaliser l’euthanasie:
 Le médecin traitant doit consulter un autre médecin; mais
sans l’obligation (par exemple dans les Pays-Bas) qu’un
deuxième médecin doive rencontrer la personne (pas juste
consulter avec le médecin traitant).
 Pas d’obligation que « toutes les autres interventions pour
soulager la souffrance physique et psychique ont été
essayées avant d’avoir recours à la mort pour soulager la
souffrance » (raison de refus de >50% des demandes dans
les Pays-Bas, et les demandeurs ne reviennent pas avec une
demande de mourir lorsqu’ils reçoivent d’autres soins)
Brian Mishara - Webinaire du CRISE - 2012
Discussion des recommandations de Commission
spéciale sur la question de mourir dans la dignité de
l’Assemblée nationale du Québec
 Le diable est dans les détails aussi dans les
recommandations de légaliser l’euthanasie
 Est-ce qu’on veut vraiment que l’euthanasie (« aide médicale
à mourir ») s’ajoute simplement dans « la continuité des
soins », ou est-ce que le fait d’arrêter la vie d’un être humain
doit être considéré dans un catégorie à part – vraiment
exceptionnel et différent des « soins »?
 Au moins 40% des personnes qui ont convaincu 2 médecins
qu’elles doivent mourir et qui obtiennentt des médicaments
pour suicide assisté en Oregon changent d’avis et décident de
continuer à vivre malgré leur maladie terminale. Est-ce que
c’est aussi facile de changer d’avis quand le médecin arrive
pour arrêter ma vie (pratiquer « aide médicale à mourir »), et
à plusieurs reprises si je veux ? Doit-on d’abord considérer le
suicide assisté pour protéger le droit de changer d’avis ?
Brian Mishara - Webinaire du CRISE - 2012
 Quelle est la différence entre les interventions
auprès des personnes suicidaires et les
personnes qui veulent mourir par euthanasie
ou suicide assiste ?
Brian Mishara - Webinaire du CRISE - 2012
Conclusions
 1) En général, on veut mourir quand on souffre
(souffrance mentale ou physique) et on ne veut pas
mourir quand nos souffrances sont soulagées;
 Donc, la société a une responsabilité morale de tenter
de soulager la souffrance par de bons soins avant le
recours à la mort.
 Les intervenants doivent:
 soigneusement évaluer l’ensemble des sources de
souffrances physiques et mentales (y inclus
iatrogéniques)
 déterminer les traitements déjà essayés et
 Référer et accompagner à suivre d’autres
traitements et interventions, y inclus le soutien
social
Brian Mishara - Webinaire du CRISE - 2012
Conclusions
 2) Les prises de décision des êtres humains
sont rarement rationnelles, encore moins en
fin de vie;
 Il faut donc soulager la souffrance pour avoir
une vision claire, et lorsqu'on soulage la
souffrance, les désirs de mourir ont tendance
à disparaître
 Les intervenants doivent:
 Ne pas s’embarquer dans les discussions
rationnelles et logiques
 Centrer sur les émotions vécues et les
mécanismes d’adaptation utilisés
 Appuyer la partie de la personne qui cherche
d’autres solutions
Brian Mishara - Webinaire du CRISE - 2012
Conclusions
 3) Les médecins sont incapables de prédire
quand nous allons mourir et quand nous
sommes au stade terminal;
 On ne peut donc pas se fier aux médecins
pour déterminer quand on est au stade
terminal.
 Les intervenants doivent:
 Ne pas présumer que la fin est proche seulement
sur les constats du patient, même si le patient dit
que le médecin l’a déclaré en « phase terminale »
 Ne pas se servir d’un diagnostic de « stade
terminal » pour raison d’intervenir autrement
Brian Mishara - Webinaire du CRISE - 2012
Conclusions
 4) L’ambivalence règne
 Même ceux qui ont décidé de mourir et ont obtenu
les moyens pour le faire changent d’avis
fréquemment – s'ils peuvent;
 Nous avons de la difficulté à prédire ce que nous
allons faire vers la fin de la vie;
 Il faut croire qu’au moins 40 % des gens vont
changer d’avis au lieu de croire que les décisions
sont irrévocables.
 Les intervenants doivent :
 Augmenter les possibilités et occasions pour
changer d’avis et savoir que changer d’avis est
la norme
Brian Mishara - Webinaire du CRISE - 2012
Conclusions
 6) Par rapport à la légalisation, si vous voulez
légaliser quelque chose il faut soigneusement
évaluer les avantages du suicide assisté en
lieu et place de l'euthanasie:
 Avec le suicide assisté, on peut plus facilement
changer d'avis si on veut (et c'est ce qu'on fait
souvent)
Brian Mishara - Webinaire du CRISE - 2012
Les enjeux pour les intervenants du
suicide, du suicide assisté et de
l’euthanasie des personnes atteintes
d’une maladie terminale ou
dégénérative
Brian L. Mishara, Ph.D.
Directeur, Centre de recherche et d’intervention sur le suicide et l’euthanasie(CRISE)
Professeur, Département de psychologie
13 avril 2012
Webinaire du CRISE 12h-13h
www.crise.ca
mishara.brian@uqam.ca
Brian Mishara - Webinaire du CRISE - 2012

Mais conteúdo relacionado

Semelhante a CRISE - WEBINAIRE 2012 - Brian Mishara - Les enjeux pour les intervenants du suicide, du suicide assisté et de l'euthanasie des personnes atteintes d'une maladie terminale ou dégénérative

Entre la compassion et le caractère sacré de la vie - Euthanasie - Loi 52 - Q...
Entre la compassion et le caractère sacré de la vie - Euthanasie - Loi 52 - Q...Entre la compassion et le caractère sacré de la vie - Euthanasie - Loi 52 - Q...
Entre la compassion et le caractère sacré de la vie - Euthanasie - Loi 52 - Q...Jocelyn Girard
 
Psychologie des erreurs de raisonnement
Psychologie des erreurs de raisonnementPsychologie des erreurs de raisonnement
Psychologie des erreurs de raisonnementAymery Constant
 
Ocasi discours principal rev fr
Ocasi discours principal rev frOcasi discours principal rev fr
Ocasi discours principal rev frocasiconference
 
Le slam : consommation à risque et enjeux de la prévention
Le slam : consommation à risque et enjeux de la préventionLe slam : consommation à risque et enjeux de la prévention
Le slam : consommation à risque et enjeux de la préventionCripsIDF
 
Présentation Christine Thoër 16 février ISSS
Présentation Christine Thoër 16 février ISSSPrésentation Christine Thoër 16 février ISSS
Présentation Christine Thoër 16 février ISSSComSanté
 
Pourquoi « le social » est essentiel pour un cadre intégrateur des sciences h...
Pourquoi « le social » est essentiel pour un cadre intégrateur des sciences h...Pourquoi « le social » est essentiel pour un cadre intégrateur des sciences h...
Pourquoi « le social » est essentiel pour un cadre intégrateur des sciences h...Université de Montréal
 
La Place des Enfants et Leurs Familles au Mouvement de Santé Mentale Globale ...
La Place des Enfants et Leurs Familles au Mouvement de Santé Mentale Globale ...La Place des Enfants et Leurs Familles au Mouvement de Santé Mentale Globale ...
La Place des Enfants et Leurs Familles au Mouvement de Santé Mentale Globale ...Université de Montréal
 
Au-delà des soins partagés - Santé mentale globale et collaboration transd...
Au-delà des soins partagés - Santé mentale globale et collaboration transd...Au-delà des soins partagés - Santé mentale globale et collaboration transd...
Au-delà des soins partagés - Santé mentale globale et collaboration transd...Université de Montréal
 
séance 11 La démarche éthique.pptx
séance 11 La démarche éthique.pptxséance 11 La démarche éthique.pptx
séance 11 La démarche éthique.pptxwziko14
 
Dossier : Des soins palliatifs à la sédation profonde : un nouvel équilibre ...
Dossier : Des soins palliatifs à la sédation profonde :  un nouvel équilibre ...Dossier : Des soins palliatifs à la sédation profonde :  un nouvel équilibre ...
Dossier : Des soins palliatifs à la sédation profonde : un nouvel équilibre ...MarrauddesGrottes
 
Les_100_remèdes_naturels_qui_font_trembler_Big_Pharma_version_non.pdf
Les_100_remèdes_naturels_qui_font_trembler_Big_Pharma_version_non.pdfLes_100_remèdes_naturels_qui_font_trembler_Big_Pharma_version_non.pdf
Les_100_remèdes_naturels_qui_font_trembler_Big_Pharma_version_non.pdfJoPi6
 
Cours 1 Approche à la santé mentale
Cours 1 Approche à la santé mentaleCours 1 Approche à la santé mentale
Cours 1 Approche à la santé mentaleMichel Perrier
 

Semelhante a CRISE - WEBINAIRE 2012 - Brian Mishara - Les enjeux pour les intervenants du suicide, du suicide assisté et de l'euthanasie des personnes atteintes d'une maladie terminale ou dégénérative (20)

Les meilleures pratiques de prévention du suicide
Les meilleures pratiques de prévention du suicideLes meilleures pratiques de prévention du suicide
Les meilleures pratiques de prévention du suicide
 
CRISE- INSTITUT 2013 ÉTÉ - Michèle Marchand - La souffrance comme justificati...
CRISE- INSTITUT 2013 ÉTÉ - Michèle Marchand - La souffrance comme justificati...CRISE- INSTITUT 2013 ÉTÉ - Michèle Marchand - La souffrance comme justificati...
CRISE- INSTITUT 2013 ÉTÉ - Michèle Marchand - La souffrance comme justificati...
 
Rejet de la religion et attitude à l'égard de l'euthanasie chez les baby-boomers
Rejet de la religion et attitude à l'égard de l'euthanasie chez les baby-boomersRejet de la religion et attitude à l'égard de l'euthanasie chez les baby-boomers
Rejet de la religion et attitude à l'égard de l'euthanasie chez les baby-boomers
 
Entre la compassion et le caractère sacré de la vie - Euthanasie - Loi 52 - Q...
Entre la compassion et le caractère sacré de la vie - Euthanasie - Loi 52 - Q...Entre la compassion et le caractère sacré de la vie - Euthanasie - Loi 52 - Q...
Entre la compassion et le caractère sacré de la vie - Euthanasie - Loi 52 - Q...
 
Psychologie des erreurs de raisonnement
Psychologie des erreurs de raisonnementPsychologie des erreurs de raisonnement
Psychologie des erreurs de raisonnement
 
Ocasi discours principal rev fr
Ocasi discours principal rev frOcasi discours principal rev fr
Ocasi discours principal rev fr
 
Le slam : consommation à risque et enjeux de la prévention
Le slam : consommation à risque et enjeux de la préventionLe slam : consommation à risque et enjeux de la prévention
Le slam : consommation à risque et enjeux de la prévention
 
Présentation Christine Thoër 16 février ISSS
Présentation Christine Thoër 16 février ISSSPrésentation Christine Thoër 16 février ISSS
Présentation Christine Thoër 16 février ISSS
 
Pourquoi « le social » est essentiel pour un cadre intégrateur des sciences h...
Pourquoi « le social » est essentiel pour un cadre intégrateur des sciences h...Pourquoi « le social » est essentiel pour un cadre intégrateur des sciences h...
Pourquoi « le social » est essentiel pour un cadre intégrateur des sciences h...
 
L'impact du suicide d'un travailleur sur ses collègues
L'impact du suicide d'un travailleur sur ses collèguesL'impact du suicide d'un travailleur sur ses collègues
L'impact du suicide d'un travailleur sur ses collègues
 
La Place des Enfants et Leurs Familles au Mouvement de Santé Mentale Globale ...
La Place des Enfants et Leurs Familles au Mouvement de Santé Mentale Globale ...La Place des Enfants et Leurs Familles au Mouvement de Santé Mentale Globale ...
La Place des Enfants et Leurs Familles au Mouvement de Santé Mentale Globale ...
 
CRISE - INSTITUT ÉTÉ 2013 - Mélanie Vachon
CRISE - INSTITUT ÉTÉ 2013 - Mélanie VachonCRISE - INSTITUT ÉTÉ 2013 - Mélanie Vachon
CRISE - INSTITUT ÉTÉ 2013 - Mélanie Vachon
 
Au-delà des soins partagés - Santé mentale globale et collaboration transd...
Au-delà des soins partagés - Santé mentale globale et collaboration transd...Au-delà des soins partagés - Santé mentale globale et collaboration transd...
Au-delà des soins partagés - Santé mentale globale et collaboration transd...
 
CRISE - INSTITUT ÉTÉ 2013 - Michel T. Giroux
CRISE - INSTITUT ÉTÉ 2013 - Michel T. GirouxCRISE - INSTITUT ÉTÉ 2013 - Michel T. Giroux
CRISE - INSTITUT ÉTÉ 2013 - Michel T. Giroux
 
séance 11 La démarche éthique.pptx
séance 11 La démarche éthique.pptxséance 11 La démarche éthique.pptx
séance 11 La démarche éthique.pptx
 
Dossier : Des soins palliatifs à la sédation profonde : un nouvel équilibre ...
Dossier : Des soins palliatifs à la sédation profonde :  un nouvel équilibre ...Dossier : Des soins palliatifs à la sédation profonde :  un nouvel équilibre ...
Dossier : Des soins palliatifs à la sédation profonde : un nouvel équilibre ...
 
Perception sociale de la fin de vie et aide médicale à mourir
Perception sociale de la fin de vie et aide médicale à mourirPerception sociale de la fin de vie et aide médicale à mourir
Perception sociale de la fin de vie et aide médicale à mourir
 
Les_100_remèdes_naturels_qui_font_trembler_Big_Pharma_version_non.pdf
Les_100_remèdes_naturels_qui_font_trembler_Big_Pharma_version_non.pdfLes_100_remèdes_naturels_qui_font_trembler_Big_Pharma_version_non.pdf
Les_100_remèdes_naturels_qui_font_trembler_Big_Pharma_version_non.pdf
 
Facteurs facilitants et obstacles à la réintégration professionnelle après un...
Facteurs facilitants et obstacles à la réintégration professionnelle après un...Facteurs facilitants et obstacles à la réintégration professionnelle après un...
Facteurs facilitants et obstacles à la réintégration professionnelle après un...
 
Cours 1 Approche à la santé mentale
Cours 1 Approche à la santé mentaleCours 1 Approche à la santé mentale
Cours 1 Approche à la santé mentale
 

Mais de Centre de recherche et d'intervention sur le suicide, enjeux éthiques et pratiques de fin de vie

Mais de Centre de recherche et d'intervention sur le suicide, enjeux éthiques et pratiques de fin de vie (20)

Comprendre le suicide et sa prévention chez les personnes ayant une DI ou un TSA
Comprendre le suicide et sa prévention chez les personnes ayant une DI ou un TSAComprendre le suicide et sa prévention chez les personnes ayant une DI ou un TSA
Comprendre le suicide et sa prévention chez les personnes ayant une DI ou un TSA
 
The Interplay of Borderline Personality and Conduct Disorders Among Previousl...
The Interplay of Borderline Personality and Conduct Disorders Among Previousl...The Interplay of Borderline Personality and Conduct Disorders Among Previousl...
The Interplay of Borderline Personality and Conduct Disorders Among Previousl...
 
Female Spouses and Their Preparation for the Death of Their Loved One: Prelim...
Female Spouses and Their Preparation for the Death of Their Loved One: Prelim...Female Spouses and Their Preparation for the Death of Their Loved One: Prelim...
Female Spouses and Their Preparation for the Death of Their Loved One: Prelim...
 
The Challenges of Detecting Suicidal Callers in Text-Based Youth Helplines
The Challenges of Detecting Suicidal Callers in Text-Based Youth HelplinesThe Challenges of Detecting Suicidal Callers in Text-Based Youth Helplines
The Challenges of Detecting Suicidal Callers in Text-Based Youth Helplines
 
Qui sont les utilisateurs actifs d'un forum pro-suicide facilement accessible...
Qui sont les utilisateurs actifs d'un forum pro-suicide facilement accessible...Qui sont les utilisateurs actifs d'un forum pro-suicide facilement accessible...
Qui sont les utilisateurs actifs d'un forum pro-suicide facilement accessible...
 
Soutenir la résilience des familles suite au suicide d’un adolescent – Le rôl...
Soutenir la résilience des familles suite au suicide d’un adolescent – Le rôl...Soutenir la résilience des familles suite au suicide d’un adolescent – Le rôl...
Soutenir la résilience des familles suite au suicide d’un adolescent – Le rôl...
 
Santé mentale, suicide et expériences du travail, du chômage et de la précari...
Santé mentale, suicide et expériences du travail, du chômage et de la précari...Santé mentale, suicide et expériences du travail, du chômage et de la précari...
Santé mentale, suicide et expériences du travail, du chômage et de la précari...
 
Techniciens ambulanciers paramédics : stress posttraumatique, comportements s...
Techniciens ambulanciers paramédics : stress posttraumatique, comportements s...Techniciens ambulanciers paramédics : stress posttraumatique, comportements s...
Techniciens ambulanciers paramédics : stress posttraumatique, comportements s...
 
Prévenir la détresse et le suicide en milieu agricole
Prévenir la détresse et le suicide en milieu agricolePrévenir la détresse et le suicide en milieu agricole
Prévenir la détresse et le suicide en milieu agricole
 
Quand les « Mondes du travail » nous mènent à penser l’irréparable
Quand les « Mondes du travail » nous mènent à penser l’irréparableQuand les « Mondes du travail » nous mènent à penser l’irréparable
Quand les « Mondes du travail » nous mènent à penser l’irréparable
 
Suicidalité chez les infirmières novices : mesure de prévention organisationn...
Suicidalité chez les infirmières novices : mesure de prévention organisationn...Suicidalité chez les infirmières novices : mesure de prévention organisationn...
Suicidalité chez les infirmières novices : mesure de prévention organisationn...
 
Des soins porteurs de vie pour les infirmières oeuvrant en CHSLD: l’exemple...
Des soins porteurs de vie  pour les infirmières oeuvrant en CHSLD:  l’exemple...Des soins porteurs de vie  pour les infirmières oeuvrant en CHSLD:  l’exemple...
Des soins porteurs de vie pour les infirmières oeuvrant en CHSLD: l’exemple...
 
Les meilleures pratiques après un événement à potentiel traumatique: Applique...
Les meilleures pratiques après un événement à potentiel traumatique: Applique...Les meilleures pratiques après un événement à potentiel traumatique: Applique...
Les meilleures pratiques après un événement à potentiel traumatique: Applique...
 
Implanter un programme de prévention du suicide: Des pistes de solution durab...
Implanter un programme de prévention du suicide: Des pistes de solution durab...Implanter un programme de prévention du suicide: Des pistes de solution durab...
Implanter un programme de prévention du suicide: Des pistes de solution durab...
 
Le suicide chez les médecins vétérinaires prévalence et facteurs de risque et...
Le suicide chez les médecins vétérinaires prévalence et facteurs de risque et...Le suicide chez les médecins vétérinaires prévalence et facteurs de risque et...
Le suicide chez les médecins vétérinaires prévalence et facteurs de risque et...
 
Promotion du bien-être Sensibilisation à une bonne santé psychologique
Promotion du bien-être Sensibilisation à une bonne santé psychologiquePromotion du bien-être Sensibilisation à une bonne santé psychologique
Promotion du bien-être Sensibilisation à une bonne santé psychologique
 
Autogestion des troubles anxieux et dépressifs en milieu de travail
Autogestion des troubles anxieux et dépressifs en milieu de travailAutogestion des troubles anxieux et dépressifs en milieu de travail
Autogestion des troubles anxieux et dépressifs en milieu de travail
 
Sentinelles en prévention du suicide : qu’est-ce qui influence leur capacité ...
Sentinelles en prévention du suicide : qu’est-ce qui influence leur capacité ...Sentinelles en prévention du suicide : qu’est-ce qui influence leur capacité ...
Sentinelles en prévention du suicide : qu’est-ce qui influence leur capacité ...
 
La postvention: comment accompagner les familles endeuillées par le suicide d...
La postvention: comment accompagner les familles endeuillées par le suicide d...La postvention: comment accompagner les familles endeuillées par le suicide d...
La postvention: comment accompagner les familles endeuillées par le suicide d...
 
Prévention du suicide à l’ère numérique: les jeunes peuvent-ils vraiment trou...
Prévention du suicide à l’ère numérique: les jeunes peuvent-ils vraiment trou...Prévention du suicide à l’ère numérique: les jeunes peuvent-ils vraiment trou...
Prévention du suicide à l’ère numérique: les jeunes peuvent-ils vraiment trou...
 

CRISE - WEBINAIRE 2012 - Brian Mishara - Les enjeux pour les intervenants du suicide, du suicide assisté et de l'euthanasie des personnes atteintes d'une maladie terminale ou dégénérative

  • 1. Les enjeux pour les intervenants du suicide, du suicide assisté et de l’euthanasie des personnes atteintes d’une maladie terminale ou dégénérative Brian L. Mishara, Ph.D. Directeur, Centre de recherche et d’intervention sur le suicide et l’euthanasie(CRISE) Professeur, Département de psychologie 13 avril 2012 Webinaire du CRISE 12h-13h www.crise.ca mishara.brian@uqam.ca Brian Mishara - Webinaire du CRISE - 2012
  • 2. Plan  Quelle est la différence entre une personne suicidaire et une personne qui veut mourir par euthanasie ou suicide assisté ?  Décrire les 7 méthodes intentionnelles pour abréger la vie ainsi que les croyances qui conduisent à être en faveur de ces pratiques;  Présenter les résultats des recherches qui peuvent éclairer nos hypothèses de bases;  Discuter les différences éthiques et pratiques entre le suicide assisté et l’euthanasie;  Quelle est la différence entre les interventions auprès des personnes suicidaires et les personnes qui veulent mourir par euthanasie ou suicide assisté ?  Brièvement discuter des recommandations de Commission spéciale sur la question de mourir dans la dignité de l’Assemblée nationale du Québec;  Tirer quelques conclusions avec des implications pour les intervenants Brian Mishara - Webinaire du CRISE - 2012
  • 3.  Quelle est la différence entre une personne suicidaire et une personne qui veut mourir par euthanasie ou suicide assisté ? Brian Mishara - Webinaire du CRISE - 2012
  • 4. Background: Sept méthodes intentionnelles pour abréger la vie  1) Suicide:  Se tuer;  Intention de mourir –seulement pour arrêter de souffrir (ambiguïté);  Causé par la personne elle-même;  90 % souffrent de troubles mentaux;  Légal au Canada, États-Unis et Europe, mais tentatives de suicide illégales dans presque la moitié des pays au monde (mais peu de poursuites) Brian Mishara - Webinaire du CRISE - 2012
  • 5. Sept méthodes intentionnelles pour abréger la vie  2) Refus de traitement:  Perspective de mort "naturelle";  Intention de ne pas prolonger la vie;  Légal au Canada.  3) Arrêt de traitement:  Mort "naturelle" à court terme;  Intention de mourir;  Légal au Canada. Brian Mishara - Webinaire du CRISE - 2012
  • 6. Sept méthodes intentionnelles pour abréger la vie  4) Double effet:  Espérance de vie abrégée par médicament utilisé pour soulager la douleur/souffrance;  Intention: diminuer douleur/souffrance;  Légal au Canada. Brian Mishara - Webinaire du CRISE - 2012
  • 7. Sept méthodes intentionnelles pour abréger la vie  5) Homicide:  Être tué par quelqu'un:  Sans ou avec compassion  Sans ou avec intention de mourir  Intentionnel ou par accident  Illégal au Canada Brian Mishara - Webinaire du CRISE - 2012
  • 8. Sept méthodes intentionnelles pour abréger la vie  6) Euthanasie:  Vie arrêtée (« tué ») par un médecin ou autre personne, par compassion;  Intention de mourir (théoriquement moins ambigüe – mais toujours pour arrêter de souffrir ou pour avoir une mort « digne »);  Souvent, les personnes avec troubles mentaux sont exclues;  Légal: Pays-Bas, Belgique, Luxembourg (en Australie, pendant 9 mois, en 1996-97);  Illégal: considéré un homicide au Canada.  Légalisation recommandée par la Commission spéciale sur la question de mourir dans la dignité de l’Assemblée nationale du Québec, mais appelé « aide médicale à mourir » Brian Mishara - Webinaire du CRISE - 2012
  • 9. Sept méthodes intentionnelles pour abréger la vie  7) Suicide assisté:  Se tuer  Intention de mourir (théoriquement moins ambigüe)  Médecin fournit les moyens:  Légal: états d’Oregon et Washington – légalisé;  Suisse - n'a jamais été illégal, pratiqué  Pays-Bas – légalisé (peu utilisé)  Illégal au Canada Brian Mishara - Webinaire du CRISE - 2012
  • 10. Pour être en faveur de légaliser le suicide assisté ou l'euthanasie, il faut:  1) Croire que c'est moralement acceptable et savoir ce que vous appuyez;  2) Conclure que les méthodes légales pour abréger la vie au Canada ne sont pas suffisantes;  3) Déterminer qu’on peut implanter ces pratiques dans notre contexte culturel;  4) Juger que les bénéfices justifient les risques encourus. Brian Mishara - Webinaire du CRISE - 2012
  • 11. Et si vous décidez qu’il faut légaliser ces pratiques, il faut :  5) Déterminer lequel (suicide assisté OU euthanasie OU les deux);  6) Décider QUI aura accès au suicide assisté ou à l’euthanasie;  7) Assurer que le suicide assisté ou l’euthanasie ne deviennent pas un substitut à de bons soins palliatifs. Brian Mishara - Webinaire du CRISE - 2012
  • 12. Quelques constats des recherches contemporaines  La populations générale est confuse:  On ne sait pas faire la différence entre l’euthanasie et le suicide assisté;  Souvent on croit que légaliser l’euthanasie ou le suicide assisté veut dire légaliser des pratiques de fin de vie qui sont déjà légales;  Plus on est confus, plus on a tendance à être en faveur de la légalisation de ces pratiques. (Marcoux, Mishara & Durand, 2006) Brian Mishara - Webinaire du CRISE - 2012
  • 13. Quelques constats des recherches contemporaines : pourquoi nous désirons mourir  Les personnes atteintes du cancer veulent abréger leur vie quand elles souffrent physiquement;  Quand la souffrance des personnes est soulagée, le désir d’une mort prématurée disparaît;  Les personnes handicapées veulent moins souvent se suicider que les personnes sans handicaps;  La personnes mourantes peuvent être déprimées à cause des effets secondaires des traitements (médicaments) et vouloir mourir – mais on peut renverser ces dépressions iatrogéniques;  Il existe quelques exceptions (par exemple, personnes traitées par hémodialyse) Brian Mishara - Webinaire du CRISE - 2012
  • 14. Quelques constats des recherches contemporaines  Les médecins ne sont pas capables de déterminer quand leurs patients vont mourir:  Insuffisance cardiaque congestive : taux de survie après 6 mois était 6 fois plus élevé que celui prédit par les médecins;  En général, le taux de survie était 2 fois plus élevé que selon les prédictions des médecins. (Lynn et al, 1996) Brian Mishara - Webinaire du CRISE - 2012
  • 15. Quelques constats des recherches contemporaines  Est-on "rationnel" quand on souffre?  Pourquoi les décisions en rapport avec la mort devraient-elles être rationnelles alors que les décisions les plus importantes dans la vie sont émotives? Brian Mishara - Webinaire du CRISE - 2012
  • 16. Quelques constats des recherches contemporaines : on change d’avis Aux Pays-Bas: 1,933 morts par euthanasie en 2005, du total de 136,402 décès (1.4% des décès), souvent dans les derniers jours de la vie  55-66% des demandes sont refusées  parce qu’il faut d’abord tout faire pour soulager la souffrance avant d’abréger la vie  Et il est rare que les malades revendiquent encore l'euthanasie lorsque leurs souffrances sont soulagées  Donc la volonté de mourir par euthanasie peut souvent changer si on soulage la souffrance Brian Mishara - Webinaire du CRISE - 2012
  • 17. Quelques constats des recherches contemporaines : on change d’avis  En Oregon :  Les demandes de suicide assisté sont rares:  85 ordonnances médicaments létaux 2007 (88 en 2008)  approximativement 32,000 morts en Oregon 2007  46 des 85 personnes ont pris les médicaments  26 des 85 personnes sont mortes de leur maladie  539 ordonnances médicaments létaux 1998-2007  341 des 539 ont pris les médicaments  Donc, peu de demandes  37% ne s'en servent pas: donc pour eux il y changement d'avis (ambivalence) ou présence de l'option offre du réconfort Brian Mishara - Webinaire du CRISE - 2012
  • 18. Quelques constats des recherches contemporaines : on change d’avis  Mes recherches sur le SIDA:  Pas de corrélation significative entre les désirs et intentions de mourir par suicide et suicide assisté 6 mois plus tard, ni de relations avec les vraies décisions de fin de vie Brian Mishara - Webinaire du CRISE - 2012
  • 19. Discussion des 24 recommandations de Commission spéciale sur la question de mourir dans la dignité de l’Assemblée nationale du Québec  > accès aux soins palliatifs et formation des médecins  Accent mis sur soins palliatifs à domicile  > communications et respect des directives médicales anticipées  Légalisation de l’euthanasie, appelé « aide médicale à mourir » Brian Mishara - Webinaire du CRISE - 2012
  • 20. Discussion des recommandations de Commission spéciale sur la question de mourir dans la dignité de l’Assemblée nationale du Québec  J’ai suggéré : Pour être en faveur de légaliser le suicide assisté ou l'euthanasie, il faut:  1) Croire que c'est moralement acceptable et savoir ce que vous appuyez; - Le comité pense que les Québécois sont favorables à la légalisation sans préoccupation morale  2) Conclure que les méthodes légales pour abréger la vie au Canada ne sont pas suffisantes; - Le comité indique qu’il existe un petite minorité des personnes pour lesquelles les soins palliatifs ne sont pas suffisants Brian Mishara - Webinaire du CRISE - 2012
  • 21. Discussion des recommandations de Commission spéciale sur la question de mourir dans la dignité de l’Assemblée nationale du Québec  Pour être en faveur de légaliser le suicide assisté ou l'euthanasie, il faut: 3) Déterminer qu’on peut implanter ces pratiques dans notre contexte culturel – Le comité croit que les médecins peuvent prendre les décisions nécessaires pour pratiquer l’euthanasie comme « un soin de fin de vie »  4) Juger que les bénéfices justifient les risques encourus. Le comité pense que les risques potentiels peuvent êtres minimisés par les règlements proposées Brian Mishara - Webinaire du CRISE - 2012
  • 22. Discussion des recommandations de Commission spéciale sur la question de mourir dans la dignité de l’Assemblée nationale du Québec  Pour être en faveur de légaliser le suicide assisté ou l'euthanasie, il faut:  5) Déterminer lequel (suicide assisté OU euthanasie OU les deux); Le comité recommande seulement l’euthanasie parce que « toute ouverture doit se situer dans le contexte d’une continuité des soins » (Le comité conçoit l’euthanasie comme un « soin » médical, mais pas le suicide assisté) Brian Mishara - Webinaire du CRISE - 2012
  • 23. Discussion des recommandations de Commission spéciale sur la question de mourir dans la dignité de l’Assemblée nationale du Québec  Pour être en faveur de légaliser le suicide assisté ou l'euthanasie, il faut: 6) Décider QUI aura accès au suicide assisté ou à l’euthanasie; Critères pour accès à l’euthanasie (« aide médicale à mourir ») :  Résident du Québec  Majeur et apte à consentir aux soins  Exprime personnellement une demande d’aide médicale à mourir, « à la suite d’une prise de décision libre et éclairée »  Personne est atteinte d’une maladie « grave ou incurable »  « déchéance avancée des ses capacités, sans aucune perspective d’amélioration »  Personne « éprouve des souffrances physiques ou psychologiques constantes, insupportables et qui ne peuvent pas être apaisées dans des conditions qu’elle juge tolérables » Brian Mishara - Webinaire du CRISE - 2012
  • 24. Discussion des recommandations de Commission spéciale sur la question de mourir dans la dignité de l’Assemblée nationale du Québec  Pour être en faveur de légaliser le suicide assisté ou l'euthanasie, il faut: 7) S’assurer que le suicide assisté ou l’euthanasie ne deviennent pas un substitut à de bons soins palliatifs. On doit rendre les soins palliatifs disponibles à l’ensemble de la population, mais « il est irréaliste de croire que les soins palliatifs seront offerts à l’ensemble de la population québécoise dans un avenir immédiat » « Pareillement à toute démarche … d’autoriser une aide à mourir, des efforts considérables devront êtres fournis pour offrir les soins palliatifs de qualité à toutes les personnes qui en ont besoin » Brian Mishara - Webinaire du CRISE - 2012
  • 25. Discussion des recommandations de Commission spéciale sur la question de mourir dans la dignité de l’Assemblée nationale du Québec  Même si on accepte les recommandations en générale, le diable est dans les détails :  Le système « d’hospice » aux États-Unis, Angleterre et autres pays, où les soins à domicile sont intégrer avec les lits utilisés majoritairement pour hébergement temporaire de « répit » sauvent au moins 1,26$ pour chaque 1 $ investi. Notre système de lits à l’hôpital et services à domicile offerts par les CLSC ne permet pas une continuité de soins avec utilisation flexible de « répit » pour la famille et coûte cher. Malgré la bonne qualité des services offerts aujourd’hui, peut-être doit-on considérer restructurer notre système de soins palliatifs pour le rendre rentable et mieux répondre aux besoins ? Brian Mishara - Webinaire du CRISE - 2012
  • 26. Discussion des recommandations de Commission spéciale sur la question de mourir dans la dignité de l’Assemblée nationale du Québec  Le diable est dans les détails aussi dans les recommandations de légaliser l’euthanasie:  Le médecin traitant doit consulter un autre médecin; mais sans l’obligation (par exemple dans les Pays-Bas) qu’un deuxième médecin doive rencontrer la personne (pas juste consulter avec le médecin traitant).  Pas d’obligation que « toutes les autres interventions pour soulager la souffrance physique et psychique ont été essayées avant d’avoir recours à la mort pour soulager la souffrance » (raison de refus de >50% des demandes dans les Pays-Bas, et les demandeurs ne reviennent pas avec une demande de mourir lorsqu’ils reçoivent d’autres soins) Brian Mishara - Webinaire du CRISE - 2012
  • 27. Discussion des recommandations de Commission spéciale sur la question de mourir dans la dignité de l’Assemblée nationale du Québec  Le diable est dans les détails aussi dans les recommandations de légaliser l’euthanasie  Est-ce qu’on veut vraiment que l’euthanasie (« aide médicale à mourir ») s’ajoute simplement dans « la continuité des soins », ou est-ce que le fait d’arrêter la vie d’un être humain doit être considéré dans un catégorie à part – vraiment exceptionnel et différent des « soins »?  Au moins 40% des personnes qui ont convaincu 2 médecins qu’elles doivent mourir et qui obtiennentt des médicaments pour suicide assisté en Oregon changent d’avis et décident de continuer à vivre malgré leur maladie terminale. Est-ce que c’est aussi facile de changer d’avis quand le médecin arrive pour arrêter ma vie (pratiquer « aide médicale à mourir »), et à plusieurs reprises si je veux ? Doit-on d’abord considérer le suicide assisté pour protéger le droit de changer d’avis ? Brian Mishara - Webinaire du CRISE - 2012
  • 28.  Quelle est la différence entre les interventions auprès des personnes suicidaires et les personnes qui veulent mourir par euthanasie ou suicide assiste ? Brian Mishara - Webinaire du CRISE - 2012
  • 29. Conclusions  1) En général, on veut mourir quand on souffre (souffrance mentale ou physique) et on ne veut pas mourir quand nos souffrances sont soulagées;  Donc, la société a une responsabilité morale de tenter de soulager la souffrance par de bons soins avant le recours à la mort.  Les intervenants doivent:  soigneusement évaluer l’ensemble des sources de souffrances physiques et mentales (y inclus iatrogéniques)  déterminer les traitements déjà essayés et  Référer et accompagner à suivre d’autres traitements et interventions, y inclus le soutien social Brian Mishara - Webinaire du CRISE - 2012
  • 30. Conclusions  2) Les prises de décision des êtres humains sont rarement rationnelles, encore moins en fin de vie;  Il faut donc soulager la souffrance pour avoir une vision claire, et lorsqu'on soulage la souffrance, les désirs de mourir ont tendance à disparaître  Les intervenants doivent:  Ne pas s’embarquer dans les discussions rationnelles et logiques  Centrer sur les émotions vécues et les mécanismes d’adaptation utilisés  Appuyer la partie de la personne qui cherche d’autres solutions Brian Mishara - Webinaire du CRISE - 2012
  • 31. Conclusions  3) Les médecins sont incapables de prédire quand nous allons mourir et quand nous sommes au stade terminal;  On ne peut donc pas se fier aux médecins pour déterminer quand on est au stade terminal.  Les intervenants doivent:  Ne pas présumer que la fin est proche seulement sur les constats du patient, même si le patient dit que le médecin l’a déclaré en « phase terminale »  Ne pas se servir d’un diagnostic de « stade terminal » pour raison d’intervenir autrement Brian Mishara - Webinaire du CRISE - 2012
  • 32. Conclusions  4) L’ambivalence règne  Même ceux qui ont décidé de mourir et ont obtenu les moyens pour le faire changent d’avis fréquemment – s'ils peuvent;  Nous avons de la difficulté à prédire ce que nous allons faire vers la fin de la vie;  Il faut croire qu’au moins 40 % des gens vont changer d’avis au lieu de croire que les décisions sont irrévocables.  Les intervenants doivent :  Augmenter les possibilités et occasions pour changer d’avis et savoir que changer d’avis est la norme Brian Mishara - Webinaire du CRISE - 2012
  • 33. Conclusions  6) Par rapport à la légalisation, si vous voulez légaliser quelque chose il faut soigneusement évaluer les avantages du suicide assisté en lieu et place de l'euthanasie:  Avec le suicide assisté, on peut plus facilement changer d'avis si on veut (et c'est ce qu'on fait souvent) Brian Mishara - Webinaire du CRISE - 2012
  • 34. Les enjeux pour les intervenants du suicide, du suicide assisté et de l’euthanasie des personnes atteintes d’une maladie terminale ou dégénérative Brian L. Mishara, Ph.D. Directeur, Centre de recherche et d’intervention sur le suicide et l’euthanasie(CRISE) Professeur, Département de psychologie 13 avril 2012 Webinaire du CRISE 12h-13h www.crise.ca mishara.brian@uqam.ca Brian Mishara - Webinaire du CRISE - 2012