SlideShare uma empresa Scribd logo
1 de 8
Baixar para ler offline
1940 : Alan Turing, mathématicien, cryptologue, est chargé par le gouvernement britannique de percer
le secret de la célèbre machine de cryptage allemande Enigma, réputée inviolable.
À la tête d’une équipe improbable de savants, linguistes, champions d’échecs et agents du
renseignement, Turing s’attaque au chef-d’œuvre de complexité dont la clef peut conduire à la victoire.
IMITATION GAME relate la façon dont Alan Turing, soumis à une intense pression, contribua à changer
le cours de la Seconde Guerre mondiale et de l’Histoire. C’est aussi le portrait d’un homme qui se
retrouva condamné par la société de l’époque en raison de son homosexualité et en mourut.
A U C I N É M A L E 2 8 J A N V I E R 2 0 1 5
COMMENT ALAN TURING A PERCÉ ENIGMA
Le 24 décembre 2013, le mathématicien britannique, Alan Mathison
Turing, pionnier de l’informatique moderne et décrypteur génial
des codes secrets nazis (Enigma), obtenait la grâce royale à titre
posthume après avoir été condamné pour homosexualité en 1952.
LA JEUNESSE
Né à Londres en 1912, le jeune Alan est placé avec son frère aîné
dans une famille près d’Hastings, le climat de Madras – où son père
est nommé administrateur colonial – ayant été jugé peu propice
à la santé des deux enfants, qui ne verront plus leurs parents que
rarement. À 10 ans, Alan se plonge régulièrement dans Les Merveilles
de la nature que tout enfant devrait connaître, où le corps humain
est présenté comme une vaste machine. Signe d’une prédisposition
pour l’abstraction ? Le garçon rêveur, si indifférent aux choses du
quotidien qu’il ne se rend compte que tardivement, selon son propre
aveu, que Noël intervient à intervalles réguliers, songe bientôt à la
possibilité de déchiffrer les lois qui unissent le corps et l’esprit.
À l’austère Sherborne Grammar School où il est pensionnaire, Alan
Turing se lie d’une solide amitié avec un lycéen d’un an son aîné
(Christopher Morcom), féru de sciences et de mathématiques. La
mort prématurée de ce dernier le marque à jamais. Turing pense
alors endosser la carrière scientifique à laquelle son ami semblait
destiné, incarnant de cette manière le concept fondamental de
ses recherches à venir qui consiste à dissocier la machine des
programmes qui la font fonctionner…
LES ÉTUDES ET LA GUERRE
Il entre ensuite au King’s College de l’université de Cambridge
pour étudier les mathématiques pures. En 1936, avant de rejoindre
l’université de Princeton aux États-Unis où il soutiendra sa thèse de
doctorat sous la direction d’Alonzo Church, Turing publie à l’âge de
24 ans un article dans lequel il résout le « problème de la décision »
de David Hilbert, posé huit ans plus tôt. Dans ce texte présentant sa
fameuse « machine de Turing » (l’ancêtre de l’ordinateur), il définit les
limites du calculable, ce qui est par conséquent prévisible et qui peut
être effectué par une machine étape par étape (algorithme).
En 1938, Turing est de retour des Etats-Unis. La guerre menace.
Le jeune chercheur est alors engagé par les services secrets
britanniques qui cherchent à interpréter les codes secrets des sous-
marins allemands (U-boote). Travaillant sans relâche, Turing et son
équipe finissent par déchiffrer la plupart des messages. Ce succès
permet alors de déjouer nombre de plans nazis et ainsi de sauver
des milliers de vie.
L’ENSEIGNEMENT ET L’INFORMATIQUE
Après 1945, retourné dans le civil, Turing entre au Laboratoire
national de physique (1945-1948) et consacre ses efforts à la
construction de sa machine imaginée quelque dix ans plus tôt.
L’ACE (Automatic Computing Engine), qui n’entre en fonction
qu’en 1950, devient le premier calculateur électronique capable de
traiter tout type de données et pour lequel Turing conçoit même un
manuel de programmation. Entre-temps, le scientifique a rejoint
l’équipe de Max Newman à l’université de Manchester où il enseigne
(1948-1954). En 1950, il devient membre de la Royal Society. C’est
alors qu’il préfère se détourner de la voie de l’informatique qu’il a
ouverte pour développer la possibilité de prêter une intelligence à
des machines. Sa publication « L’ordinateur et l’intelligence » en 1950
pose les bases de l’intelligence artificielle. Le chercheur crée alors
les conditions d’une expérience (imitation game) établissant une
conversation entre un être humain et une machine, cette dernière
imitant l’homme au point de ne plus se distinguer de lui. Infatigable
découvreur, Turing s’intéresse par ailleurs à la morphogenèse ou
comment les règles mathématiques peuvent parvenir à calculer la
croissance des feuilles des plantes par exemple.
Accusé d’homosexualité en 1952, Turing plaide coupable et
accepte la castration chimique qui lui évite la prison et lui permet de
poursuivre ses travaux. Le 7 juin 1954, il est retrouvé mort dans son
lit, une pomme imbibée de cyanure à ses côtés.
PORTRAITD’ALANMATHISONTURING
LA « MACHINE DE TURING »
La « machine de Turing » est une machine théorique présentée
par Alan Turing dans un article publié en 1936. Sa conception
apparaît comme une sorte d’automate abstrait qui constitue la
base de la théorie des automates et, plus généralement, celle
de la « calculabilité ».
La machine que Turing imagine doit pouvoir effectuer un calcul
complexe par le séquençage d’opérations simples. Quatre
éléments la composent :
1. un ruban de papier illimité et composé de cases
successives ;
2. une tête de lecture/écriture pouvant lire le contenu de
chaque case dans les deux sens ;
3. un registre mémorisant l’état de la machine ;
4. une table d’actions (programme) à appliquer par la
tête de  lecture.
La longueur infinie de la bande, qui permet de stocker des
données, correspond à la mémoire de nos ordinateurs, et le
temps de calcul, au nombre d’opérations à accomplir sur ce
ruban. Selon les règles définies dans la table, la tête de lecture
se déplace case par case vers la droite ou la gauche, et lit
ou écrit le contenu d’une case du ruban (une lettre de notre
alphabet par exemple). À chaque étape, la machine cherche
dans sa table l’action à appliquer et s’arrête quand elle ne
reçoit plus d’ordre.
Cette machine, qui s’avère capable de calculer comme un
être humain, ne peut cependant réaliser que la seule opération
pour laquelle elle a été programmée. Turing projette alors dans
le même article de 1936 une machine universelle capable de
simuler toute autre machine simple. Il faut pour cela lui fournir
un programme (codé) à exécuter, assorti d’une somme de
données à manipuler. La « machine de Turing », modèle abstrait
d’ordinateur, formalise ainsi le concept d’algorithme. Son
mode de calcul est celui sur lequel repose le fonctionnement
de tous les ordinateurs modernes  ; il constitue le mètre-étalon
de notre langage informatique.
ENIGMA : NOUVELLE TECHNIQUE DE
LA CRYPTOGRAPHIE
Brevetéeen1918etvenduedès1923parl’ingénieurallemand
Arthur Scherbius, la première machine électromécanique
Enigma s’avère un échec commercial. La marine de guerre
allemande (Reischmarine) s’y intéresse néanmoins et confie
son évolution au service du Chiffre du Ministère de la guerre.
Le modèle Enigma M3 est agréé et utilisé par la flotte
allemandeàpartirde1926.Maislesmessagescodésenvoyés
par Enigma sont néanmoins partiellement déchiffrés dès
1939 grâce au travail conjoint des services alliés du contre-
espionnage et d’une escouade de cryptanalystes polonais.
Avec la machine électromécanique construite par Turing et
appelée « bombe », il est en effet possible de déterminer le
message-clef de six lettres (changé quotidiennement) ayant
servi à crypter un message. Hélas, début 1942, une nouvelle
machine Enigma M4 fait son apparition. Plus sophistiquée,
elle exige 11 mois à l’équipe de scientifiques dirigés par Alan
Turing dans le centre de Bletchley Park, près de Londres,
pour décoder ses messages.
C’est au total plus de 18 000 messages émanant des
machines Enigma qui seront décryptés durant la Seconde
Guerre mondiale.
Le fonctionnement d’Enigma s’avère d’une efficacité
redoutable. La machine est équipée d’un clavier pour saisir
les données, de plusieurs roues servant au codage et d’un
tableau lumineux affichant le résultat. En tapant une lettre
du clavier, un voyant du tableau s’allume. Selon le modèle
(M3 ou M4), trois ou quatre roues (dites « Brouilleur Rotor »)
se trouvent placées entre le clavier et le tableau. Ainsi, en
utilisant le premier rotor, si l’on tape la lettre B sur le clavier, le
tableau affiche A. À chaque frappe, le rotor tourne d’un cran,
donc en retapant B, on obtient C. Les deuxième et troisième
rotors avancent d’un cran quand le premier effectue un
tour complet. Un tableau de connexion sert également à
mélanger les lettres de l’alphabet et un réflecteur distribue le
courant dans les rotors avant affichage. Suivant l’orientation
des rotors, leurs alphabets et le tableau de connexion, la
machine Enigma M4 n’offre pas moins de 159 milliards de
milliards de combinaisons différentes pour crypter un texte  !
Dans son désir furieux de mener une guerre éclair (Blitzkrieg), le
IIIe Reich s’est doté d’un arsenal considérable qui doit trouver son
efficacité dans un mouvement rapide et coordonné de ses armées.
La réussite de cette nouvelle stratégie militaire, à l’opposé des
guerres de positions, dépend également de l’effet de surprise. Or,
pour parvenir à conjuguer ces exigences, l’armée nazie doit encore
s’assurer du secret de ses opérations. La machine Enigma, déjà
utilisée durant les années 1930 par les militaires allemands, sera la
clef de voûte de sa foudroyante conquête. Grâce à cette innovation
technique, l’armée allemande garantit la confidentialité de sa
transmission, la cohésion de ses unités et la rapidité de ses actions.
Munie d’un fonctionnement électromécanique (automatique) de
codage, Enigma est facile à utiliser. De petite taille, elle est aussi très
maniable et ne pèse que 12 kilos.
GARDER LA MAÎTRISE DES EAUX
Enigma, qui marque l’avènement de l’âge de la cryptographie,
s’avère l’instrument idéal au succès de la Blitzkrieg. En deux
années seulement, et pendant que les cryptographes du centre de
déchiffrement de Bletchley Park sont à pied d’œuvre pour « casser »
les codes d’Enigma, l’Allemagne a défait la quasi-totalité de ses
ennemis européens : la Pologne en septembre 1939, le Danemark et
la Norvège en avril 1940, la Belgique, les Pays-Bas, le Luxembourg
et la France en mai 1940, la Yougoslavie et la Grèce en avril 1941.
Seul le Royaume-Uni, sorti victorieux de la bataille d’Angleterre
(juillet-octobre 1940), résiste encore à l’Ouest face aux forces de
l’Axe. Mais le temps presse. La bataille de l’Atlantique fait rage.
L’Allemagne tente d’imposer un blocus à l’île britannique. Les navires
américains de ravitaillement en armes, nourriture, carburant et
matières premières sont en permanence menacés d’être torpillés par
l’armada nazie, et notamment les meutes de sous-marins (U-boote),
qui croisent au large de ses côtes. Les Britanniques doivent garder
la maîtrise des voies maritimes pour survivre. Le sort de la bataille de
l’Atlantique dépend donc de la cryptanalyse de l’Enigma navale M3
pour identifier les positions allemandes.
LE « TROU NOIR » DE 1942
Tous les messages décodés à Bletchley Park sont ensuite acheminés
vers les ministères concernés (marine, air…). La source Enigma n’est
jamaismentionnée,etlesinformationsontpournomdecode« Ultra ».
Jusqu’au début de l’année 1942, les cryptogrammes déchiffrés
permettent de limiter le tonnage des navires alliés coulés par la flotte
allemande (Kriegsmarine). Mais, soudain, c’est le « trou noir ». Le
Submarine Tracking Room, bureau britannique spécialement affecté
au décryptage de l’Enigma naval utilisé par les U-boote, ne déchiffre
plus rien. Le Reich est passé à une véritable industrie de guerre et
construit davantage de sous-marins qu’elle équipe désormais de la
nouvelle Enigma M4. Les effets sont immédiats. Les U-boote sont
devenus muets ou presque ; il est impossible de prévenir les navires
alliés pour les détourner de leur route. De 600 000 tonnes en 1941,
le tonnage coulé dans l’Atlantique nord au milieu de l’année 1942 est
multiplié par quatre pour atteindre 2 600 000 ! La pénurie menace
l’île. Des opérations militaires sont alors organisées pour capturer
des U-boote et leur Enigma M4, avec ses livres de codes et le
message-clef utilisé. Résultat : les terribles U-boote deviennent enfin
des proies et la courbe des navires torpillés s’inverse en 1943.
Le déchiffrement des codes d’Enigma, déjà important dans la bataille
d’Angleterre, s’avère déterminant dans la bataille de l’Atlantique
remportée in fine par les Britanniques. Sans la somme d’informations
récoltées par les Alliés, les Allemands auraient conservé longtemps
leur capacité de nuisance et les liens vitaux avec les États-Unis
auraient été compromis. La guerre aurait été plus meurtrière et plus
coûteuse, et le débarquement repoussé au moins d’une année selon
les historiens.
ENIGMA ET LA BATAILLE DE L’ATLANTIQUE
UN RÉCIT UNIVERSEL
C’estendécouvrantdanslapresselesexcusesofficiellesprononcées
par Gordon Brown au nom du gouvernement britannique en 2009
pour la maltraitance infligée au père de l’informatique moderne
après la Seconde Guerre mondiale que les producteurs Nora
Grossman et Ido Ostrowsky décident de mettre en chantier le projet
d’IMITATION GAME.
Après des recherches menées sur la vie d’Alan Turing et l’achat des
droitsdesabiographie(signéeAndrewHodges),l’écritureduscénario
est confiée au jeune romancier Graham Moore (221b, Baker Street,
2012) et la mise en scène au cinéaste norvégien Morten Tyldum.
Enthousiaste à l’idée de mettre le projet en images, et notamment
de tourner sur les lieux même des événements à Bletchley Park,
ce dernier explique « qu’il s’agit sans nul doute d’une période à part
dans l’histoire britannique, mais les idées d’Alan dépassent de loin
son époque et le contexte de la guerre. C’est pourquoi IMITATION
GAME est bien plus qu’un simple film historique à mes yeux, c’est
une histoire intemporelle à la portée universelle ».
COULEURS ET LUMIÈRE DE LA TRAGÉDIE
L’action du film se déroule essentiellement durant la Seconde
Guerre mondiale. Pour le réalisateur et son équipe technique, il
s’agit donc de recréer l’époque des années 1940 avec justesse.
Morten Tyldum songe alors à une esthétique de la lumière qui soit
l’expression de l’existence tragique du personnage. Pour cela, il fait
appel au chef-opérateur Óscar Faura (L’ORPHELINAT, 2008 ; THE
IMPOSSIBLE, 2012).
De son côté, la décoratrice Maria Djurkovic constate que « la
palette des couleurs des années 40 est assez limitée ». Au final, le
chromatisme du film tendra vers la monochromie des images,
sorte de noir et blanc en couleurs qui pèse en permanence sur
l’atmosphère du film et lui tient lieu d’habits de deuil.
LA « BOMBE »
Enfin, la co-vedette du film, la « bombe » Christopher – machine
à décrypter les codes que Turing a fabriquée dans les locaux de
Bletchley Park – a fait l’objet d’un travail plastique particulièrement
soigné. « Il s’agit du premier ordinateur, observe la technicienne
Djurkovic, c’est une invention incroyable, qui sait ce qui se serait
passé sans elle ? Ça n’est pas seulement la pièce maîtresse du film,
c’est la pièce maîtresse de l’histoire. La vraie « bombe » était encastrée
dans une boîte en bakélite, mais dès le départ nous avons décidé
que notre « Christopher » [prénom donné par Turing à sa machine
en mémoire de son défunt camarade de lycée, NDLR] ne serait pas
fermé, de sorte que l’on puisse voir ses entrailles au travail ».
GENÈSE DU FILM
ALANTURING,L’HOMMEQUIAIMAITLESPOMMES
Alan Turing croqua une dernière pomme (empoisonnée au
cyanure) et il mourut… Assassinat ? Suicide ? L’enquête de
police ne conclut jamais officiellement au suicide. IMITATION
GAMEtranchepoursapartenfaveurdelasecondehypothèse,
plausible certes mais non attestée.
Quoi qu’il en soit, la pomme entamée, retrouvée près du corps
de celui qui adorait les contes pour enfants, et en particulier
BLANCHE-NEIGE ET LES SEPT NAINS, le dessin animé de
Walt Disney, nous en évoque une autre. Celle du logo, créé par
Rob Janoff en 1976, de la firme d’ordinateurs Apple.
Plusieurs explications circulent au sujet de cette pomme
croquée qui, jusqu’en 1998, fut barrée des couleurs proches
de celles de l’arc-en-ciel.
La première, la plus prosaïque, évoque les débuts impécunieux
des créateurs d’Apple (Steve Jobs, Ron Wayne et Steve
Wozniak) et leur manie de se sustenter de pommes à vils prix.
La seconde, l’historique pourrait-on dire, raconte que cette
pomme multicolore serait une évocation (ou déclinaison)
du premier logo de l’entreprise où l’on voyait Isaac Newton
adossé à un pommier, sous une branche portant une pomme
qui, selon la légende, lui tomba sur la tête et lui permit de
découvrir la loi universelle de la gravitation.
Enfin, la troisième hypothèse, la plus romantique et la plus
vivace (mais toujours démentie par Janoff lui-même), voudrait
faire du célèbre logo une référence à la mort de Turing. Laquelle
constituerait un vibrant hommage des pères du célèbre
Macintosh au pionnier magnifique de l’informatique moderne.
La présentation des excuses posthumes du premier ministre
britannique Gordon Brown en 2009 pour le traitement « déplorable »
infligé à Alan Turing au début des années 1950 a été l’élément
déclencheur de l’écriture du scénario d’IMITATION GAME. On
aurait pu craindre qu’en voulant se joindre à cet élan de repentance
officielle, certes tardive mais nécessaire, le film ne cède au biopic
sans nuances d’un mathématicien injustement méconnu, génial
précurseur de nos outils informatiques d’aujourd’hui… Or, non
seulement, IMITATION GAME évite l’écueil de l’hagiographie,
souvent paresseusement assise sur une structure linéaire avec
passages obligés propres au récit d’apprentissage, mais il n’omet
pas de souligner les faiblesses du protagoniste qui s’avère de bout en
bout un anti-héros. Une phrase récurrente, et prononcée par Turing
lui-même, pourrait d’ailleurs servir de sous-titre programmatique au
film : « Parfois ce sont ceux dont on n’attend rien qui font des choses
auxquelles nul ne s’attend ».
UN DESTIN TRAGIQUE
L’histoire d’IMITATION GAME s’appuie sur une dramaturgie faite de
flashes-back par rapport au présent de la narration des années 1950.
On remarquera que le film débute par la fin et s’ouvre sur la période
la plus sombre de la vie de Turing (correspondant à l’enquête pour
délit d’homosexualité menée contre lui). Le choix n’est pas anodin.
Il annonce la tragédie. Il donne le ton du film, en indique sa couleur
à venir, exprime d’emblée son dépit face à la patrie britannique peu
reconnaissante pour celui qui mit tout son génie à la sauver. Cette
scène liminaire, qui reviendra régulièrement dans le récit, servira de
contrepoint (à charge) face aux valeureux efforts du personnage.
Loin d’être un simple artifice destiné à rythmer l’intrigue ou à créer des
effets de surprise narratifs, la temporalité éclatée d’IMITATION GAME
(déchronologie) offre une lecture captivante, parfois émouvante, du
présent par le passé. Elle densifie le portrait du protagoniste, lui
prête une épaisseur humaine sous des dehors monstrueusement
froids, distants, inadaptés à la vie en société, et par conséquent
motifs de tensions.
Les époques s’entrecroisent, la figure émerge, l’immense fragilité
du personnage apparaît (sans pathos démesuré). Déjà, en 1928, à
la Sherborne School, le jeune Turing fait l’objet de persécutions de
la part des autres collégiens. Seule son amitié avec son camarade
Christopherlesortdesonisolementetluipermetmêmedes’épanouir
dans son domaine de prédilection : les mathématiques. Durant la
guerre, à Bletchley Park, face à l’incompréhension de ses supérieurs
(leCommandantDenniston),ildoitsebattre,ycomprisphysiquement
(avec son collègue Hugh), pour défendre maladroitement (il n’est
pas bon orateur) la « bombe » qu’il a construite. Enfin, retourné à la
vie civile après la guerre, il vit cloîtré chez lui et dans la chimie du
traitement contre son homosexualité que la justice lui a imposée.
COURSE CONTRE LA MONTRE
L’essentiel du film se déroule au centre de Bletchley Park, les grandes
oreilles des services secrets britanniques qui, durant la Seconde
Guerre mondiale, décryptent des informations placées sous le nom
de code « Ultra ». Rythmé comme un thriller, IMITATION GAME nous
invite donc à voir le conflit de l’arrière, loin du feu des combats
(quelques images d’archives insérées cependant dans les plis du
récit inscrivent la fiction dans l’Histoire et pèsent sur son intensité
dramatique). Ici, le théâtre des opérations n’est pas un champ de
bataille, mais la guerre de l’information que les Britanniques doivent
livrer à l’ennemi nazi et à sa redoutable arme de guerre Enigma qui
lui assure longtemps la suprématie dans l’Atlantique nord. Aussi, le
succès de l’entreprise menée à Bletchley dépend de la rapidité à
laquelle les mathématiciens et scientifiques de l’ombre briseront les
codes d’Enigma. Une course contre la montre est alors engagée,
laquelle est métaphorisée par la répétition des images de courses à
pied de Turing et par un fondu enchaîné astucieux des roulements
de la machine de Turing avec ceux des chenilles des chars nazis.
L’agencement des flashes-back, qui fonctionne comme une suite de
tableaux de la vie de Turing, cultive autant le mystère qu’il n’éclaire le
destin du personnage. À cet égard, on observera que le réalisateur
Morten Tyldum et le chef-opérateur Óscar Faura ont fait le choix
d’une mise en scène très sobre, sinon sombre et austère. L’espace
de la mise en scène est peu éclairé ; les images sont souvent
partagées entre ombre et lumière. Certes, elles répondent à la
noirceur de l’époque de la guerre et au décor victorien de Bletchley,
mais elles font aussi écho à la part inaccessible de la figure du
personnage, à son mystère et à son âme tourmentée. Cette couleur
presque monochrome du film est enfin à voir comme l’expression
plastique de son hommage discret (la couleur du deuil qu’il endosse)
pour le génie d’un homme que les contemporains de Turing n’ont
guère su reconnaître.
ANALYSE DU FILM
À V O U S D E D É C R Y P T E R !
Envoyez vos réponses à l’adresse e-mail suivante :
scolaires@parenthesecinema.com
L E S 1 0 P R E M I È R E S B O N N E S R É P O N S E S
P O U R C H A Q U E J E U R E C E V R O N T
D E S P L A C E S D E C I N É M A G R A T U I T E S
P O U R T O U T E L A C L A S S E P O U R D É C O U V R I R L E F I L M !
170
79
191
57
196
26
225
11
266
312
275
309
281
MODE D’EMPLOI
1. Le message est codé suivant le « chiffre de BEALE », code cité dans le film IMITATION GAME (premières lettres des noms des
mathématiciens de la première énigme).
Le principe de codage est très simple :
• On choisit un texte de référence : « la clé »
La clé choisie ici est l’appel du 18 juin du Général de Gaulle :
http://www.charles-de-gaulle.org/pages/l-homme/dossiers-thematiques/1940-1944-la-seconde-guerre-mondiale/l-appel-du-18-juin.php
• Pour chaque lettre du message à coder, il faut trouver un mot du texte « clé » qui commence par cette lettre, la position du mot
dans le texte donne le nombre qui code la lettre.
Pour éviter toute ambigüité sur le comptage des mots, ils ont été comptés à partir du compteur d’un logiciel de traitement de texte,
ainsi, par exemple « Etats-Unis » compte pour un seul mot.
Ainsi, le 11 du message codé code le 11ème
mot du texte « clé » qui est « tête », il s’agit donc de la lettre « T ».
Ce système de codage permet de rendre le code résistant à une analyse fréquentielle puisque la même lettre peut être codée par
des nombres différents.
En revanche, une fois le mécanisme compris, le déchiffrage du texte ne comporte pas un intérêt majeur. Nous avons donc légèrement
compliqué la chose, d’une part par les deux petites énigmes permettant de retrouver le système de codage et la clé de chiffrement,
d’autre part par le message chiffré lui-même.
2. Le message chiffré est un anagramme du message à retrouver. Il restera donc ensuite aux élèves à recombiner les lettres obtenues
pour retrouver le message.
3. Prolongements possibles
• Travail de combinatoire pour retrouver l’anagramme, création d’un arbre des possibles par groupes. Trouver le nombre
d’anagrammes possibles.
• Recherche sur le « chiffre de Beale ».
• Travail sur l’analyse fréquentielle à l’aide du site « dcode » : http://www.dcode.fr/analyse-frequences
→ 1ER
INDICE : LE CODE DE DÉCHIFFRAGE
L’homme qui a donné son nom au code qui vous permettra de déchiffrer l’énigme va se révéler parmi la liste des
mathématiciens ci-dessous :
Brauer Richard
Einstein Albert
Ampère André-Marie
Leibniz Gottfried Wilhelm
Euler Leonhard
→ 2ÈME
INDICE : LA CLÉ DE DÉCHIFFRAGE
Retrouvez le texte du discours radiodiffusé, prononcé depuis l’Angleterre un certain jour de juin 1940.
JEU 1
Un exercice pluridisciplinaire – mathématiques & histoire – à faire en classe avec vos élèves.
Document initié par Parenthèse Cinéma. Textes de Philippe Leclercq, enseignant, rédacteur pour Canopé et critique de cinéma.
Message codé proposé par l’équipe du jeu-concours Kangourou des mathématiques 2014, distributeur de la revue Les malices du Kangourou : Codes
et messages secrets. Info sur www.mathkang.org
OB GJWLQTKHWMWJN HUW NMKTK
H’HWZH GNJQE C LMYY YP S,
KC ON LHYHME JAV TXBX SSCJDZ
G’EAZF KKAR C XO T DMDG.
Ce texte a été codé comme le faisait la machine ENIGMA, selon la méthode dite du « carré de Vigenère », le mot-
clé, comme on le voit dans le film IMITATION GAME, étant changé tous les jours à minuit !
Ici le nombre-clé est un certain nombre dont on connait aujourd’hui des milliards de décimales.
Chacune des lettres successives du message a ainsi été décalée (dans l’ordre alphabétique) d’un nombre égal
aux chiffres successifs des décimales de ce nombre …
A vous de jouer !
Pour décrypter ce message secret, remplacez chaque carré bleu par le chiffre 2, jaune par le chiffre 1, rouge par
le chiffre 0.
Chaque triplet de couleurs représente alors, en colonne, le numéro de la lettre de l’alphabet écrit « en base 3 ».
Par exemple, le premier triplet représente la (2x9+0x3+1)ième lettre de l’alphabet, c’est-à-dire S (la 19ième lettre).
JEU 2
Le message codé ci-dessous est un poème de Marcel Pagnol qui parle justement du nombre qui vous
servira à le décrypter !
JEU 3
Un message à décrypter avec un code à « base 3 » :

Mais conteúdo relacionado

Mais procurados

Bakterhaigused
BakterhaigusedBakterhaigused
BakterhaigusedTartu khk
 
UE4 ビヘイビアツリー入門
UE4 ビヘイビアツリー入門UE4 ビヘイビアツリー入門
UE4 ビヘイビアツリー入門r_ngtm
 
UNREAL ENGINE 基本操作編
UNREAL ENGINE  基本操作編UNREAL ENGINE  基本操作編
UNREAL ENGINE 基本操作編Yuuki Ogino
 
インディーゲーム開発の現状と未来 2021
インディーゲーム開発の現状と未来 2021インディーゲーム開発の現状と未来 2021
インディーゲーム開発の現状と未来 2021Unity Technologies Japan K.K.
 
UE4で実現できた理想のゲーム開発ワークフロー
UE4で実現できた理想のゲーム開発ワークフローUE4で実現できた理想のゲーム開発ワークフロー
UE4で実現できた理想のゲーム開発ワークフローhistoria_Inc
 
Programme d’informatique pour la 2ème année secondaire au
Programme d’informatique pour la 2ème année secondaire auProgramme d’informatique pour la 2ème année secondaire au
Programme d’informatique pour la 2ème année secondaire auHanfi Akram
 
はじめてのUnreal Engine 4
はじめてのUnreal Engine 4はじめてのUnreal Engine 4
はじめてのUnreal Engine 4Shun Sasaki
 
ადამიანი და კომპიუტერი
ადამიანი და კომპიუტერიადამიანი და კომპიუტერი
ადამიანი და კომპიუტერიana lipartia
 
Unity講習会(初級)
Unity講習会(初級)Unity講習会(初級)
Unity講習会(初級)torisoup
 
Unityネイティブプラグインマニアクス #denatechcon
Unityネイティブプラグインマニアクス #denatechconUnityネイティブプラグインマニアクス #denatechcon
Unityネイティブプラグインマニアクス #denatechconDeNA
 
Introduction&composants
Introduction&composantsIntroduction&composants
Introduction&composantsAnissa Teyeb
 
Architecture du microprocesseur
Architecture du microprocesseurArchitecture du microprocesseur
Architecture du microprocesseurOndernemersschool
 
Fundamentos da Inteligencia Artificial :: Prof Dr. Carlos Estombelo
Fundamentos da Inteligencia Artificial :: Prof Dr. Carlos EstombeloFundamentos da Inteligencia Artificial :: Prof Dr. Carlos Estombelo
Fundamentos da Inteligencia Artificial :: Prof Dr. Carlos EstombeloRogerio P C do Nascimento
 

Mais procurados (20)

Bakterhaigused
BakterhaigusedBakterhaigused
Bakterhaigused
 
UE4 ビヘイビアツリー入門
UE4 ビヘイビアツリー入門UE4 ビヘイビアツリー入門
UE4 ビヘイビアツリー入門
 
Chapitre 1 rappel
Chapitre 1 rappelChapitre 1 rappel
Chapitre 1 rappel
 
Pic 16 f84
Pic 16 f84Pic 16 f84
Pic 16 f84
 
UNREAL ENGINE 基本操作編
UNREAL ENGINE  基本操作編UNREAL ENGINE  基本操作編
UNREAL ENGINE 基本操作編
 
インディーゲーム開発の現状と未来 2021
インディーゲーム開発の現状と未来 2021インディーゲーム開発の現状と未来 2021
インディーゲーム開発の現状と未来 2021
 
Exercices : Algorithmes et Langage C
Exercices : Algorithmes et Langage CExercices : Algorithmes et Langage C
Exercices : Algorithmes et Langage C
 
UE4で実現できた理想のゲーム開発ワークフロー
UE4で実現できた理想のゲーム開発ワークフローUE4で実現できた理想のゲーム開発ワークフロー
UE4で実現できた理想のゲーム開発ワークフロー
 
Programme d’informatique pour la 2ème année secondaire au
Programme d’informatique pour la 2ème année secondaire auProgramme d’informatique pour la 2ème année secondaire au
Programme d’informatique pour la 2ème année secondaire au
 
はじめてのUnreal Engine 4
はじめてのUnreal Engine 4はじめてのUnreal Engine 4
はじめてのUnreal Engine 4
 
Atelier Informatique
Atelier InformatiqueAtelier Informatique
Atelier Informatique
 
ადამიანი და კომპიუტერი
ადამიანი და კომპიუტერიადამიანი და კომპიუტერი
ადამიანი და კომპიუტერი
 
Type abstrait de données
Type abstrait de donnéesType abstrait de données
Type abstrait de données
 
Unity講習会(初級)
Unity講習会(初級)Unity講習会(初級)
Unity講習会(初級)
 
Unityネイティブプラグインマニアクス #denatechcon
Unityネイティブプラグインマニアクス #denatechconUnityネイティブプラグインマニアクス #denatechcon
Unityネイティブプラグインマニアクス #denatechcon
 
Introduction&composants
Introduction&composantsIntroduction&composants
Introduction&composants
 
Architecture du microprocesseur
Architecture du microprocesseurArchitecture du microprocesseur
Architecture du microprocesseur
 
Unreal engine4を使ったVRコンテンツ製作で 120%役に立つtips集+GDC情報をご紹介
Unreal engine4を使ったVRコンテンツ製作で 120%役に立つtips集+GDC情報をご紹介Unreal engine4を使ったVRコンテンツ製作で 120%役に立つtips集+GDC情報をご紹介
Unreal engine4を使ったVRコンテンツ製作で 120%役に立つtips集+GDC情報をご紹介
 
Informática na ótica do utilizador
Informática na ótica do utilizadorInformática na ótica do utilizador
Informática na ótica do utilizador
 
Fundamentos da Inteligencia Artificial :: Prof Dr. Carlos Estombelo
Fundamentos da Inteligencia Artificial :: Prof Dr. Carlos EstombeloFundamentos da Inteligencia Artificial :: Prof Dr. Carlos Estombelo
Fundamentos da Inteligencia Artificial :: Prof Dr. Carlos Estombelo
 

Destaque

Guía didáctica medio audiovisual: The imitation game
Guía didáctica medio audiovisual: The imitation gameGuía didáctica medio audiovisual: The imitation game
Guía didáctica medio audiovisual: The imitation gameMarySolNf
 
Quelques informaticien(ne)s célèbres
Quelques informaticien(ne)s célèbresQuelques informaticien(ne)s célèbres
Quelques informaticien(ne)s célèbresYann-Gaël Guéhéneuc
 
Alan Turing, Camila 4º A
Alan Turing, Camila 4º AAlan Turing, Camila 4º A
Alan Turing, Camila 4º AME PP
 
Intelligence Artificielle : Introduction à l'intelligence artificielle
Intelligence Artificielle : Introduction à l'intelligence artificielleIntelligence Artificielle : Introduction à l'intelligence artificielle
Intelligence Artificielle : Introduction à l'intelligence artificielleECAM Brussels Engineering School
 
L’histoire de l’informatique
L’histoire de l’informatiqueL’histoire de l’informatique
L’histoire de l’informatiqueKarim Zehi
 
The imitationgame dossier
The imitationgame dossierThe imitationgame dossier
The imitationgame dossierVicky
 
The imitation game and cryptography
The imitation game and cryptographyThe imitation game and cryptography
The imitation game and cryptographyAnry Lu
 
Alan turing, inteligencia artificial y test de turing
Alan turing, inteligencia artificial y test de turingAlan turing, inteligencia artificial y test de turing
Alan turing, inteligencia artificial y test de turingM_Ventura25
 
Marketing the imitation game
Marketing  the imitation gameMarketing  the imitation game
Marketing the imitation gameNaamah Hill
 
2016_Huguet_l1ICC11_séquence 4 vous avez dit télécommunications?
2016_Huguet_l1ICC11_séquence 4 vous avez dit télécommunications?2016_Huguet_l1ICC11_séquence 4 vous avez dit télécommunications?
2016_Huguet_l1ICC11_séquence 4 vous avez dit télécommunications?François Huguet
 
Culture numérique, une histoire de hippies
Culture numérique, une histoire de hippiesCulture numérique, une histoire de hippies
Culture numérique, une histoire de hippieschristian poulot
 
IA, Ia grande question
IA, Ia grande questionIA, Ia grande question
IA, Ia grande questionAlain Lefebvre
 
Explicando a máquina Enigma
Explicando a máquina EnigmaExplicando a máquina Enigma
Explicando a máquina EnigmaAnchises Moraes
 

Destaque (20)

Guía didáctica medio audiovisual: The imitation game
Guía didáctica medio audiovisual: The imitation gameGuía didáctica medio audiovisual: The imitation game
Guía didáctica medio audiovisual: The imitation game
 
Quelques informaticien(ne)s célèbres
Quelques informaticien(ne)s célèbresQuelques informaticien(ne)s célèbres
Quelques informaticien(ne)s célèbres
 
Alan Turing, Camila 4º A
Alan Turing, Camila 4º AAlan Turing, Camila 4º A
Alan Turing, Camila 4º A
 
Intelligence Artificielle : Introduction à l'intelligence artificielle
Intelligence Artificielle : Introduction à l'intelligence artificielleIntelligence Artificielle : Introduction à l'intelligence artificielle
Intelligence Artificielle : Introduction à l'intelligence artificielle
 
Enigma
EnigmaEnigma
Enigma
 
Ensayo sobre película
Ensayo sobre películaEnsayo sobre película
Ensayo sobre película
 
L’histoire de l’informatique
L’histoire de l’informatiqueL’histoire de l’informatique
L’histoire de l’informatique
 
Turing machines
Turing machinesTuring machines
Turing machines
 
The imitationgame dossier
The imitationgame dossierThe imitationgame dossier
The imitationgame dossier
 
2013 guide cyberviolence
2013 guide cyberviolence2013 guide cyberviolence
2013 guide cyberviolence
 
Yoniel
YonielYoniel
Yoniel
 
The imitation game
The imitation gameThe imitation game
The imitation game
 
Resumen de la pelicula
Resumen de la peliculaResumen de la pelicula
Resumen de la pelicula
 
The imitation game and cryptography
The imitation game and cryptographyThe imitation game and cryptography
The imitation game and cryptography
 
Alan turing, inteligencia artificial y test de turing
Alan turing, inteligencia artificial y test de turingAlan turing, inteligencia artificial y test de turing
Alan turing, inteligencia artificial y test de turing
 
Marketing the imitation game
Marketing  the imitation gameMarketing  the imitation game
Marketing the imitation game
 
2016_Huguet_l1ICC11_séquence 4 vous avez dit télécommunications?
2016_Huguet_l1ICC11_séquence 4 vous avez dit télécommunications?2016_Huguet_l1ICC11_séquence 4 vous avez dit télécommunications?
2016_Huguet_l1ICC11_séquence 4 vous avez dit télécommunications?
 
Culture numérique, une histoire de hippies
Culture numérique, une histoire de hippiesCulture numérique, une histoire de hippies
Culture numérique, une histoire de hippies
 
IA, Ia grande question
IA, Ia grande questionIA, Ia grande question
IA, Ia grande question
 
Explicando a máquina Enigma
Explicando a máquina EnigmaExplicando a máquina Enigma
Explicando a máquina Enigma
 

Mais de Atelier Canopé de l'Essonne

Plaquette de présentation des journées charlotte Delbo 2016
Plaquette de présentation des journées charlotte Delbo 2016Plaquette de présentation des journées charlotte Delbo 2016
Plaquette de présentation des journées charlotte Delbo 2016Atelier Canopé de l'Essonne
 
L'accompagnement personnalisé au collège et au lycée
L'accompagnement personnalisé au collège et au lycéeL'accompagnement personnalisé au collège et au lycée
L'accompagnement personnalisé au collège et au lycéeAtelier Canopé de l'Essonne
 
Programme de nos animations Arts et cultures 2014/2015
Programme de nos animations Arts et cultures 2014/2015Programme de nos animations Arts et cultures 2014/2015
Programme de nos animations Arts et cultures 2014/2015Atelier Canopé de l'Essonne
 
Dossier des rencontres photographiques de l'Essonne Clic91 2014-2015
Dossier des rencontres photographiques de l'Essonne Clic91 2014-2015Dossier des rencontres photographiques de l'Essonne Clic91 2014-2015
Dossier des rencontres photographiques de l'Essonne Clic91 2014-2015Atelier Canopé de l'Essonne
 

Mais de Atelier Canopé de l'Essonne (20)

Affiche hackathon
Affiche hackathonAffiche hackathon
Affiche hackathon
 
Offre atelier91
Offre atelier91Offre atelier91
Offre atelier91
 
Abonnement à l'atelier Canopé de l'Essonne
Abonnement à l'atelier Canopé de l'EssonneAbonnement à l'atelier Canopé de l'Essonne
Abonnement à l'atelier Canopé de l'Essonne
 
2016 coups de coeur Clic91
2016 coups de coeur Clic912016 coups de coeur Clic91
2016 coups de coeur Clic91
 
Jaine 2016: Invitation
Jaine 2016: InvitationJaine 2016: Invitation
Jaine 2016: Invitation
 
Cicatrices de guerre_fiches_college_eleves(1)
Cicatrices de guerre_fiches_college_eleves(1)Cicatrices de guerre_fiches_college_eleves(1)
Cicatrices de guerre_fiches_college_eleves(1)
 
Plaquette de présentation des journées charlotte Delbo 2016
Plaquette de présentation des journées charlotte Delbo 2016Plaquette de présentation des journées charlotte Delbo 2016
Plaquette de présentation des journées charlotte Delbo 2016
 
Bibliographie sur les 30 ans du Bac Pro
Bibliographie sur les 30 ans du Bac ProBibliographie sur les 30 ans du Bac Pro
Bibliographie sur les 30 ans du Bac Pro
 
Enseigner l’anglais dans le 1er degré .
Enseigner l’anglais dans le 1er degré .Enseigner l’anglais dans le 1er degré .
Enseigner l’anglais dans le 1er degré .
 
02-ConférenceTisserondCorot8décembre
02-ConférenceTisserondCorot8décembre02-ConférenceTisserondCorot8décembre
02-ConférenceTisserondCorot8décembre
 
01-ConférenceTisserondCorot8décembre
01-ConférenceTisserondCorot8décembre01-ConférenceTisserondCorot8décembre
01-ConférenceTisserondCorot8décembre
 
Webographie EDD
Webographie EDDWebographie EDD
Webographie EDD
 
L'Essonne, Destination scolaires : Guide 2015
L'Essonne,  Destination scolaires : Guide 2015L'Essonne,  Destination scolaires : Guide 2015
L'Essonne, Destination scolaires : Guide 2015
 
26ème semaine de la presse et des média
26ème semaine de la presse et des média26ème semaine de la presse et des média
26ème semaine de la presse et des média
 
L'accompagnement personnalisé au collège et au lycée
L'accompagnement personnalisé au collège et au lycéeL'accompagnement personnalisé au collège et au lycée
L'accompagnement personnalisé au collège et au lycée
 
Wolfson neverland
Wolfson neverlandWolfson neverland
Wolfson neverland
 
Eip 91 presentation canopé
Eip 91 presentation canopéEip 91 presentation canopé
Eip 91 presentation canopé
 
Programme de nos animations Arts et cultures 2014/2015
Programme de nos animations Arts et cultures 2014/2015Programme de nos animations Arts et cultures 2014/2015
Programme de nos animations Arts et cultures 2014/2015
 
Dossier des rencontres photographiques de l'Essonne Clic91 2014-2015
Dossier des rencontres photographiques de l'Essonne Clic91 2014-2015Dossier des rencontres photographiques de l'Essonne Clic91 2014-2015
Dossier des rencontres photographiques de l'Essonne Clic91 2014-2015
 
Reglement des Rencontres photographiques clic91
Reglement des Rencontres photographiques clic91Reglement des Rencontres photographiques clic91
Reglement des Rencontres photographiques clic91
 

Último

SciencesPo_Aix_InnovationPédagogique_Atelier_EtudiantActeur.pdf
SciencesPo_Aix_InnovationPédagogique_Atelier_EtudiantActeur.pdfSciencesPo_Aix_InnovationPédagogique_Atelier_EtudiantActeur.pdf
SciencesPo_Aix_InnovationPédagogique_Atelier_EtudiantActeur.pdfSKennel
 
Bibdoc 2024 - Les maillons de la chaine du livre face aux enjeux écologiques.pdf
Bibdoc 2024 - Les maillons de la chaine du livre face aux enjeux écologiques.pdfBibdoc 2024 - Les maillons de la chaine du livre face aux enjeux écologiques.pdf
Bibdoc 2024 - Les maillons de la chaine du livre face aux enjeux écologiques.pdfBibdoc 37
 
Le Lean sur une ligne de production : Formation et mise en application directe
Le Lean sur une ligne de production : Formation et mise en application directeLe Lean sur une ligne de production : Formation et mise en application directe
Le Lean sur une ligne de production : Formation et mise en application directeXL Groupe
 
Bernard Réquichot.pptx Peintre français
Bernard Réquichot.pptx   Peintre françaisBernard Réquichot.pptx   Peintre français
Bernard Réquichot.pptx Peintre françaisTxaruka
 
LA MONTÉE DE L'ÉDUCATION DANS LE MONDE DE LA PRÉHISTOIRE À L'ÈRE CONTEMPORAIN...
LA MONTÉE DE L'ÉDUCATION DANS LE MONDE DE LA PRÉHISTOIRE À L'ÈRE CONTEMPORAIN...LA MONTÉE DE L'ÉDUCATION DANS LE MONDE DE LA PRÉHISTOIRE À L'ÈRE CONTEMPORAIN...
LA MONTÉE DE L'ÉDUCATION DANS LE MONDE DE LA PRÉHISTOIRE À L'ÈRE CONTEMPORAIN...Faga1939
 
SciencesPo_Aix_InnovationPédagogique_Conférence_SK.pdf
SciencesPo_Aix_InnovationPédagogique_Conférence_SK.pdfSciencesPo_Aix_InnovationPédagogique_Conférence_SK.pdf
SciencesPo_Aix_InnovationPédagogique_Conférence_SK.pdfSKennel
 
Cours SE Gestion des périphériques - IG IPSET
Cours SE Gestion des périphériques - IG IPSETCours SE Gestion des périphériques - IG IPSET
Cours SE Gestion des périphériques - IG IPSETMedBechir
 
Annie Ernaux Extérieurs. pptx. Exposition basée sur un livre .
Annie   Ernaux  Extérieurs. pptx. Exposition basée sur un livre .Annie   Ernaux  Extérieurs. pptx. Exposition basée sur un livre .
Annie Ernaux Extérieurs. pptx. Exposition basée sur un livre .Txaruka
 
Presentation de la plateforme Moodle - avril 2024
Presentation de la plateforme Moodle - avril 2024Presentation de la plateforme Moodle - avril 2024
Presentation de la plateforme Moodle - avril 2024Gilles Le Page
 
Bibdoc 2024 - Ecologie du livre et creation de badge.pdf
Bibdoc 2024 - Ecologie du livre et creation de badge.pdfBibdoc 2024 - Ecologie du livre et creation de badge.pdf
Bibdoc 2024 - Ecologie du livre et creation de badge.pdfBibdoc 37
 
PIE-A2-P4-support stagiaires sept 22-validé.pdf
PIE-A2-P4-support stagiaires sept 22-validé.pdfPIE-A2-P4-support stagiaires sept 22-validé.pdf
PIE-A2-P4-support stagiaires sept 22-validé.pdfRiDaHAziz
 
PIE-A2-P 5- Supports stagiaires.pptx.pdf
PIE-A2-P 5- Supports stagiaires.pptx.pdfPIE-A2-P 5- Supports stagiaires.pptx.pdf
PIE-A2-P 5- Supports stagiaires.pptx.pdfRiDaHAziz
 
Zotero avancé - support de formation doctorants SHS 2024
Zotero avancé - support de formation doctorants SHS 2024Zotero avancé - support de formation doctorants SHS 2024
Zotero avancé - support de formation doctorants SHS 2024Alain Marois
 
Principe de fonctionnement d'un moteur 4 temps
Principe de fonctionnement d'un moteur 4 tempsPrincipe de fonctionnement d'un moteur 4 temps
Principe de fonctionnement d'un moteur 4 tempsRajiAbdelghani
 
SciencesPo_Aix_InnovationPédagogique_Atelier_FormationRecherche.pdf
SciencesPo_Aix_InnovationPédagogique_Atelier_FormationRecherche.pdfSciencesPo_Aix_InnovationPédagogique_Atelier_FormationRecherche.pdf
SciencesPo_Aix_InnovationPédagogique_Atelier_FormationRecherche.pdfSKennel
 
SciencesPo_Aix_InnovationPédagogique_Atelier_IA.pdf
SciencesPo_Aix_InnovationPédagogique_Atelier_IA.pdfSciencesPo_Aix_InnovationPédagogique_Atelier_IA.pdf
SciencesPo_Aix_InnovationPédagogique_Atelier_IA.pdfSKennel
 
SciencesPo_Aix_InnovationPédagogique_Bilan.pdf
SciencesPo_Aix_InnovationPédagogique_Bilan.pdfSciencesPo_Aix_InnovationPédagogique_Bilan.pdf
SciencesPo_Aix_InnovationPédagogique_Bilan.pdfSKennel
 
Cours SE Le système Linux : La ligne de commande bash - IG IPSET
Cours SE Le système Linux : La ligne de commande bash - IG IPSETCours SE Le système Linux : La ligne de commande bash - IG IPSET
Cours SE Le système Linux : La ligne de commande bash - IG IPSETMedBechir
 

Último (19)

DO PALÁCIO À ASSEMBLEIA .
DO PALÁCIO À ASSEMBLEIA                 .DO PALÁCIO À ASSEMBLEIA                 .
DO PALÁCIO À ASSEMBLEIA .
 
SciencesPo_Aix_InnovationPédagogique_Atelier_EtudiantActeur.pdf
SciencesPo_Aix_InnovationPédagogique_Atelier_EtudiantActeur.pdfSciencesPo_Aix_InnovationPédagogique_Atelier_EtudiantActeur.pdf
SciencesPo_Aix_InnovationPédagogique_Atelier_EtudiantActeur.pdf
 
Bibdoc 2024 - Les maillons de la chaine du livre face aux enjeux écologiques.pdf
Bibdoc 2024 - Les maillons de la chaine du livre face aux enjeux écologiques.pdfBibdoc 2024 - Les maillons de la chaine du livre face aux enjeux écologiques.pdf
Bibdoc 2024 - Les maillons de la chaine du livre face aux enjeux écologiques.pdf
 
Le Lean sur une ligne de production : Formation et mise en application directe
Le Lean sur une ligne de production : Formation et mise en application directeLe Lean sur une ligne de production : Formation et mise en application directe
Le Lean sur une ligne de production : Formation et mise en application directe
 
Bernard Réquichot.pptx Peintre français
Bernard Réquichot.pptx   Peintre françaisBernard Réquichot.pptx   Peintre français
Bernard Réquichot.pptx Peintre français
 
LA MONTÉE DE L'ÉDUCATION DANS LE MONDE DE LA PRÉHISTOIRE À L'ÈRE CONTEMPORAIN...
LA MONTÉE DE L'ÉDUCATION DANS LE MONDE DE LA PRÉHISTOIRE À L'ÈRE CONTEMPORAIN...LA MONTÉE DE L'ÉDUCATION DANS LE MONDE DE LA PRÉHISTOIRE À L'ÈRE CONTEMPORAIN...
LA MONTÉE DE L'ÉDUCATION DANS LE MONDE DE LA PRÉHISTOIRE À L'ÈRE CONTEMPORAIN...
 
SciencesPo_Aix_InnovationPédagogique_Conférence_SK.pdf
SciencesPo_Aix_InnovationPédagogique_Conférence_SK.pdfSciencesPo_Aix_InnovationPédagogique_Conférence_SK.pdf
SciencesPo_Aix_InnovationPédagogique_Conférence_SK.pdf
 
Cours SE Gestion des périphériques - IG IPSET
Cours SE Gestion des périphériques - IG IPSETCours SE Gestion des périphériques - IG IPSET
Cours SE Gestion des périphériques - IG IPSET
 
Annie Ernaux Extérieurs. pptx. Exposition basée sur un livre .
Annie   Ernaux  Extérieurs. pptx. Exposition basée sur un livre .Annie   Ernaux  Extérieurs. pptx. Exposition basée sur un livre .
Annie Ernaux Extérieurs. pptx. Exposition basée sur un livre .
 
Presentation de la plateforme Moodle - avril 2024
Presentation de la plateforme Moodle - avril 2024Presentation de la plateforme Moodle - avril 2024
Presentation de la plateforme Moodle - avril 2024
 
Bibdoc 2024 - Ecologie du livre et creation de badge.pdf
Bibdoc 2024 - Ecologie du livre et creation de badge.pdfBibdoc 2024 - Ecologie du livre et creation de badge.pdf
Bibdoc 2024 - Ecologie du livre et creation de badge.pdf
 
PIE-A2-P4-support stagiaires sept 22-validé.pdf
PIE-A2-P4-support stagiaires sept 22-validé.pdfPIE-A2-P4-support stagiaires sept 22-validé.pdf
PIE-A2-P4-support stagiaires sept 22-validé.pdf
 
PIE-A2-P 5- Supports stagiaires.pptx.pdf
PIE-A2-P 5- Supports stagiaires.pptx.pdfPIE-A2-P 5- Supports stagiaires.pptx.pdf
PIE-A2-P 5- Supports stagiaires.pptx.pdf
 
Zotero avancé - support de formation doctorants SHS 2024
Zotero avancé - support de formation doctorants SHS 2024Zotero avancé - support de formation doctorants SHS 2024
Zotero avancé - support de formation doctorants SHS 2024
 
Principe de fonctionnement d'un moteur 4 temps
Principe de fonctionnement d'un moteur 4 tempsPrincipe de fonctionnement d'un moteur 4 temps
Principe de fonctionnement d'un moteur 4 temps
 
SciencesPo_Aix_InnovationPédagogique_Atelier_FormationRecherche.pdf
SciencesPo_Aix_InnovationPédagogique_Atelier_FormationRecherche.pdfSciencesPo_Aix_InnovationPédagogique_Atelier_FormationRecherche.pdf
SciencesPo_Aix_InnovationPédagogique_Atelier_FormationRecherche.pdf
 
SciencesPo_Aix_InnovationPédagogique_Atelier_IA.pdf
SciencesPo_Aix_InnovationPédagogique_Atelier_IA.pdfSciencesPo_Aix_InnovationPédagogique_Atelier_IA.pdf
SciencesPo_Aix_InnovationPédagogique_Atelier_IA.pdf
 
SciencesPo_Aix_InnovationPédagogique_Bilan.pdf
SciencesPo_Aix_InnovationPédagogique_Bilan.pdfSciencesPo_Aix_InnovationPédagogique_Bilan.pdf
SciencesPo_Aix_InnovationPédagogique_Bilan.pdf
 
Cours SE Le système Linux : La ligne de commande bash - IG IPSET
Cours SE Le système Linux : La ligne de commande bash - IG IPSETCours SE Le système Linux : La ligne de commande bash - IG IPSET
Cours SE Le système Linux : La ligne de commande bash - IG IPSET
 

Dossier pedagogique "Imitation Game" Comment Alan Turing a percé ENIGMA

  • 1. 1940 : Alan Turing, mathématicien, cryptologue, est chargé par le gouvernement britannique de percer le secret de la célèbre machine de cryptage allemande Enigma, réputée inviolable. À la tête d’une équipe improbable de savants, linguistes, champions d’échecs et agents du renseignement, Turing s’attaque au chef-d’œuvre de complexité dont la clef peut conduire à la victoire. IMITATION GAME relate la façon dont Alan Turing, soumis à une intense pression, contribua à changer le cours de la Seconde Guerre mondiale et de l’Histoire. C’est aussi le portrait d’un homme qui se retrouva condamné par la société de l’époque en raison de son homosexualité et en mourut. A U C I N É M A L E 2 8 J A N V I E R 2 0 1 5 COMMENT ALAN TURING A PERCÉ ENIGMA
  • 2. Le 24 décembre 2013, le mathématicien britannique, Alan Mathison Turing, pionnier de l’informatique moderne et décrypteur génial des codes secrets nazis (Enigma), obtenait la grâce royale à titre posthume après avoir été condamné pour homosexualité en 1952. LA JEUNESSE Né à Londres en 1912, le jeune Alan est placé avec son frère aîné dans une famille près d’Hastings, le climat de Madras – où son père est nommé administrateur colonial – ayant été jugé peu propice à la santé des deux enfants, qui ne verront plus leurs parents que rarement. À 10 ans, Alan se plonge régulièrement dans Les Merveilles de la nature que tout enfant devrait connaître, où le corps humain est présenté comme une vaste machine. Signe d’une prédisposition pour l’abstraction ? Le garçon rêveur, si indifférent aux choses du quotidien qu’il ne se rend compte que tardivement, selon son propre aveu, que Noël intervient à intervalles réguliers, songe bientôt à la possibilité de déchiffrer les lois qui unissent le corps et l’esprit. À l’austère Sherborne Grammar School où il est pensionnaire, Alan Turing se lie d’une solide amitié avec un lycéen d’un an son aîné (Christopher Morcom), féru de sciences et de mathématiques. La mort prématurée de ce dernier le marque à jamais. Turing pense alors endosser la carrière scientifique à laquelle son ami semblait destiné, incarnant de cette manière le concept fondamental de ses recherches à venir qui consiste à dissocier la machine des programmes qui la font fonctionner… LES ÉTUDES ET LA GUERRE Il entre ensuite au King’s College de l’université de Cambridge pour étudier les mathématiques pures. En 1936, avant de rejoindre l’université de Princeton aux États-Unis où il soutiendra sa thèse de doctorat sous la direction d’Alonzo Church, Turing publie à l’âge de 24 ans un article dans lequel il résout le « problème de la décision » de David Hilbert, posé huit ans plus tôt. Dans ce texte présentant sa fameuse « machine de Turing » (l’ancêtre de l’ordinateur), il définit les limites du calculable, ce qui est par conséquent prévisible et qui peut être effectué par une machine étape par étape (algorithme). En 1938, Turing est de retour des Etats-Unis. La guerre menace. Le jeune chercheur est alors engagé par les services secrets britanniques qui cherchent à interpréter les codes secrets des sous- marins allemands (U-boote). Travaillant sans relâche, Turing et son équipe finissent par déchiffrer la plupart des messages. Ce succès permet alors de déjouer nombre de plans nazis et ainsi de sauver des milliers de vie. L’ENSEIGNEMENT ET L’INFORMATIQUE Après 1945, retourné dans le civil, Turing entre au Laboratoire national de physique (1945-1948) et consacre ses efforts à la construction de sa machine imaginée quelque dix ans plus tôt. L’ACE (Automatic Computing Engine), qui n’entre en fonction qu’en 1950, devient le premier calculateur électronique capable de traiter tout type de données et pour lequel Turing conçoit même un manuel de programmation. Entre-temps, le scientifique a rejoint l’équipe de Max Newman à l’université de Manchester où il enseigne (1948-1954). En 1950, il devient membre de la Royal Society. C’est alors qu’il préfère se détourner de la voie de l’informatique qu’il a ouverte pour développer la possibilité de prêter une intelligence à des machines. Sa publication « L’ordinateur et l’intelligence » en 1950 pose les bases de l’intelligence artificielle. Le chercheur crée alors les conditions d’une expérience (imitation game) établissant une conversation entre un être humain et une machine, cette dernière imitant l’homme au point de ne plus se distinguer de lui. Infatigable découvreur, Turing s’intéresse par ailleurs à la morphogenèse ou comment les règles mathématiques peuvent parvenir à calculer la croissance des feuilles des plantes par exemple. Accusé d’homosexualité en 1952, Turing plaide coupable et accepte la castration chimique qui lui évite la prison et lui permet de poursuivre ses travaux. Le 7 juin 1954, il est retrouvé mort dans son lit, une pomme imbibée de cyanure à ses côtés. PORTRAITD’ALANMATHISONTURING
  • 3. LA « MACHINE DE TURING » La « machine de Turing » est une machine théorique présentée par Alan Turing dans un article publié en 1936. Sa conception apparaît comme une sorte d’automate abstrait qui constitue la base de la théorie des automates et, plus généralement, celle de la « calculabilité ». La machine que Turing imagine doit pouvoir effectuer un calcul complexe par le séquençage d’opérations simples. Quatre éléments la composent : 1. un ruban de papier illimité et composé de cases successives ; 2. une tête de lecture/écriture pouvant lire le contenu de chaque case dans les deux sens ; 3. un registre mémorisant l’état de la machine ; 4. une table d’actions (programme) à appliquer par la tête de  lecture. La longueur infinie de la bande, qui permet de stocker des données, correspond à la mémoire de nos ordinateurs, et le temps de calcul, au nombre d’opérations à accomplir sur ce ruban. Selon les règles définies dans la table, la tête de lecture se déplace case par case vers la droite ou la gauche, et lit ou écrit le contenu d’une case du ruban (une lettre de notre alphabet par exemple). À chaque étape, la machine cherche dans sa table l’action à appliquer et s’arrête quand elle ne reçoit plus d’ordre. Cette machine, qui s’avère capable de calculer comme un être humain, ne peut cependant réaliser que la seule opération pour laquelle elle a été programmée. Turing projette alors dans le même article de 1936 une machine universelle capable de simuler toute autre machine simple. Il faut pour cela lui fournir un programme (codé) à exécuter, assorti d’une somme de données à manipuler. La « machine de Turing », modèle abstrait d’ordinateur, formalise ainsi le concept d’algorithme. Son mode de calcul est celui sur lequel repose le fonctionnement de tous les ordinateurs modernes  ; il constitue le mètre-étalon de notre langage informatique. ENIGMA : NOUVELLE TECHNIQUE DE LA CRYPTOGRAPHIE Brevetéeen1918etvenduedès1923parl’ingénieurallemand Arthur Scherbius, la première machine électromécanique Enigma s’avère un échec commercial. La marine de guerre allemande (Reischmarine) s’y intéresse néanmoins et confie son évolution au service du Chiffre du Ministère de la guerre. Le modèle Enigma M3 est agréé et utilisé par la flotte allemandeàpartirde1926.Maislesmessagescodésenvoyés par Enigma sont néanmoins partiellement déchiffrés dès 1939 grâce au travail conjoint des services alliés du contre- espionnage et d’une escouade de cryptanalystes polonais. Avec la machine électromécanique construite par Turing et appelée « bombe », il est en effet possible de déterminer le message-clef de six lettres (changé quotidiennement) ayant servi à crypter un message. Hélas, début 1942, une nouvelle machine Enigma M4 fait son apparition. Plus sophistiquée, elle exige 11 mois à l’équipe de scientifiques dirigés par Alan Turing dans le centre de Bletchley Park, près de Londres, pour décoder ses messages. C’est au total plus de 18 000 messages émanant des machines Enigma qui seront décryptés durant la Seconde Guerre mondiale. Le fonctionnement d’Enigma s’avère d’une efficacité redoutable. La machine est équipée d’un clavier pour saisir les données, de plusieurs roues servant au codage et d’un tableau lumineux affichant le résultat. En tapant une lettre du clavier, un voyant du tableau s’allume. Selon le modèle (M3 ou M4), trois ou quatre roues (dites « Brouilleur Rotor ») se trouvent placées entre le clavier et le tableau. Ainsi, en utilisant le premier rotor, si l’on tape la lettre B sur le clavier, le tableau affiche A. À chaque frappe, le rotor tourne d’un cran, donc en retapant B, on obtient C. Les deuxième et troisième rotors avancent d’un cran quand le premier effectue un tour complet. Un tableau de connexion sert également à mélanger les lettres de l’alphabet et un réflecteur distribue le courant dans les rotors avant affichage. Suivant l’orientation des rotors, leurs alphabets et le tableau de connexion, la machine Enigma M4 n’offre pas moins de 159 milliards de milliards de combinaisons différentes pour crypter un texte  !
  • 4. Dans son désir furieux de mener une guerre éclair (Blitzkrieg), le IIIe Reich s’est doté d’un arsenal considérable qui doit trouver son efficacité dans un mouvement rapide et coordonné de ses armées. La réussite de cette nouvelle stratégie militaire, à l’opposé des guerres de positions, dépend également de l’effet de surprise. Or, pour parvenir à conjuguer ces exigences, l’armée nazie doit encore s’assurer du secret de ses opérations. La machine Enigma, déjà utilisée durant les années 1930 par les militaires allemands, sera la clef de voûte de sa foudroyante conquête. Grâce à cette innovation technique, l’armée allemande garantit la confidentialité de sa transmission, la cohésion de ses unités et la rapidité de ses actions. Munie d’un fonctionnement électromécanique (automatique) de codage, Enigma est facile à utiliser. De petite taille, elle est aussi très maniable et ne pèse que 12 kilos. GARDER LA MAÎTRISE DES EAUX Enigma, qui marque l’avènement de l’âge de la cryptographie, s’avère l’instrument idéal au succès de la Blitzkrieg. En deux années seulement, et pendant que les cryptographes du centre de déchiffrement de Bletchley Park sont à pied d’œuvre pour « casser » les codes d’Enigma, l’Allemagne a défait la quasi-totalité de ses ennemis européens : la Pologne en septembre 1939, le Danemark et la Norvège en avril 1940, la Belgique, les Pays-Bas, le Luxembourg et la France en mai 1940, la Yougoslavie et la Grèce en avril 1941. Seul le Royaume-Uni, sorti victorieux de la bataille d’Angleterre (juillet-octobre 1940), résiste encore à l’Ouest face aux forces de l’Axe. Mais le temps presse. La bataille de l’Atlantique fait rage. L’Allemagne tente d’imposer un blocus à l’île britannique. Les navires américains de ravitaillement en armes, nourriture, carburant et matières premières sont en permanence menacés d’être torpillés par l’armada nazie, et notamment les meutes de sous-marins (U-boote), qui croisent au large de ses côtes. Les Britanniques doivent garder la maîtrise des voies maritimes pour survivre. Le sort de la bataille de l’Atlantique dépend donc de la cryptanalyse de l’Enigma navale M3 pour identifier les positions allemandes. LE « TROU NOIR » DE 1942 Tous les messages décodés à Bletchley Park sont ensuite acheminés vers les ministères concernés (marine, air…). La source Enigma n’est jamaismentionnée,etlesinformationsontpournomdecode« Ultra ». Jusqu’au début de l’année 1942, les cryptogrammes déchiffrés permettent de limiter le tonnage des navires alliés coulés par la flotte allemande (Kriegsmarine). Mais, soudain, c’est le « trou noir ». Le Submarine Tracking Room, bureau britannique spécialement affecté au décryptage de l’Enigma naval utilisé par les U-boote, ne déchiffre plus rien. Le Reich est passé à une véritable industrie de guerre et construit davantage de sous-marins qu’elle équipe désormais de la nouvelle Enigma M4. Les effets sont immédiats. Les U-boote sont devenus muets ou presque ; il est impossible de prévenir les navires alliés pour les détourner de leur route. De 600 000 tonnes en 1941, le tonnage coulé dans l’Atlantique nord au milieu de l’année 1942 est multiplié par quatre pour atteindre 2 600 000 ! La pénurie menace l’île. Des opérations militaires sont alors organisées pour capturer des U-boote et leur Enigma M4, avec ses livres de codes et le message-clef utilisé. Résultat : les terribles U-boote deviennent enfin des proies et la courbe des navires torpillés s’inverse en 1943. Le déchiffrement des codes d’Enigma, déjà important dans la bataille d’Angleterre, s’avère déterminant dans la bataille de l’Atlantique remportée in fine par les Britanniques. Sans la somme d’informations récoltées par les Alliés, les Allemands auraient conservé longtemps leur capacité de nuisance et les liens vitaux avec les États-Unis auraient été compromis. La guerre aurait été plus meurtrière et plus coûteuse, et le débarquement repoussé au moins d’une année selon les historiens. ENIGMA ET LA BATAILLE DE L’ATLANTIQUE
  • 5. UN RÉCIT UNIVERSEL C’estendécouvrantdanslapresselesexcusesofficiellesprononcées par Gordon Brown au nom du gouvernement britannique en 2009 pour la maltraitance infligée au père de l’informatique moderne après la Seconde Guerre mondiale que les producteurs Nora Grossman et Ido Ostrowsky décident de mettre en chantier le projet d’IMITATION GAME. Après des recherches menées sur la vie d’Alan Turing et l’achat des droitsdesabiographie(signéeAndrewHodges),l’écritureduscénario est confiée au jeune romancier Graham Moore (221b, Baker Street, 2012) et la mise en scène au cinéaste norvégien Morten Tyldum. Enthousiaste à l’idée de mettre le projet en images, et notamment de tourner sur les lieux même des événements à Bletchley Park, ce dernier explique « qu’il s’agit sans nul doute d’une période à part dans l’histoire britannique, mais les idées d’Alan dépassent de loin son époque et le contexte de la guerre. C’est pourquoi IMITATION GAME est bien plus qu’un simple film historique à mes yeux, c’est une histoire intemporelle à la portée universelle ». COULEURS ET LUMIÈRE DE LA TRAGÉDIE L’action du film se déroule essentiellement durant la Seconde Guerre mondiale. Pour le réalisateur et son équipe technique, il s’agit donc de recréer l’époque des années 1940 avec justesse. Morten Tyldum songe alors à une esthétique de la lumière qui soit l’expression de l’existence tragique du personnage. Pour cela, il fait appel au chef-opérateur Óscar Faura (L’ORPHELINAT, 2008 ; THE IMPOSSIBLE, 2012). De son côté, la décoratrice Maria Djurkovic constate que « la palette des couleurs des années 40 est assez limitée ». Au final, le chromatisme du film tendra vers la monochromie des images, sorte de noir et blanc en couleurs qui pèse en permanence sur l’atmosphère du film et lui tient lieu d’habits de deuil. LA « BOMBE » Enfin, la co-vedette du film, la « bombe » Christopher – machine à décrypter les codes que Turing a fabriquée dans les locaux de Bletchley Park – a fait l’objet d’un travail plastique particulièrement soigné. « Il s’agit du premier ordinateur, observe la technicienne Djurkovic, c’est une invention incroyable, qui sait ce qui se serait passé sans elle ? Ça n’est pas seulement la pièce maîtresse du film, c’est la pièce maîtresse de l’histoire. La vraie « bombe » était encastrée dans une boîte en bakélite, mais dès le départ nous avons décidé que notre « Christopher » [prénom donné par Turing à sa machine en mémoire de son défunt camarade de lycée, NDLR] ne serait pas fermé, de sorte que l’on puisse voir ses entrailles au travail ». GENÈSE DU FILM ALANTURING,L’HOMMEQUIAIMAITLESPOMMES Alan Turing croqua une dernière pomme (empoisonnée au cyanure) et il mourut… Assassinat ? Suicide ? L’enquête de police ne conclut jamais officiellement au suicide. IMITATION GAMEtranchepoursapartenfaveurdelasecondehypothèse, plausible certes mais non attestée. Quoi qu’il en soit, la pomme entamée, retrouvée près du corps de celui qui adorait les contes pour enfants, et en particulier BLANCHE-NEIGE ET LES SEPT NAINS, le dessin animé de Walt Disney, nous en évoque une autre. Celle du logo, créé par Rob Janoff en 1976, de la firme d’ordinateurs Apple. Plusieurs explications circulent au sujet de cette pomme croquée qui, jusqu’en 1998, fut barrée des couleurs proches de celles de l’arc-en-ciel. La première, la plus prosaïque, évoque les débuts impécunieux des créateurs d’Apple (Steve Jobs, Ron Wayne et Steve Wozniak) et leur manie de se sustenter de pommes à vils prix. La seconde, l’historique pourrait-on dire, raconte que cette pomme multicolore serait une évocation (ou déclinaison) du premier logo de l’entreprise où l’on voyait Isaac Newton adossé à un pommier, sous une branche portant une pomme qui, selon la légende, lui tomba sur la tête et lui permit de découvrir la loi universelle de la gravitation. Enfin, la troisième hypothèse, la plus romantique et la plus vivace (mais toujours démentie par Janoff lui-même), voudrait faire du célèbre logo une référence à la mort de Turing. Laquelle constituerait un vibrant hommage des pères du célèbre Macintosh au pionnier magnifique de l’informatique moderne.
  • 6. La présentation des excuses posthumes du premier ministre britannique Gordon Brown en 2009 pour le traitement « déplorable » infligé à Alan Turing au début des années 1950 a été l’élément déclencheur de l’écriture du scénario d’IMITATION GAME. On aurait pu craindre qu’en voulant se joindre à cet élan de repentance officielle, certes tardive mais nécessaire, le film ne cède au biopic sans nuances d’un mathématicien injustement méconnu, génial précurseur de nos outils informatiques d’aujourd’hui… Or, non seulement, IMITATION GAME évite l’écueil de l’hagiographie, souvent paresseusement assise sur une structure linéaire avec passages obligés propres au récit d’apprentissage, mais il n’omet pas de souligner les faiblesses du protagoniste qui s’avère de bout en bout un anti-héros. Une phrase récurrente, et prononcée par Turing lui-même, pourrait d’ailleurs servir de sous-titre programmatique au film : « Parfois ce sont ceux dont on n’attend rien qui font des choses auxquelles nul ne s’attend ». UN DESTIN TRAGIQUE L’histoire d’IMITATION GAME s’appuie sur une dramaturgie faite de flashes-back par rapport au présent de la narration des années 1950. On remarquera que le film débute par la fin et s’ouvre sur la période la plus sombre de la vie de Turing (correspondant à l’enquête pour délit d’homosexualité menée contre lui). Le choix n’est pas anodin. Il annonce la tragédie. Il donne le ton du film, en indique sa couleur à venir, exprime d’emblée son dépit face à la patrie britannique peu reconnaissante pour celui qui mit tout son génie à la sauver. Cette scène liminaire, qui reviendra régulièrement dans le récit, servira de contrepoint (à charge) face aux valeureux efforts du personnage. Loin d’être un simple artifice destiné à rythmer l’intrigue ou à créer des effets de surprise narratifs, la temporalité éclatée d’IMITATION GAME (déchronologie) offre une lecture captivante, parfois émouvante, du présent par le passé. Elle densifie le portrait du protagoniste, lui prête une épaisseur humaine sous des dehors monstrueusement froids, distants, inadaptés à la vie en société, et par conséquent motifs de tensions. Les époques s’entrecroisent, la figure émerge, l’immense fragilité du personnage apparaît (sans pathos démesuré). Déjà, en 1928, à la Sherborne School, le jeune Turing fait l’objet de persécutions de la part des autres collégiens. Seule son amitié avec son camarade Christopherlesortdesonisolementetluipermetmêmedes’épanouir dans son domaine de prédilection : les mathématiques. Durant la guerre, à Bletchley Park, face à l’incompréhension de ses supérieurs (leCommandantDenniston),ildoitsebattre,ycomprisphysiquement (avec son collègue Hugh), pour défendre maladroitement (il n’est pas bon orateur) la « bombe » qu’il a construite. Enfin, retourné à la vie civile après la guerre, il vit cloîtré chez lui et dans la chimie du traitement contre son homosexualité que la justice lui a imposée. COURSE CONTRE LA MONTRE L’essentiel du film se déroule au centre de Bletchley Park, les grandes oreilles des services secrets britanniques qui, durant la Seconde Guerre mondiale, décryptent des informations placées sous le nom de code « Ultra ». Rythmé comme un thriller, IMITATION GAME nous invite donc à voir le conflit de l’arrière, loin du feu des combats (quelques images d’archives insérées cependant dans les plis du récit inscrivent la fiction dans l’Histoire et pèsent sur son intensité dramatique). Ici, le théâtre des opérations n’est pas un champ de bataille, mais la guerre de l’information que les Britanniques doivent livrer à l’ennemi nazi et à sa redoutable arme de guerre Enigma qui lui assure longtemps la suprématie dans l’Atlantique nord. Aussi, le succès de l’entreprise menée à Bletchley dépend de la rapidité à laquelle les mathématiciens et scientifiques de l’ombre briseront les codes d’Enigma. Une course contre la montre est alors engagée, laquelle est métaphorisée par la répétition des images de courses à pied de Turing et par un fondu enchaîné astucieux des roulements de la machine de Turing avec ceux des chenilles des chars nazis. L’agencement des flashes-back, qui fonctionne comme une suite de tableaux de la vie de Turing, cultive autant le mystère qu’il n’éclaire le destin du personnage. À cet égard, on observera que le réalisateur Morten Tyldum et le chef-opérateur Óscar Faura ont fait le choix d’une mise en scène très sobre, sinon sombre et austère. L’espace de la mise en scène est peu éclairé ; les images sont souvent partagées entre ombre et lumière. Certes, elles répondent à la noirceur de l’époque de la guerre et au décor victorien de Bletchley, mais elles font aussi écho à la part inaccessible de la figure du personnage, à son mystère et à son âme tourmentée. Cette couleur presque monochrome du film est enfin à voir comme l’expression plastique de son hommage discret (la couleur du deuil qu’il endosse) pour le génie d’un homme que les contemporains de Turing n’ont guère su reconnaître. ANALYSE DU FILM
  • 7. À V O U S D E D É C R Y P T E R ! Envoyez vos réponses à l’adresse e-mail suivante : scolaires@parenthesecinema.com L E S 1 0 P R E M I È R E S B O N N E S R É P O N S E S P O U R C H A Q U E J E U R E C E V R O N T D E S P L A C E S D E C I N É M A G R A T U I T E S P O U R T O U T E L A C L A S S E P O U R D É C O U V R I R L E F I L M ! 170 79 191 57 196 26 225 11 266 312 275 309 281 MODE D’EMPLOI 1. Le message est codé suivant le « chiffre de BEALE », code cité dans le film IMITATION GAME (premières lettres des noms des mathématiciens de la première énigme). Le principe de codage est très simple : • On choisit un texte de référence : « la clé » La clé choisie ici est l’appel du 18 juin du Général de Gaulle : http://www.charles-de-gaulle.org/pages/l-homme/dossiers-thematiques/1940-1944-la-seconde-guerre-mondiale/l-appel-du-18-juin.php • Pour chaque lettre du message à coder, il faut trouver un mot du texte « clé » qui commence par cette lettre, la position du mot dans le texte donne le nombre qui code la lettre. Pour éviter toute ambigüité sur le comptage des mots, ils ont été comptés à partir du compteur d’un logiciel de traitement de texte, ainsi, par exemple « Etats-Unis » compte pour un seul mot. Ainsi, le 11 du message codé code le 11ème mot du texte « clé » qui est « tête », il s’agit donc de la lettre « T ». Ce système de codage permet de rendre le code résistant à une analyse fréquentielle puisque la même lettre peut être codée par des nombres différents. En revanche, une fois le mécanisme compris, le déchiffrage du texte ne comporte pas un intérêt majeur. Nous avons donc légèrement compliqué la chose, d’une part par les deux petites énigmes permettant de retrouver le système de codage et la clé de chiffrement, d’autre part par le message chiffré lui-même. 2. Le message chiffré est un anagramme du message à retrouver. Il restera donc ensuite aux élèves à recombiner les lettres obtenues pour retrouver le message. 3. Prolongements possibles • Travail de combinatoire pour retrouver l’anagramme, création d’un arbre des possibles par groupes. Trouver le nombre d’anagrammes possibles. • Recherche sur le « chiffre de Beale ». • Travail sur l’analyse fréquentielle à l’aide du site « dcode » : http://www.dcode.fr/analyse-frequences → 1ER INDICE : LE CODE DE DÉCHIFFRAGE L’homme qui a donné son nom au code qui vous permettra de déchiffrer l’énigme va se révéler parmi la liste des mathématiciens ci-dessous : Brauer Richard Einstein Albert Ampère André-Marie Leibniz Gottfried Wilhelm Euler Leonhard → 2ÈME INDICE : LA CLÉ DE DÉCHIFFRAGE Retrouvez le texte du discours radiodiffusé, prononcé depuis l’Angleterre un certain jour de juin 1940. JEU 1 Un exercice pluridisciplinaire – mathématiques & histoire – à faire en classe avec vos élèves.
  • 8. Document initié par Parenthèse Cinéma. Textes de Philippe Leclercq, enseignant, rédacteur pour Canopé et critique de cinéma. Message codé proposé par l’équipe du jeu-concours Kangourou des mathématiques 2014, distributeur de la revue Les malices du Kangourou : Codes et messages secrets. Info sur www.mathkang.org OB GJWLQTKHWMWJN HUW NMKTK H’HWZH GNJQE C LMYY YP S, KC ON LHYHME JAV TXBX SSCJDZ G’EAZF KKAR C XO T DMDG. Ce texte a été codé comme le faisait la machine ENIGMA, selon la méthode dite du « carré de Vigenère », le mot- clé, comme on le voit dans le film IMITATION GAME, étant changé tous les jours à minuit ! Ici le nombre-clé est un certain nombre dont on connait aujourd’hui des milliards de décimales. Chacune des lettres successives du message a ainsi été décalée (dans l’ordre alphabétique) d’un nombre égal aux chiffres successifs des décimales de ce nombre … A vous de jouer ! Pour décrypter ce message secret, remplacez chaque carré bleu par le chiffre 2, jaune par le chiffre 1, rouge par le chiffre 0. Chaque triplet de couleurs représente alors, en colonne, le numéro de la lettre de l’alphabet écrit « en base 3 ». Par exemple, le premier triplet représente la (2x9+0x3+1)ième lettre de l’alphabet, c’est-à-dire S (la 19ième lettre). JEU 2 Le message codé ci-dessous est un poème de Marcel Pagnol qui parle justement du nombre qui vous servira à le décrypter ! JEU 3 Un message à décrypter avec un code à « base 3 » :