2. Chacune et chacun avait sa, ou ses raisons, de participer aux rassemblements
citoyens des 10 et 11 janvier derniers. Pour la liberté d’expression, wwpour
le droit à la critique et à la satire, pour le respect des principes de laïcité,
pour la défense de toutes les valeurs de notre République… Au total, plus
de 4 millions de Français dans les rues de l’Hexagone et de nombreuses
manifestations dans le monde ! Après cette réconfortante marée humaine,
après le renforcement nécessaire du plan Vigipirate et autres indispensables
mesures sécuritaires, quid des politiques éducatives et culturelles à mettre en
œuvre pour favoriser la tolérance, l’ouverture des esprits et le mieux vivre
ensemble ? Tout en sachant qu’on ramènera difficilement la République dans
les quartiers populaires, si celles et ceux qui y vivent ont essentiellement
comme horizon le chômage, la précarité, les conflits identitaires…
Les politiques d’austérité menées, souvent aveuglément, ne parviendront
sans doute jamais à rétablir équité, égalité et fraternité. Surtout si l’on
considère comme fatal que les 80 individus les plus riches dans le monde
détiennent autant de richesses que la moitié la plus pauvre de la population
(selon le rapport de l’ONG Oxfam du 20 janvier 2015).
Armes douces à partager
Certes, ce débat de fond a surtout sa place dans les confrontations politiques,
citoyennes et électorales à venir. Les acteurs culturels et d’éducation
populaire que nous sommes ont, quant à eux, à s’interroger en priorité sur
les actions préventives et innovantes à mener pour participer avec encore
plus de vigueur à l’élévation des consciences. Si notre rôle est de stimuler
l’esprit de curiosité à l’égard de tous les modes d’expression et de pratique
artistique, n’est-il pas aussi de faciliter la curiosité de l’autre ? En favorisant
notamment dès la saison prochaine, de nouvelles formes de rencontres, de
dialogues, d’enrichissements mutuels à partir des arts dans toute leur diversité.
Un dessin, une pièce de théâtre, une photo, une chorégraphie, une chanson…
voila les armes douces à partager pour combattre la peur des différences,
l’individualisme, l’ignorance, pour aussi redonner confiance à des femmes et des
hommes en perte de repères. Pour cela il convient également que cette intention
affichée sur le site du Gouvernement soit très vite suivie d’effets budgétaires :
« Après les attentats des 7, 8 et 9 janvier qui ont frappé la France, l’éducation
des jeunes générations est plus que jamais une priorité du Gouvernement.
Celle-ci passe notamment par l’éducation artistique et culturelle, l’éducation
aux médias et le soutien des initiatives culturelles. » Dont acte.
L’ensemble des membres du réseau Artoiscope
Éditorial
Et maintenant ?
sommairemars-avril 2015
ARTOIscopeArtsetspectaclesenArtois
BIMESTRIEL GRATUIT n°151
ARTOISCOPE est édité par l’association
Artoiscope, Base 11/19, Rue de Bourgogne,
62750 Loos-en-Gohelle, avec le soutien du
Conseil général du Pas-de-Calais et du Conseil
régional Nord–Pas-de-Calais.
‹ Directeur de la publication :
Jean-Paul Korbas - 03 59 41 34 04
‹ Conception/rédaction/réalisation :
Cituation & Ensemble - Arras - 03 21 71 53 33
‹ En couverture : Cituation et Ensemble -
Illustration : Justine Delebarre d’après La
Liberté guidant le peuple d’Eugène Delacroix
‹ Impression :
Imprimerie Danquigny - Cambrai
‹ Contact publicité : 03 21 71 63 31
‹ ISSN en cours
‹ Dépôt légal en cours
3action(s)• Coups de jeunes au théâtre
• Semaine des Utopies
• Tandem Arras-Douai hors les murs
• Festival jeune public Artimini
• Art contemporain à Sallaumines
• Archéologie de la Grande Guerre
• Mois de l’Art déco
• Dames d’atout à Hénin-Beaumont
• Nouvelle création à Avion
• PolarLens, salon du livre policier
• Évènements danse au théâtre de
Béthune
• Exposition exceptionnelle
Claude Génisson à Douai
18transversal• Liberté j’écris ton nom...
21zoom(s)• 6 rendez-vous en détail !
24l’agenda
• Plus de 180 rendez-vous
artistiques et culturels dans tout
l’Artois-Douaisis !
p.2 Artoiscope N°151 /mars-avril 15
14. action(s)Centre culturel d’Avion / création
Jenevoisquelarage
deceuxquin’ont
plusrien
La dernière représentation de 501 Blues
a eu lieu à Avion. La première de votre
nouveau spectacle est programmée
dans la même salle. Faut-il y voir un lien
entre les deux créations ?
Oui il y en a un, et c’est assez troublant de me dire
que dix ans après la dernière de 501 Blues, nous
allons créer la suite “économique” de ce spectacle.
D’ailleursThérèseFlouquet(ex-salariéedeLevi’set
comédienne de 501 Blues) figure dans ce triptyque
où elle joue le prologue et conclut l’œuvre. Quand
elle est arrivée du Portugal pour rejoindre son père
mineur, elle s’est installée d’abord à Avion, dans les
baraquements. Tout a donc un sens...
Pourquoi reparler d’industrie et
d’ouvrières alors que le textile a disparu
de notre région ?
La fermeture de Levi’s et la pièce 501 Blues
marquaient la fin d’un monde, le départ vers l’autre
monde.Lenouveaumonde,oùtoutestpossiblepour
les grandes puissances marchandes. Un monde où
l’on faisait travailler des ouvrières pour 30 € par
mois au Bangladesh alors que dix ans après, les
ouvrières licenciées de France vivaient avec 3 € par
jour. L’effondrement du Rana Plaza (un immeuble
abritant plusieurs ateliers de confection a causé la
mort de plus d’un millier de personnes, en majorité
des femmes) a suscité une immense révolte. Il est
une sorte de suite logique de nos propres dérives.
Quel est le sens de la participation de
Robin Renucci ?
Robin est à travers les Tréteaux de France, Centre
dramatique national qu’il dirige, le coproducteur
principal du projet. Nous nous sommes rencontrés
autour de cette création et avons eu très vite la
sensation de partager énormément de choses
politiquement et artistiquement, de faire partie de la
même famille. Il a accepté de faire la voix off du
documentaire Oporajeo qui conclue le projet.
Pourquoi cette complicité avec Avion ?
Avion est une ville dans laquelle je me sens bien
où la culture a un vrai sens, l’éducation populaire
aussi. Une ville qui a d’ailleurs lancé les assises de
la Culture en région en fin d’année dernière afin
de dresser l’inventaire de ce qui existe et de ce qui
est en danger aujourd’hui au niveau des pratiques
artistiques. Christophe Martin, l’auteur de la pièce,
a aussi un riche passé avec cette ville. Il est resté
trois ans en résidence au quartier de la République
et en a tiré un spectacle qui reste dans la mémoire de
nombreux Avionnais.
Propos recueillis par Jean-Jacques d’Amore
Après l’énorme succès de 501 Blues, Bruno Lajara (Cie Viesàvies) présente une
nouvelle création à Avion, en forme de triptyque. Il y est question d’économie
mondialisée, de délocalisation, de grande distribution, de notre responsabilité de
consommateur ! Interview.
ÉCLAIRAGE
Le témoignage
d’une ancienne
ouvrière de
Levi’s (Mains
d’œuvres),
une fiction
théâtrale (La
petite robe du
Bangladesh)
et un
documentaire
audiovisuel
(Oporajeo)
composent
cette œuvre
signée
Bruno Lajara
(conception
et réalisation)
et Christophe
Martin (texte).
JE NE VOIS QUE LA RAGE DE CEUX QUI N’ONT PLUS
RIEN (CRÉATION)
VENDREDI 17 AVRIL, 20H
ESPACE CULTUREL JEAN FERRAT – AVION
EN CORÉALISATION AVEC CULTURE COMMUNE,
SCÈNE NATIONALE DU BASSIN MINIER
TARIFS : DE 4 À 15€
RENS/RÉS : SERVICE CULTUREL D’AVION, 03 21 79 44 89
CULTURE COMMUNE, 03 21 14 25 55
Le tournage d’Oporajeo au Bangladesh en mai 2014.
p.14 Artoiscope N°151 /mars-avril 15
15. PolarLens, salon du livre
policier de la ville de Lens
Des
crimes,
des
enquêtes
etdupolar
Pour sa 19ème
édition, le salon du livre
policier de Lens, du 21 au 22 mars,
affiche un nouveau modus operandi :
la peur et le frisson s’inviteront en
amont du salon et sur le web !
action(s)
ÉCLAIRAGE
Le 7 mars,
Claude Cancès,
ancien directeur
de la PJ et
parrain de cette
édition, contera
le mythique
36 Quai des
orfèvres à la
médiathèque
Robert Cousin
de Lens. Le
salon débutera
quant à lui le
21 mars, salle
Bertinchamps.
Événement littéraire majeur sur le territoire du
Bassin minier, PolarLens ouvre pour sa 19ème
édition,unnouveauchapitredesonhistoire,celuidu
numérique. Une rencontre sera d’ailleurs consacrée
aux enjeux du numérique dans la littérature (le
21 mars). De nombreux rendez-vous, gratuits et
ouverts à tous, seront organisés en amont de ce
salon. Les internautes ont par exemple été invités
à terminer l’écriture de huit nouvelles policières
inédites, débutées par des auteurs présents sur le
salon, dont le célèbre écrivain Franck Thilliez.
Envie de grands frissons et d’histoires vraies ? Au
centre Arc en Ciel de Liévin, le 13 mars, se tiendra
la Nuit des femmes Serial Killers (public averti),
animée par Stéphane Bourgoin, le plus grand
spécialiste français des tueurs en série.
Jouer les détectives
Dans le cadre d’un partenariat avec le Louvre-
Lens, les enfants seront invités à jouer les
détectives, seuls ou accompagnés d’un enquêteur,
au milieu des œuvres de la Galerie du temps. Les
plus grands pourront aussi exercer leur talent de
fins limiers au travers d’une Murder-party le 22
mars. Les 21 et 22 mars des jeux d’enquêtes, des
rencontres avec des auteurs, des expositions et
des conférences tiendront en haleine l’ensemble
des visiteurs, grâce au concours précieux de
nombreux partenaires. Le public sera également
témoin oculaire de la concrétisation de plusieurs
projets en partenariat avec les lycées alentours
et l’IUT de Lens, comme la mise en ligne sur le
site www.polarlens.fr d’un livre numérique Une
maison en enfer et de son application enrichie.
La Foire aux livres et la remise du Prix du
premier roman policier de la ville de Lens feront
partie des rendez-vous immanquables. Près de
70 auteurs de polars seront à la disposition des
lecteurs pour des échanges et des dédicaces de
leurs ouvrages. Si le script de cette 19ème
édition
est déjà une réussite, aux visiteurs maintenant
d’en écrire la belle histoire.
SALON DU LIVRE POLICIER POLARLENS
SALLE BERTINCHAMPS, RUE DENIS CORDONNIER, LENS
HORAIRES : SAMEDI 21 MARS DE 10H À 12H30
ET DE 14H À19H
DIMANCHE 22 MARS DE 10H À 12H30 ET DE 14H À 18H
ANIMATIONS ET ENTRÉES GRATUITES
PROGRAMME COMPLET : WWW.POLARLENS.FR
Artoiscope N°151 /mars-avril 15 p.15
19. Les événements dramatiques du début du mois de
janvier ont grandement ébranlé la société française dans
son ensemble. Les professionnels de la culture, comme
ceux de l’éducation, de la santé, ceux du secteur social
s’interrogent sur les manquements qui ont provoqués ce
déni de liberté d’expression.
Dans ces crimes, c’est en effet un journal qui a été
visé, et à travers lui la liberté de la presse, la liberté
d’expression, la liberté de création. Nous avons
aujourd’hui la responsabilité d’un avenir commun.
Il nous faut encore et toujours agir, parler, travailler,
écrire, jouer, penser, danser…
Depuis de longs mois, bien avant le drame de janvier,
les professionnels de l’art et de la culture se mobilisent
pour contrer les attaques à l’égard la création (fermeture
de Centres d’Art, manifestations visant à interdire
certains spectacles…). L’autonomie, l’indépendance et
la liberté, voilà ce qu’il nous faut défendre, ensemble.
Responsable et engagée, l’action des artistes et
des professionnels de la culture est au service des
habitants de tous les territoires, dans des projets de
présence artistique, d’action culturelle, d’éducation,
d’émancipation et de lien social.
Des réseaux professionnels (comme Artoiscope par
exemple) ou des mouvements spontanés organisent
partout en France et dans notre région (comme à Avion*
en novembre dernier ou au Théâtre du Nord à Lille**
en février) des rencontres, des débats, des discussions
afin d’inviter les élus à définir une politique publique
des arts et de la culture refondée au service d’un projet
de société.
Après les événements dramatiques du début d’année,
un espoir s’est élevé dans une mobilisation nationale
sans précédent au chevet de la République. Nous
sommes à l’heure de la garantie politique des valeurs
fondamentales d’une nation laïque et fraternelle. Elle
doit s’accompagner d’une refondation sociale qui
s’appuiera naturellement sur la culture comme un des
piliers du dialogue pacifié.
*Les assises culturelles à Avion ont eu lieu le samedi
15 novembre et ont rassemblé près de 70 personnes. À la
suite de ce premier rendez-vous, les participants souhaitent
poursuivre leur mobilisation en proposant des rendez-vous
réguliers durant l’année.
**La réunion régionale de la création artistique de la
Culture Picardie / Nord – Pas de Calais s’est tenue le 16
février au Théâtre du Nord. Trois tables rondes ont réuni
des professionnels et des élus sur les thèmes suivants : les
politiques publiques de la Culture, la réforme territoriale
de l’Etat, création et publics. Les conclusions des groupes
de travail ont été envoyées aux élus des partis politiques
représentatifs de la région.
transversal
La culture,
un des piliers
du dialogue pacifié
Artoiscope N°151 /mars-avril 15 p.19