Qu’ils soient créateurs ou repreneurs, les Innovateurs qui figurent dans cet ouvrage ont été choisis spécifiquement par leur CCI parce qu’ils symbolisent cet esprit d’ouverture, propice aux découvertes et aux grandes avancées.
2. 3434
L
’aventure commence en 1969 dans l’atelier de
menuiserie-ébénisterie d’Emile Cornilleau, à Bonneuil-
les-Eaux dans l’Oise. Le BHV cherche un fabricant de
tables de ping-pong. Le fils d’Emile, Pierre Cornilleau, qui
travaille avec lui depuis 1961, pousse son père à accepter
le challenge et à investir. « Il a été le génie de la table
de ping-pong et a su mieux que quiconque industrialiser
ce produit, constate Michel Zany, actuel président de la
société Cornilleau. Les premières sont sorties de l’usine
pour Noël 1969. »
Michel Zany rejoint Cornilleau en 1992. Il est diplômé
du CESEM (Centre d’Études Supérieures Européennes
de Management) de l’Ecole supérieure de commerce de
Reims. Avantage non négligeable, il est tennisman et a fait
le championnat de France par équipes. Il connaît donc bien
le milieu du sport. Pendant dix ans, sous l’autorité directe
de Pierre Cornilleau, il s’emploie à donner à l’entreprise
une vraie dimension commerciale et marketing. Mais, en
1998, quelque chose a changé pour lui. « Cette année-là,
Pierre Cornilleau a réfléchi à la transmission de l’entreprise.
Il m’a proposé de rentrer au capital à hauteur de 5 % et de
lui succéder cinq ans plus tard. » Fin 2003, Pierre Cornilleau
prend sa retraite et le rachat se fait par un montage LBO
avec des investisseurs extérieurs. « Aujourd’hui, précise
le président, je suis actionnaire majoritaire (51 %),
j’ai fait rentrer mes cadres au capital en 2008 et j’ai
deux investisseurs à hauteur de 15 % chacun : Picardie
Investissement, un fonds régional, et Bpifrance. »
Michel Zany a eu le temps de développer une vision
stratégique. « J’hérite en 2004 d’une entreprise qui a
un très bel outil industriel, un bon savoir-faire et une
excellente optimisation des coûts, mais qui a besoin de
travailler sur la diversification de ses gammes de produits
Cornilleau, toujours
un coup d’avance
PICARDIE
3. 35
AU CŒUR DE L’INNOVATION
Des raquettes high tech
« En 2000, nous avons lancé nos premières ra-
quettes avec l’appui de l’image du champion
du monde, Jean-Philippe Gatien, détaille Michel
Zany. Nous avons conçu le produit et l’avons fait
fabriquer en Chine, comme toutes les marques du
monde, car ces raquettes en bois et caoutchouc
nécessitent énormément de main d’œuvre. Notre
percée a été excellente, puis nous nous sommes
dit que nous n’avions en réalité pas d’avantage
concurrentiel. Il fallait innover. Après 3 années
de recherches, nous avons conçu, développé et
commercialisé, en 2005, et en exclusivité mon-
diale, la première raquette outdoor composée
de matériaux élastomère et polymère avec un
process très innovant de bi-injection et une très
faible part de main d’œuvre. Cette raquette est
devenue désormais une vraie alternative à la ra-
quette Made in China. A l’époque, notre raquette
était 3,5 fois plus chère qu’une raquette équiva-
lente fabriquée en Chine ; aujourd’hui le rapport
n’est plus que 0,70 fois. Tout nous laisse penser
que d’ici 10 ans, notre raquette sera au prix du
Made in China avec un net avantage qualitatif,
technologique, design et logistique. »
35
et de ses marchés internationaux. C’était assez simple :
Cornilleau ne fabriquait que de la table de ping-pong : il
était évident qu’il fallait arriver à compléter l’offre de
tables avec les raquettes, balles, accessoires, pour le loisir,
puis pour la compétition. Ensuite, il fallait diversifier les
marchés, à l’époque à 90 % sur la France. » Le résultat est
là : aujourd’hui, la part d’export est de 50 % et la marque
est présente dans 75 pays et sur les cinq continents.
Un brevet perdu,
dix de retrouvés
A l’époque de Pierre Cornilleau, le service R&D est
constitué de deux personnes : lui-même et son assistant
qui fabrique les prototypes. « A la fin des années quatre-
vingts, Cornilleau a développé pour les tables outdoor un
plateau de stratifié massif avec des encadrements acier.
Pierre Cornilleau a déposé un brevet en 1988. En 1993,
nous avons eu l’extension en Europe. Mais la force de
cette innovation était telle, que nos concurrents, qui ne
trouvaient pas d’alternative technique, ont décidé de réunir
leurs forces pour attaquer notre brevet ; et en 1996, nous
l’avons perdu à la barre du tribunal de Munich. Cornilleau
était encore une petite entreprise qui ne pouvait pas
investir suffisamment dans sa défense. Mais nous avions
déjà développé des machines d’usinage à commande
numérique et avions donc une avance sur ce produit que
nous avons toujours gardée. »
Dans les années quatre-vingt-dix, Pierre Cornilleau
dépose des brevets sur la cinématique de la table et son
verrouillage. « En 1995, se rappelle Michel Zany, Cornilleau
a vraiment bousculé le marché avec une table de tennis de
table à base de métal et de plastique et des formes tout à
fait nouvelles. Cornilleau fut le premier fabricant au monde
a intégrer la dimension design dans la conception de ses
tables. »
Si le service R&D comprend cinq personnes, « l’innovation
vient aussi de nos fournisseurs, précise le chef d’entreprise,
de nos partenaires industriels et des étudiants d’école
d’ingénieurs et de design. Nous avons des relations
permanentes avec l’UTC de Compiègne et l’INSA de Lyon
et, depuis l’année dernière, des partenariats importants
avec l’Ecole Supérieure d’Art et de Design de Valenciennes.
Nous avons vraiment créé un écosystème d’innovation. »
Activité : fabrication d’articles
de ping-pong
Effectifs 2014 : 95salariés
C.A. 2013 : 27millions d’euros
www.cornilleau.com
Cornilleau (SAS)
14 route nationale
60120 Bonneuil-les-Eaux
Michel Zany
Dix ans après avoir repris Cornilleau,
il a gardé le crédo de son ancien patron,
Pierre Cornilleau : l’innovation.
4. 3636
E
n mai 2014, Visiativ a fait son entrée sur le
marché Alternext de la Bourse. Une nouvelle
étape était franchie pour Laurent Fiard, qui,
en 1997, avait racheté la société informatique
AGS France avec Christian Donzel. Ils lui donnent
alors le nom d’Axemble qui deviendra plus tard
Visiativ. « L’entreprise d’une trentaine de per-
sonnes faisait 5 millions d’euros de chiffre d’af-
faires, raconte Laurent Fiard, Président directeur
général. Aujourd’hui, nous sommes 330 et nous
avons une croissance moyenne de 11 % par an
avec un chiffre d’affaires de 50 millions. » Visiativ
est désormais un groupe qui investit 7 % de son
chiffre d’affaires chaque année dans son service
R&D, fort d’une quarantaine de personnes. « Les
9 000 clients du groupe sont principalement des
TPE, des PME et des ETI, précise le chef d’entre-
prise. Nous faisons 13 % de CA à l’international,
mais nous sommes surtout implantés sur toute la
France au travers de 11 agences dans les princi-
paux pôles industriels. »
Pour leur société, en concurrence avec un grand
nombre d’éditeurs de logiciels en France, les deux
créateurs ont eu la vista. « Notre innovation est
construite sur l’accompagnement des PME dans
la transformation numérique et pour cela nous
avons créé une plateforme collaborative et so-
ciale que nous mettons en place chez elles. C’est
ce qu’on peut appeler l’entreprise 2.0, connectée,
communicant mieux avec ses clients et ses colla-
Visiativ, la vista numérique
RHÔNE-ALPES
5. 37
AU CŒUR DE L’INNOVATION
Un fonctionnement
communautaire
Si Visiativ arrive à proposer du nouveau à ses
clients tous les trois mois, c’est grâce à un service
R&D musclé, mais aussi à une organisation très
en phase avec la conception de l’entreprise
communicante vendue aux PME. Chaque projet
est élaboré par cinq ou six personnes. « Nous
fonctionnons en mode agile, ce qui permet de
composer des équipes pragmatiques pour aller
vite en termes de sortie produit », précise Laurent
Fiard. Mais le premier travail a été fait… par les
clients. Ainsi en a t-il été pour MyApps, bouquet
d’applications packagées pour l’industrie.
« La société s’appuie depuis 2001 sur un large
éventail de clients et prospects, fédérés au sein
d’une communauté en ligne, MyCADservices, qui
compte à ce jour près de 15 000 membres. Les
applications disponibles dans MyApps ont toutes
été élaborées en collaboration avec un panel de
clients industriels qui ont participé à la définition
des fonctionnalités des applications. » De même,
Visiativ s’appuie sur ses Ambassadeurs et sur le
Smart Enterprise Club pour faire remonter les
usages et besoins des entreprises, afin de leur
trouver les solutions les plus pertinentes.
37
borateurs. » Les solutions Visiativ permettent ainsi à chaque
organisation d’aligner leur stratégie numérique avec celle
de l’entreprise, de dynamiser l’innovation collaborative, de
développer une nouvelle proximité client et de favoriser le
partage de la connaissance. « Ce qui fait la pertinence de
notre offre, c’est notre expérience dans la PME et la compré-
hension de ses enjeux. Sans oublier le côté économique :
sur la partie plateforme collaborative, nos concurrents
sont IBM et Microsoft. Nous, nous fournissons des produits
adaptés à la PME qui offrent 80 % des fonctionnalités de ce
que peuvent faire les grosses infrastructures, pour 20 % du
prix. »
VDoc, l’application qui vous
ressemble
L’acquisition d’éditeurs de logiciels, notamment d’Isotools
il y a trois ans et de Novaxel un an plus tard, marque une
nouvelle étape. « Novaxel est plutôt dans le domaine de la
dématérialisation, donc la gestion de documents, précise
Laurent Fiard. Et avec Isotools, on est du côté de la plate-
forme e-commerce BtoB. » Mais c’est le service R&D qui a
produit par exemple VDoc. « C’est une plateforme au sens
large avec des outils de business process management.
L’une de nos grosses innovations est que le client peut pas-
ser en un clic d’un processus d’entreprise qu’il définit très
simplement, comme s’il dessinait sur un paperboard, à l’ap-
plication mobile qui lui correspond. Par exemple, s’il veut
automatiser le processus de validation des achats, il en fait
le croquis et génère une application disponible sur Internet,
les smartphones et les tablettes de l’entreprise. »
Devenu un acteur important de l’économie lyonnaise, en-
traînant la ville à devenir métropole French Tech, Laurent
Fiard souligne la qualité de l’accompagnement dont l’en-
treprise a fait l’objet. « Nous avons été beaucoup aidés par
Bpifrance et la CCI. Sans oublier l’Anvar qui nous a permis
de commencer à devenir éditeur de logiciel donc à créer
nos propres produits. Si nous ne l’avions pas eu, nous n’au-
rions pas eu les moyens de nous financer. »
Activité : Edition de logiciels outils de
développement et de langages
Effectifs 2013 : 330salariés
C.A. 2013 : 49,2millions d’euros
www.visiativ.com
www.smartenterpriseclub.com
Visiativ
26 Rue Benoit Bennier
69260 Charbonnières-les-Bains
Laurent Fiard
Président depuis juin
dernier du MEDEF Lyon-
Rhône, travaille à faire
de sa ville une métropole
French Tech.
6. WANTED
#INNOVATEURS
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Lançons le mouvement. Forte récompense envisagée.
ENTREPRENEUR(E)S QUI CASSENT LES CODES
2,5 MILLIONS D’ENTREPRENEURS
EN FRANCE