1. L’Imam Mâlik et son œuvre.
De Muhammad Diakho.
Source : « al-Muwatta’ », traduction française de Muhammad Diakho, aux éditions Al-
Bouraq, Avril 2004, pp 13 à 16.
Plan :
L’Imâm Mâlik et son œuvre..........................................................................................1
A. Son œuvre al-Muwatta’.....................................................................................2
B. Ses disciples ....................................................................................................2
C. Son école ........................................................................................................3
L’Imâm Mâlik et son œuvre
L’auteur de cette œuvre, l’Imam des Imams Abdu-llah Mâlik, fils de Anas fils de Mâlik, né en
l’an 33 de la Hijra à Médine. Il hérita à Médine de la science du hadith (‘Ilmu-l-hadith) et
la propagea dans la Oumma. L’Imam fut initié par neuf cents (900) cheikhs et ne s’est mis à
faire de la Fatwa (consultation juridique) qu’après l’accord et l’approbation juridique de
soixante-dix (70) imams qui, tous, attestèrent sa capacité et son aptitude à la faire. Il écrivit
de sa propre main cent mille (100 000) hadiths. A l’âge de dix-sept (17) ans, l’imam Mâlik
forma déjà son Majliss (cercle de formation) et très rapidement il dépassa les Majaliss
(cercles) de ses cheikhs en nombre d’élèves, ceci de leur vivant. Les gens se bousculaient à
sa porte pour apprendre le Hadîth et Fiqh (la jurisprudence), comme ils se bousculaient
aux portes des Sultans (gouvernants). A la porte de l’Imam, un gardien se tenait. Il faisait
d’abord entrer quelques personnes de condition (élevée), ensuite, il laissait la foule entrer.
Lorsque l’Imam donnait des cours de Fiqh (jurisprudence), il le faisait sans manière ni
préparation particulière, alors que pour donner des cours de hadîth, il se lavait, se parfumait,
se vêtait de ses habits neufs, se mettait en turban, se tenait assis sur une tribune et
encensait les lieux ; tout cela en respect pour les Hadîths du Prophète ( ). Le respect de
l’Imam pour le Hadîth du Prophète ( ) était tellement grand qu’un jour, en pleine récitation
d’un texte de hadith, il fut piqué dix-sept (17) fois par un scorpion, il n’a pas voulu
interrompre sa récitation et n’a pas bougé, il en devenait jaune et son teint changea. L’Imam
Mâlik était d’une modestie et de l’honnêteté intellectuelle exemplaire. Il lui arrivait de dire à
ceux qui l’interrogeaient : « Allez et revenez plus tard, afin que je cherche la réponse à vos
interrogations ». On lui en a fait le reproche : « N’est-ce pas une marque de faiblesse de ta
science ? ». Il répondit : « Non, c’est que j’ai peur de devoir un jour (le jour dernier) en
rendre compte devant le Seigneur ». Lorsqu’on lui posait un grand nombre de questions, il
disait : « Cela suffit comme cela, car toute personne qui répond à toutes les questions
commet un grand nombre d’erreurs ». Il disait également à ce sujet : « Toute personne qui
cherche à répondre à toutes les questions qu’on lui pose, doit d’abord se représenter le
paradis et l’enfer avant de répondre ». L’Imam Mâlik fut interrogé sur quarante-huit (48)
questions, il en a répondu (16) et dit au sujet des trente-deux restantes : « Je ne sais pas
(lâ adrî) ». Lorsqu’il doutait d’un hadith, il le rejetait simplement. Il vécut quatre-vingt-sept
(87) ans et resta aux fonctions d’initiateur de la Oumma durant soixante (60) années et
décéda en l’an soixante-dix-neuf (79) de la Hujra, laissant derrière lui des centaines de
disciples, un livre de référence (al-Muwatta’), un méthode et une orientation générale
(Mazhad).
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2. L’Imam Mâlik et son œuvre.
De Muhammad Diakho.
A. Son œuvre al-Muwatta’
Le Muwatta’ est incontestablement l’un des premiers – si ce n’est le premier – livres
islamiques écrits. L’appellation « Muwatta’ » dérive du verbe « Watta » : aplanir, niveler,
mettre à niveau etc., signifiant que l’Imam fit des efforts énormes pour faire une synthèse
concrète et brève de l’essentiel de l’enseignement traditionnel relatif à la pratique
quotidienne de l’Islam. Ainsi on peut donner à cette œuvre le titre explicatif de Synthèse de
l’enseignement islamique. Mâlik écrivit d’autres œuvres de moins grande importance. Il ne
s’est pas limité à la simple transmission des traditions, mais il les commente et en fait des
déductions, et aussi fait des efforts lorsqu’il n’y a pas de tradition valide en la matière.
On attribue également à l’Imam d’autres écrits dont on peut retenir neuf :
1. Tafsîr Gharîbi al-Coran (Explication des termes difficiles du Coran)
2. Rissâlatun fî-r-raddi ‘ala al-qadariyya (Epître sur la réfutation des thèses des
contestateurs de la prédestination)
3. Rissâlatun fi-l-aqdhiya (Epître sur la magistrature)
4. Rissâlatun fî al-fatwâ ilâ Abî Ghassân (Lettre à Abî Ghassan, sur la procédure de la
consultation juridique)
5. Rissâlatun ilâ ar-Rachîd fi al-âdabî wa al-Mawâ’iz (Lettre à H. ar-Rachîd sur les
comportements et les rapports)
6. Kitâbu as-surûr (Livre de la joie)
7. Kitâbun fi an-nujûm (Livre de l’astronomie)
8. Kitâbu as-siyar (Livre des chroniques)
9. Rissâlatun ilâ Layt (Lettre à Layt)
B. Ses disciples
Mâlik laissa derrière lui beaucoup de disciples de toutes les régions du monde musulman qui,
à leur tour, ont largement contribué à la propagation de ses orientations (rites) en matière
de jurisprudence (Fiqh). Citons parmi eux et à titre indicatif :
1. Abdur-Rahmân Ibn al-Qâssim, l’égyptien (128-191 h). Un grand disciple de
l’Imam qui le suivit durant vingt (20) années. C’est aussi lui qui compila la
jurisprudence de l’Imam. Il est connu pour son ascétisme, sa crainte pieuse,
son endurance et son refus de fréquenter les hommes du pouvoir.
2. Abdu-l-lah Ibn Ward Ibn Muslim (125-197 h). Un autre des grands disciples
qui, également, suivit longuement l’Imam. Il écrivit Le grand Muwatta’, et Le
petit Muwatta’.
3. Ach’abu Ibn Abdu-l-Azîz (140 – 204 h).
4. Abdu-l-lah Ibn Abdul-Hakamî (155 – 214 h)
5. Assad Ibn al-Furât (mort en 213 h). Le jurisconsulte chevalier, originaire de
Nissabûr. Il grandit en Tunisie et rejoignit par la suite l’Imam à Médine.
6. Açbagh Ibn al-Faraj (150 – 225 h).
7. ‘Issa Ibn Dînâr (mort en 212 h).
8. Abdus-Salâm Ibn as-Sa’îd at-Tanûkhî (160 – 240 h).
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De Muhammad Diakho.
C. Son école
L’Imam Mâlik laissa également une orientation méthodologique qui servait de guide à ceux
qui voulaient l’imiter et prendra le nom de Mazhab (rite, école, obédience, etc.). Cette
orientation générale est fondée sur les sept piliers fondamentaux appelés : « Fondement
principologique du rite Mâlikite (uçul al-mazhab al-mâlikiy). Ces piliers sont :
1. Le Coran
2. La Sunnah
3. L’unanimité des compagnons (al-ijmâ’u)
4. L’analogie (al-qiyâssu)
5. L’intérêt commun (al-maçâlihu al-murssala)
6. La tradition des Médinois
7. Les points de vue individuels des compagnons.
De part ces fondements, il est des quatre grands rites (mazhab) de tendance sunnite. Le
rite mâlikite est actuellement suivi de façon massive en Afrique occidentale, en Afrique du
Nord, aux Hijaz, en Egypte, en Andalousie, et en Iraq. Les grands livres de référence
fondamentale du Mazhab sont :
- Le Muwatta’ de l’Imam Mâlik
- Le Mudawwana (al-mudawwana) de l’Imam Sanûn
- Le Mawwajiyya (al-mawwajiyya) de l’Imam Ibn al-Mawwaj (mort en 269 h)
- Le Bidâyatu-l-mujtahid de l’Imam Ibn Rushd (450-520 h)
- Le al-dakhîra de l’Imam al-Qarâfî
- Le Mawâhib al-jalîl de l’Imam al-Hattâb.
Muhammad DIAKHO
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