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Lycée Marcel-Gambier


                    Les effets de la démocratisation scolaire en débat


            La démocratisation scolaire désigne l'élévation générale du niveau d'études de la
population, couplé (en théorie) à une ............... accrue des chances entre les individus issus
de milieux sociaux différents.
            A la fin du XIXè siècle, en France, l'Etat a institué l'Ecole républicaine – laïque,
gratuite et obligatoire – pour scolariser en masse la population, à des fins d'alphabétisation et
de formation de la citoyenneté (lois Jules .........., entre autres).
            Une deuxième vague de démocratisation a eu lieu durant les années 1950-60 avec
le développement de la scolarité des filles, l'instauration de la mixité et l'accès d'un nombre
croissant d'enfants au Collège. Ainsi, .....% des générations nées entre 1949 et 1953 sont
bachelières, contre moins de .....% pour les générations 1929-1938 (doc.14 p.172). Le taux de
bacheliers monte ensuite régulièrement, pour atteindre 60% pour la génération 1974-1978.
Mais le système reste très sélectif socialement. Les enfants des classes populaires vont plutôt
au collège « technique », puis dans des formations professionnelles (CAP, puis BEP), plus
rarement au lycée général et dans l'enseignement supérieur. Ainsi, pour la génération 1949-
1953, le taux de bachelier est six fois plus important chez les enfants de cadres que chez les
enfants d'ouvriers (......% contre 9%).
            La troisième vague de démocratisation scolaire intervient dans les années 1970-80,
avec l'instauration du « collège unique » (1975 : disparition des collèges techniques,
professionnels), l'accès croissant des enfants de tous les milieux sociaux au Lycée et à
l'enseignement supérieur. En 1984 (enfants nés vers 1966), ......% de la génération accèdent
à l'enseignement supérieur, taux qui monte inexorablement jusqu'à 54% en 2002 (doc. 13
p.171).

           Cette démocratisation scolaire pose deux grandes questions :

   1) Ne conduit-elle pas à une dévalorisation des diplômes et au déclassement social ?

              Cette thèse est défendue, entre autres, par les sociologues Marie Duru-......... et
Louis ............ Loin de remettre en cause la démocratisation scolaire, ces auteurs en identifient
pourtant des effets pervers. Dans un premier temps, les générations des Trente Glorieuses
(« baby-boomers ») auraient profité des débuts de la scolarisation de masse et de la forte
croissance des emplois qualifiés, dans un contexte de plein-............ Le nombre de postes
qualifiés augmentant plus vite que le nombre de diplômes, ces générations auraient eu un
accès facilité aux postes de techniciens et de cadres, grâce aux promotions internes et à la
formation continue, les moins qualifiés d'entre eux trouvant facilement des postes leur
correspondant.
              A partir du milieu des années 1970, le contexte économique devient défavorable,
avec le chômage de masse et la précarisation des emplois. Dans le même temps (années
1980-1990), le nombre de diplômés explose. Les emplois qualifiés augmentent toujours, au
détriment des emplois peu qualifiés, mais pas suffisamment au vu de l'”inflation ................”'.
Le “rendement” des diplômes diminuerait : en 1970, les bacheliers occupaient, à .........%, un
poste de cadre ou profession intermédiaire, contre à peine 25% au début des années 2000
(doc.18 p.174). Des enfants plus diplômés que leurs parents n'occuperaient pas une position
sociale forcément supérieure à celle de leurs parents – c'est le “paradoxe d'............”, du nom
du sociologue américain qui l'a montré. Le “déclassement” des diplômés, forcés d'occuper des
emplois subalternes ou des stages non rémunérés pour éviter le chômage et l'inactivité ,
deviendrait monnaie courante, d'où un risque d'”..........” au sens d'Emile Durkheim.

           Le sociologue Eric .......... se montre plus positif dans ses travaux. Il ne nie pas ces
faits, mais présente d'autres statistiques. Etudiant l'insertion professionnelle des jeunes
diplômés sur le long terme, il montre que le diplôme protège du chômage et que, plus on est
diplômé, plus on a de chances d'obtenir un poste stable et qualifié. La baisse du rendement du
Bac s'expliquerait surtout par le fait que ce diplôme est une porte d'entrée dans le supérieur,
et non plus une fin en soi. En revanche, le rendement des diplômes qualifiants (BTS, IUT,
Master, Ecoles supérieures) ne diminuerait pas. Maurin en conclue qu'il faut poursuivre le
processus de démocratisation scolaire pour augmenter la qualification de la population
française. A ce propos, il défend la thèse que l'évolution du nombre de diplômés n'est
pas ..................... de celle des emplois qualifiés : en fait, l'existence du main d'oeuvre très
qualifiée (ingénieurs, cadres, techniciens...) stimulerait la créations de ce type d'emplois au
sein des entreprises, ou plus directement par la création d'entreprises.


   2) La “massification scolaire”, est-ce la même chose que la “démocratisation” ?

              La massification a-t-elle favorisé l'égalité des chances ? Aujourd'hui, tous les
milieux sociaux voient leurs enfants arriver au niveau Troisième. Cependant, on note que les
enfants issus de catégories socialement défavorisés sont sur-représentés chez les élèves en
difficulté scolaire, et ce depuis les premières sections de Maternelle. Ce problème d'échec
scolaire est crucial pour la démocratie française, car des centaines de milliers de jeunes sortent
chaque année du système éducatif sans aucune qualification, principalement issus des classes
populaires. Le sociologue François Dubet y voit là une injustice inacceptable : la société devrait
offrir à chacun – même aux moins bons scolairement – une qualification et une reconnaissance
sociale, pour assurer à tous une insertion professionnelle et sociale (cf la “division du
travail ..........” chez Durkheim).
              Les inégalités se constatent ensuite au Lycée. Certes, les enfants d'ouvriers
accèdent de plus en plus au niveau du Bac (.......% pour les générations 1974-1978), mais ce
taux représente presque la moitié de celui des enfants de cadres (82%). De plus, les
baccalauréats technologiques et professionnels (ces derniers étant créés en 1985) sont pour
beaucoup dans la massification : en 2003, ils représentaient plus de ............... des bacheliers
(doc. 1 p.194). Or, on constate que les enfants de milieux populaires sont sur-représentés
dans les séries technologiques et professionnelles, et sous-représentées dans les séries
générales – lesquelles constituent un meilleur passeport pour l'enseignement supérieur.
              On retrouve ces inégalités d'accès dans l'enseignement supérieur. En 2002, .......%
des enfants d'employeurs, de cadres ou de professions intermédiaires font des études
supérieures, contre à peine 35% des enfants d'ouvrier (doc.13 p.171). De plus, les enfants des
classes populaires sont sous-représentées dans les filières sélectives à forts débouchés, alors
qu'on les retrouve plus nombreux dans les premiers cycles universitaires non-sélectifs. Ainsi,
pour la génération 1959-1968, les enfants issus de milieux favorisés avaient ......... fois plus
de chances d'intégrer une très grande école que les enfants des milieux populaires (doc.15
p.172).
              Ces inégalités, loin de se résorber, s'accentuent depuis la crise de 1993 et se
retrouvent dans la distribution des positions sociales : en 2003, la probabilité qu'un fils de
cadre occupe une position sociale supérieure à celle d'un fils d'ouvrier était de .........%, contre
73% dix ans plus tôt (doc.16 p.173).


Conclusion

            Le consensus entre sociologues et responsables politiques sur la nécessité d'élever
le niveau de formation et de qualification de la population est assez large en France, même si
des divergences subsistent quant au diagnostic (ex : débat Duru-Bellat/Chauvel vs Maurin).
Tout le monde est également d'accord pour dire que l'échec scolaire et l'inégalité des chances
sont inacceptables. Mais c'est sur l'origine de ces fléaux et les moyens de lutter contre que les
divergences persistent. Nombre de sociologues et de responsables politiques – plutôt à gauche
- insistent sur la nécessité de réduire d'abord les inégalités économiques et d'investir dans le
service public éducatif ; pour d'autres – plutôt à droite – il faut d'abord assurer l'égalité des
chances en améliorant et en rationalisant l'offre éducative, et ayant recours, par exemple, à la
discrimination positive (ex : proposition “Pécresse” de fixer un objectif de .......% d'enfants
boursiers dans les grandes écoles).
Correction

La démocratisation scolaire désigne l'élévation générale du niveau d'études de la population,
couplé (en théorie) à une égalité accrue des chances entre les individus issus de milieux
sociaux différents.
            A la fin du XIXè siècle, en France, l'Etat a institué l'Ecole républicaine – laïque,
gratuite et obligatoire – pour scolariser en masse la population, à des fins d'alphabétisation et
de formation de la citoyenneté (lois Jules Ferry, entre autres).
            Une deuxième vague de démocratisation a eu lieu durant les années 1950-60 avec
le développement de la scolarité des filles, l'instauration de la mixité et l'accès d'un nombre
croissant d'enfants au Collège. Ainsi, 20% des générations nées entre 1949 et 1953 sont
bachelières, contre moins de 5% pour les générations 1929-1938 (doc.14 p.172). Le taux de
bacheliers monte ensuite régulièrement, pour atteindre 60% pour la génération 1974-1978.
Mais le système reste très sélectif socialement. Les enfants des classes populaires vont plutôt
au collège « technique », puis dans des formations professionnelles (CAP, puis BEP), plus
rarement au lycée général et dans l'enseignement supérieur. Ainsi, pour la génération 1949-
1953, le taux de bachelier est six fois plus important chez les enfants de cadres que chez les
enfants d'ouvriers (62% contre 9%).
            La troisième vague de démocratisation scolaire intervient dans les années 1970-80,
avec l'instauration du « collège unique » (1975 : disparition des collèges techniques,
professionnels), l'accès croissant des enfants de tous les milieux sociaux au Lycée et à
l'enseignement supérieur. En 1984 (enfants nés vers 1966), 25% de la génération accèdent à
l'enseignement supérieur, taux qui monte inexorablement jusqu'à 54% en 2002 (doc. 13
p.171).

           Cette démocratisation scolaire pose deux grandes questions :

   1) Ne conduit-elle pas à une dévalorisation des diplômes et au déclassement social ?

            Cette thèse est défendue, entre autres, par les sociologues Marie Duru-Bellat et
Louis Chauvel. Loin de remettre en cause la démocratisation scolaire, ces auteurs en identifient
pourtant des effets pervers. Dans un premier temps, les générations des Trente Glorieuses
(« baby-boomers ») auraient profité des débuts de la scolarisation de masse et de la forte
croissance des emplois qualifiés, dans un contexte de plein-emploi. Le nombre de postes
qualifiés augmentant plus vite que le nombre de diplômes, ces générations auraient eu un
accès facilité aux postes de techniciens et de cadres, grâce aux promotions internes et à la
formation continue, les moins qualifiés d'entre eux trouvant facilement des postes leur
correspondant.
            A partir du milieu des années 1970, le contexte économique devient défavorable,
avec le chômage de masse et la précarisation des emplois. Dans le même temps (années
1980-1990), le nombre de diplômés explose. Les emplois qualifiés augmentent toujours, au
détriment des emplois peu qualifiés, mais pas suffisamment au vu de l'”inflation scolaire”'. Le
“rendement” des diplômes diminuerait : en 1970, les bacheliers occupaient, à 75%, un poste
de cadre ou profession intermédiaire, contre à peine 25% au début des années 2000 (doc.18
p.174). Des enfants plus diplômés que leurs parents n'occuperaient pas une position sociale
forcément supérieure à celle de leurs parents – c'est le “paradoxe d'Anderson”, du nom du
sociologue américain qui l'a montré. Le “déclassement” des diplômés, forcés d'occuper des
emplois subalternes ou des stages non rémunérés pour éviter le chômage et l'inactivité ,
deviendrait monnaie courante, d'où un risque d'”anomie” au sens d'Emile Durkheim.

           Le sociologue Eric Maurin se montre plus positif dans ses travaux. Il ne nie pas ces
faits, mais présente d'autres statistiques. Etudiant l'insertion professionnelle des jeunes
diplômés sur le long terme, il montre que le diplôme protège du chômage et que, plus on est
diplômé, plus on a de chances d'obtenir un poste stable et qualifié. La baisse du rendement du
Bac s'expliquerait surtout par le fait que ce diplôme est une porte d'entrée dans le supérieur,
et non plus une fin en soi. En revanche, le rendement des diplômes qualifiants (BTS, IUT,
Master, Ecoles supérieures) ne diminuerait pas. Maurin en conclue qu'il faut poursuivre le
processus de démocratisation scolaire pour augmenter la qualification de la population
française. A ce propos, il défend la thèse que l'évolution du nombre de diplômés n'est pas
indépendante de celle des emplois qualifiés : en fait, l'existence du main d'oeuvre très qualifiée
(ingénieurs, cadres, techniciens...) stimulerait la créations de ce type d'emplois au sein des
entreprises, ou plus directement par la création d'entreprises.


   2) La “massification scolaire”, est-ce la même chose que la “démocratisation” ?

            La massification a-t-elle favorisé l'égalité des chances ? Aujourd'hui, tous les
milieux sociaux voient leurs enfants arriver au niveau Troisième. Cependant, on note que les
enfants issus de catégories socialement défavorisés sont sur-représentés chez les élèves en
difficulté scolaire, et ce depuis les premières sections de Maternelle. Ce problème d'échec
scolaire est crucial pour la démocratie française, car des centaines de milliers de jeunes sortent
chaque année du système éducatif sans aucune qualification, principalement issus des classes
populaires. Le sociologue François Dubet y voit là une injustice inacceptable : la société devrait
offrir à chacun – même aux moins bons scolairement – une qualification et une reconnaissance
sociale, pour assurer à tous une insertion professionnelle et sociale (cf la “division du travail
social” chez Durkheim).
            Les inégalités se constatent ensuite au Lycée. Certes, les enfants d'ouvriers
accèdent de plus en plus au niveau du Bac (45% pour les générations 1974-1978), mais ce
taux représente presque la moitié de celui des enfants de cadres (82%). De plus, les
baccalauréats technologiques et professionnels (ces derniers étant créés en 1985) sont pour
beaucoup dans la massification : en 2003, ils représentaient plus de la moitié des bacheliers
(doc. 1 p.194). Or, on constate que les enfants de milieux populaires sont sur-représentés
dans les séries technologiques et professionnelles, et sous-représentées dans les séries
générales – lesquelles constituent un meilleur passeport pour l'enseignement supérieur.
            On retrouve ces inégalités d'accès dans l'enseignement supérieur. En 2002, 77%
des enfants d'employeurs, de cadres ou de professions intermédiaires font des études
supérieures, contre à peine 35% des enfants d'ouvrier (doc.13 p.171). De plus, les enfants des
classes populaires sont sous-représentées dans les filières sélectives à forts débouchés, alors
qu'on les retrouve plus nombreux dans les premiers cycles universitaires non-sélectifs. Ainsi,
pour la génération 1959-1968, les enfants issus de milieux favorisés avaient 39,9 fois plus de
chances d'intégrer une très grande école que les enfants des milieux populaires (doc.15
p.172).
            Ces inégalités, loin de se résorber, s'accentuent depuis la crise de 1993 et se
retrouvent dans la distribution des positions sociales : en 2003, la probabilité qu'un fils de
cadre occupe une position sociale supérieure à celle d'un fils d'ouvrier était de 78%, contre
73% dix ans plus tôt (doc.16 p.173).


Conclusion

            Le consensus entre sociologues et responsables politiques sur la nécessité d'élever
le niveau de formation et de qualification de la population est assez large en France, même si
des divergences subsistent quant au diagnostic (ex : débat Duru-Bellat/Chauvel vs Maurin).
Tout le monde est également d'accord pour dire que l'échec scolaire et l'inégalité des chances
sont inacceptables. Mais c'est sur l'origine de ces fléaux et les moyens de lutter contre que les
divergences persistent. Nombre de sociologues et de responsables politiques – plutôt à gauche
- insistent sur la nécessité de réduire d'abord les inégalités économiques et d'investir dans le
service public éducatif ; pour d'autres – plutôt à droite – il faut d'abord assurer l'égalité des
chances en améliorant et en rationalisant l'offre éducative, et ayant recours, par exemple, à la
discrimination positive (ex : proposition “Pécresse” de fixer un objectif de 30% d'enfants
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Democratisation Scolaire Synthese

  • 1. Lycée Marcel-Gambier Les effets de la démocratisation scolaire en débat La démocratisation scolaire désigne l'élévation générale du niveau d'études de la population, couplé (en théorie) à une ............... accrue des chances entre les individus issus de milieux sociaux différents. A la fin du XIXè siècle, en France, l'Etat a institué l'Ecole républicaine – laïque, gratuite et obligatoire – pour scolariser en masse la population, à des fins d'alphabétisation et de formation de la citoyenneté (lois Jules .........., entre autres). Une deuxième vague de démocratisation a eu lieu durant les années 1950-60 avec le développement de la scolarité des filles, l'instauration de la mixité et l'accès d'un nombre croissant d'enfants au Collège. Ainsi, .....% des générations nées entre 1949 et 1953 sont bachelières, contre moins de .....% pour les générations 1929-1938 (doc.14 p.172). Le taux de bacheliers monte ensuite régulièrement, pour atteindre 60% pour la génération 1974-1978. Mais le système reste très sélectif socialement. Les enfants des classes populaires vont plutôt au collège « technique », puis dans des formations professionnelles (CAP, puis BEP), plus rarement au lycée général et dans l'enseignement supérieur. Ainsi, pour la génération 1949- 1953, le taux de bachelier est six fois plus important chez les enfants de cadres que chez les enfants d'ouvriers (......% contre 9%). La troisième vague de démocratisation scolaire intervient dans les années 1970-80, avec l'instauration du « collège unique » (1975 : disparition des collèges techniques, professionnels), l'accès croissant des enfants de tous les milieux sociaux au Lycée et à l'enseignement supérieur. En 1984 (enfants nés vers 1966), ......% de la génération accèdent à l'enseignement supérieur, taux qui monte inexorablement jusqu'à 54% en 2002 (doc. 13 p.171). Cette démocratisation scolaire pose deux grandes questions : 1) Ne conduit-elle pas à une dévalorisation des diplômes et au déclassement social ? Cette thèse est défendue, entre autres, par les sociologues Marie Duru-......... et Louis ............ Loin de remettre en cause la démocratisation scolaire, ces auteurs en identifient pourtant des effets pervers. Dans un premier temps, les générations des Trente Glorieuses (« baby-boomers ») auraient profité des débuts de la scolarisation de masse et de la forte croissance des emplois qualifiés, dans un contexte de plein-............ Le nombre de postes qualifiés augmentant plus vite que le nombre de diplômes, ces générations auraient eu un accès facilité aux postes de techniciens et de cadres, grâce aux promotions internes et à la formation continue, les moins qualifiés d'entre eux trouvant facilement des postes leur correspondant. A partir du milieu des années 1970, le contexte économique devient défavorable, avec le chômage de masse et la précarisation des emplois. Dans le même temps (années 1980-1990), le nombre de diplômés explose. Les emplois qualifiés augmentent toujours, au détriment des emplois peu qualifiés, mais pas suffisamment au vu de l'”inflation ................”'. Le “rendement” des diplômes diminuerait : en 1970, les bacheliers occupaient, à .........%, un poste de cadre ou profession intermédiaire, contre à peine 25% au début des années 2000 (doc.18 p.174). Des enfants plus diplômés que leurs parents n'occuperaient pas une position sociale forcément supérieure à celle de leurs parents – c'est le “paradoxe d'............”, du nom du sociologue américain qui l'a montré. Le “déclassement” des diplômés, forcés d'occuper des emplois subalternes ou des stages non rémunérés pour éviter le chômage et l'inactivité , deviendrait monnaie courante, d'où un risque d'”..........” au sens d'Emile Durkheim. Le sociologue Eric .......... se montre plus positif dans ses travaux. Il ne nie pas ces faits, mais présente d'autres statistiques. Etudiant l'insertion professionnelle des jeunes diplômés sur le long terme, il montre que le diplôme protège du chômage et que, plus on est diplômé, plus on a de chances d'obtenir un poste stable et qualifié. La baisse du rendement du Bac s'expliquerait surtout par le fait que ce diplôme est une porte d'entrée dans le supérieur, et non plus une fin en soi. En revanche, le rendement des diplômes qualifiants (BTS, IUT, Master, Ecoles supérieures) ne diminuerait pas. Maurin en conclue qu'il faut poursuivre le
  • 2. processus de démocratisation scolaire pour augmenter la qualification de la population française. A ce propos, il défend la thèse que l'évolution du nombre de diplômés n'est pas ..................... de celle des emplois qualifiés : en fait, l'existence du main d'oeuvre très qualifiée (ingénieurs, cadres, techniciens...) stimulerait la créations de ce type d'emplois au sein des entreprises, ou plus directement par la création d'entreprises. 2) La “massification scolaire”, est-ce la même chose que la “démocratisation” ? La massification a-t-elle favorisé l'égalité des chances ? Aujourd'hui, tous les milieux sociaux voient leurs enfants arriver au niveau Troisième. Cependant, on note que les enfants issus de catégories socialement défavorisés sont sur-représentés chez les élèves en difficulté scolaire, et ce depuis les premières sections de Maternelle. Ce problème d'échec scolaire est crucial pour la démocratie française, car des centaines de milliers de jeunes sortent chaque année du système éducatif sans aucune qualification, principalement issus des classes populaires. Le sociologue François Dubet y voit là une injustice inacceptable : la société devrait offrir à chacun – même aux moins bons scolairement – une qualification et une reconnaissance sociale, pour assurer à tous une insertion professionnelle et sociale (cf la “division du travail ..........” chez Durkheim). Les inégalités se constatent ensuite au Lycée. Certes, les enfants d'ouvriers accèdent de plus en plus au niveau du Bac (.......% pour les générations 1974-1978), mais ce taux représente presque la moitié de celui des enfants de cadres (82%). De plus, les baccalauréats technologiques et professionnels (ces derniers étant créés en 1985) sont pour beaucoup dans la massification : en 2003, ils représentaient plus de ............... des bacheliers (doc. 1 p.194). Or, on constate que les enfants de milieux populaires sont sur-représentés dans les séries technologiques et professionnelles, et sous-représentées dans les séries générales – lesquelles constituent un meilleur passeport pour l'enseignement supérieur. On retrouve ces inégalités d'accès dans l'enseignement supérieur. En 2002, .......% des enfants d'employeurs, de cadres ou de professions intermédiaires font des études supérieures, contre à peine 35% des enfants d'ouvrier (doc.13 p.171). De plus, les enfants des classes populaires sont sous-représentées dans les filières sélectives à forts débouchés, alors qu'on les retrouve plus nombreux dans les premiers cycles universitaires non-sélectifs. Ainsi, pour la génération 1959-1968, les enfants issus de milieux favorisés avaient ......... fois plus de chances d'intégrer une très grande école que les enfants des milieux populaires (doc.15 p.172). Ces inégalités, loin de se résorber, s'accentuent depuis la crise de 1993 et se retrouvent dans la distribution des positions sociales : en 2003, la probabilité qu'un fils de cadre occupe une position sociale supérieure à celle d'un fils d'ouvrier était de .........%, contre 73% dix ans plus tôt (doc.16 p.173). Conclusion Le consensus entre sociologues et responsables politiques sur la nécessité d'élever le niveau de formation et de qualification de la population est assez large en France, même si des divergences subsistent quant au diagnostic (ex : débat Duru-Bellat/Chauvel vs Maurin). Tout le monde est également d'accord pour dire que l'échec scolaire et l'inégalité des chances sont inacceptables. Mais c'est sur l'origine de ces fléaux et les moyens de lutter contre que les divergences persistent. Nombre de sociologues et de responsables politiques – plutôt à gauche - insistent sur la nécessité de réduire d'abord les inégalités économiques et d'investir dans le service public éducatif ; pour d'autres – plutôt à droite – il faut d'abord assurer l'égalité des chances en améliorant et en rationalisant l'offre éducative, et ayant recours, par exemple, à la discrimination positive (ex : proposition “Pécresse” de fixer un objectif de .......% d'enfants boursiers dans les grandes écoles).
  • 3. Correction La démocratisation scolaire désigne l'élévation générale du niveau d'études de la population, couplé (en théorie) à une égalité accrue des chances entre les individus issus de milieux sociaux différents. A la fin du XIXè siècle, en France, l'Etat a institué l'Ecole républicaine – laïque, gratuite et obligatoire – pour scolariser en masse la population, à des fins d'alphabétisation et de formation de la citoyenneté (lois Jules Ferry, entre autres). Une deuxième vague de démocratisation a eu lieu durant les années 1950-60 avec le développement de la scolarité des filles, l'instauration de la mixité et l'accès d'un nombre croissant d'enfants au Collège. Ainsi, 20% des générations nées entre 1949 et 1953 sont bachelières, contre moins de 5% pour les générations 1929-1938 (doc.14 p.172). Le taux de bacheliers monte ensuite régulièrement, pour atteindre 60% pour la génération 1974-1978. Mais le système reste très sélectif socialement. Les enfants des classes populaires vont plutôt au collège « technique », puis dans des formations professionnelles (CAP, puis BEP), plus rarement au lycée général et dans l'enseignement supérieur. Ainsi, pour la génération 1949- 1953, le taux de bachelier est six fois plus important chez les enfants de cadres que chez les enfants d'ouvriers (62% contre 9%). La troisième vague de démocratisation scolaire intervient dans les années 1970-80, avec l'instauration du « collège unique » (1975 : disparition des collèges techniques, professionnels), l'accès croissant des enfants de tous les milieux sociaux au Lycée et à l'enseignement supérieur. En 1984 (enfants nés vers 1966), 25% de la génération accèdent à l'enseignement supérieur, taux qui monte inexorablement jusqu'à 54% en 2002 (doc. 13 p.171). Cette démocratisation scolaire pose deux grandes questions : 1) Ne conduit-elle pas à une dévalorisation des diplômes et au déclassement social ? Cette thèse est défendue, entre autres, par les sociologues Marie Duru-Bellat et Louis Chauvel. Loin de remettre en cause la démocratisation scolaire, ces auteurs en identifient pourtant des effets pervers. Dans un premier temps, les générations des Trente Glorieuses (« baby-boomers ») auraient profité des débuts de la scolarisation de masse et de la forte croissance des emplois qualifiés, dans un contexte de plein-emploi. Le nombre de postes qualifiés augmentant plus vite que le nombre de diplômes, ces générations auraient eu un accès facilité aux postes de techniciens et de cadres, grâce aux promotions internes et à la formation continue, les moins qualifiés d'entre eux trouvant facilement des postes leur correspondant. A partir du milieu des années 1970, le contexte économique devient défavorable, avec le chômage de masse et la précarisation des emplois. Dans le même temps (années 1980-1990), le nombre de diplômés explose. Les emplois qualifiés augmentent toujours, au détriment des emplois peu qualifiés, mais pas suffisamment au vu de l'”inflation scolaire”'. Le “rendement” des diplômes diminuerait : en 1970, les bacheliers occupaient, à 75%, un poste de cadre ou profession intermédiaire, contre à peine 25% au début des années 2000 (doc.18 p.174). Des enfants plus diplômés que leurs parents n'occuperaient pas une position sociale forcément supérieure à celle de leurs parents – c'est le “paradoxe d'Anderson”, du nom du sociologue américain qui l'a montré. Le “déclassement” des diplômés, forcés d'occuper des emplois subalternes ou des stages non rémunérés pour éviter le chômage et l'inactivité , deviendrait monnaie courante, d'où un risque d'”anomie” au sens d'Emile Durkheim. Le sociologue Eric Maurin se montre plus positif dans ses travaux. Il ne nie pas ces faits, mais présente d'autres statistiques. Etudiant l'insertion professionnelle des jeunes diplômés sur le long terme, il montre que le diplôme protège du chômage et que, plus on est diplômé, plus on a de chances d'obtenir un poste stable et qualifié. La baisse du rendement du Bac s'expliquerait surtout par le fait que ce diplôme est une porte d'entrée dans le supérieur, et non plus une fin en soi. En revanche, le rendement des diplômes qualifiants (BTS, IUT, Master, Ecoles supérieures) ne diminuerait pas. Maurin en conclue qu'il faut poursuivre le processus de démocratisation scolaire pour augmenter la qualification de la population française. A ce propos, il défend la thèse que l'évolution du nombre de diplômés n'est pas
  • 4. indépendante de celle des emplois qualifiés : en fait, l'existence du main d'oeuvre très qualifiée (ingénieurs, cadres, techniciens...) stimulerait la créations de ce type d'emplois au sein des entreprises, ou plus directement par la création d'entreprises. 2) La “massification scolaire”, est-ce la même chose que la “démocratisation” ? La massification a-t-elle favorisé l'égalité des chances ? Aujourd'hui, tous les milieux sociaux voient leurs enfants arriver au niveau Troisième. Cependant, on note que les enfants issus de catégories socialement défavorisés sont sur-représentés chez les élèves en difficulté scolaire, et ce depuis les premières sections de Maternelle. Ce problème d'échec scolaire est crucial pour la démocratie française, car des centaines de milliers de jeunes sortent chaque année du système éducatif sans aucune qualification, principalement issus des classes populaires. Le sociologue François Dubet y voit là une injustice inacceptable : la société devrait offrir à chacun – même aux moins bons scolairement – une qualification et une reconnaissance sociale, pour assurer à tous une insertion professionnelle et sociale (cf la “division du travail social” chez Durkheim). Les inégalités se constatent ensuite au Lycée. Certes, les enfants d'ouvriers accèdent de plus en plus au niveau du Bac (45% pour les générations 1974-1978), mais ce taux représente presque la moitié de celui des enfants de cadres (82%). De plus, les baccalauréats technologiques et professionnels (ces derniers étant créés en 1985) sont pour beaucoup dans la massification : en 2003, ils représentaient plus de la moitié des bacheliers (doc. 1 p.194). Or, on constate que les enfants de milieux populaires sont sur-représentés dans les séries technologiques et professionnelles, et sous-représentées dans les séries générales – lesquelles constituent un meilleur passeport pour l'enseignement supérieur. On retrouve ces inégalités d'accès dans l'enseignement supérieur. En 2002, 77% des enfants d'employeurs, de cadres ou de professions intermédiaires font des études supérieures, contre à peine 35% des enfants d'ouvrier (doc.13 p.171). De plus, les enfants des classes populaires sont sous-représentées dans les filières sélectives à forts débouchés, alors qu'on les retrouve plus nombreux dans les premiers cycles universitaires non-sélectifs. Ainsi, pour la génération 1959-1968, les enfants issus de milieux favorisés avaient 39,9 fois plus de chances d'intégrer une très grande école que les enfants des milieux populaires (doc.15 p.172). Ces inégalités, loin de se résorber, s'accentuent depuis la crise de 1993 et se retrouvent dans la distribution des positions sociales : en 2003, la probabilité qu'un fils de cadre occupe une position sociale supérieure à celle d'un fils d'ouvrier était de 78%, contre 73% dix ans plus tôt (doc.16 p.173). Conclusion Le consensus entre sociologues et responsables politiques sur la nécessité d'élever le niveau de formation et de qualification de la population est assez large en France, même si des divergences subsistent quant au diagnostic (ex : débat Duru-Bellat/Chauvel vs Maurin). Tout le monde est également d'accord pour dire que l'échec scolaire et l'inégalité des chances sont inacceptables. Mais c'est sur l'origine de ces fléaux et les moyens de lutter contre que les divergences persistent. Nombre de sociologues et de responsables politiques – plutôt à gauche - insistent sur la nécessité de réduire d'abord les inégalités économiques et d'investir dans le service public éducatif ; pour d'autres – plutôt à droite – il faut d'abord assurer l'égalité des chances en améliorant et en rationalisant l'offre éducative, et ayant recours, par exemple, à la discrimination positive (ex : proposition “Pécresse” de fixer un objectif de 30% d'enfants boursiers dans les grandes écoles).