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La contribution des facteurs de  production à la croissance Petite histoire (fictive et réelle) de  la comptabilité  de la croissance‏ 1)  La croissance à "Imagineland" 2)  leçon n°1 : production, emploi et productivité du travail 3)  L'autre facteur de production : le capital. 4)  Leçon n°2 : mesurer la contribution de chaque facteur de production 5) L'approche comptable de la croissance :hypothèses, résultats, implications 6)  L'évaluation de la productivité globale des facteurs 7)  l'essentiel à retenir Lycée Marcel-Gambier (14), 2006-2008
Bienvenue à Imagineland ! Imaginez...  Imaginez un endroit secret, coupé du monde et situé dans le Grand Nord, là où même les manchots caillent de froid. Toute l'année, une population s'active autour d'une industrie unique et locale : la fabrication de jouets  !  Grâce à cette population de lutins et à son Big & Red & White Boss, nous allons tenter de comprendre comment fonctionne la croissance... Première question (très dure !!!) :  Qui est Big & Red & White Boss ?
C'est moi, pardi ! Bon, ok ! Et quand est-ce  qu'on commence à bosser ?
Les « facteurs de production » Dans cette contrée, en cette année du millenium 2009,  cent lutins  s'activent pour fabriquer les jouets tant attendus par leurs clients. Des machines les y aident : ils en possèdent  dix , soit  une machine pour dix actifs occupés  en moyenne (ce que l'on nomme :  intensité capitalistique ). Big Boss sait qu'avec tous ces facteurs de production (travail : 100 lutins, capital : 10 machines), il pourra produire  10.000 unités  pour le dernier Noël du millénaire. En moyenne, avec un lutin, combien produit-on de jouets ? Avec une machine, combien produit-on de jouets ? Comment peut-on nommer chacune de ces deux grandeurs ?
Les « facteurs de production » On produit 100 jouets par lutin et 1000 jouets par machine. Ces grandeurs mesurent respectivement la productivité du travail et du capital.
Le facteur « travail » Ouf ! En 2009, tout s'est bien passé : tous les jouets ont été fabriqués et distribués. Pour 2010, Big Boss peut compter sur les effets d'une fécondité élevée chez ses lutins (sans doute due aux grands froids) :  20 nouveaux lutins  sont entrés à son service (de jeunes actifs) et aucun n'est parti à la retraite (depuis la dernière réforme, il faut côtiser 120 ans pour pouvoir partir à 150 ans).
Evolution de la production et de la productivité Année 2009 Année 2010 Evolution Production Nombre de lutins Productivité  apparente du travail Nombre de machines
Evolution de la production et de la productivité Année 2009 Année 2010 Evolution Production Nombre de lutins Productivité  apparente du travail Nombre de machines 10 000 100 100 u/lutin 10
Evolution de la production et de la productivité Année 2009 Année 2010 Evolution Production Nombre de lutins Productivité  apparente du travail Nombre de machines 10 000 100 100 u/lutin 10 11 400 120 95 u/lutin 10 Pour quelle raison la productivité par lutin diminue-t-elle, même si la production globale augmente ?
Evolution de la production et de la productivité Année 2009 Année 2010 Evolution Production Nombre de lutins Productivité  apparente du travail Nombre de machines 10 000 100 100 u/lutin 10 11 400 120 95 u/lutin 10 Parce que, désormais, on compte 1 machine pour 12 lutins – ce qui n'est pas assez et fait perdre de l'efficacité productive. La fabrication des jouets ne se fait plus de manière optimale.
Evolution de la production et de la productivité Année 2009 Année 2010 Evolution Production Nombre de lutins Productivité  apparente du travail Nombre de machines 10 000 100 100 u/lutin 10 11 400 120 95 u/lutin 10 Conclusion :  la croissance économique d'Imagineland (+14%) entre 2000 et 2001  est exclusivement due à l'augmentation de la population active (+20%). + 14 % + 20 % - 5% idem
Leçon n°1 ,[object Object],[object Object],[object Object],[object Object],[object Object]
Leçon n°1 Si on reprend l'évolution de ces trois grandeurs, on trouve : Taux de variation (2000/2001)‏ Production  : + 14%, donc x 1,14 Emploi  :  + 20 %, donc x 1,2 Productivité  :  - 5%, soit x0,95
Et l'on découvre que... Taux de variation (2000/2001)‏ Production  : x 1,14 Emploi  :  x 1,2 Productivité  :  x0,95 1,14 = 1,2 x 0,95 ! Implication : je peux trouver l'évolution de la production, de l'emploi ou de la productivité à partir des deux autres.
Retenons donc... Leçon n° 1 La production est le produit de l'emploi par la productivité apparente du travail. Cette relation se retrouve en termes de coefficients multiplicateurs : P = e  x Pté. Abstraction faite du capital, la croissance économique a donc pour origine, à long terme, l'augmentation de la population active occupée et de la productivité de cette dernière. Que peut-on en tirer ? =>
[object Object],[object Object],[object Object],[object Object],[object Object],Continuons notre récit...
Bienvenue en 2011 ! Cette année, le nombre d'actifs augmente :  30 nouveaux lutins  sont arrivés à la fabrique, soit  150 lutins au total  (100 + 20 + 30). Les dix machines ne suffisent plus à tout ce petit monde qui commence à se marcher sur les pieds et à perdre en efficacité. Big Boss a donc acheté  cinq machines  (10 + 5 =  15 au total ), pour respecter la norme optimale de une machine pour dix lutins ! Questions :  De quel type d'investissement s'agit-il ?  Quel agrégat le mesure ?
Bienvenue en 2002 ! Réponses :  Un investissement matériel, pour produire plus et mieux.  La formation brute de capital fixe (FBCF)‏ Questions :  De quel type d'investissement s'agit-il ?  Quel agrégat le mesure ?
Croissance et facteurs de production (2010-2011)‏ Année 2010 Année 2011 Evolution Production Nombre de lutins Productivité  apparente du travail Nombre de machines 11 400 120 95 u/lutin 10
Croissance et facteurs de production (2010-2011)‏ Année 2010 Année 2011 Evolution Production Nombre de lutins Productivité  apparente du travail Nombre de machines 11 400 120 95 u/lutin 10 15 000 150 100 u/lutin 15 L'achat de 5 machines a permis de retouver le niveau antérieur de productivité par lutin, à savoir 100 u/lutin.
Croissance et facteurs de production (2010-2011)‏ Année 2010 Année 2011 Evolution Production Nombre de lutins Productivité  apparente du travail Nombre de machines 11 400 120 95 u/lutin 10 15 000 150 100 u/lutin 15 + 31,6 % + 25 % + 5,3 % + 50% Retrouvez les relations unissant la production, l'emploi et la productivité apparente du travail (en unités, comme en termes de coefficients multiplicateurs).
Croissance et facteurs de production (2010-2011)‏ Année 2001 Année 2002 Evolution Production Nombre de lutins Productivité  apparente du travail Nombre de machines 11 400 120 95 u/lutin 10 15 000 150 100 u/lutin 15 + 31,6 % + 25 % + 5,3 % + 50% Vérification : 15 000 = 150 x 100 et 1,316 = 1,25 x 1,053
Leçon n°2 : mesurer la contribution de  chaque facteur de production Oublions un instant les effets de la productivité du travail. Concentrons-nous sur  les facteurs de production  :  travail  (emploi) et  capital  (ici : machines). Si la production a augmenté de 31,6%, c'est grâce aux 30 lutins embauchés et aux 5 machines achetées. L'achat de 5 machines supplémentaires a rendu toute son efficacité productive au travail et a permis de produire plus. Les 30 lutins embauchés ont été les agents humains de ce surcroît de production. Mais quel a été l'apport respectif de chacun des facteurs à la croissance ? Dans les 31,6 % d'augmentation de la production, qu'est-ce qui est imputable au travail tout seul ? Au capital ?
La contribution de chaque facteur de production Les macro-économistes, depuis les années 50, ont élaboré un modèle mathématique, relatant les liens entre ces trois variables. ∆ P/P = 70%∆T/T + 30%∆C/C En Français, cela dit que la croissance économique est imputable à 70% à l'augmentation de la population active occupée (∆T/T) et à 30% à celle du capital (∆T/T). Remarque : les paramètres 70/30% sont une estimation. Les valeurs constatées dans une économie peuvent varier un peu. Production : +31,6% Augmentation de la population active : + 25% Augmentation du capital : + 50%
La contribution de chaque facteur de production ∆ P/P = 70%∆T/T + 30%∆C/C Production : +31,6% Augmentation de la population active : + 25% Augmentation du capital : + 50% La formule ci-dessus fonctionne-t-elle à Imagineland ? 70%x25% + 30%x50% = (0,7x0,25)+(0,3x0,5) = ???????
La contribution de chaque facteur de production ∆ P/P = 70%∆T/T + 30%∆C/C Production : +31,6% Augmentation de la population active : + 25% Augmentation du capital : + 50% (0,7x0,25)+(0,3x0,5) = 0,325, soit + 32,5 % !
La contribution de chaque facteur de production En fait, dans le cas d'Imagineland, le poids du travail serait plutôt de 74%, contre 26% au capital. ∆ P/P = 74%∆T/T + 26%∆C/C Production : +31,6% Augmentation de la population active : + 25% Augmentation du capital : + 50% Refaites le calcul...
La contribution de chaque facteur de production En fait, dans le cas d'Imagineland, le poids du travail serait plutôt de 74%, contre 26% au capital. ∆ P/P = 74%∆T/T + 26%∆C/C Production : +31,6% Augmentation de la population active : + 25% Augmentation du capital : + 50% (0,74x0,25)+(0,26x0,5) = 0,315 soit +31,5% (presque 31,6%) !
La contribution de chaque facteur de production Concrètement, sur 31,6% de croissance, le travail en a engendré 18,5 points (0,74x0,25) et le capital 13 points (0,26x0,5). A 0,01%  près,  l'addition  des deux contributions donne bien le taux de  croissance : 18,5 + 13 = 31,5. Il est donc possible de mesurer les apports respectifs de chaque facteur de production. Quelles sont les implications économiques de cette « comptabilité de la croissance » ?
L'approche comptable de la croissance : hypothèses, résultats, implications Tout part, dans les années 50, de la volonté des économistes du courant libéral d' expliquer la croissance  à long terme. Selon leur modèle théorique (dit «  néoclassique  »), la production est le fruit d'une activité mettant en rapport deux facteurs de production : le capital et le travail.  Tout supplément de production doit être intégralement réparti entre ces deux facteurs de production : à hauteur de leur contribution respective . Autrement dit, c'est  le partage de la valeur ajoutée .
L'approche comptable de la croissance : hypothèses, résultats, implications ,[object Object],[object Object],[object Object],[object Object],[object Object],[object Object]
Où est le problème ? Surprise ! Tous ces travaux révèlent que l'augmentation des facteurs de production... n'expliquent pas toute la croissance du PIB ! Voici l'un des plus récents résultats (source : G. Mankiw, 2003)‏
Où est le problème ? Une croissance forte... 3,6
Où est le problème ? ...dont 1,3 point est imputable au facteur travail... 3,6 1,3
Où est le problème ? ... et 1,2 point au facteur capital... 3,6 1,3 1,2
Où est le problème ? ...donc, 1,1 point reste inexpliqué ! 3,6 1,3 1,2 1,1
Cela pourrait-il arriver à Imagineland ? Entre 2010 et 2011, le nombre de lutins a augmenté de 25%, celui des machines de 50%, avec toujours des coefficients respectifs de 74 et 26%. Mais imaginons que l'Insee nordique ait mesuré une croissance du PIB de 47,6%. Première question :  quel a été l'apport des facteurs de production à la croissance ?
Cela pourrait-il arriver à Imagineland ? Entre 2010 et 2011, le nombre de lutins a augmenté de 25%, celui des machines de 50%, avec toujours des coefficients respectifs de 74 et 26%. Mais imaginons que l'Insee nordique ait mesuré une croissance du PIB de 47,6%. Première question :  quel a été l'apport des facteurs de production à la croissance ? Réponse :  (0,74x0,25)=0,185 soit 18,5 points pour le travail (0,26x0,50)=0,13 soit 13 points pour le capital
Cela pourrait-il arriver à Imagineland ? Entre 2010 et 2011, le nombre de lutins a augmenté de 25%, celui des machines de 50%, avec toujours des coefficients respectifs de 74 et 26%. Mais imaginons que l'Insee nordique ait mesuré une croissance du PIB de 47,6%. Deuxième question :  quelle a été la part inexpliquée de la croissance ?
Cela pourrait-il arriver à Imagineland ? Entre 2010 et 2011, le nombre de lutins a augmenté de 25%, celui des machines de 50%, avec toujours des coefficients respectifs de 74 et 26%. Mais imaginons que l'Insee nordique ait mesuré une croissance du PIB de 47,6%. Deuxième question :  quelle a été la part inexpliquée de la croissance ? Réponse :  47,6 – 18,5 -13 = 16,1 points, soit un tiers de la croissance !
Que cache ce « résidu », cette « part inexpliquée » ? Si, quand on augmente la quantité de facteurs de production utilisés de 2% par exemple, le PIB augmente de 3%, cela veut dire que l'efficacité productive conjointe du capital et du travail a augmenté elle aussi. A Imagineland comme en France ou aux Etats-Unis, l'achat, l'installation et l'utilisation de nouvelles machines, l'embauche de travailleurs engendrent, la plupart du temps, des progrès dans l'organisation productive : ce «  progrès technique  » élève ce que les économistes nomment la «  productivité globale des facteurs  », c'est-à-dire l'efficacité conjointe des facteurs de production. La «  productivité globale des facteurs  » est donc à l'origine du fameux résidu ! Mais comment calcule-t-on  cette « productivité globale » ?
La productivité globale ne peut pas être calculée directement,  car comment additionner des individus et des machines ? Le seul moyen d'évaluer la part du « progrès technique » (ou « productivité globale ») dans la croissance économique consiste donc à calculer le « résidu ». 3,6 1,3 1,2 1,1
Ce qu'il faut retenir... De l'approche comptable de la croissance, il faut tirer plusieurs leçons : 1) Abstraction faite du capital, la croissance économique a pour origine, à long terme, l'augmentation de la population active occupée et de la productivité du travail. 2) La croissance peut s'appuyer sur une augmentation substantielle de l'emploi (croissance extensive, « riche en emplois ») ou des gains de productivité du travail (croissance intensive, « pauvre en emplois »). 3) Il est possible de mesurer l'apport respectif de chaque facteur de production à la croissance. 4) Cela fait, il reste toujours un résidu statistique, que les économistes expliquent comme étant la trace du progrès technique, ou « productivité globale des facteurs ». Ce qu'il reste à faire : expliquer l'origine du progrès technique et ses effets !

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  • 1. La contribution des facteurs de production à la croissance Petite histoire (fictive et réelle) de la comptabilité  de la croissance‏ 1) La croissance à "Imagineland" 2) leçon n°1 : production, emploi et productivité du travail 3) L'autre facteur de production : le capital. 4) Leçon n°2 : mesurer la contribution de chaque facteur de production 5) L'approche comptable de la croissance :hypothèses, résultats, implications 6) L'évaluation de la productivité globale des facteurs 7) l'essentiel à retenir Lycée Marcel-Gambier (14), 2006-2008
  • 2. Bienvenue à Imagineland ! Imaginez... Imaginez un endroit secret, coupé du monde et situé dans le Grand Nord, là où même les manchots caillent de froid. Toute l'année, une population s'active autour d'une industrie unique et locale : la fabrication de jouets ! Grâce à cette population de lutins et à son Big & Red & White Boss, nous allons tenter de comprendre comment fonctionne la croissance... Première question (très dure !!!) : Qui est Big & Red & White Boss ?
  • 3. C'est moi, pardi ! Bon, ok ! Et quand est-ce qu'on commence à bosser ?
  • 4. Les « facteurs de production » Dans cette contrée, en cette année du millenium 2009, cent lutins s'activent pour fabriquer les jouets tant attendus par leurs clients. Des machines les y aident : ils en possèdent dix , soit une machine pour dix actifs occupés en moyenne (ce que l'on nomme : intensité capitalistique ). Big Boss sait qu'avec tous ces facteurs de production (travail : 100 lutins, capital : 10 machines), il pourra produire 10.000 unités pour le dernier Noël du millénaire. En moyenne, avec un lutin, combien produit-on de jouets ? Avec une machine, combien produit-on de jouets ? Comment peut-on nommer chacune de ces deux grandeurs ?
  • 5. Les « facteurs de production » On produit 100 jouets par lutin et 1000 jouets par machine. Ces grandeurs mesurent respectivement la productivité du travail et du capital.
  • 6. Le facteur « travail » Ouf ! En 2009, tout s'est bien passé : tous les jouets ont été fabriqués et distribués. Pour 2010, Big Boss peut compter sur les effets d'une fécondité élevée chez ses lutins (sans doute due aux grands froids) : 20 nouveaux lutins sont entrés à son service (de jeunes actifs) et aucun n'est parti à la retraite (depuis la dernière réforme, il faut côtiser 120 ans pour pouvoir partir à 150 ans).
  • 7. Evolution de la production et de la productivité Année 2009 Année 2010 Evolution Production Nombre de lutins Productivité apparente du travail Nombre de machines
  • 8. Evolution de la production et de la productivité Année 2009 Année 2010 Evolution Production Nombre de lutins Productivité apparente du travail Nombre de machines 10 000 100 100 u/lutin 10
  • 9. Evolution de la production et de la productivité Année 2009 Année 2010 Evolution Production Nombre de lutins Productivité apparente du travail Nombre de machines 10 000 100 100 u/lutin 10 11 400 120 95 u/lutin 10 Pour quelle raison la productivité par lutin diminue-t-elle, même si la production globale augmente ?
  • 10. Evolution de la production et de la productivité Année 2009 Année 2010 Evolution Production Nombre de lutins Productivité apparente du travail Nombre de machines 10 000 100 100 u/lutin 10 11 400 120 95 u/lutin 10 Parce que, désormais, on compte 1 machine pour 12 lutins – ce qui n'est pas assez et fait perdre de l'efficacité productive. La fabrication des jouets ne se fait plus de manière optimale.
  • 11. Evolution de la production et de la productivité Année 2009 Année 2010 Evolution Production Nombre de lutins Productivité apparente du travail Nombre de machines 10 000 100 100 u/lutin 10 11 400 120 95 u/lutin 10 Conclusion : la croissance économique d'Imagineland (+14%) entre 2000 et 2001 est exclusivement due à l'augmentation de la population active (+20%). + 14 % + 20 % - 5% idem
  • 12.
  • 13. Leçon n°1 Si on reprend l'évolution de ces trois grandeurs, on trouve : Taux de variation (2000/2001)‏ Production : + 14%, donc x 1,14 Emploi : + 20 %, donc x 1,2 Productivité : - 5%, soit x0,95
  • 14. Et l'on découvre que... Taux de variation (2000/2001)‏ Production : x 1,14 Emploi : x 1,2 Productivité : x0,95 1,14 = 1,2 x 0,95 ! Implication : je peux trouver l'évolution de la production, de l'emploi ou de la productivité à partir des deux autres.
  • 15. Retenons donc... Leçon n° 1 La production est le produit de l'emploi par la productivité apparente du travail. Cette relation se retrouve en termes de coefficients multiplicateurs : P = e x Pté. Abstraction faite du capital, la croissance économique a donc pour origine, à long terme, l'augmentation de la population active occupée et de la productivité de cette dernière. Que peut-on en tirer ? =>
  • 16.
  • 17. Bienvenue en 2011 ! Cette année, le nombre d'actifs augmente : 30 nouveaux lutins sont arrivés à la fabrique, soit 150 lutins au total (100 + 20 + 30). Les dix machines ne suffisent plus à tout ce petit monde qui commence à se marcher sur les pieds et à perdre en efficacité. Big Boss a donc acheté cinq machines (10 + 5 = 15 au total ), pour respecter la norme optimale de une machine pour dix lutins ! Questions : De quel type d'investissement s'agit-il ? Quel agrégat le mesure ?
  • 18. Bienvenue en 2002 ! Réponses : Un investissement matériel, pour produire plus et mieux. La formation brute de capital fixe (FBCF)‏ Questions : De quel type d'investissement s'agit-il ? Quel agrégat le mesure ?
  • 19. Croissance et facteurs de production (2010-2011)‏ Année 2010 Année 2011 Evolution Production Nombre de lutins Productivité apparente du travail Nombre de machines 11 400 120 95 u/lutin 10
  • 20. Croissance et facteurs de production (2010-2011)‏ Année 2010 Année 2011 Evolution Production Nombre de lutins Productivité apparente du travail Nombre de machines 11 400 120 95 u/lutin 10 15 000 150 100 u/lutin 15 L'achat de 5 machines a permis de retouver le niveau antérieur de productivité par lutin, à savoir 100 u/lutin.
  • 21. Croissance et facteurs de production (2010-2011)‏ Année 2010 Année 2011 Evolution Production Nombre de lutins Productivité apparente du travail Nombre de machines 11 400 120 95 u/lutin 10 15 000 150 100 u/lutin 15 + 31,6 % + 25 % + 5,3 % + 50% Retrouvez les relations unissant la production, l'emploi et la productivité apparente du travail (en unités, comme en termes de coefficients multiplicateurs).
  • 22. Croissance et facteurs de production (2010-2011)‏ Année 2001 Année 2002 Evolution Production Nombre de lutins Productivité apparente du travail Nombre de machines 11 400 120 95 u/lutin 10 15 000 150 100 u/lutin 15 + 31,6 % + 25 % + 5,3 % + 50% Vérification : 15 000 = 150 x 100 et 1,316 = 1,25 x 1,053
  • 23. Leçon n°2 : mesurer la contribution de chaque facteur de production Oublions un instant les effets de la productivité du travail. Concentrons-nous sur les facteurs de production : travail (emploi) et capital (ici : machines). Si la production a augmenté de 31,6%, c'est grâce aux 30 lutins embauchés et aux 5 machines achetées. L'achat de 5 machines supplémentaires a rendu toute son efficacité productive au travail et a permis de produire plus. Les 30 lutins embauchés ont été les agents humains de ce surcroît de production. Mais quel a été l'apport respectif de chacun des facteurs à la croissance ? Dans les 31,6 % d'augmentation de la production, qu'est-ce qui est imputable au travail tout seul ? Au capital ?
  • 24. La contribution de chaque facteur de production Les macro-économistes, depuis les années 50, ont élaboré un modèle mathématique, relatant les liens entre ces trois variables. ∆ P/P = 70%∆T/T + 30%∆C/C En Français, cela dit que la croissance économique est imputable à 70% à l'augmentation de la population active occupée (∆T/T) et à 30% à celle du capital (∆T/T). Remarque : les paramètres 70/30% sont une estimation. Les valeurs constatées dans une économie peuvent varier un peu. Production : +31,6% Augmentation de la population active : + 25% Augmentation du capital : + 50%
  • 25. La contribution de chaque facteur de production ∆ P/P = 70%∆T/T + 30%∆C/C Production : +31,6% Augmentation de la population active : + 25% Augmentation du capital : + 50% La formule ci-dessus fonctionne-t-elle à Imagineland ? 70%x25% + 30%x50% = (0,7x0,25)+(0,3x0,5) = ???????
  • 26. La contribution de chaque facteur de production ∆ P/P = 70%∆T/T + 30%∆C/C Production : +31,6% Augmentation de la population active : + 25% Augmentation du capital : + 50% (0,7x0,25)+(0,3x0,5) = 0,325, soit + 32,5 % !
  • 27. La contribution de chaque facteur de production En fait, dans le cas d'Imagineland, le poids du travail serait plutôt de 74%, contre 26% au capital. ∆ P/P = 74%∆T/T + 26%∆C/C Production : +31,6% Augmentation de la population active : + 25% Augmentation du capital : + 50% Refaites le calcul...
  • 28. La contribution de chaque facteur de production En fait, dans le cas d'Imagineland, le poids du travail serait plutôt de 74%, contre 26% au capital. ∆ P/P = 74%∆T/T + 26%∆C/C Production : +31,6% Augmentation de la population active : + 25% Augmentation du capital : + 50% (0,74x0,25)+(0,26x0,5) = 0,315 soit +31,5% (presque 31,6%) !
  • 29. La contribution de chaque facteur de production Concrètement, sur 31,6% de croissance, le travail en a engendré 18,5 points (0,74x0,25) et le capital 13 points (0,26x0,5). A 0,01% près, l'addition des deux contributions donne bien le taux de croissance : 18,5 + 13 = 31,5. Il est donc possible de mesurer les apports respectifs de chaque facteur de production. Quelles sont les implications économiques de cette « comptabilité de la croissance » ?
  • 30. L'approche comptable de la croissance : hypothèses, résultats, implications Tout part, dans les années 50, de la volonté des économistes du courant libéral d' expliquer la croissance à long terme. Selon leur modèle théorique (dit «  néoclassique  »), la production est le fruit d'une activité mettant en rapport deux facteurs de production : le capital et le travail. Tout supplément de production doit être intégralement réparti entre ces deux facteurs de production : à hauteur de leur contribution respective . Autrement dit, c'est le partage de la valeur ajoutée .
  • 31.
  • 32. Où est le problème ? Surprise ! Tous ces travaux révèlent que l'augmentation des facteurs de production... n'expliquent pas toute la croissance du PIB ! Voici l'un des plus récents résultats (source : G. Mankiw, 2003)‏
  • 33. Où est le problème ? Une croissance forte... 3,6
  • 34. Où est le problème ? ...dont 1,3 point est imputable au facteur travail... 3,6 1,3
  • 35. Où est le problème ? ... et 1,2 point au facteur capital... 3,6 1,3 1,2
  • 36. Où est le problème ? ...donc, 1,1 point reste inexpliqué ! 3,6 1,3 1,2 1,1
  • 37. Cela pourrait-il arriver à Imagineland ? Entre 2010 et 2011, le nombre de lutins a augmenté de 25%, celui des machines de 50%, avec toujours des coefficients respectifs de 74 et 26%. Mais imaginons que l'Insee nordique ait mesuré une croissance du PIB de 47,6%. Première question : quel a été l'apport des facteurs de production à la croissance ?
  • 38. Cela pourrait-il arriver à Imagineland ? Entre 2010 et 2011, le nombre de lutins a augmenté de 25%, celui des machines de 50%, avec toujours des coefficients respectifs de 74 et 26%. Mais imaginons que l'Insee nordique ait mesuré une croissance du PIB de 47,6%. Première question : quel a été l'apport des facteurs de production à la croissance ? Réponse : (0,74x0,25)=0,185 soit 18,5 points pour le travail (0,26x0,50)=0,13 soit 13 points pour le capital
  • 39. Cela pourrait-il arriver à Imagineland ? Entre 2010 et 2011, le nombre de lutins a augmenté de 25%, celui des machines de 50%, avec toujours des coefficients respectifs de 74 et 26%. Mais imaginons que l'Insee nordique ait mesuré une croissance du PIB de 47,6%. Deuxième question : quelle a été la part inexpliquée de la croissance ?
  • 40. Cela pourrait-il arriver à Imagineland ? Entre 2010 et 2011, le nombre de lutins a augmenté de 25%, celui des machines de 50%, avec toujours des coefficients respectifs de 74 et 26%. Mais imaginons que l'Insee nordique ait mesuré une croissance du PIB de 47,6%. Deuxième question : quelle a été la part inexpliquée de la croissance ? Réponse : 47,6 – 18,5 -13 = 16,1 points, soit un tiers de la croissance !
  • 41. Que cache ce « résidu », cette « part inexpliquée » ? Si, quand on augmente la quantité de facteurs de production utilisés de 2% par exemple, le PIB augmente de 3%, cela veut dire que l'efficacité productive conjointe du capital et du travail a augmenté elle aussi. A Imagineland comme en France ou aux Etats-Unis, l'achat, l'installation et l'utilisation de nouvelles machines, l'embauche de travailleurs engendrent, la plupart du temps, des progrès dans l'organisation productive : ce «  progrès technique  » élève ce que les économistes nomment la «  productivité globale des facteurs  », c'est-à-dire l'efficacité conjointe des facteurs de production. La «  productivité globale des facteurs  » est donc à l'origine du fameux résidu ! Mais comment calcule-t-on cette « productivité globale » ?
  • 42. La productivité globale ne peut pas être calculée directement, car comment additionner des individus et des machines ? Le seul moyen d'évaluer la part du « progrès technique » (ou « productivité globale ») dans la croissance économique consiste donc à calculer le « résidu ». 3,6 1,3 1,2 1,1
  • 43. Ce qu'il faut retenir... De l'approche comptable de la croissance, il faut tirer plusieurs leçons : 1) Abstraction faite du capital, la croissance économique a pour origine, à long terme, l'augmentation de la population active occupée et de la productivité du travail. 2) La croissance peut s'appuyer sur une augmentation substantielle de l'emploi (croissance extensive, « riche en emplois ») ou des gains de productivité du travail (croissance intensive, « pauvre en emplois »). 3) Il est possible de mesurer l'apport respectif de chaque facteur de production à la croissance. 4) Cela fait, il reste toujours un résidu statistique, que les économistes expliquent comme étant la trace du progrès technique, ou « productivité globale des facteurs ». Ce qu'il reste à faire : expliquer l'origine du progrès technique et ses effets !