Travail universitaire de rédaction sur les petites bonnes au Maroc
1. UNIVERSITÉ DE MONTRÉAL
1RE RÉDACTION : UNE TRISTE RÉALITÉ DES FEMMES EN AFRIQUE
PAR
ANDERS TURGEON
CERTIFICAT DE RÉDACTION
FACULTÉ DE L’ÉDUCATION PERMANENTE
TRAVAIL PRÉSENTE À CARLOS SÉGUIN
DANS LE CADRE DU COURS LNG1061G
DE LA GRAMMAIRE AU STYLE
12 FÉVRIER 2013
2. Le drame des « petites bonnes » au Maroc
Utiliseriez-vous une jeune fille mineure en tant que domestique pour votre famille
sans même la payer adéquatement ou lui offrir des conditions de travail décentes ? C’est
pourtant un phénomène courant au Maroc : des milliers de « petites bonnes », c’est-à-dire
des jeunes filles de 15 ans et moins, sont employées pour du travail domestique avec des
conditions de travail indécentes. Quelles sont les caractéristiques de ce phénomène
typiquement marocain ? Il est possible de brosser un portrait de base de la situation si
l’on examine les caractéristiques principales du travail de ces jeunes filles ainsi que la
situation globale du phénomène à travers le Maroc.
Voilà la situation des filles embauchées pour aller travailler dans des familles
aisées. Elles sont recrutées à la campagne par un intermédiaire, lui-même rémunéré par
les familles-employeurs. Celui-ci promet que leur fille aura de bonnes conditions de
travail et pourra continuer sa scolarité dans la mesure où elle quitte son milieu. Toutefois,
l’organisme Human Rights Watch (HRW) a déposé un rapport inquiétant auprès du
gouvernement marocain. Ce rapport montre que les mineures employées par les familles
travaillent « sept jours par semaine lors de journées qui commencent à l'aube et qui se
poursuivent jusque tard dans la nuit »1 puisque la réalité s’avère différente des paroles
prononcées par les recruteurs auprès des familles des « petites bonnes ». Ajoutons à cela
un salaire de misère : 74 $ par mois dont les jeunes travailleuses ne perçoivent qu’une
petite part ou rien parce que le tout est envoyé directement à leur famille. De plus, la
violence corporelle et économique – relativement à leur faible salaire – fait également
1
Isabelle Mandraud. « Au Maroc, l’exploitation des petites bonnes continue », Le Monde, 16 novembre
2012, [http://www.lemonde.fr/afrique/article/2012/11/16/au-maroc-l-exploitation-des-petites-bonnes-
continue_1791822_3212.html] (page consultée le 11 février 2013).
3. partie du quotidien de ces filles, souligne le Collectif associatif pour l’éradication du
travail des « petites bonnes »2. Pourquoi ce phénomène de quasi-esclavage humain est-il
aussi prédominant à travers le Maroc ?
Toujours selon le Collectif, le nombre de filles travaillant comme domestiques
dans les milieux urbains du pays s’élèverait à au moins 30 000, dont 14 000 seulement à
Casablanca3. Il précise également que ce phénomène trouve son origine dans « la
pauvreté, l’analphabétisme et la précarité des infrastructures au niveau des zones
rurales »4. En ce sens, selon HRW, le gouvernement a entrepris de scolariser davantage
les enfants défavorisés, or cette mesure reste un pansement sur une plaie profonde. En
s’attaquant au fond du problème, le Collectif cherche à influencer le gouvernement
marocain pour favoriser l’adoption d’une loi sévère punissant les individus qui emploient
des « petites bonnes ». Pourtant, le Maroc tarde à instaurer une loi sévère afin de punir les
individus recourant au travail domestique de filles mineures, et ce, contrairement à ses
voisins du Maghreb.
En bref, le phénomène des « petites bonnes » marocaines trouve son origine dans
la pauvreté et l’analphabétisme au sein des régions où les jeunes filles reculées sont
recrutées. Les familles de ces jeunes filles ne connaissent pas véritablement la nature des
familles aisées dans lesquelles elles les envoient. La portée de la législation s’avère
inexistante dans le but de pouvoir contrôler le travail des « petites bonnes ». Le résultat
est préoccupant : de longues journées de travail, un salaire minable, une absence de
2
« "Petites bonnes" : Plus de 30 000 "Cosette" au Maroc », La Nouvelle Tribune, 28 mai 2012,
[http://www.lnt.ma/actualites/%C2%AB-petites-bonnes-%C2%BB-plus-de-30-000-%C2%AB-cosette-
%C2%BB-au-maroc-41317.html] (page consultée le 8 février 2013).
3
Brigitte Perucca. « Au Maroc, les "petites bonnes" se comptent par dizaines de milliers », Le Monde, 11
mai 2010, [http://www.lemonde.fr/planete/article/2010/05/11/au-maroc-les-petites-bonnes-se-comptent-
encore-par-dizaines-de-milliers_1349313_3244.html] (page consultée le 11 février 2013).
4
La Nouvelle Tribune, op. cit.
4. scolarisation et des sévices corporels à profusion. Alors, à quand l’enrayement de ce
phénomène ternissant davantage l’image d’un Maroc honteux à l’étranger ?
634 mots