Prévalence des troubles mentaux en milieux socio éducatif
L’adolescent est elle difficile
1. L’adolescent difficile
(et ses vulnérabilités).
Amine Benjelloun
DIU «Médecine et Santé de l’Adolescent », 1 1
Paris , 06 mai 2010.
2. L’adolescent difficile:
• Difficulté de la définition:
– Qui n’est sûrement pas médicale, ni judiciaire, probablement
sociétal.
• Un enseignement à « multi-focale »,à l’initiative de la PJJ.
• Des apports variés, qui questionnent, donnant du recul au
travailleur.
• Le but étant de créer des réseaux locaux, des passerelles, des
liens autour de l’adolescent dit difficile.
• La richesse des mémoires des travailleurs sociaux, éducateurs,
innovateurs, bien plus que les enseignants et les médecins.
2
3. Exemples de ’’définition’’:
• « Un adolescent :
– Qui met en échec le sanitaire, l’éducatif, le
judiciaire;
– Qui relèverait pourtant d’un ou plusieurs de ces
secteurs;
– Qui oblige les intervenants à trouver des
alliances auprès des autres »
• « Un adolescent qui ’’bouche les conduits’’ »
3
4. Quelques précautions:
• Confondre « un adolescent difficile » et un
« adolescent délinquant », malgré quelques
particularités qui peuvent être communes.
• Ne rester que dans son champ de
compétences, sans se décentrer.
• Tomber dans le « tout sécuritaire ».
• Savoir, autour d’un acte posé par
l’adolescent, différencier la micro genèse de
la macro genèse.
4 4
5. Ce qui s’écrit:
mais attention, précautions !!!
• Délinquance limitée à • D. persistant toute la vie
l’adolescence
• Apparition à l’enfance
• Apparition à l’adolescence.
• Persistance sur plusieurs
• Temporaire. périodes de vie
• Forte prévalence • Cas rares.
• Pas de facteurs de risques • Troubles neuro biologiques et
neuro biologiques connus. comportementaux avancés.
• Très faibles risques • Probable transmission
génétiques. génétique des risques.
5 5
8. Quid de la Prison?
•La Prison fascine.
•La Prison questionne.
•La Prison enferme, mais
pas uniquement et toujours
ceux à qui on pense !
•La Prison, pour ceux qui y
travaillent, nécessite une
forte précession du contre
transfert. (et une bonne dose
de naïveté aussi !)
•La Prison nécessite un non
isolement. 8
9. Quelle rencontre possible?
• D’emblée, le rapport est
dissymétrique.
• D’emblée, il faudrait
éviter que se rejouent là
des relations
d’emprises, plus
anciennes.
• D’emblée, comment
être: avec, à coté, dans,
sans, pour éviter le à
nouveau?
9
10. Quelle psychopathologie rencontrée ?
• Confusion du social, du
médical, du juridique = la
prison comme un entonnoir.
• Le passage à l’acte comme
ultime tentative de lutte
contre la passivité, seul, ou
en bande, sous l’effet de
produits.
• Le corps , les éprouvés,
comme seul lieu
d’inscription du plaisir.
• Bonjour les troubles de
l’humeur et autres
personnages
shakespeariens.
10
11. La difficile question de la Kafala:
• Dahir du 18.12.57: « L’adoption n’a aucune
valeur juridique et n’entraîne aucun des
effets de la filiation. »
• Dahir du 10.09.63: « La personne assurant la
Kafala ou l’institution concernée veille à
l’exécution des obligations relatives à la
protection de l’enfant abandonné et doit
assurer son éducation dans une ambiance
familiale saine tout en subvenant à ses
besoins jusqu’à ce qu ’il atteigne l’age de la
majorité légale .»
11
12. Mais aussi et surtout , en amont et
en aval, les problématiques de :
• La solitude,
• L’errance.
• L’ennui.
• L’identité sociale.
• L’identité sexuelle.
• La monstruosité.
12
13. NB: A propos du « Bullying »
• • Le harceleur:de famille
violente ; peu d’affection &
agressivité valorisée
• Dominant; anxiété
importante; impulsivité;
hyperactivité; se sent
rapidement provoqué;faible
culpabilisation; peu
d’empathie
Jamais
rencontré en
prison, entre
prisonniers.
13
14. Quelles propositions possibles:
• 1 : Séparer les petits des grands.
• 2: Repérer les ados aux troubles de la
personnalité graves: pour cela , former
les gardiens, qui sont toujours, seuls,
en première ligne.
• 3 :Réfléchir à la différence entre
CONTENANCE (trop en défaut) et
CONTENTION (trop en excès).
14
15. • 4: Prendre en charge , continuellement
les gardiens et le personnel
administratif:
– Qu’est ce que la Prison, ses missions ?
– Groupes de paroles et de réflexions
réguliers
– Quelles devraient être les compétences
des gardiens? Simples gardiens?
Gardiens et éducateurs à la fois? Gardiens
et éducateurs, ensembles?
15
16. • 5: Une meilleure alliance autour se la
santé de l’adolescent prisonnier:
– Santé physique.
– Santé mentale.
– Partenariat avec les hôpitaux les plus
proches, avec des référents dans chaque
discipline.
– Formations adaptées et répétées au
personnel de la Prison.
16
17. • 6 : Être au rendez vous fixé par
Emmanuel Levinas et Paul Ricoeur:
« Estime de soi », « Sollicitude pour
autrui », « Institutions justes et fortes »
• 7 : Mise en place de structures pour
les apprentissages: ce ne sont pas des
structures occupationnelles, mais de
vrais outils pour des relances
psychiques possibles. Travail à
commencer dès l’incarcération, auprès
de Maîtres, qui transmettent.
17
18. • 8: Lutter contre la stigmatisation.
• 9: Ne pas confondre le Social, le
Médical, le Psychologique, le
Judiciaire. Nécessité pour chacune de
fonctionner avec ses règles (exemple
du secret, de ses limites, et de la notion
de secret partagé).
(10: Le devoir de « NON » à la machine
pénitentiaire; Sinon, nous perdons , à
notre tour , de notre humanité.)
18
19. Quid de la prévention?
• Une lecture critique du Plan
National de Prévention de la
Délinquance et d’Aide aux
victimes 2010-2012.
• Une approche globale, précoce,
plurielle, et « citoyenne ».
• Prévention de
la ’’délinquance’’ , avant la
confrontation à la Justice
• Prévention des récidives.
⇒Là encore , le concept
d’attention partagé nous semble
porteur, permettant de
nouvelles identifications.
19
20. II:Du terrain sociologique :
- Durkheim (1897), puis (Merton , (1938):
Absence de densité morale et anomie (désagrégation des
valeurs et des repères, du tissu social, de solidarité)
@Anomie: (Srole, 1997) (et aliénation):
-Sentiment que les dirigeants sont indifférents aux besoins
des populations.
-Sentiment qu’on ne peut accomplir grand-chose dans la
société , qui manque d’ordre.
-Sentiment que les buts de la vie reculent plutôt que d’être
réalisés.
-Sentiment de futilité
-Conviction que l’on ne peut compter sur ses amis ou un
soutien psychologique ou social.
20 20
21. Anomie et Aliénation
La faiblesse du lien social
Anomie:
– Hétérogénéité: Anomie plus élevée si société hétérogène .
– Diversité des systèmes familiaux (clans, f.nucléaires,
f.monoparentales…): plus à risque.
– Hétérogénéité culturelle
– Diversité des âges.
Mais, mais, …et peut être heureusement ! :
Les études (Rotter, 1983) menées sur la délinquance, reprenant ces
facteurs, n’ont pas montrées de corrélation significative entre le contrôle
externe et le passage à l’acte délinquant.
Distinguer le niveau social et collectif (probablement vrai) et le niveau
individuel
21 21
22. Quelques facteurs de désorganisation
sociale:
• A:La faiblesse du contrôle social (cf anomie):
– L’intégration sociale: niveau et fréquence des
interactions.
– La circulation de l’information.
– Le niveau d’acceptation de l’autorité.
– Le niveau d’élaboration de la réaction sociale:
• La famille;
• L’école;
• La ville.
22 22
23. Adéquation entre la gravité d’un acte
et la réaction sociale
Montesquieu, 1748, « L’esprit des lois »
« Lorsque la peine est sans mesure, on
est souvent obligé de lui préférer
l’impunité. Pour que le châtiment
produise l’effet que l’on doit en
attendre, il suffit que le mal qu’il cause
surpasse le bien que le coupable en a
retiré. »
23 23
24. B: la faiblesse du lien social
• L’Attachement. :Aspect affectif:
– Aux parents (crainte d’une perte d’amour), adultes,…, mais aussi
aux institutions.
– « Nous sommes des êtres moraux dans la mesures ou nous
sommes des êtres sociaux » (Durkheim)
• L’ engagement.
– Aspect rationnel, cognitif du lien et de ce que le passage à l’acte
risque de remettre en question.
• L’investissement.
– Aspect quantitatif de l’engagement.
• Les croyances.
– Crédit accordé aux personnes, aux institutions .
24 24
25. III : La famille
• Là encore , attention aux clichés !
Quelques facteurs cités:
-Les changements de résidence fréquents ( précarité , le plus
souvent)
-Qualité de l’habitat: moins de facilites sanitaires, moins
propres.
-instabilité socioprofessionnelles.
-Absence du père.
-Pathologie grand parentale, délinquance accrue des
collatéraux.
-Absence de régularité au niveau des grandes fonctions.
-Instabilité au niveau de la gestion de l’argent.
-Inscription faible dans le temps.
-Peu de sensibilité à la culture.
25 25
26. Les styles familiaux:
(Baumring 1968; 1991; Steinberg, 1993)
Permissif: +++Individualité de l’E. Autoritaire: Démocratique:
Pas de restrictions ni P, ni C. Restriction P et C Autorité juste; autonomie++;
restrictions C mais pas P
Non punitif, peu exigeant sur la Détermine et contrôle, selon une Dirige l’E, mais avc rationalité
participation. norme absolue.
Opinion de l’enfant sur la F; trop Obéissance= vertu; Punitions pour Encourage la discussion autour de
d’explications. « courber » la politique familiale
Pas d’encouragements à obéir aux Valeurs instrumentales: autorité, Autonomie et conformité
normes. travail, traditions. valorisées.
Que la raison mais aucune forme Pas de discussions. Contrôle ferme au niveau des
de pouvoir. divergences, mais pas de
restrictions.
Aucun contrôle sur l’enfant. Contrôle permanent de l’E; aucune Reconnaît les particularités de l’E,
autonomie mais aussi les normes
Aucune entrave . E responsable de l’ordre ménager. Raison et pouvoir
26 26
29. A/La Biologie & génétique:
• EEG: aucune particularité
• Déséquilibre maturatif (Pontius -2002) entre :
• le système frontal (contrôle des interactions et de la
sociabilisation / impulsivité)
• & le système limbique ( régulation des systèmes
primaires de survie).
– Exemple:« limbic psychotic trigger reaction »: violence
inexplicable, actes graves, le sujet reconnaît sa propre
culpabilité mais est incapable d’expliquer le pourquoi.
29 29
30. • Déficit discret en sérotonine ( Zuckerman, 1999):
inhibition comportementale et délai avant l’action:
discrète baisse rapportée (auto agressivité et hétéro
agressivité)???.
• Déficit discret en épinéphrine ( Moffitt, 1993):
délinquants persistants.???.
• Augmentation de la testostérone + alcoolisme:
détenus violents, dominance , compétitivité.
• Déficit en MOA-A.
Mais méta analyses contradictoires!!!
Autres facteurs associés,
notamment sociologiques,
comme l’INTEGRATION SOCIALE +++
30 30
32. B/ Les facteurs périnataux:
• Peu recherchés en cliniques .
• Pas de valeurs propres significatives.
• N’ont de valeur que si associés à un
parenting défaillant.
• Certains toxiques incriminés:
tabagisme et alcoolisme maternel (qqf
paternel), autres produits…
32 32
33. C/ le concept de TEMPERAMENT
• Définition: ensemble des éléments biologiques
héréditaires et acquis constituants, avec les facteurs
psychologiques, la personnalité.
• « Faiblesse de contrôle » : labilité émotionnelle;
difficulté de se tenir tranquille; faiblesse de
l’attention; négativisme: corrélés à des problèmes
de comportement mais pas de délinquance.
• Déficits exécutifs associés: soutien de l’attention et
de la concentration; raisonnement abstrait;
anticipation; organisation; autocontrôle; flexibilité
mentale; coordination; inhibition de comportements
inappropriés ou impulsifs.
33 33
34. D/Les troubles de l’ATTACHEMENT:
• Travaux de Harlow (59),R. Sptiz (63),J. Bowlby (69)++
+.
• Puis M.Ainsworth (78), puis M.Maine.
• Attachement et fonctionnement psychique:
corrélation avec le modèle de construction de
relation avec les pairs et l adaptation sociale:
– Intériorisation de la présence de l’Autre; souci de l’opinion
de l’Autre; intimité relationnelle à l’Autre ; identification
affective à l’Autre.
– Quel salut possible : Résilience ou Identification?
34 34
35. Chez les carencés de l’attachement:
• L’intolérance à autrui: jugement de l’autre; vision
égocentrique;…
• Perturbation de l’image parentale: problématique
œdipiennes très présentes, Surmoi défaillant, …;
image idéalisée des parents, sans aucune nuance
possible. Images parentales inattaquables.
• Non intériorisation des conflits :l’opposition (N)
n’est pas que extérieure; elle est internalisée de
façon ambivalente souvent; ici, mise à distance,
aucune ambivalence: opposition, défi, méfiance,
mépris, sans hésitation, sans malaise.
35 35
36. Les petits durs (Redl 1964):
• Intolérance à la frustration;
• Élimination de l’anxiété;
• Difficulté de résister à la tentation;
• Excitation collective;
• Impossibilité à sublimer;
• Nouveauté qui fait peur;
• Un passé qui fait peur toujours ramené; idem, recours a d’anciennes images
pour se satisfaire;
• Objets non préservables pour l’avenir;
• Difficile compréhension des règles;
• Peur des échecs et des succès (nouveaux)
• Ne pas tirer de leçons de ce qui arrive aux autres.
• Peu de contrôle interne qui supplée un contrôle externe.
36 36
37. E/ L’ approche psychopathologique:
• Des approches dynamiques, ouvertes
– Philippe Jeamnet:
• ’’Dépendance Affective’’ versus ’’Autonomie’’
• ’’Peurs d’Abondon’’ versus’’ Angoisses
d’Intrusion’’
– Philippe Guitton:
• Concept de « pubertaire »
– René Roussillon:
• Concept de « psyché limite »;
• Concept « d’affect messager, partagé, composé »;
37