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L’´energie, un levier
pour le
d´eveloppement de
l’Afrique?
Sarah Mourtada, Amal Addala, Sophie Roy Master EDDEE
Novembre 2014
L
’Afrique est un continent aux multiples pa-
radoxes, en particulier dans le domaine de
l’´energie. D´etentrice d’abondantes ressources
naturelles (des hydrocarbures comme des renouve-
lables), elle reste n´eanmoins la partie du globe la
moins d´evelopp´ee et la plus pauvre. Il est alors
l´egitime de s’int´eresser `a la relation fort complexe de
l’´energie avec sa capacit´e de d´eveloppement. Quel est
le poids de l’Afrique dans le domaine de l’´energie ?
L’´energie peut-elle constituer un levier pour son
int´egration et son d´eveloppement ? A travers cet
article, nous exposerons dans un premier temps le po-
tentiel ´energ´etique de l’Afrique, avant de d´eterminer
les raisons qui expliqueraient ce qui l’empˆeche de
s’approprier ses ressources de mani`ere `a combler son
retard en mati`ere de d´eveloppement. Enfin, il est
int´eressant d’´etudier les choix qui nous semblent ˆetre
strat´egiques pour l’Afrique, pour utiliser efficacement
et durablement ce vaste potentiel ´energ´etique, et se
faire ainsi une place au sein de l’´economie mondiale.
Potentiel ´energ´etique de l’Afrique
´Economie et niveau de vie 1
Rassemblant 15% de la population mondiale (936
millions d’habitants en 2013 selon les donn´ees de
la Banque Mondiale) sur un territoire qui compte
pour 20% de la surface terrestre habitable (54 pays),
l’Afrique a connu une croissance annuelle de 4% en
2013, soit un point de plus que les pays du reste
du monde. Cependant, l’Afrique est un vaste conti-
nent, `a l’identit´e plurielle et o`u r`egnent de multiples
disparit´es : les pays sont de diff´erentes tailles, ne
poss`edent pas les mˆemes types de ressources, ni la
mˆeme structure ´economique. Dans un premier temps,
on peut distinguer l’Afrique du Nord de l’Afrique
subsaharienne. Les pays d’Afrique du Nord (Magh-
reb et les pays au Nord du Sahara et du Sahel) ont
connu une croissance relativement forte de 1998 `a
2008 (4,2%) mais qui n’est pas assez cr´eatrice d’em-
plois par rapport `a la pression d´emographique et la
participation croissante des femmes dans la vie active.
Ceci se traduit par un fort taux de chˆomage et des
in´egalit´es sociales importantes. La Tunisie pr´esente
par exemple un taux de chˆomage de 15% d´ebut 2014,
en Mauritanie, 66,7% des femmes actives ˆag´ees de 15
1. donn´ees de la Banque Mondiale
Page 1 of 15
`a 24 ans sont au chˆomage contre 44,1% des hommes
du mˆeme ˆage. L’Afrique subsaharienne compte pour
10% de la population mondiale et environ la moiti´e
de sa population en dessous du seuil de pauvret´e
(IDH moyen de 0,465 contre une moyenne mondiale
de 0,729 selon les donn´ees Banque Mondiale). C’est
incontestablement la zone la plus pauvre du globe.
Mais au sein mˆeme de cette r´egion, les pays ´evoluent
`a diff´erentes vitesses.
– L’Afrique de l’Ouest frˆole une croissance de 7%
en 2014, avec une population jeune et urbanis´ee.
Son dynamisme est essentiellement pouss´e par le
Nig´eria et ses ressources en hydrocarbures ainsi
que la Sierra Leone avec ses exportations de fer
et de minerais. Cependant, les pays francophones
(Cˆote d’Ivoire, Mali, Centrafrique) souffrent d’un
point de vue ´economique, en partie `a cause du
maintien du Franc, datant de l’empire colonial,
et non adapt´e aux besoins actuels, et des insta-
bilit´es politiques.
– L’Afrique du Sud est la 2`eme puissance
´economique apr`es le Nig´eria avec d’importantes
ressources en minerais (or, diamants). Son
´economie est paradoxale : elle est comparable
`a celle d’un pays industrialis´e mais a besoin de
forte restructuration et de forts investissements
dans les infrastructures de base. Ce pays est
encore impr´egn´e de l’´epoque de l’apartheid.
– L’Afrique de l’Est (Soudan, ´Ethiopie, Tanzanie,
Kenya) est une r´egion en marge, qui connaˆıt des
crises humanitaires profondes : la plus grande
s´echeresse depuis 60 ans en 2011 qui a d´ebouch´e
sur une crise alimentaire, avec des famines tou-
chant 13 millions de personnes, une flamb´ee
des prix des mati`eres premi`eres et beaucoup de
conflits arm´es (Soudan, Darfour) entraˆınant de
nombreux d´eplacements de populations.
L’Afrique ne peut donc ˆetre consid´er´ee comme
uniforme lorsque l’on souhaite ´etudier et analyser le
potentiel ou l’utilisation des ressources ´energ´etiques.
´Electrification 2
Au lendemain de la colonisation, l’´electrification du
continent a ´et´e une pr´eoccupation majeure. Mais c’est
un processus lent et aujourd’hui, malgr´e une crois-
sance ´economique plus forte que la moyenne mon-
diale, et des potentiels importants de d´eveloppement,
l’Afrique est le continent le moins ´electrifi´e, avec
seulement 35% de la population subsaharienne qui
a un acc`es `a l’´electricit´e contre 78% pour la popu-
2. Donn´ees du journal en ligne ”RFI”, cf bibliographie [18]
lation mondiale. Mˆeme les entreprises ne sont pas
´epargn´ees : environ 10 millions de petites et moyennes
entreprises n’ont pas acc`es `a l’´electricit´e. Cette si-
tuation est disparate au sein de l’Afrique : 90% de
l’Afrique du Nord est ´electrifi´ee alors qu’un pays
comme le Mozambique (sud de l’Afrique) poss`ede
par exemple un r´eseau tr`es limit´e : seulement 2%
des zones rurales sont ´electrifi´ees contre 22% en zone
urbaine. Lorsqu’ils existent, le probl`eme majeur des
r´eseaux africains est la v´etust´e des infrastructures,
d´elabr´ees et non entretenues. Cela occasionne des
congestions et des coupures de courant, pouvant pa-
ralyser le pays entier. Selon Jeune Afrique, ces cou-
pures sont responsables d’une perte ´economique de 1
`a 4% du PIB. C’est le cas de nombreux pays, comme
la Guin´ee, qui en plaisante mˆeme en surnommant
sa soci´et´e d’´electricit´e SNE, la Soci´et´e de la Nuit
´Eternelle, ou l’Afrique du Sud avec Eskom, compa-
gnie de production et distribution d’´electricit´e, qui
n’a pas r´eussi `a r´epondre `a la demande en 2008 et
a plong´e le pays dans le noir. Cela est notamment
dˆu aux manques d’investissements dans les centrales
existantes qui vieillissent : l’´Etat s’est compl`etement
d´esengag´e et a privatis´e ce secteur qui subit aujour-
d’hui une hausse des prix vertigineuse. Ceci sera
d´evelopp´e plus loin.
Figure 1: ´Electrification de l’Afrique - ´Etude de Bearing
Point 2013
Consommation d’´energie 3
Par ailleurs, avec 15% de la population mondiale,
l’Afrique consomme seulement 4% de l’´energie pri-
maire mondiale et 3% de l’´electricit´e mondiale. Par
habitant, sa consommation totale en ´energie est 10
fois plus faible que celle d’un am´ericain.
3. Donn´ees de la Banque Mondiale
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Figure 2: Consommation d’´energie par zone et par ha-
bitant en Tep selon les donn´ees 2012 de la
Banque Mondiale
La structure de sa consommation ´energ´etique re-
pose essentiellement sur la biomasse (chauffage tradi-
tionnel au bois, qui repr´esente 57.6%) et sur les com-
bustibles fossiles. Malgr´e des ressources importantes
en hydrocarbures, la consommation de ressources fos-
siles s’´el`eve seulement `a 40% dans le mix ´energ´etique,
contre une moyenne mondiale de 81,2%. Le renou-
velable ne concerne que 2,7% de la consommation
africaine en ´energie primaire (contre 8,7% dans le
monde).
Figure 3: Consommation d’´energie primaire en Afrique
Figure 4: Consommation d’´energie primaire dans le
monde
Au niveau de la consommation d’´electricit´e, la
situation est ´egalement diversifi´ee. Malgr´e son sta-
tut de premi`ere puissance ´economique africaine et
une forte d´emographie (170 millions d’habitants),
un habitant du Nig´eria consomme en moyenne 149
kwH par an (selon les donn´ees de la Banque Mon-
dial), ce qui est la moiti´e d’un habitant de Guin´ee, et
beaucoup moins que celui de l’Afrique du Sud (1450
kwH) 4 .
Production d’hydrocarbures 5
Les hydrocarbures repr´esentent la premi`ere res-
source ´energ´etique africaine exploit´ee grˆace `a des com-
pagnies internationales. Le continent d´etient donc
une place importante dans la production mondiale.
Pour le p´etrole, en 2013, l’Afrique a assur´e en 2013
10% de la production mondiale ´equivalent `a 419 mil-
lions de tonnes. Les producteurs africains les plus
importants sont le Nig´eria (membre de l’OPEP) avec
111 millions de tonnes, l’Angola avec 87 millions de
tonnes et l’Alg´erie avec 69 millions de tonnes. On
retrouve dans un second temps la Libye et l’Egypte
avec des productions de l’ordre de 40 millions de
tonnes. D’autres pays comme le Congo Brazzaville,
la Guin´ee Equatoriale et le Gabon d´etiennent une
part de production d’environ 10 millions de tonnes.
Concernant le gaz naturel, en 2013, la production
africaine a repr´esent´e 6% de la production mondiale
avec 419 millions de tep. L’Alg´erie est en premi`ere
place, avec 71 millions de tep, suivie de l’Egypte et du
Nig´eria. Contrairement au p´etrole, la production de
gaz naturel en Afrique est limit´ee `a quelques pays. La
production africaine de charbon est quant `a elle faible
relativement `a la production mondiale. En 2013, on
compte 147 millions de tep (3,8% de la production
mondiale). En d´epit des r´eserves consid´erables, seule
l’Afrique du Sud est positionn´ee sur le march´e du
charbon et repr´esente la quasi-totalit´e de la produc-
tion.
R´eserves en hydrocarbures 6
P´etrole
Les r´eserves africaines sont estim´ees `a environ
8% des r´eserves mondiales de p´etrole. Les pays
avec le plus grand potentiel p´etrolier sont, dans
l’ordre d´ecroissant : la Libye, le Nig´eria, L’An-
gola et L’Alg´erie. Dans un second temps, on re-
trouve l’Egypte, la Guin´ee, le Congo, le Gabon et
4. Donn´ees Banque Mondiale
5. voir annexe - Source : BP Statistical Review 2013
6. voir annexe - Source : BP Statistical Review 2013
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le Sud Soudan. Ces pays ont des r´eserves globale-
ment ´equivalentes mais n’ont pas le mˆeme rythme de
production. Globalement, le ratio r´eserves sur pro-
duction africain est de 40 ans, ce chiffre est moins
important que le ratio mondial qui lui est de 53
ans. On estime qu’apr`es 20 ans, la plupart des pays
producteurs (Alg´erie, Gabon, Congo, Angola) au-
ront exploit´e enti`erement leurs ressources. Le Nig´eria,
quant `a lui, compte un ratio de 44 ans. Cependant,
ce sch´ema n’est pas fig´e. D’importantes r´eserves ont
´et´e d´ecouvertes r´ecemment en Afrique de l’Est.
Si on regarde de pr`es les ratios r´eserves sur produc-
tion en Afrique, on constate en effet des dynamiques
de production tr`es diff´erentes. Certains pays comme
le Sud Soudan (ratio de 97 ans), n’exploitent prati-
quement pas leurs r´eserves. Pourtant, ces derni`eres
sont aussi importantes que les r´eserves de l’Egypte
qui est 5`eme producteur africain. Le Tchad, ´egalement,
avec des r´eserves ´equivalentes au Congo (Brazzaville),
s’oppose `a celui-ci avec un ratio de 44 ans contre 16
ans pour le Congo.
Quoi qu’il en soit, de faible teneur en soufre, le
p´etrole africain est de bonne qualit´e et adapt´e aux
besoins des raffineries des pays de l’OCDE (eu-
rop´eennes notamment). De plus, grˆace `a sa situation
g´eographique, il repr´esente un march´e facile d’acc`es
pour les ´Etats occidentaux, en comparaison avec le
p´etrole du Moyen-Orient ou d’Europe de l’Est. Autre
particularit´e, `a l’exception notable du Tchad, pays
enclav´e, ce p´etrole est principalement off-shore, rela-
tivement facile `a produire et `a l’abri des probl`emes
de s´ecurit´e que peut rencontrer le p´etrole produit
on-shore.
Gaz naturel
Les r´eserves Africaines en gaz naturel repr´esentent
7,6% des r´eserves mondiales. Elles sont principale-
ment en Alg´erie et au Nig´eria (qui d´etiennent chacun
environ 30% des r´eserves africaines) mais aussi en
´Egypte et en Libye. Globalement, l’Afrique pr´esente
un ratio R´eserves sur Production de 70 ans, et donc
plus important que le ratio mondial (55 ans). Les
dynamiques de production sont ´evidemment impor-
tantes pour les pays cit´es.
D’importantes d´ecouvertes en Afrique
L’Afrique est peut ˆetre le continent le plus dyna-
mique du point de vue des d´ecouvertes des hydro-
carbures. Dans un rapport r´edig´e par l’IFP ´Energies
Nouvelles sur les d´ecouvertes d’hydrocarbures en
2012, l’Afrique est au cœur du sujet. Cette figure
extraite du rapport montre le volume des d´ecouvertes
mondiales. Sur la derni`ere d´ecennie, c’est l’Afrique
subsaharienne qui repr´esente ces d´ecouvertes. : on
compte le Ghana, l’Angola et surtout le Mozambique
et la Tanzanie (d´ecouvertes de gaz naturel).
Figure 5: D´ecouvertes mondiales d’hydrocarbures en
2012
Charbon
En mati`ere de charbon, l’Afrique d´etient 3,6% des
r´eserves mondiales. Cette part n’est pas sp´ecialement
importante mais le continent africain n’exploite pas
ses r´eserves. L’Afrique du Sud est le seul producteur
important et poss`ede des r´eserves consid´erables (ratio
R/P de 117 ans).
Potentiel renouvelable 7
Le potentiel en ´energies renouvelables de l’Afrique
est cons´equent, notamment en ressources hydrau-
liques, et pourrait constituer une voie privil´egi´ee
vers une croissance durable. Dans une moindre me-
sure, l’Afrique dispose ´egalement d’un potentiel en
g´eothermie, en ´energie solaire, en ´eolien, et en utilisa-
tion maˆıtris´ee de la biomasse. Ce potentiel est large-
ment sup´erieur `a ce que l’Afrique exploite r´eellement
aujourd’hui.
L’utilisation du potentiel hydraulique, `a lui seul, per-
mettrait de fournir toute l’´electricit´e n´ecessaire `a
l’Afrique. On peut diff´erencier petite hydraulique
(rivi`eres et cours d’eau, production d’´electricit´e lo-
cale et approvisionnement en eau) de grande hydrau-
lique (barrages). Actuellement, seulement 2 `at 7%
(selon les sources) du potentiel de grande hydrau-
lique est exploit´e, et la part de l’hydraulique dans la
production d’´electricit´e est encore assez faible (en-
viron 19% au global de l’Afrique, plus importante
7. L’Energie en Afrique `a l’horizon 2050 - Jean-Pierre Fa-
vennec ou rapport de l’IRENA 2012
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en Afrique subsaharienne, mais `a nuancer car la
production d’´electricit´e est de toutes fa¸cons assez
faible). En R´epublique D´emocratique du Congo, le
d´eveloppement du barrage Inga doit, `a terme, propo-
ser une capacit´e hydraulique de 40 GW. On estime
le potentiel de grande hydraulique total du pays `a
110 GW, ce qui en fait le troisi`eme potentiel mon-
dial, derri`ere la Chine et la Russie. Le recours `a la
petite hydraulique est encore tr`es faible. Pourtant,
les r´egions isol´ees d’Afrique centrales et m´eridoniales
poss`edent des cours d’eau permanents qui offriraient
un excellent apport en ´energie.
Le potentiel h´eliotermique est ´egalement important
et sous-exploit´e. A plusieurs endroits, notamment
dans le d´esert saharien, l’´energie r´ecup´erable est de
l’ordre de 2500 kWh par m2 et par, ce qui correspond
`a trois fois plus que l’´energie r´ecup´erable moyenne en
Europe. Mais actuellement, les initiatives l’utilisation
de l’´energie solaire sont encore tr`es faibles.
La g´eothermie exploitable en Afrique est ´egalement
cons´equente. On estime qu’avec les technologies ac-
tuelles, on pourrait produire une capacit´e de 9 000
MW issus de la g´eothermie. Actuellement, 115 MW
sont install´es, soit 13% du potentiel total. La vall´ee
du Rift, en Afrique de l’Est, poss`ede notamment un
fort potentiel g´eothermique.
En ce qui concerne l’´eolien, seules l’Afrique du Nord
et l’Afrique du Sud poss`edent un potentiel signi-
ficatif. L’Afrique subsaharienne, `a cheval sur des
zones ´equatoriales et tropicales, ne b´en´eficie pas
d’un r´egime venteux suffisant pour pouvoir l’ex-
ploiter. 29% des des ressources mondiales en ´eolien
se trouvent en Afrique, et ne sont, pour l’instant,
pas encore exploit´ees. Des projets sont en cours de
d´eveloppement en Egypte, au Maroc, et en Afrique
du Sud.
Figure 6: Localisation des principales sources de poten-
tiel renouvelable
Les obstacles `a l’utilisation du
levier ´energ´etique pour le
d´eveloppement de l’Afrique
Mal´ediction du secteur primaire et
mauvaise gestion des rentes
L’Afrique est largement tributaire des secteurs
primaires, qui repr´esentent 80% 8de ses exportations.
Les pays Africains riches en p´etrole ne sont donc pas
comp´etitifs dans les autres secteurs que le secteur
primaire. A titre d’exemple, le Nig´eria, premier
exportateur p´etrolier en Afrique, importe des
produits p´etroliers bruts, extraits de son sol. Cela
est dˆu `a un manque d’infrastructures de raffinage.
Il existe plusieurs mod`eles de pays exportateurs :
certains sont arriv´es historiquement `a s’affranchir de
leurs ressources dominantes (Canada, ´Etats-Unis,
Australie, Br´esil) et de diversifier leur ´economie pour
une croissance solide et ind´ependante des mati`eres
premi`eres (et donc ind´ependante de la volatilit´e des
prix des mati`eres premi`eres). D’autres, comme les
pays africains, vivent le paradoxe de l’abondance
des ressources et de la vuln´erabilit´e ´economique.
L’Afrique est dans un cercle vicieux : `a cause
de son d´eficit en infrastructures, ses perspectives
de croissance d´ependent des projections des prix
p´etroliers, faisant apparaˆıtre un risque ´economique
structurel permanent. Cette figure publi´ee par le
FMI dans un rapport sur l’Afrique illustre ces
propos dans le cas de l’Angola.
Figure 7
8. Selon une contribution pr´epar´ee pour le s´eminaire
de haut niveau du FMI Ressources naturelles, finance et
d´eveloppement, Alger, 4-5 novembre 2010
Page 5 of 15
L’Afrique vit ce qu’on a longtemps appel´e le
Syndrome Hollandais (vocable utilis´e en r´ef´erence
aux difficult´es ´economiques rencontr´ees par les
Pays-Bas avec l’exploitation de gisements gaziers
dans les ann´ees 1960), qui affirme que l’abondance
des ressources est une mal´ediction et qu’elle a
un effet n´egatif sur la croissance. En d´epit de ses
ressources abondantes ´energ´etiques ou mini`eres
(p´etrole, gaz, diamants, cuivre), l’Afrique peine `a
remonter la pente et `a d´epasser cette d´ependance
pour une ´economie secondaire. Il existe un mou-
vement de concentration ´economique autour du
secteur extractif, qui est intensif en capital, mais tr`es
peu en main-d’oeuvre : une fois les infrastructures
en place, le fonctionnement des tours de forage et
des plates-formes ne requiert que peu de personnel.
C’est pourquoi un boom p´etrolier ne permet pas
forc´ement de faire croˆıtre l’´economie d’un pays.
De plus, la demande accrue de p´etrole et de gaz
g´en`ere des flux financiers consid´erables. En effet,
l’exploitation p´etroli`ere fournit une grande partie des
recettes des pays africains comme l’Angola, la Guin´ee
´equatoriale ou le Nigeria. Th´eoriquement, cet apport
en capital devrait financer leurs efforts et leurs
strat´egies en mati`ere de d´eveloppement. Mais pour
le moment, la rente g´en´er´ee par la vente des mati`eres
premi`eres, pour la plupart ´energ´etiques, d´estabilise
l’activit´e ´economique des pays riches en ressources
naturelles. Selon de nombreux ´economistes, comme
Sala-i-Martin ou Subramanian, cette rente cr´ee des
conditions propices `a la corruption et aux gaspillages.
Des pays comme le Nig´eria, l’Angola et le Soudan
ont sombr´e dans la guerre civile. Comment est donc
n´ee cette mal´ediction ? Quels en sont les facteurs ?
Il existe encore en Afrique d’importants probl`emes
de gouvernance concernant la rente p´etroli`ere.
La majorit´e des contrats d’exploitation sont des
contrats de concession, sign´es `a l’´epoque de la
colonisation. Aujourd’hui, l’Afrique s’ouvre aux
contrats de type partage de la production. La
rente p´etroli`ere, qu’elle soit issue des royalties
vers´ees par les compagnies, ou de la vente des
barils r´ecup´er´es d’apr`es le partage de production,
n’est pas g´er´ee de fa¸con optimale et pourrait ˆetre
mise `a contribution d’une bien meilleure mani`ere
pour participer au d´eveloppement local. En effet,
longtemps, les gouvernements africains ont utilis´e
cette rente p´etroli`ere comme deuxi`eme caisse de
l’´Etat, pour des utilisations hors-budget officiel. La
rente p´etroli`ere a ´egalement servi `a financer l’achat
d’armes et donc entretenu les conflits et les guerres
civiles, notamment en Angola, au Nigeria ou au
Congo. Le cas du Tchad fournit des enseignements
int´eressants sur le probl`eme de la gouvernance en
Afrique. Le pays s’est en effet engag´e aupr`es de
la Banque Mondiale `a allouer d’une fa¸con plus
efficace la manne p´etroli`ere, en ´echange d’un soutien
financier de la part de l’institution. En 2003, le
Parlement tchadien adopte la Loi 001 qui pr´evoit
alors que 72 % des revenus soient allou´es `a des
secteurs prioritaires pour le d´eveloppement (sant´e,
´education, infrastructure), 10% soient bloqu´es sur
un compte pour les g´en´erations futures et 4,5%
aillent aux r´egions productrices. D`es les premi`eres
transactions, des incoh´erences apparaissent. Comme
la plupart des pays africains, le gouvernement
tchadien utilise une partie des revenus pour l’achat
d’armes. La situation se d´egrade en 2005, la loi 001
est modifi´ee par le pr´esident Idriss D´eby Itno qui
ajoute les d´epenses de s´ecurit´e et l’administration
aux domaines prioritaires au financement. Le Fonds
pour les G´en´erations Futures est dissous.
Un autre probl`eme de gouvernance sp´ecifique aux
pays Africains riches en ressources p´etroli`eres est la
subvention des hydrocarbures. En effet, une fa¸con
passive de placer les recettes de la rente p´etroli`ere
au profit de la population est de subventionner les
hydrocarbures consomm´es. Au Nig´eria comme en
Egypte, les prix du carburant `a la pompe n’ont pas
chang´e depuis des d´ecennies. Au Nig´eria, `a titre
d’exemple, les subventions repr´esentent environ 6%
du PIB. Cette politique vertueuse en apparence pose
plusieurs probl`emes. En premier lieu, les subventions
ne profitent qu’`a des cat´egories ais´ees de la popula-
tion africaine et r´epartit ainsi la richesse p´etroli`ere
d’une fa¸con in´egale. Dans un second temps, elle a
engendr´e des ph´enom`enes comme le gaspillage et
l’absence d’une culture d’´economie d’´energie. Au-
jourd’hui, le trafic routier au Caire est ing´erable en
termes de pollution et de nombre de voitures. Si la
subvention des hydrocarbures pour les entreprises
peut ˆetre un levier pour dynamiser la croissance `a
long terme, une subvention sauvage sous cette forme
ne r´epond pas au besoin de d´eveloppement africain.
Un manque d’investissements qui paralyse
le d´eveloppement ´energ´etique
Terre de tous les paradoxes, l’Afrique illustre le pa-
radoxe de l’´economiste Rober Lucas : contrairement
aux pr´evisions de la th´eorie ´economique n´eoclassique,
les flux internationaux de capitaux ne p´en`etrent pas
l’Afrique en d´epit de son potentiel. Les projets de
d´eveloppement ´energ´etique en Afrique ne manquent
pas mais les capitaux, eux, font souvent d´efauts. Le
Page 6 of 15
seul secteur de l’´energie en Afrique n´ecessiterait, selon
les estimations de la conf´erence des Nations Unies sur
le commerce et le d´eveloppement, 29 milliards de dol-
lars par an, en d´epenses de capital, au cours des dix
prochaines ann´ees. Si on fait un zoom sur l’Afrique
subsaharienne, d’un point de vue g´en´eral, les pays
n’investissent aujourd’hui que 45 milliards de dol-
lars au lieu des 93 milliards qui seraient n´ecessaires.
Pourquoi le potentiel ´energ´etique ne suffit pas au
d´eveloppement Africain ? Pourquoi n’y a-t-il pas en-
core eu de d´eveloppement ´energ´etique effectif en
Afrique ?
Du point de vue des entreprises et des bailleurs
de fonds, l’investissement est une op´eration risqu´ee.
Plusieurs facteurs sont pris en compte et font que
l’Afrique ne b´en´eficie pas d’une attractivit´e suffi-
sante. Dans le rapport de la conf´erence des Nations
Unies sur le commerce et le d´eveloppement CNU-
CED, malgr´e une tendance `a la hausse, dans 22
pays du continent, la productivit´e de l’investisse-
ment n’a pas chang´e ou a diminu´e entre 1990-1999
et 2000-2011. En outre, l’augmentation globale de la
productivit´e des investissements occulte le fait que
l’investissement public est peu productif en Afrique
subsaharienne.
Un secteur et un march´e incertains
La strat´egie d’investissement est conditionn´ee
avant tout par l’existence d’un march´e poten-
tiel. Ce march´e se mat´erialise par une perspective
cons´equente de la demande qui donne une id´ee du pro-
fit r´ealisable. En Afrique, mˆeme si les pays du Magh-
reb ou l’Afrique du Sud r´epondent `a cette exigence, le
reste des ´etats fait face `a une croissance d´es´equilibr´ee.
Il subsiste de vastes franges de populations qui
sont dans l’incapacit´e de r´epondre `a leurs besoins
´el´ementaires et ne d´etiennent pas un pouvoir d’achat
attractif aux yeux des investisseurs (petit nombre
de consommateurs, faible consommation, non sol-
vables). Le secteur ´energ´etique est particuli`erement
complexe car il offre une rentabilit´e limit´ee. A titre
d’exemple, les investissements dans l’´electrification
rurale s’adressant `a des populations pauvres (ma-
joritaires en Afrique sub-saharienne) n’offrent au-
cune perspective ´economique et ne peuvent ˆetre en-
visag´es que par les ONG ou les institutions de fi-
nancement comme la Banque Mondiale, La Banque
Africaine de D´eveloppement ou l’Agence Fran¸caise
de d´eveloppement. Dans ce cas, on pourrait s’at-
tendre `a ce que les ´etats africains proposent des
formules d’obligations d’achats ou des subventions
pour pallier `a ce probl`eme et permettre `a des projets
d’infrastructures ´energ´etiques d’ˆetre rentables. Outre
le march´e existant, il est clair que la fonction de
coˆut dans le secteur ´energ´etique est importante. En
effet, il requiert la mise en place d’infrastructures
importantes qui sont inexistantes et qui demandent
des investissements tr`es lourds. De plus, le retour
sur investissement dans le secteur de l’´energie est `a
envisager sur le long terme.
Un climat handicapant
Le climat qui r`egne en Afrique et qui a ´et´e ´evoqu´e
pr´ec´edemment n’encourage pas les investissements en
d´epit des ressources ´energ´etiques. L’indice de s´ecurit´e
pour les investissements est tr`es m´ediocre en Afrique :
instabilit´e politique, climat de corruption, lourdeur
de l’appareil bureaucratique (inefficacit´e de l’adminis-
tration) remettent en cause les notions de primaut´e
du droit, de droits de propri´et´e, l’ex´ecution des ac-
cords d’achats d’´electricit´e et le remboursement des
dettes publiques. Ceci fait planer une incertitude et
un risque important sur les investissements. Aujour-
d’hui, sans les garanties de la Banque Mondiale, la
plupart des projets de d´eveloppement en Afrique
ne verraient pas le jour. Un obstacle plus pesant,
et qui est sans doute le fruit des facteurs ´evoqu´es,
est l’absence ou la d´eficience du cadre institution-
nel et juridique. Si on demande `a un investisseur 9
quel ´el´ement d´etermine ses choix, la r´eponse est
in´evitable : un cadre juridique et institutionnel qui
lui garantit son retour sur investissement et ses droits.
Cet ´el´ement existe pour le moment en Afrique du
Sud, en Afrique du Nord et commence `a ˆetre mis
en place dans des pays comme le Nig´eria ou l’An-
gola. N´eanmoins, l’Afrique est un continent incertain
par rapport `a ce que peuvent offrir d’autres pays
´emergents plus stables et dot´es d’un cadre institu-
tionnel plus fiable et mieux ancr´e.
Une d´eficience dans le syst`eme financier
Il existe en Afrique une absence remarquable de
visibilit´e de l’information financi`ere due `a l’opacit´e
adopt´ee par les pays africains. Le coˆut de l’informa-
tion est d`es lors non n´egligeable pour les investis-
seurs. Les pays africains doivent en urgence se doter
de bases fiscales solides. Pour le moment, hormis
pour le secteur p´etrolier tir´e par la pression de la
demande, de nombreux pays africains ont du mal
`a s’armer d’une politique fiscale efficace et d´efinie
(l’impˆot sur les soci´et´es, sur les gains en capital. . .).
On parle souvent de fuites de capitaux et de syst`eme
9. T´emoignage du responsable zone Afrique et Moyen-
Orient de la Banque de Lazard `a une Conf´erence `a l’Institut des
Etudes Politiques de Paris sur le d´eveloppement ´energ´etique
en Afrique (25 D´ecembre 2014)
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financier opaque. La fuite des ressources hors de
l’Afrique au cours des trente derni`eres ann´ees – quasi
l’´equivalent du PIB actuel de l’Afrique – freine le
d´ecollage du continent , a d´eclar´e Mthuli Ncube,
´economiste en chef et vice-pr´esident de la Banque
Africaine de D´eveloppement.
De l’autre cˆot´e, ce sont les investissements locaux
qui r´ecoltent les m´efaits de ce manque de liquidit´e
et d’absence de lignes de cr´edit (par cons´equent). La
plupart des pays africains choisissent de pratiquer des
restrictions sur la libre circulation des capitaux et de
mettre en place des taux d’int´erˆet exorbitants. Des
donn´ees extraites du bulletin mensuel de Septembre
2014 de la Banque centrale des ´etats de l’Afrique
de l’Ouest montrent des taux d’int´erˆet au niveau de
l’UEMOA (Union ´economique et mon´etaire ouest-
Africaine) de l’ordre de 7%. Plus parlant, le site de la
Banque mondiale affiche en 2013 des taux d’int´erˆet
r´eels tr`es importants : 13% pour l’Angola, 16% pour
la RDC et 10% pour le Nig´eria.
Un d´eficit d´emocratique
D’autre part, l’Afrique accuse, dans certains pays,
d’un v´eritable d´eficicit d´emocratique : r´egimes autori-
taires en Angola, au Tchad, en ´Ethiopie, coups d’´etat
r´ecents au Niger, en Mauritanie ou en Cˆote d’Ivoire.
Or la pr´esence effective d’un r´egime d´emocratique
est un ´el´ement indispensable `a la reconnaissance
et `a la l´egitimit´e d’un Etat sur la sc`ene interna-
tionale. Dans le domaine du d´eveloppement via le
levier ´energ´etique, qui n´ecessite des investissements
´etrangers, cela peut constituer un frein majeur.
Attractivit´e sur fond de n´eocolonialisme
Avec ses ressources non exploit´ees, et la promesse
de ce qu’elles peuvent apporter, l’Afrique, malgr´e
la frilosit´e des investissements, reste au coeur de
toutes les pens´ees et toutes les envies. Beaucoup
de sommets, France-Afrique, Chine-Afrique, ´Etats-
Unis-Afrique, se succ`edent et nous am`enent `a
nous interroger sur la teneur des relations qu’elle
entretient avec le reste du monde.
Europe
Lors de la cr´eation de l’Union Europ´eenne, Robert
Schuman d´eclarait : “L’Europe pourra, avec des
moyens accrus, poursuivre la r´ealisation de l’une
de ses tˆaches essentielles : le d´eveloppement du
continent africain”. Par leurs histoires imbriqu´ees, il
parait coh´erent que l’Europe s’int´eresse de pr`es au
sort africain. Malgr´e une apparente bonne volont´e,
elle n’est pas totalement d´esint´eress´ee et ses actions
sont parfois teint´ees d’une saveur colonialiste. En
effet, l’Afrique repr´esente un march´e int´eressant
pour des entreprises en quˆete de d´eveloppement et
les interventions europ´eennes peuvent favoriser leurs
implantations. On peut citer le cas de l’entreprise
de BTP fran¸caise Eiffage, pouss´ee par l’Agence
Fran¸caise de D´eveloppement, qui mise une grande
partie de sa strat´egie de d´eveloppement sur les
projets africains comme la construction de grosses
infrastructures, de centrales ´electriques au Gabon
ou au S´en´egal. Par ailleurs, via les compagnies
p´etroli`eres (ENI, TOTAL, Shell) qu’elle encourage
et supporte, l’Union Europ´eenne cherche surtout
`a couvrir ses besoins en ´energie, au d´etriment des
populations locales, de leur environnement et de
leurs conditions de vie. Tout est alors permis pour
s´ecuriser ses apports, et de nombreux scandales ont
´eclat´e ces derni`eres ann´ees, comme la d´ecouverte du
vaste syst`eme de corruption au Nig´eria, ou les d´egˆats
environnementaux ou sanitaires mis en ´evidence
(fuite des ol´eoducs, torchages du gaz).
Chine
Depuis les ann´ees 80, la Chine s’int´eresse de pr`es
`a l’Afrique. Ce continent se r´ev`ele strat´egique, d’une
part pour trouver des d´ebouch´es aux produits et
services chinois, et d’autre part pour s´ecuriser les ap-
provisionnements ´energ´etiques de la Chine (p´etrole,
charbon, uranium) n´ecessaires `a la forte croissance
de son ´economie. La Chine se rapproche donc des
pays africains, par d’importants investissements de
milliards de dollars dans le secteur de l’´energie et
des infrastructures, sans jamais se pr´eoccuper de la
nature du r´egime qu’elle peut encourager de la mˆeme
fa¸con. En 2009, elle signe par exemple un accord de 7
milliards de dollars pour un projet minier en Guin´ee,
moins de deux semaines apr`es une r´epression brutale
(assassinat de 150 sympathisants de l’opposition au
pouvoir en place en Guin´ee). Peu apr`es, `a l’issue du
forum de coop´eration de l’Afrique `a Sharm-el-Sheikh,
la Chine accorde un prˆet global de 10 milliards de
dollars, et devient ainsi le premier bailleur de fond de
l’Afrique. Ce rapprochement a commenc´e d`es 1983,
avec l’Angola, richement pourvu en hydrocarbures,
mais tr`es instable politiquement. Personne ne voulait
se risquer `a investir. La Chine s’est donc durable-
ment implant´e en contrˆolant une grande partie des
ressources, et aujourd’hui l’Angola est le deuxi`eme
producteur de p´etrole d’Afrique (2,3% de la pro-
duction mondiale, juste apr`es le Nig´eria). La Chine
essaie de se d´emarquer d’autres ´etats aux allures de
“n´eo-colonialistes” en se proclamant porte-parole des
pays ´emergents, et jouant de son soft-power : prˆets
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aux ´etats, fondations d’´ecoles, forums de coop´eration.
Cependant, sa participation `a la g´eopolitique afri-
caine de plus en plus active devient visible et n’est
pas toujours bien accueillie, car l’arriv´ee massive de
la Chine en Afrique inqui`ete certains sp´ecialistes, qui
craignent une d´ependance accrue du continent vis `a
vis de la Chine, via un endettement massif. Il ne faut
pas que l’Afrique sorte d’un n´eocolonialisme pour al-
ler tomber pieds et poings li´es dans le n´eocolonialisme
chinois conclut sur ce sujet Ren´e N’Guettia Kouassi,
directeur du d´epartement des affaires ´economiques
de l’Union africaine.
Les d´efis africains `a relever :
mesures et recommandations
D´evelopper l’´energie c’est aussi
d´evelopper l’Afrique
L’´energie est une source et une cons´equence
du d´eveloppement. Il est clair que la croissance
´economique et la consommation d’´energie sont li´ees :
le progr`es d’un pays est directement corr´el´e au degr´e
d’acc`es `a l’´energie. L’Histoire confirme une ´elasticit´e
unitaire entre l’accroissement de la demande de
l’´energie et l’accroissement du PNB. Cet acc`es est
gage d’un niveau de vie d´ecent pour la population
en termes de sant´e et d’´education mais aussi un
puissant levier de d´eveloppement pour les industries
locales. Le niveau de d´eveloppement refl`ete donc
incontestablement le niveau ´energ´etique. Quels fac-
teurs permettront `a l’Afrique de d´evelopper le secteur
´energ´etique ?
Un nouveau mod`ele de gestion de la rente
bas´e sur la transparence
Avant tout, il faudra mettre en place un nouveau
mod`ele de la gestion de la rente, qui soit efficace et
transparent. De nombreux pays africains riches en
ressources oeuvrent dans ce sens et ont introduit des
r`egles sp´ecifiques d’allocation de la manne p´etroli`ere.
Au Congo et au Nigeria, tout surplus est d´epos´e
dans un compte sp´ecial aupr`es de la Banque cen-
trale. Une partie importante des recettes p´etroli`eres
a ainsi ´et´e ´epargn´ee au Nigeria en 2004 `a la faveur
de l’envol´ee des cours. Le gouvernement du Congo a
quant `a lui utilis´e l’essentiel de l’exc´edent d´egag´e en
2004 pour r´egler les arri´er´es de sa dette ext´erieure,
afin d’am´eliorer ses relations avec la communaut´e
internationale 10. Ces exemples montrent que les gou-
10. Source : Perspectives ´economiques en Afrique 2005 par
l’OCDE et la BAD
vernements africains ont pris conscience du probl`eme
mais que les initiatives manquent encore de fermet´e.
L’objectif principal est de mettre en place des lois qui
tracent les recettes d’exportation et qui les engagent
dans des usages prioritaires (´education, ´energie, trans-
ports, sant´e..). Par exemple, apr`es les crises ´evoqu´ees
pr´ec´edemment, le Tchad s’est engag´e en 2006 aupr`es
de la Banque Mondiale. Il a pr´evu que 70% des reve-
nus p´etroliers seront affect´es `a la lutte contre la pau-
vret´e. Toutefois, avant l’allocation, il est n´ecessaire
d’avoir une vision claire des recettes p´etroli`eres. La
transparence permettra la fin de la captation de la
rente. On limitera de ce fait la fuite des capitaux et
l’´evasion fiscale en maximisant le capital en faveur
du d´eveloppement. Global Witness a plaid´e 11pour
plus de transparence dans les transactions financi`eres
entre les multinationales et les ´Etats d’une part et
dans les investissements publics et priv´es d’autre part.
L’ONG a lanc´e un appel en direction des institutions
internationales et des agences de cr´edit pour qu’elles
observent cette n´ecessaire clart´e dans leurs rapports
avec les pays africains producteurs de p´etrole. Seuls
cinq ´etats africains (Afrique du Sud, Ghana, Ile Mau-
rice, Seychelles, Botswana) sont aujourd’hui membres
du forum mondial sur la transparence et l’´echange
d’informations `a des fins fiscales.
D´evelopper un capital humain
Une des recommandations les plus cruciales est
que l’Afrique devra se forger un capital humain dot´e
d’une expertise dans les domaines de politique pu-
blique, d’´economie, de gestion des investissements
et d’ing´enierie. Ce dernier sera n´ecessaire pour bˆatir
une ´economie solide, des infrastructures ´energ´etiques,
des ´ecoles, des universit´es et des hˆopitaux qui
augmenteront le niveau de vie et permettront un
d´eveloppement g´en´eral. Il permettra aussi, dans un
premier temps, de bien g´erer le capital ´energ´etique en
termes de contrat avec les compagnies internationales.
Les pays africains doivent ˆetre capables de d´eterminer
la meilleure strat´egie pour optimiser l’exploitation
de leurs ressources ´energ´etiques au regard des impˆots
sur les soci´et´es p´etroli`eres et les taxes sur le gain
en capital. Pour cela, les pays doivent investir dans
l’´education, les ´echanges avec l’international pour le
transfert de savoir mais surtout dans une politique
d’attraction des cerveaux de la diaspora africaine.
Actuellement, la plupart des pays p´etroliers exigent
que les compagnies internationales forment le person-
nel local pour assurer le transfert d’exp´erience et de
connaissances. Francis Ackah, directeur technique de
11. Rapport publi´e par l’ONG Global Witness sur l’opacit´e
financi`ere en Afrique
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la compagnie nationale p´etroli`ere du Ghana, a d´eclar´e
en 2009, `a l’´epoque de la d´ecouverte de gisements au
Ghana, `A l’heure actuelle, il faut reconnaˆıtre que
nous n’avons pas le savoir-faire n´ecessaire pour g´erer
cette ´enorme ressource, mais nous pouvons nous es-
timer heureux car nous b´en´eficions de l’exp´erience
d’autres pays . 12
Dynamiser les investissements
Les ´etats africains ont un rˆole cl´e `a jouer pour
promouvoir l’investissement comme source de crois-
sance. Les d´ecideurs politiques ont `a leur disposi-
tion une multitude de leviers et doivent construire
une politique publique stable. On retrouve trois
possibilit´es d’investissements qu’il faudra dynami-
ser diff´eremment :
– l’investissement direct ´etranger IDE : Les inves-
tissements directs ´etrangers (IDE) en Afrique
ont atteint 43 milliards de dollars en 2013, soit
une hausse de 16,2% par rapport `a 2012 13. Le
rapport intitul´e Perspectives ´economiques
mondiales publi´e en Avril 2014 par le FMI
pr´ecise que la majeure partie de ces inves-
tissements est rest´ee orient´ee vers le secteur
des industries extractives. Dans le domaine de
l’´energie, ils se heurtent aux obstacles ´evoqu´es
auparavant. Pour les d´evelopper, il faudra
imp´erativement mettre en place un cadre insti-
tutionnel et juridique solide et fiable.
– l’investissement via le secteur public : C’est
sans doute la forme la plus adapt´ee `a un
d´eveloppement profond et solide. L’´Etat grˆace
`a ses recettes fiscales et ses recettes d’exporta-
tions pratique l’emprunt public et investit via
des politiques adapt´ees. Pour le moment, mˆeme
si l’investissement public joue un rˆole essentiel de
catalyseur dans le processus de d´eveloppement,
son taux a diminu´e dans au moins 23 pays au
cours des deux derni`eres d´ecennies, les baisses
les plus marqu´ees ayant ´et´e observ´ees dans les
pays suivants : Cabo Verde (baisse de 18,1% `a
13%) ; ´Egypte (de 14,5% `a 8,2%) ; ´Erythr´ee (de
17,6% `a 13,4%) et Lesotho (18,2% `a 9,1%) 14.
Il reste n´eanmoins cons´equent dans les pays
riches en ressources. Dans le rapport de la
conf´erence des Nations Unies sur le commerce et
le d´eveloppement de 2014, les recommandations
sur l’investissement public en Afrique insistent
12. D’apr`es le site www.lesAfriques.com
13. Selon l’Agence Africaine Ecofin d’informations
´economiques sectorielles
14. Source : rapport de la conf´erence des Nations Unies sur
le commerce et le d´eveloppement de 2014
sur l’am´elioration de la s´election et l’ex´ecution
des projets, la meilleure utilisation des infra-
structures existantes par des mesures de main-
tenance et la focalisation des investissements
publics futurs sur des secteurs tels que l’´energie
et les transports.
– l’investissement via le secteur priv´e : Hormis
l’Afrique du Sud et les pays de l’Afrique du Nord,
le secteur priv´e local peine `a se d´evelopper en
Afrique. Pourtant, ce secteur est essentiel pour
dynamiser l’´economie et cr´eer un tissu d’´echange
plus dense avec les entreprises ´etrang`eres. Dans
un second temps, ce secteur permettra d’ac-
croˆıtre le niveau de la qualification de la main
d’oeuvre locale et acc´el´erer les transferts de tech-
nologies. Le d´eveloppement du secteur priv´e
n´ecessite un perfectionnement des comp´etences
de la main-d’oeuvre, l’´elargissement de l’acc`es
`a un cr´edit abordable, l’acc`es `a des infrastruc-
tures publics et la diminution du coˆut ´elev´e des
facteurs de production.
Le secteur ´energ´etique de demain
Un zoom sur le d´eveloppement ´energ´etique est
primordial d’une part en raison de l’importance
du potentiel africain et d’une autre, en raison de
l’importance du secteur pour le d´eveloppement
g´en´eral.
Mod`ele ´economique pour le d´eveloppement
´energ´etique en Afrique
Hormis les recommandations g´en´erales sur le cli-
mat d’investissement et la politique de gouvernance,
le d´eveloppement ´energ´etique n´ecessite une politique
sp´ecifique. Chaque pays africain devra avant tout
composer son mix ´energ´etique `a partir des ressources
`a sa disposition et de son potentiel d’investissement.
L’adaptation des infrastructures et des projets au
potentiel local est donc cruciale. A titre d’exemple,
le plan ´energ´etique camerounais 15 qui vise `a r´esorber
le d´eficit du pays (40 GWh par an) pour porter
la puissance install´ee `a 5 000 MW d’ici `a 2020
(contre 1 337 MW actuellement), mixe la mise
en place de structures ´energ´etiques gazi`eres pour
l’usage industriel et des structures hydro´electriques.
Sachant qu’il dispose d’un potentiel hydraulique
estim´e `a 20 GW (le deuxi`eme du continent apr`es
la RD Congo), dont il n’exploite que 6%, il a mis
en place le barrage-r´eservoir de Lom Pangar (30
MW), sur la Sanaga. Il est construit par la China
15. Economie JeuneAfrique : ”Cameroun, les secteurs cl´es
de la croissance”
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International Water and Electric Corporation et
l’Electricity Development Corporation, pour un coˆut
de 75 milliards de F CFA, cofinanc´es par la Banque
mondiale, la Banque africaine de d´eveloppement
(BAD) et l’Agence fran¸caise de d´eveloppement.
Pour les infrastructures ´energ´etiques d’envergure
nationale ou r´egionale, un des mod`eles int´eressants
pour permettre le d´ecollage ´energ´etique de l’Afrique
est de construire des partenariats public-priv´e.
Si la politique d’investissement le permet, un
syst`eme de concession peut ˆetre mis en place : les
´etats confient la gestion d’un projet ´energ´etique `a
une entreprise priv´ee. Elle est alors en charge du
d´eveloppement de l’acc`es `a l’´energie, et b´en´eficie
d’une exclusivit´e d’exploitation sur une dur´ee longue
afin de rentabiliser ses investissements et d´egager
des b´en´efices. A terme, la puissance publique devient
propri´etaire des infrastructures. Cette solution est
tr`es int´eressante car elle lib`ere le pouvoir publique
et dynamique le secteur priv´e sous r´eserves d’un
climat favorable. Par exemple, l’entreprise publique
GDC (Geothermal Development Company) 16 se
charge de l’exploration des ressources g´eothermiques
au Kenya. GDC prend donc en charge les risques
de l’exploration : elle proc`ede ainsi `a des ´etudes de
surface, d’exploration, d’´evaluation et de production
de forage. Les investisseurs seront par la suite invit´es
`a s’associer au d´eveloppement de la centrale dans le
cadre d’un partenariat public-priv´e. Cette solution a
permis d’all´eger le risque li´e `a l’investissement dans
la g´eothermie qui aurait ´et´e r´epercut´e sur le prix
propos´e au consommateur. Ainsi, grˆace `a ce mod`ele,
le Kenya s’engage dans un mod`ele de d´eveloppement
viable s’inspirant de son potentiel g´eothermique.
Efficacit´e ´energ´etique
Dans un monde ou les r´evolutions indus-
trielles pass´ees sont nombreuses, il est important
que l’Afrique prenne en compte l’exp´erience
´energ´etique des pays industrialis´es pour optimiser
son d´eveloppement. Actuellement, l’efficacit´e
´energ´etique n’est pas d’actualit´e en Afrique. Pour-
tant, on peut ´evoluer les ´economies potentielles
`a un tiers de la consommation actuelle 17. Il est
donc important d’int´egrer cette composante dans
le projet de d´eveloppement ´energ´etique en Afrique
pour permettre une croissance plus performante. Un
plan d’action et des institutions sp´ecialis´ees doivent
donc voir le jour pour superviser la mise en place
16. Source : Le site officiel GDC Geothermal Development
Company
17. Source : L’ENERGIE EN AFRIQUE A L’HORIZON
2050 - AFD-BAD
d’infrastructures et de projets ´energ´etiques. Plus
particuli`erement, il faudra cibler la consommation
de carburant dans les transports, l’efficacit´e des
bˆatiments au vu de la climatisation et l’utilisation
d’´equipements performants pour les usages domes-
tiques.
D´efis de l’´electrification
D´eveloppement des interconnexions
Nous l’avons identifi´e pr´ec´edemment : l’Afrique est
un continent tr`es peu ´electrifi´e, et son d´eveloppement
`a la fois ´economique et social est fortement d´ependant
de sa politique d’´electrification dans les ann´ees `a
venir. Aujourd’hui, la plupart des infrastructures
en place sont h´erit´ees de l’´epoque coloniale : elles
sont v´etustes et g´en`erent des coˆuts d’exploitation
tr`es on´ereux. L’interconnexion entre les diff´erents
pays, que ce soit `a petite ou grande ´echelle, semble
ˆetre un pari audacieux qui posent beaucoup de
probl´ematiques, ´economiques et politiques, mais qui
paraˆıt ˆetre une premi`ere r´eponse pertinente aux be-
soins actuels et urgents de l’Afrique. En effet, beau-
coup de pays, pris dans leurs individualit´es, sont trop
petits ou trop peu peupl´es et n’ont pas les moyens
d’investir seuls dans des nouvelles infrastructures
coˆuteuses. Investir `a plusieurs permet de jouir de
syst`emes plus performants, ce qui peut entraˆıner
une baisse significative des coˆuts de production. En
Afrique de l’Ouest par exemple, 14 pays se sont re-
group´es pour investir ensemble dans un r´eseau de
transport ´electrique. Eiffage, groupe fran¸cais, inter-
vient dans ce projet de grande envergure. Il a entre
autre pour mission de relier le Burkina Faso, pays
enclav´e qui n’a pas acc`es `a des ressources ´energ´etique
`a prix abordable, avec le Ghana et la Cˆote d’Ivoire
qui peuvent produire en exc´edent et sont capables
d’exporter de l’´electricit´e. Il a d´ej`a r´ealis´e en 2012
l’interconnexion entre le Burkina Faso et le Ghana
et pense finir le bouclage d’ici 2015. De mani`ere
plus g´en´erale, les pays cˆotiers ont des ressources
en hydrocarbures et produisent actuellement assez
d’´electricit´e pour pouvoir l’exporter et donc venir en
aide aux pays enclav´es.
D’autres exemples d’interconnexion r´eussie sont
en place en Afrique de l’Est. Djibouti, qui d´epend
´enorm´ement du p´etrole et qui est donc expos´e `a la
volatilit´e des prix des hydrocarbures, et l’Ethiopie,
qui poss`ede un r´eseau bas´e essentiellement sur
l’hydro-´electrique, au coˆut de production par
cons´equent plus faible, ont d´ecid´e de relier leurs
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Figure 8: Projets d’interconnexion en Afrique de l’Ouest
r´eseaux en 2002. Ce projet qui concerne une
connexion de 35MW depuis l’Etiopie a ´et´e en partie
financ´e par la Banque Africaine de D´eveloppement
et termin´e en 2012. Selon l’INERA, Djibouti `a
r´eduit sa consommation d’´energie fossile de 65%
en la rempla¸cant par de l’´electricit´e verte, ce qui
diminue `a la fois sa facture ´energ´etique, et son
empreinte carbone. 33 000 habitants de Djibouti,
ainsi que les villes ´ethiopiennes rurales frontali`eres
en b´en´eficient. Ceci est important car en dehors des
grandes agglom´erations, les habitants b´en´eficient
peu du d´eveloppement des r´eseaux interconnect´es :
seulement 5 `a 15% des populations rurales ont
aujourd’hui acc`es `a l’´electricit´e, ce qui s’explique par
la dispersion des habitations, et la faible consomma-
tion. Il ne faut donc pas oublier le d´eveloppement
local des r´eseaux de distribution dans ce grand enjeu
que repr´esente l’´electrification.
D´eveloppement local
Aujourd’hui, l’´electricit´e reste un produit tr`es
cher (dˆu `a sa raret´e). En effet, son prix dans les
zones connect´ees au r´eseau s’´etablit aux alentours
de 12c$/kWh, un prix ´equivalent `a celui des pays de
l’OCDE, sachant que l’Afrique poss`ede un niveau
de vie environ 15 fois inf´erieur. Hors r´eseau, les
prix sont 2 `a 3 fois plus ´elev´es (solution de groupe
´electrog`ene, solaire). La pauvret´e est l’un des
obstacles majeur `a l’´electrification. Pour y pallier,
la Cote d’Ivoire a par exemple d´ecid´e de diminuer
drastriquement les prix d’abonnement, avec pour
objectif de relier 100% de la population au r´eseau
´electrique d’ici 2020. Une deuxi`eme r´eponse qui
se profile peut ˆetre une production locale pour
une consommation locale pour l’´electrification des
milieux ruraux. Si le monde Africain urbain est
forc´ement destin´e `a des grandes infrastructures
conventionnelles, le monde rural n´ecessite des
mod`eles ´economiques plus en ad´equation avec
ses particularit´es (faible pouvoir d’achat et faible
consommation). Par exemple, `A Dar Salam `a
l’Est de Tambacounda au S´en´egal, l’entreprise
Schneider Electric a subventionn´e l’installation d’une
micro-centrale solaire qui permet `a l’ensemble du
village d’acc´eder `a une ´energie primaire grˆace `a un
syst`eme de location-rechargement de batteries. Cette
exp´erience est ´evidemment encore `a l’´etude mais
donne au moins une id´ee des solutions d’int´egration
´energ´etique au sein de l’Afrique profonde.
Une ouverture strat´egique `a d’autres secteurs 18
L’´electrification est un enjeu majeur pour l’Afrique
et son d´eveloppement. Outre sa n´ecessit´e premi`ere
comme vecteur de croissance et d’am´elioration des
conditions de vie des africains, l’´electrification du
territoire peut ˆetre vu comme un moyen ou un sup-
port pour d´evelopper des march´es dans de nombreux
secteurs. C’est le cas des t´el´ecommunications qui
b´en´eficieront largement de la mise en place d’un
r´eseau ´electrique dense et fiable. Le march´e de la
t´el´ephonie est actuellement en plein essor, avec une
croissance de pr`es de 20%. Les investissements dans
les infrastructures d’alimentation et de distribution
d’´electricit´e pourront permettre une plus grande
utilisation des mobiles dans les zones rurales, faisant
de l’Afrique un potentiel ´enorme en terme de
d´ebouch´es. Orange est par exemple pr´esent dans
16 pays africains et a install´e 1300 antennes relais
solaires pour que la population puisse profiter des
services de t´el´ephonies (recharger les batteries par
exemple) mais ´egalement des services ´energ´etiques de
base comme l’´eclairage des ´ecoles ou la r´efrig´eration
des m´edicaments dans les hˆopitaux. Un acc`es facilit´e
`a l’´electricit´e (et plus largement `a l’´energie) est un
v´eritable d´efi pour l’Afrique, `a la fois sur le plan
social, ´economique et politique. L’Afrique se doit
donc d’attirer des investisseurs potentiels sur les
projets d’´electrification. Mais les pays concern´es
doivent ´egalement s’armer de prudence car les
´eventuels industriels int´eress´es auront pour objectif
de tirer parti au maximum de cet ´enorme march´e
´emergent, plus que de contribuer au d´eveloppement
du continent.
´Energies renouvelables et biomasse
Au vu de leur potentiel cons´equent, une grande
majorit´e des ´etats africains se sont donn´es des
18. Selon une ´etude Bearing Point
Page 12 of 15
objectifs pr´ecis d’int´egration des EnR dans leur
mix ´energ´etique sur dix ans. Si l’Afrique r´eussit `a
mettre en place un syst`eme poss´edant les qualit´es
n´ecessaires `a son d´eveloppement, comme nous l’avons
d´evelopp´e pr´ec´edemment, la mise en place d’un
mix ´energ´etique adapt´e et de son d´eveloppement
coh´erent `a long terme est piste d’avenir.
Exploitation du potentiel hydraulique
Selon l’IRENA, rien que grˆace `a l’hydraulique,
l’Afrique pourrait assurer une production ´electrique
de 1800 TWh, soit 18 fois ce qu’elle a produit en
2009. C’est l’Afrique centrale qui d´etient l’essentiel
de ce potentiel, capitalisant un quart des cours d’eau.
De nombreux projets de barrage hydro´electriques
sont en cours de r´ealisation, comme au Cameroun
avec le barrage Lom Pangar ou en RDC avec le
barrage de Grand Inga. Ce dernier, le plus important
projet hydro´electrique au monde, pourrait `a terme
produire 40 000 MW, soit deux fois plus que le
barrage des Trois Gorges en Chine, pouvant couvrir
jusqu’`a la moiti´e des besoins de l’Afrique. Ce barrage
est tr`es controvers´e quant `a son coˆut (estim´e `a 80
millions de dollars), `a la corruption tr`es pr´esente
en RDC, ainsi qu’aux impacts environnementaux
qui sont pr´esag´es. De mani`ere g´en´erale, les barrages
n´ecessitent d’importants investissements, mais
permettent en contrepartie la production d’une
´electricit´e moins ch`ere que celle issue des centrales
thermiques. Aujourd’hui, l’Afrique n’en est qu’au
d´ebut de la valorisation de ce potentiel largement
inexploit´e.
D´eveloppement du solaire
Forte de son climat tr`es ensoleill´e, l’Afrique peut ti-
rer parti de l’´energie solaire. Les infrastructures sont
de moins en moins ch`eres et deviennent largement
rentables dans certaines zones d’Afrique tr`es enso-
leill´ees. La soci´et´e nationale d’´electricit´e du Burkina
Faso, Sonabel, vient de signer un accord avec une
soci´et´e canadienne pour la construction d’une cen-
trale solaire d’une capacit´e de 20 MW, devenant ainsi
le leader en solaire sur le continent africain. Cette
centrale, d’un coˆut estim´e de 36 millions d’euros, et
financ´ee en partie par la BAD, poss`edera une dur´ee
de vie de 25 ans et comportera 77 220 panneaux
photovolta¨ıques.
D’apr`es un rapport de l’IRENA, l’Afrique pourrait
couvrir l’ensemble de ses besoins ´energ´etiques grˆace
au d´eveloppement d’un mix ´energ´etique enti`erement
renouvelable. Nous pensons que l’´energie solaire et
l’hydraulique sont les deux ´energies renouvelables `a
mettre en place en priorit´e pour une ´electrification
efficace.
Am´elioration de l’utilisation de la biomasse
Le bois de feu compte aujourd’hui pour une
grande partie de la cuisson en Afrique subsaharienne
(seuls 30% des africains ont acc`es `a des techno-
logies de cuisson ”propres” 19) et l’utilisation non
maˆıtris´ee de cette ressource est un v´eritable frein
au d´eveloppement de ces r´egions. D’une part, elle
augmente la d´eforestation, ensuite, certains gaz de
combustion sont toxiques et provoquent de s´erieuses
maladies respiratoires, parfois mortelles. Enfin, la
collecte du bois demande un temps important aux
femmes et aux enfants, temps qui n’est pas utilis´e
pour l’´education, et qui peut ˆetre consid´er´e comme
un frein au d´eveloppement. Deux mesures semblent
envisageables pour am´eliorer l’utilisation actuelle de
la biomasse.
A court-terme, il faut d´evelopper la distribution
de foyers am´elior´es, qui permettraient de r´eduire les
´emissions toxiques et donc l’occurrence des maladies
respiratoires. Actuellement, le bois est brˆul´e entre
trois pierres, et 95% du pouvoir calorifique est perdu.
La consommation journali`ere par famille est estim´e
`a environ 10 kg de bois, ce qui correspond `a des
´emissions carbone de 2 `a 4 tonnes par famille et par
an 20. Pour comparaison, les ´emissions carbone par
habitant par an en France sont d’environ 6 tonnes. La
quasi-totalit´e de l’Afrique ´emet par habitant moins
de deux tonnes de dioxyde de carbone par an, mais
toujours est-il que l’utilisation de la biomasse telle
qu’elle est actuellement n’est pas optimale, d´egage
plus de dioxyde de carbone que ce qu’elle devrait, en
plus des autres d´esavantages que nous avons cit´es.
Les foyers am´elior´es, en argile, permettraient une
´economie de 35% de combustible utilis´e 21, et pourrait
avoir des retomb´ees positives sur l’´economie locale,
en cr´eant des emplois au niveau des entrepreneurs lo-
caux, des artisans et des distributeurs. Cette mesure,
pourtant peu coˆuteuse et facile `a r´ealiser, selon le
rapport de l’Agence Fran¸caise de D´eveloppement et
de la Banque Africaine de D´eveloppement, est tr`es
peu mise en place encore.
Ensuite, `a plus long terme, il faudrait entamer une
transition ´energ´etique et passer du bois de feu brut `a
du gaz naturel, butane ou m´ethane. La suppression
du bois de feu ne parait pas encore envisageable,
19. voir IRENA L’Afrique et les ´energies renouvelables, Rap-
port 2013
20. Panetoscope.fr - ´Emissions mondiales de CO2 dans l’at-
mosph`ere
21. youphil.fr - Foyers am´elior´es, une solution durable pour
l’Afrique - 2012
Page 13 of 15
mais la m´ethanisation apparaˆıt ˆetre une alternative
int´eressante. En effet, il serait envisageable de mettre
en place des unit´es de m´ethanisation permettant
l’utilisation de d´echets m´enagers ou cellulosiques,
qui puissent g´erer de mani`ere plus s´ecuritaire les
´emissions de gaz toxiques et de dioxyde de carbone.
Le m´ethane ainsi cr´e´e pourrait ˆetre utilis´e pour la
cuisine via un syst`eme local de distribution du gaz.
Rˆole des organisations et des institutions
internationales
L’Afrique a toujours pris une place importante
dans les plans de d´eveloppement des organisations
internationales comme l’Unesco, la Banque Mondiale
ou les Nations Unies. En plus de ces institutions,
on retrouve les fonds souverains ou solidaires des
pays, occidentaux pour la plupart, qui orientent leurs
aides vers l’Afrique. Cette participation au profit du
d´eveloppement se fait moyennant des engagements de
la part des pays Africains en mati`ere de gouvernance
et de d´eveloppement. La pr´esence des organisations
internationales d’aide au d´eveloppement est actuelle-
ment plus importante que les investisseurs ´etrangers.
Ces institutions ont permis d’une fa¸con limit´ee :
– l’augmentation des investissements ´etrangers
grˆace `a des garanties financi`eres.
– l’accompagnement des pays dans la mise en place
de politiques publiques par le biais d’une exper-
tise dans les affaires publiques.
– l’observation et la surveillance de la gouvernance
et de la gestion des capitaux notamment ceux
issus de l’industrie extractive.
– des prˆets et des capitaux `a des taux d’int´erˆets
int´eressants pour relancer l’´economie.
Les initiatives, pour le moment limit´ees, dans
le secteur ´energ´etique notamment dans l’acc`es
`a l’´energie ont ´et´e nombreuses : UN-Energy, les
projets du groupe de la Banque Mondiale, EUEI
l’initiative de l’Union Europ´eenne pour l’´energie,
le partenariat UE Afrique. A titre d’exemple, le
projet Objectifs du Mill´enaire, organe consultatif
cr´e´e par le secr´etaire g´en´eral de l’ONU, a soulign´e
plusieurs programmes d’actions pour l’Afrique dont
la g´eothermie, l’hydraulique et la lutte contre les
coupures ´electriques. D’autres initiatives ´emanent
des ´etats, on cite le plan Power Africa annonc´e
par le pr´esident am´ericain Barack Obama en Juin
2013. Ce plan vise `a augmenter la capacit´e de
production d’´electricit´e dans six pays (´Ethiopie,
Ghana, Kenya, Liberia, Nig´eria, Tanzanie) et `a
donner acc`es au courant `a 20 millions de foyers
d’ici 2018. Cet objectif a ´et´e tripl´e lors du sommet
de Washington pour monter jusqu’`a 60 millions de
m´enages Africains. La facture s’´el`eve `a 26 milliards
de dollars et fait intervenir la Banque Mondiale
et le fond souverain Su´edois. Tirant le bilan de la
premi`ere ann´ee, Stephen hayesdu Corporate Council
on Africa, l’organisme qui f´ed`ere les entreprises
am´ericaines en Afrique, estime que la mission
est difficile : Identifier les sites et finaliser les
contrats sont deux choses diff´erentes. Les entreprises
am´ericaines sont en train d’essuyer les plˆatres et le
financement cˆot´e am´ericain est difficile . 22 Plus
g´en´eralement, il va sans dire que les institutions
internationales ont jou´e et continuent `a jouer un
rˆole primordial dans le d´eveloppement Africain.
Mais cette vision d’aide au d´eveloppement, tombe
parfois dans l’inefficacit´e bureaucratique et ne
profite pas n´ecessairement aux pays. Une fa¸con
plus judicieuse de percevoir les liens Africains avec
le reste du monde serait la vision du partenariat
´economique. Au sommet de Washington des Leaders
Africains, apr`es l’annonce de plusieurs projets
d’investissement, le pr´esident Tanzanien Jakaya
Kikwete, a affirm´e Je me f´elicite que l’Afrique soit
enfin prise au s´erieux . L’objectif n’est plus l’aide
et l’assistance, a rench´erit la ministre Kenyane des
Affaires ´etrang`eres Amina Mohamed, nous avons
trop longtemps tard´e `a faire ´evoluer cette relation
vers la sph`ere ´economique .
L
’´energie sera un pilier mais aussi une
cons´equence du d´eveloppement de l’Afrique.
Mˆeme si les pays sont tr`es diff´erents et ne
doivent pas ˆetre trait´es de la mˆeme mani`ere, le
probl`eme majeur qui ressort est l’absence de vo-
lont´e politique de bonne gouvernance et d’institutions
fiables. L’Afrique du Sud ´emerge mais doit encore
s´ecuriser sa gestion ´energ´etique, l’Afrique du Nord
s’est d´evelopp´ee mais stagne aujourd’hui pour des
raisons politiques, l’Afrique subsaharienne de l’Ouest
a une ´economie mal g´er´ee qui repose uniquement
sur les hydrocarbures, et l’Afrique de l’Est traine
encore de grandes fractures politiques et sociales.
Aujourd’hui, il y a un manque d’expertise humaine
et une mauvaise gestion des ressources, notamment
´energ´etiques. Ceci se r´epercute sur tout les facteurs
de d´eveloppement : investissements, niveau de vie,
´economie du pays. Le secteur ´energ´etique nous ap-
parait ˆetre un secteur central dans la construction
de l’´economie africaine, et il n´ecessite un engage-
ment solide de la part des ´Etats. N´eanmoins, il est
22. Source : African Business Magazine Edition Fran¸caise
Octobre-Novembre 2014
Page 14 of 15
sˆur que l’Afrique pr´esente de belles perspectives et
opportunit´es ´energ´etiques (´energies renouvelables,
d´ecouvertes d’hydrocarbures, projets d’´electrification
locale) qui pourront, dans les bonnes conditions, per-
mettre un boom ´economique et ´energ´etique. Il faudra
alors, de la part des Etats, une politique solide pour
faire face `a la convoitise des puissances mondiales.
R´ef´erences
[1] African Business Magazine - Edition Fran¸caise
Novembre 2014 ”USA/Afrique : comment les
am´ericains investissent sur le continent”
[2] LesAfriques.com, 2009 Article : ”Comment le
Ghana exorcise la mal´ediction du p´etrole”.
[3] Rapport des Nations Unies sur le Commerce et
le D´eveloppement, Juin 2014
[4] Le capital investissement en Afrique, 2014
- Neuvi`eme forum pou le d´eveloppement de
l’Afrique `a Marrakech Document de travail :
des financements innovants pour la transforma-
tion de l’Afrique
[5] BP Statitical Review, 2013 - Site officiel de BP
(2014). Donn´ees statistiques sur l’´energie en
Afrique
[6] Panorama nouvelles d´ecouvertes de p´etrole et
de gaz, 2014 - IFP Energies nouvelles (2014).
[7] ´eminaire de haut niveau organis´e le FMI `a Tu-
nis en 2006 Les obstacles `a l’investissement
en Afrique : explication du paradoxe de Lucas
(Peter J. Montiel Williams College)
[8] Perspectives ´economiques et R´egionales FMI,
2014 - Edition Fran¸caise Avril 2014 Afrique
Subsaharienne, pour une croissance durable et
plus solidaire.
[9] Diversification de l’´economie des pays riches
en ressources naturelles, 2010 - Contribu-
tion pr´epar´ee pour le s´eminaire de haut ni-
veau du FMI Ressources naturelles, finance et
d´eveloppement `a Alger. Alan Gelb, Center for
Global Development
[10] L’Afrique et les ´energies renouvelables : la voie
vers la croissance durable IRENA, International
Renewable Energy Agency, 2012
[11] L’´energie de l’Afrique : enjeux et perspectives
Abdelnour Keramane, Medenergie N◦42, Sep-
tembre 2013
[12] L’´energie en Afrique `a l’horizon 2050 Jean-
Pierre Favennec, Agence Fran¸caise de
D´eveloppement et Banque Africaine de
d´eveloppement, 2009
[13] Banque Mondiale- site officiel Donn´ees sur le
d´eveloppement dans le monde
[14] Jeune Afrique, journal en ligne L’Afrique fait
le pari de l’interconnexion, juin 2014
[15] Polemos, journal en ligne sur l’analyse des af-
frontements g´eopolitiques Chine-Afrique, la ten-
tation du n´eocolonialisme, 2009
[16] Etude Bearing Point L’´electrification rurale en
Afrique, Avril 2013
[17] Jeune Afrique, journal en ligne Nigeria : le plan
de privatisation monte en intensit´e, Juin 2014
[18] RFI, journal en ligne L’Afrique sous ´equip´ee en
´electricit´e, 2010
[19] Jeune Afrique, journal en ligne D´evelopper les
´energies renouvelables : un imp´eratif pour le
continent africain, Aoˆut 2014
Page 15 of 15
Annexes
Production des hydrocarbures en Afrique
111
87
69
46
35
15 14 12 10
6 5 5 3
Nigéria Angola Algérie Libye Egypte Guinée
Equatoriale
Congo
Brazzaville
Gabon Autres Soudan Tchad Sud
Soudan
Tunisie
Production de pétrole en million de tonnes en 2013
Source : BP Statistical Review 2013
Production Africaine : 419 million de tonnes
10 % de la production mondiale de pétrole
71
50
32
11
19
Algérie Egypte Nigéria Libye Autres
Production de Gaz Naturel en million de Tep en 2013
Source : BP Statistical Review 2013
Production Africaine : 184
million de Tep
6 % de la production
mondiale de gaz naturel
145
1 2
Afrique du Sud Zimbabwe Autres
Production de Charbon en million de Tep en 2013
Source : BP Statistical Review 2013
Production Africaine :
147 million de Tep
3,8 % de la production
mondiale de charbon
Réserves en hydrocarbures
Pétrole
Réserves en millions de barils en 2013 Part mondiale
Algérie 12,2 0,7%
Angola 12,7 0,8%
Tchad 1,5 0,1%
Congo (Brazzaville) 1,6 0,1%
Egypte 3,9 0,2%
Guinée Equatoriale 1,7 0,1%
Gabon 2,0 0,1%
Libye 48,5 2,9%
Nigeria 37,1 2,2%
Sud Soudan 3,5 0,2%
Soudan 1,5 0,1%
Tunisie 0,4 
Autres 3,7 0,2%
Total Afrique 130,3 7,7%
Total Monde 1687,9 100,0%
48
21
19
44
16
15
15
23
Pas de données
44
97
34
19
40
53
Autres
Algérie
Angola
Tchad
Congo (Brazzaville)
Egypte
Guinée Equatoriale
Gabon
Libye
Nigeria
Sud Soudan
Soudan
Tunisie
Total Afrique
Total Monde
Ratio Réserves/Production en années
Source : BP Statistical Review 2013
Gaz naturel
Réserves Prouvées en 2013 en Tera m3
Part
mondiale
Algérie 4,5 2,4%
Egypte 1,8 1,0%
Libye 1,5 0,8%
Nigéria 5,1 2,7%
Autres 1,2 0,7%
Total Afrique 14,2 7,6%
Total World 185,7 100,0%
57
33
Pas de données
Pas de données
57
70
55,1
Autres
Egypte
Libye
Nigéria
Algérie
Total Afrique
Total Monde
Ratio Réserves sur/Production en années
Source : BP Statistical Review 2013
Charbon
Charbon Réserves Prouvées en 2013 en millions de tonnes Part mondiale
Afrique du Sud 30 156 3,4%
Zimbabwe 502 0,1%
Autres 1 156 0,1%
Total Afrique 31 814 3,6%
Total Monde 891 531 100,0%
466
117
315
113
Autres
Afrique du
Sud
Zimbabwe
Total
Monde
Ratio Réserves sur/Production en années
Source : BP Statistical Review 2013

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L’Energie, un levier pour le développement de l’Afrique- MEDEnergie

  • 1. L’´energie, un levier pour le d´eveloppement de l’Afrique? Sarah Mourtada, Amal Addala, Sophie Roy Master EDDEE Novembre 2014 L ’Afrique est un continent aux multiples pa- radoxes, en particulier dans le domaine de l’´energie. D´etentrice d’abondantes ressources naturelles (des hydrocarbures comme des renouve- lables), elle reste n´eanmoins la partie du globe la moins d´evelopp´ee et la plus pauvre. Il est alors l´egitime de s’int´eresser `a la relation fort complexe de l’´energie avec sa capacit´e de d´eveloppement. Quel est le poids de l’Afrique dans le domaine de l’´energie ? L’´energie peut-elle constituer un levier pour son int´egration et son d´eveloppement ? A travers cet article, nous exposerons dans un premier temps le po- tentiel ´energ´etique de l’Afrique, avant de d´eterminer les raisons qui expliqueraient ce qui l’empˆeche de s’approprier ses ressources de mani`ere `a combler son retard en mati`ere de d´eveloppement. Enfin, il est int´eressant d’´etudier les choix qui nous semblent ˆetre strat´egiques pour l’Afrique, pour utiliser efficacement et durablement ce vaste potentiel ´energ´etique, et se faire ainsi une place au sein de l’´economie mondiale. Potentiel ´energ´etique de l’Afrique ´Economie et niveau de vie 1 Rassemblant 15% de la population mondiale (936 millions d’habitants en 2013 selon les donn´ees de la Banque Mondiale) sur un territoire qui compte pour 20% de la surface terrestre habitable (54 pays), l’Afrique a connu une croissance annuelle de 4% en 2013, soit un point de plus que les pays du reste du monde. Cependant, l’Afrique est un vaste conti- nent, `a l’identit´e plurielle et o`u r`egnent de multiples disparit´es : les pays sont de diff´erentes tailles, ne poss`edent pas les mˆemes types de ressources, ni la mˆeme structure ´economique. Dans un premier temps, on peut distinguer l’Afrique du Nord de l’Afrique subsaharienne. Les pays d’Afrique du Nord (Magh- reb et les pays au Nord du Sahara et du Sahel) ont connu une croissance relativement forte de 1998 `a 2008 (4,2%) mais qui n’est pas assez cr´eatrice d’em- plois par rapport `a la pression d´emographique et la participation croissante des femmes dans la vie active. Ceci se traduit par un fort taux de chˆomage et des in´egalit´es sociales importantes. La Tunisie pr´esente par exemple un taux de chˆomage de 15% d´ebut 2014, en Mauritanie, 66,7% des femmes actives ˆag´ees de 15 1. donn´ees de la Banque Mondiale Page 1 of 15
  • 2. `a 24 ans sont au chˆomage contre 44,1% des hommes du mˆeme ˆage. L’Afrique subsaharienne compte pour 10% de la population mondiale et environ la moiti´e de sa population en dessous du seuil de pauvret´e (IDH moyen de 0,465 contre une moyenne mondiale de 0,729 selon les donn´ees Banque Mondiale). C’est incontestablement la zone la plus pauvre du globe. Mais au sein mˆeme de cette r´egion, les pays ´evoluent `a diff´erentes vitesses. – L’Afrique de l’Ouest frˆole une croissance de 7% en 2014, avec une population jeune et urbanis´ee. Son dynamisme est essentiellement pouss´e par le Nig´eria et ses ressources en hydrocarbures ainsi que la Sierra Leone avec ses exportations de fer et de minerais. Cependant, les pays francophones (Cˆote d’Ivoire, Mali, Centrafrique) souffrent d’un point de vue ´economique, en partie `a cause du maintien du Franc, datant de l’empire colonial, et non adapt´e aux besoins actuels, et des insta- bilit´es politiques. – L’Afrique du Sud est la 2`eme puissance ´economique apr`es le Nig´eria avec d’importantes ressources en minerais (or, diamants). Son ´economie est paradoxale : elle est comparable `a celle d’un pays industrialis´e mais a besoin de forte restructuration et de forts investissements dans les infrastructures de base. Ce pays est encore impr´egn´e de l’´epoque de l’apartheid. – L’Afrique de l’Est (Soudan, ´Ethiopie, Tanzanie, Kenya) est une r´egion en marge, qui connaˆıt des crises humanitaires profondes : la plus grande s´echeresse depuis 60 ans en 2011 qui a d´ebouch´e sur une crise alimentaire, avec des famines tou- chant 13 millions de personnes, une flamb´ee des prix des mati`eres premi`eres et beaucoup de conflits arm´es (Soudan, Darfour) entraˆınant de nombreux d´eplacements de populations. L’Afrique ne peut donc ˆetre consid´er´ee comme uniforme lorsque l’on souhaite ´etudier et analyser le potentiel ou l’utilisation des ressources ´energ´etiques. ´Electrification 2 Au lendemain de la colonisation, l’´electrification du continent a ´et´e une pr´eoccupation majeure. Mais c’est un processus lent et aujourd’hui, malgr´e une crois- sance ´economique plus forte que la moyenne mon- diale, et des potentiels importants de d´eveloppement, l’Afrique est le continent le moins ´electrifi´e, avec seulement 35% de la population subsaharienne qui a un acc`es `a l’´electricit´e contre 78% pour la popu- 2. Donn´ees du journal en ligne ”RFI”, cf bibliographie [18] lation mondiale. Mˆeme les entreprises ne sont pas ´epargn´ees : environ 10 millions de petites et moyennes entreprises n’ont pas acc`es `a l’´electricit´e. Cette si- tuation est disparate au sein de l’Afrique : 90% de l’Afrique du Nord est ´electrifi´ee alors qu’un pays comme le Mozambique (sud de l’Afrique) poss`ede par exemple un r´eseau tr`es limit´e : seulement 2% des zones rurales sont ´electrifi´ees contre 22% en zone urbaine. Lorsqu’ils existent, le probl`eme majeur des r´eseaux africains est la v´etust´e des infrastructures, d´elabr´ees et non entretenues. Cela occasionne des congestions et des coupures de courant, pouvant pa- ralyser le pays entier. Selon Jeune Afrique, ces cou- pures sont responsables d’une perte ´economique de 1 `a 4% du PIB. C’est le cas de nombreux pays, comme la Guin´ee, qui en plaisante mˆeme en surnommant sa soci´et´e d’´electricit´e SNE, la Soci´et´e de la Nuit ´Eternelle, ou l’Afrique du Sud avec Eskom, compa- gnie de production et distribution d’´electricit´e, qui n’a pas r´eussi `a r´epondre `a la demande en 2008 et a plong´e le pays dans le noir. Cela est notamment dˆu aux manques d’investissements dans les centrales existantes qui vieillissent : l’´Etat s’est compl`etement d´esengag´e et a privatis´e ce secteur qui subit aujour- d’hui une hausse des prix vertigineuse. Ceci sera d´evelopp´e plus loin. Figure 1: ´Electrification de l’Afrique - ´Etude de Bearing Point 2013 Consommation d’´energie 3 Par ailleurs, avec 15% de la population mondiale, l’Afrique consomme seulement 4% de l’´energie pri- maire mondiale et 3% de l’´electricit´e mondiale. Par habitant, sa consommation totale en ´energie est 10 fois plus faible que celle d’un am´ericain. 3. Donn´ees de la Banque Mondiale Page 2 of 15
  • 3. Figure 2: Consommation d’´energie par zone et par ha- bitant en Tep selon les donn´ees 2012 de la Banque Mondiale La structure de sa consommation ´energ´etique re- pose essentiellement sur la biomasse (chauffage tradi- tionnel au bois, qui repr´esente 57.6%) et sur les com- bustibles fossiles. Malgr´e des ressources importantes en hydrocarbures, la consommation de ressources fos- siles s’´el`eve seulement `a 40% dans le mix ´energ´etique, contre une moyenne mondiale de 81,2%. Le renou- velable ne concerne que 2,7% de la consommation africaine en ´energie primaire (contre 8,7% dans le monde). Figure 3: Consommation d’´energie primaire en Afrique Figure 4: Consommation d’´energie primaire dans le monde Au niveau de la consommation d’´electricit´e, la situation est ´egalement diversifi´ee. Malgr´e son sta- tut de premi`ere puissance ´economique africaine et une forte d´emographie (170 millions d’habitants), un habitant du Nig´eria consomme en moyenne 149 kwH par an (selon les donn´ees de la Banque Mon- dial), ce qui est la moiti´e d’un habitant de Guin´ee, et beaucoup moins que celui de l’Afrique du Sud (1450 kwH) 4 . Production d’hydrocarbures 5 Les hydrocarbures repr´esentent la premi`ere res- source ´energ´etique africaine exploit´ee grˆace `a des com- pagnies internationales. Le continent d´etient donc une place importante dans la production mondiale. Pour le p´etrole, en 2013, l’Afrique a assur´e en 2013 10% de la production mondiale ´equivalent `a 419 mil- lions de tonnes. Les producteurs africains les plus importants sont le Nig´eria (membre de l’OPEP) avec 111 millions de tonnes, l’Angola avec 87 millions de tonnes et l’Alg´erie avec 69 millions de tonnes. On retrouve dans un second temps la Libye et l’Egypte avec des productions de l’ordre de 40 millions de tonnes. D’autres pays comme le Congo Brazzaville, la Guin´ee Equatoriale et le Gabon d´etiennent une part de production d’environ 10 millions de tonnes. Concernant le gaz naturel, en 2013, la production africaine a repr´esent´e 6% de la production mondiale avec 419 millions de tep. L’Alg´erie est en premi`ere place, avec 71 millions de tep, suivie de l’Egypte et du Nig´eria. Contrairement au p´etrole, la production de gaz naturel en Afrique est limit´ee `a quelques pays. La production africaine de charbon est quant `a elle faible relativement `a la production mondiale. En 2013, on compte 147 millions de tep (3,8% de la production mondiale). En d´epit des r´eserves consid´erables, seule l’Afrique du Sud est positionn´ee sur le march´e du charbon et repr´esente la quasi-totalit´e de la produc- tion. R´eserves en hydrocarbures 6 P´etrole Les r´eserves africaines sont estim´ees `a environ 8% des r´eserves mondiales de p´etrole. Les pays avec le plus grand potentiel p´etrolier sont, dans l’ordre d´ecroissant : la Libye, le Nig´eria, L’An- gola et L’Alg´erie. Dans un second temps, on re- trouve l’Egypte, la Guin´ee, le Congo, le Gabon et 4. Donn´ees Banque Mondiale 5. voir annexe - Source : BP Statistical Review 2013 6. voir annexe - Source : BP Statistical Review 2013 Page 3 of 15
  • 4. le Sud Soudan. Ces pays ont des r´eserves globale- ment ´equivalentes mais n’ont pas le mˆeme rythme de production. Globalement, le ratio r´eserves sur pro- duction africain est de 40 ans, ce chiffre est moins important que le ratio mondial qui lui est de 53 ans. On estime qu’apr`es 20 ans, la plupart des pays producteurs (Alg´erie, Gabon, Congo, Angola) au- ront exploit´e enti`erement leurs ressources. Le Nig´eria, quant `a lui, compte un ratio de 44 ans. Cependant, ce sch´ema n’est pas fig´e. D’importantes r´eserves ont ´et´e d´ecouvertes r´ecemment en Afrique de l’Est. Si on regarde de pr`es les ratios r´eserves sur produc- tion en Afrique, on constate en effet des dynamiques de production tr`es diff´erentes. Certains pays comme le Sud Soudan (ratio de 97 ans), n’exploitent prati- quement pas leurs r´eserves. Pourtant, ces derni`eres sont aussi importantes que les r´eserves de l’Egypte qui est 5`eme producteur africain. Le Tchad, ´egalement, avec des r´eserves ´equivalentes au Congo (Brazzaville), s’oppose `a celui-ci avec un ratio de 44 ans contre 16 ans pour le Congo. Quoi qu’il en soit, de faible teneur en soufre, le p´etrole africain est de bonne qualit´e et adapt´e aux besoins des raffineries des pays de l’OCDE (eu- rop´eennes notamment). De plus, grˆace `a sa situation g´eographique, il repr´esente un march´e facile d’acc`es pour les ´Etats occidentaux, en comparaison avec le p´etrole du Moyen-Orient ou d’Europe de l’Est. Autre particularit´e, `a l’exception notable du Tchad, pays enclav´e, ce p´etrole est principalement off-shore, rela- tivement facile `a produire et `a l’abri des probl`emes de s´ecurit´e que peut rencontrer le p´etrole produit on-shore. Gaz naturel Les r´eserves Africaines en gaz naturel repr´esentent 7,6% des r´eserves mondiales. Elles sont principale- ment en Alg´erie et au Nig´eria (qui d´etiennent chacun environ 30% des r´eserves africaines) mais aussi en ´Egypte et en Libye. Globalement, l’Afrique pr´esente un ratio R´eserves sur Production de 70 ans, et donc plus important que le ratio mondial (55 ans). Les dynamiques de production sont ´evidemment impor- tantes pour les pays cit´es. D’importantes d´ecouvertes en Afrique L’Afrique est peut ˆetre le continent le plus dyna- mique du point de vue des d´ecouvertes des hydro- carbures. Dans un rapport r´edig´e par l’IFP ´Energies Nouvelles sur les d´ecouvertes d’hydrocarbures en 2012, l’Afrique est au cœur du sujet. Cette figure extraite du rapport montre le volume des d´ecouvertes mondiales. Sur la derni`ere d´ecennie, c’est l’Afrique subsaharienne qui repr´esente ces d´ecouvertes. : on compte le Ghana, l’Angola et surtout le Mozambique et la Tanzanie (d´ecouvertes de gaz naturel). Figure 5: D´ecouvertes mondiales d’hydrocarbures en 2012 Charbon En mati`ere de charbon, l’Afrique d´etient 3,6% des r´eserves mondiales. Cette part n’est pas sp´ecialement importante mais le continent africain n’exploite pas ses r´eserves. L’Afrique du Sud est le seul producteur important et poss`ede des r´eserves consid´erables (ratio R/P de 117 ans). Potentiel renouvelable 7 Le potentiel en ´energies renouvelables de l’Afrique est cons´equent, notamment en ressources hydrau- liques, et pourrait constituer une voie privil´egi´ee vers une croissance durable. Dans une moindre me- sure, l’Afrique dispose ´egalement d’un potentiel en g´eothermie, en ´energie solaire, en ´eolien, et en utilisa- tion maˆıtris´ee de la biomasse. Ce potentiel est large- ment sup´erieur `a ce que l’Afrique exploite r´eellement aujourd’hui. L’utilisation du potentiel hydraulique, `a lui seul, per- mettrait de fournir toute l’´electricit´e n´ecessaire `a l’Afrique. On peut diff´erencier petite hydraulique (rivi`eres et cours d’eau, production d’´electricit´e lo- cale et approvisionnement en eau) de grande hydrau- lique (barrages). Actuellement, seulement 2 `at 7% (selon les sources) du potentiel de grande hydrau- lique est exploit´e, et la part de l’hydraulique dans la production d’´electricit´e est encore assez faible (en- viron 19% au global de l’Afrique, plus importante 7. L’Energie en Afrique `a l’horizon 2050 - Jean-Pierre Fa- vennec ou rapport de l’IRENA 2012 Page 4 of 15
  • 5. en Afrique subsaharienne, mais `a nuancer car la production d’´electricit´e est de toutes fa¸cons assez faible). En R´epublique D´emocratique du Congo, le d´eveloppement du barrage Inga doit, `a terme, propo- ser une capacit´e hydraulique de 40 GW. On estime le potentiel de grande hydraulique total du pays `a 110 GW, ce qui en fait le troisi`eme potentiel mon- dial, derri`ere la Chine et la Russie. Le recours `a la petite hydraulique est encore tr`es faible. Pourtant, les r´egions isol´ees d’Afrique centrales et m´eridoniales poss`edent des cours d’eau permanents qui offriraient un excellent apport en ´energie. Le potentiel h´eliotermique est ´egalement important et sous-exploit´e. A plusieurs endroits, notamment dans le d´esert saharien, l’´energie r´ecup´erable est de l’ordre de 2500 kWh par m2 et par, ce qui correspond `a trois fois plus que l’´energie r´ecup´erable moyenne en Europe. Mais actuellement, les initiatives l’utilisation de l’´energie solaire sont encore tr`es faibles. La g´eothermie exploitable en Afrique est ´egalement cons´equente. On estime qu’avec les technologies ac- tuelles, on pourrait produire une capacit´e de 9 000 MW issus de la g´eothermie. Actuellement, 115 MW sont install´es, soit 13% du potentiel total. La vall´ee du Rift, en Afrique de l’Est, poss`ede notamment un fort potentiel g´eothermique. En ce qui concerne l’´eolien, seules l’Afrique du Nord et l’Afrique du Sud poss`edent un potentiel signi- ficatif. L’Afrique subsaharienne, `a cheval sur des zones ´equatoriales et tropicales, ne b´en´eficie pas d’un r´egime venteux suffisant pour pouvoir l’ex- ploiter. 29% des des ressources mondiales en ´eolien se trouvent en Afrique, et ne sont, pour l’instant, pas encore exploit´ees. Des projets sont en cours de d´eveloppement en Egypte, au Maroc, et en Afrique du Sud. Figure 6: Localisation des principales sources de poten- tiel renouvelable Les obstacles `a l’utilisation du levier ´energ´etique pour le d´eveloppement de l’Afrique Mal´ediction du secteur primaire et mauvaise gestion des rentes L’Afrique est largement tributaire des secteurs primaires, qui repr´esentent 80% 8de ses exportations. Les pays Africains riches en p´etrole ne sont donc pas comp´etitifs dans les autres secteurs que le secteur primaire. A titre d’exemple, le Nig´eria, premier exportateur p´etrolier en Afrique, importe des produits p´etroliers bruts, extraits de son sol. Cela est dˆu `a un manque d’infrastructures de raffinage. Il existe plusieurs mod`eles de pays exportateurs : certains sont arriv´es historiquement `a s’affranchir de leurs ressources dominantes (Canada, ´Etats-Unis, Australie, Br´esil) et de diversifier leur ´economie pour une croissance solide et ind´ependante des mati`eres premi`eres (et donc ind´ependante de la volatilit´e des prix des mati`eres premi`eres). D’autres, comme les pays africains, vivent le paradoxe de l’abondance des ressources et de la vuln´erabilit´e ´economique. L’Afrique est dans un cercle vicieux : `a cause de son d´eficit en infrastructures, ses perspectives de croissance d´ependent des projections des prix p´etroliers, faisant apparaˆıtre un risque ´economique structurel permanent. Cette figure publi´ee par le FMI dans un rapport sur l’Afrique illustre ces propos dans le cas de l’Angola. Figure 7 8. Selon une contribution pr´epar´ee pour le s´eminaire de haut niveau du FMI Ressources naturelles, finance et d´eveloppement, Alger, 4-5 novembre 2010 Page 5 of 15
  • 6. L’Afrique vit ce qu’on a longtemps appel´e le Syndrome Hollandais (vocable utilis´e en r´ef´erence aux difficult´es ´economiques rencontr´ees par les Pays-Bas avec l’exploitation de gisements gaziers dans les ann´ees 1960), qui affirme que l’abondance des ressources est une mal´ediction et qu’elle a un effet n´egatif sur la croissance. En d´epit de ses ressources abondantes ´energ´etiques ou mini`eres (p´etrole, gaz, diamants, cuivre), l’Afrique peine `a remonter la pente et `a d´epasser cette d´ependance pour une ´economie secondaire. Il existe un mou- vement de concentration ´economique autour du secteur extractif, qui est intensif en capital, mais tr`es peu en main-d’oeuvre : une fois les infrastructures en place, le fonctionnement des tours de forage et des plates-formes ne requiert que peu de personnel. C’est pourquoi un boom p´etrolier ne permet pas forc´ement de faire croˆıtre l’´economie d’un pays. De plus, la demande accrue de p´etrole et de gaz g´en`ere des flux financiers consid´erables. En effet, l’exploitation p´etroli`ere fournit une grande partie des recettes des pays africains comme l’Angola, la Guin´ee ´equatoriale ou le Nigeria. Th´eoriquement, cet apport en capital devrait financer leurs efforts et leurs strat´egies en mati`ere de d´eveloppement. Mais pour le moment, la rente g´en´er´ee par la vente des mati`eres premi`eres, pour la plupart ´energ´etiques, d´estabilise l’activit´e ´economique des pays riches en ressources naturelles. Selon de nombreux ´economistes, comme Sala-i-Martin ou Subramanian, cette rente cr´ee des conditions propices `a la corruption et aux gaspillages. Des pays comme le Nig´eria, l’Angola et le Soudan ont sombr´e dans la guerre civile. Comment est donc n´ee cette mal´ediction ? Quels en sont les facteurs ? Il existe encore en Afrique d’importants probl`emes de gouvernance concernant la rente p´etroli`ere. La majorit´e des contrats d’exploitation sont des contrats de concession, sign´es `a l’´epoque de la colonisation. Aujourd’hui, l’Afrique s’ouvre aux contrats de type partage de la production. La rente p´etroli`ere, qu’elle soit issue des royalties vers´ees par les compagnies, ou de la vente des barils r´ecup´er´es d’apr`es le partage de production, n’est pas g´er´ee de fa¸con optimale et pourrait ˆetre mise `a contribution d’une bien meilleure mani`ere pour participer au d´eveloppement local. En effet, longtemps, les gouvernements africains ont utilis´e cette rente p´etroli`ere comme deuxi`eme caisse de l’´Etat, pour des utilisations hors-budget officiel. La rente p´etroli`ere a ´egalement servi `a financer l’achat d’armes et donc entretenu les conflits et les guerres civiles, notamment en Angola, au Nigeria ou au Congo. Le cas du Tchad fournit des enseignements int´eressants sur le probl`eme de la gouvernance en Afrique. Le pays s’est en effet engag´e aupr`es de la Banque Mondiale `a allouer d’une fa¸con plus efficace la manne p´etroli`ere, en ´echange d’un soutien financier de la part de l’institution. En 2003, le Parlement tchadien adopte la Loi 001 qui pr´evoit alors que 72 % des revenus soient allou´es `a des secteurs prioritaires pour le d´eveloppement (sant´e, ´education, infrastructure), 10% soient bloqu´es sur un compte pour les g´en´erations futures et 4,5% aillent aux r´egions productrices. D`es les premi`eres transactions, des incoh´erences apparaissent. Comme la plupart des pays africains, le gouvernement tchadien utilise une partie des revenus pour l’achat d’armes. La situation se d´egrade en 2005, la loi 001 est modifi´ee par le pr´esident Idriss D´eby Itno qui ajoute les d´epenses de s´ecurit´e et l’administration aux domaines prioritaires au financement. Le Fonds pour les G´en´erations Futures est dissous. Un autre probl`eme de gouvernance sp´ecifique aux pays Africains riches en ressources p´etroli`eres est la subvention des hydrocarbures. En effet, une fa¸con passive de placer les recettes de la rente p´etroli`ere au profit de la population est de subventionner les hydrocarbures consomm´es. Au Nig´eria comme en Egypte, les prix du carburant `a la pompe n’ont pas chang´e depuis des d´ecennies. Au Nig´eria, `a titre d’exemple, les subventions repr´esentent environ 6% du PIB. Cette politique vertueuse en apparence pose plusieurs probl`emes. En premier lieu, les subventions ne profitent qu’`a des cat´egories ais´ees de la popula- tion africaine et r´epartit ainsi la richesse p´etroli`ere d’une fa¸con in´egale. Dans un second temps, elle a engendr´e des ph´enom`enes comme le gaspillage et l’absence d’une culture d’´economie d’´energie. Au- jourd’hui, le trafic routier au Caire est ing´erable en termes de pollution et de nombre de voitures. Si la subvention des hydrocarbures pour les entreprises peut ˆetre un levier pour dynamiser la croissance `a long terme, une subvention sauvage sous cette forme ne r´epond pas au besoin de d´eveloppement africain. Un manque d’investissements qui paralyse le d´eveloppement ´energ´etique Terre de tous les paradoxes, l’Afrique illustre le pa- radoxe de l’´economiste Rober Lucas : contrairement aux pr´evisions de la th´eorie ´economique n´eoclassique, les flux internationaux de capitaux ne p´en`etrent pas l’Afrique en d´epit de son potentiel. Les projets de d´eveloppement ´energ´etique en Afrique ne manquent pas mais les capitaux, eux, font souvent d´efauts. Le Page 6 of 15
  • 7. seul secteur de l’´energie en Afrique n´ecessiterait, selon les estimations de la conf´erence des Nations Unies sur le commerce et le d´eveloppement, 29 milliards de dol- lars par an, en d´epenses de capital, au cours des dix prochaines ann´ees. Si on fait un zoom sur l’Afrique subsaharienne, d’un point de vue g´en´eral, les pays n’investissent aujourd’hui que 45 milliards de dol- lars au lieu des 93 milliards qui seraient n´ecessaires. Pourquoi le potentiel ´energ´etique ne suffit pas au d´eveloppement Africain ? Pourquoi n’y a-t-il pas en- core eu de d´eveloppement ´energ´etique effectif en Afrique ? Du point de vue des entreprises et des bailleurs de fonds, l’investissement est une op´eration risqu´ee. Plusieurs facteurs sont pris en compte et font que l’Afrique ne b´en´eficie pas d’une attractivit´e suffi- sante. Dans le rapport de la conf´erence des Nations Unies sur le commerce et le d´eveloppement CNU- CED, malgr´e une tendance `a la hausse, dans 22 pays du continent, la productivit´e de l’investisse- ment n’a pas chang´e ou a diminu´e entre 1990-1999 et 2000-2011. En outre, l’augmentation globale de la productivit´e des investissements occulte le fait que l’investissement public est peu productif en Afrique subsaharienne. Un secteur et un march´e incertains La strat´egie d’investissement est conditionn´ee avant tout par l’existence d’un march´e poten- tiel. Ce march´e se mat´erialise par une perspective cons´equente de la demande qui donne une id´ee du pro- fit r´ealisable. En Afrique, mˆeme si les pays du Magh- reb ou l’Afrique du Sud r´epondent `a cette exigence, le reste des ´etats fait face `a une croissance d´es´equilibr´ee. Il subsiste de vastes franges de populations qui sont dans l’incapacit´e de r´epondre `a leurs besoins ´el´ementaires et ne d´etiennent pas un pouvoir d’achat attractif aux yeux des investisseurs (petit nombre de consommateurs, faible consommation, non sol- vables). Le secteur ´energ´etique est particuli`erement complexe car il offre une rentabilit´e limit´ee. A titre d’exemple, les investissements dans l’´electrification rurale s’adressant `a des populations pauvres (ma- joritaires en Afrique sub-saharienne) n’offrent au- cune perspective ´economique et ne peuvent ˆetre en- visag´es que par les ONG ou les institutions de fi- nancement comme la Banque Mondiale, La Banque Africaine de D´eveloppement ou l’Agence Fran¸caise de d´eveloppement. Dans ce cas, on pourrait s’at- tendre `a ce que les ´etats africains proposent des formules d’obligations d’achats ou des subventions pour pallier `a ce probl`eme et permettre `a des projets d’infrastructures ´energ´etiques d’ˆetre rentables. Outre le march´e existant, il est clair que la fonction de coˆut dans le secteur ´energ´etique est importante. En effet, il requiert la mise en place d’infrastructures importantes qui sont inexistantes et qui demandent des investissements tr`es lourds. De plus, le retour sur investissement dans le secteur de l’´energie est `a envisager sur le long terme. Un climat handicapant Le climat qui r`egne en Afrique et qui a ´et´e ´evoqu´e pr´ec´edemment n’encourage pas les investissements en d´epit des ressources ´energ´etiques. L’indice de s´ecurit´e pour les investissements est tr`es m´ediocre en Afrique : instabilit´e politique, climat de corruption, lourdeur de l’appareil bureaucratique (inefficacit´e de l’adminis- tration) remettent en cause les notions de primaut´e du droit, de droits de propri´et´e, l’ex´ecution des ac- cords d’achats d’´electricit´e et le remboursement des dettes publiques. Ceci fait planer une incertitude et un risque important sur les investissements. Aujour- d’hui, sans les garanties de la Banque Mondiale, la plupart des projets de d´eveloppement en Afrique ne verraient pas le jour. Un obstacle plus pesant, et qui est sans doute le fruit des facteurs ´evoqu´es, est l’absence ou la d´eficience du cadre institution- nel et juridique. Si on demande `a un investisseur 9 quel ´el´ement d´etermine ses choix, la r´eponse est in´evitable : un cadre juridique et institutionnel qui lui garantit son retour sur investissement et ses droits. Cet ´el´ement existe pour le moment en Afrique du Sud, en Afrique du Nord et commence `a ˆetre mis en place dans des pays comme le Nig´eria ou l’An- gola. N´eanmoins, l’Afrique est un continent incertain par rapport `a ce que peuvent offrir d’autres pays ´emergents plus stables et dot´es d’un cadre institu- tionnel plus fiable et mieux ancr´e. Une d´eficience dans le syst`eme financier Il existe en Afrique une absence remarquable de visibilit´e de l’information financi`ere due `a l’opacit´e adopt´ee par les pays africains. Le coˆut de l’informa- tion est d`es lors non n´egligeable pour les investis- seurs. Les pays africains doivent en urgence se doter de bases fiscales solides. Pour le moment, hormis pour le secteur p´etrolier tir´e par la pression de la demande, de nombreux pays africains ont du mal `a s’armer d’une politique fiscale efficace et d´efinie (l’impˆot sur les soci´et´es, sur les gains en capital. . .). On parle souvent de fuites de capitaux et de syst`eme 9. T´emoignage du responsable zone Afrique et Moyen- Orient de la Banque de Lazard `a une Conf´erence `a l’Institut des Etudes Politiques de Paris sur le d´eveloppement ´energ´etique en Afrique (25 D´ecembre 2014) Page 7 of 15
  • 8. financier opaque. La fuite des ressources hors de l’Afrique au cours des trente derni`eres ann´ees – quasi l’´equivalent du PIB actuel de l’Afrique – freine le d´ecollage du continent , a d´eclar´e Mthuli Ncube, ´economiste en chef et vice-pr´esident de la Banque Africaine de D´eveloppement. De l’autre cˆot´e, ce sont les investissements locaux qui r´ecoltent les m´efaits de ce manque de liquidit´e et d’absence de lignes de cr´edit (par cons´equent). La plupart des pays africains choisissent de pratiquer des restrictions sur la libre circulation des capitaux et de mettre en place des taux d’int´erˆet exorbitants. Des donn´ees extraites du bulletin mensuel de Septembre 2014 de la Banque centrale des ´etats de l’Afrique de l’Ouest montrent des taux d’int´erˆet au niveau de l’UEMOA (Union ´economique et mon´etaire ouest- Africaine) de l’ordre de 7%. Plus parlant, le site de la Banque mondiale affiche en 2013 des taux d’int´erˆet r´eels tr`es importants : 13% pour l’Angola, 16% pour la RDC et 10% pour le Nig´eria. Un d´eficit d´emocratique D’autre part, l’Afrique accuse, dans certains pays, d’un v´eritable d´eficicit d´emocratique : r´egimes autori- taires en Angola, au Tchad, en ´Ethiopie, coups d’´etat r´ecents au Niger, en Mauritanie ou en Cˆote d’Ivoire. Or la pr´esence effective d’un r´egime d´emocratique est un ´el´ement indispensable `a la reconnaissance et `a la l´egitimit´e d’un Etat sur la sc`ene interna- tionale. Dans le domaine du d´eveloppement via le levier ´energ´etique, qui n´ecessite des investissements ´etrangers, cela peut constituer un frein majeur. Attractivit´e sur fond de n´eocolonialisme Avec ses ressources non exploit´ees, et la promesse de ce qu’elles peuvent apporter, l’Afrique, malgr´e la frilosit´e des investissements, reste au coeur de toutes les pens´ees et toutes les envies. Beaucoup de sommets, France-Afrique, Chine-Afrique, ´Etats- Unis-Afrique, se succ`edent et nous am`enent `a nous interroger sur la teneur des relations qu’elle entretient avec le reste du monde. Europe Lors de la cr´eation de l’Union Europ´eenne, Robert Schuman d´eclarait : “L’Europe pourra, avec des moyens accrus, poursuivre la r´ealisation de l’une de ses tˆaches essentielles : le d´eveloppement du continent africain”. Par leurs histoires imbriqu´ees, il parait coh´erent que l’Europe s’int´eresse de pr`es au sort africain. Malgr´e une apparente bonne volont´e, elle n’est pas totalement d´esint´eress´ee et ses actions sont parfois teint´ees d’une saveur colonialiste. En effet, l’Afrique repr´esente un march´e int´eressant pour des entreprises en quˆete de d´eveloppement et les interventions europ´eennes peuvent favoriser leurs implantations. On peut citer le cas de l’entreprise de BTP fran¸caise Eiffage, pouss´ee par l’Agence Fran¸caise de D´eveloppement, qui mise une grande partie de sa strat´egie de d´eveloppement sur les projets africains comme la construction de grosses infrastructures, de centrales ´electriques au Gabon ou au S´en´egal. Par ailleurs, via les compagnies p´etroli`eres (ENI, TOTAL, Shell) qu’elle encourage et supporte, l’Union Europ´eenne cherche surtout `a couvrir ses besoins en ´energie, au d´etriment des populations locales, de leur environnement et de leurs conditions de vie. Tout est alors permis pour s´ecuriser ses apports, et de nombreux scandales ont ´eclat´e ces derni`eres ann´ees, comme la d´ecouverte du vaste syst`eme de corruption au Nig´eria, ou les d´egˆats environnementaux ou sanitaires mis en ´evidence (fuite des ol´eoducs, torchages du gaz). Chine Depuis les ann´ees 80, la Chine s’int´eresse de pr`es `a l’Afrique. Ce continent se r´ev`ele strat´egique, d’une part pour trouver des d´ebouch´es aux produits et services chinois, et d’autre part pour s´ecuriser les ap- provisionnements ´energ´etiques de la Chine (p´etrole, charbon, uranium) n´ecessaires `a la forte croissance de son ´economie. La Chine se rapproche donc des pays africains, par d’importants investissements de milliards de dollars dans le secteur de l’´energie et des infrastructures, sans jamais se pr´eoccuper de la nature du r´egime qu’elle peut encourager de la mˆeme fa¸con. En 2009, elle signe par exemple un accord de 7 milliards de dollars pour un projet minier en Guin´ee, moins de deux semaines apr`es une r´epression brutale (assassinat de 150 sympathisants de l’opposition au pouvoir en place en Guin´ee). Peu apr`es, `a l’issue du forum de coop´eration de l’Afrique `a Sharm-el-Sheikh, la Chine accorde un prˆet global de 10 milliards de dollars, et devient ainsi le premier bailleur de fond de l’Afrique. Ce rapprochement a commenc´e d`es 1983, avec l’Angola, richement pourvu en hydrocarbures, mais tr`es instable politiquement. Personne ne voulait se risquer `a investir. La Chine s’est donc durable- ment implant´e en contrˆolant une grande partie des ressources, et aujourd’hui l’Angola est le deuxi`eme producteur de p´etrole d’Afrique (2,3% de la pro- duction mondiale, juste apr`es le Nig´eria). La Chine essaie de se d´emarquer d’autres ´etats aux allures de “n´eo-colonialistes” en se proclamant porte-parole des pays ´emergents, et jouant de son soft-power : prˆets Page 8 of 15
  • 9. aux ´etats, fondations d’´ecoles, forums de coop´eration. Cependant, sa participation `a la g´eopolitique afri- caine de plus en plus active devient visible et n’est pas toujours bien accueillie, car l’arriv´ee massive de la Chine en Afrique inqui`ete certains sp´ecialistes, qui craignent une d´ependance accrue du continent vis `a vis de la Chine, via un endettement massif. Il ne faut pas que l’Afrique sorte d’un n´eocolonialisme pour al- ler tomber pieds et poings li´es dans le n´eocolonialisme chinois conclut sur ce sujet Ren´e N’Guettia Kouassi, directeur du d´epartement des affaires ´economiques de l’Union africaine. Les d´efis africains `a relever : mesures et recommandations D´evelopper l’´energie c’est aussi d´evelopper l’Afrique L’´energie est une source et une cons´equence du d´eveloppement. Il est clair que la croissance ´economique et la consommation d’´energie sont li´ees : le progr`es d’un pays est directement corr´el´e au degr´e d’acc`es `a l’´energie. L’Histoire confirme une ´elasticit´e unitaire entre l’accroissement de la demande de l’´energie et l’accroissement du PNB. Cet acc`es est gage d’un niveau de vie d´ecent pour la population en termes de sant´e et d’´education mais aussi un puissant levier de d´eveloppement pour les industries locales. Le niveau de d´eveloppement refl`ete donc incontestablement le niveau ´energ´etique. Quels fac- teurs permettront `a l’Afrique de d´evelopper le secteur ´energ´etique ? Un nouveau mod`ele de gestion de la rente bas´e sur la transparence Avant tout, il faudra mettre en place un nouveau mod`ele de la gestion de la rente, qui soit efficace et transparent. De nombreux pays africains riches en ressources oeuvrent dans ce sens et ont introduit des r`egles sp´ecifiques d’allocation de la manne p´etroli`ere. Au Congo et au Nigeria, tout surplus est d´epos´e dans un compte sp´ecial aupr`es de la Banque cen- trale. Une partie importante des recettes p´etroli`eres a ainsi ´et´e ´epargn´ee au Nigeria en 2004 `a la faveur de l’envol´ee des cours. Le gouvernement du Congo a quant `a lui utilis´e l’essentiel de l’exc´edent d´egag´e en 2004 pour r´egler les arri´er´es de sa dette ext´erieure, afin d’am´eliorer ses relations avec la communaut´e internationale 10. Ces exemples montrent que les gou- 10. Source : Perspectives ´economiques en Afrique 2005 par l’OCDE et la BAD vernements africains ont pris conscience du probl`eme mais que les initiatives manquent encore de fermet´e. L’objectif principal est de mettre en place des lois qui tracent les recettes d’exportation et qui les engagent dans des usages prioritaires (´education, ´energie, trans- ports, sant´e..). Par exemple, apr`es les crises ´evoqu´ees pr´ec´edemment, le Tchad s’est engag´e en 2006 aupr`es de la Banque Mondiale. Il a pr´evu que 70% des reve- nus p´etroliers seront affect´es `a la lutte contre la pau- vret´e. Toutefois, avant l’allocation, il est n´ecessaire d’avoir une vision claire des recettes p´etroli`eres. La transparence permettra la fin de la captation de la rente. On limitera de ce fait la fuite des capitaux et l’´evasion fiscale en maximisant le capital en faveur du d´eveloppement. Global Witness a plaid´e 11pour plus de transparence dans les transactions financi`eres entre les multinationales et les ´Etats d’une part et dans les investissements publics et priv´es d’autre part. L’ONG a lanc´e un appel en direction des institutions internationales et des agences de cr´edit pour qu’elles observent cette n´ecessaire clart´e dans leurs rapports avec les pays africains producteurs de p´etrole. Seuls cinq ´etats africains (Afrique du Sud, Ghana, Ile Mau- rice, Seychelles, Botswana) sont aujourd’hui membres du forum mondial sur la transparence et l’´echange d’informations `a des fins fiscales. D´evelopper un capital humain Une des recommandations les plus cruciales est que l’Afrique devra se forger un capital humain dot´e d’une expertise dans les domaines de politique pu- blique, d’´economie, de gestion des investissements et d’ing´enierie. Ce dernier sera n´ecessaire pour bˆatir une ´economie solide, des infrastructures ´energ´etiques, des ´ecoles, des universit´es et des hˆopitaux qui augmenteront le niveau de vie et permettront un d´eveloppement g´en´eral. Il permettra aussi, dans un premier temps, de bien g´erer le capital ´energ´etique en termes de contrat avec les compagnies internationales. Les pays africains doivent ˆetre capables de d´eterminer la meilleure strat´egie pour optimiser l’exploitation de leurs ressources ´energ´etiques au regard des impˆots sur les soci´et´es p´etroli`eres et les taxes sur le gain en capital. Pour cela, les pays doivent investir dans l’´education, les ´echanges avec l’international pour le transfert de savoir mais surtout dans une politique d’attraction des cerveaux de la diaspora africaine. Actuellement, la plupart des pays p´etroliers exigent que les compagnies internationales forment le person- nel local pour assurer le transfert d’exp´erience et de connaissances. Francis Ackah, directeur technique de 11. Rapport publi´e par l’ONG Global Witness sur l’opacit´e financi`ere en Afrique Page 9 of 15
  • 10. la compagnie nationale p´etroli`ere du Ghana, a d´eclar´e en 2009, `a l’´epoque de la d´ecouverte de gisements au Ghana, `A l’heure actuelle, il faut reconnaˆıtre que nous n’avons pas le savoir-faire n´ecessaire pour g´erer cette ´enorme ressource, mais nous pouvons nous es- timer heureux car nous b´en´eficions de l’exp´erience d’autres pays . 12 Dynamiser les investissements Les ´etats africains ont un rˆole cl´e `a jouer pour promouvoir l’investissement comme source de crois- sance. Les d´ecideurs politiques ont `a leur disposi- tion une multitude de leviers et doivent construire une politique publique stable. On retrouve trois possibilit´es d’investissements qu’il faudra dynami- ser diff´eremment : – l’investissement direct ´etranger IDE : Les inves- tissements directs ´etrangers (IDE) en Afrique ont atteint 43 milliards de dollars en 2013, soit une hausse de 16,2% par rapport `a 2012 13. Le rapport intitul´e Perspectives ´economiques mondiales publi´e en Avril 2014 par le FMI pr´ecise que la majeure partie de ces inves- tissements est rest´ee orient´ee vers le secteur des industries extractives. Dans le domaine de l’´energie, ils se heurtent aux obstacles ´evoqu´es auparavant. Pour les d´evelopper, il faudra imp´erativement mettre en place un cadre insti- tutionnel et juridique solide et fiable. – l’investissement via le secteur public : C’est sans doute la forme la plus adapt´ee `a un d´eveloppement profond et solide. L’´Etat grˆace `a ses recettes fiscales et ses recettes d’exporta- tions pratique l’emprunt public et investit via des politiques adapt´ees. Pour le moment, mˆeme si l’investissement public joue un rˆole essentiel de catalyseur dans le processus de d´eveloppement, son taux a diminu´e dans au moins 23 pays au cours des deux derni`eres d´ecennies, les baisses les plus marqu´ees ayant ´et´e observ´ees dans les pays suivants : Cabo Verde (baisse de 18,1% `a 13%) ; ´Egypte (de 14,5% `a 8,2%) ; ´Erythr´ee (de 17,6% `a 13,4%) et Lesotho (18,2% `a 9,1%) 14. Il reste n´eanmoins cons´equent dans les pays riches en ressources. Dans le rapport de la conf´erence des Nations Unies sur le commerce et le d´eveloppement de 2014, les recommandations sur l’investissement public en Afrique insistent 12. D’apr`es le site www.lesAfriques.com 13. Selon l’Agence Africaine Ecofin d’informations ´economiques sectorielles 14. Source : rapport de la conf´erence des Nations Unies sur le commerce et le d´eveloppement de 2014 sur l’am´elioration de la s´election et l’ex´ecution des projets, la meilleure utilisation des infra- structures existantes par des mesures de main- tenance et la focalisation des investissements publics futurs sur des secteurs tels que l’´energie et les transports. – l’investissement via le secteur priv´e : Hormis l’Afrique du Sud et les pays de l’Afrique du Nord, le secteur priv´e local peine `a se d´evelopper en Afrique. Pourtant, ce secteur est essentiel pour dynamiser l’´economie et cr´eer un tissu d’´echange plus dense avec les entreprises ´etrang`eres. Dans un second temps, ce secteur permettra d’ac- croˆıtre le niveau de la qualification de la main d’oeuvre locale et acc´el´erer les transferts de tech- nologies. Le d´eveloppement du secteur priv´e n´ecessite un perfectionnement des comp´etences de la main-d’oeuvre, l’´elargissement de l’acc`es `a un cr´edit abordable, l’acc`es `a des infrastruc- tures publics et la diminution du coˆut ´elev´e des facteurs de production. Le secteur ´energ´etique de demain Un zoom sur le d´eveloppement ´energ´etique est primordial d’une part en raison de l’importance du potentiel africain et d’une autre, en raison de l’importance du secteur pour le d´eveloppement g´en´eral. Mod`ele ´economique pour le d´eveloppement ´energ´etique en Afrique Hormis les recommandations g´en´erales sur le cli- mat d’investissement et la politique de gouvernance, le d´eveloppement ´energ´etique n´ecessite une politique sp´ecifique. Chaque pays africain devra avant tout composer son mix ´energ´etique `a partir des ressources `a sa disposition et de son potentiel d’investissement. L’adaptation des infrastructures et des projets au potentiel local est donc cruciale. A titre d’exemple, le plan ´energ´etique camerounais 15 qui vise `a r´esorber le d´eficit du pays (40 GWh par an) pour porter la puissance install´ee `a 5 000 MW d’ici `a 2020 (contre 1 337 MW actuellement), mixe la mise en place de structures ´energ´etiques gazi`eres pour l’usage industriel et des structures hydro´electriques. Sachant qu’il dispose d’un potentiel hydraulique estim´e `a 20 GW (le deuxi`eme du continent apr`es la RD Congo), dont il n’exploite que 6%, il a mis en place le barrage-r´eservoir de Lom Pangar (30 MW), sur la Sanaga. Il est construit par la China 15. Economie JeuneAfrique : ”Cameroun, les secteurs cl´es de la croissance” Page 10 of 15
  • 11. International Water and Electric Corporation et l’Electricity Development Corporation, pour un coˆut de 75 milliards de F CFA, cofinanc´es par la Banque mondiale, la Banque africaine de d´eveloppement (BAD) et l’Agence fran¸caise de d´eveloppement. Pour les infrastructures ´energ´etiques d’envergure nationale ou r´egionale, un des mod`eles int´eressants pour permettre le d´ecollage ´energ´etique de l’Afrique est de construire des partenariats public-priv´e. Si la politique d’investissement le permet, un syst`eme de concession peut ˆetre mis en place : les ´etats confient la gestion d’un projet ´energ´etique `a une entreprise priv´ee. Elle est alors en charge du d´eveloppement de l’acc`es `a l’´energie, et b´en´eficie d’une exclusivit´e d’exploitation sur une dur´ee longue afin de rentabiliser ses investissements et d´egager des b´en´efices. A terme, la puissance publique devient propri´etaire des infrastructures. Cette solution est tr`es int´eressante car elle lib`ere le pouvoir publique et dynamique le secteur priv´e sous r´eserves d’un climat favorable. Par exemple, l’entreprise publique GDC (Geothermal Development Company) 16 se charge de l’exploration des ressources g´eothermiques au Kenya. GDC prend donc en charge les risques de l’exploration : elle proc`ede ainsi `a des ´etudes de surface, d’exploration, d’´evaluation et de production de forage. Les investisseurs seront par la suite invit´es `a s’associer au d´eveloppement de la centrale dans le cadre d’un partenariat public-priv´e. Cette solution a permis d’all´eger le risque li´e `a l’investissement dans la g´eothermie qui aurait ´et´e r´epercut´e sur le prix propos´e au consommateur. Ainsi, grˆace `a ce mod`ele, le Kenya s’engage dans un mod`ele de d´eveloppement viable s’inspirant de son potentiel g´eothermique. Efficacit´e ´energ´etique Dans un monde ou les r´evolutions indus- trielles pass´ees sont nombreuses, il est important que l’Afrique prenne en compte l’exp´erience ´energ´etique des pays industrialis´es pour optimiser son d´eveloppement. Actuellement, l’efficacit´e ´energ´etique n’est pas d’actualit´e en Afrique. Pour- tant, on peut ´evoluer les ´economies potentielles `a un tiers de la consommation actuelle 17. Il est donc important d’int´egrer cette composante dans le projet de d´eveloppement ´energ´etique en Afrique pour permettre une croissance plus performante. Un plan d’action et des institutions sp´ecialis´ees doivent donc voir le jour pour superviser la mise en place 16. Source : Le site officiel GDC Geothermal Development Company 17. Source : L’ENERGIE EN AFRIQUE A L’HORIZON 2050 - AFD-BAD d’infrastructures et de projets ´energ´etiques. Plus particuli`erement, il faudra cibler la consommation de carburant dans les transports, l’efficacit´e des bˆatiments au vu de la climatisation et l’utilisation d’´equipements performants pour les usages domes- tiques. D´efis de l’´electrification D´eveloppement des interconnexions Nous l’avons identifi´e pr´ec´edemment : l’Afrique est un continent tr`es peu ´electrifi´e, et son d´eveloppement `a la fois ´economique et social est fortement d´ependant de sa politique d’´electrification dans les ann´ees `a venir. Aujourd’hui, la plupart des infrastructures en place sont h´erit´ees de l’´epoque coloniale : elles sont v´etustes et g´en`erent des coˆuts d’exploitation tr`es on´ereux. L’interconnexion entre les diff´erents pays, que ce soit `a petite ou grande ´echelle, semble ˆetre un pari audacieux qui posent beaucoup de probl´ematiques, ´economiques et politiques, mais qui paraˆıt ˆetre une premi`ere r´eponse pertinente aux be- soins actuels et urgents de l’Afrique. En effet, beau- coup de pays, pris dans leurs individualit´es, sont trop petits ou trop peu peupl´es et n’ont pas les moyens d’investir seuls dans des nouvelles infrastructures coˆuteuses. Investir `a plusieurs permet de jouir de syst`emes plus performants, ce qui peut entraˆıner une baisse significative des coˆuts de production. En Afrique de l’Ouest par exemple, 14 pays se sont re- group´es pour investir ensemble dans un r´eseau de transport ´electrique. Eiffage, groupe fran¸cais, inter- vient dans ce projet de grande envergure. Il a entre autre pour mission de relier le Burkina Faso, pays enclav´e qui n’a pas acc`es `a des ressources ´energ´etique `a prix abordable, avec le Ghana et la Cˆote d’Ivoire qui peuvent produire en exc´edent et sont capables d’exporter de l’´electricit´e. Il a d´ej`a r´ealis´e en 2012 l’interconnexion entre le Burkina Faso et le Ghana et pense finir le bouclage d’ici 2015. De mani`ere plus g´en´erale, les pays cˆotiers ont des ressources en hydrocarbures et produisent actuellement assez d’´electricit´e pour pouvoir l’exporter et donc venir en aide aux pays enclav´es. D’autres exemples d’interconnexion r´eussie sont en place en Afrique de l’Est. Djibouti, qui d´epend ´enorm´ement du p´etrole et qui est donc expos´e `a la volatilit´e des prix des hydrocarbures, et l’Ethiopie, qui poss`ede un r´eseau bas´e essentiellement sur l’hydro-´electrique, au coˆut de production par cons´equent plus faible, ont d´ecid´e de relier leurs Page 11 of 15
  • 12. Figure 8: Projets d’interconnexion en Afrique de l’Ouest r´eseaux en 2002. Ce projet qui concerne une connexion de 35MW depuis l’Etiopie a ´et´e en partie financ´e par la Banque Africaine de D´eveloppement et termin´e en 2012. Selon l’INERA, Djibouti `a r´eduit sa consommation d’´energie fossile de 65% en la rempla¸cant par de l’´electricit´e verte, ce qui diminue `a la fois sa facture ´energ´etique, et son empreinte carbone. 33 000 habitants de Djibouti, ainsi que les villes ´ethiopiennes rurales frontali`eres en b´en´eficient. Ceci est important car en dehors des grandes agglom´erations, les habitants b´en´eficient peu du d´eveloppement des r´eseaux interconnect´es : seulement 5 `a 15% des populations rurales ont aujourd’hui acc`es `a l’´electricit´e, ce qui s’explique par la dispersion des habitations, et la faible consomma- tion. Il ne faut donc pas oublier le d´eveloppement local des r´eseaux de distribution dans ce grand enjeu que repr´esente l’´electrification. D´eveloppement local Aujourd’hui, l’´electricit´e reste un produit tr`es cher (dˆu `a sa raret´e). En effet, son prix dans les zones connect´ees au r´eseau s’´etablit aux alentours de 12c$/kWh, un prix ´equivalent `a celui des pays de l’OCDE, sachant que l’Afrique poss`ede un niveau de vie environ 15 fois inf´erieur. Hors r´eseau, les prix sont 2 `a 3 fois plus ´elev´es (solution de groupe ´electrog`ene, solaire). La pauvret´e est l’un des obstacles majeur `a l’´electrification. Pour y pallier, la Cote d’Ivoire a par exemple d´ecid´e de diminuer drastriquement les prix d’abonnement, avec pour objectif de relier 100% de la population au r´eseau ´electrique d’ici 2020. Une deuxi`eme r´eponse qui se profile peut ˆetre une production locale pour une consommation locale pour l’´electrification des milieux ruraux. Si le monde Africain urbain est forc´ement destin´e `a des grandes infrastructures conventionnelles, le monde rural n´ecessite des mod`eles ´economiques plus en ad´equation avec ses particularit´es (faible pouvoir d’achat et faible consommation). Par exemple, `A Dar Salam `a l’Est de Tambacounda au S´en´egal, l’entreprise Schneider Electric a subventionn´e l’installation d’une micro-centrale solaire qui permet `a l’ensemble du village d’acc´eder `a une ´energie primaire grˆace `a un syst`eme de location-rechargement de batteries. Cette exp´erience est ´evidemment encore `a l’´etude mais donne au moins une id´ee des solutions d’int´egration ´energ´etique au sein de l’Afrique profonde. Une ouverture strat´egique `a d’autres secteurs 18 L’´electrification est un enjeu majeur pour l’Afrique et son d´eveloppement. Outre sa n´ecessit´e premi`ere comme vecteur de croissance et d’am´elioration des conditions de vie des africains, l’´electrification du territoire peut ˆetre vu comme un moyen ou un sup- port pour d´evelopper des march´es dans de nombreux secteurs. C’est le cas des t´el´ecommunications qui b´en´eficieront largement de la mise en place d’un r´eseau ´electrique dense et fiable. Le march´e de la t´el´ephonie est actuellement en plein essor, avec une croissance de pr`es de 20%. Les investissements dans les infrastructures d’alimentation et de distribution d’´electricit´e pourront permettre une plus grande utilisation des mobiles dans les zones rurales, faisant de l’Afrique un potentiel ´enorme en terme de d´ebouch´es. Orange est par exemple pr´esent dans 16 pays africains et a install´e 1300 antennes relais solaires pour que la population puisse profiter des services de t´el´ephonies (recharger les batteries par exemple) mais ´egalement des services ´energ´etiques de base comme l’´eclairage des ´ecoles ou la r´efrig´eration des m´edicaments dans les hˆopitaux. Un acc`es facilit´e `a l’´electricit´e (et plus largement `a l’´energie) est un v´eritable d´efi pour l’Afrique, `a la fois sur le plan social, ´economique et politique. L’Afrique se doit donc d’attirer des investisseurs potentiels sur les projets d’´electrification. Mais les pays concern´es doivent ´egalement s’armer de prudence car les ´eventuels industriels int´eress´es auront pour objectif de tirer parti au maximum de cet ´enorme march´e ´emergent, plus que de contribuer au d´eveloppement du continent. ´Energies renouvelables et biomasse Au vu de leur potentiel cons´equent, une grande majorit´e des ´etats africains se sont donn´es des 18. Selon une ´etude Bearing Point Page 12 of 15
  • 13. objectifs pr´ecis d’int´egration des EnR dans leur mix ´energ´etique sur dix ans. Si l’Afrique r´eussit `a mettre en place un syst`eme poss´edant les qualit´es n´ecessaires `a son d´eveloppement, comme nous l’avons d´evelopp´e pr´ec´edemment, la mise en place d’un mix ´energ´etique adapt´e et de son d´eveloppement coh´erent `a long terme est piste d’avenir. Exploitation du potentiel hydraulique Selon l’IRENA, rien que grˆace `a l’hydraulique, l’Afrique pourrait assurer une production ´electrique de 1800 TWh, soit 18 fois ce qu’elle a produit en 2009. C’est l’Afrique centrale qui d´etient l’essentiel de ce potentiel, capitalisant un quart des cours d’eau. De nombreux projets de barrage hydro´electriques sont en cours de r´ealisation, comme au Cameroun avec le barrage Lom Pangar ou en RDC avec le barrage de Grand Inga. Ce dernier, le plus important projet hydro´electrique au monde, pourrait `a terme produire 40 000 MW, soit deux fois plus que le barrage des Trois Gorges en Chine, pouvant couvrir jusqu’`a la moiti´e des besoins de l’Afrique. Ce barrage est tr`es controvers´e quant `a son coˆut (estim´e `a 80 millions de dollars), `a la corruption tr`es pr´esente en RDC, ainsi qu’aux impacts environnementaux qui sont pr´esag´es. De mani`ere g´en´erale, les barrages n´ecessitent d’importants investissements, mais permettent en contrepartie la production d’une ´electricit´e moins ch`ere que celle issue des centrales thermiques. Aujourd’hui, l’Afrique n’en est qu’au d´ebut de la valorisation de ce potentiel largement inexploit´e. D´eveloppement du solaire Forte de son climat tr`es ensoleill´e, l’Afrique peut ti- rer parti de l’´energie solaire. Les infrastructures sont de moins en moins ch`eres et deviennent largement rentables dans certaines zones d’Afrique tr`es enso- leill´ees. La soci´et´e nationale d’´electricit´e du Burkina Faso, Sonabel, vient de signer un accord avec une soci´et´e canadienne pour la construction d’une cen- trale solaire d’une capacit´e de 20 MW, devenant ainsi le leader en solaire sur le continent africain. Cette centrale, d’un coˆut estim´e de 36 millions d’euros, et financ´ee en partie par la BAD, poss`edera une dur´ee de vie de 25 ans et comportera 77 220 panneaux photovolta¨ıques. D’apr`es un rapport de l’IRENA, l’Afrique pourrait couvrir l’ensemble de ses besoins ´energ´etiques grˆace au d´eveloppement d’un mix ´energ´etique enti`erement renouvelable. Nous pensons que l’´energie solaire et l’hydraulique sont les deux ´energies renouvelables `a mettre en place en priorit´e pour une ´electrification efficace. Am´elioration de l’utilisation de la biomasse Le bois de feu compte aujourd’hui pour une grande partie de la cuisson en Afrique subsaharienne (seuls 30% des africains ont acc`es `a des techno- logies de cuisson ”propres” 19) et l’utilisation non maˆıtris´ee de cette ressource est un v´eritable frein au d´eveloppement de ces r´egions. D’une part, elle augmente la d´eforestation, ensuite, certains gaz de combustion sont toxiques et provoquent de s´erieuses maladies respiratoires, parfois mortelles. Enfin, la collecte du bois demande un temps important aux femmes et aux enfants, temps qui n’est pas utilis´e pour l’´education, et qui peut ˆetre consid´er´e comme un frein au d´eveloppement. Deux mesures semblent envisageables pour am´eliorer l’utilisation actuelle de la biomasse. A court-terme, il faut d´evelopper la distribution de foyers am´elior´es, qui permettraient de r´eduire les ´emissions toxiques et donc l’occurrence des maladies respiratoires. Actuellement, le bois est brˆul´e entre trois pierres, et 95% du pouvoir calorifique est perdu. La consommation journali`ere par famille est estim´e `a environ 10 kg de bois, ce qui correspond `a des ´emissions carbone de 2 `a 4 tonnes par famille et par an 20. Pour comparaison, les ´emissions carbone par habitant par an en France sont d’environ 6 tonnes. La quasi-totalit´e de l’Afrique ´emet par habitant moins de deux tonnes de dioxyde de carbone par an, mais toujours est-il que l’utilisation de la biomasse telle qu’elle est actuellement n’est pas optimale, d´egage plus de dioxyde de carbone que ce qu’elle devrait, en plus des autres d´esavantages que nous avons cit´es. Les foyers am´elior´es, en argile, permettraient une ´economie de 35% de combustible utilis´e 21, et pourrait avoir des retomb´ees positives sur l’´economie locale, en cr´eant des emplois au niveau des entrepreneurs lo- caux, des artisans et des distributeurs. Cette mesure, pourtant peu coˆuteuse et facile `a r´ealiser, selon le rapport de l’Agence Fran¸caise de D´eveloppement et de la Banque Africaine de D´eveloppement, est tr`es peu mise en place encore. Ensuite, `a plus long terme, il faudrait entamer une transition ´energ´etique et passer du bois de feu brut `a du gaz naturel, butane ou m´ethane. La suppression du bois de feu ne parait pas encore envisageable, 19. voir IRENA L’Afrique et les ´energies renouvelables, Rap- port 2013 20. Panetoscope.fr - ´Emissions mondiales de CO2 dans l’at- mosph`ere 21. youphil.fr - Foyers am´elior´es, une solution durable pour l’Afrique - 2012 Page 13 of 15
  • 14. mais la m´ethanisation apparaˆıt ˆetre une alternative int´eressante. En effet, il serait envisageable de mettre en place des unit´es de m´ethanisation permettant l’utilisation de d´echets m´enagers ou cellulosiques, qui puissent g´erer de mani`ere plus s´ecuritaire les ´emissions de gaz toxiques et de dioxyde de carbone. Le m´ethane ainsi cr´e´e pourrait ˆetre utilis´e pour la cuisine via un syst`eme local de distribution du gaz. Rˆole des organisations et des institutions internationales L’Afrique a toujours pris une place importante dans les plans de d´eveloppement des organisations internationales comme l’Unesco, la Banque Mondiale ou les Nations Unies. En plus de ces institutions, on retrouve les fonds souverains ou solidaires des pays, occidentaux pour la plupart, qui orientent leurs aides vers l’Afrique. Cette participation au profit du d´eveloppement se fait moyennant des engagements de la part des pays Africains en mati`ere de gouvernance et de d´eveloppement. La pr´esence des organisations internationales d’aide au d´eveloppement est actuelle- ment plus importante que les investisseurs ´etrangers. Ces institutions ont permis d’une fa¸con limit´ee : – l’augmentation des investissements ´etrangers grˆace `a des garanties financi`eres. – l’accompagnement des pays dans la mise en place de politiques publiques par le biais d’une exper- tise dans les affaires publiques. – l’observation et la surveillance de la gouvernance et de la gestion des capitaux notamment ceux issus de l’industrie extractive. – des prˆets et des capitaux `a des taux d’int´erˆets int´eressants pour relancer l’´economie. Les initiatives, pour le moment limit´ees, dans le secteur ´energ´etique notamment dans l’acc`es `a l’´energie ont ´et´e nombreuses : UN-Energy, les projets du groupe de la Banque Mondiale, EUEI l’initiative de l’Union Europ´eenne pour l’´energie, le partenariat UE Afrique. A titre d’exemple, le projet Objectifs du Mill´enaire, organe consultatif cr´e´e par le secr´etaire g´en´eral de l’ONU, a soulign´e plusieurs programmes d’actions pour l’Afrique dont la g´eothermie, l’hydraulique et la lutte contre les coupures ´electriques. D’autres initiatives ´emanent des ´etats, on cite le plan Power Africa annonc´e par le pr´esident am´ericain Barack Obama en Juin 2013. Ce plan vise `a augmenter la capacit´e de production d’´electricit´e dans six pays (´Ethiopie, Ghana, Kenya, Liberia, Nig´eria, Tanzanie) et `a donner acc`es au courant `a 20 millions de foyers d’ici 2018. Cet objectif a ´et´e tripl´e lors du sommet de Washington pour monter jusqu’`a 60 millions de m´enages Africains. La facture s’´el`eve `a 26 milliards de dollars et fait intervenir la Banque Mondiale et le fond souverain Su´edois. Tirant le bilan de la premi`ere ann´ee, Stephen hayesdu Corporate Council on Africa, l’organisme qui f´ed`ere les entreprises am´ericaines en Afrique, estime que la mission est difficile : Identifier les sites et finaliser les contrats sont deux choses diff´erentes. Les entreprises am´ericaines sont en train d’essuyer les plˆatres et le financement cˆot´e am´ericain est difficile . 22 Plus g´en´eralement, il va sans dire que les institutions internationales ont jou´e et continuent `a jouer un rˆole primordial dans le d´eveloppement Africain. Mais cette vision d’aide au d´eveloppement, tombe parfois dans l’inefficacit´e bureaucratique et ne profite pas n´ecessairement aux pays. Une fa¸con plus judicieuse de percevoir les liens Africains avec le reste du monde serait la vision du partenariat ´economique. Au sommet de Washington des Leaders Africains, apr`es l’annonce de plusieurs projets d’investissement, le pr´esident Tanzanien Jakaya Kikwete, a affirm´e Je me f´elicite que l’Afrique soit enfin prise au s´erieux . L’objectif n’est plus l’aide et l’assistance, a rench´erit la ministre Kenyane des Affaires ´etrang`eres Amina Mohamed, nous avons trop longtemps tard´e `a faire ´evoluer cette relation vers la sph`ere ´economique . L ’´energie sera un pilier mais aussi une cons´equence du d´eveloppement de l’Afrique. Mˆeme si les pays sont tr`es diff´erents et ne doivent pas ˆetre trait´es de la mˆeme mani`ere, le probl`eme majeur qui ressort est l’absence de vo- lont´e politique de bonne gouvernance et d’institutions fiables. L’Afrique du Sud ´emerge mais doit encore s´ecuriser sa gestion ´energ´etique, l’Afrique du Nord s’est d´evelopp´ee mais stagne aujourd’hui pour des raisons politiques, l’Afrique subsaharienne de l’Ouest a une ´economie mal g´er´ee qui repose uniquement sur les hydrocarbures, et l’Afrique de l’Est traine encore de grandes fractures politiques et sociales. Aujourd’hui, il y a un manque d’expertise humaine et une mauvaise gestion des ressources, notamment ´energ´etiques. Ceci se r´epercute sur tout les facteurs de d´eveloppement : investissements, niveau de vie, ´economie du pays. Le secteur ´energ´etique nous ap- parait ˆetre un secteur central dans la construction de l’´economie africaine, et il n´ecessite un engage- ment solide de la part des ´Etats. N´eanmoins, il est 22. Source : African Business Magazine Edition Fran¸caise Octobre-Novembre 2014 Page 14 of 15
  • 15. sˆur que l’Afrique pr´esente de belles perspectives et opportunit´es ´energ´etiques (´energies renouvelables, d´ecouvertes d’hydrocarbures, projets d’´electrification locale) qui pourront, dans les bonnes conditions, per- mettre un boom ´economique et ´energ´etique. Il faudra alors, de la part des Etats, une politique solide pour faire face `a la convoitise des puissances mondiales. R´ef´erences [1] African Business Magazine - Edition Fran¸caise Novembre 2014 ”USA/Afrique : comment les am´ericains investissent sur le continent” [2] LesAfriques.com, 2009 Article : ”Comment le Ghana exorcise la mal´ediction du p´etrole”. [3] Rapport des Nations Unies sur le Commerce et le D´eveloppement, Juin 2014 [4] Le capital investissement en Afrique, 2014 - Neuvi`eme forum pou le d´eveloppement de l’Afrique `a Marrakech Document de travail : des financements innovants pour la transforma- tion de l’Afrique [5] BP Statitical Review, 2013 - Site officiel de BP (2014). Donn´ees statistiques sur l’´energie en Afrique [6] Panorama nouvelles d´ecouvertes de p´etrole et de gaz, 2014 - IFP Energies nouvelles (2014). [7] ´eminaire de haut niveau organis´e le FMI `a Tu- nis en 2006 Les obstacles `a l’investissement en Afrique : explication du paradoxe de Lucas (Peter J. Montiel Williams College) [8] Perspectives ´economiques et R´egionales FMI, 2014 - Edition Fran¸caise Avril 2014 Afrique Subsaharienne, pour une croissance durable et plus solidaire. [9] Diversification de l’´economie des pays riches en ressources naturelles, 2010 - Contribu- tion pr´epar´ee pour le s´eminaire de haut ni- veau du FMI Ressources naturelles, finance et d´eveloppement `a Alger. Alan Gelb, Center for Global Development [10] L’Afrique et les ´energies renouvelables : la voie vers la croissance durable IRENA, International Renewable Energy Agency, 2012 [11] L’´energie de l’Afrique : enjeux et perspectives Abdelnour Keramane, Medenergie N◦42, Sep- tembre 2013 [12] L’´energie en Afrique `a l’horizon 2050 Jean- Pierre Favennec, Agence Fran¸caise de D´eveloppement et Banque Africaine de d´eveloppement, 2009 [13] Banque Mondiale- site officiel Donn´ees sur le d´eveloppement dans le monde [14] Jeune Afrique, journal en ligne L’Afrique fait le pari de l’interconnexion, juin 2014 [15] Polemos, journal en ligne sur l’analyse des af- frontements g´eopolitiques Chine-Afrique, la ten- tation du n´eocolonialisme, 2009 [16] Etude Bearing Point L’´electrification rurale en Afrique, Avril 2013 [17] Jeune Afrique, journal en ligne Nigeria : le plan de privatisation monte en intensit´e, Juin 2014 [18] RFI, journal en ligne L’Afrique sous ´equip´ee en ´electricit´e, 2010 [19] Jeune Afrique, journal en ligne D´evelopper les ´energies renouvelables : un imp´eratif pour le continent africain, Aoˆut 2014 Page 15 of 15
  • 16. Annexes Production des hydrocarbures en Afrique 111 87 69 46 35 15 14 12 10 6 5 5 3 Nigéria Angola Algérie Libye Egypte Guinée Equatoriale Congo Brazzaville Gabon Autres Soudan Tchad Sud Soudan Tunisie Production de pétrole en million de tonnes en 2013 Source : BP Statistical Review 2013 Production Africaine : 419 million de tonnes 10 % de la production mondiale de pétrole 71 50 32 11 19 Algérie Egypte Nigéria Libye Autres Production de Gaz Naturel en million de Tep en 2013 Source : BP Statistical Review 2013 Production Africaine : 184 million de Tep 6 % de la production mondiale de gaz naturel 145 1 2 Afrique du Sud Zimbabwe Autres Production de Charbon en million de Tep en 2013 Source : BP Statistical Review 2013 Production Africaine : 147 million de Tep 3,8 % de la production mondiale de charbon
  • 17. Réserves en hydrocarbures Pétrole Réserves en millions de barils en 2013 Part mondiale Algérie 12,2 0,7% Angola 12,7 0,8% Tchad 1,5 0,1% Congo (Brazzaville) 1,6 0,1% Egypte 3,9 0,2% Guinée Equatoriale 1,7 0,1% Gabon 2,0 0,1% Libye 48,5 2,9% Nigeria 37,1 2,2% Sud Soudan 3,5 0,2% Soudan 1,5 0,1% Tunisie 0,4  Autres 3,7 0,2% Total Afrique 130,3 7,7% Total Monde 1687,9 100,0% 48 21 19 44 16 15 15 23 Pas de données 44 97 34 19 40 53 Autres Algérie Angola Tchad Congo (Brazzaville) Egypte Guinée Equatoriale Gabon Libye Nigeria Sud Soudan Soudan Tunisie Total Afrique Total Monde Ratio Réserves/Production en années Source : BP Statistical Review 2013
  • 18. Gaz naturel Réserves Prouvées en 2013 en Tera m3 Part mondiale Algérie 4,5 2,4% Egypte 1,8 1,0% Libye 1,5 0,8% Nigéria 5,1 2,7% Autres 1,2 0,7% Total Afrique 14,2 7,6% Total World 185,7 100,0% 57 33 Pas de données Pas de données 57 70 55,1 Autres Egypte Libye Nigéria Algérie Total Afrique Total Monde Ratio Réserves sur/Production en années Source : BP Statistical Review 2013
  • 19. Charbon Charbon Réserves Prouvées en 2013 en millions de tonnes Part mondiale Afrique du Sud 30 156 3,4% Zimbabwe 502 0,1% Autres 1 156 0,1% Total Afrique 31 814 3,6% Total Monde 891 531 100,0% 466 117 315 113 Autres Afrique du Sud Zimbabwe Total Monde Ratio Réserves sur/Production en années Source : BP Statistical Review 2013