1. À LA UNE
RÉSEAUX SOCIAUX
IL FAUT EN ÊTRE !
Ça
va vous arriver
DÉCRYPTAGE
L
Loin d’être un
Loin d’être u effet de mode, le web social – dit 2.0 – arrive
êtr
à maturité dans les collectivités qui l’investissent de plus en
plus à titre professionnel. Face à la lame de fond des réseaux
sociaux, dont les politiques ont déjà compris l’intérêt pour
leurs campagnes, les territoriaux commencent timidement,
mais sûrement, leur révolution des pratiques. Comment passer
d’une culture de l’ombre à la lumière des réseaux ? Quelles
précautions et quels conseils pour réussir sa présence en ligne ?
14
L
Franck Confino
franck@adverbia.fr
Fondateur et directeur de l’agence
Adverbia
es collectivités commencent à investir
les réseaux, pour interagir avec les
habitants ou toucher les plus jeunes.
Ce n’est qu’un début : la transition sera
inexorable. « À Issy-les-Moulineaux, c’est le cas
depuis septembre 2008 sur Facebook et nous
comptons aujourd’hui 2 160 fans », raconte
Éric Legale, directeur d’Issy Media. « C’est
important parce que 65 % d’entre eux ont
moins de 25 ans et que c’est généralement une
population difficile à toucher avec nos outils
traditionnels de communication. »
POUR LA COLLECTIVITÉ, UN MOYEN
SIMPLE DE COMMUNIQUER…
Cette communication multimédia bouleverse
aussi bien les relations entre citoyens que les
liens entre les citoyens et la collectivité. « C’est
aussi un moyen plus simple et plus personnel de
communiquer avec nos habitants, rajoute-t-il.
Ils interagissent plus spontanément que sur nos
autres plateformes en ligne. Je crois qu’il faut
aller partout où sont nos habitants, sur Facebook
comme sur Twitter. J’essaye d’avoir le réflexe de
partager les infos importantes. Je pense, par
exemple, à l’alerte tempête début mars. J’ai
mobilisé mon équipe samedi midi pour que l’alerte
soit diffusée sur Facebook, sur Twitter, sur issy.
com et sur les journaux lumineux ».
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2. … ET DE PRENDRE LE POULS
DE L’HUMEUR LOCALE
À TITRE PERSONNEL, UN INTÉRÊT
QUI ÉMERGE TIMIDEMENT
L’interactivité, les services, le lien social
sont les principaux critères qui placent l’internaute au cœur de la relation avec l’administration.
Si l’intérêt n’est plus à démontrer pour la
collectivité, l’usage reste encore faible à titre
personnel. Pourquoi ? Est-ce le manque d’intérêt perçu, le devoir de réserve ou la posture « d’hommes de l’ombre » cultivée par
certains qui a fait des territoriaux les grands
absents de ces réseaux jusqu’à peu ? Depuis
le Web 1, le cadre territorial s’exprime peu
sur les forums, préférant le cercle fermé des
mailing-lists. Et il sait mieux que quiconque,
que, sur la toile, toute trace laissée sous son
nom risque un jour d’être produite contre
lui… Mais en 2010, avec le Web 2, comment
rester sur le quai, quand sa famille, ses amis
et même ses élus sont, depuis belle lurette,
dans un train qui file à toute vitesse ?
Les réseaux sociaux apportent en outre une
vraie opportunité pour être à l’écoute d’un
territoire. « L’intérêt est de permettre une véritable ubiquité ! » s’exclame Hervé Pargue,
expert du web 2.0 et ancien responsable de
Paris.fr. « Cela permet d’être au courant en
temps réel de ce qui fait l’actu d’un quartier,
d’une ville, d’un département. On l’a encore vu
récemment avec la tempête où les internautes
ont twitté en temps réel les infos sur ses
impacts. En janvier dernier lors de l’épisode neigeux, un directeur de cabinet d’une petite ville
de la grande couronne m’a fait part de la
manière dont il a senti, sur la Fan page de la
commune, le mécontentement monter sur les
délais de déneigement et en a informé le maire
qui lors de la cérémonie des vœux n’a pas manqué de se faire interpeller sur le sujet par ses
administrés ! Bref, qu’il s’agisse de Facebook,
Twitter ou de la blogosphère locale, les communicants doivent une veille ».
« Pour les territoriaux, l’usage est peu développé et reste souvent limité à la sphère personnelle et amicale », remarque Pascal Minguet,
expert des réseaux et conseiller municipal
de Jouhe. Peu s’en servent à titre professionnel. Problématique : que dire ? Que faire du
devoir de réserve ? J’en connais même qui ont
« fermé » leur profil, y compris sur des réseaux
comme Viadeo… Et lorsque ce n’est pas vécu
•••
5 sites communautaires essentiels
• Facebook : le réseau
des réseaux
Source de contacts, d’interactivité
mais aussi d’informations, Facebook, créé en 2004, s’est imposé
comme « le réseau des réseaux » ou les « pages jaunes 2.0 »
en réunissant plus de 150 millions d’utilisateurs actifs dans
le monde et 15 millions de Français en 2010. « Facebook est
une Rolls, les autres sont très poussifs, pas aussi conviviaux et
tristes à mourir. Et si c’est pour être proche des associations,
des administrés, des médias, c’est Facebook sinon rien » (Pascal
Minguet). « Je pensais que Facebook, c’était surtout pour le fun,
mais je découvre depuis peu qu’en ciblant bien ses « amis » on
peut avoir une belle source d’information » (Fabrice Jobard) –
Véritable microblog : « Facebook est celui que je privilégie car
il m’offre une latitude assez importante pour écrire, dialoguer,
publier des photos, vidéos… » (Gildas Lecoq)
• Twitter : capter les tendances
Le phénomène est plus récent. Jusqu’alors
réservé aux « geeks », intellectuels et
journalistes, il s’est amplifié avec les élections
en Iran ou quelques événements d’actualité
(comme les crashs d’avion pendant l’été
2009 ou la mort de Michael Jackson). Réunissant 32 millions
de membres dans le monde, il permet d’afficher des messages
courts (140 caractères) et de « capter les tendances ». Très
pertinent, son intérêt à titre personnel n’est pourtant pas évident
de prime abord. « Je n’en vois pas, sauf twitter à propos d’une
manifestation » (Gildas Lecoq).
• Viadeo et LinkedIn :
les réseaux professionnels
par excellence
Le premier (ex-Viaduc) est leader
en France, l’autre dans le monde.
« J’aime surtout Viadeo, même si
l’outil est un peu statique, je n’ai surtout rien compris à LinkedIn.
J’ai plus de 200 relations qui me permettent de rentrer en
contact avec des centaines de milliers de personnes. » (Fabrice
Jobard). « On m’a déjà fait des propositions de recrutement par
des chasseurs de tête… mais je n’y vais pas quotidiennement »
(Gildas Lecoq)
• 123people : ceci n’est
pas un réseau social !
Avec 5 millions de visiteurs uniques
mensuels en France, 123people
appartient à une autre catégorie de sites, souvent appelés des
« agrégateurs » ou annuaires. Ce n’est pas un réseau social : on y
figure sans jamais s’y être inscrit, car le site récupère les contenus
mis en ligne ailleurs. Il les réinjecte dans une page fourre-tout,
à votre prénom + nom, sans vous offrir de droit d’accès ni de
rectification. À la fois inutile (moteur sans valeur ajoutée autre que
publicitaire) et utile (pour savoir ce que le web retient de vous), le
résultat est souvent farfelu : 123People mélange vos liens, diffuse
vos coordonnées, vous confond avec
des homonymes mais parle bien de vous !
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3. À LA UNE
Sur Viadeo par exemple, il y a moins de dix
agents de mon conseil général (sur 1 800)
et sur ces dix… on retrouve tous les
membres du cabinet du président, plus
quelques agents de la DSI. Est-ce parce que
les fonctionnaires ont le droit et l’obligation de réserve ? Ou plus prosaïquement
parce que le sens du networking n’est pas
encore bien compris : on ne cherche pas
qu’un job sur les réseaux sociaux. On
cherche aussi à partager de l’expérience.
Autant on peut comprendre que la première fonction est moins essentielle pour
les fonctionnaires que pour les contractuels… autant je comprends mal pourquoi
ils se privent de la seconde ! »
•••
Ça
va vous arriver
comme une « contrainte », c’est encore vu
comme un « jeu » ou un jouet par certains ».
Un constat partagé par Fabrice Jobard,
directeur de la communication du conseil
général de l’Yonne, pour qui « les territoriaux
ne se sont pas encore bien approprié les réseaux
sociaux. Sur Viadeo, LinkedIn, il y a peu de
fonctionnaires territoriaux, surtout quelques
membres de cabinet et des agents contractuels.
Gildas Lecoq, directeur de la communication de la ville de Vincennes, surenchérit : « ce n’est pas parce qu’on est territorial
qu’on n’a pas à bouger, vers d’autres structures
publiques ou privées, ou qu’on ne doit pas vivre
avec son temps. En outre, sur le plan professionnel, un communicant territorial se doit d’avoir
un réseau pour lui-même et aussi pour faire du
buzz. Facebook me permet ainsi de multiplier
les contacts, y compris auprès de personnalités
qui viennent aux événements organisés à
Vincennes. »
10 conseils pour booster vos réseaux
DÉCRYPTAGE
Débutants
16
- « Se googler » : vérifiez ce que Google
dit de vous, car c’est la première source
d’information qu’on ira chercher. Créez une
alerte Google sur votre nom. Étendez vos
recherches sur des sites comme 123people
dont le résultat est parfois édifiant.
- Prévoir du temps : les réseaux sont
chronophages. « Je conseillerais la
patience. Les beaux réseaux prennent du
temps à se bâtir. Je dirais aussi qu’il faut
donner beaucoup pour recevoir (un peu).
Mon blog sur le protocole m’a permis de
rentrer en contact avec des centaines
de personnes que j’ai ensuite incitées
à entrer dans la toile de mon réseau. Je
pense enfin qu’il faut être régulier. Le
développement et l’entretien d’un beau
réseau numérique demandent une bonne
heure… par jour. » (Fabrice Jobard)
- Être présent : « Être présent et tester pour
apprendre. Mais aussi mettre à jour ses
infos et profils si on utilise les réseaux
sociaux. Rien de pire qu’un profil qui ne vit
pas » (JF Legat). Si l’auto-expérimentation
vous fait peur, vous pouvez aussi « définir
un cadre, une charte, des objectifs, suivre
une formation/initiation puis vous faire
accompagner. » (Pascal Minguet)
- Savoir se présenter : avant vos premiers
pas sur les réseaux, lisez la « Net
étiquette » ou la Nétiquette pour savoir
comment vous présenter. « Il faut se
constituer un réseau de personnes avec
lesquelles on est amené à dialoguer. Je
refuse les invitations où l’on ne m’envoie
pas un petit message. » (Glidas Lecoq)
- Savoir avec qui vous partagez vos
informations : « Surtout ne pas accepter
les demandes de mises en relation de
n’importe qui, bien veiller à vérifier
autant que faire ce peut qui on accepte
et qui on contacte. » (Dominique Paulin)
membres. Il existe une écriture pour
le papier, une pour la télé, une pour le
Web, il en existe une maintenant pour les
réseaux (mis à part les écritures SMS que
l’on voit encore, mais qui se font de plus
en plus rares). » (Dominique Paulin)
- Gérer sa réputation numérique : créez
votre communauté via des groupes,
des pages ou un blog. Votre réseau
sera proportionnel à la qualité des
informations que vous partagez. Rien de
tel qu’un blog (au mieux) d’informations
partagées ou (a minima) sous forme de
CV pour gérer sa réputation numérique.
Confirmés
- Regrouper ses comptes : « Si vous êtes
présent sur de nombreux réseaux, créez un
espace central regroupant vos différents
comptes et renvoyant vers chacun
d’eux. » (JF Legat). De nombreux services
(Friendfeed, Unik, Seesmic etc.) permettent
aujourd’hui cela.
- Faire vivre sa communauté : animez votre
réseau au quotidien, organisez des
événements IRL (« in real life »).
- Prendre part activement aux « think
tanks » : il existe forcément des clubs de
réflexion, groupes Facebook ou hubs
Viadeo qui vous correspondent. Autant
d’opportunités pour afficher vos centres
d’intérêt mais aussi partager, échanger.
- Savoir « écrire multicanal » : « Triez bien
les informations que vous voulez faire
passer sur le réseau en direction de ses
Experts
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4. “
Le cadre territorial s’exprime peu sur les forums, préférant
le cercle fermé des mailing-lists ”
UNE CENSURE ARCHAÏQUE
Mais que faire lorsqu’au sein de la collectivité, la DSI bloque l’accès à ces sites ? !
Un vrai travail sur les mentalités doit alors
s’engager pour sortir de la sclérose. « Pour
ce qui est de Fontaine, les réseaux sont
encore vus comme quelque chose de dangereux,
qu’il faut absolument éviter » déplore
Dominique Paulin, webmaster et spécialiste
de la blogosphère.
Facebook. Et, bien entendu, faire attention à ce que l’on dit. « Même à titre personnel, les territoriaux sont soumis à un
droit de réserve. Si l’on n’est pas vigilant,
certains esprits mal intentionnés pourraient utiliser vos dires contre la collectivité » rappelle Jean-François
Legat.
« Facebook ou Twitter n’ont pas droit de cité sur
nos ordinateurs et pour y accéder, il faut réussir
à déjouer le blocage. Je regrette cette censure
car je pense que ces réseaux, s’ils sont bien utilisés, comme à Rive-de-Gier par exemple, sont
des outils de communication au même titre que
le journal municipal ou le site internet. » C’est
sans doute parce que « nous n’avons pas
encore su, nous, les communicants, expliquer la
nécessité de ces outils de travail, même pour un
usage personnel » conclut Gildas Lecoq,
auteur d’une Charte de bonne utilisation de
l’internet mise en place à Vincennes.
Le cas de Fontaine est loin d’être isolé, alors
qu’ailleurs « de plus de plus en plus de territoriaux utilisent le Web 2.0 à titre personnel »,
comme le note Jean-François Legat, directeur de la communication de Rive-deGier. « Ils découvrent aujourd’hui l’intérêt de
ces réseaux, aux fins de développer leurs propres
réseaux, dans un esprit d’assistance et d’entraide, mais aussi pour préparer d’éventuelles
évolutions de leurs propres carrières. »
DANGERS ET PRÉCAUTIONS D’USAGES
Des précautions, les territoriaux n’en prennent-ils pas trop ? Elles peuvent être justifiées sur des réseaux mélangeant vie privée
et professionnelle comme Facebook où plus
l’on s’expose au regard des autres – notamment collègues, supérieurs et recruteurs –
plus les risques augmentent. Sans verser
dans la paranoïa, une étude récente de
CareerBuilder a montré que 45 % des DRH
consultaient les réseaux sociaux avant d’embaucher : il est donc primordial de faire
attention aux messages qu’on diffuse, à son
image virtuelle – à sa « e-reputation ». Ne
pas publier de photos de vacances ou de soirées festives si l’on a posé un arrêt maladie
peut sembler évident ; et pourtant certains
se font prendre ! Le meilleur conseil est de
gérer finement les droits et autorisations de
ses contacts, en créant des listes, sur
DOC
DOC
O
DOC
LE PLUS GRAND RISQUE :
NE PAS EN ÊTRE !
À l’inverse, n’avoir aucune existence sur ces
réseaux devient suspect, a fortiori si l’on travaille dans la communication. Rappelezvous que le Net a horreur du vide : à vous
d’occuper le terrain virtuel, en publiant des
contenus de qualité, en créant votre profil
(même dormant le cas échéant) sur tous les
grands réseaux. Faute de quoi vous n’existerez pas pour Google ou serez toujours à la
merci des informations livrées par d’autres.
N’hésitez plus à vous lancer et goûtez à la
formidable démultiplication des opportunités et contacts que vous permettront les
réseaux.
Laissons la conclusion à Pascal Minguet :
« L’intérêt pour un territorial de maîtriser le
Web 2.0., c’est d’abord de rester dans la société,
de ne pas être en total décalage avec ses administrés, avec les politiques (ceux qui y sont),
avec sa famille, ses amis… C’est comme si les
territoriaux n’avaient jamais utilisé le téléphone ! »
À télécharger
Complément rédactionnel
n
n° 960 : Web 2.0 : l’essentiel
à connaître.
www.lettreducadre.fr/comp-redac.html
Pour aller plus loin
« Blogs territoriaux, réseaux sociaux
et nouveaux enjeux du Web 2.0 pour
les collectivités », par Franck Confino
Un ouvrage de Territorial Éditions.
Sommaire et commande sur
http://librairie.territorial.fr
Site
- L’agence de communication
Adverbia, spécialisée en Web 2.0
territorial, propose plusieurs listes
sur Twitter, dont une consacrée à
70 collectivités qui twittent.
http://twitter.com/Agence_adverbia/
collectivites
www.blog-territorial.com
Pour se former
Maîtriser les nouveaux outils
du Web 2.0
À Lyon, le 25 mai 2010
Contact : Soumiya El Amiri,
04 76 65 79 98
soumiya.el-amiri@territorial.fr
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