Conf n° 1 la coopération entre collectivités publiques
Communication territoriale l2
1. UGB-CRAC-Section Communication
Cours : Communication territoriale-L2
Par P. CORREA. 2013-2014
1
La communication territoriale
Plan de cours
Introduction : une composante de la communication publique
Cf. texte introductif et polycopié
Section 1 : Territorialité et action publique : enjeux divers
Il s’agit de rappeler les problèmes que soulève la territorialisation de l’action
publique mais aussi les divers enjeux (identitaires, socio-culturels, politiques) que la vie
politique territoriale implique. La notion de territorialité soulève avant tout des
considérations socioculturelles avant de renvoyer à une réalité politico-administrative.
Section 2 : Dimensions et enjeux du territoire
On questionne ici le tiraillement entre le niveau national et le niveau local car on
sait que la notion de politique territoriale peut être un vrai paravent qui cache le jeu des
acteurs politiques impliqués au niveau national. C’est la raison pour laquelle les
idéaux associés à la notion de vie politique locale doivent faire l’objet d’un examen
critique.
Section 3 : La communication territoriale en question
Cette partie du cours tente de proposer quelques éléments définitionnels de la
communication territoriale ; celle des entités reconnues comme collectivité à la fois
dans le cadre de l’animation d’une vie publique locale et de la promotion de leurs
potentialités.
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Introduction
On peut, sans doute inscrire, la communication territoriale dans la catégorie « communication
publique ou communication des institutions publiques ». Or, la communication publique, renvoie à
une forme d’expression spécifique ayant l’intérêt général pour objectif et le citoyen pour cible et portée
par les institutions étatiques, y compris celles dites territoriales ou locales. Elle vise selon Yves De la
Haye et Bernard Miège le « resserrement des liens entre État et société civile »1
. Cette approche
correspond à une acception franco-française. Il peut aussi s’agir d’un ensemble de communications de
portée citoyenne sur des sujets d’intérêt public promus par des acteurs publics et privés comme dans la
tradition nord-américaine. À la croisée des chemins entre la communication institutionnelle et la
communication politique, prise entre la publicité ou le marketing territorial et la communication
citoyenne, la communication territoriale peut suggérer avant tout la quête de l’intérêt général comme
finalité dans un contexte local mais aussi une démarche stratégique de promotion nationale ou
internationale des territoires dits collectivités. La communication territoriale n’a de sens qu’au sein de la
communication publique de façon plus globale. Aussi, elle n’a d’intérêt que si l’on accepte l’idée que la
notion de territorialité dans ses diverses déclinaisons juridique, politique, géographique et sociologique
est reconnue. Il est donc nécessaire de commencer par cerner les spécificités de la communication
publique, la positionner dans le vaste champ de la communication avant de traiter de sa forme déclinée
dans la territorialité. La communication publique peut être qualifiée de : « pédagogie de l’action
publique » ou « expression de la volonté générale ». On pourrait ici emprunter la formule de Laurent
Fabius2
(alors premier ministre) en disant que la politique c’est rendre les citoyens « co-intelligents des
situations » et d’ajouter que la communication de proximité, en tant que forme de communication
publique, vise à rendre les citoyens « co-participants » de l’action publique. Ce qui est d’autant plus
nécessaire que les sociétés contemporaines traverseraient, selon certains auteurs, un sérieux moment de
disqualification et de contestation de l’autorité et de la norme en raison de plusieurs facteurs :
Concurrence des pouvoirs des entreprises et des ONG, des multinationales,
Remise en cause du service public (la foi dans le caractère salutaire de la privatisation de
certains secteurs de services publics)
Crise de la représentation (P. Rosanvallon),
Montée des médias et d’autres sentinelles (mouvements sociaux, mouvements alter),
Corruption et favoritismes relevés par Pierre Lascoumes.
1
Yves De la Haye et Bernard Miège, « Ce que cachent les discours sur la communication », in Dissonances, Critiques de la communication, La
pensée sauvage, Grenoble, 1984.
2 Laurent Fabius, paroles prononcées lors de l’émission télévisuelle « Parlons France ». Avant lui, Pierre Mendès France avait initié une
émission radiophonique, « Causeries du Samedi », pour dit-il, parler franchement aux français des actions de son gouvernement.
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Section 1 : Territorialité et action publique
Qui dit CT dit deux arguments principaux : l’efficacité de l’action publique en tant qu’une action locale
(territoriale) concertée, co-construite, pertinente mais aussi la participation ou mobilisation (citoyenne)
et ses conséquences (l’authenticité et l’efficacité). Mais ce double argument suggère au moins deux
hypothèses relatives d’une part, à la crise de la démocratie représentative (et donc, de l’État) et, d’autre
part, à la maturité du citoyen.
Communication territoriale suggère proximité, étroitesse des liens élus-citoyens, confiance,
transparence, co-participation, co-construction et co-animation de la vie politique (territoriale) locale3
:
ville, agglomération, département, région, communauté rurale ou urbaine… Mais pourquoi donc parle-t-
on autant du local ou du territorial ?
Peut-être par une plus grande attention à l’intérêt général. Cela signifierait que la notion d’intérêt
général, base structurante de l’action publique locale comme nationale, est de légitimité de la
communication publique territoriale ou locale. Rappelons que dans la philosophie politique française, la
notion d’intérêt général relève des prérogatives et compétences de la puissance publique. Elle se veut
volontariste et non utilitariste.
Or, en tant que fondement et justification de l’action publique, l’intérêt général suppose au moins la
reconnaissance et la préservation des valeurs ou ressources de la communauté ; prioritaires sur celles
des individus, des groupes d’individus, des catégories ou de toute partie de la société. Certainement que
la vie politique nationale, se jouant d’une certaine façon au niveau local, la participation s’exerçant sur
les territoires, l’action publique se réalisant au plus près des citoyens ; les décisions et idées politiques
s’enracinent alors dans un territoire (se territorialisant) et épousent les contours d’une démocratisation
par le bas.
Mais aussi, en partant de l’idée de la démocratie participative comme paradigme (cadre compréhensif et
interprétatif)4
de l’idée de territorialisation, la CT devient un instrument stratégique de l’action publique
et se place au cœur de la démocratie locale. Il faut entendre par action publique, « l’action des autorités
publiques » selon l’expression d’Yves Mény et Jean-Claude Thoenig5
. C’est l’intervention publique
comme solution-compromis face aux différents intérêts en jeu dans le cadre de la vie collective.
3
Il faut remonter à l’idée de budget participatif de Porto Alegre (Brésil) en 1988 pour comprendre le regain d’intérêt pour la « participation ».
Lors de l’élection municipale de cette date, la belle percée du Pati des Travailleurs a permis de mettre en place un système de gestion publique
qui implique réellement les citoyens organisés dans la discussion pour le choix du budget et des politiques publiques.
4
Ce concept nait dans les années 1960 dans le monde anglo-saxon. Cf ; Loïc Blondiaux, La démocratie participative sous condition et malgré
tout. Un plaidoyer paradoxal en faveur de l’innovation démocratique, in Revue Mouvements, n° 50, juin 2007. L’auteur cite les travaux qui
l’ont consacré : C. PATEMAN, Participation and Democratic Theory, Cambridge, Cambridge University Press, 1970 ; C.B. MacPHERSON,
Principes et limites de la démocratie libérale, Paris, La Découverte, 1985 (1971).
5
Yves Mény et Jean-Claude Thoenig, Politiques publiques, Paris, PUF, 1989.
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Section 2 : Dimensions et enjeux du territoire
Chez Emmanuel Triby6
, il implique trois registres essentiellement spatiaux7
. On peut y déceler
le territoire comme :
- « Un espace borné par des frontières » : dimension spatiale, physique, géographique
- « Un espace construit à la fois par des règles et des institutions » : dimension juridico-
institutionnelle
- « Un espace constitué comme base et comme effet de l’exercice d’un pouvoir » : dimension
politique mais aussi socioculturelle.
- , « le territoire s’invente et se réinvente »8
, « il est lieu d’enracinement » de sorte qu’une
menace sur le territoire entraine une menace sur l’identité. La relation entre les acteurs et leur
milieu de vie est telle que Joël Bonnemaison déclare : « les hommes, en habitant leur territoire,
deviennent ce territoire »9
.
Cette conception rejoint celle de Laurier Turgeon10
qui, partant d’expériences québécoises, affirme :
« le territoire est construit par les rapports sociaux, plus encore, par une volonté d’action sociale sur
un espace »11
. Chez lui, le territoire est en perpétuel mouvement, il « est toujours en
construction », « tant par des acteurs politiques que par des acteurs sociaux »12
.
Pour ce qui le concerne, Yvon Pesqueux13
propose d’assimiler « la notion de territoire » à « un lieu de
ressources » en tant qu’une échelle restreinte de l’État-nation, c’est-à-dire ce qu’il appelle un « infra-
territoire de l’État-nation ». Dans cette conception, le territoire est associé aux activités économiques
décentralisées du niveau politique suprême, l’État pour contribuer à organiser la vie sociale. C’est
l’expression d’une « déterritorialisation de l’État » pour reprendre les mots d’Yvon Pesqueux. Le
rapport entre territoire, activités économiques décentralisées et vie sociale est un élément clé de la
réflexion de l’auteur pour mettre en exergue l’idée de proximité. L’enjeu semble être ici le lien social
favorisé par une économie de proximité. Il le précise d’ailleurs en ces termes :
« A ce titre, la référence au territoire indique l’existence d’un lieu de réunion de partenaires de
substance sociale hétérogènes (aussi bien les « parties prenantes issues du maillage de la société
civile que celles qui ne prennent pas) en vue de vivre ensemble sur ce lieu-là dans une perspective de
« resserrement moral », les uns y vivant sous les yeux des autres et réciproquement »14
.
6
« L’évaluation, facteur d’émergence du territoire régional de la formation ? », in Maurice Baslé, Jérôme Dupuis et Sylviane Le Guyader (ed),
Evaluation, action publique territoriale et collectivités, Paris, L’Harmattan, 2002, T1.
7
Ibidem, p. 135.
8
Ibidem, p. 11.
9
Joël Bonnemaison, 1992, p. 77, cité par Chantal Blanc-Pamard et Laurence Quinty-Bourgeois, Les territoires de l’identité, p. 14.
10
Laurier Turgeon, Territoires, Presses de l’université de Laval, 2009.
11
Ibidem, p. 5.
12
Ibidem, p.7,
13
Yvon Pesqueux, « La notion de territoire », Colloque propedia, Observatoire économique des banlieues, Paris, 2009.
14 Yvon Pesqueux, « La notion de territoire », p. 2.
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1- Quid de la communication territoriale ?
Elle peut être définie comme l’ensemble des stratégies et moyens de communication mobilisés par les
institutions territoriales pour remplir efficacement leurs missions de service public sur le plan local et
atteindre des objectifs citoyens. Ajoutons à cela une fonction essentielle de la communication, celle de
la co-construction de la réalité sociale, de la structuration des imaginaires et du maintien des identités
locales. C’est en cela d’ailleurs que Monique Fourdin et Jean-Baptiste Poinclou peuvent dire que la
communication « formalise, véhicule et transmet des représentations, contribuant ainsi à la
construction sociale de la réalité. Elle participe aux différentes phases d'élaboration dialectique du
monde social »15
. Dès lors, associer communication et territoire, c’est mobiliser la dimension
constructiviste de la communication dans le questionnement et la définition du territoire comme cadre
de vie différent d’un macrocosme national ou mondial. Pour renforcer cette thèse, on peut convoquer
une définition simple de la communication territoriale, celle du dictionnaire du marketing : « La
communication territoriale désigne l’ensemble des activités de communication effectué pour le compte
d’une collectivité publique territoriale.
La communication territoriale peut obéir à différents objectifs :
promouvoir l’attractivité des territoires vis-à-vis d’une audience externe
promouvoir les missions et réalisations de la collectivité
promouvoir des causes d’intérêt général
mobiliser la participation des populations »16
Une telle définition donne à la communication une place de choix dans les missions assignées aux
collectivités territoriales sur différents aspects de la vie des populations locales. C’est aussi cette
approche que l’on retrouve chez François Meyssonnier et Violaine Appel. Pour eux :
« Elle revêt des formes très différentes et a des objectifs très divers. La communication
territoriale peut viser à construire une notoriété et façonner une image, à promouvoir
un événement ou à apporter des informations de service. Elle peut être interne
(tournée vers ses employés) ou externe (s'adressant aux habitants, aux partenaires
économiques ou institutionnels). Elle peut être permanente sur un média (radio, affichage
électronique, journal, service minitel, etc.) ou ponctuelle (campagne de publicité,
information événementielle, etc.) »17
.
Il est donc désormais admis que la communication territoriale est devenue une activité déterminante
dans le positionnement des collectivités locales aussi bien sur le plan national, régional qu’international.
Car, cette communication doit, au-delà de sa mission de jalonner l’action publique et de ses fonctions
15
Monique Fourdin et Jean-Baptiste Poinclou, « Le local au miroir de la communication intercommunale. Recomposition des territoires,
pratiques politiques et dynamique institutionnelle », in Hermès, 26-27, 2000, p.284
16
http://www.definitions-marketing.com/Definition-Communication-territoriale
17
« Gestion de la communication et communication sur la gestion dans les villes », in : Politiques et management public, vol. 13 n° 3, 1995. La
gestion des collectivités locales et régionales face à l'incertitude - Actes du septième colloque international organisé en collaboration avec
l'Ecole Nationale d'Administration Publique - ENAP - du Québec - Montréal - 3/4 novembre 1994 - Tome 1 - Gérer dans l'incertain : mutations
du cadre institutionnel et nouveaux outils. pp. 249-266
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sociales en termes de reliance, « générer une activité supplémentaire, des investissements nouveaux, des
emplois et permettre, au final, au citoyen de participer à cet essor »18
.
Si l’un des enjeux de la communication territoriale est de promouvoir le développement par le bas tout
en ré-enchantant le rapport élus-citoyens, l’une de ses fonctions essentielles reste l’animation de la vie
sociale locale à partir de plusieurs leviers institutionnels. Cette communication est celle des régions,
départements, villes et communautés urbaines ou de toutes institutions politico-administratives locales.
Elle n’a commencé à émerger réellement qu’avec le processus de décentralisation et les différentes
dispositions juridiques nationales et internationales sur l’information (à voir encadré, page suivante).
Autrement dit, la communication territoriale n’a de sens que dans un contexte où le territoire existe à la
fois juridiquement, politiquement, administrativement, sociologiquement et géographiquement
Focus sur quelques fondements juridiques de la communication territoriale en France et au Sénégal
18
Sylvie farjon, « la promotion internationale d’un territoire », Zémor, in Myriam Lemaire et Pierre Zémor, La communication publique en
pratiques, Paris, LDF, 2008, p.97.
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En France :
- L’article 19 de la déclaration des droits de l’homme de 1948 : « Tout individu a droit à la liberté d'opinion
et d'expression, ce qui implique le droit de ne pas être inquiété pour ses opinions et celui de chercher, de
recevoir et de répandre, sans considérations de frontières, les informations et les idées par quelque
moyen d'expression que ce soit ».
- La loi du 17 juillet 1978 (l’accès à l’info) qui, visant l’amélioration des relations entre l’administration et le
public insiste particulièrement sur la circulation de l’information, quelle qu’en soit la nature. Cette loi
institue le caractère « communicable », « gratuit » et même « reproductible » de tout document portant
un intérêt général (sauf dans des cas rares, prévus par la loi et qualifiés de secret d’État).
- La loi du 11 juillet 1979 (obligation de réponse motivée) relative à la motivation des actes administratifs
déclare : « les personnes physiques ou morales ont le droit d’être informées sans délais des motifs des
décisions administratives individuelles défavorables qui les concernent ».
- La loi du 15 janvier 1990 (contre les abus) sur la communication en période électorale interdit aux élus de
profiter des subsides des collectivités dans le cadre de leurs campagnes électorales.
- La loi du 29 janvier 1993 (transparence) « relative à la prévention de la corruption et à la transparence de
la vie économique et des procédures publiques » (loi Sapin), réglemente les procédures d’achats
d’espaces publicitaires.
- La loi du 27 février 2002 (participation) relative à la démocratie de proximité par l’information met
l’accent sur l’accès aux informations concernant la vie des communes, des départements et des régions
sur l’information budgétaire en particulier mais aussi incite les habitants de ces collectivités à la
participation aux décisions locales.
Au Sénégal :
- L’une des premières lois en la matière au Sénégal est celle du 2 février 1981. Elle est relative aux archives.
Selon son article 3, les archives ont un statut public, elles « sont au service de l’administration et des
citoyens ». Ainsi, l’accès aux documents est public, libre et gratuit.
- l’article 8 de la constitution sénégalaise consacre entre autres droits celui à l’information plurielle.
- Le Code des collectivités locales en son article 3 al 4 précise que « tout habitant ou contribuable a le
droit, de demander à ses frais, communication, de prendre copies (...) des procès-verbaux du conseil
régional, du Conseil municipal, ou du conseil rural, des budgets et des comptes et arrêtés ».
- La loi n° 2006-19 du 30 juin 2006 relative aux archives et aux documents administratifs
- La Loi n° 2008 –10 portant loi d’orientation relative à la société de l’information notamment en son Article
13 : « L’accès aux documents d’archives publiques est libre, compte tenu des délais de communication
fixés par décret » et en son Article 14 : « L’accès aux documents administratifs non nominatifs est libre,
compte tenu des délais de communication fixés par décret ».
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On peut sans doute reconnaitre à la communication territoriale plusieurs fonctions. Retenons parmi
elles : l’animation du territoire (identité socioculturelle), l’animation politique (la démocratie locale), la
valorisation territoriale (marketing territorial),
L’animation du territoire : une animation socioculturelle, la vie de loisir des jeunes, des
femmes, des enfants, la vie scolaire et parascolaires, les espaces de sociabilités, aires de jeux,
lieux de sports, centre d’information, de conseil, d’orientation, lieu de culte, espaces publics
verts, jardins… Tout cela constitue une forme de reprise en main de fonctions sociale et
culturelle de l’État pour pérenniser le vivre-ensemble, la cohabitation paisible, la création et
l’entretien du lien social.
L’animation politique : les informations politico-citoyennes, les émissions locales sur la gestion
de la région, du département, de la commune, de l’agglomération, l’engagement politique des
jeunes, la gestion des lieux publics autorisés aux groupements politiques, le débat public local,
les réalisations des élus, leurs choix et décisions, leurs soutiens et leurs détracteurs, les formes
de participations à la vie publique : association, bénévolat, création d’espaces dédiés à la
compétition politique, élaboration d’un cadre réglementaire, informations sur les conseil
municipaux, régionaux, départementaux…
Le marketing territorial peut être considéré comme une approche de la communication fondée
sur différents outils et méthodes de valorisation des potentialités, des valeurs, des acteurs et de
l’environnement du territoire. Il puise dans le marketing classique et propose une forme de
visibilité du territoire qui met en exergue des facteurs d’attractivité : nature, ressources
naturelles, pratiques culturelles, patrimoine, événements, position géographique, histoire…
2- Les spécificités de la communication territoriale
Selon Dominique Mégard et Bernard Deljarrie : « la communication des collectivités locales est
fortement attachée à des territoires et à des institutions. Elle est chargée, au-delà de l’information, des
habitants-consommateurs de services-, d’une mission de service public en direction des citoyens,
acteurs de la vie locale. En ce sens, elle est un élément fondamental de la démocratie locale. Elle côtoie
la communication électorale des élus locaux à laquelle elle évite d’être assimilée » (2009 : 2). La
spécificité de cette forme de communication se trouve, selon D. Mégard dans :
Le fait que ce soit un territoire qui communique, c’est-à-dire une entité géographique et sociologique.
Le fait que ce soit une institution représentative : elle n’est ni une entreprise, ni une structure
commerciale. Elle s’adresse donc au citoyen qui n’est ni client, ni consommateur, mais usager.
Le fait que ce soit une administration : elle valorise les services publics et rend compte de sa gestion.
Et enfin, elle doit intégrer un objectif commun : animer la vie démocratique sur le plan local.
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Section 3 : La communication territoriale en question
À l’heure où l’on parle de "l’explosion de la communication" (P. Breton et S. Proulx), de "société
informationnelle" (M. Castells) ou encore de "société conquise par la communication" (B. Miège), le
processus de technologisation ne laisse pas les élus indifférents tandis que les collectivités territoriales
voient leur système d’information modifier profondément les pratiques administratives et citoyennes.
Les élus saisissent ces opportunités pour améliorer la qualité du service public local et rester en contact
permanent avec leurs administrés. On constate le développement d’une vraie culture de la
communication qui frise parfois le culte de la communication.
Alors que le courrier-type, le communiqué de presse, le journal institutionnel, l’affichage public, les
prises de parole publiques à la radio, à la télévision ou encore les tribunes de la presse écrite sont les
formes les plus usuelles de communication de proximité des élus, de nos jours, les TIC ont renforcé
l’idée même de proximité, de rapidité du service public, d’accessibilité de l’élu et de la lisibilité de
l’action publique territoriale.
1- La communication territoriale à l’heure des TIC
- Le chat ou clavardage
- Les éditos web
- L’inscription dans les réseaux numériques : Twetter-Facebook-My space Linkedin
- Plate-forme internet ou blogs
- Information à temps réel avec la téléphonie mobile
- Système de secours, n° d’urgence, n° d’alerte, objets perdus (SOS jeune en danger)
- Allô Monsieur le Maire-le Député-Le Président.
- Allô Météo
- Écrans municipaux, régionaux, d’agglomération
- Les moyens de transports : bus, tramways, trains, métro munis d’internet
- Rouler en voiture verte (écolo) ou en vélo
Les élus cherchent de plus en plus à se forger une sorte de technophilie pour se montrer "jeunes",
dynamiques, proches et prendre le pouls des administrés. Les TIC ont aussi largement contribué à donner
sens à la notion de participation et de service public en irriguant tous les rouages administratifs, politiques
et institutionnels de nos sociétés contemporaines. Les collectivités territoriales s’en servent pour réduire
la distance traditionnelle qui a longtemps marqué les élus avec leurs administrés, mais aussi les centres
(grandes villes) avec la périphérie (villes secondaires ou campagnes).
2- La promotion des médias de proximité
Les médias locaux comme outils de base accompagnent le processus de territorialisation : presse locale,
radios communautaires, radios et télévisions communales, départementales, rurales ou régionales.
Souvent financés ou aidés par les pouvoirs locaux qui savent en faire bon usage dans leur maillage du
territoire, ces médias participent à créer ou renforcer l’idée du territoire. Au Sénégal des radios dites
communautaires, sous le contrôle d’élus locaux en sont des exemples éloquents Geo FM à Guinguineo,
Aïda FM et Jolof FM à Linguère, RMD à Dakar.
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Les élus locaux profitent le plus souvent de la proximité physique que confère le local pour intensifier
les relations personnelles avec les professionnels de l’information ou les patrons de ces médias efficaces
dans l’information dite locale.
3- La création de centres d’info-com
- Les centres d’information pour la jeunesse
- Les clubs séniors
- Centre d’information pour les femmes en situation difficile
- Centre d’information et d’orientation pour l’emploi
- Centre culturel
4- La création d’événements
- « Le Festival de la bande dessinée d'Angoulême, le marché de Noël à Strasbourg, le Festival
interceltique de Lorient, Jazz in Marciac... Bordeaux fête le vin, Paris Plage, Les nuits
atypiques de Langon, Le festival de Jazz de Saint-Louis, Dak’art, Fidak de Dakar).
- Mécénat (Démarchage de tous les acteurs locaux (associations, ONG, mouvements
corporatistes, entreprises) grâce à une forte activité de relation presse. Le but : parrainer tous les
événements locaux d’envergure : football, basketball, lutte, arts martiaux)
- Sponsoring
- Lancement d’événements locaux ou d’événements originaux labellisés (fête, journée de sport,
de réflexion).
- Théâtres, danses, folklore de la diversité
5- Création d’espace dédié à la détente et aux loisirs :
- Airs de jeux
- Jardins publics
- Quai de promenade
- Plage assainies
- Espaces verts
- Salon de thé ou de café
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